Ce texte est un « article presslib’ » (*)
L’un d’entre vous m’envoie un courriel où je lis : « Sans doute vient-on d’éviter le pire à court terme ». Je n’en suis pas si sûr : je vois bien qu’on essaie d’endiguer la crise, je vois aussi qu’on vient de sortir la Grosse Bertha de son hangar pour signifier qu’on devient sérieux en haut-lieu, mais on est encore loin d’avoir colmaté la brèche : il est toujours question de sauvetage, de tenter de geler la progression du désastre. Les solutions viendront plus tard : quand on aura le sentiment d’avoir émergé du simple sauf qui peut.
Mais il y a progrès. D’abord, et malgré la cacophonie, il y a concertation internationale. Ensuite, on a le sentiment que Mr. Henry Paulson, Ministre américain des Finances, sait maintenant exactement ce qu’il fait. Je vous ai rapporté au fil des semaines ses hésitations, ses trois pas en avant, deux pas en arrière, sa solution Bear Stearns où l’État apporte son écot à l’achat d’une banque par une autre. Puis, sa solution Fannie & Freddie, qui fut une suite d’essais et d’erreurs, avant de se stabiliser en une nationalisation de fait. Mr. Paulson a été vilipendé pour sa non-solution Lehman Brothers, dont il a laissé le fruit blet s’écraser au sol, éclaboussant tous les spectateurs à cette occasion. Notre nouveau prix Nobel, « à la mémoire d’Alfred », à qui vous avez l’amabilité de souvent me comparer, n’a pas eu de mots assez durs pour cette expérience que je juge personnellement tout aussi inévitable qu’hautement salutaire. Imaginez-vous en effet que Mr. Henry Paulson, ex-P-DG de Goldman Sachs, aurait pu faire signer sans sourciller un chèque en blanc de nationalisation larvée à ses anciens confrères P-DG des neuf principaux établissements bancaires américains ? s’il n’avait pu leur dire en leur tendant la plume et la feuille à signer : « Moi mon approche préférée, vous me connaissez : c’était l’auto-régulation des marchés. C’est d’ailleurs là-dessus que je comptais dans le cas de Lehman Brothers… Oui : tout en bas de la page… »
© Reuters
Maintenant il dispose exactement de ce qu’il lui faut : une participation stratégique de l’Etat partout où c’est trop gros pour tomber ou faillir, des dividendes gelés, des fonds avancés à 5 % mais passant à 9 % si on tarde trop à les rembourser, des rémunérations de patrons sous haute surveillance et dés-incitation fiscale pour les entreprises de leur accorder davantage, fin des parachutes dorés, warrants permettant à l’Etat d’augmenter sa mise si nécessaire. Pas de représentants de l’Etat aux conseils d’administration comme ç’avait été pourtant le cas en 1933. Cela viendra peut–être encore. Mais avec chaque siège de la grande salle du 5e étage devenu éjectable, et la suppression des parachutes, ce ne sera peut–être pas nécessaire.
Pendant ce temps-là à la bourse : quand la finance boit, l’économie trinque. CAC 40 : – 6,82 %, Dow Jones – 7,87 %. Quant au TED, qui nous sert, je vous le rappelle, de baromètre de la confiance interbancaire, à 4,27 %, il a encore baissé de 17 points de base par rapport à hier ; à ce train-là, il aura retrouvé le niveau de confiance mirobolant du mois dernier dans 19 jours, pratiquement quatre semaines de marchés financiers. Et il se passe tant de choses ces jours-ci en dix-neuf jours.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
50 réponses à “Lehman Brothers : le plan diabolique du Dr. Paulson”
@ scaringella
je répondrai à ta question par :
à notre entourage, particulièrement les plus jeunes (enfin post ado y’a assez de suicide comme ça).
et pour ma part je mettrai dans le mail le lien transmis par karluss hervé sur la vidéo « L’Argent Dette de Paul Grignon » qu’il a mis dans le post « Constitution ou pas » du 13/10.
Tout cela est fait pour couler la Russie…J’en suis sur maintenant ! A qui profite le crime ?? Et qu’on ne sorte pas de vieilles raisons debiles comme la rivalité juifs-wasps dans le sacrifice de Lehmann Brothers…L’Europe et les Etats Unis sont deja tirés d’affaire, la Russie, elle, commence juste a sentir la terre se derober sous ses pieds. Alors, à qui profite le crime ?
