Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Deux remarques suscitées par la lecture de vos commentaires à Comprendre la crise, et comprendre la crise.
La première, l’importance attachée par les individus à jouir d’objets (maison, voiture, etc.) dont ils se conçoivent les propriétaires. Or, comme l’expliquent ces propriétaires dans leurs commentaires, les achats de ces objets sont à crédit et l’argent est avancé par la banque. La somme prêtée est donc gagée sur l’objet acheté grâce à elle et la banque a un « premier lien » sur celui-ci en cas de non-paiement des traites. La propriété en question est donc partielle et conditionnelle et ne se distingue d’une location que parce que le « propriétaire » a lui, un « second lien », le droit au résidu (s’il en reste), une fois que la banque aura exercé ses droits à la saisie.
Deuxième remarque : au lieu de mettre tout l’argent dont ils disposent dans le remboursement de leurs dettes, les propriétaires d’objets achetés à crédit en placent une partie en bourse. Les dividendes ne les intéressent pas : ce qu’ils recherchent, c’est la plus-value du titre. En cas de pertes, ils blâment le « marché », en cas de gains, ils se félicitent de leur talent. Le résultat est en réalité aléatoire sur le long terme (il y a des tendances sur le court terme) et le placement s’apparente du coup à une loterie.
C’est à cela que je renvoie quand je dis que les ménages gèrent leur budget en mode de « cavalerie » : ils vivent au-dessus de leurs moyens, s’imaginent être propriétaires d’objets qu’ils louent en réalité (à prix fort) à la banque, et tentent de se refaire à la loterie boursière.
Seule différence entre vous, semble-t-il, que certains y lisent leur liberté, d’autres, leur servitude. Cela renvoie-t-il simplement à une différence de tempérament ? Peut-être. Il s’agit alors d’une prédisposition que l’on a ou n’a pas à 1) se représenter propriétaire alors qu’on ne l’est pas ; 2) s’attribuer du talent quand on a de la chance.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
109 réponses à “Libre ou asservi ?”
Je vis en province. J’ai eu la chance de construire ma maison en 1991, et je l’ai voulue modeste, sans course folle aux « matériaux d’exception » ni aux prestations de standing, afin de payer les traites sans trop d’angoisse . Je contrariais souvent mon épouse lorsque je disais « cette maison dont la banque est propriétaire ».
Il est vrai qu’aujourd’hui cette maison est mienne et me permet de vivre ma retraite plus sereinement, libéré du fardeau d’un loyer qui augmente régulièrement. Je ne pense pas à « en jouir » en propriétaire, mais je me félicite souvent par les temps de froidure d’être au chaud et au sec !
Un toit ne devrait pas un objet de consommation banal, le crédit non plus d’ailleurs. Mais ceci est un autre débat.
Bien envoyé à tout un chacun 😉
Pour: Seule différence entre vous, semble-t-il, que certains y lisent leur liberté, d’autres, leur servitude. Cela renvoie-t-il simplement à une différence de tempérament ? Peut-être. Il s’agit alors d’une prédisposition que l’on a ou n’a pas à 1) se représenter propriétaire alors qu’on ne l’est pas ; 2) s’imaginer du talent quand on a de la chance.
Je dirais que vivre à crédit ne peut être que servitude puisque la liberté ne peut exister que vis a vis de ses propres désirs. Beaucoup de gens veulent être propriétaire par envie de ce que les autres ont. Quand à ce qui est du tempérament ou du talent, il s’agira plutôt de l’environnement éducatif et formateur dont chacun de nous est une expression. C’est donc l’histoire de chaque personne qui forge les représentations tant que l’on a pas compris combien cette histoire est un leurre. A partir de là on pourra vivre à crédit sans se croire propriétaire et ne plus vivre à crédit pour des désirs de pacotille, gagner en bourse sans croire ni au talent ni à la chance mais au travail quotidien, comme Loïc 😉
Pour ce qui est des positions politiques des uns des autres elles sont toutes des positions idéologiques plus proches de la foi du charbonnier que de la science. Car nulle part je ne vois de science politique. Beaucoup de papier noirci, d’algarades de buvette (il y en a pas mal sur ce blog), mais de science ? Point. Car science veut dire méthode scientifique, ni plus ni moins. L’ultra libéralisme (jamais vraiment mis en oeuvre nulle part ne l’oublions pas) est une politique parmi les autres, aussi néfaste à la majorité que les autres, aussi bénéfique à une minorité que les autres, comme toutes les croyances.
