Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Fayard a été extrêmement rapide. J’ai déposé le manuscrit de La crise le 30 septembre. Le bon-à-tirer était signé le 6 octobre, l’ouvrage commençait à être livré aux libraires le 20 et il sera officiellement en vente lundi, le 3 novembre.
Si vous achetez un exemplaire lundi ou les jours qui suivent, vous avez droit à une première édition, premier tirage, qui fera peut–être la fortune d’un de vos petits-enfants mais vous achetez un livre qui se trouve entreposé depuis deux semaines chez un libraire. Et Dieu sait s’il se passe beaucoup de choses ces jours-ci en quinze jours !
Si un second tirage est rapidement nécessaire (ce qui arrangerait bien mes affaires !), pourquoi ne pas mettre le livre à jour à l’occasion de ce retirage ? Eh bien, rassurez-vous, c’est prévu. Il est bien sûr trop lourd de modifier tout l’ouvrage, mais j’ai rédigé un appendice qui propose un sommaire des nouveaux développements depuis le dépôt du manuscrit. Et comme il s’est écoulé exactement un mois, je l’ai intitulé Octobre 2008 : un mois de gros temps.
Si vous voulez que votre exemplaire le contienne à tout prix, vous pouvez attendre le retirage. Bien sûr on sera peut–être alors en décembre…
Alors voici ce que j’ai décidé de faire : achetez le livre en confiance lundi car la mise à jour du deuxième tirage éventuel a été reproduite ici, à la suite de cette introduction qui vous a conduit dans les coulisses du monde mystérieux de l’édition !
Octobre 2008 : un mois de gros temps
Le mois d’octobre 2008 n’aura pas modifié la donne de la crise. Quelques signes positifs, telle une maigre reprise de l’immobilier résidentiel américain due au prix défiant toute concurrence des logements saisis et remis sur le marché, ou une baisse relative des taux interbancaires (encore très loin cependant de leur niveau de la première moitié du mois de septembre), ne seront pas parvenus à compenser les indices qui signalaient au contraire une aggravation de la situation, en Europe d’abord, où l’Islande et la Hongrie en particulier se retrouvèrent au sein de la tourmente, et en Asie où les yeux se tournèrent vers le Pakistan faisant face à une crise de solvabilité majeure.
Le plan Paulson de 700 milliards de dollars fut voté par les représentants du peuple américain : le 1er octobre par le Sénat, et le 3 par le Congrès, après qu’ait été ajoutée au texte de la loi une série affligeante de mesures visant à satisfaire les intérêts particuliers des parlementaires les plus hésitants. Après quelques tergiversations, une formule fut mise au point, centrée sur une prise de participation significative de l’État fédéral dans les neuf principaux établissements financiers américains : à hauteur de 25 milliards pour Bank of America, J.P. Morgan Chase, Citigroup et Wells Fargo, et de 10 milliards de dollars pour Goldman Sachs et Morgan Stanley, investissement assorti d’un code de bonne conduite de la part des institutions renflouées : dividendes gelés, fonds avancés au taux de 5 % mais passant à 9 % si l’on tardait trop à les rembourser, rémunérations des patrons sous haute surveillance avec dés-incitation fiscale pour les entreprises de leur accorder davantage, la fin des parachutes dorés, enfin, des warrants permettant à l’Etat d’augmenter sa mise à l’avenir si nécessaire.
La plupart des pays emboitèrent le pas aux États–Unis, adoptant des mesures similaires. On observa tout au cours du mois qu’en matière de nationalisation du système financier, le pays qui frappait le plus vite et le plus fort déterminait le niveau sur lequel les autres étaient alors obligés de s’aligner : quand l’Irlande garantit tous les dépôts à vue, l’Angleterre dut suivre sous peine de voir toutes ses banques siphonnées aussitôt vers l’Irlande, mais pour ce faire elle fut forcée d’aller plus loin dans la nationalisation que n’importe qui d’autre, fixant automatiquement la nouvelle norme pour ceux qui ne voulaient pas être laissés pour compte dans le nouveau paysage de la compétitivité. Ce fut le cas des États–Unis qui appliquèrent le plan Paulson dans la perspective britannique de prise de participation dans les banques, pour l’Allemagne qui avait pourtant juré ses grands dieux la semaine précédente qu’il n’en serait rien, pour le Benelux, que le sauvetage de justesse des banques Fortis et Dexia avait déjà conduit sur cette voie, pour l’Espagne qui s’aligna sur la formule britannique, et bien entendu également pour la France qui créa elle aussi un fonds d’aide d’urgence à ses banques.
