Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Dans le débat qui a lieu ci-dessous à propos de ma tribune dans Le Monde : Un Bretton Woods dont l’espèce se souvienne, les réponses d’Étienne Chouard à scaringella sont excellentes : il est possible avec un tout petit peu d’astuce de déjouer les principales dérives observées et prévisibles : corruption par le pouvoir, par l’argent, fabrication automatique d’orthodoxies, etc.
Mais cela ne veut pas dire que scaringella ait tort. J’aime bien son attaque mordante de l’idée d’une constitution, une critique du type : « On a déjà donné : on sait que ça ne garantit rien et que ça peut rester lettre morte ».
J’ai lancé cette idée de constitution l’année dernière parce que je voulais accrocher un certain nombre de projets de réformes à un concept qui fasse symbole. Depuis, vous avez dû le voir, je cherche plutôt des clés très simples : des principes au nombre de deux ou trois peut–être qui fassent mouche, comme mon « Les paris sur les prix sont interdits ».
J’ai parlé très longtemps avec Marina Valensise d’Il Foglio et de tout ce que j’ai dit, c’est ce qu’elle a retenu pour mettre en conclusion. C’est encore plus beau en italien :
E il primo articolo sarebbe semplicissimo: « Vietato scommettere sull’evoluzione di un prezzo ».
En relisant ça ce matin, je me suis dit : « Il ne faut peut–être même pas de constitution : la finance et l’économie en sont déjà transfigurées ». Mais ça ne suffit pas. Maintenant, vous l’avez vu, je pense déjà à autre chose : « Toute société doit viser à l’élimination des prêts à la consommation, qui ne devraient jamais être nécessaires ; d’ici qu’on y soit parvenu, ils ne doivent pas être assortis d’un intérêt ».
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
76 réponses à “Constitution ou pas ?”
Ma réaction premiere à vos deux propositions aussi simplement énoncées :
Je ne suis pas un spécialiste de la monnaie. Je suis un simple citoyen. Et les deux formulations « me parlent » d’emblée.
J’imagine leurs conséquences dans ma vie concrete : une modération dans mes achats, un choix plus sélectif. Une baisse de l’endettement et de l’inquiétude qui l’accompagne : je suis moins prisonnier des choix du passé, plus enclin à changer. Un accord entre ce que je gagne et mon train de vie.
… Moins de voitures ? Plus de vélos ? Un soulagement pour la planete maltraitée ?
J’ai un espoir : que la récession mondiale, si elle est puissante, favorise une relocalisation de l’économie, un retour historique des activités artisanales de productions de biens et de nourriture. 😉 Est-ce utopiste ?
Les grands empires furent basés sur des avancées pour le peuple et de bonnes règles. Mais le temps passant les manières de les contourner devinrent de plus en plus connues pour devenir de nouvelles règles de fait. Aujourd’hui les règles de base étaient probablement bonnes mais l’usage permet de les contourner par intérêt. Les grands empires ont chuté le plus souvent par un dérèglement généralisé, corruption etc… Pour un banquier (cela n’existe apparemment plus) quand on prêtait sur un terme , il se devait d’emprunter au besoin sur le même terme pour assurer un revenu faisant la différence puisque en effet le banquier par sa signature pouvait emprunter à un meilleur taux. Cependant pour assurer de plus gros rendement « il » a joué sur le court terme et donc son prêt n’est plus adossé. Pour revenir à une situation normale il serait souhaitable de réglementer en effet ce qu’a le droit de faire une banque et non pas de « jouer » sa trésorerie sur le marché financier et de que les actionnaires arrêtent de demander des rendements délirants qui ne peuvent correspondre qu’à une prise de risque d’autant plus importante. On peut aussi mettre en cause les notations qui apparemment correspondaient plus au rapport du rendement par rapport au risque et non pas au risque seul !
Ce n’est pas moi qui l’ai trouvé (« pompé » sur un forum) … mais c’est une vraie réponse à ce billet de Paul …
http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=241564
Que l’homme devienne un ange.
Ceci dit, il faut absolument essayer !
interessant, pourquoi pas
attention, la dette est première par rapport à l’échange…
ce blog va devenir une secte, après le retour de 29, c’est le retour de l’an « zéro » ; craignons ses manifestations et les persécutions !
le gag, à l’instant de lecture de ces lignes, s’ouvre sur l’écran un site de proposition de Rachat de crédit « André Bachetta cabinet conseil », c’est un signe du divin !
Je me demandais naivement si le service de réglement différé (SRD) n’était pas en micro ce qu’a été en macro la marche des marchés financiers ces derniéres années, un rapport biaisé au liquidité ?
