Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Il me semble que poser la question : « La crise est-elle en train d’atteindre l’Europe de l’Est ? » c’est ne pas comprendre quelque chose de fondamental à la nature de la crise.
J’avais évoqué ce même type de problématique au début du mois dans La crise parviendra-t-elle à traverser l’Atlantique ? où je disais que ceux qui posent cette question imaginent la crise comme Gérard d’Aboville dans sa barque : « Y arrivera-t-il ? Y arrivera-t-il pas ? ».
Le système financier est atteint d’un cancer qui connaît des métastases de plus en plus nombreuses. Mais la crise est en réalité présente partout où il existe au moins une banque qui reçoit des dépôts et consent des prêts. C’est–à–dire évidemment, partout.
On peut bien sûr suivre le progrès de la prise de conscience de la crise et, effectivement, moins le système financier est sophistiqué localement, plus cela prend de temps. Mais l’ordre dans lequel cette prise de conscience a lieu est évidemment purement anecdotique.
La crise « n’atteint pas » en ce moment l’Europe de l’Est : l’Europe de l’Est « s’éveille à la crise ».
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
11 réponses à “L’Europe de l’Est et la crise”
en creusant en peu j’ai trouvé la réponse. Merci. Je pense que vous avez raison.
Le ted spread est bizarre : on dirait presque qu’un milliardaire s’amuse à faire des dessins avec la courbe…
Je crois que Paul fait référence dans son billet à des informations de l’article
de « L’Europe au bord de la crise monétaire », par Ambrose Evans-Pritchard qui est visible
ici : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2284 .
L’auteur de cet article semble mettre en évidence que c’est la zone Euro qui aura de gros problèmes et non le Royaume-Uni ou presque.
L’auteur ne semble pas etre un pro-Euro.
Pour que l’Europe de l’Est rentre en crise, il faudrait qu’elle ne le soit pas à l’origine … Extrait des fiches pays du Monde :
« La Bulgarie est le plus pauvre des 27 Etats membres de l’UE. Le salaire moyen officiel est de moins de 200 euros par mois, et l’endettement des ménages est en forte hausse. Il atteignait 153,5 millions d’euros en septembre, selon le quotidien Standart. Très affectés par les hausses des prix de l’énergie et de l’agroalimentaire, qui ont provoqué des pics d’inflation à plus de 12 % en juillet (en glissement annuel), les Bulgares sont descendus dans la rue en septembre pour réclamer des hausses de salaires et des pensions de retraite. »
Et récemment, on a même coupé les subventions européennes car elles étaient trop ponctionnées par les mafias locales après leurs autres activités devenues moins lucratives, privatisations sauvages du patrimoine industriel issu du communisme, puis construction sauvage d’hôtels sur la mer Noire pour blanchissement, et caetera.
Lorsque les règles du jeu économique sont ainsi faussées, je ne sais pas si on peut appliquer les mêmes analyses que celles pratiquées sur les économies traditionnelles.
La réunification des 2 Allemagne (Ouest et Est) a failli faire effondrer la RFA de l’époque alors l’intégration de tous les pays de l’Est en moins de 10 ans dans l’Europe en pleine période de délire financier promet une belle partie de plaisir.
Il n’y a pas que l’Europe de l’Est.
En distribuant à tort et à travers des fonds à toutes les banques, à toutes les entreprises, les Etats, l’Etat en France, renouvellent le principe des prêts aux insolvables. On est en train de fabriquer des « subprimes » puissance mille et ce sont cette fois çi les Etats qui dans leur ensemble finiront pour tous faire défaut. La seule richesse mondiale ne peut pas être exclusivement de la dette.
Le remède aura tué le malade.
La crise en Europe de l’Est est avant tout démographique, et elle ne commence pas à la frontière orientale de la république fédérale d’Allemagne, elle commence à l’ancienne limite qui séparait la république démocratique du reste des états allemands.
Il s’agit de la bombe P européenne, amorcée en octobre 1989 qui fait long feu depuis 2005.