Pour ce qui est de l’asservissement, ce n’est pas le crédit qui peut asservir, mais d’autres hommes, et celà est politique. La décision de remplacer les améliorations de salaires par du crédit et de la productivité est politique, pas mathématique. Et le résultat comme avec toute politique ne peut être qu’un asservissement. Et les résultats de ces politiques sont toujours les mêmes, ceux que donnent toute croyance, intégrisme, diabolisation, destruction des impies et autres joyeusetés (dont ce blog donne tellement d’exemples). Car les obédiences politiques sont baties sur les mêmes fondements que les églises et les guerres économiques actuelles sont le pendant moderne des guerres de religions du passé.
Fonder réellement une science politique, une science économique serait un petit pas pour l’esprit, mais un pas de géant pour l’humanité.
Si je n’ai pas payé pour ce dont je dispose, qui est en train de payer pour moi ?
Si je réalise un fort bénéfice, de quelle poche est sortie cette richesse ?
Dans un monde fini, c’est aussi la responsabilité qui aparait là.
Et c’est peut-être plus facile à expliquer par ce chemin.
Cette fois, Paul Jorion (et c’est la première fois), je vous trouve caricatural.
Et je ne suis pas d’accord avec vous : je ne vis pas au dessus de mes moyens. J’accepterais plutôt qu’on me taxe, moi aussi, de spéculateur : j’ai spéculé sur le fait de continuer à recevoir chaque mois mon salaire. J’ai donc fait un pari sur l’avenir …
Aujourd’hui, j’ai remboursé tous mes emprunts sauf un : tout ce qu’il y a dans ma maison m’appartient. Quand à la maison elle-même, et bien elle m’appartient en partie, au deux tiers à la grosse louche. Il me reste quelques années à rembourser et alors je serai définitivement chez moi dans mes meubles. Et comme le dit Gibus, désirer posséder son propre toit n’est pas comparable à emprunter pour se pavaner dans une Mercédes ou partir deux semaines à la plage …
Dans tous les cas, il faut bien que je vive quelque part !! Si je n’emprunte pas pour l’acquisition d’une maison, je devrais payer toute ma vie un loyer … pour n’être jamais, à coup sur, propriétaire de rien !!
Je ne suis pas concerné pas la seconde remarque : je n’ai pas et n’ai jamais eu d’action …
Je place mes petites économies sur un compte-épargne (l’équivallent du livret A en France, si j’ai bien compris).
Tel monsieur Jourdain, je fais du Loïc Abadie sans le savoir … 😉 … (au passage, merci à tous d’en avoir parlé, ça m’a permis de connaître son blog)
Un dernier commentaire, concernant ce « désir d’imitation » plusieurs fois évoqué. Ramener le désir de posséder quelque chose, et notamment une maison pour y vivre, au seul besoin de « copier » les autres et surtout les plus riches que soi est très (et même très très) simpliste … je trouve …
Cordialement.
Pour moi assurément, ce sera la servitude, impossible d’être libre si l’on est <strong attaché cela tombe sous le sens 😉
Moins l’on est attaché et plus on est libre non ?
or être attaché signifie se situer par rapport aux autres donc avoir une certaine perception de soi,de son soi: de son ego !
si l’on veut devenir libre il faut autant que peut se faire diminuer voir supprimer son égo et tendre vers l’altruisme,la compassion donc devenir un humaniste !
je pense que c’est le but que tout un chacun doit se fixer si l’on veut progresser, individuellement finalement collectivement.