Si je comprends bien, on en revient à l’interdiction du prêt à intérêt des premiers chrétiens. C’est bien ça? Ça me fait penser aux romans SF que je lisais dans mon enfance. Il y avait un thème récurrent. A la suite d’un cataclysme, la terre n’était plus peuplée que d’anachorètes errants ou de petites communautés rurales régies par des missionnaires comme les ordres d’autrefois.
@ Ton vieux copain Michel
Du tout, cela serait a « revenir » (je dis « revenir » car ce n’a jamais ete le cas) a une creation de monnaie controllee par les citoyens (sur le papier… dans les fait cela depend de la qualite de nos democraties, dont je ne peux que douter malheureusement)
L’avantage, serait de demarrer l’education de tous a ces principes de creation monetaire.
Quand je vois que la plupart de mes amis, pourtant tous raisonablements intelligents et eduques, croient encore le dollar adosse a l’or… on sent bien que le sujet est recouvert d’un voile opaque.
Déjà les propositions de Paul me faisaient penser à la finance islamiste …….
Mais pourquoi pas. On notera surtout que l’on veut sortir d’un sytème basé sur les signes (mathématiques en l’occurrence) pour une prise en compte de la morale. On notera un revalorisation de la pratique de base de la banque, et donc des conseillers qui ont comme formation un bac pro/bts tech de co (tous les petits clients ont ces compétences là en face, pas des financiers) devront se recycler et ça me plait. On notera que l’on remet à sa place le super-cerveau qui invente des produits que personne ne comprend, que l’on veut sortir de la mythologie du signe omniscient. On notera enfin qu’on veut remettre les notions de prêteur et d’emprunteur au centre du système, des personnes donc qui sont les vrais acteurs du système monétaire.
Je vois pour ma part dans cet ensemble un basculement culturel qui met fin à un système de cavalerie qui perdure depuis le XVeme siècle. C’est exactement ce que je préconise dans mes attaques mordantes sur la constitution. Ce qui est visible c’est que le basculement culturel reste implicite. Mais il est à l’oeuvre dans les différents compartiments des sociétés occidentales. Nous avons (la preuve dans ce texte d’un économiste) suffisamment de gens compétents qui sentent bien que le vent tourne. Etalons cette notion de basculement culturel, jetons la sur tous les fils de communication possible pour qu’aucun domaine n’échappe à l’analyse et à la prise de conscience.
Si constitution il doit y avoir elle doit etre le résultat du basculement culturel, elle ne peut etre la source.
Pour ce qui est de la mise en place technique je n’est pas tout compris …. Mais l’essentiel de ce que j’ai dit dans mes post est dans ce genre de propositions.
Bernard.
Je rajoute qu’il y a un amalgame dans le texte de l’économiste entre ce qui se passe au USA et en EU. Le problème américain est la dette privée qui à mon avis va se solder par une défaltion. En EU c’est la dette publique qui est le problème, cela se soldera par de l’inflation ou de la déflation selon les forces en présence.
@Catherine,
je remercie M.HOLBECQ d’avoir trouvé le texte de Christian Gomez, qui actualise la pensée de Maurice Allais dans la crise actuelle.
Cela fait d’ailleurs 40 ans qu’il dénonce ce système de faux-monnayeurs dans l’indifférence générale des politiques et des grands médias. Et ceci pour une raison simple, les politiques comme les médias sont au service des personnes privées qui se sont accaparés le système de création monétaire à leurs seuls intérêts.
Rendre au peuple ce pouvoir signifie que l’Etat soit indépendant des banques et suffisamment puissant pour imposer le droit. Nous en sommes très loin, et je suis convaincu que la morale et les grands discours ny changeront rien.
La preuve en est donnée par tous les plans mis en place pour sauver ce système. Paul, peux-tu nous dire à qui les Etats vont-ils emprunter pour renflouer les banques ?
Objet : L’Argent Dette de Paul Grignon (Money as Debt FR)
50 minutes pour comprendre…
d’où vient l’ARGENT ????????
http://vimeo.com/1711304
mon frère me fait passer ce lien, très explicatif sur la situation et très pédagogique, au moins pour ceux désirant mieux comprendre le système et les solutions. Ne me remerciez pas, il faut remercier mon frère. Fraternellement !
Catherine et Benoît, si vous connaissez pas, prenez le temps de regarder ! Vraiment et sincèrement. Bonne journée !
@ Ton vieux copain Michel
Je pense que ce n’est pas du tout un hasard si cette question se pose aujourd’hui.
Le prêt à intérêt n’a de justification (à défaut d’être réellement juste) que dans une société de croissance illimitée, où l’intérêt ne vient pas (théoriquement) appauvrir l’emprunteur mais constitue une part prélevée sur son enrichissement, enrichissement qui est probable dans la mesure où la société est structurellement une société de croissance, une société d’accumulation illimitée du capital.
