Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je lis les conclusions du G-20 et j’essaie de trouver une formule qui résume la « révolution » qui a eu lieu le week-end dernier et il me semble que « On ne change rien et on prie » convient très bien.
Bon bien sûr, dès qu’on a su que le Président-élu Obama ne s’y rendrait pas et se ferait représenter par Jim Leach, un ancien député, ahem… républicain, ahem… on a su que c’était un coup d’épée dans l’eau. M’enfin, un tel degré de statu quo, quand même ! Je cite :
Les dirigeants se sont mis d’accord sur le fait que les réformes nécessaires ne connaitraient de succès que si elles sont fondées sur les principes du libre-marché, incluant l’état de droit, le respect de la propriété privée, le commerce et l’investissement libres, l’existence de marchés concurrentiels et de systèmes financiers efficaces et régulés de manière efficiente.
Un commentateur sur la toile : « Mon chien aurait pu trouver ça ! ». Attendez, ce n’est pas fini :
… protection contre l’utilisation du système financier pour la promotion d’activités terroristes, le trafic de drogue et autres activités illégales.
Les paradis fiscaux ne sont pas spécifiquement mentionnés mais je suppose qu’ils tombent dans la catégorie « autres activités illégales ».
Pendant ce temps-là, le Wall Street Journal s’inquiète que les mesures prises « puissent ralentir la reprise ». Si rien ne s’arrange, on aura donc un coupable tout désigné : les mesures révolutionnaires qui furent préconisées par le G-20 du week-end dernier !
Une dernière question me taraude :
Les dirigeants partagent la même perspective quant aux causes profondes de la crise globale.
On ne nous dit rien de cette même perspective mais au vu des réformes qu’ils préconisent pour résoudre la crise globale en question, ça ne doit pas manquer de piquant !
Il y avait une expression en 68 : « L’imagination au pouvoir ! ». Rassurez-vous, braves gens, elle est revenue en force le 15 novembre 2008 !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
33 réponses à “G-20 : On ne change rien et on prie”
Mouais, un éléphant qui a accouché d’une souris.
Enfin au moins les grands dirigeants ont pu se payer un petit week end détente avec avion privé, hotel grand standing et tout ca et passer une bonne soirée entre eux à boire du cognac, bourbon, et fumer des bons cigares.
C’est vraiment ce qu’on appelle serrer les fesses en espérant de ne pas faire dans la culotte.
Bon excusez ce langage un peu pas piqué des hannetons, mais franchement j’ai vraiment l’impression que c’était une rencontre qui n’a vraiment servi a rien aussi.
Enfin s’ils veulent se payer le luxe d’attendre la prise de fonction de l’équipe Obama et perdre encore quelques mois précieux avant d’agir, ma foi, s’ils estiment que le temps joue pour eux……
nous ne sommes pas encore allés assez bas pour que quelque chose sepasse … enfin.
J’attendais impatiement ce billet. Du grand Paul Jorion encore :D. bref je suis d’accord et applaudis des 2 mains. merci de diffuser cette vision qui pour une fois a l’air de faire consensus, le marché ayant parlé.
Paul Éluard, les Sentiers et les Routes de la poésie, Invraisemblances et hyperboles, p. 48.
Ouf !! il me semblait bien que tout ce tra la la , c’était du pipi de chat !!!
Comme il est bon de lire Paul et voir que décidément, ces gens là, monsieur, ils n’entendent pas ! Ces gens là, monsieur, ils ne voient pas ! Ces gens là , monsieur, ils ne sentent pas !
Franchement, savoir que l’avenir de la planète est entre les mains de sommités telles que : G.W.Bush, J.M.Barroso, G.Brown, S.Berlusconi et/ou N.Sarkozy, cela fait réfléchir !!
Vieux proverbe béarnais : souviens toi de te méfier !!!
il y a beaucoup de naiveté (ou d’angelisme) à esperer que des gens convaincus d’être placés à de sphères inaccessibles au commun, qui vous méprisent profondément , vous prennnent subitement en considération au motif que vous allez souffrir un peu plus( ou beaucoup plus) qu’à l’accoutumée.
