Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Comment éviter le ravaudage qu’on nous prépare ? En ramenant en effet le débat à la monnaie et au rôle des banques centrales.
Il y a plusieurs moyens : le premier, c’est celui que vous utilisez tous en menant le débat ici. Je peux vous assurer que vous êtes très lus. Allez à la page ci-dessus, Fréquentation : vous voyez la colonne pour septembre ? Elle dépasse de beaucoup le reste du peloton, or nous sommes en passe de doubler pour octobre, oui, doubler.
Je fais ce que je peux de mon côté : Le Monde me demande une tribune sur Bretton Woods, et vous verrez que je ramène le débat au rôle des banques centrales et à la monnaie, parce que cela me semble essentiel. Vous verrez cela dans quelques jours.
Le Monde aime bien que mes tribunes ne soient pas des resucées de mes billets et je les comprends. Mais le monde réel, la planète, n’est pas suspendu à des délais de parution. Je sais aussi que votre manière de concevoir cette question de la monnaie n’est pas nécessairement la mienne. J’ai également constaté que Jean Bayard a répondu ce jours-ci à plusieurs questions qui restaient pour moi sans réponse, donc on avance. Jean Jégu fait lui une excellente remarque : comment sauver le monde et comment sauver ses sous, sont deux questions distinctes.
Voilà, le débat est amorcé : comment éviter le ravaudage qu’on nous prépare ? Ramener le débat à la monnaie.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
22 réponses à “Comment éviter le ravaudage qu’on nous prépare ?”
Personnellement, je pense que la richesse globale a augmenté ces trente dernières années, mais la répartition de l ‘argent a, elle aussi beaucoup changé. Mon père était ingénieur et je le suis aussi. Même si nous n’avons pas strictement les mêmes diplômes nous avons un travail comparable. Pour autant une génération après, je ne dispose que de la moitié, voire moins, des moyens financiers de celui-ci. Que c’est-il passé :
Mon père était ingénieur, mais le père des autres ingénieurs que je connais ne l’étaient pas ! Ils sont pour la plupart issus de familles d’employés. Le constat est hélas navrant :
– Culturellement le travail que j’avais à effectuer effectivement dans une entreprise ne ressemblait plus à du travail d’ingénieur :
– Cela allait du secrétariat au travail de technicien de fait et pourtant mes collègues sortaient pour une bonne part de bonnes écoles.
– Le pointage et les horaires sont la règle indépendamment du résultat.
– Ce que j’avais appris à l’école n’était pas censé me servir, mais me permettait juste de prétendre à un statut social qui était relativement dévalorisé.
Pour en arriver où me direz vous :
– Malgré l’augmentation du niveau des études le travail réel n’a pas suivi. Pour autant mes collègues vivaient aussi bien que leur parents, voire un peu mieux.
En fait cela n’est qu’une apparence :
Il n’y a pas d’augmentations importantes de leur salaires contrairement à ceux qu’avaient eues leurs parents. Au moment de leur sortie de l’école le léger avantage disparaissait par la non-augmentation de leur salaire.
Ils peuvent emprunter pour avoir l’impression de vivre aussi bien ou un peu mieux que leurs parents cependant leurs parents avaient emprunté pour un bien deux fois plus important sur une durée deux fois moindre !
Ma génération des 30 40 ans a été « payée » en crédit ! Et s’est contenté de l’apparence laissant les financier jouer avec la richesse produite.
Aujourd’hui la répartition entre capital et travail c’est renforcé au profit du capital puis entre le capital et la finance au profit de la finance.
La peur de perdre son emploi y a été pour beaucoup, mais aussi aujourd’hui la mentalité d’employé la emporté : « je » ne travaille pas si je ne suis pas payé ! « Je » ne revendique pas d’augmentation de peur de perdre mon emploi !