On put suivre le progrès de la prise de conscience du « tsunami » tout au long du mois : moins le système financier d’une nation était sophistiqué, plus l’éveil avait été retardé. L’ordre dans lequel cette prise de conscience avait lieu était bien sûr purement anecdotique. Dans les derniers jours du mois, c’était l’Europe Centrale tout entière qui s’éveillait à la crise. La Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International, la Banque Populaire de Chine, intervenaient à une très vaste échelle pour distribuer des fonds là où leur intervention se révélait la plus urgente.
Quand le premier ministre britannique, Mr. Gordon Brown, mit en œuvre son plan de nationalisation du secteur bancaire, une rumeur courut qu’il lui avait été soufflé par l’ancien président de la Federal Reserve, Alan Greenspan, pourtant autrefois chef d’une croisade en faveur du laisser-faire sur les marchés financiers. L’un des événements qui firent sensation au mois d’octobre, et qui marqua sans doute un tournant dans l’histoire de l’ultralibéralisme, fut la déposition d’Alan Greenspan devant une commission houleuse du Congrès américain qui le mit en accusation, l’interrompant à plusieurs reprises et avec brutalité. Désarçonné, celui-ci confessa les doutes qui l’assaillaient désormais quant à l’autorégulation des marchés financiers : « Oui, j’ai découvert une erreur », concéda celui qui avait été longtemps le chef de file du « libertarisme ». En cause essentiellement selon lui, une surprenante incapacité du milieu des affaires à poursuivre la recherche de son intérêt bien compris et qui aurait dû l’encourager à la modération et à se policer lui-même. Depuis le début de la crise en effet, la « main invisible » ne s’était manifestée à aucun moment et les effets de la cupidité individuelle s’étaient simplement additionnés. L’ancien président de la Fed avait eu le tort d’accorder une foi absolue à la science économique de son temps, celle qui avait été produite durant soixante années sous la houlette du monde financier lui-même. La confession d’Alan Greenspan faisait découvrir au monde consterné la naïveté de celui qui avait été à la tête de la finance internationale pendant prés de vingt ans (1987 – 2006). Les réactions de la presse trahissaient un frisson d’effroi rétrospectif.
Les sommes considérables injectées dans la recapitalisation des banques et dont le public avait eu initialement le sentiment qu’elles étaient davantage destinées à sauver les banquiers plutôt que la finance elles-mêmes, seront-elles bien utilisées ? On pouvait en douter à l’annonce des premières nouvelles relatives à l’usage qui en serait fait : les banques américaines annonçaient leur intention de transmettre une partie des milliards reçus en dividendes, d’en consacrer une autre partie à des augmentations de salaires, une autre encore à racheter leurs concurrentes moins chanceuses et qu’elles utilisaient une portion de l’argent reçu à faire du lobbying visant à l’annulation des mesures gouvernementales de semi-nationalisation.
Les bourses connurent durant ce mois d’octobre qui fut le plus chahuté de leur histoire, de grands mouvements désordonnés propres aux périodes de krach, où les intervenants déboussolés, ne sachant à quel saint se vouer, vendent en catastrophe un beau jour, pour se racheter avec enthousiasme dès le lendemain, les prix bradés de la veille constituant une aubaine à ne pas rater. Au 31 octobre, le CAC 40 avait perdu depuis le début de l’année, 37,9 %, et 13,6 % durant le seul mois d’octobre ; le Dow Jones, l’indice de la banque de New York, respectivement 29,7 % et 14 %, et le Nikkei japonais, 44 % et 23,8 %.