Paul nous montre la voie, à la lecture de ses réflexions qu’il nous fait partager tout au long de son blog.
respectueusement galapiat
Les banquiers ont voulu gagner 2 fois à la loterie sur le dos des clients:
– la 1ere réalisant le prêt immobilier: je rappelle qu’un prêt de 100 000 euros sur 20 ans fait gagner 60 000 euros à la banque (sans compter les frais bancaires d’un client sur 20 ans)
mais la cupidité n’ayant pas de limite…
– la 2eme en prêtant par crédit hypothécaire, sans tenir compte du risque de défaut de remboursement
et les banquiers se sont enfuis, avant leur faillite, avec les stock option et les primes en tout genre
Bienvenue au Far Far West… le pays où les banquiers dévalise les banques
Jesse James
http://fr.youtube.com/watch?v=aQdE73tOOaI&feature=related
@Galapiat
Vous écrivez: si l’on veut devenir libre il faut autant que peut se faire diminuer voir supprimer son égo et tendre vers l’altruisme,la compassion donc devenir un humaniste !
Sans égo pas d’altruisme (l’autre n’existe que parceque vous existez). Etre altruiste est un des pièges de l’égo, car c’est d’abord pour votre propre satisfaction que vous êtes altruiste. Par contre la compassion nécessite l’égo, car elle impose de prendre conscience des différences entre soi et l’autre. Seuls des égos très forts comme mère thérésa (à preuve sa célébrité qu’elle n’a pas fuit en entrant au couvent) peuvent être altruistes et compatissant.
La disparition de l’égo pronée par les religions orientales ne vise qu’à l’accès au nirvana, le Vide, qui est le pendant de nos Dieux bien pleins. Une manière de rendre palpable la capacité humaine à la transcendance . Cette disparition de l’égo n’a pas de connotation morale. La morale elle, nous demande d’être libre de nos propres désirs. Mais si pour vous faire disparaitre l’égo c’est mettre de la morale dans sa vie, alors c’est parfait et bravo.
Caricature peut-être, mais archi juste. j’ai moi même emprunté pour ma maison, puis soldé l’emprunt avec une partie de l’héritage de ma grand mère avant l’échéance du prêt. j’aurais pu l’utiliser pour le placer en bourse, chose qui ne m’est même pas venue à l’esprit: la priorité était de devenir à par entière maître du devenir de mon toit, quels que soient les aléas de l’avenir.
bien m’en a pris.
décidément je cherche un élément de désaccord avec ce propose paul; mais n’ai pas encore trouvé !!!
@ scaringella
« Aussi, il faut chercher sans cesse, creuser en soi, afin de savoir ce que nous sommes réellement et non pas, ce que nous croyons ou ce que nous voulons être. Au-delà de l’image que nous donnons, se cache un soi réel. C’est à partir de ce soi réel que le vrai chemin commence vers une vérité qui serait au-delà des mots, puisée dans un soi non entaché par l’ego. Cet ego serait capable d’observer la réalité des choses et des humains sans juger d’abord, pour pouvoir mieux agir ensuite. « Il est inutile de chercher à découvrir une vérité, une réalité qui ne serait ni une invention ni un concept mais un fait réel que la pensée ne pourrait jamais détruire. Pour la rencontrer, on doit commencer par établir une rectitude de relation, dans le monde, entre les hommes, dans sa société, par créer une structure sociale et une culture qui donneraient à l’homme la possibilité de vivre pleinement, qui lui accorderaient une vie agréable, heureuse, une vie sans conflits, une vie vraiment morale. »
(J. Krishnamurti : Aux étudiants, Stock, 1994, pp. 28-29)
@Ricquet
Je ne pense pas que Paul avait pour but de dénoncer les comportements irresponsables des gens qui achètent leurs maisons à crédit 🙂
Il se trouve que l’on a pas vraiment le choix en fait. L’immobilier est hors de prix. Et il faut bien un toit pour dormir. C’est bien pour cela qu’il s’agit de servitude. Il n’est pas rare que des gens s’endettent sur 15 ou 20 ans pour payer leurs maisons, et cela deux fois son prix de vente, et grâce à un crédit créé à partir d’une seule promesse de remboursement. Ce ne sont pas les acheteurs que l’on peut blâmer ici.
En ce qui concerne le caractère aléatoire des marché, je pense que c’est tout à fait vrai. Le calcul du prix de produits complexes en finances se fait souvent avec l’algorithme MonteCarlo. J’utilise moi même cet algorithme pour estimer mes chances de gagner une main au poker.
