Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Merci pour vos réponses à Création monétaire, l’illustration de Paul Grignon. J’ai lu vos commentaires et j’ai suivi les liens et la conclusion en est claire : mes deux correspondants avaient raison d’attirer mon attention sur le raisonnement de Paul Grignon car il est faux. Son erreur repose sur un malentendu initial quant à la signification de « réserves fractionnaires » qui lui fait transformer un capital 1.111,12 $ mis en réserve auprès de la banque centrale en un crédit de 10.000 $, suivi d’un deuxième calcul, cette fois-ci fondé sur une interprétation correcte des « réserves fractionnaires », mais débouchant sur un chiffre erroné : 100.000 $ au lieu de 90.000 $.
Les banques commerciales peuvent emprunter auprès de la banque centrale et elles peuvent prêter à partir des dépôts de leurs clients à condition de maintenir des « réserves fractionnaires » sur ces dépôts. Ceci a un effet multiplicateur dû à la vitesse de circulation et pose en effet un problème si tous décident de retirer simultanément leur argent (panique bancaire). Mais tout ceci n’a rien d’inquiétant puisqu’il s’agit simplement – comme je l’expliquais dans un de mes billets (17 février 08) de ce qui distingue un organisme de crédit comme une banque, d’un simple coffre-fort.
Je ne peux manquer de m’étonner bien entendu du nombre de personnes – y compris des experts ayant pignon sur rue – commettant la même erreur que Grignon ou des erreurs apparentées mais je m’abstiendrai bien de trancher sur la question : naïveté ou malveillance ?
La boucle est donc bouclée. Je viens de relire mon premier billet sur la monnaie (7 février 08) : Le scandale des banques qui « créent » de l’argent et je pourrais le citer in extenso sans y changer une virgule. Il commençait, je vous le rappelle ainsi :
Comme on le sait lorsque l’on lit ici mes billets, je ne me prive pas de critiquer la finance quand cela me semble justifié. Cela ne signifie pas pour autant que je souscrive à toute critique exprimée vis–à–vis du système financier. Je lis de plus en plus souvent par exemple, que « les banques commerciales créent de l’argent », et qu’il y aurait là un scandale à dénoncer. Or, cette proposition est fausse : les banques commerciales ne créent pas d’argent.
Pour une bonne synthèse de ma position, je peux vous renvoyer à l’un de mes billets intermédiaires (23 mai 08), La monnaie : le point de notre débat (II) :
Voici où je me situe aujourd’hui – à la lumière de notre débat :
1. Le « simple bon sens » est de peu de secours en finance. Mieux, comme en mécanique quantique, il constitue souvent un obstacle à la compréhension.
2. La dématérialisation de la monnaie n’a aucune implication sur la conservation des quantités ; la dématérialisation porte sur la qualité du support, la conservation des quantités est un principe (comme l’ entropie, par exemple).
3. Les apparentes « créations ex nihilo », de même que les « disparitions ex nihilo » sont communes en finance : le calcul de la « valeur actuelle » d’un produit financier (somme des valeurs escomptées de ses flux futurs) semble impliquer une « disparition ex nihilo ». A l’analyse, aucun des processus où ces créations et disparitions apparentes ont lieu n’enfreint la conservation des quantités.
4. La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales. La création de richesse par le travail détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central.
5. Le niveau des réserves fractionnaires déterminera une démultiplication comptable des sommes déposées dans les banques ; cette démultiplication n’enfreint pas le principe de conservation des quantités : le montant mobilisable instantanément demeure égal à celui des sommes déposées.
6. La création / destruction de monnaie par des opérations scripturales respecte également la conservation des quantités : les intérêts exigés sont prélevés sur des flux extérieurs au processus en-soi.
Ce que je dis là n’invalide en rien les revendications que je vous vois exprimer en rapport avec la création de monnaie, et auxquelles je souscris en général. Ceci dit, je suis dans l’impossibilité de les fonder comme vous le proposez alors, à savoir à partir d’une critique de l’intermédiation opérée par les banques commerciales …
Le vrai débat sur la monnaie peut donc commencer, portant sur le rapport entre les banques centrales et les états pour ce qui touche à la dette publique, les politiques des banques centrales et leur « indépendance », les intérêts payés dans le cas du crédit à la consommation, les opérations spéculatives des banques sur leurs « fonds propres », etc. Les sujets ne manquent hélas pas et nous avons du pain sur la planche !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
52 réponses à “Le vrai débat sur la monnaie peut commencer”
Dans ce cas, il serait « capital » de prévenir Paul Grignon (et le site Banksters) pour qu’il modifie sa vidéo en conséquence…
Bonjour Paul,
nous voici enfin au coeur du problème et le débat peut enfin commencer.Je cite tes propos:
« Je lis de plus en plus souvent par exemple, que « les banques commerciales créent de l’argent », et qu’il y aurait là un scandale à dénoncer. Or, cette proposition est fausse : les banques commerciales ne créent pas d’argent. » Or Maurice Allais dans son ouvrage « La crise mondiale d’aujourd’hui », paru en 1999 déclare:
« Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur d’un dépôt auprès d’une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie ex nihilo par de simples jeux d’écriture. Reposant essentiellement sur la couverture fractionnaire des dépôts, il est fondamentalement instable. »
Donc, nous avons là 2 avis totalement contradictoires.
Je pense qu’il y a une erreur fondamentale dans la plupart des critiques concernant la création d’argent par les banques. En effet, il ne faut pas confondre banque commerciale et banque centrale car, bien évidemment seule les banques centrales crée de la monnaie et tu l’affirmes toi-même:
« La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales ». L’erreur de Paul Grignon est là.