La volatilité extraordinaire des bourses et des marchés des matières premières se révéla sans pitié pour les intervenants les plus exposés. Sur les marchés à somme nulle comme les marchés à terme, où ce que l’un perd, l’autre gagne, le nombre des intervenants se réduisait, les grands mouvements en sens opposés balayant ceux qui commettaient des erreurs d’appréciation et qui se trouvaient du coup éliminés, tandis que les grosses fortunes se concentraient alors entre quelques mains. A la bourse, le marché baissait tant que les pertes globales compensaient l’effet de cette concentration, même pour les vainqueurs.
Les hedge funds, les fonds d’investissement spéculatifs continuèrent de liquider leurs positions pour répondre aux retraits de leurs clients. Il semblait en fin de mois qu’ils avaient survécu à ce qui aurait pu être pour eux une épreuve décisive : le débouclage le 21 octobre des Credit–Default Swaps (CDS) portant sur Lehman Brothers dont la banqueroute avait été déclarée le 15 septembre. Rien ne les obligeait cependant à révéler leurs difficultés avant la publication trimestrielle de leur bilan et l’ampleur du désastre apparaîtrait peut–être ultérieurement.
Les devises s’effondrèrent dans un bel ensemble en raison de la récession mondiale qui les engouffrait toutes. Les tensions entre elles étaient simplement dues au fait que certaines chutaient plus vite que d’autres. Mr. Sarkozy ayant pris très au sérieux la présidence française de l’Union Européenne, proposa avec panache, un nouveau Bretton Woods. Les pays asiatiques lui emboitèrent le pas. Une réunion au sommet consacrée aux monnaies avait en effet eu lieu en 1944 à Bretton Woods dans le New Hampshire, réunissant les grandes puissances de l’époque. Il y avait été décidé d’ancrer l’ensemble des devises au dollar, lié lui à l’or par une parité fixe ; l’accord deviendrait caduc en 1971 quand le président Nixon résilierait cette parité du dollar et de l’or, sans consultation préalables de ses partenaires.
On attendit vainement en octobre de nouvelles initiatives en faveur des bénéficiaires de prêts hypothécaires en difficulté. L’immobilier américain avait été à l’origine de la crise, celle-ci s’étant déclarée dans le secteur du prêt hypothécaire subprime qui avait alors entraîné la finance dans sa chute. Le moyen le plus sûr d’endiguer la catastrophe consistait donc à arrêter l’hémorragie de l’immobilier résidentiel américain. Ce qui s’opposait toutefois à un dépannage massif des emprunteurs était que le prix des logements n’avait pas encore atteint dans sa chute, son niveau historique moyen : il avait baissé d’environ 16 % depuis son pic et il lui restait la moitié du chemin à parcourir. L’Etat américain n’avait donc aucun intérêt à geler la situation à un niveau de prix qui demeurait encore spéculatif. Un plan de refinancement de l’ensemble des prêts hypothécaires par un organisme d’Etat – très similaire à la Home Owners Loan Corporation, instaurée en 1933 comme un élément-clé du New Deal rooseveltien – était probablement prêt à l’emploi mais on attendait pour l’activer que le prix de l’immobilier soit retombé à un niveau tel que l’accès à la propriété de son habitation redevienne un objectif réalisable pour les ménages. La mise en place d’un tel dispositif devrait être instantanée et bénéficier d’un effet de surprise, sans quoi certains emprunteurs tenteraient d’en tirer parti en interrompant le versement de leurs traites de manière anticipée. Pour que le prix de l’immobilier continue de baisser en fonction de l’offre et de la demande, il fallait que le marché du logement fonctionne selon les anciennes règles aussi longtemps que possible. S’ajoutait certainement à ceci le fait qu’un nouveau New Deal rooseveltien aurait bien davantage de crédibilité s’il était signé Barack Obama, voire même John McCain, que George W. Bush.
