Si vous n’êtes pas encore découragé, attendez de voir la suite…

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Dans un commentaire, Strategix écrit ceci :

Lorsque l’on veut réorganiser le monde et redistribuer les cartes, certains résistent, les exaltés défendent leurs idées et la violence en résulte. La réalisation de projets de réforme en profondeur, sans l’adhésion des forces de pouvoir, implique la violence. Le recours à cette dernière est exclu, et les chances de réussites sont donc infimes.

J’ai lu ça tout à l’heure, au moment où j’achevais la lecture d’un article du Wall Street Journal d’aujourd’hui qui expliquait qu’en raison de la chute du prix du brut, consécutive à la crise,

…au cours des trois derniers mois, les actions de compagnies dédiées aux énergies renouvelables ont perdu 45 % de leur valeur, chiffre à comparer aux 23 % subis durant la même période par l’ensemble des sociétés composants l’indice Dow Jones.

Et ce « catch 22 », ce genre de situations où on perd à tous les coups, m’a rappelé un article lu dans BusinessWeek il y a une semaine ou deux. Le magazine partage mon sentiment que juste derrière les lobbys de la finance, le principal responsable de la crise des subprimes, ce sont les régulateurs des marchés financiers qui, sur instructions venues d’en haut, ont relâché, sinon carrément abandonné, la surveillance dont ils étaient chargés. BusinessWeek est donc allé interroger les autorités des marchés qui leur ont répondu (je paraphrase) : « Ah, mais qu’est-ce que vous croyez ! On n’a pas arrêté de nous reprocher notre laissez-faire durant toute cette période. On nous a même traînés sans relâche devant les tribunaux : nous avons toujours eu gain de cause. Toujours ! » Qu’est-ce que vous alliez imaginer : la justice agissait également sur instructions venues d’en haut !

La seule bonne nouvelle de la journée, c’est qu’un employeur s’intéresse à moi. Hé ! pour la première fois depuis un an. Il s’agit d’un de ces établissements financiers dont je vous raconte les aventures dans mes billets. Rien n’est fait mais il existe un rai de lumière : l’espoir de recevoir un jour à nouveau… une fiche de paie ! Bien sûr, ce serait vivre à l’hôtel cinq jours par semaine. Et onze heures d’avion par weekend. J’ai déjà vécu ça : aucune relation n’y résiste, et quand on a une famille, c’est sa mort certaine. Ce serait aussi, en ce qui vous concerne – et moi aussi, la fin du blog.

Vous vous souvenez du sous-titre des articles qui m’ont mis du baume au cœur ces jours derniers ? Alexis Lacroix : Nul n’est prophète sur sa planète. Ils ont prêché dans le désert pendant des années. Ils dénonçaient le capitalisme dévoyé. Qui les a entendus ? dans Marianne du 4 octobre et Vincent Remy, Crise financière : la loi du silence, Imprévisible, le krach ? Depuis des années, des économistes s’alarmaient des dérives du système bancaire. Sans écho. Pourquoi ? dans Télérama du 9 octobre. Oui : et rien n’a changé !

Allez, ça ira mieux demain. Ah non, peut–être pas demain : demain, c’est le mardi 21 octobre.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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38 réponses à “Si vous n’êtes pas encore découragé, attendez de voir la suite…”

  1. Avatar de Candide
    Candide

    @ Catherine

    Je ressens souvent le même découragement/désespoir que vous en apprenant telle ou telle nouvelle ou en découvrant un peu plus la gravité des périls politiques, sociaux et écologiques qui nous menacent.

    Cela dit, rappelez-vous les mots du responsable du Contrôle de Mission lors du vol retour à haut risque d’Apollo XIII :

    « Failure is not an option. » Autrement dit : « L’échec n’est pas envisageable. »

    Quand j’y repense, je prends une profonde respiration, je retrousse mentalement mes manches et je recommence à réfléchir aux solutions possibles…

    Courage !!!

  2. Avatar de olivier

    L’élite est constituée par ceux qui arrivent tout en haut de la pyramide, tassés dans la pointe sans pouvoir bouger, poussés par tous ceux qui sont en dessous.

  3. Avatar de catherine
    catherine

    Vous avez tout à fait raison Benoit de m’interpeler par rapport à ce que je fais dans le quotidien , à voir si j’essaie de mettre en adéquation mes idées avec mes actions c’est juste et bien de le faire .

