Ces alarmistes qui ont vu juste

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

On ne m’a pas donc vu sur Arte dans l’émission consacrée à la chute de Lehman Brothers, en vue de laquelle on m’avait interrogé pendant 90 minutes. J’entends dire que le matériel sera utilisé dans un programme au lendemain des élections présidentielles américaines. Qui vivra verra !

Certains d’entre vous s’interrogent – comme moi – pourquoi ne pas avoir utilisé cet entretien ? Ce que j’ai déclaré vous est connu : c’est du même ordre que ce que vous me voyez écrire tous les jours. Il y a peut–être une indication dans le sentiment que j’ai eu, en parlant aux réalisateurs, que notre évaluation respective de la gravité de la crise actuelle n’était pas du même ordre de magnitude. Quand j’ai dit par exemple que la situation actuelle faisait peur, et qu’ils m’ont demandé de préciser, j’ai dit « J’ai peur d’avoir des enfants qui crèvent de faim ! » Ce que j’ai lu dans leurs yeux, ce n’était pas de l’incrédulité mais plutôt de l’inquiétude, et cette inquiétude ne portait pas sur l’économie ou sur la planète, mais sur moi personnellement.

Depuis le début de l’année on a commencé à dire un peu partout : « Comme en 1929 ! » et on se met à dire maintenant : « Pire qu’en 29 ! » mais je suppose que cela reste pour la plupart des gens, un slogan très abstrait. Il y a une catégorie d’économistes ou apparentés – et je vais me situer ici en compagnie de gens dont certains sont des « personnalités », des gens beaucoup plus connus que moi, comme Krugman ou Roubini, et en France, Attali, Aglietta ou Lordon, que vous et moi appelons : « ceux qui ont vu juste » mais que 95 % des gens appellent encore tout simplement : « les alarmistes ». Bien sûr, dans trois mois, ce ne seront plus que 90 % des gens qui nous appelleront « alarmistes », et dans six mois, 85 %, etc. Mais nous le savons bien : pour qu’une majorité croie véritablement à la gravité de la crise, il faudra qu’elle soit entrée dans leur vie quotidienne avec des traites non payées, du chômage et tutti quanti.

Faisons un pas de plus. Quand on dit de nous « ceux qui ont vu juste », ce n’est encore qu’un crédit qu’on nous accorde quant à l’analyse que nous faisons des événements : les prévisions qui se sont vérifiées, à long terme d’abord : que la crise aurait lieu, prévisions à court terme ensuite, quant à la suite des événements depuis qu’elle a éclaté. Est-ce que ce crédit s’étend aux propositions que nous faisons quant à ce qu’il conviendrait de faire, à nos suggestions de solutions ? Je n’en vois aucune trace.

Il est vrai que tous ceux « qui ont vu juste » ne sont pas aussi présents sur le front des remèdes. Je n’ai encore rien lu par exemple – je ne fais peut–être pas assez attention – qui ressemble à des solutions dans ce que dit Roubini. Mais j’en vois énormément (elles ne se recoupent pas entièrement, mais là n’est pas la question) chez Attali, Lordon et moi-même : interdictions des paris sur les prix, blocus des paradis fiscaux, double système monétaire, constitution pour l’économie, bilan de santé de la planète dans l’évaluation des richesses, etc. Est-ce que quelqu’un quelque part prête la moindre attention à ces suggestions ? Peut-être mais il se garde bien dans ce cas-là de me le signaler.

Passer de la catégorie « alarmiste » à celle de « ceux qui ont vu juste », constitue la première étape. Soyons optimiste : elle n’est pas hors d’atteinte. Qu’on s’intéresse aux solutions que nous proposons serait la seconde. Et là, on est encore très loin du compte.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Partager :

125 réponses à “Ces alarmistes qui ont vu juste”

  1. Avatar de Paul Jorion

    @ Catherine

    Excusez-moi mais ça me semble être une vraie ânerie que de dire cela et je ne cesserai de le répéter, c’est ce genre de croyance aveugle qui fait que l’on atterrit là où nous sommes aujourd’hui

    Vous m’imaginez moi appeler ce que disent les gens avec qui je ne suis pas d’accord « Vraie ânerie » ? ou ponctuer mes billets avec des « Je ne cesse de le répéter ! » ?