Cependant, il y a bien des spéculateurs qui réussissent à capter des tendances dans le marché et à faire de l’argent sur la monté ou la baisse de certains produits. (typiquement les futures). Ceux-la gagnent ce que les autres perdent, grâce à une meilleure technique, et il le faut bien.. tout de même une bonne part de chance 🙂
Quel humour ravageur ! De l’art de démonter en quelques phrases la « philosophie » hasardeuse et illusionniste du monde néo-libéral.
La boucle est bouclée. Hayek voyait dans le socialisme
(publié en 1944), mais la crise actuelle nous administre de façon magistrale la preuve que l’idéologie néo-libérale et ses réalisations sont également une authentique route de la servitude.
Hayek était parti d’un constat épistémologique intéressant, à savoir que nous ne pouvons anticiper rationellement le résultat des actions individuelles des agents économiques. L’économie, la société ne sont pas si transparentes que l’on puisse connaître son état à un moment donné et à partir de là prédire son évolution. Mais il en tirait une conséquence faussse à savoir qu’il n’y a pas de lien entre actions individuelles et décisions collectives (prises au niveau d’un état, d’une organisation). Pour lui il ne servait à rien de viser l’intérêt général, la solidarité, car les valeurs, les choix de société, ne résultent pas d’actions concertées, de décisions collectives, mais sont une production spontanée d’une évolution de la société. La société politique n’aurait donc aucune prise sur son destin.
La conception d’une économie mûe et régulée optimalement par le seul intérêt individuel n’a donc rien de spontané mais résulte elle-même d’un choix, d’une valeur, d’une construction sociale, sans quoi on ne voit plus le lien logique qu’il y aurait entre volonté de permettre une société libérale et réalisation effective de la société libérale (je dis société libérale car pour Hayek la logique économique s’étend à l’ensemble de la société). Bref l’ordre spontané hayekien s’inscrit dans un cadre institutionnel bien précis même s’il dénie sa propre existence en tant que construction intellectuelle et sociale. Sauf bien entendu à penser que la société libérale et ses valeurs sont également purement fortuites auquel cas cela invalide son idée de supériorité de la société libérale sur toute autre.
De façon encore tout aussi paradoxale, Hayek qui ne croyait pas en la prévisibilité des actions individuelles a oeuvré toute sa vie pour l’avènement d’une société authentiquement libérale. Au soir de sa vie, dans les années 80, il put se montrer satisfait, Reagan et Tchatcher mettaient en pratique une bonne partie de ses préceptes. Comme quoi, contrairement à ceux que d’aucuns pensent, il y a un lien entre théorie, idées, et actions. Les néo-libéraux aiment l’action collective quand elle sert les intérêts du capital mais la détestent lorsqu’il s’agit de brider un tant soit peu le degré de liberté des investisseurs et entrepreneurs, ce qui sous-entend évidemment que la liberté des salariés est pour eux toujours trop grande et nuit au développement du capital. Ils pensent de façon erronée que les intérêts des plus riches sont ceux des pauvres. La démonstration inverse a été donnée de façon cinglante par la crise des subprimes.
A l’échelle d’une collectivité, quand les temps deviennent plus incertains que jamais, comme aujourd’hui, jouer ses économies à la bourse, n’est-ce pas un peu jouer à la roulette russe ? L’arme spéculative Lehman Brothers a été jetée aux orties, mais n’existe-t-il pas encore beaucoup d’armes de ce genre en circulation ?
Pour moi, pour nous, la maison n’est pas un bien comme un autre.
Locataires d’une maison ancienne située en pleine campagne qui nous coûtait 500 Francs par trimestre en 1980, nous avons fait le choix de chercher une maison ancienne de préférence, car c’est ce qui rentrait dans notre budget. Nos voisins étaient devenus exécrables et empiétaient trop sur notre territoire.
Nous avons fini par trouver une maison ancienne sans eau, sans électricité, sans ouverture avec les planchers à refaire.
Bref le rêve, en plus au bout d’un chemin de 600 mètres empierré de manière empirique.
Nous savions que les banques ne nous prêteraient pas un centimes car mon mari a toujours eu des revenus irréguliers. Nous avons donc décidé de nous en passer. La maison n’était pas chère vue son état. Nous avons vendu le fonds de commerce de mon mari et demandé au vendeur de nous faire crédit pour le 1/4 restant pendant 2 ans. Ce qu’il a accepté. Il s’agissait de petites sommes.