On apprenait enfin en octobre que la production mondiale de blé diminuerait d’environ 4,4 % en 2009 en raison du tarissement des crédits permettant l’achat d’engrais par les agriculteurs. Pour les plus petits fermiers et ceci à l’échelle mondiale, le crédit avait d’ailleurs cessé d’exister. On prévoyait qu’au Brésil, la récolte de maïs pourrait diminuer de 20 % pour cette même raison. Il était d’usage dans ce pays que les gros acheteurs américains avancent environ la moitié des fonds nécessaires à la nouvelle récolte, la future moisson servant de collatéral. Or, ils avaient cessé de le faire. En Russie le taux d’intérêt des crédits accordés aux fermiers atteignait parfois 20 %. Une famine mondiale se dessinait à l’horizon.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
40 réponses à “Octobre 2008 : un mois de gros temps”
CamiFrance.
Ironie de l’histoire française, la Camif spécialisée initialement dans la vente par correspondance a été tuée par des sédentaires qui multiplièrent les magasins en dur à l’époque de la dématérialisation des échanges et surtout du nouveau bon en avant de la vente par correspondance via le net.
C’est toute la France qui risque d’être emportée de cette manière. Des industries, des comportements et des moeurs totalement inadaptées à la nouvelle donne mondiale.
Super ! J’ai acheté le livre avant-hier. Captivant.
Pour ma part, dès le 3 novembre j’acheterai votre livre. Je ferai ensuite l’acquisition des mises à jour ou éditions nouvelles. J’offrirai aux amis avec lesquels j’ai discuté de cette crise en vous attribuant la paternités de mes convitions et encouragé à vous lire’un exemplaire de votre ouvrage. J’admire vos analyses et le courage qui aura été le votre d’annoncer si tôt ce qui allait se produire. Je me félicite d’y avoir cru. Je regrette de vous connaître depuis si peu de temps (janvier 2008 lors de votre passage sur France Culture).
Je souhaite beaucoup de succès à ce livre . Qu’il puisse se traduire au moins par deux choses :
a- des droits d’auteurs
b- la confirmation qu’aujoursd’hui des personnes hurlent avec les loups et au loup sans avoir rien vu venir alors que des analystes avaient décelé bien en amont cette crise majeure.
Peu importe en réalité bien sûr mais tout de même. Et que cela au moins apporte de l’eau au moulin de cette constitution.
Obamamania dans la France qui a installé la ségrégation raciale et territoriale avec émeutes récurrentes à la clef. La France des radars omniprésents mais également de la volonté de traquer toutes les activités internet avec la loi Hadopi. La France de l’enseignement et de la santé publiques à mille vitesses où mieux vaut avoir un gros chéquier… La France qui vient de flinguer la carrière de Rachida Dati, uniquement en raison de ses origines. Egalement la France de l’hyper égoïsme où en pleine débacle économique et financière tous les fonctionnaires ou assimilés se donnent rendez vous pour faire grève. Pauvre Obama soutenu par les américains les plus riches, si les français savaient….
Ca aussi on pourrait en faire un livre….
Rachida Dati s’est flinguée toute seule, cela n’a rien à voir avec ses origines..La droite l’a utilisée pour justifier son idéologie : Pourquoi redistribuer les richesses ou assurer l’égalité des chances ? Dati était la preuve vivante que même en étant d’origine modeste et étrangère , il est possible de réussir. Bref, elle était l’alibi parfait…Par contre je vous rejoins concernant le racisme français. Guerre d’Algérie, octobre 1961, émeutes de 2005 ( réponse : couvre-feux et loi d’exception), Sarko élu en siphonant 10 % au FN avec le même discours…
la fnac m’a informée hier que le livre est parti; Livraison dans l’île de Moorea… dans quelques jours; j’aurai donc lu la pmise à jour avant le principal.
merci
Test pour les pages non actualisées
Test n’apparait pas dans commentaires récents
Excusez mes interventions intempestives.Il faut effectivement faire CTRL + F5 pour résoudre le problème.
Ce que je n’arrive définitivement pas à comprendre c’est que tous le monde connait les responsables et les causes de ce désastre socio-économique (y compris l’ensemble des journalistes et des hommes politiques) mais que dans le même temps, on a l’étrange impression que les acteurs et les causes de cette catastrophe continue d’oeuvrer comme si de rien était.
Il semble en être de même de tous les citoyens qui assistent à ce spectacle comme si il s’agissait d’un film catastrophe dans une salle de cinéma.