Sans l’hypothèse de la croissance (et de l’enrichissement de l’emprunteur, le taux d’intérêt est usuraire au sens propre du terme, il vient user le capital de l’emprunteur au lieu de le développer.
L’interdiction du prêt à intérêt est donc une protection accordée à tous ceux dont l’aléa d’une société pourrait faire le gibier des usuriers et également une protection de la société contre ces derniers qui pourrait, dans le cas inverse, accumuler une fraction croissante du capital social et prendre en otage l’ensemble de la société.
Pourquoi est-ce que je prétends qu’il est normal que cette question réapparaisse ?
Parce qu’avec le développement de l’accumulation de richesses au XX siècle, notamment après la phase qu’on a nommé mondialisation, il est devenu visible que la planète a une limite et qu’elle constitue une limite pour la croissance du capitalisme, limite physique (peak-oil, pollution, …), économique (l’essentiel de l’industrialisation de nos sociétés, et les gains de productivités associés sont derrière nous), financière peut-être (niveau ingérable de l’instabilité des flux de capitaux).
Une économie réellement post-industrielle ne laisse donc pour moi pas de place à un intérêt systèmatique pour le prêteur.
@ Scaringella
Il me semble que le parti pris aux USA est de transformer la dette privée en dette publique, via la nationalisation.
Je dirai qu’aux USA, la dette était essentiellement privée et que la politique « anti-inflationniste » ne faisait pas débat. En Europe, les niveaux d’endettement des états étaient très variables et cette question faisait périodiquement débat.
La crise actuelle va amener tous les états occidentaux à des niveaux élevés de dette publique. La question va donc se poser différemment.
Mais la réponse ne sera pas donnée exclusivement par la politique monétaire. L’inflation ne viendra je pense que si la politique visant à faire baisser salaires, revenus et niveau de vie pour financer la crise échoue.
Croire à l’inflation est donc pour moi une manière d’être optimiste …
Karluss Hervé et les autres intervenants
Christian Gomez aurait-il abordé, outre Maurice Allais: Clifford Hugh Douglas, Louis Even, enfin André Jacques Holbecq?
Merci à ce dernier d’avoir « pêché » cette intervention qui fait un solide écho exact à notre action.
Pour un peu j’allais aussi mettre ce même lien avant que je m’aperçoive que tu l’y as déjà mis. C’est un bon signe que quelqu’un l’y ait mis aussitôt!
http://www.vimeo.com/1711304?pg=embed&sec=1711304
–>Une fois sur ce lien, descendre un petit peu, un intervenant du forum a mis là un texte historique de:
Jean-Gaston BARDET qui profétise la situation actuelle (en 1950!). Certes, ce texte a été écrit 5 ans après la fin de la deuxième guerre, mais il n’a pas pris un ride!
(c’est votre serviteur qui est à l’origine de ce texte sur intenet, je l’ai traduit en espagnol, il est sur quelques réseaux internet latino-américains)
@franck Marsal,
Toute tentative du gvt US de relancer l’inflation va faire monter les taux longs des bonds US. De la explosion de la dette privée et faillites sans fin. Car il faudrait combien ? 10% d’inflation pendant allez 5 ans pour effacer la dette privée. Vous croyez possible une croissance avec des taux de 13 15% des prets aux entreprises?? Pas moi. Reste l’effacement de la dette par la baisse de la valeur des biens. Cette baisse est déjà dans les chiffres. Un bon test sera de voir si les indices boursiers euope/usa vont enfin se décoreller. Quand? Pourquoi pas dès la semaine prochaine? Qui sait.
Bernard
Au plus la réflexion avance , au plus j’en suis à penser la nécessité de trois pilliers fondamentaux:
1 – le crédit doit être réservé à l’investissement et non à la consommation… (je rejoins Paul)
2 – l’émission monétaire privée doit être interdite ou pour le moins l’intérêt doit être interdit dans ce cas (je crois être proche de Paul)
3 – un seul mot d’ordre si notre société veut survivre: frugalité à tous les niveaux par une surtaxation des « besoins dont on n’a pas besoin »! (je crois aussi être proche de la pensée de Paul)
@ scaringella,
Tout d’abord merci pour vos commentaires et vos réponses, qui nous donnent à penser.
J’étais en train de rédiger une réponse à vos objections concernant mon commentaire lorsque j’ai trouvé le présent article de Paul Jorion qui reprend la a question de la constitution, je me permets de placer mon commentaire ici plutôt qu’à la suite des commentaires de « Un Bretton-Woods dont se souvienne l’espèce ».
