« Ex nihilo » : un dernier mot

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Les derniers échanges, à la une, ici sur le blog, et en coulisses, par courriels interposés, m’ont fait comprendre dans quelle rage profonde la crise actuelle fait plonger certains d’entre vous, rage entretenue par la frustration de voir le monde politique, prisonnier de ses querelles de personnes, se désintéresser pratiquement complètement de la question.

Votre indignation est telle que certains d’entre vous excusent des faits que je révèle ici pour les dénoncer : dans le meilleur des cas, des raccourcis dans la recherche de la vérité et, dans le pire des cas, des falsifications délibérées. La justesse de la « cause » justifierait des escroqueries intellectuelles dues à l’incompétence, à la rouerie, voire aux deux combinées, du moment qu’elles fassent avancer la « cause » dans la bonne direction.

A ceux-là je réponds : « ¡No pasarán! » Pas de compromis possible : pas de raccourcis dans la recherche de la vérité, la maison ne vend pas de ce produit ! Je ne me retrouve pas seul et cela me réconforte. La journée d’hier m’a donné l’occasion d’échanger pour la première fois des messages avec Loïc Abadie. Je savais que nos analyses en général se rejoignent, je savais aussi que nos raisons souvent divergent, mais sur ce point-là en particulier, je sais maintenant que nos points de vue sont absolument identiques, et que nous pouvons compter l’un sur l’autre pour coordonner nos efforts. Nous y veillerons !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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93 réponses à “« Ex nihilo » : un dernier mot”

  1. Avatar de Vincent 1er Jedi
    Vincent 1er Jedi

    Oui

  2. Avatar de Bonafi gilles
    Bonafi gilles

    Paul, je reprends tes propos: »escroqueries intellectuelles dues à l’incompétence, à la rouerie, voire aux deux combinées ». Paul Grignon et Maurice Allais apprécieront. N’oublions pas que ce dernier a déclaré:
    « Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je n’hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. »Voici la source:
    La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires, Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 110.
    Même si je pense que toute création de monnaie dépend avant tout de l’augmentation de la base monétaire par la banque centrale, l’on ne peut balayer comme cela le travail de Paul Grignon qui s’appuie sur celui de Maurice Allais. Murray Rothbard (école autrichienne) a lui aussi comparé la création de monnaie à de la magie.Source:Fractional Reserve Banking, Murray Rothbard in The Freeman, 1995. Par ailleurs, un des gros problèmes aux USA est celui de la dette des ménages qui bat tous les records.
    En conclusion, je me pose de plus en plus de questions, et, j’envie ceux qui peuvent juger les autres et qui ont donc des certitudes.

  3. Avatar de Armand

    « la recherche de la vérité » : vaste programme, Paul, comme disait le Grand Charles ; peut-être n’existe-t-elle pas ; que sa perception dépend du point de vue et que, en toute honnêté, chacun la très voit différemment ; c’est bien l’intérêt d’un blog ouvert par rapport à des médias uni-directionnels.

    selon que tu seras en x, y ou z …

    http://www.amazon.fr/gp/product/images/2100523066/ref=dp_image_text_0/280-1592864-3955227

  4. Avatar de Greg
    Greg

    J’avoue que j’ai un peu de mal à comprendre ce que l’erreur de Paul Grignon change fondamentalement au débat sur la monnaie. Au final, que l’effet de levier induit par les régles prudentielles soit de 1:9 ou de 1:90, l’effet me semble être identique : Captation de la richesse produite via les intérêts perçus qui permettent alors d’émettre encore plus de crédit et donc de capter encore plus de richesses.

    Le droit à créer une monnaie scripturale accordé aux banques commerciales a, je suppose, pour but premier une fluidification de l’économie en permettant aux agents de cette économie de créer de la richesse.
    Il semble bien que ce but ai été détourné, intentionnellement ou non, et que ce rôle fludificateur ne soit devenu un boulet pour l’économie.

    Je ne préjugerai pas des intentions de Paul Grignon et d’autres ayant dénoncé ce système, j’aimerais juste comprendre en quoi cette erreur change la donne ? Y a-t-il un point qui m’aurait échappé ?

  5. Avatar de nuknuk66
    nuknuk66

    D’accord. Mais le savoir ne doit pas être réservé à quelques uns. Il est absolument indispensable que, comme l’ont fait les philosophes des Lumières, certains se donnent la peine de faire comprendre aux populations, en les vulgarisant, des principes tels que la monnaie, les devises…Que des choix (qui paraissent de prime abord curieux) comme celui de retirer à l’Etat le droit de « battre monnaie » puissent être débattus, argumentés, compris.
    S’abriter devant la complexité de la théorie pour refuser de l’expliquer simplement est un aveu d’échec: en effet, cela signifie que le contrôle démocratique n’a pu s’exercer, puisque les députés, en dignes représentants de leurs citoyens, n’étaient pas mieux armés pour les comprendre (parfois même moins armés si j’en juge par mon député local). Et que nous sommes à la merci de lobbies et groupes de pressions qui habillerons leur expertise derrières une opacité de plus en plus importante pour se rendre indispensables.
    « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau). Vite ! le retour des comptes philosophiques et des encyclopédistes !!!
    Autre observation :S’il n’y a pas aujourd’hui de ruée sur les banques, c’est tout simplement parce que les gens ne pourraient rien en retirer que de l’argent papier dont ils seraient ensuite bien embarrassés…et qu’il est aujourd’hui obligatoire de disposer d’un compte en banque, pour toutes sortes d’opérations (chèque, virement EDF, eau, téléphone, mutuelle…).
    Même les RMistes sont obligés d’avoir un compte de dépot à la poste pour le versement mensuel de leur subsides et payer leurs abonnements !!!
    Bref, nous sommes pieds et poings liés à un systéme dont l’intérêt de la majorité de la population serait d’obtenir la mise à mort…une fois qu’elle aura l’idée de par quoi le remplacer.
    Même si je crois à l’accélération de l’histoire en certains moments de crises. Les débuts de la révolution française, la commune de Paris, la constitution des soviets en 1917…comment la perception des choses bascule pour la population, qo pour la première fois s’implique…

  6. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Bonafi Gilles

    « Maurice Allais » est un nom. Il me semble que ce n’est pas parce que Maurice Allais est prix nobel et jouit d’une certaine notoriété que ses dires seraient paroles d’Evangile et, surtout, j’y insiste, qu’ils seraient dénués, parfois, à certains égards, de raccourcis de langage ou manque de rigueur, voire de contradictions. Et cela n’invalide pas d’ailleurs pas a priori certains de ses raisonnements qui sont faits sous ce nom. Je cite ici Maurice Allais, mais cela peut évidemment concerner n’importe qui. Einstein a été le génie que l’on sait, mais ce n’est pas pour autant que tout de qu’il a dit avait toujours le même degré de pertinence … dans les domaines scientifiques et non scientifiques.