  2. Avatar de blablalain

    @Jean-Emmanuel dit :
    @ il professore et à ceux intéressés par le GEAB.
    C’est mon cas je pense , moi aussi j’ai lu tout les sommaires de GEAB , mais son offre d’abonnement ne m’est pas accessible et votre proposition de recevoir en pdf les quelques dernières analyses complètes de ce site m’interresse beaucoup .C’est pourquoi j’accepterai votre offre avec plaisir ( mon site pour vous ‘donner une idée de mes pensées ‘ ) ci dessus et une de mes adresse email pr recevoir votre offre
    Cordialement
    Alain de Belgique
    email
    alainjrddva@hotmail.com

  3. Avatar de AAT

    La pratique de marché depuis dix ans a effectivement mis en place un effet dominos : la création de produits « structurés », hors bilan, placés auprès d’acteurs « professionnels », mais ne disposant pas des outils de mesure de risque adéquats les met désoramis en potentiel de faillitte, or chacun a assuré le risque du voisin. ce pour des montants colossaux.

    C’est, depuis des siècles, le même mécanisme à chaque bulle grave : une distorsion organisationnelle et une tentative de rationalisation des prévisions des sciences humaines. (derrière les sciences humaines, il y a les humains, c’est à dire des bonshommes ! Qui ne manquent pas de soudain devenir imprévisibles….).

  4. Avatar de Lantique
    Lantique

    @Catherine & Ghosdog
    Catherine, je crois que vous avez deviné le sous entendu de Paul mais il n’insistera sans doute pas en hote respectueux.
    Vous sembliez opposer intellectuel à intelligent…bien sur pour étayer votre réponse à Ghosdog.
    L’intelligence n’a pas de préférence quand aux origines et à la fonction de l’individu qui en est pourvu, le veinard.
    L’inverse est évidemment vrai.
    Là où je vous rejoindrais serait si Ghosdog imaginait que seuls les « intellectuels » étaient capables de rationaliser.
    Ghosdog, s’il nous est plus dur à nous, les manuels, les sans titre, de présenter nos idées, nos analyses, nos concepts, nos argumentations, ce n’est que par manque de pratique, par manque de vocabulaire parfois, par manque d’instruction, souvent. Pas par manque d’intelligence.
    Comme vous nous avons plaisir à rationaliser, sans le savoir parfois, comme M. Jourdain, mais pas sans intelligence.

  5. Avatar de greg
    greg

    @ Archimondain,

     »
    1/ plus de 90% de l’argent dans le monde a été créé par un crédit
    2/ Les crédit doivent être remboursé avec intérêts
    -> La quantité d’argent a rembourser est supérieur à la quantité d’argent existante
    -> Il est impossible de rembourser les crédits sans une croissance continue (voire de dérivé seconde positive), ou sans un endettement de certaines personnes, ou sans un crash (ou une guerre, ou autre évènement extraordinaire, remettant les pendules à zéro).
     »

    Trop simple pour être vrai ? Et pourtant ce constat a été fait à maintes reprises, et je n’ai toujours pas lu/entendu d’arguments solide contredisant cette analyse, il faut se rendre à l’évidence : Ainsi tourne le monde !

    A ce sujet je vous conseille de (re)lire cette article de Maurice Allais (le seul Économiste français ayant reçu le prix Nobel à ce jour) disponible sur le site d’Etienne Chouard :

    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/La_crise_mondiale_d_aujourd_hui_Maurice_Allais_1998.htm

    A noter que cet article vieux de 10 ans aurait pu être écrit hier tellement il colle à la situation actuelle.

    @magnum,

    « Si j’ai bien compris, la monnaie totale dans le monde a depuis le début de l’année (ou depuis début septembre pour être plus illustratif) a chuté.
    (…)
    Ainsi, on peut considérer que ceux dont la richesse (en monnaie) n’a pas bougé, sont devenus plus riches car il possède un pourcentage plus important des richesses mondiales.
     »
    C’est bien le bon raisonnement, d’ailleurs vous remarquerez que les prix sont en train de baisser : les actions, les produits alimentaires, l’immobilier, le pétrole…Seul l’or (il me semble) continue sa courbe ascendante (pour combien de temps ?).
    C’est la déflation, le cauchemar des économistes du siècle dernier (il va falloir s’habituer à les appeler ainsi 🙂
    Donc oui vous êtes plus riche avec la même somme d’argent en principe.
    Le soucis c’est lorsque les ajustements seront nécessairement fait sur le salaires dans un deuxième temps…
    Là les problèmes pourront vraiment commencer…

  6. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @P. Jorion

    Finalement j’opte pour le costume de Bernardo

    @Catherine :

    C’est quoi un intellectuel ?