Pour vous les règles ne tirent leur légitimité que de leur capacité à rendre compte du réel, ici en l’occurence, s’agissant du domaine politique et économique, de l’animal humain. De là que vous posez la nécessité de poser une « théorie complète de l’humain » . Il s’agirait donc de déterminer expérimentalement un certain nombre de règles qui puissent permettre la vie en société.
Vous inversez ainsi en quelque sorte les données du problème.
Au lieu de partir des valeurs, pour, à partir d’elles, poser un ensemble de règles (pour moi une constitution, car je maintiens la distinction), vous chercher au contraire à circonscrire les invariants du comportement humain pour en déduire des règles applicables à sa vie sociale. Cette façon de voir les choses appelle une objection de fond :
Vous réduisez une question politique à une question scientifique. Votre référence à Claude Bernard est à cet égard emblématique.
S’agirait-il d’anthropologie je doute qu’il existe une science anthropologique expérimentale. Il y a bien une utilisation expérimentale de l’anthropologie à des fins politiques, économiques, voire guerrières, mais je ne vois pas de science de l’homme indiscutable et surtout qui parvienne à s’abstraire du donné social, culturel, politique. Vous objectez que se posera toujours la question de savoir QUI va écrire la constitution, ce qui vous fait douter de la légitimité, d’autant plus que certains faits historiques vous donnent raison. Mais, votre hypothèse du fondement des règles par la preuve expérimentale tombe sous le même type d’objection.
QUI va déterminer la bonne « théorie complète de l’humain » ? Un groupe de sages anthropoloques désignés par le pouvoir politique ou encore des sages autoproclamés ? Le risque serait grand alors se retrouver avec des règles qui résulteraient de la vision des choses propre à telle ou telle école d’anthropologie.
Votre solution consisterait au delà de la question des règles, à définir une théorie complète de l’humanité puis de l’enseigner afin que l’humanité ne reproduise pas les mêmes erreurs. D’une part cela suppose que le donné humain soit entièrement objectivable auquel cas, en effet, il serait possible de déduire un certain nombre de règles. L’humanité serait dans ce cas transparente à elle-même. Les règles joueraient un peu le même rôle que celui joué par les algorythmes d’un programme cybernétique, à la différence près, cruciale selon moi, que l’humain n’est pas une machine et que les règles qu’il élabore, crée, pose, ne sont pas extérieures à lui-même. La société humaine, à la différence de la machine, de la société animale, s’auto institue. Quand je dis « société humaine » j’inclus la dimension animale de l’humain.
Vous objectez aussi que l’humanité est une idée moderne. Certes, mais justement, n’est-ce pas la preuve que la société humaine est capable de se projeter au delà d’elle même ? Depuis que l’humanité est entrée dans l’age de l’Histoire, et même bien avant, elle s’est perçue de façon renouvelée. D’aucuns disent même que chaque époque a son paradigme. Ainsi celui de la Renaissance tend à dégager l’ordre humain de l’ordre divin, ce qui contribuera à former l’idée d’un homme seul maître de son destin. L’ordre politique s’émancipa de l’ordre religieux et les conséquences en furent incalculables. La science expérimentale prend son essor et, pour finir on aboutit à la société techno-scientifique que nous connaissons aujourd’hui. Ce que je veux dire ici, c’est que les idées des humains ne sont pas simplement descriptives d’une réalité. Les idées peuvent s’incarner dans des projets. Autrement dit il y a derrière toute idée une finalité, qu’elle soit implicite ou explicite. Emettre une idée publiquement est déjà en soi une action de même que réfléchir est agir sur soi-même est déjà se transformer.
Lorsque vous dites en substance que les règles, les constitutions, sont des moyens par lesquels, certains groupes sociaux dominent, manipulent d’autres groupes, vous attestez, négativement, de la dimension politique des dites règles et constitutions. Elle ne seraient donc plus si formelles que vous le prétendiez dans autre partie de votre argumentation. Les constitutions sont bien porteuses de certaines valeurs. Vous objectez que les principes-valeurs ne sont d’aucune portée parce qu’elles sont susceptibles d’être dévoyées, de même dites-vous, il est facile de changer les constitutions.
Votre pessimiste me semble-t-il vient du fait que vous vous focalisez sur le mot constitution et pensez qu’une constitution ne serait valable que pour autant qu’elle serait, selon votre hypothèse, seule capable de pourvoir à la bonne marche d’une société humaine.
Et, en effet, il y a de nombreux exemples qui vous donnent raison.
Mais le rôle d’une constitution n’est pas de se perpétuer ad vitam eternam, même si il existe des constitutions, comme la Constitution américaine, qui sont restées presque identiques à elles-mêmes depuis leur rédaction originelle. Ce n’est pas la constitution qui institue la société humaine mais les humains qui se constituent, en partie, à travers la constitution.
