Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Certains d’entre vous ont entrepris une discussion sur les parallèles et divergences existant entre mon blog et celui de Loïc Abadie : TropicalBear.
J’entends d’une part ceux qui disent : Abadie et Jorion se trouvent tous deux dans le camp de ceux qui voient juste et prévoient correctement, et dans ce camp ils sont très peu nombreux, cultivons-les !
Et j’entends ceux qui disent d’autre part : ils ne peuvent être dans le même camp puisqu’Abadie prône la spéculation que Jorion dénonce comme l’une des sources, sinon la source unique, de la crise actuelle.
Les premiers se placent sur le plan de l’épistémologie, les seconds sur celui de l’éthique.
D’autres que moi font de bonnes analyses et si elles sont bonnes, réjouissons-nous : achetez le nouveau livre de Frédéric Lordon !
La spéculation ne disparaîtra pas par le renoncement individuel des spéculateurs, de la même manière que la crise écologique ne sera pas résolue par la conversion personnelle à la simplicité volontaire. Il n’en reste pas moins vrai que prôner la spéculation ou l’encourager par ses conseils, c’est faire la preuve que l’on n’a pas saisi quelque chose d’essentiel sur la crise actuelle. Je rappellerai cette remarque de Lacan que j’ai déjà citée dans l’un de mes billets : « C’est vrai que je dis là la même chose que X mais vous comprenez bien que si X et moi nous disons la même chose, ça ne peut pas avoir la même signification ! »
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
117 réponses à “Comprendre la crise, et comprendre la crise”
Une petite réponse à certains commentaires.
Quand on produit une affirmation (« les sociétés d’aujourd’hui sont ultralibérales et l’état y occupe un rôle insuffisant »), il faut être en mesure de prouver ce qu’on affirme avec des faits concrets et chiffrés. Sinon cette affirmation n’est pas crédible.
J’ai précisément donné dans mon dernier commentaire des faits concrets et chiffrés, qui prouvent sans contestation possible que les états occupent une place dans nos économies de plus en plus importante, et que nous nous sommes en conséquences éloignés de plus en plus (malheureusement à mon avis) de la vraie doctrine libérale (état modeste et efficace, qui fixe les règles du jeu mais qui reste dans son rôle d’ »arbitre du match »au lieu de devenir un « joueur ») au cours des dernières décennies.
Les chiffres nous montrent que nous sommes à présent dans une société plus étatiste qu’elle ne l’a jamais été (aussi bien en Europe qu’aux USA).
Et ce n’est pas un hasard si « l’exception à la règle » (je veux parler de la Chine, où la place économique de l’état est passée de plus de 90% à moins de 40% en quelques décennies) accomplit aujourd’hui des miracles économiques et deviendra sans doute (de loin) la première puissance mondiale dans 15 ou 20 ans (même si elle sera touchée un temps par la crise en cours).
Je n’approuve évidemment pas béatement tout ce qui se fait chez nos amis chinois, mais il faut du temps pour démocratiser un pays de 1,4 milliards d’habitants, et j’ai confiance dans le fait que les choses vont continuer d’évoluer dans le bon sens là-bas, n’en déplaise aux donneurs de leçons (donner des leçons à ceux qui n’en ont aucun besoin alors que nous ne sommes pas qualifiés pour le faire est un sport national en France).
Beaucoup d’altermondialistes et d’ »antilibéraux » oublient à mon avis un principe de base : l’objectif premier de l’immense majorité des dirigeants politiques est d’assurer leur maintien au pouvoir ou celui de leur parti. Là est leur vrai métier…désolé d’être désabusé, mais le monde réel est comme cela.
En conséquence, face à un problème gênant, ils essaieront toujours d’adopter la stratégie la plus efficace et la moins couteuse, c’est-à-dire reporter le problème à plus tard.
Quand on a compris ce principe de base :
– On comprend beaucoup mieux les politiques de fuite en avant dans la dette de ces dernières décennies.
– On comprend aussi que moins les dirigeants auront de moyens et de leviers pour mener ce type de politiques (donc moins l’état et les institutions occuperont un rôle important dans l’économie), mieux ce sera. Parce que les dirigeants utiliseront toujours les moyens de l’état pour se lancer dans des politiques de fuite en avant à chaque problème gênant qu’ils rencontreront.
Et au delà d’un certain seuil critique dans la taille de l’état, la démocratie disparaît automatiquement, puisque les dirigeants peuvent utiliser l’état pour assurer directement leur maintien au pouvoir.
L’état doit donc être un simple arbitre du monde économique (et à ce niveau il a toute sa place).
Paul Jorion n’est d’ailleurs pas si antilibéral que cela à mon avis, il suffit de lire le dernier billet de JP Vignal qu’il a publié pour s’en rendre compte. Idem pour sa position sur les taux d’intérêt :Si je l’ai bien comprise, il a dit que ceux-ci sont l’affaire du marché et pas des politiques ou des banques centrales. C’est une des positions défendues par les libéraux authentiques et traditionnels, qui sont totalement opposés au monétarisme et au dogme keynésien.
Bonjour
Il me semble que Loïc Abadie (dont j’apprécie néanmoins beaucoup d’analyses) oublie certaines choses dans sa défense du « moins d’Etat » et du « plus de libéralisme économique ».
Je n’ai pas l’intention de débattre ici, mais pour ceux qui souhaitent pouvoir « équilibrer » certains arguments assénés, je suggère de lire un article que j’avais écrit en 2004 pour la revue « biocontact », intitulé « la pénurie et l’abondance » , sur http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=Abondance
Quand à « la dette » (je pense qu’il parle de la dette publique) puis je lui proposer de lire http://fr.public-debt.org , en particulier les pages » pétition électronique » et « précisions ». Si nous n’avions pas eu à payer d’intérêts aux fabriquants privés de monnaie, nous n’aurions aucune dette!
@ Loïc Abadie
Si je comprends bien votre propos, la « vie » se résume à une sorte de grand match dont le but est de s’enrichir, dont les états fixent les règles du jeu et doivent se contenter d’en être les arbitres. Ensuite, chacun pour soi et que les plus forts ou les plus malins gagnent, dans la limite des règles du jeu. C’est bien ça ?
Il n’y a donc aucune place prévue pour un projet collectif. Aucune place pour d’autres valeurs que l’enrichissement personnel. Paul Jorion parle d’éthique ; personnellement, comme beaucoup d’athées ou d’agnostiques, j’attache une très grande place à la morale. Où se situe la morale dans votre philosophie de la vie ?
Pour vendre votre livre, vous mettez en avant la performance d’avoir quadruplé votre capital en quatre ans. Qu’avez vous fait d’utile pour vous enrichir ainsi ? Où est la morale ? Si tout le monde fait comme vous, comment le système peut-il globalement fonctionner ?