    J-P Sartre, Michel Foucault, Deleuze, Guettari, Bourdieu, Chomsky, Frantz Fanon dont je vous recommande chaudement « Peau noire, masques blancs » (en poche chez POINTS-ESSAI).

    Penchez-vous sur leurs oeuvres et vous constaterez qu’il ne s’agit ni de titre ni de dogme…

    Fanon était noir, psychiatre, philosophe (éléve de Merleau-Ponty), résistant, il s’engage aux côtés des forces françaises libres à 18 ans.

    Il pense la décolonisation et deviendra une source d’inspiration aussi bien pour les black panthers que pour d’autres mouvements de libération (je pense notament aux très actuels queer studies qui questionnent la notion de genre).

    Je crois que cet homme est effectivement un modèle, dont le parcours de vie et le cheminement intellectuel sont étroitement liés.

    Alors j’ose l’affirmer haut et fort, Franz Fanon fait sens pour moi, il donne du sens, il me donne à comprendre, il me conforte dans des intuitions, dans des convictions, il balaie mes idées reçues…

    Je ne sais pas s’il me rend plus intelligente, mais en tout cas il me rend le monde et les hommes plus intelligibles…

  7. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    J’ai trouvé une faille dans l’idéologie capitaliste. Je ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela m’a plongé dans un grand désarroi. Alan Greenspan

    Ce n’est plus Marcellius qui dit « il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark », mais
    Greenspan qui dit : il y a quelque chose de pourri au royaume du capital !

    Si je cite encore ces propos hallucinants de Greenspan après Clémence Daerdenne, c’est pour dire combien l’abattement, le désespoir, le ressentiment, voire la haine, qui s’installent en nous à mesure que la crise s’approfondit tandis que les actions menées par les gouvernants nous semblent si éloignées de ce qu’exigerait la situation — une crise de civilisation — sont choses dérisoires. Les choses vont tellement vite qu’il est déjà anachronique de désigner les méchants, et de penser à ressortir les guillotines et autres chaises électriques, ou même le goudron et les plûmes même si ce n’est pas l’envie qui nous en manque !

    Ce qu’il faut condamner c’est un système et ses tares rédhibitoires pour lui substituer un autre. Pas les hommes, du moins surtout pas ceux qui maintenant par honnêteté intellectuelle, le condamnent sans appel ou ne sont plus très loin de le faire.

    Ma première réaction en lisant dans nos journaux français un certain nombre d’éditorialistes changer de ton, d’analyse même, de vocabulaire, et même pratiquement d’idéologie, fut de penser qu’ils retournaient leurs vestes.

    Je pense que les choses ne sont pas si simples. Il est tellement facile de séparer le monde entre les bons et les méchants, ceux qui auront toujours tord quoi qu’ils fassent, et ceux qui auront toujours raison. Mais les humains sont ainsi faits que certaines passions jadis investies dans des projets par certains d’entre eux estimés hautement enviables et estimables, s’avèrent à la faveur de circonstances exceptionnelles, totalement déplacées. A telle enseigne maintenant qu’ils sombrent dans une grande crise de foi et reconsidèrent toutes les idées, actions qui firent leur vie à la lumière du cataclysme qui s’abat et trouble leurs anciennes certitudes.

    Ou bien les mots n’ont aucun sens, et alors, en effet, nous pouvons penser que tous ces retournements ne sont que du vent et ne comptent guère. Des mots en l’air.
    Mais alors dans ce cas, comment reformer société avec nos frères humains si nous ne sommes pas capables d’accepter que des propos dont nous voudrions en quelque sorte nous rendre propriétaires alors que la pensée, la lucidité, ne sont la propriété de personne mais s’acquièrent, viennent souvent plus avec les circonstances qu’au bout d’un cheminement raisonné ? Comment construire un avenir viable, désirable ?

    Ou bien nous prenons acte du changement, ou plutôt des prémisses du changement idéologique en cours, et agissons comme si désormais notre tâche n’était pas de regarder en arrière mais d’approfondir la transformation. En disant cela je pense évidemment à Nelson Mandela qui après l’apparteid obtint les témoignages publics de beaucoup d’acteurs de l’ancien système, en échange de quoi ceux-ci ne furent pas incriminés, pour aller de l’avant.