Le niveau d’étude a augmenté, mais ce n’est qu’une apparence et beaucoup ne sont que des perroquets qui n’ont fait leurs études qu’en répétant sans comprendre le sens de ce qu’ils apprenaient.(La « meilleure » élève du BAC 2008 expliquait à la télévision qu’elle avait tout appris par coeur !)
Ce nouvel ingénieur avec sa mentalité d’employé, pointant le matin et le soir, mais faisant 42 heures payées 35 n’a rien compris et aujourd’hui ma génération est en train de se faire gruger par bêtise. On a joué avec son argent pendant qu’elle était inefficace et qu’elle confondait le travail avec une occupation sociale en étant incapable de faire la différence entre la richesse produite par un plombier et un ingénieur sorti de grande école.
Où est passé l’égalité à la française : elle est devenue une ânerie comme quoi tout le monde fait 1,70m n’est ni mâle, ni femelle, on est châtain et plutôt blanc (même si on est noir) et on est tous employé de service (même un agriculteur doit faire des tonnes de paperasse et de comptes !) On est tous un peu tout et surtout du coup mauvais ! L’Egalité était uniquement une égalité de droit et de devoir et pas une valeur d’abrutissement niant les différences qui étaient aussi les qualités des hommes d’une société.
Pendant ce temps les Chinois travaillaient et nous produisent des biens manufacturés. Le travail que font les Chinois n’est pas infaisable chez nous ! Il peut pour sa grande majorité être fait par des machines !!! Mais, quelle serait la valeur de ces biens ? L’investissement pour créer ces machines a peu été fait et cela faisait plaisir dans notre vieil imaginaire occidental d’avoir des petits esclaves qui travaillent pour nous et qui en plus sont loin. Où est l’esclave romain ? Eh bien ils étaient, au moins logés et nourris, avec des heures de travail et avaient une réelle valeur marchande ! C’est plus que ne peut en rêver un communiste aujourd’hui !
Et la crise me direz vous ! Comme suivant ce principe tout le monde se valait on a mis à des postes importants des personnes qui sont peu compétentes voire incompétentes. Le trader ne gagne de l’argent pour ses clients que quand le bourse augmente ! Le banquier (en fait non le patron de la banque) n’est plus qu’un bête employé prétendant avoir fait son travail alors qu’il à mis la société dont il devrait être responsable en faillite.
Qui est responsable : personne peut être mais en tout cas il n’y a plus que de bête employés et plus de responsables. La crise va être grave non pas par faute de moyen mais bien parce qu’il n’ y a plus grand monde de compétent et ceux qui auraient pu l’être ne le sont plus et ils ne prendront aucun risque et considèrerons qu’il sont juste là payés pour occuper un poste et non plus pour ni être responsable ni obtenir un résultat.
On a confondu, travail, occupation sociale,fonction etc… ce qui pourtant dans l’Histoire a été clair pendant des millénaires et qui aujourd’hui est culturellement nié.
Et la crise me direz vous ! Comme suivant ce principe tout le monde se valait, on a mis à des postes importants des personnes qui sont peu compétentes voire incompétentes. Le trader ne gagne de l’argent que quand la bourse augmente ! Le banquier (en fait non le patron de la banque) n’est plus qu’un bête employé prétendant avoir fait son travail alors qu’il a mis la société dont il devrait être responsable en faillite.
Qui est responsable : personne peut être, mais en tout cas il n’y a plus que de bêtes employés et plus de responsables. La crise va être grave non pas par faute de moyen, mais bien parce qu’il n’ y a plus grand monde de compétent et ceux qui auraient pu l’être ne le sont plus, et ils ne prendront aucun risque et considèreront qu’ils sont juste là, payés pour occuper un poste, et non plus pour ni être responsable ni obtenir un résultat.
On a confondu, travail, occupation sociale, fonction etc… ce qui pourtant dans l’Histoire a été clair pendant des millénaires et qui aujourd’hui est culturellement nié.
Concernant: « Comment éviter le ravaudage qu’on nous prépare ».