Mais enfin, pouvez-vous comprendre que ce que vous avez « gagné » dans votre jeu, et transformé en argent réel (« cash is king, yeah man ! »), vous l’avez en pratique volé à l’économie réelle ?
Si je vous ai bien compris aussi, les politiques, et donc la politique en général, sont en plus intrinsèquement inaptes à fixer les règles du jeu, puisque cherchant leur propre intérêt. Outre le fait de leur reprocher ce que vous prônez par ailleurs (chercher son propre intérêt), vous avez encore une fois une vision assez curieuse de la vie réelle.
Vous oubliez que les politiques, dans le cadre d’une démocratie, sont réélus quand ils satisfont aux demandes de leur électeurs. Ces demandes sont souvent contradictoires, d’où les orientations politiques différentes. Mais ces demandes peuvent aussi être « pressantes », ce qui les obligent à trouver des compromis par rapport à leur ligne politique, des arrangements qui permettront de recueillir le nombre suffisant de suffrage pour assurer leur réélection. Ils sont obligés d’agir ainsi parce qu’il existe des gens pauvres, des gens qui ont des besoins immédiats, parce qu’il existe aussi des gens qui se soucient du collectif, indépendamment de leur propre intérêt à court terme.
Monsieur Abadie, les gens pauvres ce sont ceux qui vivent avec ce que leur rapporte leur salaire quand ils ont un emploi peu qualifié, s’ils en ont un, ou ce que leur donnent les aides sociales, tant qu’il y en a. Ces gens ne peuvent pas se permettre d’accepter des mesures d’austérité radicales. Il en va de la paix civile, et les politiques le savent bien.
Pourquoi cette situation ? parce que les règles du « jeu » sont fixées depuis le début par les possédants qui défendent leurs intérêts de rentiers et spéculateurs, pas par les politiques. Aujourd’hui, les pauvres vous gênent, car ils ne servent plus vraiment à grand chose dans votre jeu (du moins les occidentaux, les ouvriers chinois permettent eux le « miracle » économique qui vous font briller les yeux), si ce n’est à obliger les états à s’occuper d’eux. Vous rêvez de règles qui les éliminent complètement du jeu.
Vous me faites peur, Loïc Abadie. Votre absence de morale me fait peur. Le totalitarisme économique que vous prônez me fait peur. Je n’ai aucune envie de participer chaque jour à votre match, je n’ai pas envie que mes enfants soient obligés à leur tour de le faire. J’imagine, je l’espère en tout cas, qu’une immense partie de la population n’en a pas envie non plus. Mais lorsque nous n’en pourront plus de participer à ce match, surtout si vos règles sont renforcées, croyez bien que nous seront tous perdants.
J’arrive un peu tard à ce billet.
Je crois que, selon Paul je me situe chez les épistémologistes , étant bien compris qu’on peut, et on doit épistémologiquement faire le meilleurs tri possible entre les meilleures et les moins bonnes bonnes solutions, afin de promouvoir les meilleures.
Chacun des intervenants donne, à mon avis, une facette d’un problème de taille (c’est le moins qu’on puisse dire!) dont il n’est nullement certaine qu’on puisse le « règler » par des « méthodes connues et éprouvées ».
Donc, je dis à la cantonnade : méfions nous au plus haut degré de ce qui apparaît comme – l’impérialisme international de l’argent –.
Ces forces de l’argent comme instrument de domination du monde, dont les tenants (s’il y en a) seraient capables de jouer, à présent, l’Asie, donc la Chine contre les États-Unis en tant que nation pour démolir celle-ci. J’ai d’ailleurs entendu murmurer que Barack Obama pourrait être une sorte de « Gorbatchev » de l’empire américain?
Ce même – impérialisme international de l’argent – à bien joué depuis environ 120 ans les nations d’alors les unes contre les autres à partir du monde financier anglo-saxon, son vecteur de l’époque. Ce même impérialisme financier joua aussi les classes contre les classes avec ce qui fut l’Urss, premier prototype de mondialisme expérimental que cet empire financier fit jeter aux orties en 1989-91. À présent, ce pourrait être la Chine (future victime?) qui servirait à l’impérialisme international de l’argent pour démanteler l’empire anglo-américain en ruinant les États-Unis? Lequel empire anglo-américain d’ailleurs, se craquèlerai sous nos yeux.
Merci Jean-François , vous avez écrit ce que j’aurais aimé écrire aussi…
Les antilibéraux (nouveau nom que se donnent les marxistes, il faut appeler un chat un chat) me convaincront le jour où ils seront capables de fournir un exemple de pays non libéral qui a réussi…Jusqu’ici on ne peut pas dire que ce soit le cas.
Pour le reste par mon image d’ « arbitre », je voulais simplement dire que l’état doit fixer des règles pour permettre les échanges commerciaux ou non commerciaux harmonieux entre les individus, en intervenant le moins possible sous forme directe.
Je n’ai évidemment jamais dit qu’il fallait laisser les pauvres mourir de faim. Mais là encore, je suis convaincu que les interventions intempestives et inappropriées de nos états boulimiques créent de la pauvreté et entretiennent un chômage de masse. Je constate au quotidien l’échec du « modèle social français » dans l’endroit où je vis et j’enseigne.
Notre état surdimensionné s’avère dans les faits particulièrement peu efficace dans son rôle de redistribution des richesses.
Voir ce que disent Vito Tanzi et Schuknecht sur le sujet :
« En fait, seule une petite partie de la redistribution étatique (27% en moyenne, 18% en France) touche les pauvres. La plus grande partie des activités redistributrices de l’État tourne à vide, à l’intérieur même des classes moyennes. Elles entraînent des coûts économiques élevés et donnent peu de résultats.
Tanzi et Schuknecht montrent que les « petits États », définis comme ceux dont les dépenses prennent moins de 40% du PIB, ont, depuis 1960, généralement obtenu des performances socio-économiques égales ou supérieures à celles des moyens (40%-50%) ou des gros États (plus de 50%) »
Dans la réalité, notre état sert plus une somme de corporatismes variés (la France du « toujours plus » et du « tant et plus » que les pauvres (qu’il cherche juste à « calmer » via des stratégies d’assistanat). Et un état modeste géré correctement, limité à 30 ou 35% du PIB, pourrait redistribuer les richesses plus efficacement à ceux qui en ont vraiment besoin, tout en libérant les contraintes qui paralysent notre économie.
Pourquoi ne pas aller progressivement vers un état qui assure un RMI amélioré à tous les citoyens en ayant besoin (actifs ou retraités), en contrepartie éventuellement de travaux d’intérêt général pour les actifs…mais ne redistribuant pas inutilement d’allocations, de pensions ou de subventions inutiles à ceux qui n’en ont pas un besoin vital ?