Enfin un aussi bon site que celui de Loïc Abadie. Cela me permettra moi-même d’être encore plus crédible …
http://osezserfix.spaces.live.com. Merci Monsieur Paul Jorion et aux excellents intervenants. Bonne soirée. Luc
Parenthèse à propos de « l’argent dette » de Paul Grignon, que cite Chris.
L’excellent Pascal Riché sur rue89 en fait une lecture très critique (là, si le lien marche ). Il y voit de façon pertinente le retour d’un discours qui ne sent pas très bon (le mythe du complot mondial des banquiers « apatrides »). Personnellement, cela ne m’avait pas sauté aux yeux à la seule lecture de la transcription pdf du texte de la vidéo.
En fait, pour faire passer le propos concernant le mécanisme de fabrication de la monnaie, mieux vaut renvoyer vers le site de notre ami A-J Holbecq, sur la page Creation monétaire , où les choses sont tout aussi bien expliquées, et sans ambiguïtés.
Retour aux petits suisses mélaminés.Le porto-folio UBS confié à la banque centrale suisse contient un gros morceau d’emprunts hypothequaires de type Alt A (revoir chapitre 1 de L’Implosion : la crise des subprimes)et dans le désordre des primes,subprimes,CMBS, prets étudiants,etc….Le gros morceau est issu des années 2006 et 2007.Il s’agit de terrains et de maisons saisies , invendables depuis ces années.UBS ne pouvait ni ne voulait les valoriser .Pas de prix, valeur zéro diront certains.Pourtant on leur a trouvé un prix car les heureux contribuables suisses en sont devenus propriétaires sans le savoir.Dites-moi si je me trompe ou si la meme chose peut nous arriver.
Merci Jean-François
Comme je l’ai écris sur un autre blog à propos de l’article de Pascal Riché de Rue89, et sans vouloir rentrer dans un débat autre que technique…
Quand il est écrit dans l’article de Pascal Riché:
1 – « D’abord, l’Etat n’emprunte pas auprès des banques (à court terme, il leur prêterait plutôt de l’argent…). Pour se financer, il émet des titres négociables, des obligations, qui sont souscrites par des particuliers, des entreprises, des assureurs, diverses institutions. La dette publique est financée par leur épargne. »
=> Il y a un simple « oubli » , c’est que l’épargne est elle même, à l’origine, – toujours – financée par de la création monétaire bancaire payante…
=> plus une grosse erreur: l’Etat ne prête pas d’argent aux banques (en temps normal, ne parlons pas de la crise actuelle qui bouge les lignes)
2 – « Ensuite, la création monétaire par les banques centrales est bien plus inflationniste que l’emprunt. Pourquoi? Parce que lorsque l’Etat emprunte, la ponction sur le marché des capitaux a lieu au détriment d’autres financements: les obligations d’Etat « évincent » le secteur privé, qui aurait lui aussi besoin de cet argent (effet d’éviction: lorsque l’Etat emprunte, il fait grimper le taux d’intérêt, ce qui pousse des entreprises à renoncer à leurs projets d’emprunts). »
=> Faux pour deux raisons:
a) il n’y a aucune limite à la création monétaire; si on avait besoin de financer le secteur privé, il suffirait de le faire
b) l’Etat emprunte à des taux beaucoup plus faibles que le secteur privé…
Mais surtout faux parce que, hélas, ce n’est pas la création monétaire par les banques centrales qui finance les Etats (hélas interdit par l’article 104 de Maastricht et que si c’était le cas les intérêts éventuels reviendraient à la collectivité) ou les entreprises, mais la création monétaire par les banqes commerciales…
@jacques
Le lien ci contre Lehman Brothers files for bankruptcy montre une estimation des liens de quelques banques européennes au CDS de Lehmans Brothers dont parle Paul Jorion dans la vidéo canadienne Canal argent
La même chose peut nous arriver…
@ Karluss, Jean-Francois, A.J. Holbecq
Le debut de l’article de Pascal Riche :
« L’argent dette », vidéo-star du Net, a une sale petite odeur – Par Pascal Riché, Rue89, 13/10/2008
Le plan paulson? pour rire un peu regardez ici, c’est rafraichissant.
