Du grain à moudre, émission de Brice Couturier et Julie Clarini

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

L’émission sur France-Culture vient de se terminer. Si vous l’avez écoutée vous avez entendu ce qui s’est passé : les réalisateurs ont tenté de mobiliser les intervenants sur le thème de « La maison brûle ! » mais ceux-ci ne l’ont pas entendu de cette oreille : « business as usual » : rôle du FMI, efficacité des plans de relance et tutti quanti.

J’ai décidé du coup d’ignorer les « points techniques » sur lesquels on voulait me faire parler pour tenter de faire revenir le débat sur le thème de « La maison brûle ! ». J’ai repris en particulier ma métaphore de la Révolution Française en assimilant l’incantation de la déclaration finale du G-20 :

libre-marché, état de droit, respect de la propriété privée, commerce et investissement libres, marchés concurrentiels et systèmes financiers efficaces et régulés de manière efficiente

à la monarchie réaffirmant urbi et orbi son caractère sacré ; j’ai souligné qu’en l’absence d’Obama, rien de ce qui a été dit n’est de toute manière très important.

J’ai rappelé aussi qu’il n’était pas nécessaire de s’inquiéter du fait qu’on oublierait de prendre les mesures nécessaires aussitôt que la crise serait terminée parce que rien n’indique qu’elle se termine bientôt ni même qu’elle puisse un jour se terminer.

Sur mon rôle d’insider de l’industrie du prêt hypothécaire américain et ce que je pense des règlements qui étaient en place, j’ai expliqué la connivence entre les régulateurs assoupis au volant et les autorités judiciaires américaines qui leur donnaient raison en cas de plainte pour non-intervention, le laissez-faire étant en fait télécommandé d’en haut par l’administration Bush.

Enfin, quand on m’a demandé – question rituelle lorsqu’on est entre économistes – si le moment est venu d’un retour en force des keynésiens (peut–être me considère-t-on comme l’un d’entre eux ?), j’ai répondu que puisqu’on n’a pas la moindre idée en ce moment de comment même stopper la crise, on aura besoin non seulement d’eux mais de tous les économistes marginaux, de tous les anthropologues, politologues, sociologues et compagnie ayant une idée sur ce qu’il faudrait faire.

Comme j’avais évoqué Mr. Dominique Strauss-Kahn se plaignant du fait que personne ne comprend le mécanisme de la crise, les réalisateurs se sont déclarés prêts à lui communiquer mon numéro de téléphone. Au moment où je boucle mon billet, celui-ci n’a pas encore sonné.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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69 réponses à “Du grain à moudre, émission de Brice Couturier et Julie Clarini”

  1. Avatar de Julien
    Julien

    J’ai écouté l’émission et déploré qu’on ne vous laisse pas plus la parole, ce qui vous a obliger à « concentrer » votre propos.

  2. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Oui mais les remarques de Paul mettait le doigt là ou ça fait mal.

  3. Avatar de jacquemin

    Allons, allons . Julie a dit qu’on avait de la chance d’avoir Paul Jorion au bout du fil , mais la communication n’était pas bien bonne et puis , pour la prochaine fois , elle espérait bien que Paul Viendrait à Paris , ça sera tellement mieux . Et puis pour elle c’est L’implosion qui vient de paraître , alors La Crise , quelle crise ? D’ailleurs , on avait vraiment l’impression générale que la crise était quasi finie , il fallait laisser la maison finir de bruler , et qu’il « n’y avait qu’à » commander un plan de relance au Pére Noël .

  4. Avatar de Richard
    Richard

    La réaction des « réalisateurs » comme vous dites, a été proprement scandaleuse, à plus d’un titre. Cela a été une succession de curiosité amusée puis de mépris et enfin de gentille moquerie.

    Après une première phase de colère, je me suis rendu compte que l’enjeu « philosophique » était trop important pour que toutes ces personnes, éprises d’une certaine forme de bourgeoisie, accepte de lâcher aussi vite, de se résigner à abandonner ce monde à bout de course.