Nous savions que les travaux seraient nombreux, pénibles et longs. J’ai compris dès ce moment-là ce que voulait dire « le gros oeuvre ». Nous avons vécu avec les deux filles petites dans 2 pièces mal isolées l’hiver, mais ouvertes sur la nature l’été. Il nous est vite apparu que nous ne voulions pas faire comme la majorité des gens : acheter une maison proprette à crédit et passer 15 ou 20 ans à payer les traites et à travailler pour un patron sans voir la vie passer et les enfants grandir. Mais ce que nous avons compris c’est que chacun des travaux que nous réalisions à l’intérieur de la maison correspondait à un travail intérieur. Compréhension mutuelles de ce qu’était l’autre, mise en oeuvre commune de nos qualités de constructeurs, recherches de solutions écologiques.
Les banques nous ont largement fait comprendre au fil des années que nous n’étions pas des clients intéressants et nous ont poussé vers la porte. Aujourd’hui si je/nous ne sommes pas riche, j’ai même appris que nous étions en dessous du seuil de pauvreté, j’ai comme une sensation de satisfaction à l’idée de ne pas avoir alimenté le dragon.
Les richesses ne sont pas que matérielles. Elles ne sont pas non plus du domaine de la possession. Elles sont plutôt dans le domaine de l’être et c’est ce développement qui devrait être recherché.
Merci Mary !
Mon ¾ de chez moi, je l’aime. Je l’ai choisi avec soin. Il est une partie de moi, un miroir.
La banque m’a prêté de quoi l’acheter, cela me coute cher mais bien moins que ce que je gagne en satisfactions, en bonheurs quotidiens. D’ailleurs le vendeur regrette. Tant pis pour lui, trop tard.
Toute la famille, petits et grand, mets son empreinte dans cette maison, qui se fondra entre celles de nos prédécesseurs et celles de nos successeurs. Cette maison nous survivra en poursuivant sa noble et humble tache de protection, de nid, de foyer.
Mon banquier n’est jamais venu voir ma maison, ni celles de mes voisins. Je ne suis qu’une ligne dans son grand livre, parmi tant d’autre. Il se contrefiche de ma maison, tant que je paye régulièrement. Je le fais sans rouspéter car le contrat est honnête.
Je ne me sens pas asservi. J’aime ce lieu, ces murs anciens, le calme, la paix qu’ils me procurent.
Je suis libre car rien ne me retiens ici que le plaisir et la sérénité que j’y trouve.
Bonsoir Mary,
Que dire de mieux que vivre pour être heureux. La maison que vous avez construite en partie et avec vos moyens, est une étape de vie. Dans toutes les phases importantes de la vie, ce qui nous rend optimiste, c’est la croyance que l’on a de réussir une étape. C’est aussi la croyance en la réussite qui donne le courage d’oser l’aventure.
Que nous reste-t-il dès lors pour avoir confiance en nous, à part la croyance en nous-mêmes.
Bonsoir Paul,
Merci d’écrire.
Luc
Mary, vous fournissez-là la démonstration qu’il n’y a pas que les sytèmes et que le sens de la vie, bien que non garanti, n’est pas barricadé et peut faire son chemin quoiqu’il advienne: industrialisations, expansions, crises, dépressions, « booms », plongeons, la paix, et même les guerres, etc. Merci pour ce bel écho du sens de la vie.
@ Mary,
C’est drôle, j’ai lu quelque part que Heidegger affirmait qu’étymologiquement le verbe « habiter » a la même origine que le verbe « être ».. Habiter dans une maison, c’est être chez soi, c’est être soi-même.
Vous me semblez décrire ce qui est réellement habiter, en harmonie avec soi et avec ce qui nous entoure, c’est à dire prendre nos racines là.
Le monde moderne me semble déraciner trop souvent les gens, il y a forcément une perte des valeurs essentielles…
Et, j’allais l’oublier, Aristote qui disait que l’économie était « l’art de gérer sa maison » autrement dit l’art de gérer son habitation ? l’art de gérer son être en fin de compte ? Je crois vraiment que l’économie a besoin de s’inspirer un minimum de la philosophie.