Par contre, il existe un problème autrement plus grave concernant la création de monnaie. Le dollar n’appartient plus aux USA depuis 1913 ( crétion de la FED) mais a un groupe de banques privées ce qui est contraire à la constitution américaine. Ce sont donc ces organismes privés qui dirigent de facto le pays en contrôlant sa masse monétaire et d’ailleurs les présidents qui ont voulu toucher à ceci sont morts. Ceci serait nettement plus intéressant à débattre.
Je ne suis pas si sur que ces deux avis soient réélement contradictoire.
Ce que dit M.Allais c’est que « le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo ».
Une création de MOYENS de paiements, pas de monnaie…
Les jeux d’écritures donnent l’impression que la monnaie est créée ex nihilo, cependant cette illusion prend fin une fois le crédit soldé et le bilan équilibré, l’écriture est détruite, ne reste plus que l’interêt.
Et c’est là la deuxième illusion : les interêts. Ils ressemblent à une création monaitaire, mais ne sont finalement que le reflet d’une concentration de cette monnaie vers un seul agent.
Et cette monnaie là représente bien une richesse produite.
La banque centrale émet un monnaie reflétant en principe la richesse produite, cette monnaie circule dans le circuit économique sous forme de salaire, de consommation, d’investissement, puis se retrouve inévitablement captée par les banques commerciales par le biais du crédit en échange d’une promesse de richesses futures.
Bonjour, quelques remarques sur la video de Grignon et les solutions qu’il propose.
1) Il s’agit pour moi très clairement d’une propagande pour les théories du complot, qui se fait en deux étapes :
– Grignon propose une vidéo simple à comprendre et très pédagogique (toute propagande réussie comporte une part de vérité), et glisse quelques allusions discrètes ou citations hors contexte bien « choisies » pour suggérer l’existence d’une « organisation maléfique de banquiers » rêvant d’établir une dictature sur toute la planète.
– Ensuite la vidéo de Grignon est reprise en boucle par des sectes politiques extrémistes qui s’en servent pour illustrer leurs théories du complot et pour désigner l’horrible « bouc émissaire responsable de tous les maux » (le banquier).
Paul Grignon sait parfaitement où il va en laissant faire les « basses besognes » par d’autres.
2) Sur les « solutions », ce que propose Grignon est pour moi un vrai cauchemar : Il s’agirait de donner à l’état un contrôle absolu à la fois sur la monnaie et le crédit. Dans ce type de situation, nous aurions donc des fonctionnaires, des dirigeants et des élus qui concentreraient entre leurs mains un pouvoir immense.
Ils pourraient décider des entreprises, des associations, des ménages et des agents économiques qui bénéficieraient du crédit, de ceux qui n’y auraient pas accès.
Ils pourraient couper le robinet du crédit à une entreprise (par exemple un groupe de presse) qui ne leur plairait pas, ou inversement en favoriser une autre.
Lorsque l’on donne un pouvoir aussi immense à des décideurs, ils ne s’en servent en général pas pour le bien collectif (il faut être vraiment naïf pour croire qu’un tel pouvoir serait bien utilisé). Donc cela reviendrait au mieux à réaliser une république bananière, et au pire cela dériverait rapidement vers une dictature socialiste.
Si une solution de type Grignon devait être mise en œuvre chez nous, inutile de dire que je m’exilerai vite vers un autre pays.
3) Le système actuel de réserve fractionnaire offre l’avantage d’un pouvoir dilué sur la monnaie et le crédit (entre de nombreux organismes bancaires par exemple). Il a plutôt bien fonctionné en dehors des périodes d’excès comme les décennies 90-2000, et peut être amendé pour éviter la formation de nouvelles bulles de crédit par quelques mesures simples :
– Imposer aux banques un leverage ratio (total du bilan / capitaux propres) très strict, par exemple entre 5 et 10 (aucune contrainte aujourd’hui en Europe).
– Eventuellement imposer aux banques un second critère portant sur les dépôts : par exemple interdiction de prêter plus de 60 ou 70% des dépôts de la clientèle, avec nécessité de garder un volant de liquidités important (30% ou plus).
Des mesures de ce type suffiraient à rendre impossible de nouveaux excès.
Il faudrait sans doute les inscrire de façon solennelle (référendum et constitution), pour leur donner un caractère un peu « sacré » et que les dirigeants à venir ne fassent pas sauter ces garde-fous trop vite…Je dis modestement «pas trop vite », parce que je sais bien qu’ils sauteront tôt ou tard à la fin d’un prochain cycle de croissance et de calme, les foules et leurs élus finissent toujours par oublier les leçons du passé.
Au moins cela pourrait nous garantir quelques décennies sans excès et ce n’est pas si mal !
Une dernière remarque : Les garde-fous, quels qu’ils soient, ne changeront rien à l’issue de la crise actuelle, parce que les excès ont déjà été commis, et que la montagne de dette existante ne disparaîtra pas sous l’effet de nouvelles règlementations. Les garde-fous ne peuvent au mieux que préparer l’après-crise.
@ Loïc Abadie
« Lorsqu’un gouvernement est dépendant des banquiers pour l’argent, ce sont ces derniers, et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation, puisque la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit. […]
L’argent n’a pas de patrie ; les financiers n’ont pas de patriotisme et n’ont pas de décence ; leur unique objectif est le gain. »
Napoléon Bonaparte, (1769-1821)
@ Loïc Abadie
« Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, au magazine Time, et aux autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque quarante ans. Il aurait été pour nous impossible de développer notre projet pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années.