    Mais, tenez bon, nous vous soutenons !

  5. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    J’espère que Paul a communiqué le bon numéro !
    Mais au fait, au FMI, ils ont Internet ?

  6. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Quand les choses iront encore plus mal, tout le monde ira chercher Paul Jorion.
    Quand une personnalité tient un discours cohérent, même si encore inaudible chez les dirigeants et une bonne partie de l’intelligentsia médiatique, et qu’il offre une alternative à un discours dominant qui chaque jour fait un peu plus la preuve de sa vacuité, que la crise s’approfondit, la voix dissonante, mais en phase avec le réel, finit par se faire entendre.
    Il manque sans doute un déclic, un coup de téléphone, et quelques autres petites choses. Courage.

  7. Avatar de il professore
    il professore

    magie du net, la rediff radio quand on veut 🙂 argh!!! ça commence avec charles pasqua (il faut rentrer chez vous sur la musique de queen we will rock you)

  8. Avatar de il professore
    il professore

    mais pierre yves en attendant ils sortiront l’argument massue qu’une horloge arrêtée indique l’heure exacte deux fois par jour.

  9. Avatar de Gibus
    Gibus

    bonsoir Paul,
    il y a parfois des traquenards dans lesquels il est impossible de ne pas tomber, cette émission en est un….Et fort opportunément la liaison avec la banlieue ouest de Paris était mauvaise !
    Peu importe on a pu vous entendre c’est déjà ça ! 😎

  10. Avatar de béber

    L’avantage de dire peu, c’est la possibilité de dire bien.

    L’image de fin de monarchie était évocatrice , et probablement préoccupante pour l’auditeur moyen, c’est à dire globalement ignorant de la chose économique.
    Certes, tout comme nos leaders actuels, louis XVI n’était pas dans le coup….
    mais bon, fin de monarchie veut dire révolution ?
    Est ce celà qu’il fallait comprendre?

  11. Avatar de fab
    fab

    Bonjour,

    Si la liaison téléphonique avait été meilleure et si les réalisateurs vous avaient posé les bonnes questions, quel aurait été votre discours ?
    Et par exemple, est-il raisonnable d’imaginer de priver les banques de leurs supers-pouvoirs, notamment celui de créer la monnaie ? Et si oui, est-il raisonnable d’en parler ? Maintenant ?

    Quant à DSK, je crois savoir, de source autorisée, qu’ils ont essayé de le joindre mais que sa secrétaire n’était pas en position de répondre…

  12. Avatar de Giant Cuckcoo
    Giant Cuckcoo

    Depuis le krach ce site n’apporte aucune valeur ajoute.

    Les references de ces derniers jours a la revolution francaise en disent long. Vous anticipez le fait que l’hiver de Kondatrieff (fusille par tonton Staline) puisse creer une crise social majeur pour vous faire passer pour madame Irma. Souhaiter le malheur des gens pour satisfaire son propre ego, est le comble de l’altruisme.

    Ce site devenu un repaire de neo-marxistes qui ruminent leur defaite intellectuelle en famille.

    Mais je pense que ce n’est pas entierement de la fautes des intervenants sur ce forum francophones. En fait vous n’avez pas ete totalement emancipe par l’education nationale. Vous etes des ploucs incultes en economies. c’est comme si vous ne saviez pas compter et que vous inventiez des equations debiles. Le funeste projet des apprentis sorciers d’extreme gauche ne pousse que sur le fumier de l’inculture economique.

    Monsieur Jorion, vous n’etes plus qu’un donneur de lecon !

  13. Avatar de fincaparaiso

    à Paul
    pierre yves D. dit « quand les choses iront plus mal… » il oublie de dire préciser pour qui, parce que si
    – cela concerne …. les populations, alors il se fait beaucoup d’illusions sur un éventuel appel au secours en leur faveur de ceux qui ont provoqué cette escroquerie planétaire.
    -cela concerne les auteurs de ce marasme financier ,ils n’auront pas besoin de vous pour s’octroyer en toute légalité des plans de sauvetages supplémentaires avec la bénediction du nouveau messie OBAMA.Au fait, avez vous lu « l’autre
    Messie » (le titre anglais est Kingdom Come) de Bernice Rubens?