Comme une sorte de sidération passive de l’organisme terrassé par un cancer implacable.
Drôle d’ambiance…
C’est essentiellement révélateur d’un fait : que les citoyens se rendent comptent de la situation mais sont impuissants pour agir individuellement ou en groupe, car ils se sont laissés confisquer le pouvoir (c’est-à-dire la démocratie) par les politiques, qui eux, ne veulent pas agir car ils sont totalement les débiteurs des financiers. Quant aux journalistes, ils sont la propriété des mêmes financiers et défendent donc le pouvoir en place, notamment en gardant le silence sur les options possibles.
Pour que les citoyens réagissent en descendant dans la rue pour reprendre le pouvoir et activer les options disponibles, il faudrait soit :
– que le système s’effondre au-delà du supportable, mais les politiques font tout pour l’éviter, en piquant dans la poche des citoyens et en leur mentant,
– que les citoyens décident d’agir, mais le pouvoir les a tellement déresponsabilisés et endormis que c’est pas demain la veille.
Quant aux citoyens vigilants qui suivent les blogs tels que celui-ci, auront-ils assez de poids pour réveiller les autres de leur torpeur ?
Vous terminez votre appendice en annonçant une famine à l’horizon 2009 après avoir indiqué au passage que la recapitalisation des banques servirait à distribuer des dividendes, faire du lobbying et autre joyeusetés.
Quelle incurie politique ! c’était le moment où jamais pour exiger de sérieuses contreparties de la part des banques, mais non,
le court-termisme a encore prévalu. Les spéculateurs peuvent encore miser sur la raréfaction des denrées alimentaires pour faire leurs criminels profits. Ce n’est pas seulement le néo-libéralisme qui est en cause, mais l’idée même que la somme des intérêts individuels puisse faire la richesse de tous qui est sujette à caution. La doctrine libérale en tant que telle a du plomb dans l’aile. Le libéralisme économique s’est toujours servi du libéralisme politique pour servir ses intérêts privatifs. Le libéralisme politique connaît donc aussi ses limites. Il s’agit bien du crise anthropologique. Un changement de paradigme s’impose.
IL faudra plus qu’une simple récession pour refonder les bases du capitalisme. Je rejoins les conclusions de Candide.
Attendons ce qu’il sortira du G20, mais sans illusions.
Candide @ :
2 novembre 2008 à 00:11
Rien à rajouter.
Simplement toutes les fois que c’est possible, mettre sur pied une ou des monnaies locales aux frais minimum et absentes d’intérêts. Ce sera à la fois un ban d’essai et de perfectionnement, une pédagogie dynamique irremplaçable pour les populations ainsi devenues apprentis créateurs et contrôleurs de leur propre monnaie. Fini les milieux ultra fermés où on gouverne sa propre richesse en achetant l’attitude « bienveillante » des politiques et les médias, etc .L’ignorance crasse au sujet de l’argent constatée de partout est la – meilleure garantie – d’un sytème financier faux, voleur, et même tueur. C’est un scandale d’autant plus incroyable que les gens ne font même pas le lien entre le traitement de l’argent et leur sort dans un monde d’abondance, quelque soit, par ailleurs, le devenir de ce monde-là.
Et bien sûr en restant conscient de la différence abyssale entre les zones riches et les zones pauvres de ce même monde.
Mais, j’en suis témoin, direct et indirect: Suisse, Canada, Mexique, Colombie, Équateur, Madagascar, Philippines, et, en d’autres endroits du monde, car c’est documenté, des réactions saines, bien qu’en augmentation encore bien trop marginales, se font jour pour ne plus se faire rouler avec la bénédiction de la « loi » par le sytème financier, plus le fisc, ses cambriolages et ses rançons pour un puits sans fond.
Je ne mange ni blé, ni maïs. Seulement du riz.
Mais à la lecture de votre dernier paragraphe, Paul, je saisis ce que vous avez voulu dire par « j’ai peur que mes enfants crèvent de faim ». Si la crise dégénère en des credit crunches qui s’abattent sur le secteur agricole, nous avons effectivement du souci à nous faire, et je n’imaginais pas à vrai dire qu’une telle situation fût possible.