Cela responsabiliserait beaucoup de personnes !
Bon je sais bien que je ne convaincrai pas grand monde, mais je tenais quand même à faire entendre la voix des libéraux authentiques au moins une fois ici.
Les antilibéraux n’ont ni le monopole du social, ni le monopole du coeur…Et ceux qui voudront bien s’en donner la peine verront que les préoccupations sociales ne sont pas du tout absentes chez les libéraux (par exemple le revenu d’existence d’ »Alternative Libérale »). Elles se présentent simplement sous une autre forme et dans le cadre d’un état modeste qui ne sert pas des intérêts corporatistes.
@ Loïc Abadie
Vous n’avez toujours pas répondu à l’objection fondamentale que l’on peut faire à votre raisonnement concernant le rôle interventioniste de l’Etat.
Vous souffrez que ces dernières decennies l’Etat n’aurait pas été assez libéral, voire pas du tout.
Logiquement vous prônez donc un retour à un « libéralisme authentique. »
L’expérience a été tentée. C’est le Chili de Pinochet, les USA de Reagan et les années Tchatcher (continuées d’ailleurs d’une certaine manière par Mr Blair)
Or c’est la dérégulation-déréglementation commencée sous ces gouvernements (surtout les deux derniers, le Chili de Pinochet en a constitué comme le ballon d’essai pour ce qui est d’affaiblir toute vélléité de revendication syndicale), qui a permis la deconnexion entre économie réelle et sphère financière à l’origine de la crise actuelle.
Si je me réfère à votre propre affirmation selon laquelle il faut un Etat
l’Etat ces dernières décennies a surtout brillé pour son absence à fixer des règles du jeu. Là où il y existait des règles il les a parfois supprimées. Exemple le plus fou, celui des banques d’affaires américaines. Vous reconnaissez qu’il faille tout de même des règles du jeu. Mais quand il n’y a plus de règles du tout ? Dans ce cas là vous ne pouvez plus dire qu’il y a trop d’Etat, mais vous devriez dire qu’il n’y en a pas assez. Je cite l’exemple des banques d’affaires, mais on peut en dire autant pour bien d’autres domaines.
Concernant votre dernière remarque, en effet, Paul Jorion n’est pas pour la manipulation des taux d’intérêt par les banques centrales. Mais, si vous l’avez bien lu, c’est pour mieux faire apparaître la logique du marché avec tous ses rapports de force.
Les prix doivent refleter des volumes réels de production. Il ne dit pas pour autant que les salaires (qui sont un prix aussi)devraient comme le préconisent les « libéraux authentiques », qui n’ont cessé ces dernières décennies de se plaindre d’une trop grande rigidité du marché du travail, de salaires trop élevés, fluctuer au gré de la conjoncture économique et jouer ainsi le rôle de simple variable d’ajustement, comme le prévoit la théorie libérale la plus classique. En ce sens il n’est pas le libéral que vous dites.
La grande différence entre Paul Jorion et les « libéraux authentiques », en réalité les néo-libéraux, c’est que le premier ne masque pas les rapports de force salariés – entrepreneurs, dans l’équation macro-économique. Ces rapports font partie de l’équation. Une équation autant économique que politique et sociale. Ou mieux dit, économique parce que politique et sociale. Si l’on écoutait les néo-libéraux les problèmes sociaux dans une économie libérale parfaite n’est même plus une question puisque c’est le marché qui se charge de rétablir les équilibres ou du moins de tendre à l’équilibre. La moindre croissance de l’économie qui résulte de la diminution de part relative des revenus des salariés dans le produit intérieur brut trouve alors son remède dans le crédit facile et gagé sur le gonflement de bulles financières.
Il ne suffit pas de condamner les excès de la finance ou d’imputer la responsabilité de la crise actuelle à un excès de confiance dans les résultats de la croissance. Il faut aussi aller voir de près quels arbitrages politiques ont été rendus pour en arriver là. Quels rapports de force ont permis cela. Vous dites que ceux qui gouvernent ne pensent qu’à une chose, c’est de conserver leurs positions acquises. Mais curieusemeent vous n’établissez aucun lien entre positions économiques acquises par les acteurs capitalistes et une certaine classe dirigeante au pouvoir. Comme si l’économie de marché ne tirait aucun profit de certaines politiques mises en place par les hommes et femmes de l’Etat.
Imaginons même un instant que puisse exister une authentique économie libérale. Ne pensez-vous pas alors que l’application stricte de la règle du jeu selon laquelle la concurrence doit être libre et non faussée aboutirait à une intervention de l’Etat susceptible de nuire aux libres mouvements du marché ? Il y a là, me semble-t-il une aporie logée au sein de la pensée économique libérale. Pour être vraiment elle-même l’économie libérale devrait devenir anti-libérale puisque la liberté d’entreprendre serait alors bridée par l’action d’un Etat qui établit des « règles du jeu ». En supposant bien entendu qu’un dispositif juridique contraignant impose le respect des règles.
Pour contourner l’obstacle théorique s’est alors développé tout un courant néo-libéral qui a consisté à se dégager du dogme du marché. Je pense notamment à Williamson et sa théorie des coûts de transaction qui justifie les oligopoles et autres monopoles, lequels pour lui tirent leur force dans l’économie mondialisée en se délestant d’un certain nombre de fonctions industrielles pour mieux exploiter, en aval, un marché de la sous-traitance. La Chine dont vous parlez, si elle a pu se développer autant, c’est bien parce qu’elle a su tirer profit des politiques économiques décidées par les « occidentaux » eux-mêmes. L’atelier du monde cela a été d’abord un immense atelier de sous-traitance. La concurrence a joué à plein en aval mais en amont la belle théorie libérale était de fait renvoyée à ses chères études. Bref, ce qui ces dernières décennies a contribué au prodigieux développement de la Chine ce n’est pas l’application du « libéralisme authentique ». Les entorses à la concurrence ont été la règle.
En somme, si je vous ai bien compris, vous ne niez pas qu’il existe une économie politique (au sens originel) mais en même temps vous dites qu’il faut s’adapter à une situation de crise qui serait inéluctable. Vous insistez sur le fait que les hommes politiques cherchent le pouvoir pour le pouvoir mais vous minimisez les mouvements sociaux, les retournements de l’opinion et donc les rapports de force dans l’économie réelle. Cest assez contradictoire.
A Pierre-Yves : Sur les « règles du jeu »…Malheureusement si, les états en ont « fixé » beaucoup ces dernières années.