  14. Avatar de tigue
    tigue

    je suis juste de passage…
    Il se produit le même phénomène sur le blog de loic Labadie (voir sa réaction de ce jour)
    Il ne faut pas répondre au troll, cela entraîne des invectives et propos sans rapport avec le blog (risques de dérapages), c’ est le but du Troll.
    Plus Paul sera médiatisé, plus il y aura de trolls.

  15. Avatar de kagemusha
    kagemusha

    Pour le moment, je vois peu de troll sur ce site, mais Paul ne devrait pas hésiter à demander de l’aide pour une modération « communautaire » en cas de récidive massive.

  16. Avatar de Sakhaline
    Sakhaline

    @ Mathieu Perona, Coucou Géant

    Affligeant de voir qu’un jeune doctorant n’a rien de mieux à faire que de venir troller sur le blog de Paul. Affligeant, mais tellement révélateur, de voir que la soit-disante élite de l’Ecole d’économie de Paris n’a pour argument que sa morgue, son arrogance et sa haine de classe pour masquer sa panique devant la faillite de son corpus théorique.

  17. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Pierre-Yves D. dit : 18 novembre 2008 à 21:36

    Je suis moins optimiste que vous. La production et la diffusion des idées, en particulier celles qui concerne l’économie, sont également soumises aux contraintes ultra-libérales. Ceux qui servent, volontairement ou à leur corps défendant, des intérêts puissants ont le plus de chances de se faire entendre. Ils ont l’argent. Ils peuvent s’offrir des bataillons de lobbyistes et leurs réseaux d’influence s’étendent aux médias et aux décisionnaires publics et privés. Il est extrêmement naïf de croire que les idées se déploient de nos jours dans une sorte d’éther détaché du monde des intérêts.

    Je signale que je fais une différence entre le libéralisme, un système qui récompense les plus méritants et l’ultra-libéralisme qui n’est que le droit du plus fort ou du plus riche.

  18. Avatar de Candide
    Candide

    Je suis entièrement d’accord avec PYD : gardons-nous de jeter le bébé avec l’eau du bain en confondant l’économie et les dérives de l’économie.

  19. Avatar de Pierre Canart
    Pierre Canart

    Bonjour à tous,

    C’est mon premier message sur ce site que je suis attentivement depuis deux mois!

    Si j’interviens aujourd’hui c’est parceque je ne comprends plus très bien le propos de Monsieur Jorion. J’appréciais son analyse de la crise et j’ai pu grâce à lui comprendre ce qui se passait! Qu’il en soit remercié! Par contre, j’ai du mal à saisir son discours sur le futur qui nous attend. Son analyse me semble bien moins claire, moins objective.

    Il dit souvent que personne n’a pour l’instant la moindre idée de ce qu’il faut faire: »j’ai répondu que puisqu’on n’a pas la moindre idée en ce moment de comment même stopper la crise, on aura besoin non seulement d’eux mais de tous les économistes marginaux, de tous les anthropologues, politologues, sociologues et compagnie ayant une idée sur ce qu’il faudrait faire. »

    Il semble penser que tout le système est à remplacer: »J’ai repris en particulier ma métaphore de la Révolution Française en assimilant l’incantation de la déclaration finale du G-20 :

    libre-marché, état de droit, respect de la propriété privée, commerce et investissement libres, marchés concurrentiels et systèmes financiers efficaces et régulés de manière efficiente

    à la monarchie réaffirmant urbi et orbi son caractère sacré. »

    Bref pour l’instant j’ai l’impression quer son discours est très poujadiste: Tout est mauvais, personne n’est compétent et il n’y a que moi qui ait raison. Vous me faites un peu peur! Et loin de moi l’idée d’être aussi grossier que Giant!