Une constitution n’est jamais que la résultante des idées que les humains d’une société se font d’eux-mêmes à un moment donné en fonction des problèmes auxquels ils sont confrontés. Etienne Chouard rappelle le caractère éminemment politique de l’acte constituant et la nécessité de faire en sorte que toutes les conditions soient réunies pour que la rédaction de la constitution soit le fruit d’une réelle élaboration collective et non pas une constitution ad hoc pour le bénéfice de quelques uns.
Bref, une constitution s’inscrit toujours dans une perspective dynamique, celle de l’histoire politique et culturelle d’un pays, et au delà, de humanité. Elle implique évidemment des luttes. Or il se trouve que nous sommes aujourd’hui arrivés à un moment de l’histoire humaine où les paradigmes-valeurs qui sont au coeur de nos sociétés ne sont plus opérants, étant donnés les désordres poltitiques et écologiques qui menancent maintenant la survie de l’espèce. Une société fondée d’un point de vue économique aussi bien sur l’intérêt individuel — en gros l’utilitarisme — que sur l’intérêt au sens défini par Paul Jorion lorsqu’il parle des prêts à la consommation (qui rejoint d’ailleurs la perspective sociale de l’intérêt individuel) n’est plus viable à l’échelle de l’humanité. Les faits donnent raison au changement de paradigme. Les néo-libéraux agissent maintenant à rebours de leurs crédos. Mais cela ne suffit pas en effet. Il faut « enfoncer le clou », c’est à dire traduire en termes explicites et explicatifs cet état de fait et surtout produire des écrits publics, des lois, des règlements. Pour pour en préciser la nouvelle et réguler nos sociétés selon d’autres principes. Sans quoi ceux qui président aux changements actuels pourraient reprendre la main une fois encore, faute de paradigme de substitution. Nationaliser les banques n’est pas en soi un gage de progrès. Encore faut-il savoir comment, pour qui, et en vue de quoi.
Comme disait le linguiste Austin : « dire c’est faire ». Or une constitution c’est l’acte symbolique le plus chargé de sens qui puisse exister parmi les oeuvres politiques.
Pour revenir à la question de la Constitution européenne, le Non l’a emporté sans que cela n’apporte de changements significatifs dans la politique économique de l’Union. Mais le plus important n’est-il pas que des millions de citoyens se sont emparés du texte pour en jauger les clauses économiques, donnant ainsi aux adversaires du néo-libéralisme des armes pour, le moment venu, précipiter sa chute, idéologique dans un premier temps ?
Si je maintiens la distinction entre règles et constitution c’est aussi parce que les règles auxquelles se réfèrent les néo-libéraux n’explicitent pas leurs présupposés. Ils quittent l’Histoire et nient la dimension politique de l’Histoire de l’humanité. On parle alors de gouvernance, d’organismes internationaux réglés par des procédures neutres qui ne sont autres que celles qui font du marché la valeur universelle à laquelles toutes les autres devraient se rattacher. Rappelez-vous Fukuyama et sa « fin de l’Histoire ». Ironie de l’histoire, celui-ci vient pourtant de rédiger dans le journal Le Monde, une virulente dénonciation des méfaits du néolibéralisme. Pour eux les règles sont purement fonctionnelles, elles assurent un cadre réglementaire qui en tant que tel a sa valeur. Les constituants, à l’inverse, posent le caractère constructiviste de leur entreprise. Les enjeux sont clairs.
En conclusion, je trouve que l’idée d’une constitution de l’économie est une excellente idée même si elle ne sera peut-être jamais appliquée. Elle a l’immense avantage de remettre de la réflexion, de l’éthique, du politique, dans l’économie, une science qui s’est automisée au point de gouverner en maître absolu et aveugle toutes nos sociétés.
Ce qui me frappe en lisant les propositions de nouvelle constitution économique, c’est cette approche très intéressante de recherche de
, principes qui pourraient presque apparaître comme techniques (on y parle de la création de monnaie, de la relation entre le système bancaire, …).
En ces quelques clés très simples, on recherche la solution à une crise systémique, crise qui est le fruit de l’évolution constante de nos sociétés depuis des décennies, évolution portée par une impulsion politique, celle du libéralisme, qui rien n’a pu arrêter sur le terrain politique.
Ce qui me gène, c’est qu’on en revient à des solutions finalement étatistes, notamment le contrôle par l’état de la création monataire.
Or, la crise actuelle amène parallèlement le libéralisme à se muer en son contraire, à en appeler à l’intervention immédiate, illimitée de l’état pour le sauver. Est-ce une rupture ? Est-ce la fin du libéralisme ?