    Ainsi, si je rapproche les deux citations que vous avez produites de Maurice Allais :

    “Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur d’un dépôt auprès d’une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire … »

    « Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je n’hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi… »

    Il ne me semble pas qu’il dise exactement la même chose dans les deux cas. Stricto sensu, dans la première occurence ce sont les « moyens de paiement » qui sont créés « ex nihilo ». Dans la deuxième, c’est la « création monétaire » qui est « ex nihilo ».

    Quand il évoque des « moyens de paiement », il n’implique pas nécessairement que les dits moyens de paiement ne se rapportent pas à quelque chose de déjà existant. Il mentionne d’aileurs lui-même le phénomène multiplicateur, c’est que donc quelque chose est multiplié….

    Donc, de la première assertion à la deuxième il y a un glissement de sens. Du moyen de paiement crée à partir de rien il passe à la monnaie crée à partir de rien, d’où son évocation de la fausse monnaie dans le dernier cas. De plus, si l’on rapproche ses deux assertions, cela revient à assimiler le mécanisme du crédit à la fabrication de fausse monnaie ! Un peu fort de café tout de même ! Ou alors je n’ai rien compris. Mais je ne suis qu’un béotien. Je ne demande qu’à comprendre.

  7. Avatar de LeSurHumain

    « La masse monétaire englobe les différentes formes de monnaie existant dans un pays à un moment donné pour assurer le financement de ses activités. Elle se répartit entre des individus et les collectivités, privées et publiques. Tout le stock monétaire n’est pas constamment utilisé et il y a lieu de distinguer la circulation monétaire (…) et la masse monétaire (…) »
    H. Germain-Martin, in Jean Romeuf, Dictionnaire des sciences économiques (1956-1958), article Monnaie.

    Mais que ce passe-t-il vraiment lorsque la circulation monétaire (la somme des moyens de paiement en circulation) est « supérieure » à la masse monétaire (l’ensemble des valeurs susceptibles d’être convertis en liquidités) réelle ?

    Et pourquoi donc le M3 n’est plus publié par la « Réserve fédérale des Etats-Unis » depuis le 24 Mars 2006 ?

    Selon la Fed dans son communiqué laconique du 10 novembre 2005, révisé le 9 mars 2006 :

    « M3 does not appear to convey any additional information about economic activity that is not already embodied in M2 and has not played a role in the monetary policy process for many years. Consequently, the Board judged that the costs of collecting the underlying data and publishing M3 outweigh the benefits. »

    Mais c’est du « foutage de gueule » à l’état pur !!!

    Pour finir, je conclurai avec une pointe d’humour (dans la série « la finance pour les nuls ») par un exercice sur la circulation monétaire pris dans un manuel d’économie :

    Afin de séduire Mlle Ginette, M. Albert, modeste employé, imagine le stratagème suivant. Rassemblant ses maigres économies, il loue pour la journée une Rolls-Royce avec chauffeur et s’offrent tous les signes extérieurs de la richesse (costumes, manucure, etc.). Satisfait de son travestissement, il passe chercher Mlle Ginette à la sortie de son travail et se rend en sa compagnie chez le plus grand bijoutier de la place Vendôme. Là, il achète, en toute simplicité, un bijou pour sa bien-aimée et règle par chèque bancaire (sans remplir l’ordre, pour en laisser le soin au bijoutier), pour un montant de 150.000 €. Le vendeur, habitué à ménager la susceptibilité d’une clientèle de luxe, ne lui fait pas l’affront d’une vérification d’identité. Bien plus, tout à sa joie d’avoir réalisé une marge de 75.000 € sur cette transaction, il veut dépenser sans attendre le produit de sa vente. Muni du chèque, il se précipite chez l’un de ses amis, concessionnaire de bateaux, pour acheter enfin le catamaran de ses rêves. L’affaire est conclue pour un prix de 150.000 € ; le bijoutier paye en transférant le chèque, car son ami lui fait confiance. Ravi à son tour d’avoir réalisé un bénéfice de 75.000 €, le concessionnaire doit voir son ami l’agent immobilier pour lui acheter studio valant 150.000 €. Se créer ainsi une chaîne de 10 personnes ayant accepté de recevoir le chèque en paiement d’une transaction. Hélas, le 11ème vendeur refuse de faire confiance au 10ème : après vérification, on découvre qu’il s’agit d’un chèque sans provision. Que faire ?

    A) Chaque intermédiaire se retourne contre le précédent ; toutes les transactions sont annulées ; chaque vendeur perd 75.000 € et le plaisir de posséder un objet longtemps convoité ; on lance les polices du monde entier aux trousses de M. Albert…

    B) Les 10 premiers intermédiaires se réunissent : ils comprennent que la solution a petit à petit induit une perte totale de 750.000 € et ils savent que M. Albert est insolvable. Ils décident donc de se cotiser, chacun versant 1/10 de la somme, soit 15.000 €, pour dédommager le 11ème vendeur et préserver un gain résiduel de 60.000 €, sans révéler l’escroquerie du modeste employé.

    Cet apologue sans prétention permet de découvrir certains traits essentiels de la monnaie et sa morale économique concerne directement les responsables de la politique monétaire :

    * La monnaie a de la valeur parce qu’elle circule, mais elle circule parce que l’on croit qu’elle a de la valeur. Tant que le chèque de M. Albert a circulé, il a fonctionné comme de la monnaie. Il a circulé tant que les intermédiaires ont accepté en paiement cette reconnaissance de dette. L’acceptation reposait sur la valeur accordée à la signature est à elle seule. La monnaie est le résultat d’une convention ; au-delà ou en deçà de cette convention, il n’y a rien.

    * La monnaie est un lien social entre les agents économiques, elle fonctionne comme un langage. Les protagonistes de notre fable ont compris que ce qui importait, c’était l’échange de biens et services entre eux. Sans ce chèque en bois, les transactions n’auraient pas eu lieu, les agents ne se seraient pas enrichis. Lorsque le doute s’installe, la crise monétaire provoque l’implosion du système d’échange : toutes les relations qui constituent la trame de l’économie sont annulées. Chacun découvre, parfois trop tard, qu’il dépend de tous les autres et que le fonctionnement de l’ensemble présuppose l’existence d’un lien : la monnaie.