    Nous ne devons pas vouloir un monde meilleur parce qu’il est encore au futur, mais parce qu’en le voulant, en l’imaginant, en le recherchant, nous sommes déjà en train de le réaliser. Toutes les raisons du monde peuvent nous incliner au retrait, à l’indifférence, au cynisme, mais en serons-nous plus heureux pour autant ? Notre plus grand ennemi n’est-ce pas nous-mêmes ? J’ai la conviction profonde qu’il est faux de dire que nous ne pouvons rien. Et qui peut savoir au juste de quelles actions individuelles et-ou collectives se dessineront les contours d’un nouveau monde ? Ce monde est encore en pointillés.

    Dans la période que nous traversons, par définition pleine d’incertitude, et donc imprévisible, nous avançons à tatôns dans l’obscurité d’un monde inconnu. Si la raison doit seulement nous indiquer que demain sera pire qu’aujourd’hui à quoi bon cette raison ? Si nous sommes parfois si désespérés n’est-ce pas que nous nous refusons de voir l’inconnu dans le réel ?
    N’est-ce pas le plus souvent dans les situations d’abandon que nous nous sentons paradoxalement les plus forts ?
    Lorsque nous avons le sentiment d’avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir au risque parfois de déplaire, de surprendre, que nous sommes les plus heureux, et, que de surcroît nous sommes reconnus à notre juste valeur ? Nous y perdons parfois des plûmes, mais nous estimer nous mêmes n’est-ce pas le plus important ?

    La raison n’a de réel sens que si elle nous permet, fort du savoir de ce pire qui pourrait arriver, de nous en dégager, de le contourner. Et si nous accusons encore les autres que le monde que nous voudrions n’advient pas c’est sans doute que nos convictions ne sont pas encore assez établies, que nous n’avons encore qu’une idée vague de nos possibilités, de notre rôle à jouer, malgré tout.

  8. Avatar de Benoit
    Benoit

    Quel beau texte, ecrit avec le ventre, le coeur et la tete, tous trois reunis !
    Un grand merci, Pierre-Yves.

  9. Avatar de bankster

    S’il vous plait quand vous faites de beaux textes avec tant de brio, oubliez pas votre email et/ou autorisation de reproduire ! (comme ca nous pouvons vous publier ! Gonflons les archives !)

    http://www.dailymotion.com/video/x6zhpq_discours-a-lonu-sur-lignorance-huma_lifestyle

  10. Avatar de Strategix
    Strategix

    @ Greg

    Le rappel de Greg, ci dessous, me paraît essentiel.

    1/ plus de 90% de l’argent dans le monde a été créé par un crédit
    2/ Les crédit doivent être remboursé avec intérêts
    -> La quantité d’argent a rembourser est supérieur à la quantité d’argent existante
    -> Il est impossible de rembourser les crédits sans une croissance continue (voire de dérivé seconde positive), ou sans un endettement de certaines personnes, ou sans un crash (ou une guerre, ou autre évènement extraordinaire, remettant les pendules à zéro

    ——————————————————————————————————————————————

    On peut utilement ajouter au (2) qu’une poussée inflationniste permet de remettre les compteurs à zéro en remboursant
    avec une monnaie dévalorisée.

    Et là on boucle sur mon premier post et l’un des débuts possibles de refondation : l’inflation.

    Au final :

    – La violence pour changer le monde n’est pas acceptatble;

    – La voie pacifique (réflexion et le prosélytisme) nécessite le support d’un parti de gouvernement (programme, cadres, parlementaires, relais d’opinions);

    – La voie de l’inflation est la moins violente, la plus efficace pour rebattre les cartes, voire l’organisation de la société.

    L’inflation (qui dévaloriserait les avoirs des possédants) est gardée sous contrôle par des gardiens puissants. Seule la perspective de non remboursements massifs des crédits mis en place pendant la période récente pourrait justifier que l’inflation soit libérée de ses chaînes, déchaînant alors un maëstrom refondateur.