    J’y ai déjà songé voyez-vous mais n’ai pas encore eu le courage de me lancer, j’ai eu l’occasion d’avoir des échanges très riches avec une dame qui habite dans le centre de la France, éprise des idées de Laborit comme moi, une infirmière en psy qui a aussi d’autres cordes à son arc notamment la traduction des écrits de Korbysky( excusez-moi pour l’orthographe) et qui s’en inspire dans sa pratique, elle me semble tout à fait prête pour ce genre d’expérience.

    Il se trouve voyez-vous que j’ai deux enfants qui tous deux font des études et que je suis seule .Ma fille aînée qui se prépare à l’agrégation, et mon fils qui se destine au beau métier de cuisinier, j’ai des responsabilités vis à vis d’eux , j’ai un salaire correct au demeurant , très peu de besoins personnels, mais ce salaire au vu des charges qui m’incombent ne me permet pas de boucler mes fins de mois sans me dire pourvu que la chaudière tienne le coup , qu’il n’y ait pas de problème de toiture tant que le prêt en cours pour acheter un scooter nécessaire pour le stage de mon fils se termine etc..voilà comment je raisonne, certes, je pourrais prendre des risques, je les accepterais peut-être s’il ne s’agissait que de mon devenir, or là, j’engage mes enfants dans un choix qui serait personnel mais dont ils risqueraient de pâtir secondairement. J’ai des peurs aussi comme tout un chacun, je ne suis guère mieux que les autres vous savez, je garde par dessus tout le désir de vivre chevillé au corps et celui de goûter la vie par tous les pores de ma peau, et c’est d’ailleurs pour cela je pense, que ça me révulse de voir à quoi l’on se laisse réduire alors que cette vie ne se présentera pas deux fois.

    Mais je ne suis pas dupe non plus et je sens aussi en vous confessant tout cela qu’il y a une part de d’auto-justification, et qui dit justification dit culpabilisation sous-jacente je le sens bien et interrogation quant à la réalité pleine de ce que j’avance, peut-être est-ce une rationalisation a posteriori qui vient valider l’indigence d’une action qui pourrait être plus conséquente.il y a de cela, c’est sûr.

    J’essaie de me former à la sophrologie, outil trés humble à vrai dire, sans grande prétention mais qui peut se revéler être un vrai sésame pour la prise de conscience générale, commencer par la prise de conscience de son corps, c’est une voie d’accés pour d’autres prises de conscience, beaucoup de gens souffrent de tension corporelle dont ils ne perçoivent rien, le corps est un médiateur il nous dit des choses mais encore faut-il l’entendre, il nous apprend sur nous mais encore une fois c’est une question de lien à réaliser .
    Les émotions ce n’est que cela, un ressenti corporel qui est décodé , encore faut-il connaître le code, savoir à quoi c’est relié, etc, etc… c’est passionnant.

    Le manque d’argent n’a pas que de mauvais côté à condition que l’on en ait un peu quand même , je ne me risquerais pas à comparer ma situation à certaines situations bien plus difficiles voire même catastrophiques que je côtoie quotidiennement surtout ici dans le Nord de la France ,région particulièrement sinistrée, le manque d’argent peut avoir de bons côtés dans le sens où il apprend à se distancier par rapport aux incitations commerciales,et à aller au principal, mes enfants lorsqu’ils désiraient quelque chose , je ne leur disais jamais non, je leur disais voyons comment nous allons faire pour arriver à vous satisfaire. Nous faisions alors une cagnotte où petit à petit nous renoncions à certaines choses au profit de certaines autres, le désir avait le temps de mûrir, parfois le temps faisant il se trouvait qu’il était inutile d’aller au-delà, mais quand le désir persistait et qu’il était satisfait, c’était une vraie joie car il avait fallu attendre, anticiper , et c’est tout ce travail qui était à la source d’une vraie satisfaction. L’anticipation est nécéssaire et cette situation particulière m’a permis de le mettre en pratique.

    Je suis donc une humaine dans toute sa dimension de contradictions, d’erreurs, de bêtises, de prétention mais pas que cela quand même.

    j’aime la vie Iintensément, je perçois bien ce qui empêche son expression et c’est ce contre quoi je me bats , me révolte, je perçois ce qui n’est pas bon, ce qui empêche la circulation du flux vital, mon seul mérite est d’interroger ce qui ne va pas, ça s’arrête là, pour le reste, je ne sais pas, hormis cette volonté du respect de la dimension humaine pour tous, y compris pour tous ces gens qui agissent contre nous, qui au fond du fond sont les plus pauvres du monde.