Les responsables de la crise devaient être lourdement condamnés. Le capitalisme devait être refondé. Sarkozy et Brown annonçaient un « nouveau Bretton Woods », révolutionnaire. Mais le sommet aura finalement accouché d’une souris. Car on découvre aujourd’hui qu’il ne s’agissait que d’une rencontre amicale, sans ordre du jour, portant sur une crise dont les causes font débat, et qui se tient dans un pays maître sans gouvernement opérationnel.
résultat du G20 – plan d’action – analyse et critiques
Du vague peu concret
Résultat ? Des recommandations au niveau mondial, floues et déjà évoquées à maintes reprises : relancer l’économie mondiale et stabiliser les marchés financiers de façon coordonnée, ouvrir la gouvernance économique mondiale aux pays émergents, encourager l’aide au développement, renforcer la transparence et la responsabilité, favoriser une régulation saine, et refuser le protectionnisme. Des principes plus que des « mesures »… ce que confirme le document, dans lequel les Vingt annoncent être « déterminés à prendre des mesures rapides pour mettre en oeuvre ces principes ». A charge pour les ministres des finances de se débrouiller pour en faire sortir quelque chose de consistant.
Du concret un peu… vague
Au chapitre des « mesures concrètes » : des recommandations concernant les normes comptables mondiales, la surveillance des agences de notation, l’amélioration de la gestion du risque bancaire, la réforme des institutions financières internationales. Impressionnant sur le papier, sauf que le document ne présente aucune contrainte, et que ces recommandations restent le plus souvent au niveau des intentions. En clair, rendez-vous en avril 2009, pour voir ce que les ministres des finances nous auront concocté, et voir quelles notes ils se seront données, car une auto-évaluation du « plan d’action » est aussi prévue à cette date.
Comble de l’ironie…
Le document affirme que « ces réformes ne porteront leurs fruits que si elles s’appuient sur des économies fondées sur les principes du libre marché », insistant notamment sur les notions de « propriété privée », d’ »ouverture des investissements » et de « concurrence ». Bref, l’exact contraire de ce qui est en train de se produire : nationalisation du secteur bancaire et réduction de la concurrence par des rapprochements quasi-monopolistiques autorisés dans l’urgence. Faites ce que je dis, pas ce que je fais… Et après avoir affiché son intention de réguler les marchés financiers, le G20 annonce que « dans les douze mois à venir, (il s’) abstiendr(a) d’ériger de nouvelles barrières à l’investissement ou au commerce des biens et des services, d’imposer des nouvelles restrictions ». Il fallait y penser !
Comble de l’indécence…
Le communiqué final affirme que ces mêmes principes « ont sorti des millions de personnes de la pauvreté et permis une élévation importante du niveau de vie mondial », au moment où les pays développés réduisent drastiquement leurs aides au développement, où le nombre d’êtres humains exposés à la famine atteint le milliard (+250 millions en deux ans), où le Programme d’Aide Alimentaire (PAM) réduit ses actions, par manque de denrées, et qu’une grande partie de la récolte 2008-2009 des pays pauvres est condamnée, faisant redouter une famine des plus graves, selon Louis Michel, commissaire européen en charge du Développement.
Le G20 pris les doigts dans la crise…
Oubliée la mise au ban des responsables, au contraire, on les remet en piste. Oubliée la refondation du capitalisme, au contraire, on insiste à nouveau sur ses principes les plus libéraux, en appelant ça « la réforme ». Et les déclarations flamboyantes à la sortie de cette petite sauterie résonneront longtemps, dans le vide. Mais finalement, pouvait-on réellement attendre une révolution d’une institution qui, à la sortie de sa précédente réunion, en novembre 2007 en Afrique du Sud, affirmait que « le probable ralentissement de la croissance économique mondiale devrait être modeste »… ?
Il a fallu deux années de travail de préparation pour arriver à boucler le « Bretton Woods » original. C’est visiblement mal parti, mais l’espoir fait vivre…
Si les représentants des 2/3 de la population mondiale ont dit:«les réformes nécessaires ne connaitraient de succès que si elles sont fondées sur les principes du libre-marché, incluant l’état de droit, le respect de la propriété privée, le commerce et l’investissement libres, l’existence de marchés concurrentiel… », cela n’est pas insignifiant. Cela veut dire que le capitalisme mondial a resserré les rangs. Un tel texte est l’exact dogme des néoconservateurs au pouvoir à Washington (Bush), Paris (Sarkozy) et Bruxelles (Barroso).
Aucun pouvoir regroupant des privilégiés ne consent à abandonner ses privilèges si personne ne l’y contraint. Et, comme le dit Fincaparaiso, ce n’est pas la souffrance accrue des 9/10èmes de l’humanité qui va les émouvoir…
Va falloir commence à s’organiser si on veut déboulonner ces monstres d’égoïsme…
J’en suis à présent convaincu : tout va s’aggraver trés vite. Il n’est que de voir l’accélération des plans de licenciement ….