    J’aimerais juste que vous précisiez plus votre pensée! J’ai lu avec intérêt votre article sur un nouveau Bretton Woods et sur la valeur de la monnaie. Cet article était très bien mais pourquoi ensuite se moquer du G20 qui tente de réaffirmer le libéralisme à défaut de pouvoir pour l’instant proposer autre chose. Par quoi voudriez-vous remplacer tout cela? Par une sorte d’étatisme planétaire avec une seule monnaie mondiale? Entre utopies et réalités, quels sont les scénarios futurs les plus plausibles et les solutions claires et précises que nous pourrions envisager de demander à nos dirigeants politiques?

    Au plaisir de vous lire!

  20. Avatar de Chris
    Chris

    @ Sakhaline

    je pense qu’il s’agit plus de jalousie que d’arrogance, j’ai parcouru rapidement le blog du troll et je ne vois aucune anticipation et encore moins d’analyse sur les évènements.
    N’étant pas du tout visionnaire et arrivant après la « bataille » il préfère dire :

    « il était très facile de prévoir la crise et c’était tellement évident que je n’ai rien dit »

    plutôt que

    « j’ai été incapable de prévoir quoi que ce soit alors que j’avais toutes les informations devant les yeux »

  21. Avatar de antoine
    antoine

    En fait ce courant « ultralibéral », appelons le « libertarien » n’existe pas à proprement parler.

    Ayant travaillé sur la question, l’origine de ce courant de pensée se trouve dans les pages de la revue « liberty », publiée aux US à la fin du XIXe, qui fut à la fois le lieu d’élaboration théorique et de diffusion de cette doctrine. Il ne faut pas chercher dans une radicalisation de Locke, mais dans une rupture brutale avec ce dernier les sources de « l’anarchisme individualiste », qui est le refus de toute solution institutionnelle, centralisée, non consentie, aux problèmes sociaux.

    Les deux auteurs de référence, qui sont de l’aveu même de Nozick le matériau même de sa pensée, et aussi
    longtemps qu’on n’a pas vu ça on n’a RIEN compris à Nozick, sont les membres fondateurs de cette revue: B.R Tucker et L. Spooner.

    Les choses deviennent intéressantes quand Tucker et Spooner se séparent: le second quitte la revue après une brouille théorique majeure sur… la question des droits de propriété intellectuelle. Ce qui est en jeu, et je passe les détails, ce sont les raisons ultimes de l’institution de la propriété privée. Dès lors, « ce » courant est scindé en deux. Il y a donc 2 traditions libertariennes antagonistes.
    Pour être complet, j’ajoute qu’il existe une deuxième « ligne de fracture », qui ne recoupe pas les deux premières, et qui concerne la place et le rôle de l’Etat, et qui oppose minarchistes (Nozick) et anarcho-capitalistes (dans ce contexte il n’y a pas de police mais seulement des agences de protection privée, il n’y a pas un code pénal mais des codes que les citoyens choisissent chacun pour eux-même et le jeu de l’offre et de la demande ainsi que des règles procédurales complexes font le reste, il n’y a pas de droit international public ni de frontières…). Reste que dans ces deux cas la « démocratie » (demoktesis) n’est pas du tout considérée comme le meilleur type d’organisation de la coopération sociale, et ce pour des raisons éminement « morales ».

    Pour conlure je dirais:

    1/ Traitez votre adversaire avec respect. Le capitalisme ce n’est pas que le droit du plus fort. A sa source il y a une justification morale élaborée. Que ceux qui ne me croient pas essaient de lire Etat, Anarchie et Utopie. Ce n’est pas donné au premier venu. Evidemment cette justification sert aussi de base ideologique pour légitimer les intérêts particuliers de ceux qui dominent dans le système promu.
    Il existe aussi des « ultra-libéraux radicalement égalitaristes » (Dworkin), voire des libertariens d’extreme gauche (tous capitalistes donc). Ce n’est pas parce que ces courants ne sont pas représentés dans des partis (qui vivent sur une tradition philosophique qui est celle du XVIIIe/ XIXe) qu’ils n’existent pas. Leurs analyses/ travaux sont ‘une très grande valeur. C’est pas « les marxistes ou les libéraux ». Y a une 3e une 4e une 5e une 6e etc… voie. La pensée politique n’a RIEN à voir avec ce que proposent les partis en place, quels qu’ils soient. Il est dommage qu’ils structurent inconsciemment la façon dont les gens se représentent les différentes alternatives au monde qui les entoure.