    P. Combemale, JJ Quilès, L’Economie par le circuit, Nathan.

  8. Avatar de LeSurHumain

    Loïc Abadie dans « Le rôle des agrégats monétaires » dit le samedi 10 mai 2008 :

    (…)
    – A l’autre bout de la chaîne, nous avons l’agrégat M3, qui prend en compte une définition de la monnaie beaucoup plus large. La Fed a cessé de publier ses données sur M3 en 2006, on en était alors à un niveau de 10200 milliards de $. En extrapolant les tendances de 2006 et l’évolution d’un autre agrégat (M2), on peut estimer que nous sommes aujourd’hui à environ 13000 milliards de $ pour M3 (presque 10 fois plus que M1).

    Contrairement à M1, M3 est actuellement en croissance rapide (13 à 15%/an), et on observe la même tendance en Europe.

    Un point essentiel à signaler : M3 est lié essentiellement à la partie « crédit » de la création monétaire (justement celle que les banques centrales ne contrôlent pas directement).
    Ceux qui affirment que la FED fait « fonctionner la planche à billets » ou « fabrique de la monnaie anarchiquement » parce que M3 augmente n’ont pas compris ce qu’est l’agrégat M3, et ce qui contrôle son évolution.

    Les liens entre M3 (monnaie au sens large) et inflation.

    Beaucoup de partisans des thèses inflationnistes avancent en argument que la forte hausse actuelle de M3 serait un signe d’inflation. En réalité, dans une situation comme la situation actuelle ou la situation du Japon dans les années 80-90, il n’y a aucun rapport entre M3 et niveau d’inflation : la monnaie « M3 » est créée par les ménages et acteurs économiques qui accumulent les emprunts, pas par la banque centrale.

    Voici un graphique extrait d’un article très intéressant publié sur gold eagle par Heinrich Léopold.

    http://www.gold-eagle.com/editorials_01/images/leopold062501a.gif

    Il montre l’évolution d’un agrégat analogue à M3 et de l’inflation au Japon entre 1980 et 2000. J ‘ai vérifié les informations publiées sur d’autres sources, ce graphique est exact.

    La forte croissance de la masse monétaire large (type M3) au Japon n’a non seulement pas provoqué d’inflation, mais a été suivi d’une décennie de stagnation des prix à la consommation associée à l’implosion de la bulle de crédit japonaise. Dès que la crise du crédit s’est accentuée au Japon à partir 1991, M3 a brutalement stoppé son expansion.

    L’inflation d’aujourd’hui est provoquée par la forte demande des pays émergents, principalement en matières premières, certainement pas par la politique monétaire des USA. Si cette demande continue de croître rapidement, les pressions inflationnistes persisteront, sinon (cad si les émergents sont touchés par la crise en cours), elles disparaîtront pour laisser la place à une récession déflationniste.

    La FED peut-elle conduire délibérément une politique inflationniste ?

    Nous avons vu que la FED ne crée que très peu de monnaie aujourd’hui, contrairement aux idées reçues. On peut se demander si elle va changer de politique à l’avenir.

    En théorie, la FED a le pouvoir de relancer l’inflation : elle pourrait par exemple tripler la masse de $ existants en billets et pièces (ce qui est sous son contrôle) et faire « exploser » à la hausse la quantité de monnaie au sens strict (M1) : la valeur théorique du $ serait divisée par 3, et on multiplierait ensuite les salaires par 3…les épargnants seraient globalement ruinés, mais la dette en excès aurait été gommée par l’inflation.

    En pratique, cette solution « sympathique » est impossible à appliquer pour deux raisons :

    – Si la FED se lançait dans cette «aventure», les marchés et les pays étrangers perdraient toute confiance dans le $ : la chute de sa valeur dépasseraient largement ce qui aurait été prévu, et les américains ne pourraient plus acheter à l’étranger les produits dont ils ont besoin (et perdraient toute crédibilité économique sur le plan international).

    – L’inflation ferait flamber les taux d’intérêt, ce qui reviendrait à assommer définitivement les emprunteurs et à détruire d’un coup tous les efforts de la FED en matière de baisse des taux. A titre d’exemple, prenons un prêt de 200 000$ sur 30 ans, à annuités constantes :

    A 6% d’intérêt, l’annuité de ce prêt est de 14 579$…mais à 15% d’intérêt (taux habituels sur les emprunts observés en situation de forte inflation) elle double à plus de 30 000$.

    Donc à l’avenir, la FED ne pourra pas vraiment utiliser sa planche à billets, même si elle aimerait pouvoir le faire !

    Et l’état ?

    Il a une marge de manœuvre plus grande que la FED : la dette publique US est d’environ 10 000 milliards de $ soit environ 11 fois ce qui est au bilan de la FED. En situation de forte récession, il est très probable que les dirigeants laisseront filer les déficits, sur le modèle japonais (il y a une « marge » entre le ratio dette publique / PIB à 65% des USA et celui du Japon qui dépasse 130%).

    Il y aura à la fois moins de rentrées fiscales à cause du PIB qui chute, et plus de dépenses pour :
    – venir en aide aux institutions bancaires en difficulté, si nécessaire en nationalisant une partie des mauvais crédits.
    – venir en aide aux personnes les plus durement touchées par la crise
    – tenter de relancer l’économie par divers « plans ».

    Mais là aussi, la marge de manœuvre sera réduite : tout déficit excessif se soldera aussi par une perte de confiance dans la solidité financière de l’état, donc du $ (le $ étant une monnaie papier garantie au final par des bons du trésor, donc par la capacité de remboursement de l’état émetteur).
    On revient à la menace de hausse des taux d’intérêt et de perte de pouvoir d’achat qui ne ferait qu’aggraver la crise initiale.

    Au final, ce ne seront pas les politiques, mais le marché et les détenteurs (américains ou étrangers) de bons du trésor US qui décideront de cette marge de manœuvre, par leur appétit d’achat envers les bons du trésor US. Elle sera au maximum de quelques points de PIB de déficit public en plus, soit quelques centaines de milliards de $ annuels (et encore, à condition que les recettes fiscales ne chutent pas trop).

    Une chose est sûre : Si cela peut « adoucir » un peu le choc en étalant la crise, rien ne pourra compenser l’absence des 4000 milliards de $ annuels de dettes supplémentaires qui ont « nourri le système » jusqu’ici.

    @ Paul Jorion et Loïc Abadie

    Pourquoi le M3 n’est-il plus publié par la “Réserve fédérale des Etats-Unis” depuis le 24 Mars 2006 ?

