Désarroi boursier

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Donc les banques centrales ont baissé leur taux directeur de manière coordonnée, et voici ce que cela a donné à la bourse de New York : – 2,06 %. La tendance a d’abord été positive, puis négative, puis…


© Dow Jones

En fait, la configuration d’aujourd’hui m’était familière et je suis allé la reproduire par la grâce d’Excel. Regardez ce deuxième graphique : je l’ai appelé non sans raison « Pile ou face », c’est un petit programme (*) en Visual Basic qui joue à pile ou face, qui gagne un franc quand c’est pile et perd un franc quand c’est face. Je l’ai fait jouer une fois toutes les six secondes entre 9 heures et 16 heures pour qu’il ait une « rugosité » comparable au graphique que je recopierais de Dow Jones.

Le bel ensemble des banques centrales n’a donc pas conduit les boursicoteurs à une conclusion très nette : ils ont joué la séance à pile ou face !

––––––––––––-
(*) La macro crée un fichier appelé « resultats.csv » qu’Excel vous permet d’ouvrir.

Sub PileOuFace()

Dim b As Integer
Dim n As Integer
Dim val As Single
Dim seed As Integer

seed = 0
Open « resultats.csv » For Output As #1

For n = 1 To 4200
— val = Rnd()
— If val > 0.5 Then
—— b = 1
— Else
—— b = -1
— End If

— seed = seed + b
— Print #1, n; « , »; seed

Next n

Close #1

End Sub

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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22 réponses à “Désarroi boursier”

  1. Avatar de jacques
    jacques

    Paul Jorion a recréé artificiellement une modélisation de l’efficience des marchés. Une pensée émue pour Mr Milton Friedman (Pendez-le haut et court !). Treve de plaisanterie. Mr Jorion mériterait de figurer sur la liste des Nobelisables en économie. Pas moins !

  2. Avatar de helios
    helios

    Ces courbes aléatoires sont excellentes pour démontrer l’absurdité de l’analyse technique. J’avais programmé qq chose d’identique et constaté que tous ces graphiques aléatoires semblent décrire des tendances, des support ou résistances et toutes sortes de formes identifiable. Sur le coup j’avais été bluffé ! Sérieusement, cette expérience mérite le détour et relègue l’analyse technique au niveau de la « pensée magique ».

    La raison de tout ça est que le hasard est un formidable support à l’imagination, nos esprits curieux chercheront coute que coute le sens qui n’y est pas – même si il faut l’inventer et que ses bases sont branlantes… Nos petites neurones ont besoin de donner du sens au monde !

  3. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    On commence à parler de l’éventualité de prises de participation directes du Trésor dans les grands banques américaines ou de nationalisation partielle si l’on préfère.

    http://www.cnbc.com/id/27089749

  4. Avatar de Jean-Baptiste

    Ce qui me parait intéressant est en fait la « rugosité » de 6 secondes appliquée pour paraitre similaire ! Cela voudrait dire que l’on peut faire une modélisation aléatoire (soit pile ou face soit autre chose) mais avec un tirage de 6 secondes environ !

  5. Avatar de Paul Jorion

    @ Jean-Baptiste

    Les spécialistes auront reconnu dans ma « rugosité » la dimension fractale. Il n’y a rien de mystérieux dans les 6 secondes : il faut reproduire un mouvement brownien qui corresponde aux volumes traités sur le New York Stock Jones pour l’ensemble des titres composant l’indice DJIA (Dow Jones Industrial Average).

    Mon petit programme utilise la fonction Rnd qui fait appel à une valeur empruntée à l’horloge interne de l’ordinateur comme « germe » pour générer un nombre au (pseudo-) hasard. Chaque tirage produit bien entendu une courbe différente.