Après, dans un premier temps nous pouvons aussi essayer de diminuer le gaspillage de nourriture. Des céréales plus chères nous y inciteront peut-être.
@ Rumbo
Les pistes monétaires que vous tracez sur ce blog avec la complicité bienveillante de Paul Jorion sont un réel espoir. Le message que vous essayer, jour après jour, doit être entendu, et suivi d’effet ! Votre idée n’est-elle pas qu’une sorte d’économie parallèle pourrait un jour supplanter l’économie actuelle ? Votre exemple concernant la mise en place d’une monnaie via internet en Suisse est très convainquant. De votre intiative, vos idées, aoutéees à beaucoup d’initiatives du même genre, petit à petit un nouveau monde pourrait émerger. Il faut en effet, comme au go chinois, agir sur tous les fronts, globaux, politiques, institutionnels, locaux, techniques.
L’ancien système finira bien par être encerclé et défait.
Je vous trouve bien indulgent avec messieurs Paulson et Sarkozy : de l’un vous vantez par ricochet (en traitant de clientélistes les amendements qui y ont été apportés) le plan dont vous dites vous même que les fonds seront utilisés de manière totalement détournée de leur but iniital. Ce plan Paulson va bien s’appuyer sur l’argent de ces mêmes contribuables que l’on a escroqué avec les subprimes, non (et que certains représentants tâchaient de protéger) ? Pour Sarkozy, ses menaces envers les banques peu prêteuses ne sont pas prises au sérieux et prennent un tour carnavalesque (publication par les préfets des manquements des agences bancaires dans les médias locaux…Cela a-t-il l’air sérieux ?). Accordons lui le bénéfice du doute : il n’en reste pas moins qu’il applique la même politique de l’avant krach : libéralisme à tout crin, peu d’argent pour la Recherche, on rogne les salaires de manière détournée (conversion d’une partie du salaire des fonctionnaires en primes au mérite etc.) : cela ne va-t-il pas dns le même sens que ce qui a mené aux subprimes ? Peut être est-ce après tout ce qui sert de combustible à l’économie : l’assurance que l’on aura toujours des citoyens peu éduqués et pauvres qui tomberont dans le panneau d’une nouvelle ruée vers l’or…Cela pourrait prêter à sourire si comme aujourd’hui cela ne risquait pas de nous amener vers des bouleversements sociaux assez imprévisibles. Et aussi de faire reculer la compétitivité de nos pays en valeur absolue : de quels collégiens mal éduqués feront nous de bons scientifiques ? Aux Etats Unis, j’ai hâte de voir comment les universités vont se tirer du credit crunch : aucune info en France là-dessus alors que ce credit crunch entraîne déjà la paralysie du secteur automobile…
Bref je vous trouve un peu léger sur les ravages de l’ultralibéralisme.
@ Couac
La provocation, c’est très amusant, rions un peu, mais il faut que vous jouiez le jeu : l’adresse e-mail que vous me communiquez doit être exacte.
Je rappellerai à ce propos de démocratie confisquée, qu’actuellement l’ensemble des journalistes s’accordent à dire que le traité de Lisbonne a permis d’institutionnaliser l’ultralibéralisme en Europe.
Pour permettre à ce traité ultra libéral d’être appliqué, le président Sarkozy a modifier notre constitution française sans référendum citoyen.
Le résultat actuel: une Europe politique en miette et une Europe économique au bord du gouffre
.
Alors même que les Français avaient voté démocratiquement et massivement NON au traité constitutionnel européen
.
« Dimanche 29 mai 2005 lors du référendum sur le projet de traité constitutionnel européen, presque 55% des électeurs ont voté pour le « non », contre 45% pour le « oui » (estimations du ministère de l’intérieur). Le taux de participation a atteint près de 70%. »
Le traité de Lisbonne ultralibéral a brisé l’Europe fédérale, la seule forme politique qui soit gérable à l’échelle d’un continent.
Les politiciens auraient du écouter les citoyens en 2005.