  9. Avatar de tigue
    tigue

    Chouette votre histoire !
    Tout le monde a eu ce qu’ il voulait, sauf que le dernier vendeur n’ a pas reçu sa part de plus value de l’ escroquerie collective ( 10 fois 60000 égale 600000 euros), de même , le premier acheteur-escroc, endosse la responsabilité de 150000 euros de vol, alors que le vendeur bijoutier n’ a pas été lésé (il fait meme un benefice de 60000).
    Au total dans ce système, c est celui qui refuse de faire crédit (il ne prend pas le risque de faire partie d’ une escroquerie) qui fait le moins de bénéfice, quand tous les autres se sont enrichis. Dans certe histoire, ce dernier vendeur sera juste indemnisé avec une monnaie de moindre valeur (600000 créés exnihilo ?).
    La monnaie en question a perdu de la valeur au fur et a mesure, que les transactions se réalisaient.
    Le bouquet final est l’ indemnisation du dernier vendeur en monnaie de singe.
    Cette histoire ne pose pas de problème moral des lors que chacun a un accès equitable a l’ escroquerie collective envers « le groupe ».
    Ces individus (surtout le dernier vendeur qui voit monter le risque de défaut) auront bien « vite » fait (2005-2008) de se rendre compte, qu avec ce systeme, le plus petit s’ approprie le même luxe que le plus grand, et que donc, la quantité de monnaie possedee par untel n’ est pas en rapport avec la condition sociale du « petit » relativement au « grand » (maison subprime, tv plasma etc…).
    Dans la chaîne, il y a quelques investisseurs avisés qui ont profité du crédit pour s’ approprier ce qui survivrait a la perte de valeur de la monnaie : eau, gaz, électricité, entreprises etc….
    Ce qui pose un problème bien plus grand, est que ces « quelques investisseurs avisés » soient des sociétés ayant un accès incroyable au crédit, ( fonds souverains et dérivés déguisés en hedge funds « apolitiques ») pas des humains, que leur but
    ne soit pas la recherche d’ enrichissement, mais le pouvoir.
    La clé de la comprehension de ce qu est la monnaie, est dans l’ analyse de sa fonctionalité: « s’ appropier, diriger » . Si la fonctionalité de « L’acces au crédit » est identique a celle de la monnaie, alors, vous tenez votre définition, c’est le fil qui explique tout.

  10. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Il ne faudrait pas que ces « querelles » monétaires puissent se comparer analogiquement à celles du PS qui compte et recompte ses voix , et fassent en définitive parti de ce grand divertissement pascalien : les attentions trop soutenues sur des problèmes précis nous empêchant de percevoir (et de nous occuper ) du tout potentiellement calamiteux : « la maison brûle  »
    http://www.eco-echos.com/dotclear/index.php?2008/11/22/381-ps-lorsqu-une-epreuve-en-cache-une-autre#co

  11. Avatar de tigue
    tigue

    Ce ne sont pas des querelles monétaires, et il est possible que celui qui emportera la mise idéologique, sera celui ou celle qui saura tirer les conséquences en terme de programme politique pragmatique, des recherches publiées ici ou ailleurs, ayant trait a la crise de civilisation que nous vivons.
    Toute consideration faite dans l’ espace restreint du dogme marxiste est vouée a l’ échec, et a la schizophrénie de groupe (inadéquation des postulats de départ avec l’ experience:exemple syndicaliste qui defend les avantages acquis ici au detriment du travailleur chinois (protectionnisme) , ou du jeune stagiaire financeur de retraite qu’ il n’ aura jamais). Certains intervenants d’ extrême gauche (pas tous heureusement) sont plus rapides pour comprendre cet enjeu, et récupèrent les bénéfices idéologiques a la très grande joie de ceux qui profitent de ce système a l’ agonie (les fascismes se rejoignent)
    La vision du monde ne se clarifie pas soudainement avec un vote, mais avec un mouchoir et un tournevis…
    pour essuyer le petit bout de la lorgnette et changer la lentille déformée a l’ autre bout.

  12. Avatar de et alors
    et alors

    @ tigue
    « La vision du monde ne se clarifie pas soudainement avec un vote, mais avec un mouchoir et un tournevis…
    pour essuyer le petit bout de la lorgnette et changer la lentille déformée a l’ autre bout. »
    le problème c’est que c’est pas de la physique et de l’optique, mais du « complexe », du « systémique », du « bio-éco…logique », « turbulent ».

  13. Avatar de Armand

    @nuknuk66 : tu n’es pas complètement pieds et poings liés par l’obligation d’avoir un compte en banque. Rien ne t’empêche de vider systématiquement ton compte à la moindre encaisse, de n’y remettre que le strict minimum pour faire face aux paiements en cours et de régler le plus possible en espèces.

    Crois-moi les banquiers n’aiment vraiment pas ça. C’est ce que j’appelle la révolution pacifique et légale. Un moyen de voter avec ses pieds (et sa tête) tous les jours s’il le faut.

  14. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Je me demande pourquoi, dans le débat sur la création de la monnaie, on parle toujours de la Fed et pas des autres banques centrales. Le mécanisme à l’oeuvre n’y est-il pas le même? Quelqu’un peut m’expliquer?

  15. Avatar de LeSurHumain

    @ Ton vieux copain Michel

    Loïc Abadie poursuit sur la Fed dans « On y voit plus clair dans la politique de la FED » le mercredi 19 novembre 2008 :

    Depuis environ 2 mois, la FED est visiblement en train d’adopter une politique monétaire déjà expérimentée au Japon de 2001 à 2005 dans le cadre de la lutte contre la déflation, appelée « quantitative easing ». C’est un terme dont on va sans doute entendre parler de plus en plus dans les mois qui viennent).

    Cette politique (une nouvelle invention totalement inutile issue des théories keynésiennes) consiste à fournir au système bancaire beaucoup plus de liquidités que ce dont il a besoin via une augmentation massive du bilan de la banque centrale, dans l’espoir que les banques se mettront à prêter plus et relanceront ainsi l’économie.

    Les banques US sont déjà « noyées sous les liquidités » et « parquent » une partie de ces réserves en excès chez la FED :

    http://idata.over-blog.com/0/59/04/76//reservesexc-s.jpg

    Plus simplement, il s’agit d’une nième tentative de fuite en avant dans le crédit pour tenter de relancer un modèle économique totalement périmé.

    Voici le bilan de la FED depuis le début 2008 :

    http://idata.over-blog.com/0/59/04/76//quantitativeeasing.jpg

    Nous voyons très bien la politique de gonflement très important du bilan de la FED depuis 2 mois (celui ci est passé de 900 à 2200 milliards de $).

    Si on se reporte à l’expérience japonaise, il y a encore de la marge, vu que la banque centrale du Japon avait à l’époque « grossi » son bilan jusqu’à 30% du PIB. Pour la FED cela correspondrait à un bilan d’environ 4500 milliards de $.

    Qu’est ce que le « quantitative easing » japonais a produit comme résultats ?