    J’ai déjà utilisé un programme de ce type dans Adam Smith’s “Invisible Hand” Revisited, Proceedings of the 1st World Conference on Simulation of Social Systems, Kyoto, August 2006, Vol. I, Springer Verlag : 247-254, pour démontrer que les marchés boursiers ne doivent leur stabilité qu’au fait que les intervenants n’ont en général pas la moindre idée de ce qui va se passer. Quand ils comprennent ce qui va se passer le marché grimpe de façon inexorable (avant de kracher lorsque la réserve de nouvelles recrues est épuisée) ou bien il krache comme aujourd’hui parce que les entreprises cotées sont insolvables – et que chacun le sait.

  6. Avatar de guillaume
    guillaume

    Malaisie: le ministre des Finances refuse d’arrimer le ringgit au dollar

    Le ministre des Finances malaisien a indiqué lundi que son pays n’a pas l’intention de rétablir un lien fixe entre la monnaie nationale, le ringgit, et le dollar américain, rejetant les appels à rétablir le contrôle monétaire afin de compenser le ralentissement économique.

    « Je tiens à affirmer catégoriquement que nous n’avons pas l’intention de rétablir le lien fixe du ringgit (avec le dollar, ndlr) maintenant ou dans le futur », a déclaré le ministre des Finances Najib Razak.

    « L’économie de la Malaisie est plus résistante et nous sommes mieux placés pour braver la tempête », a poursuivi le ministre.

    10/09/08 07:36
    L’Argentine et le Brésil abandonnent le dollar dans leurs échanges

    L’opération concerne le commerce bilatéral. C’est un premier pas vers la mise en place d’une monnaie unique dans le Mercosur.

    Luiz Inacio Lula da Silva et Cristina Kirchner, en visite officielle à Brasilia, ont annoncé l’abandon du dollar comme monnaie d’échange dès le 3 octobre prochain. Désormais, les transactions entre les deux pays se feront en real (monnaie brésilienne) ou en peso (argentine).

    Des mouvements isolés ou les prémices de la fin du dollar?

  7. Avatar de jide

    A propos des variables (pseudo)aléatoires. Des études toutes récentes montrent qu’un système suffisamment complexe (un glacier, pour l’exemple que je connais) soumis a un forçage aléatoire réagit avec des tendances et des fréquences propres.
    Analyser ces tendances (pour retrouver le forçage) revient aussi à tirer à pile ou face. Mais le forçage aléatoire est bien plus dur à détecter….

  8. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Ces courbes aléatoires sont excellentes pour démontrer l’absurdité de l’analyse technique.

    Oui et non, car l’analyse technique ne s’applique pas a l’ensemble des intervenants en meme temps, mais a chacun d’entre eux. Si l’analyse technique etait reellement aleatoire, cela donnerais (theorie des grands nombre, en supposant qu’il n’existe pas de gros et de petits porteurs et que tous fassent des mathematiques, cela devient tres hypotetique) une courbe plus ou moins plate (sauf si comme le dit Paul, quands les boursicoteurs comprennent ce qui va se passer).

    J’adore cette theorie simple:

    les marchés boursiers ne doivent leur stabilité qu’au fait que les intervenants n’ont en général pas la moindre idée de ce qui va se passer

    N’etant pas un boursicoteur, mais commencant a m’y interesser en vue d’une fin de crise, je pense que c’est la premiere lecon a retenir. Ce qui me fait penser qu’en bourse le plus sur est encore de recolter des chiffres sur les entreprises interessantes et de ne se baser que sur ceux-ci pour investir (bien sur prevoir les mouvements de foule peut permettre d’anticiper certaines choses)

  9. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    La bourse est une sorte de casino. Si on n’est pas bon joueur, une stratégie comme une autre est de regarder les autres jouer et si le coeur vous en dit, de miser sur celui qui a l’air de gagner d’une manière régulière et consistante. C’est ce qu’ont fait les petits malins qui ont misé leurs jetons sur Warren Buffett, le meilleur joueur de la bande et ont acheté des « Berkshire Hathaway ». Il y a de nombreux milliardaires parmi les tout premiers actionnaires de cette entreprise. On peut dire que dans un monde complexe et aléatoire, Buffett est celui qui effectue intuitivement la meilleure évaluation du risque (il s’est toujours méfié comme de la peste des instruments dérivés). Tant Obama que McCain le verraient bien Secrétaire au Trésor (mais il a sans doute mieux à faire sans parler des conflits d’intérêts). Cela dit, on ne prête qu’aux riches et il va de soi qu’il peut se permettre d’exiger des conditions bien supérieures à l’investisseur classique, ce qui est un avantage.