Pour bien comprendre pourquoi les investisseurs n’auront plus intérêt dans très peu de temps à s’engager dans ces pays en commençant par la Hongrie il faut lire avec attention le document de l’INED suivant :
http://www.ined.fr/fichier/t_publication/465/publi_pdf1_pop_et_soc_francais_398.pdf
ainsi que les pages :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Démographie_de_la_Hongrie
voir en particulier la page 19 de
http://www.ined.fr/fichier/t_telechargement/14542/telechargement_fichier_fr_monnierf.pdf
et enfin la page suivante qui récapitule les naissances et les décès
http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/pays_developpes/population_naissances_deces/
Les pays qui sont passé en décroissance naturelle de population apparaissent clairement.
Ceux qui investissent à long terme aujourd’hui ne peuvent que laisser tomber la Hongrie d’abord, les pays similaires ensuite.
L’Allemagne en tout cas a intérêt à accueillir la population germanophe de ces pays, germanophe de langue maternelle ou par usage de l’Allemand en tant que langue véhiculaire.
La boîte de Pandore de l’Europe centrale se réouvre progressivement dans un mouvement qui s’accélère.
La garde hongroise attend son heure :
http://magyargarda.hu/
un commentaire sur le blog poussière d’empire
http://poussieresdempire.blogspot.com/2007_08_01_archive.html
Plus à l’est encore qu’en est-il de la Chine ?
Voir le dossier de l’INED
http://www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/fiches_actualite/la_chine/
la pyramide page 2 est très instructive
http://www.ined.fr/fichier/t_paragraphe/32715/paragraphe_img_1_fr_pyramide_chine.gif
on y voit très bien que le grand bon en avant (1958-1960) a eu un impact sur la natalité plus grand que la seconde guerre mondiale en Chine et partout dans le monde, en effet la zone gris-bleue correspond à l’année 2000.
D’autre part la politique de l’enfant unique place la Chine dans une situation de trapèze inversé.
L’économie ne peut exister dans les humains, leur existence en nombre suffisant est indispensable.
Mais la régulation des naissances est encore plus difficile que celle des marchés.
Un ASPIRATEUR de capitaux destiné à un investisssement industriel archaique:
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Le probléme de la démographie sera une difficulté supplémentaire dans le futur mais aujourd’hui toute l’Europe occidentale s’aperçoit que non seulement l’ensemble des capitaux sont délocalisées dans des territoires orientaux européens à bas coût de main d’oeuvre.
Mais le pire c’est que les investissements ont été réalisés dans des conditions aléatoires avec une exposition au risque à hauteur du phénoméne « subprimes » américain
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L’ensemble des capitaux européens ont été investis dans un outil industriel archaique avec un faible impact innovant.
Les pays qui étaient trés performants dans la recherche et l’innovation il y a 15 ans sont devenus des zones sinistrés d’un point de vu technologique.
Dans les livres d’histoire, on pourra citer Airbus qui a été élaboré dans les labo de recherche il y a 20 ans comme la dernière véritable création innovante de l’Europe.
Pendant ce temps, les USA, le Japon et la Chine ont consacré une bonne part de leur PIB dans la recherche PUBLIQUE et PRIVEE.
L’Europe est plus qu’en panne…et l’essence coute cher.
Euh …
Comment expliquer que la crise est partout sauf au Canada ? Je vis au Canada et ici, tout continue en apparence à aller bien. Pas de problème de pouvoir d’achat, pas de baisse de l’immobilier (hormis peut-être un peu en Alberta), etc.
Est-ce que le Canada ferait figure d’exception ? Pourtant le pays a 80 % de ses clients aux USA.
A n’y rien comprendre.
Je crois savoir que le canada (je parle de l’État) possède le droit de création monétaire.
Je ne sais plus ou j’avais lu ceci, mais je suis intéressé par toute info sur ce sujet (y compris la réfutation de mon assomption)
Si c’est le cas, alors le canada est a l’abri de la crise (du sur endettement) par définition)