    Pas grand chose si l’on en croit un article… de la réserve fédérale, à une époque (en 2006) où elle n’imaginait pas se lancer un jour dans ce type de politique. La FED d’alors disait donc : « While there is little evidence that quantitative easing stimulated overall lending activity, there does appear to be some evidence that quantitative easing disproportionately supported the weakest Japanese banks. »

    En clair : le « quantitative easing » n’a pas été efficace en matière de relance du crédit, et a surtout servi à soutenir les banques les plus mauvaises (donc à retarder les réformes structurelles indispensables). Avec 2 ans de recul supplémentaires, nous constatons que le Japon est en train de replonger dans la récession et que la menace de déflation y est plus présente que jamais.

    Un article de reuters sur le quantitative easing aux USA.

    Que pouvons nous retirer de cette évolution nouvelle dans la politique monétaire de la FED ?

    1) Nous avons confirmation (pour ceux qui en doutaient) que la FED est bien en train de tenter (à mon avis sans aucun espoir de réussite) de lutter, comme le Japon l’a fait, contre la déflation naissante via la politique de quantitative easing, et reconnaît donc plus que jamais la réalité de cette menace.

    2) L’expérience japonaise de 2001-2005 a montré que l’inflation et la croissance n’avaient pas été relancées de façon significative par cette politique. Ce qui est logique : en l’absence d’emprunteur intéressé, le crédit ne repart pas même si les liquidités sont abondantes. La petite reprise de l’économie japonaise après 2003 doit bien plus à la conjoncture mondiale qu’à la politique monétaire (le Japon étant de nouveau en récession depuis 2008).

    La croissance ne se décrète pas par du « pilotage monétaire » ou de la « stimulation de consommateurs »…Pour cela il faut travailler et produire, c’est tout.

    3) La FED reconnaît implicitement que sa politique de taux 0 a échoué puisqu’elle en est réduite à essayer autre chose.

    La dernière bulle de cette crise, la bulle de l’intervention étatiste sur le crédit et des utopies keynésiennes, implosera à son tour comme les autres bulles, d’une façon ou d’une autre.

  16. Avatar de fab
    fab

    @ Paul Jorion

    Bonjour,

    “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément” (Boileau) : A VOUS L’HONNEUR.
    Boileau…Boileau…Ce nom ne m’inspire pas…

    Vous avez raison : LE VRAI DEBAT SUR LA MONNAIE PEUT COMMENCER.

    Cependant, n’oubliez pas que même vous n’avez que votre propre cerveau pour juger de votre compétence et de votre intelligence…Attention à la pente…Et aux raccourcis que vous-même dénoncez : je ne tomberai pas dans le piège de laisser penser que le pouvoir politique soit prisonnier de quoi que ce soit ! Il est le « bras armé » du pouvoir financier, mais en aucun cas prisonnier. ET il ne se désintéresse pas de la question monétaire ! Il NOUS en désintéresse, il nous divertit ! La nuance est d’importance. Sans préjuger du fait que ce soit bien ou mal.

    Vous ne voulez pas admettre que quelques personnes aient pris le pouvoir du jeu monétaire, et agitez le spectre de la théorie du complot. Soit, c’est votre droit, mais n’allez pas je vous prie jusqu’à essayer de noyer le poisson et de nous laisser croire que les politiques sont aussi stupides et insouciants qu’ils en ont l’air. Ou alors expliquez-nous la misère des pays sous-développés (la théorie du complot comme vous la nommez dirait que les politiques ont choisi le terme « en voie de développement » pour donner une idée de mouvement, l’idée qu’à force d’efforts ils finiront bien par y arriver…) disposant de ressources naturelle et humaine importantes (que faut-il de plus pour qu’un pays se développe… ???) et la misère économique (et morale et intellectuelle ?) des pays dits développés…

    Le vrai débat sur la monnaie peut commencer !

    Comment en sommes nous arrivés là ??? Nous sommes tous conscients qu’il y a des fraudes, des manipulations dans la plupart des jeux (football, pmu, cyclisme etc etc) mais nous ne voulons surtout pas l’admettre pour le jeu des jeux, le jeu de l’argent ! Il est dur de reconnaître que l’on est manipulé et encore plus dur d’admettre que ça ne nous déplaît pas tant que ça ! On admet la supercherie pour les autres mais pas pour soi : on admet qu’à la bourse il y a des requins, des manipulateurs, que de l’argent y est blanchi…Mais admettre que la supercherie commence à la base, la création monétaire, et que cette supercherie est la contrepartie de notre mise à disposition du pouvoir monétaire…Tenez ! Prenez cette monnaie et consommez…
    La théorie du complot ajouterait : et attention à ceux qui ne veulent plus jouer (on pourrait même citer les noms de présidents de pays du sud « sortis » du jeu…) !

    LE vrai débat sur la monnaie peut commencer…

  17. Avatar de Bonafi gilles
    Bonafi gilles

    Ce débat sur la monnaie démontre 2 choses:
    -personne n’est d’accord.
    -personne ne peut donner une explication simple des mécanismes complexes en jeu.
    Pour en revenir à l’essentiel  » la maison brûle », merci Di Girolamo. Les USA risquent la cessation de paiement et le dollar disparaitra (Lou Dobs l’a déclaré sur CNN en juin 2006 et Robert A. Pastor, vice-président du groupe de travail élaborant les structures de l’Union nord-américaine au sein du CFR a écrit un livre qui explique tout « Toward North american community » paru en août 2001 ). Nous assistons en ce moment même a la prise de contrôle des plus grands groupes industriels par les titans de Wall Steet. John Maynard Keynes dans les années 40 pensait que la solution à la crise pouvait venir uniquement d’un processus de « désarmement financier, » qui remette vigoureusement en cause l’hégémonie des institutions financières de Wall Street, notamment leur contrôle sur la politique monétaire.
    Pour terminer, voici une citation (avec les sources) qui résume la situation actuelle.

    J. K. Galbraith: « L’économie de marché est volontiers décrite comme un héritage ancien. En l’occurrence, c’est une escroquerie, ou plus exactement une erreur communément admise. Trop de gens apprennent l’économie dans des manuels qui entretiennent encore les dogmes de la production concurrentielle des biens et des services et de la capacité d’acheter sans entraves. En fait, il peut n’y avoir qu’un ou quelques vendeurs assez puissants et persuasifs pour déterminer ce que les gens achètent, mangent et boivent ».
    Les nouveaux mensonges du capitalisme Publiée dans le Nouvel Observateur (4/11/05) Interview de John Kenneth Galbraith par François Armanet.

  18. Avatar de béber

    J’adore vous lire.

    Le net , son océan , ses îles, ses tribus … dont il faut tenter de comprendre le langage.

    J’adore , telle une bouteille à la mer, poser mon culot sur la plage , et attendre que la marée monte pour éffacer ce qui était et qui pourtant vivra longtemps , en mémoire pour l’éternité .