Cette fois, voici un élément, un preuve, de ce qui, entre autres, se pratique dans la banque: « La FED, la banque centrale américaine, peut émettre des liquidités sans contrepartie ». Vous avez bien lu? Dixit: Philippe Waechter qui est directeur de recherches économiques chez Natixis-asset-management lu à la fin d’un entretien lu dans le Figaro internet d’aujourd’hui (7 octobre 2008). Ça vaut ce que ça vaut, mais le propos vient du sytème lui-même, par l’homme qui le dit et le journal qui le publie. Il se peut que pour certains, mais sans doute peu nombreux, j’enfonce-là une porte ouverte en rapportant ce propos comme une « trouvaille », mais c’est un témoignage sans bavure d’une d’importance déterminante à plus d’un titre. Car combien de fois ai-je eu à faire avec des interlocuteurs, y compris sur des forums internet, soutenant becs et ongles que ça ne se produisait jamais et que c’était impossible. Voici le lien.
Autre chose. Le texte de Jean Baptiste ci-dessus me fait penser, et nous rappelle, que la très grande majorité des étudiants étudient pour réussir aux examens et aux concours. Certes. Mais le contenu des « études » devient de plus en plus le parent pauvre. Alors que la « substance » des études devrait inciter les curiosités et les qualités, les talents et les dons à s’exercer et trouver d’une façon ou d’une autre leur créativité et leur fécondité propre. L’enjeu est de taille!
C’est bien un changement de société qui est nécessaire, et non un simple replâtrage… Nous avons une opportunité en or d’effectuer ce virage salvateur, à nous de ne pas nous laisser voler cette possibilité par les gouvernements et les financiers, dont le seul intérêt est de rétablir le statu quo ante.
La partie de « mucceria » est commencée, comment exiger des « maîtres mousches » qu’ils opèrent à gobelets soulevés ? Sans cette précaution et bien, ce sera « passer muscade », cette fois encore.
Je n’ai pas eu l’énergie mentale de suivre le débat sur la monnaie avec l’attention qu’il mérite ; toutefois, j’ai bien compris cette fois que je n’y comprenais pas grand-chose, et naturellement je suis resté avec ma boussole de départ (la monnaie dette) laquelle, peut-être à tort, m’indique mon Nord.
L’analyse consistant à suivre les trajets de l’eau dans les tuyaux, Jean Bayard propose une opération de plomberie qui, selon ses mots,
.
L’État belge et les États de l’Union procèdent par incantation, ayez confiance nous vous garantissons maintenant à 100.000 €, bien ! Mais nous ne recevons aucun commentaire de la façon dont ils vont s’y prendre, de même la Belgique emprunte 7 milliards pour « sauver Fortis », et pour ce faire le contribuable paiera 270.000.000 € d’intérêt annuels, à qui ? c’est pas dit.
En résumé, dans la précipitation actuelle, il doit bien y avoir quelques bouts de ficelles qui traînent sur la table et permettraient en tirant dessus de commencer démêler publiquement l’écheveau de la monnaie et, pour suivre, des transferts de propriété en cours…
Quelles sont les questions simples que les médias pourraient poser et comment les leur faire poser ?
Cher Paul,
Ce petit texte me fait fort plaisir.
Si dans les jours et les mois qui viennent nos en venons vraiment a mener un débat informatif sur la monnaie, un vrai Grand Soir apparaîtra peut-être à l’horizon
Sortir de l’argent dette est la plus grande révolution, libération.
Nous attend-elle? Y aura-t-il de grandes forces combattantes qui vont rentrer en jeu pour s’opposer à cet affranchissement de l’Homme vis à vis de l’argent?
Bien à vous
« Comment éviter le ravaudage qu’on nous prépare ? »
A propos : qui est ce « on », ou qui sont ces « on » ?
La tenue d’un débat sur la monnaie est sans doute l’une des choses dont nous avons le plus besoin, qui pourrait permettre la compréhension par le plus grand nombre de détails ignorés même par la science économique.