The Mystery of the Stolen Plans
http://macro-man.blogspot.com/2008/10/mystery-of-stolen-plans_13.html
@ Jean François
je partage l’avis sur le fait que la vidéo « l’argent dette » véhicule un message assez malsain et il faudrait trouver l’équivalent d’une émission comme « Il était une fois l’argent » (pour ceux qui connaissent le dessin animé « Il était une fois… ») ou un « C’est pas sorcier l’argent » (Au secours Jamy).
Je ne dénigre en aucun cas le travail de A-J Holbecq dont le site est très bien fait et effectivement non partisan, mais là encore sans vouloir dénigrer mon entourage je pense que la grande majorité des personnes que je connais s’arrêteront de lire le site de A-J Holbecq assez rapidement, en fait dès qu’il commencerons à rencontrer les mots « fiduciaire », « scripturale », « actif », ….
Bien que le site soit très instructif je pense qu’il contient trop de mots « barbares » pour être accessible au plus grand nombre ce qui est à mon avis LA qualité de la vidéo « l’argent dette ».
Cette vidéo canadienne permet de voir le mécanisme de la diabolisation à l’œuvre (Léon Poliakov appelait cela la « causalité diabolique »). Un mécanisme économique ordinaire – la création de la monnaie par le crédit bancaire – accessible dans n’importe quel manuel d’économie de base, se trouve soudain qualifié de « secret » jalousement gardé par une « corporation » cherchant à dominer le monde (laquelle est prête à tout pour conserver ce privilège, y compris en faisant assassiner des hommes politiques). Il va de soi que l’artiste se présente dès lors un peu comme un messager, voire un prophète, dont la mission est de dévoiler ce secret si bien gardé. C’est toujours ça de pris. Nous avons donc quitté le monde de l’économie pour nous trouver emporté dans un roman digne de « Da Vinci Code », truffé de secrets que de sombres alchimistes se transmettent de génération en génération en se frottant leurs doigts crochus. La pieuvre, symbolisant autrefois le pouvoir maléfique des juifs, des Jésuites ou des francs-maçons s’appelle aujourd’hui Tricontinentale ou Bilderberg mais c’est toujours la même logique diabolisante qui est à l’œuvre (pour en savoir plus sur ce sujet, lire Pierre-André Taguieff ou Léon Poliakov).
On peut bien sûr tenter de contester l’efficacité du mécanisme de la monnaie de crédit à l’aide d’arguments rationnels et réfléchir à des alternatives mais cela suppose que l’on essaie de comprendre les raisons pour lesquelles ce mécanisme s’est imposé. Que parmi ces nombreuses raisons, les banquiers y aient trouvé leur intérêt, cela me paraît évident, mais l’intérêt est quelque chose de relativement simple à comprendre – nous sommes tous plus ou moins mus par la recherche de l’intérêt – et cela n’a rien à voir avec des menées obscures et diaboliques visant à dominer le monde.
Merci Chris, je vais essayer de tenir compte de cette critique positive.
Ceci dit, ce n’est pas « mon site », mais un site « wiki » dont une bonne partie peut être modifié ou corrigé par n’importe quel intervenant qui peut également inclure un article s’il le souhaite (je parle de http://wiki.societal.org )
J’ai, malheureusement, l’impression que malgré tout ce dont le système financier international a eu besoin, et donc tout ce qui a été mis en place pour le maintenir à flots (la tête juste hors de l’eau), très peu a été demandé en retour à ces mêmes intervenants sur les marchés financiers (les US étant plus rigoureux que les européens sur cet item ?) , qu’en est-il ?
@Brazza,
J’ai demandé sur des blogs américains si ils pensaient demander à Mr Paulson de rendre les 500 Millions de $ qu’il à gagné chez GS avant d’être ministre. J’ai eu zero retour. Ça ne semble pas être dans leur mentalité, tout simplement. Il me semble que personne n’aurait une idée aussi saugrenue de faire payer ceux qui nous paraissent à nous français comme des escrocs. Si qqun à des infos ça m’intéresse.
Benoit @, Chris @, Ton vieux copain Michel @,
Une chose est presque sûre, c’est que ce genre de dessin animé pédagogique donne des bases très réelles sur ce qu’est l’argent dans le monde contemporain. Rien n’est jamais parfait, on le sait bien. Mais cette vidéo est intéressante à plus d’un titre. Très proche de la réalité, et surtout pédagogique par rapport uns une situaion économique et sociale où règne l’ignorance crasse au sujet de ce qui relève du pécuniaire (1).