    2/ Certains aspects de la pensée libertarienne sont particulièrement intéressants et exploitables dans des tas de contextes institutionnels, à condition de ne s’en tenir qu’aux prémisses politiques et morales, et de ne pas s’attarder sur son rejeton économique qui lui ne vaut pas grand chose nous sommes tous d’accord là-dessus.

    3/ Plus important: l’économie n’est qu’une branche de la philosophie politique. La question même de la légitimité de l’institution du « prêt à intérêt » ou de « ce qu’est un actif comptable » repose en dernière alternative sur la philosophie politique, dès lors que ces pratiques doivent faire l’objet d’une justification publique.
    Ce qui est de mieux en mieux perçu – non pas par les doctorants en eco de seconde zone 😉 – mais par les nobel … Harsanyi et Sen ne se feraient pas autant chier à répondre (en vain) aux objections de Rawls si tel n’était pas le cas. En effet les questions de DROIT viennent AVANT les questions d’économie. Pour savoir ce que vous pouvez faire de telle ou telle ressource il faut déjà avoir un titre à en disposer… et la discussion sur ce point n’est pas, en elle même, une question d’économie. L’économie ça vient APRES, quand les principes de distribution des titres « à agir » ont déjà été fixés.

    Sur la crise un libertarien pur et dur, conséquent dirait:
    Si toutes les transactions qui ont abouti à cette situation sont justes, alors ce qui arrive, in fine, est juste.
    Dans un sytème absolument libertarien ceci ne serait pas arrivé.
    Evidemment il aurait refusé tout plan de sauvetage! Cela aurait été « triste » mais non pas « injuste ». (Nozick aurait autorisé un plan de sauvetage pour éviter ce qu’il appelle une « catastrophe morale »).

    (ou l’on voit qu’un des problemes theoriques majeurs est la question de l’articulation du « juste » et du « bien » dans un monde marqué par le pluralisme des conceptions de la vie bonne, et c’est bien là la pomme de discorde fondamentale entre les différents courants « communautariens », « libertariens », « rawlsiens », « égalitaristes » qui défendent chacun une conception différente de ce en quoi consiste l’égalité démocratique).

  22. Avatar de Sakhaline
    Sakhaline

    @ copain Michel
    « système qui récompense les plus méritants ».
    Pourriez-vous nous indiquer quel est le pays et l’époque où un tel système a été mis en place, quels sont les critères qui permettent de mesurer le mérite de chacun et quel est la nature de la récompense ? Si malheureusement il ne s’agit que d’un objectif utopique, pourriez-vous nous en décrire brièvement les pré-requis et les étapes permettant de l’atteindre ?
    D’avance merci.

  23. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Pierre Canart

    Ne confondez-vous pas changement de système et destruction du système ?

    Si réguler le système de manière conséquente c’est changer de système
    alors oui c’est d’un changement de système qu’il s’agit. Mais cela ne signifie pas qu’il faille détruire le système.
    IL s’agit de lui faire accomplir une mutation, ce qui n’est du tout pareil.
    Moi-même, parfois je me prends à rêver d’une révolution tant règne l’iniquité, mais un effondrement brutal du système entraînerait un chaos tel que nous ne ferions qu’aggraver encore une situation délicate. Aussi je pense que la méthode de Paul Jorion est la plus avisée. Elle consiste, à mon sens, à trouver les quelques points clés, ou articulations majeures du système, cela de façon à y excercer la plus grande force qu’il soit possible de mobiliser.