Toutes dans le sens d’une incitation massive au gonflement de la bulle de crédit (baisses de taux, subventions à l’immobilier, aides aux emprunteurs, déresponsabilisation massive des opérateurs, organismes parapublics style Freddie Mac et Fannie Mae…etc). Et ça continue aujourd’hui.
C’est la « société à irresponsabilité illimitée » : http://www.unmondelibre.org/node/498
Les états ont clairement « poussé au crime » et les opérateurs ont logiquement répondu présent.
Cela ne fait que confirmer ma théorie selon laquelle plus un état a de moyens, plus il aura de moyens pour pratiquer la fuite en avant.
Je suis allé jeter un œil sur le site d’Alternative Libérale. Il est dit dans le manifeste : « (…) si l’égalité des chances et l’éradication de la pauvreté ne peuvent se décréter, elles restent des idéaux à conquérir (…) »
Loïc Abadie, pouvez-vous nous expliquer comment l’éradication de la pauvreté, idéal à conquérir, peut être combattue grâce à la spéculation financière ? Je ne parle pas d’investissement dans les entreprises, je parle bien de spéculation, au sens communément compris (paris sur les variations de prix) ; ce que font tous les jours les boursicoteurs.
Il est dit également : « (…) nulle richesse ne peut être partagée qui n’a d’abord été produite (…) »
Pouvez-vous aussi nous expliquer ce que vous avez produit qui vous fasse mériter d’avoir multiplié par quatre votre patrimoine en quatre ans ?
Sinon, il y a quelque chose de très amusant, c’est le point commun entre les libéraux authentiques et les marxistes durs : les uns comme les autres, ils n’imaginent pas qu’il soit possible d’être autre chose que l’un ou l’autre.
@ Loic Abadie,
Nous ne parlons pas des mêmes règles. je pensais aux règles du jeu visant à réguler le système.
Ce à quoi vous faites allusion ce sont des mesures, mauvaises évidemment et qui relèvent de la collusion entre certains intérêts capitalistes et l’appareil d’Etat.
Si les USA ont pris ces mesures c’était notamment pour pallier à l’endettement massif des ménages, parce que les revenus salariaux stagnaient, voire régressaient. Que les seuls revenus des ménages ne pouvaient suffire à eux-seuls à alimenter la croissance. Or c’est bien une attitude typiquement « libérale authentique » que de dire que les salaires ne doivent pas être une préoccupation de l’Etat. Je suis allé sur le lien « un monde libre ». On peut y lire ceci : les gains à la prise de risque excessive sont privatisés, mais les pertes seront mutualisées ou nationalisées. Sur ce point précis je ne peux qu’être d’accord. Mais qu’en est-il de la politique des minimas sociaux aux USA. De cela il n’est pas question dans l’article du « monde libre » qui invite seulement à la responsabilisation des agents économiques. Faute d’une politique salariale, de règles du jeu en ce sens, l’interventionisme de l’Etat américain s’est borné à jouer sur les taux d’intérêts et à encourager les pratiques financières totalement imprudentes.
M.Abadie,
Je tiens tout d’abord à vous remercier de venir ici débattre avec nous. En effet, en lisant sur votre blog les commentaires suivant :
Loic vs Paul Jorion :convergence et divergence!
http://www.pauljorion.com/blog/?p=941
Qu’en penses tu Loic, lorsque certains te tansent de speculateur?
commentaire n° : 17 posté par : coolzen le: 09/11/2008 13:46:37
réponse de : loïc abadie (site web) le: 09/11/2008 15:09:51
Bah, je laisse parler. Si ils aiment chercher des boucs émissaires, pourquoi leur enlever ce plaisir ?
De toutes façons je ne peux pas changer le monde, et encore moins le système, alors je me contente d’essayer d’anticiper les tendances pour me protéger et m’adapter comme je peux, et partager ensuite mes idées sur ce sujet. C’est le but unique de ce blog.
J’ai eu peur que vous ne soyez atteint de ce que j’appelle le syndrome BHL (en référence à sa réponse à une critique de son ouvrage par l’excellent Pierre Vidal-Naquet parut dans le nouvel ob’s en 1976). Il est en effet un peu trop facile de se poser en « victime » ou « bouc-émissaire », lorsque quelqu’un émet un désaccord avec la pensée, ou l’ouvrage d’un auteur.
Ceci étant dit, permettez-moi de vous poser quelques questions précises auxquelles je l’espère vous répondrez dans un prochain commentaire.
1/ Tout au long de votre blog, vous critiquez à juste titre, le recours massif à la fois des états mais aussi des particuliers au crédit. D’après vous quelle sont les raisons de ce choix ? Pour M. Jorion, ( et bons nombres d’entre nous partagent ce point de vue) ce recours au crédit par les ménages afin de financer leur consommation (donc la croissance..) s’explique par le transfert massif ( 30% en 30 ans) de la part des fruits de la création de richesse, des salaires vers les actionnaires (ce transfert est largement établi et chiffré par l’OCDE, cf : http://www.oecd.org/els/social/inegalite, j’ai remarqué que vous aimiez les chiffres). Partagez-vous cette analyse ?
2/ Afin de bien préciser les termes du débat, une simple question sur votre acception du mot « libéralisme ». Pour ma part le libéralisme est un concept éminément politique. Il apparaît au 18ème siècle avec de penseurs comme Thomas Hobbes, John Locke ou Montesquieu. Cette question fondamentale du rôle de l’Etat dans la société sera reprise au siècle suivant par des penseurs tels que Benjamin Constant, John Stuart Mill ou encore Alexis de Tocqueville. Avez-vous lu ses auteurs ? De quelle vision libérale vous réclamez-vous ? utilitariste ? contractualiste ? Mais peut-être vos références se portent-elles plus vers Friedrich Hayek et son fameux best-seller « la route de la servitude ». Etes-vous un disciple de la pensée d’Hayek , M. Abadie ?
3/ Un de vos thuriféraires nous précisa ici que vous étiez fonctionnaire de l’état français, ce statut n’est-il pas en contradiction avec vos convictions ? En effet, si l’état français venait à disparaître sous sa forme actuelle et se contentait d’assurer ses pouvoirs régaliens comment feriez-vous pour vivre ? Ne pensez-vous pas que ce statut de fonctionnaire nuise à la crédibilité de vos positions quant au rôle de l’état ?
Je pose cette question car les entrepreneurs français ont prôné pendant de nombreuses années la dérégulation du marché et le retrait de l’état tout en empochant de sommes faramineuses sous formes de réduction d’impôts ou de subventions (aide à l’installation d’entreprise dans des zones sinistrées etc.). Aux états-unis on peut aussi cité les subventions accordés aux producteurs de cotons qui faussent la compétitivité avec les producteurs maliens par ex ou encore le refus de rachat par des capitaux étrangers de certains ports ?