Mais le monde est aujourd’hui plus sophistiqué et préparé à l’entrée dans un gouvernement mondial.
La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale des siècles passés. »
David Rockefeller, Commission Trilatérale 1991
@ Paul Jorion dit: 21 novembre 2008 à 23:29
Source : Discours à la Commission Trilatérale, juin 1991, Baden Baden, dans Matrix of Power: How the World Has Been Controlled by Powerful Men Without Your Knowledge, paru en 2000.
@ Loïc Abadie
Effectivement, grâce à Google et Wikipedia, il est possible de trouver la source de ces citations très aisément.
Pour la citation du Président Garfield : [http://www.themoneymasters.com/]
vient de la vidéo The Money Masters (1995), documentaire historique de Patrick Carmack.
Seule source pour cette citation selon Wikipedia.
Le même site est la source de la citation de Sir Josiah Stamp.
Source de cette citation inconnue selon Wikipedia.
Patrick Carmack est félicité sur son site par Milton Friedman.
Citation de David Rockefeller , remerciant le Washington Post… : [http://video.google.com/videoplay?docid=-8701863412120241475]
vient de la vidéo The Matrix of Power (2000) de Jordan Maxwell
Selon Wikipedia Jordan Maxwell est un chercheur indépendant dans les disciplines de l’astro-théologie, la religion, les sociétés secrètes et l’occulte.
Maxwell estime que sa recherche révèle l’existence d’une société secrète qui contrôle le gouvernement et […] pratique en secret l’ancienne religion Canaanite…
N’ y a t il pas une erreur fondamentale, a essayer de s’ intéresser à « QUI doit fabriquer la monnaie », plutôt qu ‘ a « QUi a accès a la monnaie ? ».
Le problème soulevé par Loic est intéressant. Que ce soit l’ état ou un groupe de banques privées qui génère la monnaie, il reste le problème de l’ accès a cette monnaie, c’est a mon sens un problème bien plus important.
Si la monnaie est « produite » en quantité infinie, mais que l’ accès a celle ci est « équitable au regard de critères a définir », alors pas de problème.
Si la monnaie est produite en quantité infinie, mais que l’ accès a celle ci est favorisé pour certaines structures, alors il y a un grave problème, qui est à terme, celui du contrôle de tous les prix par la structure favorisée.
Il est facile de constater que de grosses compagnies ayant acces au credit peuvent faire baisser le cours d’ une action cible (vente a decouvert) pour delester les propriétaires de leurs titres (vente panique), puis les racheter a bas prix, et devenir majoritaires dans la compagnie, puis augmenter les prix de ce que la société cible produit,
http://www.latribune.fr/bourse/20081119trib000311916/exclusif—une-trentaine-de-groupes-francais-negocies-contre-leur-gre-a-wall-street.html
le « consommateur finit par ne plus pouvoir acheter les produits ( même a credit), l’ entreprise (vitale) est renflouée par les impôts et la dette disparaît, spoliant le déposant (prêteur qui voir fleurir de nouveaux frais bancaires ), le contribuable, l’ épargnant qui (pas de chance !) avait des actions notamment dans le dans la banque …c’ est le même, zut alors!
On revient alors a se dire que celui qui a tiré les marrons du feu est celui qui a su etre successivement au bon moment dans la peau du banquier, dans celle de l’ actionnaire, dans celle du contribuable (pour ne pas etre imposable bien entendu), dans celle du consommateur ( qui achète ce qui est moins cher, et qui veut un gros salaire pour son travail a lui).
Ce portrait correspond a l’ investisseur avisé Americain ou Européen ou Français.
C’ est la société que nous avons choisi avec le traité européen, et dont les bases viennent d’ être rappelées par le G20.
L’ affreux banquier au doigts crochus…c’ est nous-même, on a qu ‘à changer.
théorie et pratique et en réponse à beaucoup de sus-commentaires
Le 21 novembre 2008, les médias américains rapportent que le Président-élu Barack Obama a décidé de nommer Geithner au poste de secrétaire au Trésor (http://fr.wikipedia.org/wiki/Timothy_Geithner)…
Cette nouvelle a fait passer au second plan les difficultés de la banque Citigroup, qui avaient lourdement pesé sur la séance. Après avoir perdu la moitié de sa valeur en deux jours, l’action de la banque new-yorkaise a encore chuté de 19,96% à 3,77 dollars.
Dans le reste du secteur financier, JPMorgan Chase a perdu 2,82% à 22,72 dollars.
La plupart des autres banques, en forte baisse en séance, ont fini en hausse: Bank of America a pris 1,96% à 11,47 dollars et Goldman Sachs 2,52% à 53,31 dollars.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?&news=6116483
@ Paul Jorion,
Bonjour,
Si toutefois votre avis concernant la création monétaire ex nihilo n’est pas totalement arrêté, et qu’il y a donc un espoir qu’il change à nouveau, je vous propose ce lien que vous connaissez j’en suis sûr, mais n’avez peut-être pas pris le temps de lire entièrement…
http://www.bayard-macroeconomie.com/lamonnaie.htm
Quant à la théorie du complot évoquée par Loïc Abadie c’est la solution de facilité, la muleta agitée devant le nez du taureau…Si le pouvoir financier était entre les mains des fonctionnaires alors il serait utilisé à mauvais escient…Alors qu’entre les mains des banquiers, NOUS NE RISQUONS RIEN ! Rassurez-vous braves gens ! The show must go on…
Je le dis à nouveau : ce n’est pas parce que les banquiers ont entre leurs mains le monde entier, qu’ils dirigent les politiques etc, bref que quelques personnes mènent le jeu actuel auquel joue l’humanité, que pour autant on puisse affirmer que l’objectif de ces gens-là soit mauvais. Peut-être agissent-ils pour notre bien à tous, il ne faut jamais l’oublier lorsque l’on s’apprête à démonter le système en place. Que se passerait-il si l’on nous enlevait notre jeu, notre occupation ?