    Il doit probablement y avoir quelque chose à réaliser auprès d’eux aussi, ils doivent être bien faibles humainement pour avoir besoin de tant de force sonnante…

  4. Avatar de Benoit
    Benoit

    Vous avez tout à fait raison Benoit de m’interpeler par rapport à ce que je fais dans le quotidien, à voir si j’essaie de mettre en adéquation mes idées avec mes actions, c’est juste, et bien de le faire.

    Non, non, je n’essaie pas de « voir si vous… »

    Catherine…

    Simplement touche par l’expression de votre mal-etre et de votre frustration que vous nous exprimez ici au fil des mois, avec une rare constance, avec des mots souvent pleins de talent, des mots en lesquels, a un moment ou a un autre, je ne puis qu’avouer a moi-meme reconnaitre ma propre blessure, ma propre esperance decue et ma propre lassitude.

    Oui, votre exigence et votre impuissance melees interpellent les miennes.

    Parfois, vos mots me paraissent excessivement durs et tranchants. Jugeant « l’abominable Autre qui fait defaut. » Ils me font presque peur, ces mots-la. Puis, un autre jour, d’autres de vos mots me rappellent que votre voix s’epoumonne a ranimer l’humain. Il y a tant de larmes a esperer un simple mot, un simple regard, une simple attention. Mon Dieu, ou sont-ils ? Mon Dieu, entendez-moi, j’en ai tant besoin… Votre rage serait-elle une priere ?

    Une priere a etre aimee.
    Catherine…

  5. Avatar de catherine
    catherine

    Que puis-je vous dire que je n’aie déjà dit!

    Je comprends bien sûr votre réflexion concernant le tranchant et la dureté de certains de mes propos et je vais m’en expliquer car il semblerait que ça ait besoin de l’être.

    De quoi s’agit-il au juste?

    En fait c’est très simple, je pense voyez-vous Benoit, que le rapport aux autres dépend de la nature des liens que nous tissons et que pour qu’il y ait une certaine loyauté, je sais ce mot est passé de mode, loyauté dans un lien, quelle que soit sa nature, il faut y intégrer une certaine liberté de parole, que l’échange ne soit pas un simple écho docile.

    Aimer la vie, c’est la défendre au travers des liens tissés avec ce souci d’exigence réciproque me semble-t-il.

    Le problème, c’est la réception de cette parole, sa lecture chez le receveur.

    Beaucoup y voit une atteinte personnelle alors qu’il ne s’agit que d’une confrontation d’idée, une mise en cause d’une idée et non une mise en cause de la personne.

    Alors forcément, la plupart des gens hésite à vous renvoyer leur désaccord et au bout du compte ça donne des relations faussées alors que tout pourrait aller pour le mieux si nous acceptions de nous dissocier des idées que nous soutenons , elles sont parfois fausses, elles sont parfois vraies, elles demandent parfois à être nuancées, mais si personne ne dit rien sous couvert de préserver la personnalité, c’est au détriment d’une compréhension , c’est donc au détriment de la vie dans son aspect « circulatoire ».

    Je n’enterre pas mon désir de vivre, et je lutte pour qu’il s’exprime le mieux possible et ça se manifeste comme ça, au travers de ces paroles qui ne cherchent qu’à trouver sens, à ranimer quelque chose qui me semble arrêté, parfois je me trompe, mais encore faut-il que ça soit renvoyé, mon désir c’est qu’il y ait de la circulation, de l’échange productif porteur de meilleure compréhension.

    Je regrette que l’on ne me renvoie pas plus souvent mes propres erreurs ou mon propre manque de nuance, car ça permettrait d’affiner ma pensée, ma compréhension de moi-même, des autres et du monde et je ne cherche que cela.
    C’est donc très simple et très compliqué à la fois.

    Vous me parlez de frustration, ça renvoie donc à l’idée d’une privation et bien sûr je ne peux qu’acquiescer à ce genre de propos, ce que nous donne à vivre ce nouvel ordre mondial, au travers de toutes nos relations à nous-même, aux autres et au monde est pétri de mort, d’arrêt, de dégradation humaine, forcément ça me broie de voir ça, la vie est précieuse, elle peut vraiment être chouette, poétique et délicate, remplie d’échanges , de choses très simples, or, c’est tout le contraire, la vie est là, mais c’est un spectacle de mort ou de pseudo-mort et ça me fait enrager oui, c’est vrai, je crois que jamais je n’arriverai à me résoudre à un tel gâchis!