Il y a au moins (sauf erreur) une petite heure d’instruction civique par semaine en classe de primaire, mais sur l’argent (toujours sauf erreur) ses rudiments de base à savoir et son traitement, rien, absolument rien sur l’argent, la monnaie! Alors que, au moins, la moitié de l’humanité ne dort pas la nuit à cause de « problèmes d’argent ». Mais on nous saoule et on nous crétinise à saturation de politique… Vous ne pensez pas que ça commence à être profondément lassant?
Gageons que si cette vidéo remporte une certaine audience, une « certaine » grande presse va vite sortir le grosse artillerie avec ses poncifs signés pour traîner dans la boue ceux (ou ce) qui s’attaque « trop loin » à dévoiler la – vérité des domaines financiers, de la banque, de la monnaie -. L’on peut être certain que ceux qui « veillent au grain », vont entreprendre la « riposte » de façon à, brouiller, détourner sur des chemins fallacieux, saper une bonne et claire explication basique sur ce qu’est vraiment le traitement de l’argent.
Dans vos mesage, l’on voit poindre l’ « inévitable » distorsion ou allusion (obligée?…) des gloses sur les « éthnies » relatives à la galaxie financière. Quand on dénonce un voleur, on ne s’occupe pas de son éthnie (il peut être tchéco-papou, auvergnat, macaque, patagon, francilien, etc, etc,). Mais il faut bien savoir et souligner que dans cette recherche salubre et salvatrice sur l’essence de la monnaie (2), qui, présisément, nous conduit au cœur du principal sujet ici bas sur la condition humaine, il s’agit, par la connaissance d’un réel déterminant, qui contient des pièges permis par l’ignorance, par l’inconscience, tout comme par des manœuvres délibérées, jamais élucidées, de milieux financiers qui, à la limite, cultivent cette ignorance crasse dans le public, la société et les peuples, principales victimes, vassales et éternellement payeuses de ce sytème qui transpire le mensonge et la fausseté et le malheur de partout. Alors que ce sont les sociétés civiles productrices de tous les biens qui sont à l’origine de toutes les richesses produites. Richesse confisquées à 40%. Disons ainsi en restant volontairement « optimiste ».
Il faut apprendre ce qu’est l’argent. Connaître, pour les dénoncer, les pièges principaux que contient l’argent et les critères de la création monétaire. Ces pièges (3) dont le public ne connaît, à ses graves dépens, que les effets négatifs et n’en connaît pas les causes essentielles. Ces pièges qui ont mené tant de fois les humains au néant quand l’ignorance est maintenue avec tous les moyens du « gros argent » . Il faut apprendre le – pourquoi – de l’argent, autant que son – comment -. Le – comment – de l’argent est très pratiqué, les compétences abondent, elles demandent seulement à être employées pour la Justice de tous. Mais le – pourquoi – de l’argent est complètement déformé et occulté. Une fois ce redressement complètement opéré (et seulement si c’est – complètement -, autrement c’est raté une fois de plus) plus personne de devrait regretter la situation antérieure, sauf à être masochiste.
(1) à tout propos, chaque fois que je le peux et que les circonstances le permettent, je « sonde » les gens autours de moi en leur demandant: « savez-vous, non pas à quoi sert l’argent, mais d’où vient l’argent? » (99,9% ne le savent pas ou donnent des réponses assez loin de la réalité)
(2) toute la teneur du présent blog, la qualité et la retenue perceptible ici, sûrement l’abandon pour l’essentiel des idéologies qui divisent et éparpillent plus qu’elles ne résolvent, sur le sujet crucial de la monnaie et ses dimensions, tel un continent si mal exploré depuis toujours, fait qu’on ne saurait trop remercier Paul d’avoir été à l’origine de ces échanges féconds et d’avoir fait en sorte ue cette attitude positive de uns et des autres perdure et fructifie. Autant de graines portant leur germe sain et fécond.
(3)l’actualité, qui est un prolongement historique, parle d’elle-même!!