Quel est le souçi de nos dirigeants ????
Triste ….
@ Alain A
Je ne résiste pas au plaisir de citer à nouveau Paul Valery (extrait de « Regards sur le monde actuel ») :
Je trouve plutôt INQUIETANT l’accent mis sur la perennité du DROIT DE PROPRIETE sous les termes de « respect de la propriété privée » .
Est-ce que par hasard une crainte quelconque aurait dûe être rassurée?
Une des solutions pour éteindre le feu n’aurait-elle pas évoqué à huis clos une espèce de dictature mondiale?
C’est le refus de cette « motion » que concrétise l’apparent laisser faire mollasson qui conclut le G20 pour rien.
Trop MOU pour être honnête.
Et samedi passé à l’émission de Jean Marie Colombani et Jean Claude Casanova, le Rumeur du Monde, avec pour invités, pas moins que: Jean Hervé Lorenzi président du cercle des Économistes conseiller à la Compagnie Financière E. De Rothschild et Éric Le Boucher éditorialiste aux Échos, on a entendu cette déclaration « fracassante » de Éric Le Boucher:(….) « Les marchés auront à se refaire, il faudra bien que nous trouvions d’autres sytèmes. C’est pour ça que le monde dans lequel nous entrons devrait être très inventif, et personne ne l’a vraiment en tête, c’est la difficulté d’un « Bretton-Wood ». C’est que à Bretton-Wood, il y avait des gens qui savaient à peu près ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, je crois, en gros, que ça manque un peu de propositions intellectuelles (….) ». Et Jean Marie Colombani d’ajouter ingénument de son côté: « Est-ce que le monde n’a pas souffert de l’imposition et de normes d’hyper-rentabilité qui finissent par tuer les objets si on demande une hyper-rentabilité sans fin? Éric Le Boucher: « Toute la question est là, est-ce qu’on peut changer l’exigence des banques, des actionnaires? (….) La « cassure » remonte à la question des dirigeants qui sont au service des actionnaires seulement (…) Ça, c’est sûr que c’est une question de fond (…) »
Autrement dit, voici des « pontes » qui se « prennent vraiment la tête »… et le souci d’un quelconque bien commun semble avoir déserté (depuis tant de générations!) la scène. Le bien commun, d’après eux, ne peut que passer par des entreprises privées (les banques à actionnaires) pour le traitement de la monnaie. La monnaie qui, pourtant, a une dimension sociale évidente, mais une telle dimension aurait disparu… On ne fait plus le – lien -, vu le fait que la rémunération des actionnaires, devenue hyper sophistiquée jusqu’aux subprimes et étant le produit d’un l’hyper libéralisme individualiste jamais atteint, s’interpose en toute « normalité » et « priorité » sur la mission sociale naturelle de la monnaie désormais oubliée, voire étrangère à la « question ». Oui, nos élites (qui n’en sont pas) sont disqualifiées. Elles ne sont qu’au service de l’argent pour l’argent lui-même, et toute leur imagination est mobilisée pour concevoir la compatibilité, QUI NE L’EST PAS, entre rentabilité maximum conjuguée avec la mission « secondaire » sociale que doit réaliser la monnaie. C’est beaucoup trop simple pour de pareils « cerveaux » qui voudraient continuer à nous endormir malgré la débandade… Est ce que nous ne perdrions pas notre temps à continuer à les écouter?
Rien ne va plus .Les jeux sont faits………….On ne peut plus baisser les taux proches de zéro.Reste la planche à billets.L’impensable d’hier devient la norme.Après le volet financier, on passe au volet humain.Chomage,émeutes de la faim,protectionnisme,dévaluation compétititive,régression sociale…………la crise des années trente à l’échelle du monde.Accrochez vos ceintures!
Bonjour à tous.
Ce sont peut-être des bêtises que je vais sortir, mais ce communiqué totalement vide me semble traduire le fait qu’une vraie bataille est en fait engagée en coulisses, mais qu’elle n’aura vraiment lieu qu’une fois Obama en place.
Les grands argentiers de ce monde savent ce qu’ils vont perdre dans cette crise. Les vrais perdants seront bien sûr les « petites » gens à travers le monde, mais une bonne part des nantis vont quand même y laisser des plumes. Ils ne sont pas idiots et savent bien qu’une refonte du système financier est indispensable. Mais chacun veut évidemment que ce soit à son avantage.