    Une véritable régulation basée sur des principes très clairs, ne peut être un simple ajustement car une franche régulation reconfigurera forcément les rapports qu’entretiennent les trois agents fondamentaux de l’économie : entrepreneurs, investisseurs et salariés. Ce qui est en jeu c’est le mode de formation des richessess, et l’allocation des revenus aux différents facteurs de production. Je précise répartition et non pas simplement redistribution. De nouvelles règles changeront la donne, en amont, et non pas simplement après impôt.

    Une sphère financière moins sauvage redonnera plus de pouvoirs aux salariés. Derrière les aternoiments des décideurs au plus haut niveau il y a de toute évidence cet aspect des choses qui entre en ligne de compte. Ils sont tous d’accord pour limiter les dégâts mais ils ne veulent pas, pour beaucoup, une réelle transformation. Bref, ils veulent le beurre et l’argent du beurre.
    D’où l’enlisement de la crise, voire son approndissement gravissime que craint Paul Jorion et d’autres.

    Les billets de Paul sont depuis peu plus incisifs, et sans se montrer ouvertement partisan, on pourrait dire qu’ils sont aussi plus politiques. Mais c’est une illusion d’optique. Ils l’ont toujours été. Car l’économie est politique.
    Il ne faut pas lire ces derniers billets indépendamment des autres, mais dans leur continuité.
    Paul Jorion attire simplement l’attention sur la gravité d’un crise dont beaucoup n’ont pas pris la mesure car
    cette crise d’abord financière puis maintenant économique est révélatrice d’une crise bien plus profonde : une crise de civilisation.

    Franchement, la question des égos est vraiment subsidiaire. Et même si c’était le cas, ce serait un amour propre bien placé, car la cause est juste. Je serais à sa place je ferais exactement la même chose. J’utiliserais tous les moyens à ma disposition pour faire passer mes idées. Or il se trouve que Internet est un outil puissant, le seul aujourd’hui qui permette de toucher un public large, surtout quand on dispose de peu de moyens financiers.

    Paul Jorion le fait avec talent et ingéniosité. Outre le fait de diffuser ses idées, il se fait pédagogue. J’ai parfois l’impression de me retrouver ici dans un séminaire libre destiné à toutes les personnes qui se sentent concernés par cette crise, qui veulent la comprendre et infléchir son cours. Paul est très pégagogique mais pas scolaire du tout. Le « prof » nous parle de choses très techniques puis soudain ( par exemple avec ses considérations sur la Révolution française) nous fait une remarque qui condense sa pensée, nous dit ce qu’il en est de l’état des rapports de force économiques et politiques du moment. Bref il est très impliqué.

    D’autre part, ce n’est pas de la « faute » de Paul Jorion s’il a une expérience dans plusieurs domaines qui intéressent la compréhension de la crise. Son parcours professionnel et intellectuel sont atypiques. Or la situation actuelle est elle-même hors norme.
    Il est donc tout à fait « logique » que Paul revendique l’apport de personnalités extérieures — dont lui-même, pourquoi s’en priverait-il ? — au sérail économique classique pour apporter des réponses qui ne pourront être que nouvelles.

  24. Avatar de antoine
    antoine

    Je partage l’avis de Mr Jorion au sens ou si on doit attendre du secours, ce n’est pas des économistes mais des chercheurs en philosophie (ne serait-ce que pour clarifier le débat public) / ethno-sociologie, et parmi ceux-ci des mecs « marginaux » qui innovent. La théorie politique et morale c’est avant tout une histoire d’INVENTION institutionnelle, de solutions à des problèmes concrets, et pas des theories abstraites (elles ne sont là que comme aide/guide à la décision), de CREATIVITE. Je ne suis d’aucun secours car il faut 30 ans pour former un chercheur en philosophie pratique (maitriser, par exemple, la philosophie abstraite ET être comptable ou juriste ou economiste ou trader… sans quoi on reste dans l’abstrait et on ne sert à rien). C’est un CONFLIT d’influence entre disciplines qui DOIT avoir lieu.