Tout cela me parait parfois des réflexions de personnes un peu âgées (cela sans aucun sectarisme). Aujourd’hui souvent on ne peut même plus se payer une ruine à retaper en ayant un travail convenable ! De plus pour ceux qui parlent de crédit sur 15, 20 ans je tiens à signaler qu’aujourd’hui la majorité sont sur 30 ans à 35 ans. En une génération on ne peut plus se payer qu’un bien moindre pour au total deux fois plus cher que la génération précédente avec le même métier. Peu de gens arrivent à comparer car il n’ont pas forcément le même métier que leurs parents !
Bonjours a tous , il me semble que nous sommes confronte la a des processus de vie comptemporain ou ,toute la rchesse et diversite du monde vivant se manifeste quitte a ce que cela se transforme en grand chaos (entropie) .Donc a travers cela rien de normal ou d’anormal juste la vie se manifestant sous toutes ses formes ,comme un ocean peut le faire .Amities a tous
Amusant de parler de « monde fini » alors que l’espace nous ouvre grands les bras : c’est un monde provisoirement fini, voilà tout. Il me semble étrange de s’en tenir à cette expression alors qu’à l’évidence, un destin des hommes hors de la planète n’est plus fantaisiste.
@ Max
habiter : ÉTYM. V. 1050; du lat. habitare, de habere « avoir ».
économie :
(V. 1371). Vx. Art de bien conduire, de bien administrer une maison. -> Administration, gestion, ménage. | Économie domestique, privée. | Administrer sa maison, son ménage avec une sage économie.
« (L’) économie est (l’) art de gouverner un hôtel (une maison) et les appartenances pour acquérir (des) richesses. »
Oresme, trad. d’Aristote, l’Éthique, xi, in Littré.
Par ext. Art de bien gérer les biens d’un particulier
« Ce mot ne signifie dans l’acception ordinaire que la manière d’administrer son bien; elle est commune à un père de famille et à un surintendant des finances d’un royaume (…) La première économie, celle par qui subsistent toutes les autres, est celle de la campagne (…)
(…) L’économie d’un État n’est précisément que celle d’une grande famille (…)
C’est en France et en Angleterre que l’économie publique est le plus compliquée. On n’a pas d’idée d’une telle administration dans le reste du globe (…) »
Voltaire, Dict. philosophique, Économie.
une video d’actualité, special dedicace pour Mr Brown : (pour les obtus Laibach fait beaucoup dans la satire, ne vous effrayez pas en mode pavlov si vous allez voir leurs autres videos).
http://fr.youtube.com/watch?v=OF0AqPujjaM
La perception différente de l’endettement des ménages et des gouvernements, qui semble apparaître dans les posts des intervenants, est instructif.
De nombreux commentaires semblent condamner le recours au crédit par les ménages, au prétexte que cela aliène l’emprunteur en l’obligeant par la suite à perdre sa vie à la gagner. Ce n’est pas faux, mais on peut aussi considérer l’endettement comme un investissement, à l’exception d’achats manifestement déraisonnables ppour certains. Cette acception positive du recours à l’endettement est plus fréquemment retenue pour l’Etat que pour le ménages. Cela est curieux, car l’efficacité des investissements de l’état ne semble pas toujours supérieure à celle des individus.
Comme Mary nous le rappelle, il est important de ne pas perdre sa vie à la gagner, mais nous vivons dans un monde violent et toute zone géographique qui appliquerait la décroissance pour assurer le développement harmonieux de ses habitants ne tarderait pas à devenir une proie tentante pour les voisins.
Le monde est violent et nous contraints à des choix d’orgnisations qui ne facilitent pas l’épanouissement du plus grand nombre, mais il faut réaliser que cela est immuable. Une société d’harmonie serait inéluctablement détruite/conquise par ses voisins/compétiteurs. C’est pas gai, mais cela fait partie des éléments factuels qui ne doivent pas être oubliés dans la reflexion.
@ Strategix
Et pourquoi une société d’harmonie ne servirait-elle pas plutôt d’exemple à suivre pour ses voisins ?