  10. Avatar de roger beep
    roger beep

    L’Allemagne qui reste malgré la crise le premier exportateur mondial a raison de ne pas faire confiance aux pays comme la France qui refusent d’améliorer leur commerce extérieur, refusent de faire le ménage dans leurs dépenses publiques. Qui dispose d’un budget annuel de 85 milliards d’euros destiné à produire des salariés mal formés, sous employés, des chômeurs, des émeutiers? Le système d’enseignement français. Les meilleurs sont obligés de s’expatrier, souvent pour toujours. Le retour de la crise mondiale va conforter l’étatisme français, on va recruter de nouveaux bataillons de fonctionnaires et le droit du travail « privé » va de nouveau être adossé au statut de la fonction publique. La France va s’enfoncer pour longtemps dans la médiocrité la plus totale justifiée par les excès et les arrogances de quelques uns. Avec 55% des richesses annuelles produites ponctionnés par l’impôt ou les cotisations obligatoires, la France pensait vivre une période ultra libérale…

  11. Avatar de Jean Michel

    Pour ceux qui ne maîtrisent pas le Basic, voici le même programme en perl, qui écrit directement dans un fichier csv (en écrasant le précédent du même nom s’il existe déjà).

    #!/usr/bin/perl -w

    $seed = 0;

    open(ECRIRE, »>bourse.csv ») || die « Erreur de création de bourse.csv » ;

    for ($i = 1 ; $i < = 4200; $i++) { $j = rand(); if ($j > 0.5) {
    $b = 1;
    } else {
    $b = -1;
    }

    $seed = $seed + $b;
    print ECRIRE « $i \t $seed\n »;

    $seed = $seed + $b;
    print ECRIRE « $i \t $seed\n »;

    }

    close(ECRIRE);

  12. Avatar de Kalhydre
    Kalhydre

    Cher monsieur Jorion,

    Je suis absolument mortifiée par mon ignorance en matière de mathématiques financières et autres variétés intellectuelles du genre.
    Mais la raison de ma visite chez vous est en vérité tout autre. Très vite: il y a des gens qui se réclament de vos lumières, et qui en outre affirment que « l’économie n’existe pas ». J’aimerais simplement vous demander ce que vous inspire l’affirmation selon laquelle « l’économie n’existe pas ».

    Je vous remercie de votre patience et vous souhaite une excellente continuation.

    Pardonnez le dérangement.

    K.

  13. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Roger Deep,

    Permettez-moi d’avoir une vision des choses sensiblement différente. La votre a bien entendu toute sa cohérence, mais elle a pour moi le défaut de représenter une approche économique d’inspiration nettement néo-libérale. Je ne pense pas qu’il faille seulement attribuer la responsabilité de la grave crise financière que nous traversons aux errements et excès de quelques uns. Les traders et autres Jérome Kerviel ne sont que la partie émergée de l’iceberg. C’est tout un système économique et financier qui est en cause.

    Si une bulle, des bulles gigantesques ont pu se former c’est d’abord parce qu’un environnement favorable les ont rendues possibles. Des politiques ont sciemment maintenu la sphère financière et économique hors de contrôle et cela ne date pas du gouvernement Bush. C’est le résultat de trois décennies de dérégulations et de dérèglementations dont le signal fut donné un certain 11 septembre 1973 lorsque le président Allende du Chili démocratiquement élu fut renversé par le général Pinochet, avec l’aide des USA.
    Les boys de l’Université de Chicago où professait le très libéral Milton Friedman étaient alors envoyés dans ce pays pour y expérimenter, grandeur nature, ce que pourrait et doit être un environnement économique libéral. Les syndicats étaient mis hors d’état de « nuire », le salaire minimum supprimé, une politique monétariste appliquée. Puis ce furent les années Reagan, Tchatcher, en passant par les années Mitterand non moins libérales (quelques millions de chômeurs en plus, « modernisation » oblige !!) jusqu’à, enfin, chez nous, l’élection d’un président qui se revendiquait jusqu’il y a peu du libéralisme US, cela au moment même — ironie de l’histoire, où ce dernier connaissait ses premières remises en question après Enron et quelques autres affaires retentissentes !!

    Ce dernier quart de siècle si tant de salariés du privé souffrent c’est bien parce que le droit du travail privé les mettent dans une situation de faiblesse et donc leur ôte toute possibilité (ou si peu ) de remettre en cause moyens et buts de la production. Rappelez-vous, les cadres chez Renault qui se suicidaient, tout le monde est touché par la folie d’un système dont le seul critère de viabilité est le profit, profit qui revient non pas aux salariés en priorité mais aux actionnaires et spéculateurs, les vrais maîtres du jeu.

    Une société où les travailleurs seraient plus impliqués serait moins anxiogène. Le secteur public n’est pas parfait et doit être amélioré, mais il me semble qui’l faudrait faire exactement l’inverse de ce que vous préconisez. Il faut aligner les conditions des salariés du privé sur ceux du public. C’est un peu provocateur que de le dire, mais il me semble important de l’affirmer, pour montrer qu’une autre façon de concevoir l’économie est possible. Vous me direz : perte de compétitivité ! Oui, mais seulement si l’on continue de raisonner dans le cadre d’une économie mondiale dérégulée. Le problème est donc encore une fois politique ! Si les capitalistes et leurs relais étatiques sont si soucieux de flexibiliser le marché du travail c’est uniquement dans le but de rester dans la course mondiale aux profits. Si effectivement le profit peut justifer la lutte de tous contre tous, alors, oui allons y gaiement, et considérons les travailleurs comme de la matière brute juste bonne à informer en vue d’exporter ! Telle n’est pas l’idée que je me fais du travail.
    Bref, la formation n’est rien, si l’on en définit pas la finalité humaine.

    Je vois surtout dans la doctrine néo-libérale de graves limites et la source intellectuelle de grandes injustices sociales.
    Elle permet de justifier l’inégalité, et, au bout de sa logique, il y a la guerre. L’horizon de la guerre économique, c’est la guerre tout court.

    Or il existe aujourd’hui une grande opportunité pour construire inventer une société plus humaine par la redéfinition de ce que doit doit et peut être une économie dégagée du carcan du profit. Evidemment, dans un premier temps, il faudra encore s’accomoder du système capitaliste, la priorité est donc de faire en sorte qu’un des carburants alimentant la compétition des systèmes sociaux et donc la forte et artificielle croissance qui s’en dégage et répartit ses richesses de façon hyper inégalitaire, vienne à faire défaut. Les produits financiers sont ce carburant. L’urgence est donc de refonder le système financier, préalable à toute refondation de l’économie réelle.

    Dernière remarque : l’ultra libéralisme ce n’est pas le capitalisme sans l’Etat. La preuve élatante nous en est donnée depuis quelques semaines, quelques mois ! Le libéralisme a toujours vécu en symbiose avec l’Etat.

  14. Avatar de A-J Holbecq

    @Pierre-Yves D.

    Vous écrivez  » Or il existe aujourd’hui une grande opportunité pour construire inventer une société plus humaine par la redéfinition de ce que doit doit et peut être une économie dégagée du carcan du profit.  »

    Ces alternatives existent . Rumbo cite souvent le crédit social, je me permets de citer l’écosociétalisme
    Ca commence ici : http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=Ecosocietalisme0

  15. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    @ Pierre-Yves D.

    Je suis d’accord avec vous. Le système capitaliste actuel est impitoyable, créateur d’injustice et d’inégalités et force est de constater qu’il mène à des catastrophes. On peut même dire que crise actuelle révèle la vraie nature du capitalisme: une sorte de guerre à bas bruit. Il n’empêche que ce capitalisme a également produit des richesses, de l’innovation et a conduit un certain nombre de pays à sortir de leur sous-développement chronique. Le grand bond en avant de la Chine, c’est maintenant, et grâce au capitalisme, qu’il a lieu. Et s’il n’y avait pas cette extraordinaire concentration de talents, de capitaux et d’énergie du côté de la Silicon Valley ou de Bangalore, vous ne seriez pas en train de poster ce message sur votre PC. La crise que nous vivons est un moment de vérité qui nous invite à penser d’autres formes de société ou de vie collective et ce serait en effet une erreur de la réduire à un phénomène cyclique. C’est dans les moments féconds que l’on peut entrevoir une autre perspective. Mais d’autre part, gardons-nous de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y a une distinction à faire entre l’ambition légitime et l’hubris. L’ambition légitime conduit à une amélioration de la société tandis que l’hubris mène au désastre.

  16. Avatar de jacques
    jacques

    L’avocat du diable tient à vous faire remarquer que l’analyse technique ne peut pas prédire la survenue des variations extrémes. Par honneteté intellectuelle, faisons foin des arguments circulaires et de l’argumentum ad populum. Il existe un modèle d’évolution des cours de la bourse basée sur la géométrie fractale qui permet de prédire la survenue de ces variations extremes. Il a été créé par Benoit Mandelbrot, excusez du peu!

  17. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    « …Alors qu’elles affichaient en début de séance une belle santé, revigorées par la décision concertée, mercredi, des principales banques centrales mondiales d’abaisser leurs taux, les Bourses européennes ont ensuite perdu confiance avec la reprise des ventes à découvert sur les valeurs financières à New York, alors qu’elles étaient interdites depuis le 19 septembre…  » Le Monde en ligne, 9 oct 2008

    Quelqun peut-il m’expliquer pourquoi les ventes à découvert ont été à nouveau autorisées ?

  18. Avatar de Alain A
    Alain A

    @ Michel, le vieux copain de Paul
    Dire que malgré tous ses défauts et vices et défauts, le capitalisme doit être en partie absous pour son efficacité à accroître la richesse me paraît une des affirmations gratuites entretenues par le matraquage de la pensée unique…
    L’URSS entre 1930 et 1970, malgré une guerre effroyable et ses (7 ou 8 ?) millions de morts sur son sol, malgré la terreur stalinienne, malgré l’absence de libertés individuelles, est passée du tiers-monde à une économie très développée qui a envoyé le premier homme dans l’espace et rêvait (sans fantasmes excessifs) d’égaler voir de dépasser les Etats-Unis. Les vices profonds du système (autres que l’efficacité économique) ont mis à terre cet espoir. Depuis 1990, en 15 ans de libéralisme, la richesse a brutalement chuté, tout comme l’espérance de vie.
    La Chine, de 1949 à 2008 s’est développée bien, plus rapidement que l’Angleterre du XIXème siècle en n’étant capitaliste que partiellement depuis 15 ans (et sans colonies à exploiter).
    Sur les courbes mettant en lien l’empreinte écologique et l’IDH (Indice de Développement Humain), Cuba est la nation la plus proche du coin du graphique où se trouverait (aucun Etat ne se trouve dans cette zone du vrai « développement durable ») un développement humain correct combiné à une exploitation sans excès des ressources naturelles.
    On peut donc se demander avec de bonnes raisons si le capitalisme libéral (contrairement à sa variété très régulée du compromis social-démocrate qui a permis le New Deal aux USA et les Golden Sixties en Europe), n’est pas un système économique très peu efficace…

  19. Avatar de kabouli
    kabouli

    On peut aussi penser que le capitalisme n’étant que la facade de l’impérialisme anglo-saxon n’a rien créeé du tout mais tente au contraire de capter à son profit les forces sociales libérées par les diverses révolutions politiques occidentales depuis le Dix neuvième siécle.

    La bourgeoisie ne crée rien, elle récupère disait-on en 68. Le seul progrès est le progrès démocratique que le capitalisme entrave.

    Placer l’économie comme determinant les différentents progrès auxquels malgré tout nous assistons est du plus mauvais marxisme qui n’est qu’une idéalisation du libéralisme.

  20. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    @ Alain

    La pensée unique est la chose la mieux partagée au monde. Rien de moins unique que la pensée unique. Il y a autant de pensées uniques que d’individus. Je connais des pensées uniques de gauche et des pensées uniques de droite. En fait, pour réfuter n’importe quelle opinion d’autrui, qu’elle soit fondée ou non, il suffit de la qualifier de « pensée unique » et le tour est joué. Cette histoire de pensée unique (que l’on attribue toujours à l’autre et jamais à soi-même) me fait penser à ces touristes qui débarquent sur une plage bondée et qui se plaignent qu’il y ait trop de touristes.

    Vous trouvez quelques mérites aux régimes communistes. C’est votre avis et votre droit. Apparemment, les gens ayant vécu sous ces régimes, et ils sont mieux placés que quiconque pour en juger, ne pensent pas comme vous.

    Pour le reste: en 1990, la Russie était peut-être plus pauvre que sous Brejnev mais ce n’est plus le cas aujourd’hui (en termes de richesse globale). Et à mon avis, la longévité d’un citoyen russe sous Poutine est supérieure à ce qu’elle était sous Brejnev. Russie et Chine se sont développées récemment grâce au capitalisme (un capitalisme encadré par un régime autoritaire). La Chine ne serait pas où elle en est, si elle ne s’était pas ouverte en tant que marché et « atelier du monde » pour les grandes entreprises occidentales.

    Cette crise démontre qu’un certain capitalisme mène droit au mur et elle invite à réfléchir sur des alternatives mais je ne crois pas que les solutions viendront de recettes usées et d’idéologies périmées.

  21. Avatar de A-J Holbecq

    Bonjour
    Comme je ne suis pas certain que beaucoup des lecteurs de ce blog aient le temps d’analyser les propositions écosociétales, je me permets de copier ici le résumé de celles-ci que vous trouvez développée sur http://wiki.societal.org :

    Les 14 points importants du modèle économique proposé

    1 – Chaque production de bien ou de service est la somme de l’ensemble des activités humaines ou mécaniques nécessaire à sa réalisation, « l’arbre » inversé des activités directes ou indirectes ayant abouti à cette production.

    2 – Le coût d’une production est donc la somme des coûts cumulés.

    3 – De ce fait, il n’y a pas besoin de capital monétaire pour engager une production souhaitée par les individus ou la collectivité, mais seulement de rémunérer le travail (au fur et à mesure de la production) par une création monétaire (électronique) permanente, dont l’unité de compte équivaut à six minutes de travail.

    4 – La monnaie est seulement la représentation « symbolique » d’un bien ou d’un service « réel ». De ce fait la notion de crédit bancaire et d’intérêt devient totalement obsolète.

    5 – Puisque le travail est rémunéré par une création monétaire, la consommation du produit d’un quelconque travail doit correspondre à l’inverse à une « destruction » monétaire équivalente sur le compte de celui qui l’utilise. Bien que cette idée puisse sembler incongrue elle ne l’est pas tant que cela: c’est bien ce qui se passe au niveau de votre porte monnaie qui se remplit lorsque vous travaillez et se vide lorsque vous achetez, ou au niveau de la création monétaire par l’émission d’un crédit bancaire, monnaie détruite lorsque le crédit est remboursé.

    6 – La monnaie devient totalement virtuelle et temporaire et il n’y a donc plus aucune possibilité d’accumulation de capital productif (les outils de production) ou financier, aux mains de quelque personne physique ou morale que ce soit (en dehors de l’épargne individuelle) ni de valises de billets de banque, générateurs « d’argent noir ».

    7 – Chacun reste totalement libre du choix de son activité, et le travail, à toute étape d’une production, est rémunéré au prorata de son effet direct sur le bien être collectif. Au plus l’activité est sociétale, au plus élevée sera la rémunération de celui qui produit (dans des limites prédéterminées au choix – politique et démocratique – de la société)

    8 – Les productions de biens et de services sont taxées (la C.E.S. / Contribution Eco Sociétale) en tenant compte de leurs effets  » sociétaux » afin d’orienter la demande vers des consommations les plus sociétales et écologiques, compte tenu des souhaits de la population régulièrement consultée et non plus des souhaits des marchands.

    9 – Cette contribution (C.E.S.) prélevée lors de la consommation équilibre la masse monétaire, d’une part pour couvrir la Rémunération d’Activité de ceux qui produisent les biens et services d’utilité publique qui n’entrent pas dans un circuit commercial, d’autre part pour offrir à chacun un montant égal de Revenu Social (le « Revenu Citoyen »), lui permettant, sans condition, de vivre décemment. Cette contribution est le seul « impôt » du système écosociétal en plus des loyers fonciers .

    10 – Si leurs choix est d’être propriétaire de leur habitation, les citoyens auront à payer un loyer (similaire à l’impôt foncier actuel) d’utilisation du foncier à la collectivité ( bail emphythéotique transmissible sans limitation de durée).

    11 – Les « outils de production » (foncier agricole ou industriel, sous-sol, bâtiments d’exploitation, outillages, etc.) sont mis gracieusement à la disposition des coopératives et des entrepreneurs sous réserve de la pertinence de leur projet. De ce fait, la propriété privée du capital productif disparait, ainsi que l’actionnariat et la Bourse, puisque l’ensemble de la population est « copropriétaire indivise ».

    12 – Les transmissions d’épargne sont limitées à une génération, afin d’empêcher le cumul générationnel générateur d’importantes inégalités.

    13 – Le crédit est gratuit et l’intérêt est limité au droit de le percevoir sur le prêt d’une épargne individuelle préalable.

    14 – Les transferts monétaires entre comptes particuliers sont autorisés, que ce soit en réglements d’achats de biens d’occasion ou de dons manuels, via l’IEM (Institut d’Emission Monétaire). C’est la loi qui déterminera les limites et les régles s’il doit y en avoir.

  22. Avatar de Alain A
    Alain A

    A mon nouveau copain Michel

    Michel, vous auriez quand même dû voir que je ne disais pas du bien du communisme… Je disais que du point de vue économique, il avait peut-être été aussi efficace, voire plus (rapide) que le capitalisme pour exploiter la force de travail du peuple. Mais comme je ne considère pas que l’accumulation de richesses matérielles soit l’alpha et l’oméga du progrès humain (mais seulement un moyen de progrès réel), je pense comme vous que le socialisme autoritaire (appelé communisme) fut une voie sans issue mise à mort par ses propres vices idéologiques.

    Mais cela n’exonère pas le capitalisme de ses propres vices idéologiques. Donc, n’ayez crainte, comme la plupart de ceux qui fréquentent régulièrement ce blog, je réfléchis à des solutions pour le 21ème siècle et ne suis pas partisan de resucées de celles imaginées au 19ème siècle.

    En lisant entre vos lignes j’ai l’impression que vous confondez capitalisme et industrialisme. Les diverses variétés de régimes autoritaires ont bien entendu emprunté les techniques industrielles mises en œuvre d’abord en Angleterre, puis Europe continentale et puis aux Etats-Unis. De fait, tout n’est pas à jeter dans l’industrialisation même si des excès ont été commis et c’est plutôt elle qui a permis l’efficacité économique à laquelle que vous semblez tenir

    Pour ce qui est de l’unicité de la pensée, vous avez raison : c’est très vrai qu’il y a des tas de pensées politico-économiques. Mais celle que l’on qualifie d’unique est celle qui voulait éliminer toutes les autres et qui avait réussi à 90% dans le domaine politique et à 99,5% dans le domaine économique. Heureusement (selon moi), le crédit de cette pensée qui se voulait unique tombe aussi vite que celui du subprime le plus pourri… Cela me réjouit mais m’angoisse aussi car le vieux monde s’effondre non pas sous la poussée du nouveau mais miné par ses propres errements. L’urgence de l’alternative est là et c’est sans doute pour cela que tant de personnes échangent ici…

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