  11. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @ Olivier,

    Tout à fait d’accord, la classe ouvrière productive n’existe plus en Occident. On peut même dire que les pauvres n’existent plus, disparus dans les trous noirs des cités-ghettos à la marge de nos grandes villes où ils se bricolent une société PARALLELE ET NON PAS OPPOSEE à coup de deals divers et de marchandises tombées du camion et où l’état achète une précaire paix sociale à coup d’assistanat social, paix troublée de temps en temps par quelques interventions policières.
    Je citais Marx pour montrer l’importance qu’il accordait au contre-pouvoir absolument nécessaire face aux agissements des maitres du monde.
    C’est, à mon avis, ce contre-pouvoir qui nous manque absolument actuellement. Ni les écolos, ni les alters, ni les derniers trotskystes n’ont pu l’incarner jusqu’à présent. C’est cette impuissance politique qui nous entraine lentement vers le chaos.
    Alors « Que faire ? ». Vaste problème…auquel je n’ai pas de réponse.

  12. Avatar de A-J Holbecq

    @Strategix

    Que se passerait-il si une simple loi (mondiale?) était promulguée ?: il est interdit de rembourser les intérêts sur n’importe quel prêt

  13. Avatar de Greg
    Greg

    @Strategix,

    Tout a fait d’accord, seule une inflation massive (10%/an au moins) permettrait de régler le problème actuel avec un minimum de dégats (à comparer avec les autres solutions) à savoir : solder la dette (des états, des entrprises, des particuliers).
    Toutes les mesures en cours et avenir ont le même but : accroître la masse de monnaie pour créer une inflation propice à la reprise. Malheureusement ces mesure sont pour l’instant impuissantes à endiguer ce que l’on pourrait appeler la grande liquidation mondiale. Tout le monde veut vendre pour réduire son effet de levier, réduire l’effet de levier = moins de crédit. moins de crédit = moins de monnaie. moins de monnaie = moins d’acheteurs. moins d’acheteurs = baisse des pris. Baisse des prix = augmentation de l’effet de levier mécanique dans les bilans des banques.
    Après plusieurs mois de cette spirale, la seule solution sera une dévaluation du dollar avec toutes les conséquences que cela amenera.
    Bretton woods est peut-être mort, mais tout les autres pays auront-ils d’autre choix que de dévaluer à leur tour ?
    Bref on est très loin d’une inflation pour le moment.
    Le pouvoir de création monétaire n’étant plus de la compétence des pouvoir politiques (et encore moins dans la zone euro qu’ailleurs), la déflation risque de durer.
    La Chine peut-être a d’autres leviers, je ne connais pas leur système monétaire (il serait intéressant d’en savoir plus, si quelqu’un à des infos…)

    @AJH,

    Si une telle loi était promulguée au niveau mondial, sans aucune contrepartie, elle signerait la fin de l’économie. Pour réaliser les projets du présent, on est bien obligé de parier sur l’avenir.
    Les états seraient obligée de se substituer aux banques, on en revient au crédit social, ou tout du moins à un service public du cédit.

  14. Avatar de johnny
    johnny

    C’est vrai qu’un blocus des paradis fiscaux arrangerait tout : enfin, non, les fat cats investiraient toute leur monnaie en armes pour quelque dictateur fou qui se mettrait à faire chanter les démocraties…:) Le siege de la France après 1789 peut être. Mais peut être est-ce plus compliqué…

  15. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Pierre-Yves D. a écrit un beau texte, c’est vrai. Mais le problème, c’est que l’utopie des uns n’est pas nécessairement l’utopie des autres. De même, l’analyse des uns n’est pas nécessairement pas l’analyse des autres. Pour certains, il y a une « faille » dans le système capitaliste et dans la croyance à l’auto-régulation naturelle des marchés, comme vient de le découvrir Greenspan. Pour d’autres, il n’y a pas une simple faille, c’est le système tout entier qu’il faut jeter aux orties. Certains veulent supprimer les instruments dérivés et les paris sur les prix. D’autres veulent interdire le prêt à intérêt. D’autres veulent supprimer l’argent. Certains veulent davantage de régulation. D’autres veulent des réformes plus profondes. D’autres encore veulent faire la révolution. Certains ici sont en faveur de la décroissance comme le soutient par exemple, Jean-Claude Michéa. D’autres en revanche sont pour une croissance raisonnée. D’autres sont pour une croissance forte mais assortie d’une redistribution équitable des richesses.