Pour ma part, je ne le crois pas. Peut-être cette fin est-elle proche. Mais, par les plan Paulson, Brown, Sarkosy – Leterme, Berlusconi et consorts, je crois que le libéralisme cherche à survivre et non à céder la place.
Monsieur Paulson en est la brillante incarnation, puisqu’il est personnellement passé de la présidence de la banque Goldman Sachs au secrétariat au trésor, juste avant le déclenchement de la crise.
Il serait plus exact de dire, non pas le libéralisme, mais, les forces et les tendances qui dominent la société depuis plusieurs décennies, dont le libéralisme a été le cheval de bataille et qui cherchent aujourd’hui, à travers l’intervention massive de l’état, à continuer le « libéralisme » par d’autres moyens. Ces forces cherchent avant out à perpétuer leur position dominante sur la société, position qui, précisément, les a amenées à imposer le libéralisme jusqu’à épuisement complet de celui-ci.
Je pense qu’il est très important de comprendre aujourd’hui si tout le monde soutient et appelle l’intervention de l’Etat aujourd’hui, cela ne signifie pas que les réelles leçons ont été tirés et que tout le monde est devenu soudainement sage et démocrate.
La question de l’Etat est la question de la démocratie. L’Etat est un outil possible pour mettre sous contrôle démocratique des processus économiques vitaux pour tous, pour mobiliser les moyens disponibles au service de l’intérêt collectif. Ce qu’on a vu est exactement le contraire. D’abord, la démocratie a été littéralement violée, par la pression conjointe de Wall Street, du clientélisme des lobbies (merci Paul pour les avoir mis au jour), des médias hurlant « au loup ». Ensuite, l’utilisation des moyens mis en œuvre par l’Etat se fait en totale opacité, hors de tout contrôle démocratique et très probablement dans l’intérêt bien compris de quelques uns.
Placer l’émission de monnaie sous le contrôle de l’état, pourquoi pas. Mais :
1 qu’advient-il de la distribution du crédit ? Reste-t-elle sous contrôle d’entreprise privées ? Dans ce cas, que’est-ce qui est changé ? Au lieu de recevoir un peu de monnaie d’état, et de la multiplier (je simplifie !), la banque recevrait directement toute sa monnaie de l’Etat. Cela va-t-il changer l’utilisation qu’elle en fait ?
2. Que devrait faire l’état (et comment) de son nouveau pouvoir régalien ? Contrôler administrativement les banques ?
Je propose une autre option, élargissant la réflexion de la monnaie au crédit.
Le crédit est un droit fondamental de chaque personne humaine. Chaque personne arrivant à l’âge de travailler a le droit d’utiliser les moyens de vie et de travail nécessaire à son accomplissement dans la société dans laquelle elle vit. Le crédit est la confiance a priori que la société accorde à chacun de ses nouveaux membres en lui donnant les moyens de vivre et de travailler.
Chaque personne a le devoir de léguer aux générations suivantes un droit au crédit équivalent ou supérieur à celui dont elle a bénéficié.
Ce droit est incessible mais il est peut être mis en commun au sein d’une entreprise. Il est non-renouvelable.
Mon cher Paul, peut-on connaître le rapport de dix en dix ans sur les trente dernière années entre d’une part la masse monétaire propre à l’échange marchand (biens et services – hors ingénieurie financière-) et la masse monétaire que cette dernière a induite pour s’autoalimenter ? Autrement dit , il y a trente ans,vingt ans, dix ans, maintenant, sur 100 $ combien pour « l’économie réelle », combien pour la planète financière ?
Merci !
Je reprend la conversation avec PierreYves D.
Damned c’est long … Merci pour votre temps.
Bon allons y. Vous avez tout d’abord bien résumé mon propos qui est de définir l’humain, ce qui nous fait humain. Pas ce que nous sommes, ça c’est de la philosophie. Ce qui est scientifique c’est de découvrir comment ça marche un humain. Et à partir de là il me semble qu’on saura mieux où aller. Je ne tiens pas à objectiver l’humain mais à en faire un objet de science. Pas donc de réification, mais étude par la méthode scientifique. Pourquoi celle-là? Parceque les résultats sont la dans tellement de domaines. Attention l’utilisation des résultats de la science est un autre débat.
Encore une fois c’est la méthode qui garantie la validité des résultats, pas les personnes, car alors on retombe dans la politique dont nous connaissons les résultats. L’homme pas plus que les particules n’est connaissable totalement, c’est ce qui fait avancer la science. Il est impossible de ramener l’homme à un robot ni l’inverse, aucun scientifique n’oserait dire cela. De même il n’y a pas de solution de continuité de l’animal à l’homme.