    La première des choses c’est aussi de rééduquer les gens à l’intérêt de la philosophie politique et morale, de la sociologie, de l’économie. Comme disait Locke « je fais de la philosophie pour ne pas être dominé ».
    Ca plutôt que les « campagnes de sensibilisation » ou « d influence » qui n’élèvent personne vers le haut… etre sensibilisé et apprendre quelqu’un à avoir un avis compétent ou à comprendre ce qui se passe sont 2 choses bien distinctes.
    Ce qui arrive aux islandais est de leur faute. Ils n’avaient qu’à suivre des cours d’économie, s’initier au fonctionnement de la finance. Ils ne l’ont pas fait, préférant vaquer à leurs loisirs de m… Ce sont des imbéciles
    Que ceci nous serve de leçon, s’il n’est pas déjà trop tard. Les leçons du republicanisme ou de l’humanisme civique classiques n’ont toujours pas été apprises. Les institutions, même les mieux conçues, ne peuvent rien sans un effort d’apprentissage permanent des citoyens.
    (Quand d’aventure ils s’intéressent au politique c’est « à la politique », c’est à dire qu’ils viennent grossir la masse des militants pavloviens qui sévissent dans tous les partis, et non pas « à la philosophie pratique » comme disait Aristote).
    Etre citoyen, ca implique un TRAVAIL personnel minimum. Ceux qui ne sont pas disposé à le faire ne peuvent s’en prendre qu’à eux même si les choses tournent mal, et pas seulement aux dirigeants. C’est pour ça qu’à Athènes seuls ceux qui avaient du loisir pour l’étude pouvaient être des citoyens. Il y a là quelque chose à méditer.
    (Si on remplaçait les pages psycho dénuées d’intérêt des magazines, par des pages économie/sociologie/philosophie (pas celle du café du commerce) on n’en serait peut-être pas là… mais la psycho me parle de moi et ne me demande aucun effort intellectuel, alors que les autres non, donc je préfère acheter un magazine qui parle de psycho. Ce sont les mêmes qui sont medecins, traders, juristes… ignares pourtant sur l’essentiel, les racines/justifications ultimes de l’art qu’ils pratiquent). Ce n’est pas une question de « longueur d’étude » mais de « contenu ».

    Mais nous savons tous qu’à l’heure de la démocratie de masse et du lobbying tout azimut (qui fonctionne parce que les citoyens ne sont pas suffisament éduqués), tout cela n’est qu’un voeu pieux. C’est pour cette raison que Hans Jonas disait ( » à mots couverts ») des regimes totalitaires qu’ils etaient mieux armé contre ce genre de catastrophe, financière et/ou écologique, ne serait-ce que parce qu’une fois informé, lobbies ou pas, ils ont les moyens de mettre en oeuvre les solutions qui s’imposent. Car même quand la crise SERA là personne ne réagira car PERSONNE n’aura les moyens de le faire, les moyens de l’action ayant été atomisés! Toute action est impossible, tout le monde dépendant trop de tout le monde, tout le monde ayant « un peu la main », mais pas suffisamment pour que ce peu soit influent/décisif.
    Je partage l’avis de Mr Jorion MAIS je suis pessimiste, car même les meilleurs ne pourront jamais se faire entendre (il y trop d’enjeu), et quand bien même ils le pourraient c’est d’un changement radical des mentalités dont nous avons besoin (réussir, c’est  » être connu, être influent, faire du fric, se taper des pouffes, réussir à avoir beaucoup de temps libre pour les loisirs »… voilà la base de la reconnaissance sociale depuis la Révolution française). Changement qui n’arrivera pas nous le savons tous. Et c’est seulement quand la guerre sera là (car tout se termine toujours comme ça… quand il n’y a plus assez de ressources à partager et/ou que les intérêts vitaux des communautés sont en jeu) qu’ils y penseront… ou pas.

    De toute façon la planète s’en remettra… Nous aussi sans doute… Mais cette civilisation peut-être pas.

  25. Avatar de antoine
    antoine

    Pour la question sur « le plus méritant »

    Je ne vois pas l’intérêt d’exiger un exemple historique précis. L’histoire ne pense pas de toute façon.

    En revanche chaque fois que nous voulons changer les institutions sociales dans le sens de leur « amélioration », c’est toujours parce-que nous avons en vue un état du monde « meilleur ». Il y a toujours un ideal normatif, un « étalon » si l’on veut, derrière chaque projet de réforme dès lors qu’il s’agit de réorganiser les rapports entre les membres de la communauté politique. Cet argument imparable, repris par Strauss, est de Platon. Il y a par définition un idéal de la coopération sociale (un idéal « politique » si l’on veut) derrière toute tentative d’amélioration des choses. C’est aussi sûr que 2+2=4.

    Demandez lui plutôt ce qu’il appelle « le plus méritant » (ce fut parfois, dans certaines communautés radicales musulmanes, « le plus pieux »). Quelle est la base sociale du mérite? Ce n’est CERTAINEMENT PAS LA VERTU dans une démocratie marquée par le pluralisme des conceptions de la vie bonne.
    C’est justement sur cette question que s’affrontent les Rousseau, Locke d’aujourd hui. Rawls, Nozick, Dworkin, Walzer, Roemer… Autant de conceptions du mérite, autant de conceptions de la justice sociale, autant de conceptions de l’égalité des chances. de la légitimité de l’institution de l’héritage, de critères de répartition des greffons, de l’étendue des droits des handicapés, des droits politiques et sociaux de ceux qui travaillent mais qui n’appartiennent pas à la communauté politique, etc etc…
    Questions théoriques difficiles, conséquences pratiques incalculables…

  26. Avatar de couic
    couic

    Au lieu d’appeler ça « du grain à moudre » ils pourraient bien essayer « du bren à coudre » : ça me paraît plus constructif et passionnant.

  27. Avatar de couic
    couic

    Tous mes livres ont été publiés ante porcos, mais jamais les menaces de la trichinose ne se firent aussi promptement et redoutablement sentir qu’à l’occasion de celui-ci, offert pourtant à un prêtre, sur cette montagne aussi effrayante que l’Horeb, où nul n’est capable de distinguer un lion d’un porc et l’Himalaya d’un cumul de bran.
    BLOY, Journal, 1907, p. 317.

    trésor de la langue française informatisé : bren, bran

  28. Avatar de comme des cons....
    comme des cons….

    Faisons la révolution. Chic! Les pays sont recouverts d’autoroutes. Vite, interdisons toutes les voitures! On voyage en avion? Vite, clouons au sol tous les avions! Ne resteront que les jet privés des riches qui sont trop riches! C’est vrai, surtout aujourd’hui. Mais il y a longtemps que vous les avez fait fuir sous des cieux fiscaux plus cléments, alors, votre révolte…. La Terre se réchauffe! On en n’a pas le moindre début de preuve, sauf en prime time à la télévision, mais, vite coupons le chauffage! On va vous vendre des renouvellement obligatoires de produits qui marchaient très bien et qui seront deux fois plus chers. (les ampoules fluo sont 10 fois plus couteuses)

    Après la révolution, vous mangerez encore plus de fast food, vous serez encore plus coincés dans des transports publics réservés aux pauvres, vous serez encore moins bien payés et donc logés. Comme un con à vélo avec votre casque et votre gilet jaune fluo…. A vous les villes nouvelles sinistres et l’hypermarché comme loisir. On polluera encore plus avec les usines de l’élevage et abattage industriels (on n’en parle jamais, étrange, non?) et on vous refilera au quotidien tout un tas de produits de mauvaise qualité de moins en moins cher et fabriqué toujours plus loin.

    Pour sauver la planète, la finance, il faut instaurer la Terreur.

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  1. Ce que j’en comprends c’est que son (votre) enfance est primordiale. Les magouilles ultérieures c’est son (votre) instinct de conservation.

  2. La nécessité de « contrôler » l’IA comme les autres médias au nom du « vivre ensemble » reflète une vision paternaliste où l’information…

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