    Bref, on peut toujours rêver d’un monde meilleur mais ça ressemble un peu à la tour de Babel. La slogan des altermondialistes « Il existe un autre monde » est par définition, ambigu. Etant flou et ambigu, il permet toutes les illusions, illusions qui se dissipent vite lorsqu’elles sont confrontées à la dure réalité. Car « l’autre monde » des uns n’est pas « l’autre monde » des autres. L’autre monde d’un islamiste n’est pas l’autre monde d’une féministe (je dis ça pour faire court). Le paradis des uns (72 vierges prêtes à être consommées) n’est pas le paradis des autres (l’égalité totale des hommes et des femmes).

    Le paradis des utopies est une auberge espagnole. Il y a là-dedans à manger et à boire.

  16. Avatar de Benoit
    Benoit

    @ Michel
    Et oui… rien n’est simple.

    Ne faudrait-il pas retrouver des economies locales, afin que les Cultures diverses puissent vivre ?
    La mondialisation est un grand hachoir megalo. Elle est pire qu’une horde de Huns. Derriere elle, plus rien ne va pousser. Terres steriles, hommes steriles, et morts des especes.

    Ah pluies diluviennes, venez delivrer la Terre de ses predateurs !

  17. Avatar de johnny
    johnny

    La guerre est un très bon investissement pour certains, il n’y a qu’à voir comment Ford a investi en Allemagne jusqu’à l’entrée en guerre des Etats Unis. Sans parler des fabricants et marchands de canons et aussi et bien sûr de la reconstruction (cf la Georgie par exemple qui s’endetter auprès du FMi pour reonctruire son infrastructure).

  18. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ ton copain MIchel

    Evidemment chacun a vision du « nouveau monde ». Dans mon texte, si vous avez bien lu, « l’autre monde » ne signifie pas celui que je voudrais, moi, absolument, mais celui, improbable par définition, qui émergera de la confrontation, juxtaposition, synergie, des idées que vous rappelez, idées qui bien entendu vont dans le sens d’un certain humanisme, car, après tout, si nous trouvons maintenant sur le blog de Paul Jorion, c’est que nous avons, ce me semble, quelques valeurs communes.

    Mais loin de moi l’idée d’unanimisme. Vous m’avez déjà lu ici, vous savez donc bien que mon désir est celui d’une transformation qui aille bien au delà d’un simple réajustement du système captaliste. Mon texe ne visait pas à faire mienne l’analyse d’Alan Greespan, lequel est encore entre deux eaux, l’ancien système qui lui cause du désarroi et le nouveau dont il n’a aucune idée précise. Mon propos ne visait ni plus ni moins qu’à creuser cet état d’esprit particulier qui est celui d’un homme qui voit s’évanouir certaines de ses illusions et s’interroge et, à la lumière de cet état de fait, en tirer quelque enseignement sur ce que, nous pouvons faire. Je ne parle pas de choses précises en l’occurence, mais de notre capacité à faire.

    Le réflexe habituel serait de penser, bon, très bien, Greenspan fait son méa culpa, passons à des choses plus sérieuses. Les états d’âme de Greenspan n’ont aucun intérêt. Mais, si, justement, l’état d’esprit de Greenspan nous concerne tous. C’est du moins ce que j’ai essayé de dire dans mon texte que j’ai écrit un peu comme une méditation.

    Pour le reste, rien ne remplace l’action politique, dans tous les sens du terme. Et ce que nous faisons ici en fait partie.

    @ Bankster,

    concernant la reproduction du texte, pas de problème.
    Mais il faudrait alors y inclure un lien vers le blog de Paul, car c’est son contexte original.
    en_deux_mots@yahoo.fr

  19. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Greg @ a écrit:

    @AJH,
    Si une telle loi était promulguée au niveau mondial, sans aucune contrepartie, elle signerait la fin de l’économie. Pour réaliser les projets du présent, on est bien obligé de parier sur l’avenir.
    Les états seraient obligée de se substituer aux banques, on en revient au crédit social, ou tout du moins à un service public du cédit.

    Non! Pas du tout! An contraire, ce serait un boulevard royal pour l’économie! Les intérêts bancaires sont la vermine et les toxines mortelles de l’économie. Je sais que le réflexe ne se prend pas, comme ça, ausujet de la nature même des intérêts bancaire.

    Mais, quand nous échangeons quelque chose, il se passe ceci: échange, après négociations et accord entre, X et Y = 0, c’est le shéma du troc. Échange entre X et Y par un flux de monnaie, le résultat immédiat et définitif doit être aussi égal à 0.