Ce serait intéressant d’avoir sur ce blog une présentation par chacun de ses « propositions » concernant la monnaie et le système financier.
Pour ma part je l’ai résumée ici http://www.pauljorion.com/blog/?p=796#comment-7822 mais ce qui nous importe en ce moment est ici: http://www.dettepublique.org
@ Paul
Je suis particulièrement heureux d’avoir contribué à éclaircir certaines questions que vous vous posiez. Merci, d’avoir aidé à la diffusion de mes travaux au travers de ce blog, je vous en suis reconnaissant. Comme nos amis, j’attends avec impatience la publication de votre tribune sur Bretton Woods.
jean
Au fait…le S&P500 a enfoncé les 1000!
Et si on parlait de choses sérieuses comme le suggère Paul… Et si on le proposait comme Président de la BCE?
Oui, oui la Banque Centrale Européenne! En plus il cherche un boulot si j’ai bien lu.
« Mes » propositions ont, disons 80 à 90% de – très large territoir commun – avec celles de A-J Holbecq qu’il indique ci-dessus (message du 8 octobre 2008 10h38). A-J Holbecq dont les investigations fécondes sont autant d’étais et de preuves documentés aux sources bancaires elles-mêmes, et qui en décortiquent donc certaines abérrations majeures. La non correction, correction déterminante, de ces abérrations majeures bancaires rendra vaine toute tentative de réforme monétaire, bancaire et financière. Cette crise fiancière doit nous porter vers plus de Justice.
Je crains beaucoup d’entendre les hauts cadres et le haut personnel financier et politique, tourner casaque sous la pression des événements pour se faire « bien voir », les sots!. Bien compris le droit inaliénable de pouvoir changer d’avis, comment se fait-il qu’ils ont si complaisamment accepté et cautionné les abérrations voleuses et les iniquités financières, monétaires et bancaires éreintant, volant et tuant dans la société ses meilleurs éléments, pillant l’environnement et l’écosytème et leurs ressources, énergétiques en particulier.
On peut voir dans cette page du site – bankster – les propositions auxquelles je me rallie concernant la monnaie et le sytème finacier. En précisant bien que ceux qui travaillent à une réforme monétaire dans le monde, visant à ajuster par le traitement monétaire le vrai pouvoir d’achat à l’exact débit de la production des biens et des services, ont pour dénominateur commun, qu’ils le sachent ou pas, les découvertes expérimentales du major Clifford Hugh DOUGLAS, voir:
http://www.bankster.tv/creditsocial.htm
Les exériences monétaires historiques, hélas combattues et étouffées (et pour cause!) par le pouvoir financier (ou politique au service et payé par ce dernier) allant dans ce même sens expérimenté par le major DOUGLAS, ont toutes été des périodes de prospérité. Prospérité gagnée par la justice des fins recherchées, c’est à dire une technique monétaire étant REFLET EXACT des réalités matérielles et de connaissances créées par le travail, la créativité et l’inventivité des hommes.
Je le répète pour la énnieme fois: la démonstration expérimentale du major DOUGLAS est une solution technique exacte à la lancinante question monétaire qui ne cessera de nous terrasser tant qu’elle sera dans des mains de profit pour actionnaires et non pas au service de la société toute entière. Oui à l’actionnariat partout, sauf pour le fluide permettant de se procurer les biens, qui sont déjà nos biens parce que nous les fabriquons. Pourquoi on (la sociéét) ne fabriquerait pas l’argent exact qui va avec?
Cette solution peut prendre de nombreuses formes, selons les pays, les us et coutumes des uns et des autres, etc. Les compétences existent déjà, elles ne manquent pas. Jean Jégu à bien raison de rappeler que des employés de banques se morfondent (y compris ceux du fisc!) et ne demanderaient pas mieux que d’œuvrer dans leurs branches de façon créatrice et féconde pour la Justice pout tous.
En matière de monnaie, et pour faire vite :
– laissons les banques centrales intervenir sur TOUS les marchés pour réguler les cours lorsque leurs brusques mouvements ne veulent plus rien dire de sérieux, ou découlent d’un avantage d’information relevant du délit d’initié : marchés des actions, marchés des matières premières, certains marchés de biens et services (immobilier…). Si elles veulent vraiment stabiliser les prix, il faut s’en donner les moyens, au lieu de faire des incantations à base de taux directeurs à l’action dérisoire.
– le dogme de l’origine monétaire de l’inflation (la corrélation entre la masse monétaire et le niveau des prix, qui 1) ne donne pas le(s) sens de causalité emprunté(s) par les phénomènes étudiés, 2) est de moins en moins vérifiée avec le développement des marchés financiers, qui crée des liquidités à des fins non productives) est à la source d’un nombre d’erreurs incroyable, dont l’étalon-or et le non moins sinistre Pacte de Stabilité et de Croissance, qui ne mérite pas mieux que d’être enfreint et piétiné, tant il bafoue la logique de priorité des interventions. Nous avons en vrac les cités, les hôpitaux, la recherche, l’environnement, mais c’est la réduction de la dette qui focalise l’attention.
– l’Etat pourrait émettre des actions pour faire diminuer sa dette, s’il y tient tant que ça. Après tout, s’il vend moins de 40% de son « capital », il reste maître à bord, en matière de décisions.
– une idée un peu complémentaire à l’idée de crédit social du Major Douglas, devrait être réexaminée : celle de monnaie fondante, de Silvio Gesell.
– l’idée de la Fed de prêter aux entreprises à court terme, si cela se confirme, est excellente, pour la concurrence comme pour la survie du système, et en plus cela réduit les coûts, puisqu’il n’y a plus l’intermédiation inutile des banques commerciales.
J’ai oublié, en relation avec Bretton Woods : une parité des changes serait certainement souhaitable entre l’euro et le dollar, prélude à une monnaie mondiale.
Je défends l’idée que les crises de change thaïlandaise de 1997 et argentine de 2001 n’auraient pas eu lieu s’il y avait eu coopération entre les banques centrales respectives et la Fed, qui aurait pu soutenir le bath thailandais et le peso argentin et ainsi éviter des dévaluations en catastrophe. Mais cela n’était pas dans ses attributions, et elle n’en a pas senti le besoin…
@TL : « – laissons les banques centrales … » : non ! déjà qu’elles sont incapables de faire ce pour quoi elles existent. Qui décidera ce qui est « sérieux » ? combien de temps pour découvrir un délit d’initié, quels délais le réprimer ?
A mon sens les BC n’ont rien à faire sur les marchés financiers. Ils doivent être tous régulés c’est tout, c’est-à-dire : centralisation, appel de marge (quotidien ou au-delà d’un certain écart), « clearing », pas d’effets de levier, vente à découvert uniquement après réception des titres prêtés avec l’accord du propriétaire, publicité de l’information ; bref, le rôle d’une chambre de compensation. Ce n’est pas le cas aujourd’hui pour nombre d’entre eux. La BC doit être l’institut d’émission de monnaie sous tutelle du peuple avec des mécanismes pour éviter que le peuple, ou ses représentants, n’aient trop tendance à faire tourner la planche à billets. C’est d’ailleurs une des raisons de l’indépendance des BC !
Il me semble que la pire erreur que l’on peut faire actuellement consiste à faire confiance aux apprentis sorciers qui ont provoqué la catastrophe pour trouver la solution miracle qui remettra les compteurs à zéro. Or c’est exactement ce que l’on fait en débarrassant les banques des créances pourries qu’elles n’ont pas su ou pu revendre à temps. Ce jeu de patates chaudes encouragé par les agences de notation est, au demeurant, une des raisons du gel du marche interbancaire actuel, chacun se méfiant légitimement de son voisin, et espérant bien que l’état mettra la main dans la poche du contribuable pour éviter le pire. Depuis une bonne quinzaine d’années, la plupart des banques ont réalisé des profits d’anthologie sur les opérations qui tournent mal aujourd’hui. Ne serait-il pas logique de leur demander d’abord des comptes avant de déverser de l’argent par milliards dans le « trou noir » financier qu’elles sont devenues, et dans lequel elles menacent d’entrainer l’économie réelle ?
L’important aujourd’hui, c’est de miser l’essentiel des ressources disponibles sur les operateurs qui créent de la valeur réelle, tant pis pour les banques. Celles qui ont fait leur métier, il y en a, survivront et ce ne sera que justice. La collectivité n’a pas à assumer les errements des autres, et l’économie réelle n’a pas à subventionner des parasites qui ont joué à la roulette les précieuses ressources qui leurs étaient confiées. Elle a mieux à faire avec ses ressources, et en particulier, à investir dans des procédés et des pratiques moins pilleurs et pollueurs de la biosphère que ceux qu’elle utilise aujourd’hui, dont les jours sont comptés.
Depuis 20 ans, et sous les yeux admiratifs des foules, le secteur financier a pillé sans vergogne l’économie réelle en l’utilisant comme support de ses créations de valeur spéculative virtuelle à coups de LBO, et de spéculation généralisée sur les actifs productifs, les matières premières, l’énergie et même la monnaie. On en est arrivé à ce point absurde ou l’aspect spéculatif est désormais prépondérant dans la détermination des valeurs et des prix, – que l’on confond joyeusement pour faire bonne mesure -: ce qui est recherché c’est d’abord la variation de prix, celle qui génère la plus value indispensable pour attirer les gogos, et qui, surtout, justifie la transaction pourvoyeuse de plantureuses commissions transactionnelles. La valeur intrinsèque du produit que représente en principe le dérivatif devient alors secondaire, et n’a guère plus qu’un rôle de support pour les arabesques mathématico-financières des Quants à l’affut de tous les prétextes qui peuvent influencer la valorisation, des plus futiles au plus sérieux pour garder quand même une façade convenable.
Pour survivre dans cet univers ou le profil à trois mois représente la fin de l’histoire, les sociétés ont du progressivement réduire la part des plus values attribuées à leurs salariés, qui se trouvent aussi être des consommateurs. Tout a été bon, depuis les gains de productivité liés à l’introduction des techniques modernes de traitement de l’information jusqu’aux délocalisations radicales, en passant par la case « gel des salaires, pour cause de globalisation ». Résultat, pour que la consommation se maintienne, il a fallu trouver des artifices : les différentes bulles y ont pourvu, et permis de financer sans trop de craintes une augmentation irresponsable des crédits a la consommation. Est-il normal que l’on ait trouve génial toutes ces ventes sur le thème : achetez maintenant, payez dans 6 mois, dans un an, voire quand vous voulez pour les prêts hypothécaires les plus exotiques ? Nos ancêtres avaient plus de bon sens et se seraient sans doute méfiés, mais dans une société où tout le monde acceptait sans broncher le concept de PER négatif (des pertes copieuses, parfois pour des dépenses somptuaires, multipliées par un coquet PER négatif égalent une plantureuse valorisation positive qui permet de somptueuses introductions en bourse…) on était ringard quand on osait émettre un doute. L’attrition des salaires a aujourd’hui atteint le point de non retour, au moins aux USA. Il est donc urgent de revoir le système de distribution de la plus value entre entreprises, salariés, investisseurs et financiers, sous peine de clochardisation politiquement ingérable d’une fraction importante de la population.