    L’aventurier que je suis, après avoir ouvert la fenêtre à côté de l’ordi, histoire de prendre l’air , ne sait qu’une chose , au fond ,( de l’océan ), tout invite à se poser la même question :

     » l’homme est il un être trés con doué d’intelligence ou un être intelligent capable des pires conneries? « .

    La recherche de la vérité passe par l’étude des bugs de l’intelligence.

    La vérité passe par les prédispositions à la perception de la vérité.

    Dans l’univers financier , il me semble avoir compris qu’il y a là aussi des « évidences » propres à toute culture .
    Des dogmes qui n’étant pas discutables puisqu’ »évidents  » et partagés ne sont remis en question , sauf quand surviennent les crises.

    La remise en question vient toujours d’ un certain type de personnes.
    Ceux qui viennent d’une autre culture.

    Elle est babel mon hsitoire ?

    Merci à la p’tite mary pour l’histoire de la confiture .
    Cà suffira pour continuer le voyage .

  19. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Bonafi Gilles écrit: « Nous assistons en ce moment même a la prise de contrôle des plus grands groupes industriels par les titans de Wall Steet ». Je dois avoir raté un épisode car pour moi, les titans de Wall Street sont tous en train de s’effondrer comme des châteaux de cartes et certains ne survivent que grâce la perfusion de l’Etat américain. Citycorp ne pèse plus que 20 milliards d’USD soit moins que la majroité des entreprises du CAC 40 et sans les 25 milliards d’apport du Trésor ellle serait déjà en faillite. Goldman Sachs ne pèse plus que la moitié de ce que Warren Buffet l’a payée en croyant faire une bonne affaire. Morgan Stanley pèse moins qu’un vendeur de petits pois comme Colruyt (distributeur belge). Comme l’a dit James Cramer il y a six mois: « toutes ces banques seront bientôt des penny stocks ». Alors, votre référence aux « titans » qui cherchent sans doute contrôler le monde, elle me fait un peu rire. Ce ne sont plus que des nains et ils sont aux abois.

  20. Avatar de Abdel
    Abdel

    Allez un peu de détente made in Groland :

    http://www.youtube.com/watch?v=JW5VrTGUSn8

  21. Avatar de tigue
    tigue

    Bonne idee, un peu de detente. Ecoutez cela, pour rester cool, et pour apprendre a dire, sans le dire, ce qui va sans dire…
    http://www.dailymotion.com/video/x6ko4l_daniel-guichard-je-viens-pas-te-par_music

  22. Avatar de Armand

    @LeSurHumain (23 novembre 2008 à 06:29)

    Loïc se trompe. L’inflation n’est pas la hausse des prix, et encore moins celle de certains prix auxquels on est sensible, comme on le dit par raccourci.

    L’inflation est un processus qui a pour origine (la cause) l’augmentation du rapport de la quantité de monnaie relativement à la quantité de richesse disponible (biens et services achetables) et pour conséquence (l’effet) l’augmentation du niveau général des prix. C’est-à-dire qu’il faut (esayer de) prendre en compte l’évolution de l’ensemble de tous les prix.

    L’explication est simple : l’argent étant, ou semblant, plus facile d’accès car moins cher si les taux sont bas, moins thésaurisé / épargné en situation d’euphorie, ou encore brûlant les doigts en période de haute inflation (cercle vicieux), etc… les acteurs économiques acheteurs ont une plus grande propension à le dépenser. Les acteurs économiques vendeurs (souvent les mêmes !) qui s’en rendent évidemment compte ont alors tendance à demander davantage de monnaie, ils augmentent leurs prix tant que cela ne réduit pas leur volume d’affaire ou plutôt leur bénéfice (on accepte volontier de vendre moins mais beaucoup plus cher si cela accroît le bénéfice)

    Il peut ainsi y avoir inflation alors même que la quantité de monnaie diminuerait, mais moins vite que la quantité de richesses produites. Il peut aussi y avoir inflation alors même que certains prix restent stables voire diminuent.

    En toute rigueur il faudrait également (essayer de) tenir compte de la vitesse de circulation de la monnaie , c’est-à-dire du nombre d’échanges conclus par unité de temps et par unité de monnaie (une même unité de monnaie dépensée 3 fois par unité de temps engendre le même effet que 3 unités de monnaie dépensées 3 fois plus lentement, en une unité de temps chacune).

    Ce phénomène ne se déclenche pas immédiatement ni uniformément ; on peut assister à l’augmentation vertigineuse de certains prix (une bulle) alors que les autres restent sage, voire diminuent.

    Loïc parle d’inflation mesurée par l’IPC –l’Indice des Prix à la Consommation qui ne prend en compte, comme son nom l’indique, qu’une partie des prix. Loïc méconnait les variations de prix des actifs, notamment financiers (actions, obligations) et immobiliers. Tout comme les banquiers centraux. Or cette inflation-là s’estime par l’agrégat M3 qui montait bien pendant ces périodes bullesques. Il commence à se replier maintenant, reflètant le dégonflement / explosion de ces bulles :

    http://www.nowandfutures.com/key_stats.html
    et
    http://www.shadowstats.com/alternate_data

    La FED a explicitement exclu ces prix de « l’inflation » qu’elle est censée contrôler (waaaaaaarf !). La BCE s’était auto-assignée pour M3 un objectif de 4.5% qu’elle n’a jamais tenu ; elle y a renoncé il y a peu. Pourquoi 4.5% ? parce que 4.5% = 2% + 2% +0.5% et ce n’est pas une blague : les 2% qu’ont voté démocratiquement les « Nous le Peuple » lors de Maastricht, 0.5% de marge d’erreur ; je vous laisse chercher la raison –toujours aussi scientifique, forcément– des 2% restants.

    C’est un débat constant : « les banquiers centraux doivent-ils tenir compte des prix des actifs ? » et si oui, comment ? Ainsi, dire que l’IPC est assez sage, donc que les prix en général, le sont alors même que M3 explose s’est se tromper et plus encore tromper les autres.

    L’escroquerie pyramidale monétaire crée la monnaie par le crédit, donc est responsable de l’augmentation de sa quantité ; de surcroît elle oriente ce flux de fausse monnaie, par la nature du crédit consenti, vers ce qu’elle choisit : un coup la bourse, une autre fois l’obligataire, puis après l’immobilier. Dans ce système vicié, l’effet de l’inflation commence toujours par l’augmentation des prix des actifs, ce que refusent de prendre en compte les empafés centraux. Cela déclenche toutes ces bulles.