Le goût que j’ai pour essayer vient de ce qu’aucune des dites sciences humaines n’a satisfait ma faim de comprendre comment ça marche, un humain. Pourtant j’en ai potassé des livres.
La méthode d’évolution de l’humanité a été globalement essais erreur ré-essais etc … Les résultats sont comme vous dites gigantesques. Mais cette méthode est à mon avis devenue dangereuse, elle se retourne contre nous et met en danger la survie de l’espèce. Il faut en changer.
Vous mentionnez l’aspect politique du code (constitution), bravo, bien vu, et indéniable. Vous extrayez de notre fonctionnement d’humain un invariant, la projection du code sur le social est inversement. Une vraie contradiction, une dialectique donc. Vous êtes en plein dans la méthode. Vous exprimez même les résultats que l’on peut attendre de cette contradiction. Vous venez de défocaliser du code. A nous humains d’une part de prouver cet invariant par des expérimentations ou des résultats d’expérience, puis de dépasser cette contradiction par … abstraction et/ou des hypothèses à théoriser puis expérimenter et ainsi de suite. Vous prouvez aussi que la constitution n’est pas une abstraction du politique, donc ne peux pas controler le politique. Rien de plus rationnel. Vous pouvez voir comme nous avons du travail.
La rédaction d’un code ne préjuge pas (comment le pourrait-elle) de son application. Une théorie et une pratique sont des domaines bien séparés. Etienne mélange beaucoup de chose sans assez définir les termes et les relations. Les relations code et la politique, citoyen et hommes politiques, font s’entrechoquer les notions comme liberté, morale,
constitution, mais aussi les pratiques entre elles. C’est dans ce fatras que nous extrairons les invariants.
Quand vous rappellez ce qu’Etienne dit:
le caractère éminemment politique de l’acte constituant et la nécessité de faire en sorte que toutes les conditions soient réunies pour que la rédaction de la constitution soit le fruit d’une réelle élaboration collective et non pas une constitution ad hoc pour le bénéfice de quelques uns.
On y note l’acte (une pratique) constituant, projeté sur le politique (Théorie). La rédaction (pratique) de la constitution (code). Elaboration collective (social) contedite par quelques uns (citoyen). Bénéfice exclusif (morale et liberté). On voit l’apport de l’analyse sur la séparation des objets d’étude, et sur la mise à jour des relations contradictoires/dialectiques (car social et personne se déterminent l’un l’autre par exemple) qui permet vraiment d’affiner les hypothèses à expérimenter.
Comme disait le linguiste Austin : “dire c’est faire”. On voit le résultat. C’est manifestement un anerie de néo-cons. Dire ce n’est pas faire justement. Qui plus est pour le sujet qui nous concerne d’une constitution, si dire c’était faire il y a longtemps que cela se saurait. Le mélange de perspective in-melangeable rationnellement est bien le piège dans lequel on tombe si facilement. C’est aussi un reflexe infantile ou mythologique qui veut faconner le monde d’apres les mots. La science fait exactement le contraire créant des mots pour rendre compte des objets et des relations.
La notion de fin de l’histoire vient du dogme qui voulait que les lois économiques pronées par ces gens étaient dites naturelles, et dans la nature pas d’histoire. l’histoire c’est humain rien d’autre. On voit bien la encore l’importance primordiale donnée au code (théorie) sans contre-partie d’expérimentation ni prise en compte de la projection de cette théorie sur les autres axes du social, du moral, des pratiques. Un désastre.
Pour ma part je considère que faire passer la constitution comme un préalable est une erreur fondamentale qui relève de la même logique pure et érronée du dogme neo-cons et je viens d’étayer rationnellement mon propos.
Je vous remercie encore car vous me poussez à affiner mon propos, et je ne demande pas mieux.
Paul Krugman , prix Nobel d’économie.C’est le voisin de Paul Jorion sur le site Contre-Info .C’est pas passé loin.
A ce stade, je crois que la priorité, c’est de comprendre ensemble de manière fine ce qui se passe, la manière dont les événements se déroulent, le rôle des acteurs et surtout de comprendre le changement qui est nécessaire. Comment pouvons nous faire autrement ?
Qu’est que cela implique ?
Qu’est-ce qu’il faut remettre en question et, à l’opposé, conserver à tout prix ?
C’est ce que nous faisons sur ce blog, avec, en plus, l’animation subtile, intelligente, pleine d’humour et de recul de Paul.
Je crois vraiment que c’est très, très important.
Le « socialisme réel » de Staline et successeurs s’est effondré. Le capitalisme débridé à l’occidentale, sans s’être encore totalement effondré (notamment politiquement), est dans une impasse sérieuse. Nous n’avancerons que si nous avons une analyse et une perspective prennant en compte ces deux événements et apporte des réponses correctes.