    Il n’y a pas la moindre raison tenable pour qu’après l’échange effectué par de la monnaie entre X et Y il y ait un solde quelconque à verser à un « tiers » quelconque, qui s’interpose et ponctionne sont soi-disant dû. Oh je sais, on va tout de suite étaler des exemples, achats de maisons, financement des travaux public, et bien d’autres choses, etc, etc, et voilà, une fois de plus, le poisson noyé!… et mille détails qui masquent systématiquement la résultante accablante des intérêts à payer sans fin quelque soit la nature de l’échange économique.

    Et bien si l’on examine le Crédit Social, tout comme l’Écosociétalisme, on comprend que les intérêts bancaires détruisent l’équilibre de l’échange, et vicient les rapports entre les parties échangeantes. La monnaie existe bien, mais elle s’efface (dans TOUS les sens du terme: s’efface) pour laisser place à l’équilibre sain et réel (avec la prise en compte de tous les minimas et maximas acceptés par les parties qui échangent à l’intérieur, donc, de ces maximas et minimas) dans l’échange, comme l’huile du moteur ne fait que faciliter et prolonger le bon état et le bon fonctionnement du moteur.

    Aujourd’hui, hélas, la comparaison imagée serait comme si dans notre respiration, donc à chacune de nos inspirations et et de nos expirations, il nous fallait expirer un peu plus (pour ne pas dire beaucoup plus) que ce que nous inspirons, inutile de décrire la suite. C’est se qui se passe avec les intérêts à payer, ce qui anémie toute l’économie. Les faits parlent d’aux-mêmes.

  20. Avatar de Max
    Max

    @Greg,

    Je pense comme toi qu’il faut envisager une dévaluation du dollar. Tout est en train d’être siphonné, deux seules choses montent : ce sont le Yen et le Dollar. Tout le reste s’effondre.

    @Rumbo,

    Ca fait très longtemps que je n’ai jamais cru qu’on puisse analyser les échanges humaines par des formules mathématiques.

    On ne peut pas considérer l’homme comme un moyen pour réaliser une fin qui soit intellectuelle ou financière (dans le cas des théories économiques, ces deux fins intellectuelle et financière sont ensemble, main dans main, mariées de force par les lobbies américains).

    J’attends le jour où on considérera toutes choses comme des moyens pour ces fins l’Homme et la Terre. S’il y a deux choses qui devraient être considérées comme sacrées, c’est bien celles-ci. Je crois que c’est la pensée même des Indiens d’…. Etats-Unis d’Amérique… Ironie du sort, ce sont les capitalistes américains qui ont massacré les Indiens.

    Je pense que la crise d’aujourd’hui a pour origine un déni total de toutes les valeurs essentielles pour vivre simplement.

    Mais ça c’est un autre débat et il est interminable… ce que je peux faire dans ma vie, c’est de vivre en respectant mes propres valeurs, après sauver le monde, ça ne m’intéresse pas, car cela n’est pas en mon pouvoir et j’ai tout aussi du mal à croire qu’un simple forum comme ce blog puisse faire quelque chose au niveau lobbies et politique.

    Il faut vraiment un penseur qui dise honnêtement ce qu’il se passe, qu’il parle avec franchise des valeurs, que ça parle aux gens avec des mots simple. Il faut rendre sacrées certaines choses (ça me fait penser à la proposition d’un économiste : si la vie d’une personne est sacrée, alors il faut interdire la spéculation sur les prix des aliments, parce que la spéculation dans ce cas là peut tuer).

  21. Avatar de Max
    Max

    Et bien entendu : la spéculation sur les aliments n’est qu’un exemple parmi d’autres.
    Il y a la nature, un tas de choses… On touche à tout sauf à deux choses à l’homme et à la terre, mais , pour arriver à un consensus, bon courage.

  22. Avatar de Candide
    Candide

    @ Max

    Je pense comme toi qu’il faut envisager une dévaluation du dollar. Tout est en train d’être siphonné, deux seules choses montent : ce sont le Yen et le Dollar. Tout le reste s’effondre.

