Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Un journaliste m’interroge : quelle est la question essentielle à poser à son banquier quand on est un Français moyen ?
Ma réponse :
« Si je dépose de l’argent chez vous, allez-vous le jouer à la roulette ? »
« Autrement dit : l’utiliserez-vous – en tout ou en partie – pour des activités spéculatives à partir de votre salle de marché (marchés au comptant ou à terme) ? »
Si la réponse est « Oui », ou bien « Il faudrait que je consulte mon supérieur, mais je ne pense pas » ou encore « Ce n’est pas dans cette perspective là qu’il faut envisager les choses… », allez mettre votre argent ailleurs.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
8 réponses à “Question à poser à son banquier”
Les français (pour les autres c’est la même chose ) croient qu’il y a un banquier ou tout au moins une personne qui décide et c’est ce que vous préten,dra votre interlocuteur à la banque mais c’est simplement FAUX. J’ai travaillé dans des banques en tant qu’ informaticien et la « seule » personne avec qui vous « discuter » est une machine. En effet on rentre dans l’ordinateur les données correspondant à votre demande de prêt, biens hypothécables, revenus, cautions et la machine répond oui ou non de façon binaire. Après l’employé (et ce n’est qu’un employé !) peut modifier marginalement le taux (il faut bien qu’il se sente utile voire nécessaire alors que son pouvoir de décision est nul). Donc on pourrait très bien avoir en ligne sur internet « la calculette » de chaque banque qui vous répondrait oui ou non mais cela ne correspond pas à la croyance du client qui se prépare pour demander son crédit. Remarquez pour ceux qui sont très mauvais pour présenter leur projet l’employé de banque ne rentre même pas les données et refuse le crédit ce qui est la seule autre possibilité mais reste à la tête du client sans fondement.
Y-a t’il une seule banque en France (On peut élargir au monde) qui ne joue pas l’argent dont elle dispose en dépôt à la roulette ???
Sans penser que l’ordinateur est la cause de tous les maux, quelle est la responsabilité de l’informatique dans la crise financière ?
Jean-Baptiste, vous dites:
« Les français (pour les autres c’est la même chose ) croient qu’il y a un banquier ou tout au moins une personne qui décide »…. et vous continuez en parlant credit.
Et pourtant, il doit exister des gens pour lesquels la banque c’est l’endroit où va leur salaire (plutôt de force) ou leurs gains et économies ( là ils ont le choix du banquier).
@ Christophe,
Je crois que la Banque postale ne joue pas à la roulette
@moderato-cantabile
Je comprend qu’en effet on puisse se demander ce que fait le banquier avec l’argent qu’on lui donne mais la plupart des gens ont peu d’argent quant aux banques elles sont en concurrence et donc agissent peu ou prou de la même manière au point de vu financier si elles ont le même statut. Mais cela se pose surtout si on a plus de 70.000 euros à déposer et beaucoup de personnes choisissent une banque au départ par celle qui lui offre le crédit.
Comme il a été longuement expliqué et discuté sur ce blog (lire « le débat sur la monnaie »), aucunebanque ne joue avec les dépôts de ses clients.
Tout simplement parce que ces dépôts sont de la monnaie bancaire qui n’est qu’une illusion créée antérieurementlors de l’octroit de crédits. C’est-à-dire qu’une banque a déjà joué à la roulette avec ses propres fonds pour créer ces dépôts en accordant des crédits d’un volume N fois supérieur à ses fonds propres (N=8, 12, 20, 40, 60, …)
La question de Paul incluait le verbe « déposer ».
Si c’est par chèque –instrument de paiement bancaire–, ce n’est qu’un moyen de se refiler cette illusion d’un compte à l’autre.
Si c’est « en espèces », c’est-à-dire en billets de la banque centrale qui existent sous la forme matérielle d’un bout de papier et qui seuls ont cours légal, alors la question est importante.
Le banquier va s’approprier cette « vraie » monnaie et la passer dans ces actifs mais n’inscrire qu’une illusion bancaire au compte de Paul.
Si le banquier joue cette vraie monnaie –et il l’a de fait déjà jouée au moins en partie– en accordant un crédit 10 fois supérieur, le bénéficiaire de ce crédit –ou tout autre client– pourra être tenté d’en retirer une partie en espèces. Le banquier lui fournira alors les billets de Paul.
Mais si Paul, qui craint que ses enfants ne meurent de faim, constate que les commerçants commencent à refuser chèques et cartes car ils n’ont pas confiance (la loi le leur permet puisque ces instruments de paiement n’ont pas cours légal) et n’acceptent plus que les paiements cash car ils y sont obligés (les billets de la banque centrale ont, seuls, cours légal) préfère retirer lui aussi ses avoirs en cash … hé bien la banquier ne pourra pas faire face.
Il faut surtout regarder son banquier avec un oeil différent à présent . Je crois que nous devons tous oeuvrer pour que les salariés des banques prennent réellement conscience de ce qu’ils font. Je suis toujours très surprise de la différence de culture d’une banque à l’autre. Certaines ne voient dans le client qu’un pigeon à plumer!
Alors à présent c’est à nous de jouer. Vous pensez avoir de l’argent à déposer en banque. Eh bien non, en fait vous prêtez de l’argent à votre banque. Alors faites comme elle, soyez exigeant, demandez des détails chiffrés sur la situation financière, un bilan, des comptes de résultat. Puis s’il vous semble correct, annoncez votre taux ; voilà je vous prête 10 000 euros à un taux de 4,50 %, est ce que cela vous convient et n’hésitez pas à lui demander aussi des frais de dossier, 20 euros pour commencer. Et voyez sa tête. En aucun cas, n’acceptez de payer quoique ce soit comme frais, il ne manquerait plus que ça. Souvenez vous c’est vous le prêteur à présent et la banque se rémunère déjà en reprêtant votre argent.