    Lorsque les mafieux bénéficiaires de cette fausse-monnaie commencent à la dépenser sans compter dans le circuit quotidien des « Nous le Peuple », et que ceux-ci sont encouragés par les reportages de télé-propagande, les interviews de radio-mensonge et les « enquêtes » de journal-manipulation à, eux aussi, « s’enrichir » de façon à ne pas déclencher la révolution (« travailler plus pour gagner plus »), ils subissent et accélèrent l’avant dernière phase de l’augmentation des prix : celle de ce qui leur est nécessaire, voire vital. Quelques temps plus tard l’IPC monte doc avec un décalage. Les Nous le Peuple » se réveillent. C’est trop tard. La marée de fausse monnaie vient de les atteindre. Qui constate une déflation des prix à la consommation ?

    Pour conclure le cycle, les « Nous le Peuple » vont alors manifester pour une augmentation des salaires, mais les empafés centraux ont déjà dit qu’ils la combattraient (dans leur novlangue orwélienne : « l’inflation de second tour »). Ils ont déjà serré les boulons.

    Enfin je rappelle que ces indices ne sont que des statistiques. Il faut par conséquent avoir à l’esprit le mot de Benjamin Disraeli « il y a trois formes de mensonges : les petits, les gros et les statistiques », voire celui de Churchill « je ne crois qu’aux statistiques que j’ai pu moi-même manipuler ».

    Ainsi l’IPC a vu sa méthode de calcul évoluer –pour de bonnes raisons bien sûr–, voir les liens précédents ; dans son calcul interviennent notament :

    – les célèbres corrections saisonnières, un lissage pour aténuer la volatilité. On peut toujours décider de lisser plus ou moins selon l’air du temps … mais le ménage qui paie ne constate pas de lissage des prix.

    – le mécanisme de substitution : une crise des farines animales ? le prix du boeuf chute ? vous êtes réputé ne plus manger que du boeuf, l’indice enregistre une baisse de sa composante viande ; la crise passe, le prix du boeuf remonte ? Ouf ! c’est le poulet à la dioxine : vous ne mangerez donc plus que du poulet, la composante viande continue à baisser. Le poulet revient ? Ouf ! du veau aux hormones est découvert, etc…

    – le mécanisme des « ajustements hédoniques » : le prix du PC est à 490 comme il y a 6 mois ? mais le processeur tourne à 2.3 GHz contre 1.8 Ghz, vous en avez donc davantage pour le même prix (même si vous n’en avez pas besoin et que vous vous contenteriez de l’ancienne génération), statistiquement on va alors considérer que cela équivaut à une baisse de prix de 3.1416 % ; plus tard il y aura 1Go de RAM plutôt que 512 Mo ? hop -1,618 % sur le prix statistique ; ensuite 80 Go de disque à la place de 40 Go ? Ho Ho : -9.81 % sur le prix statistique … mais le ménage qui achète un PC le paie toujours 490 même si statistiquement il n’est plus qu’à 300 (on dit même que le PC statistique hollandais a désormais un prix négatif à force d’hédonisation)

    Bref il s’agit ici au mieux d’un indice du prix de la survie, plutôt que de celui de la vie. Il sert de base à diverses augmentation légales, que l’on peut ainsi minimiser, autre manière de payer les errements de quelques uns.

    Il faut également prendre en compte le décalage entre la mesure « estimopifométrique » de ces prix et leur remontée vers les décideurs. Ils ont toujours au moins un coup de retard.

  23. Avatar de tigue
    tigue

    @ et alors :
    « ….le problème c’est que c’est pas de la physique et de l’optique, mais du “complexe”, du “systémique”, du “bio-éco…logique”, “turbulent” ».

    y a t-y de la pomme dedans ?
    http://www.dailymotion.com/video/x3bu2t_les-tontons-flingueurs-alcool

  24. Avatar de coco
    coco

    Même si je n’écris pas souvent
    je suis quand même régulièrement le site de Paul Jorion
    et là j’avoue que je me sens dépassé

    Aussi j’aimerais soumettre une idée…
    est-ce que sur ce blog il ne pourrait pas y avoir un genre de F.a.Q.
    qui répondent simplement (si c’est possible) à des questions (certainement ingénues) du style:

    1-En quoi est-ce un problème que les banques crèent de l’argent à partir de « rien » ?

    2-La dette d’un état est-elle vraiment un problème ?

    3- Et à qui la devons-nous ?
    (je n’imagine pas des messieurs, genre « Rockfeller », demander à la France de rembourser les 1000 milliards de dettes (environ…)
    qu’est-ce qu’ils en feraient ????)

    4-Pourquoi ai-je pu emprunter 90000€ à une banque pour acheter un bien immobilier et non pour les placer en partie sur un livret A (ou autres trucs sans risque…) La banque dans ce dernier cas ne prendrait aucun risque (il serait sûr, si j’étais insolvable de retrouver sa mise) et moi je gagnerais les 4% d’intérêts (moins les 2% d’inflation).
    et comme ça tout le monde pourrait s’enrichir sans risque

    5-Et puisque justement, les banques crèent de l’argent à partir de « rien », pourquoi, dans le but de justement d’enrichir tout le monde, pourquoi ne créent-ils pas des livrets sans risques à des taux de 8-10% ?

    5-Finalement pourquoi l’argent n’est-il pas gratuit ou du moins moins cher à obtenir?

    etc…

    j’imagine que ces questions vont en faire sourir plus d’un…

    pourtant je ne me juge pas plus bête que la moyenne mais c’est vrai que les questions d’argent
    pendant mon cursus scolaire je n’en ai pas vraiment entendu parler
    et n’étant pas riche, je ne me suis toujours contenté de ce que j’avais
    sans vraiment réfléchir sur le pourquoi du comment.

    merci

  25. Avatar de Dav

    Monsieur Jorion,

    Je pense en effet que l’idéologie doit être absente de la recherche de la vérité, et que, contrairement à ce qu’en disent les nouveaux sophistes, de vérité, il n’y en a qu’une et quand bien même elle est relative à un contexte, elle n’est pas subjective, ce que les gens confondent souvent.
    Attention toutefois aux idéologies qui nous imprègnent et dont on ne peut s’affranchir facilement. Loïc Abadie, à ce titre, fait souvent preuve d’un libéralisme tout à fait dogmatique, quand il faudrait continuer à se poser des questions et se libérer tout à fait des deux idéologies du 20ème.

    Un autre point : on nous fait croire en la complexité du système pour ne pas devoir l’expliquer.
    Pour autant, le bon sens et des mots simples, sont souvent une explication juste, même en ce qui concerne les lois fondamentales de l’univers… pour ce qui est des grandes lignes, le bon sens fait parfaitement l’affaire.

    Un exemple, ici, concernant la monnaie :

    La monnaie est un instrument qui facilite les échanges de services entre les individus d’une société.
    Une société humaine repose sur l’échange et le partage de services.
    La monnaie permet de réguler l’échange des services entre les individus d’une société.
    La monnaie mesure la valeur que la société attribue à ces services.