    Je ne sais pas quel crédit on peut apporter aux prévisions du GEAB (et bien malin qui pourrait le dire avec certitude), mais ils maintiennent leur prévision d’un taux de change de 1 euro = 1,75 dollar d’ici la fin de l’année…

  23. Avatar de Max
    Max

    Je les connais et je ne leur accorde pas beaucoup de crédit (!! 😉 ) mais honnêtement, il y a un pari gigantesque quelque part sur le dollar, qui est complètement faussé par la recherche à tout prix de liquidités.
    Ce n’est pas du tout normal que le dollar monte alors que la bourse chute, que les taux d’intérêts de la FED sont au plus bas.

    En fait, l’aspiration de liquidités est une recherche du dollar pour pouvoir faire face aux engagements qui se soldent à fur et à mesure. Ce qui est à mes yeux une belle bulle spéculative et elle est menée elle aussi à exploser.

    SAUF une chose : effectivement les Etats-Unis vont sortir vainqueurs de la crise et le Japon encore plus. A ce quoi je n’y crois pas tellement à cause des bulles qui vont crever : subprimes, cartes de crédit, prêts étudiants, prêts automobile, etc..

  24. Avatar de Max
    Max

    En fait le monde entier paie en ce moment les explosions des bulles de crédits américains.

  25. Avatar de Greg
    Greg

    @Rumbo,

    Bien sur que les interêts de la création monétaire sont la source de notre problème. je pense que tout le monde sur ce blog s’accordera à peu près sur ce point. Tu remarqueras que je parle de fin de l’économie (celle que l’on connît aurais-je du préciser) s’il n’y a pas de contrepartie à la fin des intérêts.

    Je n’ai pas précisé cette contrepartie car je rejoins également Michel, qui nous rappelle que l’utopie de l’un n’est pas forcément celle de l’autre. Moi aussi j’ai lu les thèses dérivant du crédit social, et elles semblent bien répondre à notre problèmatique actuelle, mais il y en a surement d’autres, je n’ai lu aucun contre-argument, est-ce à dire que la panacée ? L’El-dorado ? Le paradis sur terre ?
    De plus je fais confiance aux hommes pour pervertir toute idée saine et neuve.

    Tout le monde aspire à la justice, mais chacun à une vision bien particulière de ce qu’est la juste à l’aune de sa propre personne. La répartition des richesses parait toujours juste aux plus riches… : )

  26. Avatar de Max
    Max

    Je pense que dévaluer le dollar ce sera dévaluer les crédits US. Ce qui revient un peu à rayer les dettes.

  27. Avatar de Candide
    Candide

    Bon, OK, je l’admets, je suis plutôt néophyte en matière d’économie, et donc vous voudrez bien me pardonner si je dis une bêtise, mais je vais lancer une hypothèse qui m’est venue à l’esprit il y a quelques jours suite à mes lectures sur le sujet :

    Et si l’une des causes majeures de l’envolée actuelle du dollar était « irrationnelle », et plus précisément si cette envolée était due au fait que la plupart des acteurs sont incapables d’envisager une faillite de « USA Incorporated » et de son système économique ?

    La réponse, dans ce cas, c’est de faire confiance, comme le monde entier l’a toujours fait (par exemple, en achetant des T-bonds et des dollars à la pelle), à l’économie américaine et à sa résilience.

    Comme la plupart de ces mêmes acteurs, aveuglés par des décennies de pensée unique entérinant la légitimité du système financier mondial, ne pensent même pas qu’il peut faillir, en dépit, pour ce qui concerne les USA, de la sonnette d’alarme persistante que représente le montant de la dette américaine, mon hypothèse n’est peut-être pas entièrement farfelue…

  28. Avatar de Max
    Max

    Voilà Candide, je pense qu’on peut concevoir cela.
    En fait la montée du dollar traduit la croyance du monde entier à la puissance de l’American Dream.
    C’est le rêve américain, l’Amérique est notre religion, c’est la chose la plus sacrée qui existe dans le monde (et pourtant on brûle des drapeaux, mais ce n’est pas étonnant non plus, quand il y a des excès d’une part, il y en a toujours de l’autre côté).

  29. Avatar de Max
    Max

    @ Candide

    Pour un non économiste, je trouve que tu t’en tire fort bien !!! Tu fais même mieux que beaucoup d’entre eux, il y en a plein qui ne comprenne rien de rien au taux de change (même des étudiant de maîtrise… c’est grave)

  30. Avatar de Max
    Max

    @ Candide, ça vient tout juste de sortir

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2278

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. AGI et ses magouilles c’est l’adolescence de l’humanité. Parents: accrochez vous. Ça va secouer.

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta