Ces alarmistes qui ont vu juste

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

On ne m’a pas donc vu sur Arte dans l’émission consacrée à la chute de Lehman Brothers, en vue de laquelle on m’avait interrogé pendant 90 minutes. J’entends dire que le matériel sera utilisé dans un programme au lendemain des élections présidentielles américaines. Qui vivra verra !

Certains d’entre vous s’interrogent – comme moi – pourquoi ne pas avoir utilisé cet entretien ? Ce que j’ai déclaré vous est connu : c’est du même ordre que ce que vous me voyez écrire tous les jours. Il y a peut–être une indication dans le sentiment que j’ai eu, en parlant aux réalisateurs, que notre évaluation respective de la gravité de la crise actuelle n’était pas du même ordre de magnitude. Quand j’ai dit par exemple que la situation actuelle faisait peur, et qu’ils m’ont demandé de préciser, j’ai dit « J’ai peur d’avoir des enfants qui crèvent de faim ! » Ce que j’ai lu dans leurs yeux, ce n’était pas de l’incrédulité mais plutôt de l’inquiétude, et cette inquiétude ne portait pas sur l’économie ou sur la planète, mais sur moi personnellement.

Depuis le début de l’année on a commencé à dire un peu partout : « Comme en 1929 ! » et on se met à dire maintenant : « Pire qu’en 29 ! » mais je suppose que cela reste pour la plupart des gens, un slogan très abstrait. Il y a une catégorie d’économistes ou apparentés – et je vais me situer ici en compagnie de gens dont certains sont des « personnalités », des gens beaucoup plus connus que moi, comme Krugman ou Roubini, et en France, Attali, Aglietta ou Lordon, que vous et moi appelons : « ceux qui ont vu juste » mais que 95 % des gens appellent encore tout simplement : « les alarmistes ». Bien sûr, dans trois mois, ce ne seront plus que 90 % des gens qui nous appelleront « alarmistes », et dans six mois, 85 %, etc. Mais nous le savons bien : pour qu’une majorité croie véritablement à la gravité de la crise, il faudra qu’elle soit entrée dans leur vie quotidienne avec des traites non payées, du chômage et tutti quanti.

Faisons un pas de plus. Quand on dit de nous « ceux qui ont vu juste », ce n’est encore qu’un crédit qu’on nous accorde quant à l’analyse que nous faisons des événements : les prévisions qui se sont vérifiées, à long terme d’abord : que la crise aurait lieu, prévisions à court terme ensuite, quant à la suite des événements depuis qu’elle a éclaté. Est-ce que ce crédit s’étend aux propositions que nous faisons quant à ce qu’il conviendrait de faire, à nos suggestions de solutions ? Je n’en vois aucune trace.

Il est vrai que tous ceux « qui ont vu juste » ne sont pas aussi présents sur le front des remèdes. Je n’ai encore rien lu par exemple – je ne fais peut–être pas assez attention – qui ressemble à des solutions dans ce que dit Roubini. Mais j’en vois énormément (elles ne se recoupent pas entièrement, mais là n’est pas la question) chez Attali, Lordon et moi-même : interdictions des paris sur les prix, blocus des paradis fiscaux, double système monétaire, constitution pour l’économie, bilan de santé de la planète dans l’évaluation des richesses, etc. Est-ce que quelqu’un quelque part prête la moindre attention à ces suggestions ? Peut-être mais il se garde bien dans ce cas-là de me le signaler.

Passer de la catégorie « alarmiste » à celle de « ceux qui ont vu juste », constitue la première étape. Soyons optimiste : elle n’est pas hors d’atteinte. Qu’on s’intéresse aux solutions que nous proposons serait la seconde. Et là, on est encore très loin du compte.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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125 réponses à “Ces alarmistes qui ont vu juste”

  1. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Quelle avalanche de messages!

    Est-ce que cette foi on peut penser encore que lundi prochain les bourses vont rebondir d’autant qu’elles perdent aujourd’hui?
    C’est bien le yo-yo efreiné qui devrait rapporter le plus? Donc, selon la formule publicitaire: « c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros? »…

    Max @ 23 octobre à 23h31 a écrit:

    «  »Mais quoiqu’il soit, il y a une chose qui me fait très plaisir c’est de lire Greenspan déclarer que l’économie n’est pas une science exacte
    Je pense que pour vouloir proposer des solutions pour la crise, il va falloir que les responsables politiques changent carrément de grille de lecture… pas évident lorsqu’à l’université, le courant néoclassique est fort dominant. Ce que nous vivons est une belle déchirure épistémologique et je prie le ciel pour qu’un penseur arrive à proposer une nouvelle approche en économie (qui ne doit plus être considérée comme une science pure et dure, mais une science en somme toute humaine). » »

    Alors il faut que ce soit rien moins que Greenspan qui le dise pour enfin « croire cela »? Mais, sans jouer les « je vous l’avais bien dit…! », il y a longtemps que je me suis rendu compte qu’il n’y a pas de « science économique ». Certes, il existe bien des « sciences » – internes – à des branches d’activités économiques: sciences financières de telles ou telles branches d’activités financières ainsi celles des traders, etc, il existait d’ailleurs déjà la spécialité universitaire de sciences financières, par ailleurs, c’est Paul-Henri David (qui est je crois polytechnicien actuellement, sauf erreur, pdg de Deutsche-Bank-France), qui fit entrer les mathématiques dans les salles de marchés financiers (en attendant beaux résultats!!…).

    Mais, de science économique proprement dite il n’y en a pas. Il y a au minimum, des sciences – de -, ou -dans – l’économie. Ceci n’éclaire nullement la quasi vacuité, non pas de pensées, mais de – la – de pensée dans le domaine de l’économie. Le quasi seul qui ait vraiment cerné l’essence de l’économie et l’argent est, à mon sens (et au sens d’autres toujours plus nombreux) Louis EVEN qui répond à Max quand il écrit:

    «  »et je prie le ciel pour qu’un penseur arrive à proposer une nouvelle approche en économie (qui ne doit plus être considérée comme une science pure et dure, mais une science en somme toute humaine). » »

    Voici deux citations de Louis EVEN. C’est essentiel et bien facile de garder cette perspective et d’en respecter toutes les balises:

    –> Le but, la fin des activités économiques, c’est donc l’adaptation des biens terrestres à la satisfaction des besoins temporels de l’homme. Et l’économique atteint sa fin lorsqu’elle place les biens terrestres au service des besoins humains ».

    et cette autre:
    –> »Et lorsque l’économie atteint cette fin propre, lorsqu’elle permet aux biens de joindre les besoins, elle est parfaite. Ne lui demandons pas plus. Mais demandons lui cela. C’est à elle d’accomplir cela ».

    par exemple voir ces liens où il y a des miens messages où il s’agit du Crédit Social:

    http://www.pauljorion.com/blog/?g=868#comments

    et

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=684 (à ce jour il s’agit sans doute d’un des tout derniers messages posté ici, tout en bas)

  2. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    Paul G,

    Mon intention n’était pas de vous blesser, si c’est le cas, je vous présente mes plus sincères excuses…J’essaie tout aussi maladroitement que vous de vous faire remarquer que le style que vous avez choisi ( je crois que vous en convenez) n’était pas approprié :

    “regardez un petit peu au dessus de votre nombril, vous verrez, y’a aussi des organes intéressants.”

    Cette phrase est pour moi assez violente d’où mon besoin de vous répondre.

    Par contre je ne peux que vous encourager à nous faire part de vos opinions politiques ou vos propositions, je crois qu’effectivement ce blog est le lieu idéal…en tout cas moi je m’en soucie…:°)

    Je ne partage pas, par contre, votre « opinion  » sur les intellectuels, parce que tout simplement rationnaliser pour moi constitue le meilleur moyen d’être  » civilisé ». Nous avons besoin des sociologues, philosophe et psychiatre ( le post de Clémence est de ce point de vue remarquable) pour donner sens…

    Je vous souhaite une excellente fin de journée et au plaisir de vous lire.

  3. Avatar de la crise
    la crise

    @ clemence

    Vous avez raison. Sauf que la gangstérisation sociale est le fruit de l’impossibilité de travailler ou de gagner de l’argent normalement. Idem pour les Hedge Funds qui ne se comportent pas moins mal que les clients de la grande distribution qui exigent les prix les plus bas, favorisent les délocalisations. Et ensuite ils défilent pour les salires, la retraite, la sécurité….

  4. Avatar de Alain Vézina
    Alain Vézina

    Bientôt la fermeture des bourses ?

    Les solutions aux excès de la finance, qui s’y intéresse ?

    On peut s’intéresser à celles de Paul Jorion, qui est celui dans le monde qui a le mieux prévu comment se déclencherait la crise, dès 2005.

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=876

    Ou, toujours dans cet ordre, à celles de Jacques Attali ou Frédéric Lordon, non trop éloignées de celles de Paul Jorion

    A celles de Philippe Zarifian que je cite ?

    «Je ne vois aucune sortie de cette crise se dessiner. Je ne vois aucun gouvernement des grands états capitalistes prendre les mesures radicales qui s’imposeraient.

    Ces mesures radicales sont simples à énumérer :

    – asphyxier ou supprimer le capital de placement. C’est possible par des mesures politiques fortes. Mais actuellement les gouvernements font l’inverse : ils le renflouent !

    – renverser complètement la donne et la tendance en matière de partage de la valeur ajoutée entre profit, impôts sur les sociétés et rémunération salariale,

    – rétrécir le plus possible la sphère de la marchandisation et développer une économie servicielle, publique, mais aussi associative, voire privée. On peut « renationaliser », mais ce n’est
    que l’enveloppe, comme le gouvernement britannique, aculé à cette solution, le fait à titre temporaire. Derrière cette enveloppe, il faut mettre un nouveau contenu, inspirée du service public,
    mais donnant aux usagers un pouvoir et une initiative démocratique et première qu’ils n’ont jamais eu, même à la grande époque de l’essor du domaine du service public (qui était, en réalité, un service étatisé),

    – enfin, mais c’est en soi un sujet trop vaste pour que je puisse le traiter dans ce texte, tirer toutes les conséquences qui s’imposent de la crise écologique. En faire une priorité absolue.»

    Aux solutions de Jacques Sapir, de Paul Krugman, de George Soros, de Jean-Paul Gréau, qui tous prédisent autant qu’ils proposent, pour l’économie une certaine fin de la mondialisation matérielle, un certain protectionnisme.

    Dans ce cadre et celui d’une économie plurielle et dans la filiation d’un New Deal Vert qui n’a surtout pas pas à n’être que technologique, je propose :

    avec Jean Zin:
    Une relocalisation de l’économie en utilisant des monnaies locales (seconde monnaie), valoriser les énergies humaines locales (dans la crise, de plus en plus de gens seront mis hors marché) par le revenu minimum garanti, se protégeant de la concurrence du marché global en constituant des coopératives municipales où s’unifie production et consommation (planification associative locale).

    Une politique de la ville (à la fois urbanistique et citoyenne) et du crédit immobilier visant à organiser l’attention permanente de tous dans la poursuite d’une empreinte écologique de moins d’une planète (One Planet Living).

    Pour cela :
    Donner crédit (financement) à des collectifs comme le sont les «land trusts» nord-américains plutôt qu’à des ménages, afin de sortir progressivement les sols du marché et une partie de la valeur des résidences.

    Ainsi décrit, le New Deal Vert, que nous souhaitons voire appliquer mondialement, doit donc viser à organiser et structurer de façon forte les pouvoirs locaux, peu ou prou municipaux.
    Ce qui ne veut pas dire que tous les ensembles politiques plus vastes perdent leur pertinence.

    Bien sûr, réduire les inégalités de revenus en s’imposant un revenu maximum qui, pour ma part, devrait être de l’ordre de 20 fois le revenu minimum garanti, ce qui pourrait faire quelque chose comme 300 000$ annuellement. De toute façon, faire tenir ensemble 300 000$ de revenus totaux en dollars actuels et une empreinte écologique personnelle ou familiale de moins d’une planète risque fort d’être encore discutable, le dernier facteur ayant à s’imposer au premier.

    Nous sommes à l’heure de la proposition et de l’expérimentation d’alternatives radicales concrètes.

    Il faut s’y affecter pour que cela occupe significativement l’espace médiatique, l’espace public.

    Les gouvernements et les milieux d’affaire n’ont surtout pas à occuper seul tout le champ des initiatives qui comptent, sinon comme le souligne Philippe Zarifian (mais aussi Paul Jorion ailleurs), ils organiseront la répétition du même et probablement la mort éco-climatique de notre espèce, parmi d’autres, dans le demi siècle à venir.

    La suite des évènements sera au moins tout autant notre fait que le leur.

    Il n’y a pas de complot, nous avons organisé en mode de vie et trop souvent nous désirons encore, notre propre absence, le repli en nos domaines (ou nos parcelles).

  5. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Clémence Daerdenne @

    et Laurent @ (commentaire à un autre billet de Paul)

    Oui, la « main invisible » serait bien la synergie des forces formées des déterminismes biologiques en nous, puis d’autres déterminismes socio-culturels échaffaudés sur ces forces qui seraient celle du cerveau reptilien en nous, tel que l’a bien vu, par exemple, Henri Laborit. D’autres, des philosophes pas trop mal inspirés, disent que la société contemporaine, dans le courant de sa civilisation, traverse sa période d’adolescence. Je crois que c’est très vrai. Après le meutre du père, (hélas il y eut passage à l’acte lors de la révolution française, cette révolution-là n’est que l’éclosion de la première qui fut la révolution anglaise exactement un siècle plus tôt). L’adolescence est la période ou on envoie promener l’autorité et les dogmes, etc, et où l’on va se « shooter » dans un système financier, le seul qui est vraiment révolutionnaire dans le fond par les destructurations qu’il entraîne, à côté duquel les drogues dures sont presque de la bibine. Les « traders » shootés à l’adrénaline, ceinturés de centaines d’écrans dans leur salle de marchés n’offrent-ils pas, entre tant d’autres exemples, cette image d’adolescence?

    Le plus grave, c’est que cette économie de drogues et de drogués à des conséquences qu’on ne peut admettre sur l’économie normale productive faite par des sociétés qui ne demandent qu’à rester saines.

    Nous en arrivons, pas trop tôt (mais à quel prix?!) à l’écroulement du système et de son mode anlo-saxon, le plus révolutionnaire de tous, libertaire, individualiste jusqu’à la manie et la perversion, sans se rendre compte le moins du monde que nous pouvons être des individus, justement, parce que nous vivons en société.

    Tel est le résultat, la trace et le piège dans nos sociétés de cette révolution bourgeoise protestante et anglo-saxonne qui domine et influence le monde occidental, à des degrés divers, depuis environ cinq siècles. Car nous naissons « en société », la mère d’abord (génétique ou pas), puis le père ensuite (génétique ou pas) constituent l’élément social de base. Et au lieu de vouloir devenir son propre père et sa propre mère, comme individu libre ET social en même temps, l’on nous aura fait croire à l’affranchissement, par l’ « individu », de ses « déterminismes » qui l’ « aliènent ». C’est bien là la « meilleure » façon de retomber le plus lourdement et douloureusement possible en plein sur soi-même, une vraie planche à clous! Telle serait la situation en général.

    Puisqu’il s’agit surtout sur ce blog d’économie et d’argent, quelqu’un, Laurent sur ce blog je crois, a tout récemment très bien peint cette situation, je le cite de mémoire, mais le sens y est: « Le protestant finit par mourrir repu de milliards de dollars aussi seul, sali et rongé de fientes de pigeons que sa statue dans le square d’à côté ». Très bon coup de pinceau!

  6. Avatar de Candide
    Candide

    @ Alain Vézina

    Je suis parfaitement d’accord avec ces propositions, que, pour la partie écologique, je résume depuis longtemps ainsi :

    Les mesures indispensables à la protection de l’environnement – et donc à la survie de l’espèce humaine – ne doivent en aucun cas être soumises à un quelconque impératif de rentabilité !

  7. Avatar de Candide
    Candide

    @ Rumbo,

    Le plus grave, c’est que cette économie de drogues et de drogués à des conséquences qu’on ne peut admettre sur l’économie normale productive faite par des sociétés qui ne demandent qu’à rester saines.

    Et gardons-nous d’oublier l’éventualité – pas complètement improbable – d’une mort par overdose !

  8. Avatar de clemence daerdenne
    clemence daerdenne

    GREENSPAN FAIT SON MEA CULPA !

    ON CROIT REVER !!! n’importe quel singe bonobo sait que moins y’a de régle plus c’est la jungle , GRRRRRRRRR
    désolée de ce commentaire primaire, primate , enfin je ne sais plus :=)

    24/10/2008 liberation
    Alan Greenspan en plein « désarroi »: il y a une grosse « faille » dans le capitalisme…
    La dernière crise de foi quant aux « bienfaits » du marché fait la une des médias américains. Et pour cause. Elle provient d’Alan Greenspan (photo), l’ex-président de la Federal Reserve, qui a professé pendant 18 ans à la tête de la banque centrale américaine la supériorité du marché sur la régulation.

    Interrogé jeudi par le président de la Chambre des représentants, Henry Waxman, qui était particulièrement mordant, Greenspan a, comme l’écrit le New York Times, « admit qu’il avait eu tort de faire confiance au marché pour réguler le système financier sans un contrôle supplémentaire du gouvernement ».

    Lisez les déclarations de Greenspan. Elles révèlent un homme totalement désemparé par la crise financière.

    « J’ai fait une erreur en comptant sur l’intérêt privé des organisation, principalement des banquiers, pour protéger leurs actionnaires. »

    « Ceux d’entre nous qui comptaient sur l’intérêt des établissements de crédit pour protéger les actionnaires (en particulier moi-même) sont dans un état de choc et d’incrédulité ».

    « La crise a pris une dimension beaucoup plus grande que ce que j’avais imaginé ».

    « J’ai trouvé une faille dans l’idéologie capitaliste. Je ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela m’a plongé dans un grand désarroi. »

    « La raison pour laquelle j’ai été choqué, c’est que l’idéologie du libre marché a fonctionné pendant 40 ans, et même exceptionnellement bien ».

    « J’ai eu en partie tort en n’essayant pas de réguler le marché des Credit Default Swaps »

    « Le modèle de gestion des risques tenait depuis des décennies. Mais l’ensemble de cet édifice intellectuel s’est effondré l’été dernier. »

    Heureusement qu’il y a encore Alain Madelin pour croire aux vertus du libéralisme. Mais il doit se sentir de plus en plus seul, non?

  9. Avatar de Bizz
    Bizz

    @lacrise
    Extrait d’un article de Thomas Piketty (Liberation, 30 sept 2008)
    « Après la crise de 1929, en réaction aux élites économiques et financières qui s’étaient enrichies tout en conduisant le pays à la crise, la réponse de Roosevelt fut autrement plus brutale. Le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux revenus les plus élevés fut porté de 25 % à 63 % en 1932, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941, niveau réduit à 77 % en 1964, et finalement à 30 %-35 % au cours des années 1980-1990 par les administrations Reagan-Bush (Obama propose de le remonter à 45%). Pendant près de cinquante ans, des années 1930 jusqu’en 1980, jamais le taux supérieur ne descendit au-dessous de 70%, et il fut en moyenne de plus de 80%.  »
    Thomas Piketty est directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

    “Contre les paradis fiscaux on ne peut rien faire puisque pour les Etats occidentaux c’est la punition d’avoir prélevé jusqu’à 60% des richesses annuelles produites”

    Les paradis fiscaux sont une création des Etats eux memes, pas une punition. Les Etats ont autorisé la circulation de capitaux (dont l’argent sale) avec les paradis fiscaux. Plus généralement, les Etats cherchent à attirer l’argent placé dans les paradis fiscaux pour financer l’economie.
    Un autre probleme est aussi que l’argent qui existe dans les paradis fiscaux est la maniere dont ils ont été obtenus et sortis des Etats ayant une legislation sociale. C’est le problème dans l’affaire d’exil fiscal européenne (particulierement l’Allemagne) avec le Luxembourg.

    Bien sur qu’on peut faire qq chose contre les paradis fiscaux si cela se fait à l’echelle européenne si on interdit deja les paradis fiscaux dans l’europe !
    Les paradis fiscaux sont constitués par des personnes morales ou physiques des « Etats sociaux » qui ne veulent pas participer à l’etat social mais qui veulent quand meme y investir…
    Non 60% ce n’est pas trop meme si en France, on nous fait croire que 50% c’est le grand maximum qu’une société peut tolerer !
    Ce taux est legitime en fonction de l’indecence des revenus percus voire du caractère anormal et injusitifiable de l’ecart des revenus.
    Le manque de repartition des revenus est d’autre part un risque pour le fonctionnement de la société commerciale… quand on a plus de sous, on emprunte, quand on ne peut plus emprunter, on fait des prets hypothecaires, quand on peut plus faire de prets hypothecaires, on ne peut plus consommer …

  10. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    Pour répondre quant à la question de la fermeture de la bourse…un petit article glané sur l’excellent site contre-info, où officie d’ailleurs Paul.

    Radar 23 octobre 2008 : Quand le futur ruine le présent.
    Mise à jour : 2008-10-23 18:09:57

    Lorsque la valeur des actifs baisse, la promesse de richesses futures qu’ils portaient tente de se réfugier dans le présent. Ce faisant, la dette future devient une dette pour le présent. Et le ruine.

    On considère habituellement un actif, c’est-à-dire une épargne « placée » comme une richesse disponible. Mais cette disponibilité ne sera utilisée que dans un futur plus ou moins lointain. Le jour où ce droit de retrait sera exercé, l’emprunteur devra pouvoir extraire cette richesse du présent pour rembourser le créancier. A charge pour lui entre temps d’avoir utilisé ce prêt pour accroître les richesses tangibles. A l’inverse, lors de sa conversion en actif, l’épargne présente – liquide – change de nature. Elle abandonne sa forme de richesse actuelle, la monnaie – qui est une dette sur le présent au sens où elle porte en elle l’exigence d’une contrepartie dans les biens circulants – pour se transformer en une dette tirée sur un futur à venir, plus ou moins distant, selon ce que les professionnels appellent les « maturités », la durée de l’engagement.

    Ce principe de base, que l’on peut appeler « conversion de maturité » – l’échange de présent pour un futur – est mis en œuvre à tous les niveaux de l’activité économique. Par les banques, bien sûr, mais aussi par les entreprises, les bourses, et même les Etats.

    Or ces machines à transformer les maturités partagent toutes un point commun : lorsqu’elles sont soumises à des demandes de retraits massifs, elles s’effondrent. D’abord parce que la vente massive et simultanée des actifs crée à tout coup un marché baissier. Mais la raison fondamentale de cette faillite de la « conversion inverse de maturité », du futur au présent, est celle-ci : aucun présent ne peut supporter en même temps la réalisation de tous les futurs qui auraient du normalement s’échelonner.

    Ces conversions – c’est-à-dire ces retraits – peuvent avoir classiquement plusieurs causes. Le manque de confiance apparemment injustifié lorsque les fondamentaux sont sains, on parle alors de crise de liquidité. Le manque de confiance justifié, lorsque l’établissement a fait des investissements générant des pertes, et c’est alors une crise d’insolvabilité. Et enfin un besoin pressant de liquidités de la part des déposants.

    Dans la situation actuelle, faite de doute généralisé et de certitudes de pertes – dont le niveau réel est toujours indéterminé mais augmente mécaniquement plus cette crise se prolonge et se diffuse – ces trois ingrédients sont présents simultanément dans l’ensemble du système et se renforcent les uns les autres. Certains sont inquiets pour la valeur de leurs investissements, d’autres veulent « sortir » pour limiter leurs pertes et les derniers cherchent frénétiquement des liquidités pour couvrir des pertes déjà subies. Dans tous les cas, les ventes d’actifs requises pour rembourser les déposants poussent les prix à la baisse, en un cercle vicieux qui s’auto alimente.

    Les paniques de retrait bancaire, dont le monde développé croyait qu’elles appartenaient au passé, sont l’archétype de ce mécanisme. Par nature, aucune banque, qui utilise des dépôts à court terme pour financer des investissements à long terme, ne peut résister à une demande massive de remboursement. Lorsque tous les déposants se présentent au guichet, n’importe quelle banque est mise en faillite, même si sa situation est saine. Cette réalité est comprise depuis fort longtemps, et c’est pourquoi toutes les banques de dépôts sont adossées à une banque centrale qui fournira le cas échéant les liquidités devant permettre de faire face à ce genre de situation.

    Mais ces retraits ne ruinent pas uniquement les banques.

    La bourse offre également un exemple de ce mécanisme. La capitalisation boursière n’est que virtuelle. Elle ne conserve sa valeur que tant que les demandes de retraits sont inférieures en nombre aux offres des investisseurs entrant sur le marché. Que tous les détenteurs d’actions tentent en même temps de sortir, de « réaliser » leur capital, et ils sont à coup sûr ruinés.

    Les Etats – on le voit en ce moment – peuvent aussi être mis à genoux par une vague de retrait massif des capitaux étrangers. Lorsqu’un investisseur étranger veut rapatrier ses capitaux – le plus souvent en dollars – il doit convertir ses créances de la monnaie locale vers le billet vert. Que tous les investisseurs étrangers se mettent à vendre en même temps leurs devises locales contre des dollars et comme dans tous les marchés où les vendeurs sont plus nombreux que les acheteurs, le cours du bien – ici la monnaie du pays – s’effondre. C’est pour se préserver contre ce danger que les banques centrales des pays émergents ont accumulé force dollars ces dernières années. Elles peuvent ainsi jouer le rôle de l’acheteur de dernier recours et soutenir le cours de leur devise. Mais les volumes mis en jeu ces derniers temps ne leur permettront pas de tenir très longtemps. Autre cas de figure de conversion, une vente massive de bons du Trésor – américains par exemple ? – produirait le même résultat.

    Dans tous ces cas, banques, bourses, Etats, le phénomène est le même. Les retraits qui auraient du en temps normal s’étaler dans le temps sont tous effectués au même moment et ce flot emporte peu à peu toutes les digues.

    Comment pourrait-il en être autrement ? Car c’est en fait à un raccourcissement du temps auquel nous assistons. Les promesses de retraits futurs ne peuvent évidemment être tenues que si les demandes s’échelonnent l’une après l’autre. La conversion inverse des maturités – du long au court – de l’actif au liquide, équivaut une ponction sur la richesse du jour au moment où elle est effectuée.

    Mais aucun présent ne peut suffire à réaliser toutes les promesses de futur en un seul jour.

    Face à cette situation intenable par nature, il n’y a que de mauvaises solutions.

    – Constater que les promesses ne seront pas tenues. L’actif est liquidé en une perte sèche : disparition des retraites gérées par les fonds de pensions, baisse de l’immobilier. Résultat : déflation.
    – Adosser l’émetteur de la promesse à quelqu’un de plus solide – l’Etat – en espérant ainsi mettre un terme à l’exigence de preuve immédiate – au retrait. Ce faisant les dettes privées des banques deviennent les dettes publiques de l’Etat, donc des contribuables. Ce processus d’amplification de la dette et du risque associé compromet la valeur de la monnaie. Résultat à terme : inflation.
    – Tenter d’incorporer au présent une partie de ce futur : émettre de la monnaie pour racheter les actifs. Résultat : inflation.
    – Interdire d’exercer dans le présent son droit sur le futur : bloquer ou limiter les retraits, contrôler la circulation des capitaux, fermer les bourses. Résultat : reculer l’heure des comptes et accroître l’incertitude.

    Dans tous les cas, cet afflux de futur au guichet du présent s’avèrera ruineux.

    Mais au-delà du constat, cette grille de lecture – fort peu académique, au demeurant – de la crise comme l’expression d’un dysfonctionnement de la relation au temps peut donner aussi quelques clés de compréhension. Si l’on interprète la crise actuelle comme une inflation déraisonnable de futur soumis aujourd’hui à un processus de dégonflement subit, on peut lire différemment les processus qui ont encouragé cette inflation.

    La dette : c’est le coupable le plus évident. Comme le rappelle Paul Jorion, le crédit à la consommation est une perversion fondamentale d’un mécanisme qui à l’origine n’a de sens que s’il permet d’accroître la production ou d’étaler dans le temps l’acquisition d’un bien durable au-delà de l’extinction de la dette. Le crédit à la consommation, cette traite sur le futur, qui en court-circuitant l’attente a pour effet de réduire les revenus de demain d’un montant supérieur à celui du bien consommé aujourd’hui, se traduit par un appauvrissement et rien d’autre. Il est l’inverse d’une augmentation de richesse tangible et durable. Et lorsque les ménages en sont réduits à l’emprunt pour subvenir à leurs dépenses courantes, l’empilement de ces traites garantit le non remboursement du principal. C’est le principe même du revolving, la dette éternelle.

    Les inégalités : combien pèse un milliardaire en euros en année de travail de salarié français ? Retenez votre souffle. 55 555 ans. Plus de 50 millénaires, 25 fois l’unité de compte de la civilisation occidentale. Faites le calcul vous-même, divisez un milliard par 18 000 euros, 12 fois les 1500 euros du salaire net médian en France. En mobilisant le travail de 10 000 personnes durant cinq ans, on n’est sans doute pas loin de l’effort requis pour bâtir une pyramide. Voilà l’échelle de durée des nouveaux pharaons du temps présent. Celle d’un droit de tirage insensé sur les richesses produites par les sociétés, qui pour assurer simplement sa perpétuation exige une rémunération toujours plus élevée par le jeu des intérêts composés, et ce faisant induit un appauvrissement toujours plus grand de la société qui l’héberge. Inflation de futurs disions nous. C’est hyper-inflation qu’il faudrait écrire, en l’occurrence.

    La spéculation : les mécanismes de vente à terme – les « futures », dans le jargon de la finance – ont à l’origine une raison d’être légitime. Protéger un producteur – en l’occurrence il s’agissait de cultivateurs – contre les variations erratiques des cours. En vendant par avance sa récolte à un prix estimé raisonnable, ceux-ci se garantissaient contre une éventuelle chute des prix. Dans ce modèle, la relation présent-futur est univoque. Un producteur se protège lui-même et uniquement lui-même. Mais ce mécanisme de protection a été étendu sans limite. Point n’est besoin aujourd’hui d’être détenteur du bien à vendre pour parier sur la valeur future de celui-ci. C’est le principe même de la vente à découvert – des naked shorts – qui sont en ce moment interdits par les autorités boursières. La aussi, l’inflation de futur par rapport au présent – au bien réel – produit ses effets néfastes en multipliant à l’infini les occasions de paris qui amplifient de façon fort néfaste les variations des cours, comme la récente fièvre sur le pétrole l’a à nouveau démontré. Certains diront sans doute qu’il faut être deux pour faire un pari, et que ce ne sont là que des transferts à somme nulle. Somme nulle ? Ce n’est sans doute pas l’avis des français qui ont du cet été raccourcir leur vacances à cause de la facture carburant, mais passons.

    L’inflation des actifs boursiers : la hausse des cours de bourses est vue comme un bienfait, la preuve de la bonne santé de l’économie. Mais encore une fois, l’inflation de futur est à l’œuvre. Le critère couramment utilisé pour mesurer la valeur d’une action est le Price Earning Ratio, qui exprime la valeur de l’action en nombre d’années de dividendes perçus. Durant les phases spéculatives il peut atteindre 40. Ce qui signifie qu’à défaut de vendre, il faudrait patienter 40 ans pour retrouver le montant de son investissement. Pourtant, lorsque le PER est multiplié par deux, comme cela se produit en phase ascendante, aucune richesse réelle, tangible n’a été créée. Seul le droit de tirage sur cette richesse réelle l’a été. C’est une inflation de promesse. Autre exemple : lors de la bulle Internet, une autre métrique était utilisée pour estimer une entreprise : celle de la valeur du client. A l’époque, 4500 euros était devenu un chiffre courant, et certaines opérations de rachat se sont négociées jusqu’à 7500 euros par client. En prenant pour estimation on ne peut plus optimiste un chiffre d’affaire de 450 euros par an, le point mort, le seuil de rentabilité de l’investissement, n’aurait été atteint qu’après 10 ou 15 ans, c’est-à-dire en réalité jamais. Ces chiffres, parmi d’autres, montrent à quel point la déconnection peut être complète entre la « valeur » attribuée aux actifs et la réalité de l’activité économique sous jacente. Encore une fois, l’inflation des futurs, des promesses intenables, était à l’œuvre.

    Le vieillissement de la population. C’est sans doute le point le plus aveugle, le moins évoqué, le moins compris de cette crise, relevant évidemment lui aussi de la relation au futur. Bien sûr, la question des retraites est centrale dans nos sociétés. On nous répète sur tous les tons que le système par répartition est compromis, voire intenable, et que la seule solution alternative à l’allongement de la carrière est l’épargne, la capitalisation. La thèse sous jacente étant que l’épargne transformée en investissement accroîtra la productivité, donc la quantité de richesses disponibles à partager dans le futur. Or cette assertion n’est pas vérifiée. L’afflux d’épargne ne se traduit pas – et de loin – entièrement par des investissements productifs. Il renforce une inflation artificielle des actifs, à commencer par la bourse. Dans le même temps, l’augmentation du poids relatif de la population retraitée se traduit par une ponction accrue sur la richesse produite, car dans tous les cas, répartition ou pas, le résultat est le même : les salariés doivent subvenir aux besoins des inactifs, que ce soit par la redistribution ou par la rémunération du capital. Une part croissante de la production de richesse qu’ils ont créé est donc distraite en direction des retraités. Cette transformation en profondeur de l’équilibre démographique a donc pour effet de distordre la structure des revenus et de la demande, et d’appauvrir les générations montantes, comme l’a observé Louis Chauvel. Mais c’est aussi un gisement majeur de carburant liquide alimentant une spéculation toujours grandissante et de plus en plus détachée de l’économie réelle.

    Le prix de l’illusion

    Certes aucune société, aucune structure, ne pourrait subir sans dommage la crise de conversion des maturités que nous subissons. Mais ce processus désastreux n’est pas un simple accident de parcours né d’une mauvaise appréciation du risque dans les officines de Wall Street. C’est aussi le règlement de compte d’une calamiteuse accumulation de promesses intenables, où l’illusion de la richesse infinie avait pris le pas sur le réel.

  11. Avatar de Clemence DAERDENNE

    @ghostdog
    je suis d’accord avec vous, article interessant. mais je crois que je l’ai dejà lu sur ce blog 🙂

  12. Avatar de PauloG
    PauloG

    J’éprouve du respect pour l’idée de débat et pour certains intellectuels, mais évidemment pas pour tous, et pas pour toutes les idées, et je n’attends de personne de me « donner du sens ».

    Les débats d’idée, la politique sont nécessaires, quelquefois même utiles.
    Malheureusement, ils ne sont audibles que durant les périodes « stables ». En période de crise, l’instinct et les peurs resurgissent et prennent le dessus, quelquefois pour le pire… Et on voit rarement une approche rationnelle remportait la partie.

    Se battre sur le terrain des idées, donner sa vie sont des comportements admirables, héroïques, spectaculaires, médiatiques, toutes valeurs très individualistes particulièrement mises en avant ces temps derniers, et valorisée par nous autres, individus humains, mais peut être pas forcement très efficace, voir particulièrement stupide, pour l’espèce dans son ensemble.

    Le but ultime n’est il pas plutôt de survivre aux soubresauts, plutôt que de s’entredéchirer pour une idée ?

    Les pauvres et les occupants de bistrot rigolent surement en nous voyant débattre d’un nouvel ordre économique (souci de riche) et nos descendants auront sans doute d’autres chats à fouetter.
    Des problèmes beaucoup, beaucoup plus concrets et finalement plus simples à résoudre que la « création de valeur », la « monnaie », ou « la répartition capital/travail »

  13. Avatar de minic972
    minic972

    Bonjour à toutes et à tous,

    Et merci à Paul et aux autres pour vos analyses pertinentes.

    « Ces alarmistes qui ont vu juste », cela me rappelle la citation « Pessimiste : optimiste qui a de l’expérience » qu’un copain m’a envoyé, il y a longtemps.

    Je partage, moi aussi, aujourd’hui, cette crainte de voir mes enfants avoir faim un jour. Peut être parce que non loin de moi, en Haïti, dans l’indifférence maintenant générale, des milliers de personnes sont en train de mourir.

    Dans l’extrait cité par Ghostdog tiré, comme il le dit, de « l’excellent site » Contre info, l’auteur parle de fin des illusions.
    Cette fin des illusions, cette crise de confiance ne vient-elle pas, au-delà du fait que ce modèle économique était intrinsèquement voué à l’échec, de l’absence, ces dernières années, de grandes révolutions scientifiques ?
    N’étant ni historien, ni économiste, je me trompe peut être, mais j’ai l’impression que les évolutions scientifiques majeures ont souvent contribuées à sortir le modèle occidental des situations de crises. La marine à voile, la révolution de la machine à vapeur, celle du pétrole, celle du nucléaire, celle de l’informatique, la relativité, la physique quantique, la théorie de l’évolution, la génétique. Autant de découvertes qui nous ont laissés croire que notre intelligence faisait de nous des dieux et que nous viendrions toujours à bout des tous les défis que nous aurions à relever.
    De formation scientifique, j’observe régulièrement le monde de la recherche et je ne vois aucune révolution capable de faire renaitre la confiance. Toutes les avancées qui nous ont été vendues jusque là ont lamentablement échouées ; Nous n’avons pas eu nos voitures volantes pour l’an 2000, pas plus que notre base lunaire ou notre mission pour Mars : pas même une malheureuse voiture électrique. La fusion froide ou la chaude d’ailleurs, la pile à hydrogène, les vaccins contre le cancer, contre le sida et même les projets les plus discutables comme le clonage semblent aujourd’hui nous révéler les limites de notre intelligence et nous ramener à une dure réalité : Ne nous sommes nous pas finalement brûler les ailes en tentant de voler vers le soleil ?

  14. Avatar de Armand

    @ Chris dit :

    oui, ça me semble utopique, ne serait-ce qu’en terme d’organisation.

    De plus cela implique de considérer les élites, responsables et faillies, comme encore des interlocuteurs légitimes : quelle contradiction ! quel aveu de faiblesse !

    J’ai déjà écrit ici ce que j’en pense : chacun agit librement en le faisant savoir, en en parlant avec ses proches et connaissances. Le bouche à oreille en quelque sorte. C’est ce que je fais, je retire systématiquement en espèces tout ce que j’ai sur mes comptes et les ré-approvisionne de juste ce qu’il faut pour faire face aux débits. Je paie le plus possible en espèces.

    Du fait de l’effet de levier des réserves fractionnaires, la révolution légale et pacifique comme je l’appelle peut aller très vite.

  15. Avatar de PauloG
    PauloG

    @minic972,

    Je partage votre analyse sur le progrès scientifique.
    N’espérons rien de la science, qui n’a fait qu’accroitre dans des proportions alarmantes nos capacités de prédations sur notre milieu, et qui ne sortira pas de l’impasse thermodynamique dans laquelle nous nous sommes fourré.

  16. Avatar de yann
    yann

    @PauloG

    Ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain, ce n’est pas la science le problème mais la société technicienne qui massifient l’usage de produit technique. Nous avons fait des choix politiques et économique et nos élites capitaliste ont fait le choix de la fuite en avant vers l’accumulation de gadget sans intérêts dans le seule but de continuer à se différencier de la masse, et le reste de la population à suivit cet engouement consumériste, la science n’a rien à voir la dedans. De plus rien ne sous dit que l’homme restera éternellement cloué au planché à consommé de l’énergie non renouvelable. Si nous utilisions nos immense ressources de matière grise à produire et inventer des choses utiles « collectivement » plutot que des marchandises gadget visant à n’accaparer sans arrêt des parts de marché plus grande nous serions peut-être déjà résolut ou empêché d’apparaitre la plupart de nos problème. Ce qui est en cause ce n’est pas l’ingéniosité humaine mais bien l’usage qui en est fait, nuance.

  17. Avatar de Lantique
    Lantique

    @ PauloG

    Il est vrai que le mouvement qui s’emballe peut nous ramener loin en arrière de notre civilisation du confort jetable et du high-tech inutile. (J’en fais partie, j’en utilise) Oui, nous pourrions bien avoir à replanter des patates dans nos belles pelouses pour nourrir nos enfants.
    Mais, comme le disait Maxime Leforestier :

    « Ce monde, je l’ai fait pour toi. »,
    Disait le père.
    « Je sais, tu me l’as dit déjà. »,
    Disait l’enfant.
    « J’en demandais pas tant.
    Il est foutu Et je n’ai plus Qu’à le refaire
    Un peu plus souriant
    Pour tes petits enfants. » »

    Il faut essayer d’avoir emprise sur ce qui ressortira de cette crise sinon les mêmes referont le même mondes avec les mêmes erreurs et les mêmes inégalités.
    Ce monde est foutu, sans doute, ou il le sera bientôt, alors agissons.
    Toutes les idées qui fusent ici serviront elles ? Peut-être pas, peut-être, qui sait. Mais elles existent, elles donnent forme, elles se répandent, elles ensemencent.
    Cela n’exclue pas d’avoir les pieds sur terre et de se préparer à une vie difficile, voire pire.

  18. Avatar de PauloG
    PauloG

    @Yann,

    Merci pour votre commentaire, et je partage bien sûr le fait que l’utilisation que l’on fait des techniques joue un rôle essentiel.

    Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que l’ »ingéniosité humaine », qui se résume assez simplement à prendre à Paul pour habiller Jacques (puiser dans l’environnement des ressources limités pour satisfaire des besoins, dont une partie reste bien sûr essentiel) est justement une partie essentielle du problème. Elle déforme notre vision et nous donne l’illusion de pouvoir maîtriser des forces, des puissances qui resteront pourtant à jamais hors de notre atteinte. Nous comprenons si peu de notre environnement, de notre propre corps, et vraiment rien de ce qui se passe dans notre tête. L’humilité, en tant qu’espèce, me semble la seule approche raisonnable.

    Je pense que la science, par l’illusion de maîtrise qu’elle procure, et par la fourniture régulière de solutions ou d’explications rassurantes à court terme mais le plus souvent limités ou erronées, ne peux être une solution à long terme.

    Je précise que j’ai une doctorat de biologie moléculaire, travaille depuis 15 ans dans les labos et y trouve une très grande satisfaction intellectuelle personnelle.

  19. Avatar de Chris
    Chris

    @ Armand

    c’est effectivement en terme d’organisation et de récupération politiques et syndicale que l’idée me semble utopique mais concernant les interlocuteurs légitimes c’est justement pour imposé nos interlocuteurs que j’imaginais cet ultimatum.
    J’ai beaucoup entendu parler de « refonte du capitalisme » et je ne suis pas d’accord car dire cela c’est implicitement ne pas remettre en question les principes du capitalisme.
    Un ravalement de façade ne sera pas suffisant il faut tomber le mur et le reconstruire il faut une « refonte de l’économie » et ce n’est pas avec 20 capitalistes rassemblés entre eux que l’on y arrivera.

  20. Avatar de Maquis29
    Maquis29

    Un petit hello à tous. C’est très agréable de vous lire. Comme disait mon ami P., « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Tiens le meilleur des mondes cela fait penser à quelqu’un d’autre. Bref, étant un petit nouveau j’aimerais vous faire part de mes commentaires.
    J’éprouve une grande frustration sur l’affaire des CDS. Que leur est-il arrivé à nos chers CDS? Qui pourrait nous faire une synthèse sur ce sujet.
    Maintenant pour les alarmistes. Un peu d’économie réelle, celle qui sent la sueur.
    Je travaille dans une entreprise qui a fait un chiffre d’affaires de 36.5 m d’euros pour 32 m de frais (exercice 2008 clôturé au 30/09). Donc 4.5 m d’€ avant impôts. C’est pas mal surtout calculé par FTE (full time employee). Mais pour le bonus distribué en décembre j’ai mes doutes. Allons nous faire le dos rond et vivre sur notre gras pour les 2 années à venir? Que nenni. Le gras il a déjà fondu. Notre CEO groupe (plus de 500 m d’€ pour le groupe) a demandé de revoir les budgets 2009.
    On simule.
    Avec du moins 5% de CA: pas de licenciements. Moins 10%: en coupant un peu la pub on ne licencie toujours pas. A moins 15%, la charrette se remplit. A moins 20%, ça sabre. J’ai omis de vous donner un paramètre. L’OP (operating profit) doit bien sûr rester de 8%. Le croissance peut-être de 1%, les firmes veulent 8.
    Simple question: la micro donne-t-elle la macro-économie? Si oui, l’avenir est très gloomy (sombre).
    Ce petit témoignage pour vous dire que toutes les entreprises vont protéger leur marge. Donc ça va saigner car tous les top managers pensent être plus malins que leurs coreligionnaires. Pour la rupture épistémologique, il y a de la marge (à toujours protéger of course).
    Continuez vos contributions et n’oubliez pas votre petit machiavel « il n’y a pas de bonnes lois, il n’y a que de bonnes armes ».

  21. Avatar de jlm

    Ouais les mecs… depuis vingt ans qu’on a vu que le système allait se (nous) casser la gueule, et que quand même, on a fait le ventre mou, confortablement, tranquilles entre les deux extrêmes… je parle pas des intellos, ni des « Maussiens », mais de nous tous…

  22. Avatar de spartel
    spartel

    Merci Paul.
    Pour reprendre Keynes, les solutions apparaîtront en ces temps de grande confusion : il faut faire preuve d’une inébranlable conviction.
     » Je pense en effet que notre destin est entre nos mains et que nous pouvons nous en sortir si seulement nous le voulons ou plutôt, si le veulent ceux qui, de par le monde, en ont le pouvoir ». Et, ajoutait Keynes, « nous sommes à l’un de ces rares moments critiques dans les affaires humaines, où nous ne pouvons être sauvés que par la solution d’un problème intellectuel, et par aucun autre moyen ».
    Nous y sommes, nous aussi aujourd’hui.
    La lecture de la préface de Jean-Paul Fitoussi ( des textes de Fitoussi ) et d’Axel Leijonhufvud et la série d’articles de Keynes, La Pauvreté dans l’abondance, semblent ouvrir des pistes fécondes. ( Tel Gallimard,2002)

  23. Avatar de Archimondain

    Merci à Rumbo pour sa réponse sur le crédit social. Évidement, je suis un peu déçu, j’aurai préféré une critique plutôt qu’une éloge. Mais bon, on prend ce que l’on a. J’ai vu dans vos précédents messages, Rumbo, que vous faisiez un appelle pour que l’oeuvre de Douglas soit traduite en Français. Je serait également très intéressé par un tel projet. Je me demande combien peut coûter une traduction. Je serais éventuellement prêt à en mettre une partie de ma poche… et puis par les temps qui court, il y a moyen que ça se vende bien 🙂 si en plus on peut faire de la thune c’est tout bénef !

    J’ai remarqué que beaucoup considèrent que l’économie n’est pas une science exacte et que pour cette raison les politiques ont eu tord de faire confiance à cette science qui aujourd’hui révèle son impuissance. Je suis d’un naturelle très mécaniste, au sens philosophique du terme : Pour moi les même causes donne les même conséquences. Et l’économie me semble au contraire pas si loin d’être une science exacte. Ce que je ne comprend pas, c’est que si je récapitule certaines grandes lignes du fonctionnement actuelle, il y a des éléments font que ce système semblent logiquement (au sens fort : prouvable) voués à l’échec :
    1/ plus de 90% de l’argent dans le monde a été créé par un crédit
    2/ Les crédit doivent être remboursé avec intérêts
    -> La quantité d’argent a rembourser est supérieur à la quantité d’argent existante
    -> Il est impossible de rembourser les crédits sans une croissance continue (voire de dérivé seconde positive), ou sans un endettement de certaines personnes, ou sans un crash (ou une guerre, ou autre évènement extraordinaire, remettant les pendules à zéro).

    Cela relève d’une logique tellement élémentaire (je veux dire, un enfant de 10 ans est capable de comprendre ça) que je ne peux me résoudre à croire que que l’on soit allé dans cette direction dans l’indifférence la plus totale. Il va de soit que les choses sont bien plus complexes que cela. Mais il me semble que cette complexité vient se greffer autours de ces principes simples, sans les modifier d’aucune sorte. Est-il donc réellement besoin de chercher plus loin alors que tout système économique incluant ces principes semble inefficace dès le départ ? Je me dit que :

    – Soit Mon raisonnement est erroné, et cela est aisément démontrable, je suis juste un peu paresseux ou un peu bête de na pas avoir pu trouver en quoi. (j’attends donc avec humilité qu’on me montre ce qui cloche).
    – Soit Mon raisonnement est erroné, et pour comprendre pourquoi, il faut une maîtrise en physique nucléaire, savoir parler au moins quatre langues couramment et être capable de faire de tête en moins de 5 seconde des multiplications à 10 chiffres, ce qui fait que seul une petite élite est réellement capable de saisir dans toute leurs profondeurs ces subtiles mécanismes économiques, et se mettent gentiment au service de l’humanité en appliquant leurs très précieux savoir faire au service de tous.
    – Soit mon raisonnement est juste, et dans ce cas, de part la simplicité extrême des évidences qu’il met en lumière, ceux qui ont mit en place et fait perdurer ce système sont coupables d’entrainer sciemment l’humanité vers sa perte. En plus de ça, tout ceux qui savent et qui ne font rien (incluant donc n’importe qu’elle personne ayant fait des études d’économies) sont coupables au moins de ne pas mettre au courant les néophytes de ces vérités pourtant fort simples (je le répète, un enfant de 10 ans peut comprendre ça… bon aller disons 12, je ne me rend peut-être pas bien compte). Et dans ce cas il me semble urgent de chercher autre chose.

    C’est dans cette perspective que je compte bien m’intéresser au crédit social. Parallèlement, l’idée de faire en sorte, par le bouche à oreille qu’un maximum de personnes retirent leurs argent des banques est très séduisante. Mais elle ne peut selon moi venir sans un autre système. Ça ne sert à rien de foutre toute l’économie par terre si c’est pour le plaisir de voir le monde s’écrouler. Il semble normal qu’un petit groupe de personnes soit prêt à tout pour voir échouer un changement de paradigmes concernant le système économique même si ce dernier est meilleurs pour le monde. Chacun protège sa part de steak, c’est la nature humaine. Et plus elle est grosse, plus la perte est douloureuse. Les changements à effectuer sont profonds et rien ne changera donc tant qu’un nombre suffisamment grand de personnes ne sera pas pas conscient de la réalité. Il se peut bien que ce changement de paradigmes économiques commence à être en phase avec la société. Le combat principale à mener me semble donc être pour le moment une lutte contre la désinformation.

    C’est cela que je m’apprête à présent à faire (modestement). Mais je ne pourrai le faire que si je suis convaincu des changements à effectuer. Et je ne serait convaincu des changements à effectuer que lorsque l’on m’aura montrer en quoi j’ai tord, et que j’aurai pu montrer en retour en quoi ce n’est pas le cas. Tout de même, les choses ne peuvent pas être aussi simples ? Si ?

  24. Avatar de magnum
    magnum

    Après une hésitation, j’ose vaguement poser un raisonnement et une question (je ne suis pas économiste mais un citoyen intéressé et curieux) :
    Si j’ai bien compris, la monnaie totale dans le monde a depuis le début de l’année (ou depuis début septembre pour être plus illustratif) a chuté. Je ne parle pas de monnaie fiduciaire évidemment mais du total, avec tous les écrits bancaires.
    Question 1 : Est-ce correct ?

    Je poursuis en supposant que j’ai juste :
    La masse de biens sur terre n’a pourtant pas diminué dans le même laps de temps. Elle a même sûrement très légèrement augmentée. Ainsi, on peut considérer que ceux dont la richesse (en monnaie) n’a pas bougé, sont devenus plus riches car il possède un pourcentage plus important des richesses mondiales.
    Question 2 : y’a-t-il une erreur dans ce raisonnement ?

  25. […] « Ces alarmistes qui ont vu juste 24 10 2008 […]

  26. Avatar de Archimondain

    @Magnum
    Je ne suis pas non plus économiste, mais si j’ai bien compris les choses, cette monnaie scripturale a chuté parce qu’elle n’avait justement plus aucune correspondance avec la réalité (les service et biens échangeable réels) : Elle n’était que le reflet de la confiance qu’avaient les acteurs économiques à voir cette richesse réel augmenter dans le future. Mais la richesse fictive s’est retrouvé tellement éloigné de la richesse réelle actuelle que la confiance s’est brisé.

    Donc personne n’est plus riche qu’avant. En revanche, la richesse réel elle n’a pas bougé (ou pas beaucoup), mais à cause des mécanismes complexes de l’économie actuelle, il semblerait bien que les gens deviennent quand même plus pauvres. (sans aucune raison valable, puisque la vrai richesse est la même).

    C’est tellement risible… si des extra-terrestre existes et qu’ils nous observes il doivent bien se marrer 🙂

  27. Avatar de Jean-Emmanuel
    Jean-Emmanuel

    @ il professore et à ceux intéressés par le GEAB.

    Je m’y suis abonné, même si c’est un peu cher comme dit Skavsta, car après avoir suivi pendant plusieurs mois la version gratuite, j’étais très intrigué et intéressé par une méthodologie qui donne des résultats aussi surprenants.
    Si cela intéresse certains, dites le moi, je mettrai les derniers n° à disposition pour un usage restreint.

    cordialement,

  28. Avatar de Asterix
    Asterix

    Bonsoir à vous tous, et merci à notre hôte de permettre un débat aussi riche qu’intéressant.

    Bein ne pouvant étayer mes avis de références aussi vastes que certaisn d’entre vous, je me permets ce petit commentaire car, réfléchissant depuis longtemps à notre système économique qui ne pouvait qu’imploser ainsi, je ne peux que rejoindre l’avis de Paul Jorion et des principaux intervenants de ce blog. Néanmoins, il me semble fort utopique d’espérer un changement positif de notre monde économique et politique.

    Soit l’évolution viendra d’un redémarrage sur les bases actuelles, parce que quelqu’un, quelque part, parviendra à stopper cette chute vertigineuse des actifs et de la confiance, et la première envie d’une majorité de nos contemporains sera de repartir comme avant, et de tenter un peu plus de faire monter les arbres dans le ciel jusque la prochaine crise (bien plus importante bien sûr).

    Soit les « élites » actuelles, soucieuses de conserver leur pouvoir économique et social, ne laisseront pas mourir ce modèle, et nous créeront un monde à la Orwell (simple évolution de notre modèle néo-conservateur), le seul avantage pour nous tous étant qu’il nous économiserait de nous interroger inutilement sur notre devenir, celui-ci étant tout tracé…

    Soit ce modèle capitalistique s’auto-détruit dans un grand chaos, source, au choix, de guerres, de vengeances des moins nantis envers les occidentaux, de désordres climatiques, etc… le pire serait devant nous.

    J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, et je rejoins en cela Catherine, je ne puis qu’être désabusé par cette situation et ne perçois pas quelle pourrait être la sortie par le haut de ce pétrin dans lequel nous et nos ancêtres nous sommes placés. Il est évident que si tous les non-« élites » se regroupaient et, dans un élan de démocratie athénienne, tentaient de définir le modèle qui leur conviendrait, la minorité qui dirige le monde suivant ses besoins n’aurait qu’à bien se tenir. Mais nos contemporains sont bien trop heureux de leurs « pain et jeux », les emmener sur le chemin de la réflexion serait bien ardu.

    Vous allez me dire que les petits ruisseaux font les grandes rivières, qu’il faut provoquer le débat et la réflexion autour de soi… je suis d’accord, et tente de l’appliquer quotidiennement. Mais les réactions sont faibles, tout le monde a peur de l’inconnu, et préfère se réfugier dans le « tout va bien, ou ira mieux bien vite », que de se confronter à l’irrationalité de notre vie actuelle. Comme le disait l’un d’entre vous, nous passons notre temps à courir après l’argent, dont nous ne pouvons même pas profiter vu le peu de temps qui nous reste… Et dans cette course contre la montre, peu osent s’arrêter un instant et regarder notre monde à la loupe.

    J’aimerais partager vos espoirs de monde meilleur ; j’aimerais me dire que tous ensemble nous pouvons changer les priorités de notre société ; j’aimerais que nous puissions résoudre les problèmes du climat, de la faim dans le monde, des inégalités sociales, des guerres ; j’aimerais un retour à un bonheur plus sain, moins matériel. Mais, malheureusement, je ne vois pas ce qui pourrait laisser présager une telle évolution.

    Ce ne sont que quelques réflexions qui ne feront certes guère avancer le débat, mais je soumets néanmoins à votre réflexion… si l’un d’entre vous voit la lumière dans ce long tunnel, qu’il m’en indique la direction et nous ferons un bout de chemin ensemble peut-être !

  29. Avatar de Asterix
    Asterix

    @magnum :
    c’est bien le principe de la déflation, ceux qui ont du cash « possèdent » une part plus importante des richesses, devant moins les partager (ceci étant, quelle est la valeur réelle de notre monnaie de singe?).
    et c’est bien le noeud du problème actuel : étant dans un jeu à somme relativement faible, car pour autant que je sache, l’expansion de notre terre n’est pas exponentielle, il était peu justifiable d’assister à une telle croissance de la monnaie.

    Et tant que l’Homme ne voudra pas admettre que malgré toutes ses connaissances, nous ne pourrons pas atteindre l’infini, nous continuerons inlassablement à nous diriger vers des catastrophes : financières, climatiques, démographiques, etc.

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