    En l’absence de monnaie, les échanges de services se réalisent sous la forme du troc. Pour que le troc fonctionne, il faut que l’échange corresponde à un besoin réciproque de deux individus, au même moment. Dans le cas où l’un des deux individus n’est pas intéressé par l’échange, le troc ne se réalise pas.

    La monnaie sert alors d’intermédiaire. Elle est échangeable contre tous les services de la société. L’individu qui ne souhaite pas réaliser un échange par le troc, peut échanger son service contre de la monnaie. Il pourra à son tour échanger cette monnaie contre un autre service.

    Pour être efficace dans son rôle d’intermédiaire, la monnaie doit être reconnue par tous les individus de la société, elle doit pouvoir se stocker facilement, et elle doit être divisible afin de pouvoir exprimer une échelle complexe de valeurs (tous les services n’ayant pas la même valeur).

    Les métaux comme l’or ou l’argent s’abîment difficilement, ils se conservent bien. Ce sont des métaux rares, donc ils permettent des paiements de grande valeur avec une quantité raisonnable de métal et ils sont divisibles en petits fragments (ce n’est pas le cas d’un diamant par exemple). C’est la raison pour laquelle les premières monnaies furent métalliques.

    A l’origine, la monnaie papier est une représentation de la monnaie métallique. Cela veut dire que chaque billet en papier émis correspond à un stock de métal existant, qu’on appelle une contre-partie.
    Pour chaque billet, de l’or peut être reçu en échange.

    Aujourd’hui, la monnaie papier ne repose plus sur le stock d’or. Elle repose sur la dette, c’est à dire que la contrepartie est la richesse que l’on va créer (dans l’idéal, grâce à l’effet levier de la dette)

    En somme, c’est très simple à comprendre. Cela explique facilement pourquoi l’endettement est un principe qui libère les capacités à créer de la richesse, mais cela explique aussi pourquoi il faut veiller à la fiabilité de cette contrepartie !

    Quand la dette atteint des niveaux insoutenables, elle constitue soit une escroquerie, soit la contrepartie d’un travail des générations futures… dans les deux cas, elle est à la fois une injustice et un danger social

    C’est pour cela que le système monétaire ne peut que s’effondrer et qu’il faut remettre des gardes-fous quant à la création monétaire.

  26. Avatar de moderato-cantabile
    moderato-cantabile

    Bonjour Coco,
    J’adhère entièrement à votre demande, quitte à encore facher les contributeurs habituels de ce blog. Je n’ai que de l’admiration pour l’étendue de leur vaste culture et en même temps j’ai l’impression qu’ils détiennent l’art de compliquer les questions sans avoir la sagesse d’apporter des réponses.
    Sauf peut être Loïc Abadie, mais en ce qui le concerne les questions tout comme les réponses visent ses profits personnels, sans éclairer au dela d’une petite minorité de gens, dont certains seraient respectables dans leur innocence.

  27. Avatar de syl
    syl

    j’ai dans mes vagues souvenirs l’histoire d’un certain John LAW dans les années 1750….un quelconque rapport avec la question qui nous occupe aujourd’hui ?

  28. Avatar de Bonafi gilles
    Bonafi gilles

    Réponse à « ton vieux copain Michel ».
    Tu affirmes: »pour moi, les titans de Wall Street sont tous en train de s’effondrer « . Voici quelques preuves qui vont t’éclairer.
    La banque privée Edmond de Rothschild s’est vu doté (malgré la crise) d’un apport d’argent frais de 10,3 milliards. Le bénéfice de la banque est en hausse de 28% et atteint les 246 millions.
    Le groupe du baron Benjamin de Rothschild a d’ailleurs recruté John Paulson (qui a recruté Alan Greenspan, étrange non?).
    Pour rappel, John Paulson a encaissé 3,7 milliards de dollars en misant sur la crise des subprimes.
    Trois géants financiers mondiaux : Citigroup, JP Morgan Chase et Goldman Sachs sont en train d’émerger sur les cadavres des autres.
    Pour info, le rapport de l’OCC (Comptroller of the Currency, l’autorité de tutelle des banques) du 30 septembre indique que PJ Morgan Chase détiendrait 43 000 milliards de dollars en produits dérivés (et non 17 000 comme l’annonçait Paul Jorion), soit l’équivalent du PIB mondial. Petit rappel historique, en 1929, la famille Kennedy avait une fortune estimée à 4 millions de dollars. En 1935, elle était évaluée à 20 millions de dollars.
    J’ai tout à coup envie de chanter la chanson: »ma petite entreprise connait pas la crise »!

  29. Avatar de tigue
    tigue

    @Dav,
    Je ne suis pas d’ accord avec la simplification que vous faites de ce qu’ est  » la vérité ».
    Vous constaterez bien vite que rien n’ est sûr, même dans les sciences les plus dures…
    La seule chose utile, ce qui reste, c est la cohérence d ‘ une théorie avec l’ expérience, et sa fonctionalité pour prévoir .
    Il ne faut pas être à ce point ingénu pour croire cette théorie, mais savoir qu’ elle permet d’ approcher la vérité, si tant est qu’ elle existe, (ou qu’ elle soit intelligible).
    Il est assez épatant que tous les esprits ici présents (dont Paul) n’ aient pas réussi a s’ accorder sur cette evidence, si limpide a vous seul.
    Il est vrai que le tableau de sophistes anachroniques prenant le thé, pendant que Rome brûle, permet d’ expliquer, de façon bien comode, l’ absence de réponse définitive a cette question tellement simple : « qu’ est ce que la monnaie ? ».
    De la réponse simple que vous faîtes a la question, vous ne tirez rien d’ utile, de fonctionnel, par rapport au projet « constitution pour l’économie ». Creusez un peu la question, vous verrez que c est pas si simple a ce niveau.
    Toutefois votre réponse est vraie, c est d’ ailleurs celle que je donne a mon petit Paul.
    Il a 6 ans et demi.

  30. Avatar de BDphile
    BDphile

    Le débat sur la monnaie,
    Suite à la lecture de vos billets, à tous,

    Si « la maison brule », si nous sommes sommes de plus en plus nombreux conscients ou vivants d’un certain mal-être social, le débat sur la monnaie pourrait il envisager la suppression pure et simple de cette dernière.

    Point de révolution et conscients que des étapes seraient alors nécessaires à l’aboutissement d’un tel projet, ne serait il pas judicieux de percevoir ces étapes et non pas continuellement l’aménagement du système ?

    Si cette idée est jugée utopique, l’est elle plus que de souhaiter notre système d’échange basé sur la monnaie juste, équitable ou simplement en accord avec la devise française liberté, égalité, fraternité ?

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