Dans le même ordre d’idée la France se situe en Europe parmi les meilleurs endroits où investir en raison de l’excellente qualité de ses infrastructures (autoroutes, transports en commun, qualité des soins de santé etc.), n’y voyez-vous pas ENCORE comme un paradoxe au discours du « toujours moins d’état » ?
Bref, dans vos fameuses régles du jeux, les dés ne seraient-ils pas un peu pipés ? à qui cela peut-il bien donc profiter ?
Je vous remercie par avance si vous prenez la peine de répondre à ces quelques questions précises.
Bonne journée à tous
@PYD et Loïc
Sur la question du rôle de l’Etat dans la fixation des règles, je donne ici raison à Loïc : l’Etat est bien intervenu depuis 20 ans, notamment pour libérer le crédit. Il fut un « pousse au crime » comme dit Loïc. Ce que je ne comprend plus c’est que Loïc continue à se dire libéral puisque l’intervention de l’Etat fut dans le sens du libéralisme (normal puisque l’Etat est dominé par des formations libérales ou libérales-sociales).
Alors, face à cet échec néo-libéral (du libéralisme réel), Loïc pousse jusqu’à revendiquer un idéal théorique jamais mis en œuvre (sauf peut-être au Chili de Pinochet). Plus de ce qui a conduit à la catastrophe pour la dépasser, c’est intellectuellement possible mais très très dangereux en pratique. Cela confine en fait au dogmatisme…mais qui peut s’en déclarer indemne ?
@ Alain
je n’ai jamais dit que l’Etat n’était pas intervenu. J’ai même ailleurs rédigé tout un commentaire pour évoquer le capitalisme d’Etat. L’Etat interventioniste a souvent été un allié de la liberté de faire des profits, mais au risque de créer de graves déséquilibres économiques, sociaux.
Je dis seulement que l’Etat a lâché beaucoup de lest au profit de CERTAINS agents économiques, les entrepreneurs, le secteur financier, et ce au détriment d’autres agents, comme ceux qui offrent leur force de travail sur le marché du travail, les salariés ! Dans ce cas il y a bien désengagement de l’Etat, dérégulation. Et, certes pour déréguler il faut produire des règlements, mais ces règlements n’ont pour but que de libérer un espace aux forces économiques capitalistes. C’est de cela que je parle et pas d’autre chose.
Il y a donc bien intervention de l’Etat, mais pas pour réguler le système. Je crois que la confusion vient du fait que l’on assimile libéralisme économique au laissez-faire total. Aucun libéral ne dit cela. Friedrich von Hayek lui-même, pourtant très radical dans ses positions, pense que la condition de possibilité du libéralisme c’est l’établissement d’un cadre juridique, ne serait-ce que pour garantir les titres de propriété des capitalistes et des particuliers, pour que les transactions commerciales puissent s’établir dans un climat de confiance. Le libéralisme économique ce n’est pas l’anarchie car même le libéralisme le plus débridé est au départ une décision de l’Etat. Et son maintien nécessite souvent tout un appareil policier, répressif pour mater les effets des politiques inégalitaires. Bref, l’intervention est inhérente au libéralisme. Le libéralisme n’a jamais été la disparition de l’Etat. Le capitalisme le plus débridé a toujours vécu en symbiose avec l’Etat. Après cela, comme vous le dites très bien, il y a des politiques libérales, d’autres qui le sont beaucoup moins.
Il faut lire Loïc Abadie comme l’expert de la finance qu’il est, et il devrait s’en tenir là, car il n’est absolument pas expert en politique, il le dit lui-même et ses arguments ne sont pas à la hauteur ; il est plus facile d’être « anti »-intellectuel (« 100 % pragmatique »), « anti »-« politiciens » et « dirigeants » (pour flatter la vulgate de comptoir) ou anti-« Etat » (qui déclenche l’alerte anti cyclonique à la Réunion ?) ou encore anti-anti-libéralisme que d’écrire un texte politique de plus de 5 lignes qui tient la route, c’est un autre métier. Cette détestable habitude des gens qui deviennent compétents dans un créneau d’en profiter pour se faire mousser dans un domaine qui n’a rien à voir est si répandue !
Bon on vous laisse entre experts en politique et on attend que vous changiez le monde, c ‘ est ça ?
C est quoi le diplôme pour être expert en politique ?
Je cours a la Fac !
Moi j’aime bien ce que dit Loïc surtout quand il demande des preuves (et pas des théories, ou des affirmations gratuites, plein de choses pas testées, pas experimentées avant d’être mises en places etc …) parceque je n’en lis pas beaucoup sur ce blog avec des tonnes de justifications qui ressemblent plus à de la rhétorique qu’à des preuves. Loïc n’est pas le bon-dieu, mais je trouve qu’il donne beaucoup de références et de chiffres lui. Je n’ai d’ailleurs lu qu’une seule fois un commentaire négatif de Paul sur ce que dit Loïc. Le fait que Loïc soit un praticien, les mains dans le cambouis ne devrait lui valoir aucune acrimonie de la part des intellos, car ce serait du corporatisme navrant au 21eme siècle, et dans la tradition bien française de dénigrer les « manuels ». Comme tout être humain il ne peut que faire de la politique, raisonner etc … Si son savoir des théories politiques parait inférieur à celui de bcp sur ce blog, il ne faut pas oublier à quel point toutes les politiques mises en oeuvre de par le monde sont toujours celles d’une minorité contre la majorité. Le savoir ne semble pas permettre seul une bonne société. Continue Loïc, ton travail est pédagogique, bcp d’interventions sur ce blog sont polémiques elles et sans raison, qu’il faudrait garder lorsque l’on parle d’êtres humains et lorsque l’on se targue de vouloir fonder un nouveau monde.
C’est quoi le Marché ? Non sans blague, ce serait un truc en dehors de tout ? Un peu comme Dieu, mais en plus cool ? Et l’Economie, e majuscule… C’est quoi l’Economie ? Ah merci Jean-Baptiste ! Et merci Marx. Sympa les gars ! Et que je te cause du trop ou pas assez d’état depuis, et que ça dure, et que ça dure, et que ça dure… Au-Secours.
@emmanuel
Ne pensez-vous pas que c’est précisemment cette tendance à vouloir spécialiser, cantonner, ségréger, légitimer à travers « l’expertise » supposée un discours, une pensée, une idée, une utopie etc..quyi pose problème ?
Cette crise n’est-elle pas également le synonyme de l’échec de tous les experts en tout genre…(et des anti-vulgate de comptoir ?)
Quand il y’a le feu, il faut d’abord éviter qu’il ne se propage et puis l’éteindre (dans ce cas, qui peut reprocher à Loïc d’aider les particuliers à sauver ce qui peut encore l’être ?).
Pourquoi se cantonner à un débat toujours « classique » du type « plus d’état/moins d’état », « libéral/anti-libéral ». Ce dualisme récurrent n’est il pas l’ennemi des autres formes de pensée qui émergent et qui visent à replacer l’Environnement et l’Homme au coeur de l’économie ?
Le pragmatisme est tout aussi une forme de politique – qui peut s’avèrer salutaire
» Le monde est iniquité, si tu l’acceptes, tu es complice ; si tu le changes, tu es bourreau… »
Loïc Abadie a une analyse technique de la crise qui semble excellente. Je lis ses billets sur son blog avec beaucoup d’intérêt, pour la pertinence de ses propos. Mais aujourd’hui, il apparait comme un vrai politique, comme le relève Alain ; je le considère même comme un expert en ce domaine. Comme tout vrai politique, il assume pleinement ses opinions, ce qui est tout à son honneur ; il renvoie vers deux sites assez confidentiels mais révélateurs :
– Alternative libérale, parti politique libéral « authentique », dont les propositions sont radicales : impôt proportionnel à 18% pour tous, état minimal, fin du SMIC, basculement des cotisations sociales vers un salaire « complet » (à charge au salarié de s’organiser pour payer sa santé et préparer sa retraite), revenu d’existence de 500 euros pour tous à partir de 18 ans, qui remplace TOUTES les aides sociales. Tout est à l’avenant, allez voir c’est monstrueux. (www.alternative-liberale.fr)
– unmondelibre.org, émanation française du CATO institute, think tank américain ultra libéral libertaire. Là encore, allez voir… (www.cato.org)
Je souligne ces liens, afin qu’il n’apparaisse plus comme un gentil père de famille qui pense à sa famille, comme un praticien les mains dans le cambouis, comme un altruiste qui fait gentiment partager ses connaissances, etc. Il est un idéologue convaincu de l’ultra libéralisme le plus extrémiste.
Je voudrais lui poser une dernière question :
Vous conseillez d’être positionné en cash pour traverser ce début de crise. Supposez que, plutôt que chercher ou attendre une solution collective à la crise, tout le monde suive votre conseil. Supposez que chacun suive son intérêt personnel et vende tout pour se mettre en cash. Que se passe-t-il alors ?
Si vous me permettez de m’exprimer moi aussi qui ne fait le plus souvent que vous lire, il est passionnant ce débat entre pro-Loïc et anti-Loïc qui dépasse évidement sa propre personne et son propre blog.
Moi aussi je lis son blog tout comme celui-ci, malgré le fait que je n’ai jamais eu un seul euro à la bourse. Et comme d’autres je le trouve sérieux, intelligent et pratique pour ceux qui, eux, ils ont des sous dans le lieu le plus maudit ces jours-ci.
En plus j’ai une fille, qui n’est pas trop loin de l’âge de Loïc, que j’ai poussé à faire de bonnes études et comme elle était douée elle les a fait.
Alors l’impression que j’ai est celle d’une discussion/confrontation entre des parents soixanthuit-ards et leurs enfants, dans laquelle les parents reprochent à leurs enfants d’avoir trop bien réussi dans un monde qu’ils leurs ont créé de toute pièce et sans beaucoup de réflexion.
C’est un peu comme les larmes d’un Greenspan qui après avoir ruiné ses enfants chéris en leur offrant trop de fête et Père Noël d’un coup, se met à prendre conscience que ce sont les mêmes enfants qui devront payer des cadeaux dont ils n’avaient pas forcément besoin.
Ce qui est dommage c’est que tant Hayek que Friedman soit morts dans la gloire de leurs ignominies et qu’ils n’aient pas ni à répondre ni à justifier les crimes qu’ils ont commis.
Loïc n’est que l’enfant de son époque et ses parents ne peuvent pas moralement lui reprocher de bien avoir appris ses leçons, d’être même un des meilleurs de sa génération. Et finalement c’est lui qui souffrira le plus, car le monde qu’il laissera à ses propres enfants sera bien plus dangeureux que celui dans lequel il a grandi.
Je pense qu’il le sait et qu’il est sincère quand il dit qu’il se protège comme il peut, il le fait dans le cadre et comme on le lui a enseigné.
emmanuel dit @ 10 novembre 2008 à 16:29
À peu près d’accord avec vous, on peu toutjours paufiner ici et là
Zak dit @ 10 novembre 2008 à 17:18
Pareil
Pour ma part j’insiste une fois de plus qu’il s’agit: pour conprendre la crise et l’enjamber avec le moins de dommages possible, de se rapprocher du TRAITEMENT MONÉTAIRE et ses techniques saines possibles.
À dessein ou pas c’est secondaire sur le plan qui devrait nous occuper, Marx et les libéraux sont passés complètement à côté du fond de la question monétaire, la principale entre toutes ici bas. Je crois bien qu’il en reste des traces difficiles à faire partir,les échanges ci-dessus en témoignent.
Le domaine monétaire risque de s’écrouler sur nous, une fois de plus, comme un barrage qui cède. Il y eu de grandes heures sur ce blog dans le débat sur la monnaie et son traitement. Débat qui fut un très riche point d’échanges (non « achevé » à ce jour). Cela pourrait revenir à l’ordre du jour sur le blog?
La monnaie, son mode de création, son droit, son traitement, ses obligations, ses devoirs, etc, ne sont pas, dans sa conception, du domaine politique qui est un autre débat. La monnaie relève du domaine ORGANIQUE. Le traitement monétaire technique sain, reflet réel du monde économique si ce dernier parvenait à avoir force de loi (comme l’ont les lois physiques ni plus ni moins) résoudrait un nombre de problèmes décisifs vraiment importants, dont il est d’ailleurs quasi impossible de faire un inventaire détaillé à ce jour. Mais nous aurions très vite compris, les compétents, comme les non compétents, car nous sommes tous impliqué à un degré ou à un autre. Mais, mais c’est plus qu’un péché, c’est une faute! que les producteurs de tous les biens et services ne puissent maîtriser ni contrôler ce seul bien qu’ils ne fabriquent as: la monnaie. Notre monnaie que nous laissons stupidement créer et gérer par d’autres qui ainsi se gobergent et sapent régulièrement la société entière avec toutes les conséquences que je n’ai pas besoin de vous décrire.
Des noms (je cite dans le désordre) tels que Maurice Allais, Silvio Gesell, André Jacques Holbecq, Louis Even, le major Douglas, Paul Jorion, Étienne Chouard, et d’AUTRES bien sûr qui ne me viennent pas à l’esprit à l’instant, ont effectués un travail d’investigation et des propositions d’une qualité exceptionnelle. C’est ceux-là qu’il faut apprendre, expérimenter et pratiquer, même à la petite échelle.
Abadie : Les antilibéraux (nouveau nom que se donnent les marxistes, il faut appeler un chat un chat), mais Abadie, qu’avez vous donc contre les chats ??
J’ ai de nombreux amis très a gauche politiquement, nos conversations sont enflammées, et parfois la passion fait dire des choses que l’ on ne pense pas vraiment.
D’ un coté comme de l’ autre, ce que nous disons, se fait « en confiance, et entre nous », et nous connaissant depuis l’ adolescence, nous savons qu ‘il faut relativiser ce que nous disons, car nous ne voulons pas nous brouiller pour nos idées, aussi passionnées soit elles.
Parfois, au bout de quelques semaines, au détour d’ une conversation anodine, je concède que j’ avais tord, ou ils concèdent qu ‘ils étaient allés trop loin dans leurs idées (très a gauche).
Qu’ est ce que relativiser les choses ? Est ce a dire que nous jouons ? que nous ne sommes pas vraiment concernés ? que nous ne souffrons pas ?
Verrions nous les choses autrement si nous étions (ou revenions, car nous y étions) en grande détresse sociale ? Ne serions nous pas moins aptes a concéder, à reculer, à exagérer ?
C’ est le risque de se dévoiler ainsi publiquement : on est lu par tout le monde, y compris des gens qui souffrent authentiquement, et qui sont prompts à s’ emporter, sans prendre le recul nécessaire pour comprendre ce fragment de vérité qui existe toujours dans le point de vue différent d’ un inconnu qui pourrait être cet ami dont on sait tout, et a qui on pardonne beaucoup.
Quand j ‘assiste a un comportement agressif, égoïste, injuste, j’ essaie toujours d’ imaginer que celui qui est en face de moi était un enfant…avant.
Cela oblige à se demander pourquoi il est ainsi, et aide à prendre du recul, pour découvrir le fragment de vérité caché derrière ce comportement.
Un des reproches que l’ on peut faire à certaines belles âmes de gauche, c’ est la facilité avec laquelle elles croient porter, « l’ avis du peuple ». Ainsi elles (ou ils) decident que les theses de Loic ne sont pas ou peu partagées sur le Blog de Paul.
Ils décident qu ‘untel est dangereux.
Ils savent eux, ce qu ‘il faut faire pour un monde meilleur. Il ne faudrait pas les déranger dans cette entreprise « d’ experts ».
Ils savent eux ce que le bon père de famille ne doit pas faire (ventre tout « les machins », et se procurer du cash en déflation, avant de passer à du physique en période d’ inflation), car ce serait mal…
Ils sont les garants de la morale, face aux « boursicoteurs », sobriquet dont ils affublent…un enfant, qui a sauvé bien des gens du peuple, lui ( en leur évitant de s’ endetter pour de l ‘ immobilier pourri, ou de l’ assurance vie bourrée d’ actions trop chères).
Ce que ces belles ames n’ ont pas compris, c’ est qu ‘ils préparent la société de « l’ aveu » (Film de Costa Gavras avec Yves Montand) et qu ‘il n’ est pas certain, qu ‘ils seront a la bonne place lors de l’ interrogatoire (penser aussi a Danton).
Ce qui est certain, c’est que les progrès de l’ informatique, de la physique (lire Le Cygne Noir de N. Taleb) permettent de savoir qu ‘on ne peut pas prévoir ce que telle ou telle action individuelle va donner comme résultat. Affirmer sans la moindre nuance qu ‘untel est dangereux au seul motif qu ‘il exprime ( sans violence et en justifiant ses propos) un point de vue différend du votre, c’ est faire preuve d’ un manque de connaissances pour un expert.
Ce blog permet encore de penser, de réfléchir, de comprendre qu ‘il existe une grande distance et une grande différence entre ce que nous voulons tous ( un monde meilleur) et la manière de le réaliser. Cette crise fait partie de cette distance a parcourir, elle marque peut être la fin de l’ argent tel que nous le percevons, étape probablement nécessaire a la survenue d’ un monde meilleur.
Limiter la casse semble être le seul objectif auquel je souscrive totalement, et il apparaît que Loic donne des solutions pratiques, concrètes et accessibles au plus grand nombre pour approcher cela.
Rumbo écrit:
Des noms (je cite dans le désordre) tels que Maurice Allais, Silvio Gesell, André Jacques Holbecq, Louis Even, le major Douglas, Paul Jorion, Étienne Chouard, et d’AUTRES bien sûr qui ne me viennent pas à l’esprit à l’instant, ont effectués un travail d’investigation et des propositions d’une qualité exceptionnelle. C’est ceux-là qu’il faut apprendre, expérimenter et pratiquer, même à la petite échelle.
Bien, je suis tout à fait d’accord avec vous. Mais les intéréssés que vous citez pourraient ils nous fournir leurs expérimentation, leurs résultats et autres applications pratiques mises en oeuvre ??? C’est bien la ou le bât blesse. Car tous nous portons tel l’âne la charge de ces miriades d’investigations et de propositions qui sont mises en oeuvre sur l’ensemble des peuples pour le malheur de tous. Sans ces expérimentation, leurs résultats et autres applications pratiques mises en oeuvre, même si je suis de tout coeur avec eux, je ne leur apporterais jamais mon soutien ni ma voix. Ce serait une charge de plus pour l’âne qui n’en peut plus. Et l’on comprendra aisément qu’un Loïc préfère tenter de se sauver lui-même. Car ces miriades d’investigations et de propositions ne sont pas plus légitimes que les différents modèles politiques qui nous affligent depuis des lustres. Faute de leurs expérimentation, leurs résultats et autres applications pratiques mises en oeuvre.
Tout à fait d’accord avec tigue.
Loïc Abadie est venu sur ce blog, où il était fortement mis en cause , pour expliquer sa position et défendre ses idées.
C’est tout à son honneur.
Ce n’est pas un sectaire, c’est un libéral et je le crois un authentique démocrate.
La richesse de ce blog, outre le talent et la valeur de son animateur, est de permettre la confrontation des points de vue.
Le lecteur lamda est ravi de pouvoir se faire sa propre religion en soupesant les arguments des uns et des autres.
S’il n’y a qu’un son de cloche, on tombe dans la pensée unique et ce n’est jamais bon.
Evitons l’ostracisme et le dénigrement.
@ Scaringella
Nous discutons ici surtout de macro-économie. Si je vous suis bien il s’agirait de raisonner sur des choses que l’on pourrait objectiver complètement de façon à les expérimenter. L’économie est tout à la fois une science phyisque et humaine. Or l’expérimentation d’une réalité non objectivable en totalité n’est plus une expérience mais déjà une manipulation de la réalité.
Cela n’a pas de sens de vouloir que les propositions des personnes que vous citées soient préalablement expérimentées. Cela supposerait qu’ils aient la possibilité de manipuler la totalité du réel economique et social. Or c’est rigoureusement impossible, sauf à accorder à ces personnes des pouvoirs qu’ils n’ont pas. La science économique raisonne sur des données quantifiables mais ses définitions opératoires résultent de choix. Derrière les divers conceptions de l’économie il y a des valeurs.
D’ailleurs une grande part du débat au sein de la science écnomique concerne la nature de la valeur. Qu’est-ce qu’un prix, qu’est-ce qui dans une économie définit la valeur. Qu’est-ce que la richesse ? Ces choses ne sont pas de l’ordre du démontrable, mais sont des présupposés à partir desquels sont faits des raisonnements.
A défaut d’expérimentation du type de celle des « sciences dures », il y a des conjectures, des enseignement tirés de l’histoire économique. Et surtout des analyses multifactorielles. Une science économique décrit une réalité économique, mais cette description comporte toujours un aspect programmatique. La théorie fait la pratique, et la pratiq
Comme vous le dites vous-même, aucune science économique ne peut se prévaloir dans l’absolu d’être plus légitime que les autres. Mais c’est heureux, car sinon cela signifierait qu’à tout problème humain il n’y a toujours qu’une solution envisageable.
Les politiques économiques engagent des choix éthiques, epistémologiques, politiques. Et c’est bien pourquoi nous en discutons.
@scaringella
D’après un ancien commentaire de Rumbo, Douglas semblait avoir expérimenté sa théorie à des cas bien concrets.
Je ne connais pas le détail, ni l’étendu de son expérimentation.
Peut-être Rumbo, avez-vous d’avantage de précisions ?
D’autre part, je ne comprends pas très bien votre propos. Vous semblez critiquer les ‘idées théoriques’ car celles-ci n’ont pas été testées (ce qui se défend), puis vous les mettez sur le même plan que celles qui ont elles, bien été testées, en leurs attribuant d’emblée les mêmes défauts. (‘Car ces miriades d’investigations et de propositions ne sont pas plus légitimes que les différents modèles politiques qui nous affligent depuis des lustres’).
La critique des modèles qui nous affligent depuis des lustres ne se fait pas uniquement par rapport au résultat observable (très réussi sur certains plans, désastreux sur d’autres). Mais aussi bien sur un plan théorique. Sur ce même plan théorique, on peut placer à égalité d’autres théories et discuter de leurs avantages en fonction de certains critères politiques choisis au préalables.
Je peux néanmoins comprendre votre inquiétude. Ainsi, je ne doute pas de la bonne volonté, ni de la certitude de participer à l’avènement d’un monde meilleur de bons nombre de personnes qui se sont engagés dans la mise en place et la propagation du communisme sur la planète. Ce fut un véritable désastre. Et je pense que cela est encore bien gravé dans les consciences. D’ailleurs, Loïc considère d’emblée les anti-libéralistes comme des marxistes. Cela ne doit pas pour autant remettre en cause toute idée d’un autre fonctionnement de l’économie. C’est une faute de logique que de penser que parce qu’un système alternatif n’a pas réussit, alors aucun ne pourra fonctionner.
@ scaringella
je voudrais préciser que j’évoquais l’expérimentation de modèles systémiques, pas de certains aspects techniques, comme le micro-crédit par exemple, lequel a fait la preuve de sa viabilité. Un nouveau Bretton Woods par exemple est l’exemple type de mesure non susceptible d’être expérimentée. Il est décidé de le faire ou non, il n’y a pas d’autre choix possible. Mais cela n’enlève rien à son urgente nécessité, même si l’on ne peut prédire de façon certaine quel serait son efficacité, quels seraient tous ses effets induits.
L’UTERUS DE LA VIE – Benoit Perrin
scaringella dit :
10 novembre 2008 à 16:59
tigue dit :
9 novembre 2008 à 19:46
tigue dit egalement :
10 novembre 2008 à 19:31
Scaringella, tigue, je vous remercie d’avoir osé exprimé ces points de vue.
Car ce n’est évident pour personne de risquer, aussitot émis, de voir son point de vue caricaturé, ridiculisé, et meme de voir sa personne diffamée, surtout quand on n’a meme pas son Bac et le bagage intellectuel de nos maitres qui manipulent ici les beaux concepts comme des jongleurs et parfois, et souvent, déprécient et méprisent l’expression des sentiments de ceux qui osent les exprimer. Les sentiments de ceux pour qui la reflexion ne se situe pas seulement au dessus du cou, mais descend au coeur, au ventre, au sexe (ah quelle horreur !), et meme… jusqu’aux pieds !
Personnellement – et cela me vaut la condescendance de certains : les plus forts en parole, donc les plus craints par les plus timides, par les moins diplomés – je ne fais pas passer les idées, meme les miennes, avant les relations humaines. Je fais passer les relations humaines avant les idées. Et je ne me sens pas handicapé pour autant ! (rires…, ah non !)
Je me suis pris des volées de bois vert (et surtout : du mépris ) pour cette raison plusieurs fois depuis que je m’exprime ici, sur ce blog.
Les experiences humaines dont j’aurais aimé vous faire part, je n’ai pas pu les exprimer, je me suis senti « scié », car a chaque fois c’est la meme histoire : interrompu, comme sommé de se justifier, sommé, et avec quelle virulence, de « débattre » (oui, c’est leur dada !), sur le mode, sur le terrain, et avec les outils choisis par ceux qui les maitrisent, avec leur langage a eux et dans leur domaine de predilection, alors que je n’en étais qu’a l’introduction de mon propos, qui vise d’autres formes de vie et de pensees du monde, des formes inhabituelles, voire tout a fait inconnues a ceux-la meme qui m’interpellent et me somment de reintegrer la maison, la leur, celle dont ils connaisent les pieces et les etages, la plomberie et le chauffage, et qui savent par avance ou ils vont me ranger. Dans quel tiroir ils vont me placer, celui ou ils m’ont deja place, dès mes premieres phrases.
Alors… libre ou asservi ? Clin d’oeil au billet du jour de Paul.
Je commencais a désesperer du Blog de Paul, mais je vois avec bonheur que je ne suis pas si seul que j’ai pu le croire ces tous derniers jours. Je remercie Zag, novy et les autres.
Et puis un merci a toi, Loic, d’avoir fait un saut jusqu’ici, malgre le temps que tu passes sur le terrain a des actes humains concrets. Je sais ou tu mets ta priorité.
Benoit.
L’UTERUS DE LA VIE… 11 nov. 08