@ A-J Holbecq
Dans le descriptif du projet sociétal il est indiqué :
« Les transmissions d’épargne sont limitées à une génération, afin d’empêcher le cumul générationnel générateur d’importantes inégalités. »
je comprends tout à fait l’objectif et je suis entièrement d’accord avec ce principe mais je ne vois pas par/dans quelle(s) mesure(s) cette limitation pourrait être appliquée, cela nécessiterait d’identifier l’épargne hérité de l’épargne générée par le travail de l’individu, si l’individu ayant hérité commence par dépensé la part hérité il aura une faculté importante à épargner la part générée par sont travail et du coup l’inégalité persiste?
@Chris
Bien que nous nous éloignons du sujet de ce billet, je réponds quand même, mais n’hésitez pas à me contacter directement ( ajholbecq-at-gmail.com ) pour plus de précisions ou objections afin de ne pas poursuivre ici ce dialogue tant que Paul n’aura pas fait un billet sur l’écosociétalisme 😉
Techniquement, ça nous semble assez simple. A sa naissance un individu dispose de zéro (par définition) , à sa mort il dispose de X et il a hérité Y dans cette période.
Il ne pourra donc transmettre à ses descendants que X-Y, c’est à dire la différence entre son patrimoine total et ce qu’il a hérité.. c’est à dire ce qu’il a réellement épargné sur ses revenus.
Hommage à Jacques Brel, vrai chanteur d’une époque qui n’était pas encore médiocratie…
pour la musique
et les paroles :
» D’abord… D’abord, y a l’aîné, enfin, le fils de son père… Qu’on appelle l’Oncle Sam… Qui se voit maître du monde, tellement qu’il y croit, tellement qu’il y a cru… Qui fait rien depuis des mois… Qui n’a rien vu venir… Lui qu’est complètement cuit et qui se prend pour le roi… D’ailleurs, il arrête, c’est sûr dans trois mois… Et on le retrouve, pantin, dans Wall Street qui roupille… Distribuant les dollars pour stopper la panique… Et puis qui balbutie, et qui fait des bruits de Bush pour dire : j’ai rien compris… Faut vous dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne pense pas, monsieur, on ne pense pas, on prie…
Et puis, y a les autres… Des dollars dans les yeux… Tous ces types qui bandent dès qu’on parle dividendes… Les enfants de Rockefeller qui ne sautent dans le vide qu’en parachute doré… Qui font leurs p’tites affaires avec leurs gros manteaux, avec leurs grands chapeaux, avec leurs p’tits lingots… Eux non plus n’ont rien vu venir… Alors ils dégringolent, moins dix, moins vingt, moins trente… Et quand c’est la faillite, on demande à l’aîné de quoi finir l’année… Faut pas jouer les riches, quand on n’a plus le sou… Faut vous dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne vit pas, monsieur, on ne vit pas, on triche…
Et puis y a la famille… Tous les neveux d’Europe… Qui font tous dans leur froc parce que l’oncle est malade… Qui savent plus quoi nous dire pour pas nous faire trop peur… Mais qui en disent quand même parce qu’ils ne savent pas se taire… Qui partent tous aux abris quand y a le CAC qui craque… Faut vous dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne rit pas, monsieur, on ne rit pas, on compte…
Et puis, et puis… Il y a nous autres… Quelques milliards d’humains perdus dans la tourmente… Sans logis des subprimes, petits porteurs tremblants, mère de famille nombreuse, familles moyennes de cadres moyens, tous ceux qui attendaient bas de laine pour voir l’avenir meilleur, tout ceux qu’ont fait confiance à ce foutu système qui emporte avec lui les hommes et leurs galères… Faut arrêter d’y croire, pour un instant, pour un instant seulement, et peut-être pas seulement pour un instant… Faut juste sauver notre peau… Enfin, ce qu’il va en rester… Parce que faut vous dire, Monsieur, que pour ce gens-là, les autres, quelle importance… «
ma volonté n’est pas d’apporter du crédit à cette thèse conspirationiste mais,
cet article m’a apporté quelques lumières sur les différentes politiques gouvernementales face à la crise financière et je pense qu’il mérite d’être lu (j’insiste mais cet article est à prendre avec beaucoup de recul et me paraît interressant principalement pour le paragraphe « L’Allemagne lâche le modèle étasunien »).
[…] Article communiqué par Paul Jorion […]