Et n’oubliions pas le gentil Tony Blair, notre modèle à tous, qui ne fait bizarrement plus beaucoup parler de lui ces derniers temps…Qui venait faire la leçon à l’Assemblée Nationale…:)
* La maison à crédit, c’est coûteux (en €, en tracas, …). En même temps, sauf erreur d’analyse de ma part, c’est (surtout) grâce à cela que mes parents ont pu offrir des études universitaires à leurs 8 enfants, et que je pourrai, je l’espère, faire de même pour mes 4 enfants. Nos grand-parents, petits fermiers – propriétaires certes -, ne pouvaient payer des études qu’au dernier des
enfantsgarçons.* Les commentaires de ce blog sont qualifiés, par certains, de discussions de comptoir. On n’a pas tous le même niveau de culture. En même temps, est-ce autre chose ? Je veux dire par là qu’on est dans le remue-méninge : nécessaire mais pas suffisant.
@scaringella
Je ne souscrit pas à cette affirmation, pourquoi penser que faire du bien à autrui n’a pour but que sa propre satisfaction !
supprimer son ego, ne veut pas dire nier son existence(ce n’est pas une attitude nihiliste)l’ego tel qu’on le conçoit en occident n’est pas le véritable moi(c’est un moi superficiel, ce n’est pas le véritable moi), arf c’est très difficile à expliquer en termes littéraire et intellectuel, il faut l’expérimenter.
Pas du tout ! je retournerai votre observation, en disant que cela impose de prendre conscience qu’il n’y a pas de différence entre soi et les autres !
vous confondez le vide et la vacuité
être libéré de nos désirs, c’est cela le but, je sais pas si on peut appelé ceci morale ou éthique, mais cela permet d’agir de façon désintéressé(donc sans rapport à son ego)
@mary
merci pour ce long message.
c’est exactement ça, pour comprendre les autres il faut commencer un long chemin intérieur et se comprendre soi-même, sinon on ne peut pas comprendre les autres.
respectueusement, galapiat
Paul, vous décrivez vraiment parfaitement la problématique. J’en propose une autre, dont la résolution par consensus permettra enfin de savoir de quoi on parle et ce que nous voulons faire : qu’est-ce que le talent ?
@Galapiat
Vous écrivez:
supprimer son ego, ne veut pas dire nier son existence(ce n’est pas une attitude nihiliste)l’ego tel qu’on le conçoit en occident n’est pas le véritable moi(c’est un moi superficiel, ce n’est pas le véritable moi), arf c’est très difficile à expliquer en termes littéraire et intellectuel, il faut l’expérimenter.
Encore une fois, ce VRAI moi dont vous parlez n’existe que parce que le FAUX (occidental évidemment 😉 ) existe. Tous deux existent dans votre tête et dans votre vie car vous y croyez. C’est comme la réincarnation, pour celui qui y croit elle existe. Si vous ne croyez pas à l’égo, peut il exister ? Depuis les années vingt existe la relativité, scientifiquement démontrée. Vos deux moi en sont un magnifique exemple fait de concepts. Quand vous expérimentez vous incarnez le concept dans votre vie. Puis vous projetez ce vécu sur le concept puis recommencez la boucle. C’est totalement humain.
Vous écrivez: vous confondez le vide et la vacuité
Vous jouez sur les mots ou alors expliquez moi la différence que vous y voyez.
Vous écrivez: Pas du tout ! je retournerai votre observation, en disant que cela impose de prendre conscience qu’il n’y a pas de différence entre soi et les autres !
S’il n’y a pas de différence comment allez vous avoir de la compassion ??? Expliquez moi ….
@ scaringella
Vous dites « sans égo pas d’altruisme » au sens de « l’autre n’existe que parce que vous existez », puis « c’est d’abord pour votre propre satisfaction que vous êtes altruiste ».
On peut être d’accord avec les deux propositions, mais elles ne sont pas équivalentes, à moins d’identifier l’ego et la satisfaction.
@Sakhaline
Si je peux sur le talent : il y a le talent intrinsèque du producteur, et le talent ressenti par le consommateur. A vrai dire, le producteur talentueux n’en a pas forcément une conscience aigüe, car il est surtout focalisé sur son art. Mais il est tout simplement déformé et mystifié par le consommateur, parfois suite à l’intervention d’un tiers (publicité, critique…), et au final, qu’on le veuille ou non, c’est le consommateur-demandeur qui décide de la valorisation de ce talent, monétaire ou non. Comme sur les marchés financiers, il y a des bulles, et tutti quanti…