Le front europe-russe, peut-être allié aux chinois, a peut-être posé d’entrée les bases d’une refonte du système monétaire où le dollar perd sont statut de monnaie de réserve, ce que bien sûr les américains ne peuvent accepter comme ça. Le blocage a dû être immédiat, d’où l’impossibilité d’annoncer des mesures concrètes fortes, ce qui pourtant aurait été bénéfique pour « les affaires » en remettant un peu de confiance. Et d’où cette mascarade de communiqué, qui expose de façon générale et totalement creuse les principes du libéralisme qu’ils comptent tous bien sûr conserver comme dogme.
Le temps joue maintenant contre les américains, dont l’économie risque de se dégrader plus vite que les autres. La vraie bataille aura à mon avis lieu cet hiver, avec un dénouement en avril. Mais d’ici là, le maelström aura peut-être emporté plus de choses qu’ils ne pensent.
Mais bon, c’est une impression assez intuitive sans fondement factuel…
Pas de changement de paradigme sans bosse sur le crane,
ça se confirme.
Mais de bonnes idées font ça et là, leur chemin…
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2349
J’éprouve pour ma part quelques difficultés à identifier ce qui m’impressionne le plus dans le plan d’action du G20 du 15 novembre dernier. L’ampleur du revirement qui est à accomplir dans les têtes d’ici au 31 mars prochain ou, à l’inverse, l’absence de toutes les mesures décisives qui auraient pu sembler aller de soi. Ou encore l’image de gigantesque bazar que donne l’ensemble des mesures retenues, qui décrivent en creux par les corrections qu’elles entendent apporter l’état de désorganisation surprenant de la finance mondiale qui nous est délivré.
Je me raccroche alors à ce qui m’apparaît le plus positif dans cette affaire, c’est à dire l’enterrement des G7 et autres G8, au profit de ce plus large regroupement informel d’états dénommé G20, qui fera désormais autorité lorsque des décisions économiques et financières importantes devront être prises. Ce week-end dernier, à Washington, il a enfin été pris acte que les pays émergents avaient en réalité émergé. Une reconnaissance un peu tardive qui pourrait permettre d’envisager, audace de plus mais pour plus tard, de les dénommer comme de vraies puissances économiques autrement que du bout des lèvres …
Pour revenir au grand bazar, comment résister au plaisir d’épingler, dans la liste des mesures annoncées au titre du renforcement de la coopération internationale, que « les régulateurs doivent…dresser des listes exhaustives de personnes à contacter et mener des exercices de simulation, en tant que besoin ». On croirait lire les instructions données par un préfet à un corps de la Protection civile ! Ils en sont vraiment sont là, ces vingt chefs d’état et de gouvernement, à demander que soient listés les interlocuteurs à prévenir en cas de crise ?
Plus sérieusement, le plan du G20 s’ouvre, sous le titre « renforcer la transparence et la responsabilité », par des mesures qui ont en réalité un objet moins grandiose mais visiblement tout aussi essentiel, la modification mondiale des normes comptables adoptées dans l’ivresse de la période précédente, notamment la célèbre « fair market value » présidant à la valorisation des actifs dans les comptes des institutions financières comme des entreprises. C’est en application de ce principe que ces mêmes institutions et entreprises ont vu leurs bilans totalement déséquilibrés, suite à la chute libre enregistrée par les valeurs boursières et à l’absence de liquidité – et donc de valorisation possible selon cette fair market value- des actifs fleurons de la haute ingénierie financière. En d’autres termes, il est urgent de gagner du temps, de regonfler comptablement les bilans pour ne pas avoir à le faire financièrement, de glisser les miettes sous le tapis dans l’espoir que ces actifs retrouvent la crise passée leurs couleurs…
Les mots sont nécessairement pesés dans ce plan, comme dans toutes les déclarations officielles. Il faut ainsi comprendre que « les juridictions non coopératives et non transparentes qui représentent un risque d’activité illégale » désignent ce que l’on appelle plus communément les paradis fiscaux. L’emploi de ce jargon ne prêterait pas à conséquence, si des mesures tangibles étaient proposées pour faire face au danger qu’elles représentent selon les auteurs du plan, or celui-ci s’en tient à proposer d’en « protéger le système financier mondial » sans préciser le principe du mécanisme.
Les mots dans ce document sont donc choisis, par exclusion à d’autres. Celui de coopération, qui s’oppose en réalité à toute centralisation supranationale des décisions et laisse donc chaque état maître chez lui. Et celui de surveillance, qui revient dans la pratique à éviter toute réglementation affirmée. D’ailleurs on ne parle pas de réglementation, mais de régulation, nuance. Prudence supplémentaire dans l’exercice de cette surveillance, elle est largement confiée aux acteurs financiers eux-mêmes. Ainsi « les banques doivent soumettre les produits structurés et la titrisation à une gestion des risques et des contrôles préalables effectifs », souligne le plan. Un échelon supplémentaire et de dernier recours est même décrit, représenté par les « superviseurs » et les « régulateurs », les premiers doivent « créer des collèges de surveillance » dont la composition n’est pas précisée mais dont on peut penser qu’ils rassembleront des représentants des supervisés. A charge pour les seconds de « prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer les dispositifs de gestion des crises transfrontalières » (entendez mondiales ou globales, qui évoquent trop la catastrophe). Enfin, mesure dont la portée pratique n’échappera à personne, « les régulateurs doivent formuler des recommandations plus exigeantes pour améliorer les pratiques des banques en matière de gestion du risque… », le plan ne précisant pas, pour s’en tenir au jargon des organisations internationales s’il s’agit recommandations « contraignantes » ou « non contraignantes ».
Les nouveaux venus au G20 restent donc accueillis du bout des lèvres et les mesures qui sont annoncées décrites du bout des doigts.
L’auto régulation du marché, qui a fait ses preuves de manière éclatante, reste sans surprise le fondement idéologique des mesures proposées, même si les garde-fous se multiplient et se superposent les uns aux autres. Les rédacteurs du plan, ayant compris de quoi ils parlaient, ont par précaution supplémentaire prévu que « les organismes normatifs internationaux….devraient s’assurer que les régulateurs sont conscients de l’évolution et des innovations qui caractérisent les marchés et qu’ils sont capables de s’y adapter rapidement ». Cela ne s’invente pas mais laisse tout de même en suspens une question cruciale à ce jeu de poupées gigognes, qui donc assure la surveillance des « organismes normatifs internationaux » ?
A moins que la multiplication tout au long du document des dénominations génériques, « superviseurs », « régulateurs », « organismes normatifs » ou « appropriés » et autres « autorités nationales » ou « fiscales » ou bien encore « publiques » n’aient pour objectif par leur effet répétitif et varié de suggérer la mise sur pied d’un puissant dispositif structurel dont on recherche par ailleurs en vain l’organigramme.
Soyons juste, l’un des cinq points du plan est intitulé « promouvoir une régulation saine », on apprécie le qualificatif. A charge pour le FMI et le FSF de « formuler des recommandations », ce qui laisse dans cet océan de vagues intentions du grain à moudre et de l’espoir, tout du moins si l’on persiste à croire, vu le passé proche, au dynamisme et à l’indépendance d’esprit de ces organisations.
Bonjour,
Je souhaiterais être éclairé sur un point : si l’on accepte le fait que la politique est au service du pouvoir monétaire, comment peut-on accorder la moindre attention à ce genre de diversions ??? Et qui plus est en parler ?
@ Rumbo 9h48
Colombani et Eric le Boucher se prennent la tête, vous avez bien dit. Ou bien ils n’ont plus de tête du tout !! Totalement déconnectés.
Mais vous savez, pour eux dire publiquement ce que l’on sait depuis très longtemps, c’est tout de même une petite révolution.
Ils n’apprennent pas vite.
Je me souviens d’un éditorial de Le Boucher lorsqu’il était encore au journal Le Monde qu’il avait titré « la mondialisation heureuse. » c’était il y a moins de deux ans. De même, c’était peu après l’élection de Sarkozy, il écrivait que pour réformer la France il faudrait sans doute qu’il y ait un peu plus d’inégalités …. Bref, du néo-libéralisme dans le texte.
Maintenant il s’interroge entre la poire et le fromage avec son ami Colombani. Aveuglement, incompétence ou cynisme, j’avoue que j’ai du mal à choisir !
http://speculand.com/20-20-pour-le-G20
Le sommet du G20 à Washington le 15 novembre a tenu toutes ses promesses. (sur un mode ironique)
Bon commentaire aussi, NB le blog est nouveau
attendons l’élection -malheureusement il n’y a plus que ça- de leaders qui ont vu se développer le début de la crise sans être au pouvoir pour espérer des prises de conscience nationales et internationales et des vraies mesures de réforme!
bonjour,
Tout ce vide ne serait-il pas du au fait que à l’instant présent le monde se trouve dans la posture du coyote du dessin animé? Il continue de courir sur son élan alors qu’il a dépassé le bord de la falaise, il est déjà dans le vide, il vient de s’en rendre compte mais n’a pas encore entamé la chute vertigineuse, le temps semble suspendu. Les anciens réflexes fonctionnent, le monde (et surtout la caste dirigeante) continue à courir désespérément pour ne pas tomber dans l’abime, mais cela ne sera d’aucune utilité. En bas c’est le grand choc, coyote s’ébroue et s’élance vers de nouvelles aventures. Le monde réel ne repartira pas sans d’énormes dégats lui!
La plupart des journalistes et des « économistes » qui pérorent dans les media font partie de la classe moyenne haute qui gangne suffisamment bien sa vie pour avoir « placé » ses actifs.
Aucun n’a intérêt à ce que le système explose dans la mesure où (comme les agences de notation) ils font là où les producteurs des émissions inféodés aux propriétaires de chaine leur disent de faire.
Nombre d’entre eux sont d’ailleurs assez bien « conseillés » pour avoir du fric off-shore.
C’est pourquoi il n’y a que peu de cris d’effroi car « ils » savent que les cris qui avertissent de l’ »horreur » économique sont AUTOREALISATEURS.
Peur=repli=déflation.
C’est pourquoi le « syndrome du coyote » nous a bien atteints.
Qui publiera le VERBATIM des débats?
Quelle solution « indicible » a bien pu être envisagée pour que ces maitres du monde accouchent d’un texte aussi anodin ?
Une question pour rebondir sur le commentaire de Gibus…Hier Dexia a perdu 4,4% et aujourd’hui au moment où je rédige ces mots, – 12,66
Est-on vraiment sorti de la crise systémique ?
Une question de macro-économie à Paul : quel rapport il y a-t-il entre la surenchère de qualificatifs sur « la crise » (crise « sans précédent », chute vertigineuse…, milliers de milliards injectés etc.) et les chiffres finaux apparemment assez peu impressionants… (-0,1% de croissance etc.)
Par exemple, Roubini, qu’on considère comme un cassandre prédit « une contraction de l’activité qui pourrait, dans le pire des cas, atteindre aux USA 5% deux ans de suite, la plus sévère depuis la seconde guerre mondiale »
Si ce n’est que ça………. En Afrique on vit très bien ou très mal avec des chiffres bien pires, sans en faire tout un plat !
Mais le fond de ma pensée est que ces macro indicateurs ne valent rien. Lesquels pourraient être un peu plus connextés à la réalité ?
Il est confondant de voir à quel point il faudra se trouver dans la m… pour que nos dirigeants acceptent de perdre un peu de leur pseudo indépendance et d’accepter d’exécuter des mesures qui auraient été décidées à un niveau supra-national pour le bien de tous.
@ Gibus & MICHAUD
BEEP, BEEP !!!
@Pierre
Nos dirigeants n’oeuvrent plus pour le « bien de tous » depuis longtemps, la notion a été progressivement vidée de sa substance en 20 ans ; la population a abandonné son idéal et ses intérêts aux élites qui les lui ont ravis, elle a accepté la domination ; elle sait qu’elle n’existe plus, qu’il lui reste la télé, les menus plaisirs, les petits gestes pour les générations futures…
Nicolas Sarkozy avait dit à propos du besoin de réforme : « Et on ne va pas recommencer le train-train… »
Et bien si… on va le recommencer le train train… et on va nous abreuver de théories fumeuses qui nous expliqueront qu’une nouvelle crise n’est pas possible…et on va nous ressortir des joueurs de flute façon Greenspan… et les américains vont se débrouiller pour faire payer leurs errements par les autres comme ils l’ont toujours fait
L’histoire montre qu’un système injuste est toujours rattrapé un jour ou l’autre par son injustice; l’avatar de libéralisme que l’on nous concocte en sera une illustration de plus
Dommage je m’étais pris à rêver d’un autre monde ! Mais il y a toutes les chances que ce soit une « crise pour rien »
Le LEAP2020 a publié un nouveau bulletin ( ici ), qui me conforte dans mon impression sur le G20 : le communiqué technico-creux publié masque le début d’une guerre de positions entre les blocs économiques sur le choix de la prochaine valeur monétaire de réserve. Le dollar roi vit ses dernières heures, les dirigeants (ou ceux qui les contrôlent) le savent très bien et donc avancent leurs pions. Mais ils risquent d’être contrariés dans leur stratégie par la violence et la rapidité de propagation de la crise qu’ils n’ont peut-être pas mesurées.