@ TL
80% des protéo-oléagineux (ceréales, soja, maïs…) servent à nourrir les animaux pour que les riches (au niveau de la Planète, donc vous et moi) puissent mangent de la viande. Savez-vous aussi que pour produire un kilo de viande de boeuf il faut 16 tonnes d’eau (vous avez bien lu…). ? Donc, pour diminuer le vrai gaspillage alimentaire, de la viande plus chère serait le meilleur incitant, avec la promotion du végétarisme (limiter sa consommation et réserver la viande aux dimanches et jours de fête serait suffisant). Aïe, je viens de me faire des ennemis parmi les bouchers/charcutiers…
@Alain A
Ce chiffre de 80% ne me dit rien du tout… le seul chiffre qui pourrait m’interpeller serait celui qui me permettrait de savoir combien de personnes on pourrait nourrir en plus si plus personne ne mangeait de viande, ou si tous les terriens n’en mangeaient qu’une fois par semaine.
Quand à l’eau, de toute façon elle n’est pas transportable et elle revient de toute façon aux sols…
@ Paul Jorion.
Que pensez vous de cette analyse? Merci.
http://www.lesechos.fr/info/analyses/4791582-refonder-l-economie-mondiale.htm
OCTOBRE 2008 – GROS TEMPS SUR LES OCEANS ?
LA RECESSION S’ANNONCE… SEVERE !
Notre ami Loic Abadie fait un billet sur la chute du transport maritime.
What is the Baltic Dry Index ?
The Baltic Exchange’s Dry Freight Index was once termed, the “Best Economic Indicator You’ve Never Heard Of” by Daniel Gross. This index is closely by all Wall Street Insiders because it is a good indicator of economic growth and production. In a nutshell, the BDI reflects how much it costs to ship raw materials (like coal, iron ore, cement and soft commodities like grains and sugar) by sea. The level of this index is also impacted by fuel costs, fleet numbers and seasonality but if the index rises, it means that demand is generally strong causing other ports to be congested. Kathy Lien
http://www.kathylien.com/site/us-dollar/chiming-in-on-the-baltic-dry-index
http://tropicalbear.over-blog.com/article-24327890.html
L’ouvrage est diffusée avec une rapidité étonnante, mais est-ce que la crise économique existe pour la crise économique donnant plus de pouvoirs aux puissants cachés ou est-elle induite par des mœurs corrompus ayant détruit ce qui fut une société ? Les cafards nous ne les voyons que quand nous nous levons la nuit, ou encore les rats n’apparaissent que quand le bateau coule. En d’autres mots, la corruption apparait car il ne reste plus que ça, sinon en temps de démocratie, elle se noie dans la masse et devient invisible.
Cordialement
une évolution inquiétante:
Le coût de l’assurance contre un défaut des États-Unis a augmenté de 25 fois en un peu plus d’un an.
Des tendances similaires sont visibles sur les marchés des obligations d’État (au Royaume-Uni et en allemand).
http://www.nakedcapitalism.com/2008/11/cds-pricing-in-increasing-treasury.html
Pendant ce temps, en Europe:
La Hongrie a évité la banqueroute de l’Etat et par voie de conséquence une crise sociale de grande envergure grâce à l’aide des institutions financières internationales, a déclaré le Premier ministre hongrois, le socialiste Ferenc Gyurcsany.
http://fr.news.yahoo.com/2/20081101/tbs-la-hongrie-sauvee-de-la-banqueroute-f41e315.html
Paul,
J’ai acheté et lu votre excellent livre « La crise ».
Vous auriez été pris pris pour un fou s’il était sorti en 2006.
Une question concernant l’Espagne : Quelle est l’exposition des banques espagnoles sur les marchés de l’amérique latine?
@André-Jacques H
Une partie des cheptels mondiaux mangent encore de l’herbe ou autres plantes contenant de la cellulose. En effet, ces braves ruminants sont de merveilleuses machines biochimiques, les seules capables de dégrader avec un rendement énergétique excellent la cellulose grâce à leurs estomacs à 4 compartiments. Donc, on ne peut pas dire que l’on pourrait multiplier la production alimentaire par 5 si plus personne ne mangeait de viande. Mais je crois pouvoir dire que donner directement l’équivalent de l’alimentation animale aux humains doublerait le nombre de rations alimentaires.