A propos de contre-info, je vous conseille d’y lire l’entretien avec Immanuel Wallerstein.
Extrait :
« La période de destruction de valeur qui clôt la phase B d’un cycle Kondratieff dure généralement de deux à cinq ans avant que les conditions d’entrée dans une phase A, lorsqu’un profit réel peut de nouveau être tiré de nouvelles productions matérielles décrites par Schumpeter, sont réunies. Mais le fait que cette phase corresponde actuellement à une crise de système nous a fait entrer dans une période de chaos politique durant laquelle les acteurs dominants, à la tête des entreprises et des Etats occidentaux, vont faire tout ce qu’il est techniquement possible pour retrouver l’équilibre, mais il est fort probable qu’ils n’y parviendront pas.
Les plus intelligents, eux, ont déjà compris qu’il fallait mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau. Mais de multiples acteurs agissent déjà, de façon désordonnée et inconsciente, pour faire émerger de nouvelles solutions, sans que l’on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements.
Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif. »
Dans l’immédiat, on y verra plus clair après l’élection américaine ?
Pour le projet de Constitution, je conseille de lire ou de relire « les principes de la philosophie du droit » de Hegel, en particulier les chapitres qui concernent société civile et Etat. Je crois que tout est dit sur ce que nous vivons actuellement, une société civile sans Etat ou une société qui a instrumentalisé l’Etat, dont les Etats-Unis sont la parfaite illustration et l’ Europe son imitatrice.
Heureux d’avoir trouvé ce site, que j’ai débusqué par Contre Info, lien que m’avait donné Rue89. Comme quoi, malgré tout, l’information circule…
Totalement néophyte en économie, d’autant que je n’ai que de petites économies à la Banque Postale c’est à dire pas grand chose à perdre, je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire. Simplement, messieurs les experts (sans aucune ironie, je vous prie), je vous invite à quitter les hauteurs vivifiantes de l’analyse, pour aller faire un tour sur les sites des journaux et lire les commentaires des internautes.
La crise les rend fous FURIEUX, surtout au Figaro, journal de droite et des petits épargnants.
L’annonce du plan de Sarkozy et de sa garantie de 360 milliards d’euros leur met la bave aux lèvres.
Et je pense au pessimisme d’Emmanuel Todd ou de Bernard Maris. Attention, les copains, on n’est pas en train de jouer, ça peut aller très loin ces conneries, on en a vu des démagogues se pousser du col pour récupérer la colère du PEUPLE.
Evidemment, cela n’est qu’une impression…
Amicalement et merci pour votre boulot.
Oui Wlad nous dans une période houleuse qui a quelque chose de révolutionnaire.
Le site De Defensa propose ses analyses vu sous l’angle de la psychologie
de tout le tintouin actuel
http://www.dedefensa.org/
Je viens de voir sur courrier international qu’il y a des élections législatives demain au Canada
On va voir ce qui se passe. Intéressant pour tout le monde.
C’est très sympathique de refaire le Monde ( sans jeu de mot) mais pendant ce temps là, l’Etat français et les autres , sont en train de se mouiller jusqu’au cou pour sauver les banques. Ceci aura pour conséquence que l’avenir des Etats, des gouvernements et des hommes politiques à la manoeuvre va être irrémédiablement lié au sort celles qu’ils vont sauver. Croyez-vous qu’ils soient assez fou pour les laisser tomber un jour et remettre en question le système bancaire et monétaire actuel. Le déleverage serait un sevrage trop dur pour l’économie.
La solution française c’est : 320 milliards de garanties donnée par l’Etat…Ce ne sont pas des dettes parait-il . Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi ?
Ci-dessous le communiqué officiel français :
« Afin d’assurer le financement de l’eÌconomie dans de bonnes conditions, le projet de loi ( de sauvetage des banques)
preÌvoit la creÌation d’un nouveau dispositif destineÌ à garantir le refinancement des banques
françaises pour des maturiteÌs moyennes (jusqu’à 5 ans). Ce dispositif vient compleÌter le
refinancement bancaire de court terme assureÌ par la banque centrale.
Une caisse de refinancement beÌneÌficiera, sous le controÌ‚le eÌtroit de l’Etat et de la Banque de
France, de la garantie explicite de l’Etat pour se financer sur les marcheÌs ( 😉 ) à hauteur de 320 milliards d’euros. Elle pourra eÌ‚tre solliciteÌe par chaque eÌtablissement financier eÌtabli en France et respectant les ratios
prudentiels reÌglementaires, pour obtenir des preÌ‚ts, en eÌchange de suÌ‚reteÌs sous forme de
nantissements de preÌ‚ts à l’eÌconomie.