Donc :
Non à la théorie du complot, mais attention aux apprentis sorciers.
Bonjour Paul,
nous voici enfin au coeur du problème et le débat peut enfin commencer.Je cite tes propos:
“Je lis de plus en plus souvent par exemple, que « les banques commerciales créent de l’argent », et qu’il y aurait là un scandale à dénoncer. Or, cette proposition est fausse : les banques commerciales ne créent pas d’argent.” Or Maurice Allais dans son ouvrage « La crise mondiale d’aujourd’hui », paru en 1999 déclare:
“Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur d’un dépôt auprès d’une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie ex nihilo par de simples jeux d’écriture. Reposant essentiellement sur la couverture fractionnaire des dépôts, il est fondamentalement instable.”
Donc, nous avons là 2 avis totalement contradictoires.
Je pense qu’il y a une erreur fondamentale dans la plupart des critiques concernant la création d’argent par les banques. En effet, il ne faut pas confondre banque commerciale et banque centrale car, bien évidemment seules les banques centrales créent de la monnaie (ex nihilo) et tu l’affirmes toi-même:
“La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales”. L’erreur de Paul Grignon est là.
Par contre, il existe un problème autrement plus grave concernant la création de monnaie. Le dollar n’appartient plus aux USA depuis 1913 ( création de la FED) mais à un groupe de banques privées, ce qui est contraire à la constitution américaine. Ce sont donc ces organismes privés qui dirigent de facto le pays en contrôlant sa masse monétaire et d’ailleurs les présidents qui ont voulu toucher à ceci en sont morts. Celà serait nettement plus intéressant à débattre.(version corrigée).
Pour en finir avec les théories du complot, il convient d’étudier les faits. Ce n’est pas le gouvernement US qui contrôle sa monnaie mais la FED. En ce qui concerne les preuves, il en existe une et elle se trouve sur les dollars de 1963. On y retrouve inscrit « United States Note ». Juste après l’assassinat de Kennedy les mots « Federal Reserve Note » réapparaissent comme par magie. En effet, le 4 juin 1963 le président John Fitzgerald Kennedy signait l’executive order n°11110 permettant au gouvernement US de créer sa monnaie sans passer par la FED (il a été suspendu après sa mort). L’utilisation de citations peuvent prêter à confusion, la vérité historique, elle, ne peut pas être changée.
Bonjour à tous !
Pour une fois je vais être d’accord avec M.Abadie, j’ai regardé la vidéo et j’y trouve pour ma part des relents nauséabonds d’antisémitisme …Pour ma part, cela constitue un motif de total rejet car cela décrédibilise totalement les propos.
Je crois qu’il s’agit d’une erreur GRAVISSIME d’analyse que de stigmatiser par ex en France les Rotschild et par ailleurs quand on voit ce que cela a donné en 1939, je crois qu’il est de notre devoir de le dénoncer haut et fort.
Par contre, il est important de garder en tête les mécanismes de domination sociale des possesseurs de capitaux. Ils défendent leurs intérêts, ce qui me semble assez logique et cela n’a rien à voir avec une secte (je suis désolée mais cette vision est franchement ridicule).
Le néo-libéralisme comme le montre très justement Paul, a créé de toutes pièces une « science économique » qui nie l’existence des classes sociales et les rapports de force qu’elles entraînent (CF : La Crise, chap 12 p 261). Ce qui n’est pas sans conséquence mais qui appartient pour moi de l’ordre « des régles du jeux ».
Je ne suis donc pas surprise de la résurgence de ces théories « fumeuses et dangeureuses », elles sont le prix à payer.
Le système capitaliste ne peut faire l’économie d’une réflexion sur le rapport de force entre salariés et actionnaires et sur la nécessaire répartition des richesses.
@Le surhumain,
Vous savez à quel point j’apprécie vos petites saillies sous forme de citations malheureusement là je ne peux vous suivre. Est-ce un hasard, si ce billet de Paul, fait suite à « Titanic », billet dans lequel il nous met en garde sur le ventre encore fécond (de la bête immonde) ?
Je ne le crois pas…sachons lire entre les lignes et gardons-nous de devoir dire un jour… »nous ne savions pas »…Ce n’est pas vrai, nous savons.
@Loïc,
Ton point 2/ ne tient pas la route.
Que ce soit des fonctionnaires qui foirent et abusent, comme dans le passé, ou des privés, comme maintenant, ce sont des hommes.
Les « Nous le Peuple » se feront toujours baiser, parce qu’ils sont intrinsèquement cons et intellectuellement paresseux. Ils abandonnent le pouvoir monétaire (ainsi d’autres formes de pouvoir) à d’autres, élus ou ou non ; s’en désintéressent ; se font niquer puis se plaignent que ceux-ci en aient abusé.
Le problème est la nature humaine.
C’est pourquoi je pense qu’il faut réduire au minimum l’intervention humaine en cette matière. L’or a de très grand atouts pour être une monnaie. Il est en particulier très difficile de la photocopier à l’échelle ndustrielle et ceux qui le souhaitent peuvent la conserver sous leur contrôle direct, ne rien déléguer.
chapeau !
vous devenez de plus en plus « classe » ; et même Loïc Abadie intervient, excellent !
continuez, dans le sens du vrai et d’un humanisme fondateur. Comme beaucoup, je ne peux pas intervenir, mais on s’accroche.
en route vers le « surhomme » 😉
@Paul, sur le thème du billet
Tout est dans l’ambiguïté du mot « argent ». Le problème est donc mal posé, mieux vaut décrire les mécanismes.
1. Si l’on entend « monnaie centrale » i.e. réserves sous forme électronique des banques commerciales à la banque centrale ou billets imprimés –M0, la monnaie de base donc– alors, évidemment, par construction, les banques commerciales ne créent pas d’argent. Pas cette forme d’argent. Elles en ont même l’interdiction : elles n’ont pas le droit d’imprimer leurs propres « billets de banque ».
Grâce au (à cause du) système de réserves fractionnaires, elles ont le droit d’accorder des crédits sur un volume plus important que ces réserves, de les chiffrer dans la même unité (l’EuroPeso, l’USpeso, …), de les inscrire sur les comptes de leurs clients, sans avoir tout l’argent, dans cette définition, correspondant en promettant à ces clients via les relevés bancaires de leur en remettre tout ou partie en billets de la banque centrale, à vue et à leur simple demande, conformément à la loi. Elle savent cette promesse mensongère et intenable, mais elle est légale. Leurs clients ne le savent pas tous et, de toutes façons, s’en foutent. Enfin, tant que tout va bien.
Elles ont le droit de créer leurs instruments de paiement (virements,chèques, cartes) permettant à leurs clients de se refiler ces promesses mensongères et intenables, ce qui évite la faillite immédiate de ce système … tant qu’une minorité ne décide pas d’aller exercer son droit de conversion de la promesse en billets de banque centrale.
Maurice Allais a parfaitement raison et l’écrit très précisément.
Les banques doivent pomper dans leurs réserves pour couvrir les impayés ; elles augmentent leurs réserves des intérêts perçus. Quand tout va bien leurs réserves augmentent, le cercle vicieux de l’effet de levier du crédit se développe exponentiellement. Puis boom. Quand les réserves ne sont plus suffisantes, non pas seulement pour couvrir les défaillances qui augmentent, mais pour maintenir les ratios légaux, certains « Nous le Peuple » un peu plus vifs que les autres se retirent alors du jeu avant l’effondrement.
2. Si l’on entend par argent « moyens de paiement généralement acceptés » alors on ajoute la « monnaie bancaire » à la monnaie centrale. Et, sous cette définition, les banques commerciales créent de l’argent en accordant des crédits (et le détruisent, sauf les intérêts, au fur et à mesure des remboursements) ; c’est même, par nature, le coeur de leur activité
Quand A vend à B et que B prend un crédit de 1 000, A se retrouve avec 1 000 sur son compte bancaire, qui existent donc en argent de type 2 mais pas entièrement en argent de type 1. Il y a eu création de monnaie bancaire.
Si A achète à C et paye 1 000 par virement, chèque ou carte, C se retrouve avec ses 1 000 ; il n’y a pas eu création monétaire dans cette opération, mais A a simplement refilé à C un paquet de 1 000 qui était déjà une illusion en gande partie.
Si A retire ses 1 000 en billets sa banque va devoir leur appliquer à l’inverse l’effet de levier (ou les emprunter à sa banque centrale). S’il paye cash C et que celui-ci les dépose dans sa banque, celle-ci y ré-appliquer l’effet de levier (ou les prêter à la banque de A). Il y eu potentiellement un problème de solvabilité du système bancaire : sa quantité de monnaie émise (les crédits) n’a pas changé, ses garanties ont diminué temporairement.
Si tous les A, ou même simplement une minorité de A, de bonne foi, voulaient leurs 1 000 en billets, l’illusion de la monnaie bancaire se ferait jour.
C’est tout l’intérêt de la vidéo de Paul Grignon de démonter, même avec des erreurs, ce mécanisme. Dès que l’on confond une promesse avec ce qu’elle promet on se trompe ou on peut être trompé. C’est valable, comme il l’illustre, avec de la monnaie tangible comme de l’or si on se contente de le déposer contre reçu.
3. On pourrait étendre « argent » aux monnaies privées, type miles gratuits des compagnies aériennes, et aux points des cartes de fidélité. Mais l’unité de compte n’est pas la même et la capacité d’échange est restreinte, on note plus facilement la différence.
Bref, les monnaies basées sur du papier-dette ne sont que des contrats, des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient et qui profitent à ceux qui les émettent.
Sur le prétendu secret de la création monétaire par les banques, voici un extrait d’un livre d’initaition à l’économie datant de 1986 où c’est très bien expliqué.
« Qui crée la monnaie ?
La Banque de France, banque centrale ou banque d’émission, est en France le seul organisme habilité à émettre des billets.
En revanche les pièces métalliques françaises, de celle de 5 centimes à la pièce de 100 francs sont émises par le Trésor qui est l’émanation financière de l’État.
Nous avons vu que la plus grande partie de la monnaie disponible en France prend la forme de monnaie scripturale, or celle-ci est créée par les banques.
BNP, Société Générale, Crédit Lyonnais ou CIC… les agences des grandes banques se sont multipliées et existent dans les plus petites villes de France. Une banque, c’est d’abord un « organisme où l’on dépose de l’argent, et qui vous remet un carnet de chèques pour régler vos dépenses », Mais c’est aussi un organisme qui accorde des crédits, c’est-à-dire qui prête de l’argent remboursable à une échéance donnée moyennant l’engagement de rembourser le nominal du crédit augmenté des intérêts.
Il reste à voir comment les banques peuvent créer de la monnaie. Une idée courante mais fausse consiste à penser que les montants inscrits dans les comptes des banques sont équivalents aux montants des billets qui ont été déposés par les clients des banques. La principale raison pour laquelle les banques créent de la monnaie tient à ce qu’elles accordent des crédits.
Aujourd’hui, avec la montée du poids de la monnaie scripturale dans l’ensemble de la masse monétaire en circulation, les banques commerciales sont devenues la principale source de création de monnaie.
Si les banques accordent facilement des crédits supérieurs aux dépôts qu’elles détiennent c’est parce que :
– Les dépôts effectués par la clientèle présentent une certaine stabilité; en pratique les retraits journaliers ne représentent qu’une faible partie du total des dépôts. Cette caractéristique s’est accentuée avec l’extension de la pratique des règlements par chèque et la réduction parallèle du pourcentage des transactions payées en billets et en pièces.
– En cas de besoins de « monnaie papier » (billets de la Banque de France, par suite, par exemple, d’un accroissement de demande de conversion de monnaie scripturale en monnaie papier) les banques disposent de différents moyens pour se procurer rapidement ces liquidités. Elles peuvent pour cela recourir au marché monétaire ou au réescompte auprès de la Banque de France
Le marché monétaire est le marché de l’argent à court terme entre les banques et les autres organismes financiers (Caisse de retraite, Caisse des dépôts et consignations…). Ainsi, si la BNP manque de billets elle pourra en emprunter à la Société Générale ou au Crédit Lyonnais moyennant bien sûr le paiement d’un prix : le taux d’intérêt du marché monétaire.
Le réescompte auprès de la Banque de France consiste à échanger des créances sur des clients contre des liquidités moyennant un prix correspondant au taux de réescompte multiplié par la valeur nominale de la créance. Par exemple, si la Banque X a fait signer des « traites » ou lettres de change aux particuliers ou aux entreprises auxquelles elle a prêté de l’argent, elle pourra obtenir avant l’échéance de ces créances des liquidités auprès de la Banque de France.
Actuellement, la pratique du réescompte tend à se restreindre. La principale source de liquidité des banques françaises, indépendamment des dépôts effectués à leurs guichets, passe par le recours au marché monétaire.
Débats entre économistes
La monnaie est un sujet de discussion important entre les économistes. Si un vaste accord se fait sur l’ensemble des aspects précédents, les débats sont nombreux sur au moins deux thèmes : quel est le rôle de la monnaie sur l’inflation et la croissance économique, quelles doivent être l’ampleur et les modalités de l’intervention de l’État sur le système bancaire?
Le lecteur ne s’étonnera pas de ce que le courant ultra-libéral préconise une intervention limitée, voire inexistante de l’État de façon à respecter au maximum les mécanismes spontanés du marché (offre et demande de monnaie), alors
que les économistes plus dirigistes font valoir que le pouvoir de création monétaire dont disposent de fait les banques est un privilège exorbitant qu’il convient d’encadrer strictement en fonction de critères d’intérêt général. »
Initiation à L’économie
Janine Brémond et Marie-Martine Salort
Hatier 1986
Page 101 et suivantes
Rien à rajouter à ce que dit Armand @ ci-dessus 22 novembre à 13h37 (et suis en général d’accord avec lui pour l’essentiel)
Bonafi gilles dit :
@ 22 novembre 2008 à 10:47
C’est vrai. Étant au Canada, j’ai eu en main deux billets dollars-US (dont je ne me souviens plus la valeur numéraire), l’un portant: ‘Federal Reserve Note’ et l’autre: ‘United States Note’
Bonjour,
Si on se place à l’échelle d’un épargnant, et au niveau comptable le prêt accordé de la part d’une banque commerciale correspondent à une création temporaire d’argent. On ne peu donc pas parler de création véritable.
Je crois qu’il faut situer la réflexion, et c’est tout l’intérêt de la vidéo de P. Grignon, sur un plan à la fois global et dans la durée. La « masse » du crédit total, titrisé, est bien une masse monétaire, qui dans le système actuel n’est pas vouée à disparaitre mais plutôt à augmenter exponentiellement.
– combien d’êtres humains touchent les intérêts de cette « dette globale » contractée par tous ?
– le ratio est-il de: 1/10, 1/1 000, 1/100 000, 1/100 000 000, ou moins que ça ?
Si l’on devait s’apercevoir qu’un millier de personnes récoltent 40% des intérêts du crédit mondial, la mainmise d’un groupuscule sur la finance ne ferait aucun doute…
@Shiva,
Tout a fait d’accord.
Si je comprend bien le mécanisme du crédit il ne crée aucune monnaie, aucune richesse ex nihilo, au finale il concentre les richesses par le biais des interêts qui eux sont rééls, la question est donc bien celle de la concentraion.
Et cette concentration, créant les déséquilibres que l’on constate depuis 30 ans risque bien de s’accélérer pendant cette crise.
Il me semble bien que c’est le coeur de la crise : La masse monétaire représentée par le crédit total ne croit plus exponentiellement, les promesses ont donc de moins en moins de valeur, la seule monnaie qui compte devient la masse M0.
C’est comme un grand jeu de chaises musicales, tout le monde court le plus vte possible après cette monnaie, mais tout le monde sait qu’il n’y en aura pas pour tout le monde…
L’inflation guette, il apparaitra vite que c’est la seule solution accpetable pour faire perdurer le système en remettant les compteurs de la dette à zéro.
@ Loic Abadie
qui dit
« 2) Sur les « solutions », ce que propose Grignon est pour moi un vrai cauchemar : Il s’agirait de donner à l’état un contrôle absolu à la fois sur la monnaie et le crédit. »
En vertu de quoi le contrôle de la monnaie et du credit ne pourrait rentrer dans les fonctions régaliennes de l’etat? On lui confie bien la police, la justice , l’education , la santé. Est ce le mauvais choix? Par contre, la crise financiere actuelle ne plaide pas pour laisser le contrôle de la monnaie et du credit à l’extérieur de l’etat.
Il est vrai que beaucoup d’etats n’arrivent pas à assurer les fonctions regaliennes essentielles. Mais ce n’est pas parce que des états sont defaillants que ce n’est pas le meilleur principe.
D’autre part, la notion d’usure (interêt ) abordée dans la video me semble être la première creation de monnaie sans contrepartie sous forme de richesse.
Si on revenait à interdire l’usure c’est à dire l’intêret, y-a t il un fonctionnement possible?
Il est clair que seul l’etat pourra assumer le rôle de banque en se remunerant non par l’intêret des prêts mais par l’impot.
Il serait alors beaucoup plus facile de controler la masse d’argent ou de monnaie en circulation et de s’assurer que cette masse correspond à des richesses réelles. Un tel système assécherait une grande partie de la spéculation.
Raisonnement simpliste? utopiste?
@Jack : comme en vingt ans les choses peuvent changer ! « Actuellement, la pratique du réescompte tend à se restreindre. La principale source de liquidité des banques françaises, indépendamment des dépôts effectués à leurs guichets, passe par le recours au marché monétaire » est complètement inversé, tout dans le réescompte –qui a changé de nom et de forme entre temps !
Je me conçois comme libéral, au sens ou chacun doit pouvoir exercer au maximum ses libertés et assumer les conséquences de ses choix, pas comme un dirigiste et pourtant je suis opposé à ce privilège exorbitant !
@Rumbo : il ne manque à ta collection qu’un exemplaire des premières « Federal Reserve Notes » qui portaient la mention « convertible en or ». Ainsi la consitution US était respectée qui dispose, en son Article I, section 10, premier alinéa que seuls les dollars-or et les dollars-argent ont cours légal dans les états (www.constitution.org/constit_.htm). Cette mention disparut bien vite … ce qui pose le problème de la constitutionnalité du dollar actuel, i.e. des bouts de papier-dette de la FED.
Bonjour Paul, bonjour les autres,
Pas vraiment de nouveau.
Depuis 73 en France ce sont les banques privées qui contrôlent cette création, elle est décuplée et n’est plus liée à la création de VA ou à l’augmentation de la production de bien physiques ou services, mais à la simple capacité à s’endetter.
L’augmentation de masse monétaire temporaire générée par un crédit est censée disparaître une fois celui-ci remboursé. Il me semble que les intérêts sont une augmentation de la masse qui ne disparaîtront pas.
Enfin, si la banque peut prêter 9 fois ce que j’y dépose (et toucher 9x le taux convenu), pourquoi je ne toucherai pas environ 8x plus d’intérêts que ce qu’ils me donnent. N’est-ce pas mon argent qui leur permet (dans la théorie au moins) de prêter autant??????
Que ce soit l’Etat, ou les banques à chaque fois on arrive à des abus, c’est la nature humaine.
Comme tout, il faut trouver l’équilibre 50-50 privé-public pour que l’ensemble de la population progresse au même rythme sans quoi la crise et la rupture finissent par arriver.
Quels sont les moyens du public aujourd’hui pour créer de la monnaie? Quelles sont les alternatives à l’€ géré et créé par les banques privées?
SEL, monnaie locales, troc, systèmes de points (miles) pour le solidaire?
Comment ramener l’équilibre en faisant pencher la balance du côté du peuple? Quels outils sont à disposition ou quelle alternative pour en gérer d’autres?
Ensuite vient la question de la répartition. pouvoir de création, d’accord, mais à qui distribue-t-on les billes et selon quels critères?
On joue un peu sur les mots…
Les banques commerciales prêtent de l’argent :
– emprunté auprès de la banque centrale,
– ou emprunté auprès de la clientèle.
BASTA. Le reste est une question de marge d’intérêt.
La monnaie est une convention, sous sa forme centrale, ou secondaire.
Une monnaie a du pouvoir tant que l’économie à laquelle elle est rattachée est en bonne santé, et que la banque (centrale ou commerciale) qui l’émet (ou non, suivant la définition retenue de la monnaie) ne fait l’objet d’attaques spéculatives fatales.
Les banques commerciales créent DES monnaies (secondaires – une monnaie BNP, une monnaie SG…) qui sont des droits à percevoir de la monnaie centrale si on le désire, et si la banque concernée en a les moyens.
La monnaie centrale étant elle-même un droit à acquérir des actifs produits ou financiers, les monnaies secondaires sont donc « des droits à percevoir des droits à acquérir des actifs produits ou financiers si on le désire… »
@Paul Jorion :
Je n’ai pas encore pris le temps de lire tous les commentaires qui précèdent, mais j’ai l’impression que le débat est posé dans les mêmes termes qu’il y a quelques mois, sans progrès manifeste.
La banque centrale crée une monnaie centrale (de base) en conservant une contrepartie comme garantie ou une créance contre le destinataire de la monnaie. Ensuite, sur cette base et dans certaines limites, les banques commerciales créent des MOYENS DE PAIEMENTS ou démultiplient la monnaie par le crédit (selon comment on souhaite présenter la chose). La création de la banque centrale comme celles des banques commerciales sont pourtant mesurées par la même unité, soit la monnaie officielle de l’Etat en question (ou du groupe d’Etats réunis par la même banque centrale).
Mais en fin de compte, l’ensemble des agents économiques établit ses comptes dans l’unité de compte en question (euros, dollars, francs, …) EN NE FAISANT AUCUNE DIFFERENCE ENTRE LA MONNAIE CENTRALE ET LES MOYENS DE PAIEMENT ISSUS DU CREDIT.
Ce n’est qu’à l’occasion de crises qu’on se remet à faire la différence entre monnaie fiduciaire et moyens de paiement/monnaie scripturale issu/e des banques commerciales.
Il me semble que ce point est trop souvent laissé de côté : au fond, qu’est-ce qui empêcherait de faire une différence entre les deux choses ? Du moins, une différence perceptible par l’agent économique lambda…. Les banques commerciales ont AU MOINS le privilège de faire croire qu’elles mettent à disposition de leurs clients de la vraie monnaie !
@Dani (et à tous les autres)
Sur un autre système, qui fut en vigueur il n’y a pas si longtemps, le mieux, à mon avis, est de lire Antal Fekete
http://www.professorfekete.com
c’est très dense et très érudit.
Je conseille « Interest and Discount » dans la section « Scolarly Economics » ; ainsi que le rappel historique du fonctionnement réel de l’économie et du crédit, notamment via la « Real Bills Doctrine », sous un régime de monnaie-or dans la section « Popular Economics », choix « Monetary Reform: Gold and Bills of Exchange ».
Dans cette section se trouve aussi sa lettre à Ron PAUL en 2003-06-25 « Stop Greenspan From Plunging America Into A Depression »
@ Armand
Merci pour votre démonstration (22/11 à 13h37), c’est la plus claire du lot et j’ai tout compris (le sens de vos propos je veux dire). Je m’en étonne, j’ai en effet plutôt tendance à me compter parmi le tout venant ?
– Par contre quand, parlant du même tout venant, vous évoquez « les intrinsèquement cons et intellectuellement paresseux » je me demande si, en matière de nature humaine, vous n’évoquez par un seul problème : le vôtre.
– La pleine liberté de ses pratiques sexuelles étant une conquête imprescriptible de la démocratie libérale, je vous laisse par ailleurs le choix jubilatoire de baptiser votre poupée gonflable « Nous le Peuple » (désolé mon brave, le coup de pied à l’âne dans l’arrière train du politiquement correct doit pouvoir fonctionner dans les deux sens).
– N’oubliez pas bien sûr la protection d’usage, le HIV Populi étant un virus de nature très contagieuse, qui affaiblit inexorablement le corps qu’il investit. Infecté, c’est mon cas depuis plus d’un demi-siècle, vous ne trouverez votre salut que dans une trithérapie contraignante : Liberté Egalité Fraternité, 3 comprimés –un bleu un blanc un rouge- matin midi et soir, jusqu’à guérison complète. Je ne vous cache pas que votre cas me semble sévère, courage mon brave !
@ Loïc Abadie
Vous, vous avez la subtilité doctrinale d’une groupie de Bernard Tapie dans les années quatre vingt, Mais je n’irai pas vous chercher plus de poux que cela pour autant, car je pense que vous êtes quelqu’un de fondamentalement HONNETE. Je ne vous cache d’ailleurs pas que le débat, qui a opposé ici récemment le copain Benoit et les anti-Vous-mêmes, m’a paru mortellement oiseux.
Par HONNETE, j’entends une personne qui passe beaucoup de temps à rendre intelligibles et interprétables des données que je serais incapable d’aller collecter et analyser tout seul, pour prendre mon cas personnel.
Votre honnêteté étant dûment établie, vous pouvez bien tirer de votre travail les conclusions que vous voulez, rien ne m’oblige à ne pas penser le contraire. Je sens aussi chez vous la psychologie indestructible du gars qui se régale des procès d’intention faits à votre endroit. Je connais bien ça, j’ai à peu près le même défaut. Vos détracteurs perdent leur temps.
Je ne vais donc pas vous gaspiller ce dernier plus longtemps. Si vous adoptez un couple de lévriers russes, faites moi plaisir, appelez-les donc Hayek et Friedman ! De mon côté, j’ai l’intention de prendre en pension deux chiots pitbull nommés « Etat » et « Jacobin ».
A titre anecdotique, je vous aime bien tous les deux.
D.D.
@daniel Dresse
J’évoque simplement la nature humaine qui n’a pas évolué depuis l’empire romain, « panem et circenses » ; je me compte dans les « Nous le Peuple » et essaie effectivement de me soigner en particulier de façon prophylactique en me souvenant que dans concitoyen il y a citoyen.
Si tu lis l’anglais, le lien que je donne vers le site d’Antal Feteke vaut son pesant … d’or ; sa lettre de 2003 à Ron Paul, au bas de la page, te sera d’une actualité aussi claire que mes modestes posts, ainsi que le reste de ses publications d’ailleurs ; lui propose une solution argumentée, ce que cherchent Paul et bien d’autres ici dans le cadre d’une constitution.