Mais ce n’est pas sur ce blog anthropo-financier que je dois dire que ce sont là des projections très théoriques : ce qui compte ne sont pas les calories alimentaires brûlées par les organismes de ceux-ci (les humains) ou de ceux-là (les bestiaux) mais de savoirs quels sont les débouchés SOLVABLES pour ces céréales. Aujourd’hui les 900 millions de crève-la-faim humains ne sont pas solvables, au contraire des vaches, cochons et poulets des élevages intensifs hors-sol… Hé oui, notre monde est absurdement injuste.
Pour de qui est de l’eau, je pourrais vous en écrire des pages mais ne croyez pas que c’est la pluie du Bon Dieu qui fait pousser tous nos légumes : à ce jour, 40% des cultures sont des cultures irriguées (grâce à des systèmes plus ou moins coûteux – en argent, équivalent universel – qui vont chercher l’eau là où elle est concentrée : sources qui ne sont que de l’eau de pluie filtrée par les sols mais aussi énergivores stations de dessalement de l’eau de mer). Ici encore, des légumes ou du maïs sont solvables mais pas les 5 millions d’enfants qui meurent chaque année parce qu’ils boivent une eau polluée. Cela crie vengeance au ciel mais la société mondialisée s’habitue décidément avec beaucoup de brio aux situations les plus intolérables.
Je ne sais si ce résumé lapidaire vous aide à comprender pourquoi un écologue et militant écologiste se passionne pour la finance mondialisée, mais tout est dedans…
bonjour,
…..On apprenait enfin en octobre que la production mondiale de blé diminuerait d’environ 4,4 % en 2009 en raison du tarissement des crédits permettant l’achat d’engrais par les agriculteurs. Pour les plus petits fermiers et ceci à l’échelle mondiale, le crédit avait d’ailleurs cessé d’exister.
On prévoyait qu’au Brésil, la récolte de maïs pourrait diminuer de 20 % pour cette même raison. Il était d’usage dans ce pays que les gros acheteurs américains avancent environ la moitié des fonds nécessaires à la nouvelle récolte, la future moisson servant de collatéral. Or, ils avaient cessé de le faire. En Russie le taux d’intérêt des crédits accordés aux fermiers atteignait parfois 20 %.
Une famine mondiale se dessinait à l’horizon.
En Europe ,en France aussi les banques peuvent ou ont detruit le credit aux agriculteurs,
Restaurons leurs credits en retirant nos depots des banques pour financer l’activité agricole et notre approvisionnement;
C’est deja le cas dans beaucoup d’AMAP ou les societaires font l’avance sur les recoltes a venir…
Alain A
Je suis d’accord avec vous sur la solvabilité, mais pas lorsque vous écrivez d’une certaine manière que les coûts de traitement ou d’irrigation de l’eau (dans les pays riches) empêcheraient d’améliorer la qualité de l’eau dans les pays pauvres. La monnaie (l’argent) nécessaire n’est pas une denrée rare et limitée… rien n’empêche de produire la quantité dont nous avons besoin … mais comme vous le notez bien, ce n’est pas « rentable ».
Pour le reste, je ne veux pas trop sortir du cadre de ce blog et argumenter sur les effets du végétarisme sur la faim mondiale mais franchement, je ne pense pas que l’abstention de viande dans les pays riches puisse avoir un réel effet sur la distribution de céréales dans les pays pauvres (à Madagascar, la richesse est comptabilisée en propriété de têtes de zébus…) ou alors il faudrait considérer que, vraiment non, les pays pauvres sont dans l’incapacité de nourrir leur population, qui est donc en excédent… car il me semble indispensable que chaque zone géographique reste ‘relativement’ autonome au niveau alimentaire.
Je suis d’accord avec AJH en ce qui concerne la nécessité d’une « relative » autonomie en matière alimentaire, car dans l’avenir il conviendra d’économiser au maximum le carburant. Cette autonomie devrait donc permettre d’économiser sur le transport de denrées alimentaires.