    Voilà Benoit ce que je voulais vous dire à vous et à d’autres qui auront peut-être mal compris .

    Mes mots se figent , figent quelque chose de très simple en somme qui ne demande qu’à exprimer un très grand désir de relations aussi fructueuses et ouvertes que possible amenant une meilleure compréhension.

    Un dernier mot peut-être, la mise en forme de la relation , l’in-formation dirait Wiener, c’est du plus, c’est du lien, c’est une façon de dire que le TOUT est alors plus que la somme des parties,dès lors qu’elle existe cette in-formation , il faut donc la faire émerger et ne pas la bâillonner c’est ce petit plus que je cherche, la vie en somme dans sa pleine et belle expression, rien de plus , rien de moins , que cela et surtout cela.

    Merci de m’avoir permis de le dire.

  6. Avatar de Benoit
    Benoit

    De rien, Catherine.

  7. Avatar de Alain A
    Alain A

    Dans leurs échanges sur la monnaie et la finance mondialisée, beaucoup expriment ici l’espoir d’un monder meilleur. Pourquoi cette demande, cette exigence du mieux, venant de quelques-uns regroupés ici, alors que tant d’autres forment la République (ou le Royaume, ou la Confédération…) des satisfaits (de peu). Sans doute le partage de valeurs qui sont vraiment très difficiles à faire passer par les fils et les ondes qui nous réunissent.
    Mais je constate que Catherine, avec sa méthode très… « bousculante » en fait réagir certains. Et nous commençons à deviner les valeurs sous-jacentes qui nous animent. Bravo Catherine.
    Souvent mon cerveau me dit « Essaie d’intervenir comme Pierre-Yves, il faut coaliser nos espoirs et pas notre désespoir ». Et puis, parfois, mes tripes parlent et la colère reprend le dessus… Quand je me relis le lendemain, je me dis que j’étais encore bien énervé ce soir-là. Je voudrais avoir été éduqué par des Jésuites car j’ai pu constater que leurs élèves étaient très efficaces grâce à un self control permanent. Mais je suis fils de la communale (et de parents prolétaires) et donc ma colère se laisser parfois découvrir, hélas.
    Je voudrais quand même envoyer un message d’optimisme à Catherine : Les hasards de la vie ont fait qu’il y a près de 35 ans que je suis devenu conscient de l’injustice et du gaspillage d’humanité dans nos sociétés. Alors, je me sentais très seul. Mais aujourd’hui, et pas seulement sur ce blog, je constate que de plus en plus de personnes partagent prise de conscience et, surtout, valeurs qui font se révolter contre l’état de nos société. Comme le diront certains bien mieux que moi (bien que je fus élève de Prigogine), les bifurcations d’un système arrivent là et quand on ne les attendait pas (ou plus). Les créatifs culturels poussent comme champignons sous la douce pluie d’automne en cette année 2008. Ce n’est plus mars qui rit sous les averses en repassant les collerettes des pâquerettes… On n’en finira jamais d’espérer…

  8. Avatar de Strategix
    Strategix

    @ Greg

    Le rappel de Greg, ci dessous, me paraît essentiel.

    1/ plus de 90% de l’argent dans le monde a été créé par un crédit
    2/ Les crédit doivent être remboursé avec intérêts
    -> La quantité d’argent a rembourser est supérieur à la quantité d’argent existante
    -> Il est impossible de rembourser les crédits sans une croissance continue (voire de dérivé seconde positive), ou sans un endettement de certaines personnes, ou sans un crash (ou une guerre, ou autre évènement extraordinaire, remettant les pendules à zéro

    ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

    On peut utilement ajouter au (2) qu’une poussée inflationniste permet de remettre les compteurs à zéro en remboursant
    avec une monnaie dévalorisée.

    Et là on boucle sur mon premier post et l’un des débuts possibles de refondation : l’inflation.

    Au final :

    – La violence pour changer le monde n’est pas acceptatble;

    – La voie pacifique (réflexion et le prosélytisme) nécessite le support d’un parti de gouvernement (programme, cadres, parlementaires, relais d’opinions);

    – La voie de l’inflation est la moins violente, la plus efficace pour rebattre les cartes, voire l’organisation de la société.

    L’inflation (qui dévaloriserait les avoirs des possédants) est gardée sous contrôle par des gardiens puissants. Seule la perspective de non remboursements massifs des crédits mis en place pendant la période récente pourrait justifier que l’inflation soit libérée de ses chaînes, déchaînant alors un maëstrom refondateur.

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