Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Deux remarques suscitées par la lecture de vos commentaires à Comprendre la crise, et comprendre la crise.
La première, l’importance attachée par les individus à jouir d’objets (maison, voiture, etc.) dont ils se conçoivent les propriétaires. Or, comme l’expliquent ces propriétaires dans leurs commentaires, les achats de ces objets sont à crédit et l’argent est avancé par la banque. La somme prêtée est donc gagée sur l’objet acheté grâce à elle et la banque a un « premier lien » sur celui-ci en cas de non-paiement des traites. La propriété en question est donc partielle et conditionnelle et ne se distingue d’une location que parce que le « propriétaire » a lui, un « second lien », le droit au résidu (s’il en reste), une fois que la banque aura exercé ses droits à la saisie.
Deuxième remarque : au lieu de mettre tout l’argent dont ils disposent dans le remboursement de leurs dettes, les propriétaires d’objets achetés à crédit en placent une partie en bourse. Les dividendes ne les intéressent pas : ce qu’ils recherchent, c’est la plus-value du titre. En cas de pertes, ils blâment le « marché », en cas de gains, ils se félicitent de leur talent. Le résultat est en réalité aléatoire sur le long terme (il y a des tendances sur le court terme) et le placement s’apparente du coup à une loterie.
C’est à cela que je renvoie quand je dis que les ménages gèrent leur budget en mode de « cavalerie » : ils vivent au-dessus de leurs moyens, s’imaginent être propriétaires d’objets qu’ils louent en réalité (à prix fort) à la banque, et tentent de se refaire à la loterie boursière.
Seule différence entre vous, semble-t-il, que certains y lisent leur liberté, d’autres, leur servitude. Cela renvoie-t-il simplement à une différence de tempérament ? Peut-être. Il s’agit alors d’une prédisposition que l’on a ou n’a pas à 1) se représenter propriétaire alors qu’on ne l’est pas ; 2) s’attribuer du talent quand on a de la chance.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
109 réponses à “Libre ou asservi ?”
La réponse de Max à la question de Paul m’intéresse aussi… 😀
@scaringella: oui, la remise en question dont vous parlez est en route bien sûr. 🙂 Presque tout est toujours remis en question en sciences, quand le scientisme cède le passage à la vraie pensée scientifique (ce qui arrive assez fréquemment, fort heureusement). Ce n’était pas mon propos (loin de là..) de dire que la vitesse de la lumière serait absolue ou non, mon propos était de montrer que contrairement à l’idée reçue, la notion du « tout est relatif » n’a pas son origine dans la science des années 20 et en tout cas pas dans la théorie de la relativité d’Einstein. Qu’Einstein ait démontré (ou défendu) que « tout est relatif » est un grand mythe contemporain, connu de tous et pourtant complètement faux, un peu comme la théorie des calories en diététique, et tiens donc, la théorie que les marchés s’auto-régulent. 🙂
@ Paul,
Ca me vient à l’esprit : les campagnes de la sécurité routière, d’amnesty international…
et même les appareils auditifs pour les personnes âgées…
@ Paul,
En fait, ce serait oui à la pub qui nous donne de la liberté supplémntaire, et non à la pub qui nous asservit ! 😉
Au sujet de la publicité comme propagande, un ouvrage ESSENTIEL, rédigé par le neveu de Freud (cela ne s’invente pas).
Propaganda, comment manipuler l’opinion par Edward Bernays (1928)
aux éditions la découverte
Propaganda
Comment manipuler l’opinion en démocratie
Edward BERNAYS
Hors Collection ZONES
octobre 2007
Wizzu sénateur, wizzu sénateur !!
bis
Libre ou asservi ?
Je voudrais ici relater ma petite expérience personnelle.
J’ai acheté en 1992 une maison qui m’a coûté à l’achat, frais de notaire inclus, 610.000 F soit environ
93000 euros. Le prix de marché bien négocié avec le vendeur.
2200 m² , 2 niveaux de 100m² , face aux Pyrénées. C’était l’époque où les prix étaient normaux dans le sens de la courbe de Friggit .
J’ai fait l’ensemble des travaux de rénovation avec mon épouse ( 200 m² de carrelage, double vitrage, isolation,..) en achetant chez Brico Dépôt à prix discount pour un coût total dérisoire ( 5000 euros).
Compte tenu de l’envolée des prix de l’immobilier j’estime cette maison à 300.000 euros maintenant
et 200.000 euros dans quelques années lorsque les prix seront redevenus normaux après une baisse qui devrait être de 35%.
Pour acheter j’ai fait un crédit de 6 ans à taux fixe . J’avais un apport personnel de 33% que j’avais épargné les années auparavant , et mes remboursements ne dépassaient pas 1/3 de mes revenus selon les normes bancaires en vigueur.
Alors libre ou asservi ?
Eh bien j’ai vécu 3 périodes :
– la première se situe lorsque j’étais locataire. Eh oui quand on n’est pas propriétaire on doit payer chaque mois un loyer à fond perdu qui va enrichir un heureux propriétaire. Durant cette période je me suis senti asservi et redevable à mon bailleur.
– La deuxième période a été mixte . C’est celle où j’ai du rembourser mon prêt. Cela a été difficile au début , je me sentais asservi , mais plus l’échéance des prêts arrivait plus je me sentait libre.
– La troisième période est celle que je vie depuis 10 ans en étant l’heureux propriétaire d’une maison payée . Je me sens libre et en sécurité .
J’encourage la propriété de sa résidence principale , ne serait-ce que d’un point de vue économique.
J’ai évalué mon achat à l’équivalent de 150 mois de loyer soit 12,5 ans.
J’estime, avec l’espérance de vie normale que mon achat va m’éviter 30 ans de loyer.
Mais il ne faut pas faire n’importe quoi et avoir « les yeux plus grand que le ventre ».
Je rejoins pleinement Paul lorsqu’il dit que les ménages vivent au dessus de leur moyens.
Je pense qu’il parle des ménages américains et non français .
Les vrais responsables sont les banquiers qui n’ont pas assurés leur rôle de gendarme dans la distribution de crédit.
L’accession à l’immobilier des classes populaires aux Etats-Unis a été n’importe quoi.
Le rêve américain , ce n’est pas de faire croire aux gens qu’ils peuvent acheter de belles choses sans en avoir les moyens. Il faut être réaliste.
Quand je lis sur le blog de Loïc Abadie les conditions de crédits qui ont été accordés aux acheteurs non solvables , je crois rêver.
Alors une fois la maison payée , j’ai pu reprendre l’épargne :livret A , Codevi , assurance vie , PEA.
Eh oui un PEA conseillé par mon banquier en 1999 au cours de l’euphorie Internet , peu de temps avant l’implosion de la bulle. Pendant la période de montée , j’étais content , ça rapportait bien .Quand la bulle a éclaté , j’ai cru que ça allait remonter. J’attends toujours . J’ai toujours quelques milliers d’euros de négatif
Je n’ai tiré aucune gloire quand ça montait ni voulu à qui que ce soit quand ça plongeait.
J’ai juste constaté mon incompétence en la matière et passé définitivement en placement sécurisé à 100%. Lorsque je m’étais engagé j’avais le choix.
Je n’en dirai pas de même des fonds de pension américain qui ont beaucoup misé sur la bourse et en paient les conséquences aujourd’hui. J’envie notre système par répartition .
Je pense que celui qui a compris les rouages du marché boursier et sait en tirer profit , pourquoi pas,
s’il a en face des incompétents comme moi .Mais on ne m’y reprendra pas deux fois !!!
Lorsqu’on gère son budget familial, il faut être pragmatique, réaliste , économe et savoir vivre à crédit quand il le faut de façon intelligente en attendant toujours un retour d’investissement relativement rapide, en particulier pour sa résidence principale.
Beaucoup de gens peuvent devenir propriétaire sans faire de folie et en achetant au bon moment, c’est-à-dire pas maintenant, dans quelques années quand les prix seront redevenus normaux.
Eh oui les bulles sont partout : la bourse , l’immobilier , l’endettement personnel , l’endettement public , le pétrole , etc…
Internet et les blogs de Paul et Loïc sont des outils extraordinaires pour se faire une opinion autre que ce que l’on a l’habitude d’entendre.
Gérard
Notre maison achetée à crédit sur 20 ans abritait( a abrité ) nos espoirs , nos déceptions , du bonheur et de la tristesse , des bébés puis des enfants , des ados puis des adultes qui ont partagé sous ce toit des repas , des soirées , des veillées de fêtes …
Notre maison achetée à crédit sur 20 ans ne nous coùte quasiment plus rien parce que nos salaires ont évolués normalement sans redistribution excessive vers le capital ( ce qui n’est + le cas aujourd’hui ) , en effet , grâce aux combats syndicaux plus coriaces à l’époque face aux attaques patronales ou les usines comme Cockerill alors comptaient jusqu’à 40000 ouvriers… , pareil pour les mines…) l’inflation des salaires étaient + importantes que celles des biens et nous a donc été bénéfiques ainsi qu’ à mes concitoyens .. Dans notre cas , les 200 € versé il y a près de 30 ans qui représentaient le ¼ de nos revenus est passé au 1/15 ième entre temps … ( 1979 à 2009 …) J’ai replongé ce crédit , il y a 6 ans déjà .. pour pousser les murs de mes mains ( je suis technicien bâtiment de formation …) , Je n’ai jamais eu de voiture neuve ( une tite Mégane de 200000km me suffit toujours autant … ) je reconnais que le portable et l’ordi ( qui remplace l’achat de bouquins bien souvent .. j’en ai quand même plus de 400..) me sont devenus ‘indispensables’ .. pour le reste .. mon appétit est plutôt frugale …
Mais aujourd’hui le crédit proposé à nos jeunes pour des taudis est monstrueux !
Des loyers de 800 € et plus sont demandés à nos jeunes en situation professionnelle de + en + précaires ( intérim , CDD ) pour des habitations au prix surfait !!
Une redistribution des richesses par le biais de l’inflation aux détriments des banques et consorts est à nouveau souhaitable …Je crois. Non ?
Quand pour répondre à une partie d’intervention qui disait ‘ … croire et s’investir dans un groupe social de croyance plutôt que dans une connaissance qui amène on le sait non pas à répondre aux questions mais à s’en poser de plus en plus ce qui est inconfortable.
Cela me suggère que : ‘’L’inconfort spirituel au sens philosophique du terme de celui qui se pose des questions me fait penser qu’il tend à devenir un homme de bien très éloigné de celui qui ne cherche dans sa vie …que d’accumuler des biens …d’autant que ces biens sont trop souvent issus des maux …dont souffre notre terre …
Voilà , des confidences , des aveux, des pensées et réflexions … pour faire avancer le shmillismilbilig ( pfff j’arrive pas à l’écrire non plus … ) sur ce blog que j’apprécie toujours autant .
Un autre petit belge
L’état us vient de lancer un plan réechelonnant les dettes des propriétaires sur-endétés. Jusqu’à 40 ans. La part
des revenue dévouée aux remboursement ne dépassera pas 38%
On se croirait en France 😉
Et en janvier Obama annoncera un plan pour une retraite par répartition. Mort de rire !!!!
Lien: http://fr.biz.yahoo.com/11112008/202/usa-les-autorites-annoncent-un-plan-pour-eviter-les-saisies.html
Je préfère l’inconfort de la connaissance qui au moins me satisfait dans la direction que je prend puisqu’au moins je sens que je suis vivant même mortel et qui me semble la bonne direction en souhaitant que d’autres prennent le même chemin…
@ Alain
Oui Alain c’est vrai que l’accession à la propriété est devenue impossible pour les jeunes en ce moment.
Mais la tendance est en train de se renverser.
Chez moi il s’est construit beaucoup de logements loi De Robien et Perissol acquis dans le cadre de la défiscalisation par des propriétaires qui achetaient sur plan,qui ont payé le prix fort et voulait réaliser une plus value.
Exemple: un T2 pour 170.000 euros acheté en 2007 et livré en 2008. C’est fou pour la province. Le prix de marché était de 60000 euros il y a 10 ans.
Aujourd’hui il y a une offre beaucoup plus importante que la demande.
Les loyers baissent. Les locataires changent de logement pour avoir un loyer plus bas.
Les prix des logements devraient baisser de 40%.
C’est une bonne chose car ça va redonner du pouvoir d’achat.
Ce n’est pas l’inflation qui redonnera une distribution des richesses équitable.
C’est en faisant en sorte que la part de la valeur ajoutée des entreprises donnée aux salariés soit plus élevée et ceci au détriment de l’actionnaire qui s’est trop engraissé depuis deux décennies.
La crise actuelle est en train de démontrer que les inégalités sont trop fortes.
Gérard
Ma parole, il y a que des belges ici …
Deux commentaires pour Paul, qui me surprend de plus en plus par ses remarques à propos de nos remarques … à croire qu’il le fait exprès … 😉
1. Merci Mary … mmm … voui …
D’abord, Mary, pour lancer votre projet vous avez vendu le fond de commerce de votre mari. Et quand on n’a même pas ça à vendre ? Pour acheter ma première table et mes deux premières chaises, j’avais à vendre quelques vêtements déja portés et deux cannes à pêche ayant déjà beaucoup servi … pas lourd …
Ensuite, et sans vouloir vexer Mary, quand on veut réfléchir à un projet de société, il faut un peu tenir compte de la nature humaine. Il a toujours existé quelques individus se destinant à vivre dans des monastères dans le plus total dénuement … mais sont-ils représentatifs de l’espèce humaine ??
2. Un exemple de l’utilité de la publicité ? Celle faite sur Contreinfo pour votre livre … peut-être … 😎
Cordialement.
@ scaringella
Et ce n’est qu’un début.
Vu de mon petit écran je pense que les Élites américaines sont entrain de se rendre compte qu’elles se sont trompées et qu’elles ont mis le feu a la maison en ayant un système économique complètement dérégulé où la cupidité et l’injustice font des ravages.
La classe moyenne a suffisamment donnée et les pauvres sont au bord du précipice.
Un chômage en hausse, des fonds de pensions qui ont beaucoup perdus , un endettement des personnes excessif qui a servi à maintenir la croissance.
Ils n’ont plus le choix. Ils vont devoir solliciter les riches par des augmentations d’impôts pour rééquilibrer tout ça.
Les choses vont très vite.
Qu’en pense Paul ?
Gérard
Max a des arguments qui se tiennent concernant la publicité. C’est vrai qu’on finit par oublier, devant le caractère majoritairement manipulateur et décérébrant de la pub, que certains types de publicité sont d’un autre ordre, entièrement légitimes et même très utiles. Merci Max d’avoir attaqué le simplisme. 🙂
Et voilà un problème sémantique à régler: comment bien faire la distinction entre les deux formes de publicité sans passer un temps fou à définir chacune? Tâche rendue délicate par le fait que la frontière entre les deux sera forcément floue… et relative ( 😉 ) aux principes éthiques appliqués.
Et un autre problème d’ordre philosophique: la publicité est-elle disposée, en tant que medium et par sa nature même, à se corrompre au moindre faux pas éthique et devenir un outil d’aliénation dès que la morale a le dos tourné? Ou bien faut-il un effort immoral conscient, volontaire et calculé, pour la dévoyer et la rendre ainsi aliénante?
Je parle du mien 😉
Je ne cesse de relire le chapitre VIII de La Crise de Paul Jorion sur la spéculation avec la brillante démonstration sur la spéculation des matières premières.D’ou il ressort que » la spéculation représente désormais un danger mortel pour l’humanité ». Dans le billet du jour Paul nous indique que la gestion spéculative de certains ménages représente un danger mortel pour eux à leur échelle quand la conjoncture se retourne défavorablement .
Pour en revenir à ce chapitre VIII édifiant,chacun pourra faire des parallèles avec des sujets d’interet propres.Ainsi le comportement des investisseurs institutionnels me fait penser a ces marchands de tableaux qui rachètent systématiquement les oeuvres de leurs artistes pour soutenir le marché.
à Jacques
…Ainsi le comportement des investisseurs institutionnels me fait penser a ces marchands de tableaux qui rachètent systématiquement les oeuvres de leurs artistes pour soutenir le marché…
Moi , il me fait penser à la bourse , avec ce qui semble parfois etre des échanges d’actions entre les groupes de puissants actionnaires du Cac40 and co .. Bel 20… dans de faibles volumes d’échanges qui poussent artificiellement les cours à la hausse … ( pub malsaine ? ) pour mieux interpeller les gogos ? !!
Cordialement
et à peluch’ !
Les courbes de Friggit sont bien connues, il faut les utiliser à titre documentaire mais surtout pas les interpréter pour en tirer des conclusions hâtives et idéologiques.
Ceux qui ne peuvent pas se loger faute de moyens exigent des baisses de prix. Ces baisses de prix n’arriveront jamais. Parce que les gens retirent les biens de la vente plutôt que de les brader. S’il y a une petite baisse elle sera complètement annulée par les conditions draconiennes d’octroi des crédits ou des hausses de taux. Aujourd’hui 5% est perçu comme prohibitif alors que vers 1990 on dépassait les 10% au moment du pic de l’époque. C’est dire….
Les pros de l’immobilier, les intermédiaires, sont rémunérés à la commission, pour eux, peu importent les prix de vente, l’important c’est la commission. D’où la propagande actuelle pour exiger des baisses de prix. Qui bradera son bien pour sauver l’agence du coin? Personne…
Il faut dire que l’immobilier en France n’est pas cher en comparaison des autres pays, il est plus agréable de vivre dans beaucoup de villes françaises que dans beaucoup de villes américaines ou anglaises. Pourquoi la France serait-elle en moyenne quatre fois moins chère encore aujourd’hui?
Le problème ce sont les salaires et les emplois. Mais aux salaires qui paraissent bas il faut ajouter la protection sociale universelle, les infrastructures de luxe, l’éducation, l’université gratuite, les torrents d’allocations et de transferts sociaux qui font que la vraie pauvreté et la vraie misère n’existent pas en France malgré ce qu’on nous raconte en permanence et le misérabilisme ambiant est une catastrophe qui démoralise tout le monde. Sans oublier l’impôt sur le revenu que la moitié des ménages ne paie pas.
Pour conserver son système la France ne produit pas assez. C’est le drame national. Le pays n’a pas été capable de se positionner sur la haute qualité. La faute à tout ceux qui organisent le misérabilisme ou qui bénéficient de rentes très souvent administratives. Et puis aussi il faut l’avouer, en France on a souvent la haine de la France…
Il s’est passé la même chose en Belgique. En 1900 la Belgique était la troisième puissance mondiale… En 1960 les francophones refusèrent le bilinguisme, certains de la force de leurs industries sidérurgiques… Tout s’est retourné contre eux. La France peut subir le même sort si elle continue à taper sur tout le monde et à faire enfler sa dette et son déficit du commerce extérieur.
Aujourd’hui la France n’existe encore que parce que l’Allemagne première puissance exportatrice mondiale pilote l’euro depuis Francfort. Si la crise devrait s’aggraver et quelques puissances établies faire banqueroute….. Et la nous n’aurions plus 7 millions de français disposant au plus de 800 euros par mois, mais 75% de la population….
Donc, éteignez la télé, stop à l’intoxication, continuez à consommer, ce sont vos propres emplois, ce n’est pas le moment de faire grève mais celui de défendre votre pays et votre mode de vie.
Quant aux jeunes de 20 ans, cessez de penser retraite et accession à la propriété, vous verrez bien dans 20 ans…
@ Wizzu,
J’adore ce sacré blog !! Etre lus par des lecteurs critiques nous oblige à tourner sept fois la langue avant de parler !!
Concernant la pub, c’est assez naturel, l’information est nécessaire parfois (je n’entends pas, je mesure aisément l’importance d’être informé de certaines choses…).
C’est plus ou moins le même problème de la télé, il y a des émissions et des films d’une telle pauvreté… qu’on aimerait proposer autre chose… seulement ça plaît car c’est divertissant, on « vide » notre tête comme le dirait un responsable de la diffusion du catch à propos de la diffusions des « matchs ».
Je ne peux pas m’empêcher à l’affirmation édifiante de Patrick le Lay à propos de la télé :
» Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ‘business’, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. […] Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. […] Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise… […] La télévision, c’est une activité sans mémoire. Si l’on compare cette industrie à celle de l’automobile, par exemple, pour un constructeur d’autos, le processus de création est bien plus lent ; et si son véhicule est un succès il aura au moins le loisir de le savourer. Nous, nous n’en aurons même pas le temps ! […] Tout se joue chaque jour sur les chiffres d’audience. Nous sommes le seul produit au monde où l’on ‘connaît’ ses clients à la seconde, après un délai de vingt-quatre heures. »
All is business !
Je ne peux pas m’empêcher de penser !! j’oublie des mots… faut que j’arrête de suivre cette crise qui me « passionne » trop ! 🙂
@ avenir, vous dites :
« Le problème ce sont les salaires et les emplois. Mais aux salaires qui paraissent bas il faut ajouter la protection sociale universelle, les infrastructures de luxe, l’éducation, l’université gratuite, les torrents d’allocations et de transferts sociaux qui font que la vraie pauvreté et la vraie misère n’existent pas en France malgré ce qu’on nous raconte en permanence et le misérabilisme ambiant est une catastrophe qui démoralise tout le monde. Sans oublier l’impôt sur le revenu que la moitié des ménages ne paie pas. »
Qu’est-ce que la vraie pauvreté et la vraie misère selon vous ?
J’ai été assez remué il y a quelques jours de voir dans l’émission « 66 minutes » des étudiants vivrent dans des caves de 6m² à 2 avec les tuyaux qui gouttent et le froid, d’autres vivants à 15 dans 35m²… Si ça ce n’est pas de la misère…
Ceux qui n’ont pas de soutien familial peuvent très vite sombrer dans la précarité, pas de RMI pour eux !
De même pour une personne agée au minimum vieillesse…
Il y a aussi de plus en plus de personnes qui complêtent leur repas dans les poubelles.
Il existe aussi des bidonvilles en France même si on ne les voit pas…
Il y en a effectivement certains qui se disent malheureux mais qui ne le sont pas mais il existe en France une véritable misère qui est d’ailleurs grandissante…
Personnellement si je n’avais pas ma famille je ne pourrais pas suivre mes études…
Certains apparemment sont encore près à exploiter les autres et curieusement leurs enfants ou ceux des autres pour maintenir leur propre statut social et ne pas voir que ce qu’ils demandent aux générations suivantes est bien plus difficile que ce qu’eux avaient. Même s’ils ont eu des difficultés au départ (d’après leur propre échelle de valeur) ils pouvaient voir le chemin à suivre en étant à peu près certains de l’amélioration dans leur avenir.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas pour beaucoup. Pour obtenir les mêmes biens tels que maisons cela demande 2 fois plus de temps de sa vie qu’à la génération précédente sachant que la part des retraites et de la santé a aussi augmenté et ce sont ceux qui sont près à faire travailler plus leur enfants qui en bénéficie. La génération du Baby boom a à la fois profiter du travail de leurs parents et maintenant essaye de profiter aussi du travail de leur enfants et la part de leur propre travail est inférieure par rapport à leur revenu que celle qu’il demande aujourd’hui à leur enfant. Cela tient parfois du mauvais bizoutage. Ils ont certes travailler mais il n’y a pas de raison que leur travail vale plus que celui de la génération suivante si ce n’est qu’aujoud’hui ce sont eux qui ont la majorité des pouvoirs de décision de la répartition des revenus.
@ Max
Vous touchez là l’une des racines du mal sociétal qui nous ronge !
Pour une analyse plus approfondi du « All is business », je vous renvoie à l’excellent documentaire « The Corporation » (la poursuite pathologique du profit et du pouvoir) visionnable, notamment et entre autre, sur un « certain site zarb ».
Gérard des Pyrénées dit :
11 novembre 2008 à 20:49
Alain dit :
11 novembre 2008 à 21:07
Tant mieux pour ceux (assez nombreux en France je crois) qui ont pu se soustraire finalement aux « aléas » d’avoir, de ne pas avoir, de louer, de ne pas louer, etc… Mais je suis à peu près sûr que cette super gestion immobilière, objet de toutes les convoitises, de tous les calculs les plus longs, raffinés et savants, ont vraiment fait gagner beaucoup à beaucoup. En attendant voilà la, ou les générations montantes (??), plutôt descendantes!! (je souhaite me tromper) qui se voient punies, oui punies (et de quoi je vous le demande??) d’une charge étant comme une taxe supplémentaire de 30% au moins en moyenne à payer pour se loger par rapport aux générations précédentes. Bravo!… C’est objectivement minable et honteux de ne pas pouvoir s’organiser différemment. Quelque chose me dit que l’avenir ne devrait pas ressembler à ce qui a été imaginé. Imaginé en bien comme en mal d’ailleurs. Avec une pareille domination du marché, il n’y a même pas de lendemains imaginés. Les français paraissent de petits Louis XV, lequel aurait dit: « Après moi le déluge ». Ç’est bien ce qui a eu lieu.
avenir dit :
11 novembre 2008 à 23:55
Je suis assez d’accord. Mais faut-il encore rabâcher que nos « élites politiques » n’écoutent pas les conseils avisés comme ceux de Maurice Allais (entre autres!). La combinatoire États-Banques, qui est le centre du pouvoir, elle est actuellement en pleine effervescence. Elle va, sans doute dans un avenir proche, continuer la « restauration-du-sytème financier », avec plus ou moins les mêmes dirigeants et va essayer de mettre des barrières là où ils avaient raté le coche précédemment. Mais la sacro-sainte spéculation trouvera moyen de reprendre des couleurs…
@avenir
Vous écrivez :
« Donc, éteignez la télé, stop à l’intoxication, continuez à consommer, ce sont vos propres emplois, ce n’est pas le moment de faire grève mais celui de défendre votre pays et votre mode de vie ».
J’ai choisi de commenter ce passage de votre post parce qu’il me paraît être représentatif d ‘une « certaine intoxication ». Entendez-moi bien, je vous pense sincère dans vos propos et je respecte votre opinion, cependant je me permettrais d’y apporter quelques contradictions car je ne suis pas d’accord avec vous.
1°) « continuez à consommer ce sont vos propres emplois » (sous-entendu, qui sont en jeux).
(Ce qui est en fait faux. Déficit de la balance commerciale en France ? 39,171 milliards d’euros en 2007).
Pour ma part je ne me sens absolument pas concernée par cette nécessité. Je travaille pour une ONG, qui sans la citer, tente de réduire les inégalités en terme d’accès aux soins de santé pour les population les plus défavorisées du globe. Mon emploi dépend donc essentiellement de la résolution des problèmes qui nous occupent sur ce blog: inégalités dans la répartition des richesses au niveau mondial, fin de la spéculation sur les matières premières etc. Je crains malheureusement de ne pas me retrouver au chômage avant un certain temps…
2°) » Ce n’est pas le moment de faire grève mais celui de défendre votre pays et votre mode de vie »
Je n’ai pas très bien compris votre allusion à la grève dans ce contexte mais qu’importe je m’attacherais à la deuxième partie de votre phrase, et plus particulièrement à votre encouragement à « défendre notre mode vie » (je passe sur le fait de défendre le pays…).
Sachez que je n’ai pas envie de défendre mon mode vie. L’exemple que je vous ai donné concernant LE CHOIX de travailler pour une ONG participe de ce principe. Choisir de travailler pour une ONG comme celle où je travaille, c’est d’abord accepter (en raison de grilles de salaire très stricts qui vous en empêchent) très CONCRETEMENT de ne pas cèder à la frénésie de la conommation.
Mais c’est aussi le résultat d’un cheminement intellectuelle.
Lorsque j’étais en terminale j’ai découvert dans mes cours d’histoire la décolonisation (à l’époque en 1992, on étudiait « le monde de 1945-à nos jours »). J’ai pu grâce à des lectures et des recherches constater que : DE MON MODE DE VIE dépendait intrinséquement le sort des populations du tiers-monde.
Ainsi, la France ne possède pas dans son sol d’uranium, or il faut bien « aller le chercher quelque part » pour que je puisses allumer la lumière dans mon salon. Il se trouve qu’Areva fait cela très bien au Niger. Mais il se trouve que cette exploitation de l’uranium POUR NOTRE CONFORT A DES REPERCUSSIONS DRAMATIQUES POUR LA POPULATION DE CE PAYS. Je vous rappelle que près de 33% de la population souffre au Niger de malnutrition ( très concrètement un enfant souffrant de malnutrition sévère et dont le pronostic vital est en jeu, est un enfant qui à l’âge de 3 ans pèse 3KG). Cela motive pour les économies d’énergie non ?
J’ai choisi de ne pas occulter cette réalité parce qu’elle me révolte profondément, le discours général quant à cette REALITE (je devrais préciser le discours néo-libérale) consite à affirmer : la mondialisation des échanges telle qu’elle se déroule aujourd’hui est inéluctable, il n’est pas envisageable de changer les choses, il n’ya pas d’autres alternatives.
Ce n’est pas vrai. Il existe des alternatives, et pour ma part après le constat décrit plus haut, il me semble légitime de me battre pour affirmer, créer, rendre possible ces alternatives et tenter d’en réduire les effets les plus néfastes à mon petit niveau et avec mes moyens dérisoires.
Alors, pardonnez-moi, avenir, mais je ne me batterai pas pour CE mode de vie.
J’ai eu la chance de naître, grandir et étudier en France. J’ai pu bénéficier de droits (soins de santé, éducation, chômage, grève) grâce au combat de mes aïeux. Tout cela je ne l’oublie pas. Ma banale petite histoire s’inscrit dans celle plus large du combat contre l’injustice et l’inhumanité.
Je crois que nous sommes nombreux sur ce blog à vouloir perpétuer cette Histoire…
Paul Jorion en présentant ses travaux et en nous permettant de nous exprimer et de confronter nos réflexions ou expériences, la perpétue chaque jour.
Bonne journée à tous.
Avenir dit :
…Dans un environnement économique plus que maussade, aggravé par l’arrivée des premiers froids, les associations de lutte contre la pauvreté assurent qu’elles commencent à constater, sur le terrain, les premiers effets de la crise. Le Secours catholique rend public, jeudi 13 novembre, son traditionnel rapport annuel, intitulé cette année Familles, enfance et pauvretés. L’association, qui a aidé 1,4 millions de personnes en 2007, y souligne la part de plus en plus importante prise par les plus de 50 ans dans ses centres d’accueil. »Beaucoup de familles en situation de précarité viennent nourrir ou s’habiller dans nos centres pour pouvoir payer leur loyer », note également une permanente de l’association. Le constat dressé par la Croix-Rouge française n’est pas très différent : »la situation continue de se dégrader. Les pauvres sont plus pauvres, et d’autres couches de la population se fragilisent », explique DIdier Pillard, directeur de l’action sociale. « De nouveaux publics se présentent depuis le début de l’année dans nos 650 points de distribution alimentaire et dans nos épiceries sociales : de plus en plus de retraités ; des travailleurs pauvres à temps complet, par exemple des employés municipaux, et des étudiants »… (Le Monde, 12 novembre 2008)
@ avenir, qu’il ne faut jamais insulter
A propos des prets à 10%: il est préférable de comparer des différentiels entre taux d’emprunt et inflation.Je ne partage pas votre pronostic contrariant sur la non baisse de l’immobilier .A comparaison temporelle égale , l’immobilier a beaucoup plus augmenté en France qu’aux Etats-Unis.Prions pour que la bulle immobilière francaise se dégonfle et n’éclate pas.D’autre part, a quoi ca sert de produire plus si on ne peut pas vendre plus. Quand aux jeunes de 20 ans, vu l’heritage qu’on leur a fourni , je me sens sincerement mal placé pour leur faire une seule remarque.
Vous tombez dans le même panneau qu’il y a plusieurs années quand on nous présentait la France comme un pays où des bandes ethniques menaçaient de nous égorger à tous les coins de rue. Cessez de regarder la télévision. Les jeunes qui veulent faire des études et qui ne possèdent aucune fortune personnelle bénéficient des allocations logements, des bourses, des allocations tranport et la fac c’est gratuit et avec on obtient la sécurité sociale. De plus il est aujourd’hui très facile d’obtenir un emploi à mi temps ou tiers temps pour arrondir les fins de mois. Tout cela n’existait pas il y a 25 ans. Sans oublier la pratique de la collocation qui est elle aussi récente.
En France on aime les associations caritatives. On entend même dans les médias des gens qui exigent qu’après 60 ans les gens soient obligés d’être employés par des « associations ». Tout cela n’est que peine perdue et pure perte. Mieux vaudrait faire la promotion du micro crédit qui permet aux gens de créer une micro activité.
Savez vous qu’à partir du 1er Janvier 2009 entre en vigueur en France le statut de l’auto entrepreneur qui va permettre de se lancer dan sune activité avec des formalités administratives hyper réduites?
@ avenir
Il y a 26 ans, quand j’ai fini mes études, il y avait une aide au logement, il y avait aussi des places en cité U, il y avait pas mal d’étudiants boursiers, le fac était gratuite (ou presque) et donnait droit à la sécu + mutuelle étudiante. J’avais des amis en collocation, et nous faisions des petits boulots pour arrondir les fins de mois comme vous dites.
Où avez-vous pêché que cela n’existait pas il y a 25 ans ? Au fait, il y a 25 ans, les locations étaient deux fois moins chères qu’aujourd’hui (à franc/euro constant) : il était possible de se loger avec un petit salaire.
Par ailleurs, vous affirmez plus haut que la vraie misère et la vraie pauvreté n’existent pas en France. Comparée à la misère qui règne dans le monde, la pauvreté en France est effectivement d’un autre ordre. Mais ces comparaisons n’ont pas de sens, vous savez certainement que l’indice de pauvreté de chaque pays est déterminé par rapport au salaire médian du pays, pas par rapport à un référentiel « universel ». Je ne regarde plus la télé depuis belle lurette, mais il suffit d’ouvrir un peu les yeux, il suffit de lire un peu les données sociales pour voir que oui, la pauvreté et la misère reviennent en France au grand galop. Vous habitez où, pour affirmer une telle chose ?