En attendant, on devrait simplement commencer par se donner le temps de réfléchir en interdisant tous les paris sur l’économie, – comme on a pendant longtemps interdit ceux sur les événements sportifs, ce qui était, soit dit en passant, révélateur de curieuses échelles de valeur – : ceux sur la monnaie, d’abord, mais aussi ceux sur les matières premières, et sans doute aussi ceux sur les actifs immobiliers, industriels et commerciaux. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner l’économie de marché et revenir au dirigisme technocratique et à un contrôle des prix « stérilisateur »; l’économie de marché est, selon la formule célèbre, la moins pire des solutions. Dans sa forme « parfaite » elle est même sans doute l’équivalent pour l’économie de ce qu’est la démocratie vraie en politique. Il faut simplement la rendre un peu moins imparfaite. Une des façons simples de le faire serait de mettre fin aux interférences et aux prélèvements abusifs des financiers en supprimant la régulation par la speculation, créatrice par nature d’instabilité, pour la remplacer par une régulation de type assurance, dans laquelle les nécessaires contrepartistes gagnent le maximum quand rien ne bouge. Ce n’est pas simple, mais c’est faisable.
La trouvant très intéressante, j’ai mis cette réflexion de Jean Paul en lien sur mon site sous le titre « la pire erreur que l’on peut faire actuellement «
@TL et Armand
En ce qui concerne l’inflation je rajouterais que comme les producteurs sont « obligés » d’inclure dans leurs prix les intérêts qu’ils payent aux investisseurs (ou aux prêteurs, même s’il s’agit de création monétaire par un crédit bancaire), au plus ces intérêts sont élevés au plus les prix augmentent.
Démonstration limpide de Margrit Kennedy sur ce sujet http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=29
@ Armand
– la raison pour laquelle les banques centrales ne font pas bien ce qu’on leur demande de faire, c’est justement qu’elles ne disposent pas outils adéquats : si on vous demandait de lutter contre l’inflation avec les taux directeurs et éventuellement le contrôle de la masse monétaire (+ la contrainte de ne pas massacrer 20% de l’économie tous les 3-4 ans), je ne suis pas sûr que vous y arriveriez.
– la planche à billet est une histoire pour endormir les enfants, la réalité est beaucoup plus complexe. Aftalion et Nogaro, et Marx avant eux, ont mis en évidence le fait que la hausse des prix accroissait le besoin en monnaie de l’économie (quand il faut payer plus cher, on a besoin de plus d’argent…), et qu’en fait la rotation de la planche à billet réagit à l’inflation plus qu’elle ne la provoque.
– comment décider de ce qui est sérieux, dans l’optique d’interventions plus fréquentes de la BC sur les marchés ?
Eh bien créons un comité composé d’experts (ou de volontaires tirés au sort) qui décide de certains prix à court terme, ou d’une fourchette de prix, et la BC intervient à la fois pour soutenir le prix de l’actif, et pour lutter contre les bulles en revendant à perte si besoin dans un premier temps, puis en subventionnant la concurrence s’il le faut, afin d’acculer à la faillite les entreprises qui facturent trop cher (pour des raisons d’inefficacité ou de cupidité). Ce prix doit faire l’objet d’un certain consensus, et le comité doit resté ouvert à des idées extérieures si elles sont fondées.
En cas de pression continue du marché à la hausse, la fourchette est relevée. En cas de gains de productivité dans un secteur, on décide (par la loi ?) sur une norme de partage entre capitalistes, salariés et consommateurs (respectivement hausse du profit, hausse des salaires, baisse des prix).
@ Jean-Paul
Je ne suis pas sûr que Bernanke fasse partie des gens à l’origine de la crise, en l’occurrence j’accepte de lui laisser la barre, le pire à faire à mon avis étant de ne rien faire au nom de la nécessité de laisser le système financier payer pour ses excès.
Pensez-vous vraiment qu’il soit possible de maîtriser la spéculation par la réèglementation ?
TL,
je suis bien d’accord sur le premier point ; j’avais posté ici même une petite chose sur les thermomètres statistiques des BC.
Sur le 2 ème point, je pense que c’est au contraire l’ajout de monnaie (la vraie) qui à terme fait monter les prix. Comme le souligne AJH l’intérêt se rajoute en plus avec la fausse monnaie, celle créée par le crédit.
Quant au 3 ème, moins on a d’experts de l’expertise, mieux on se porte. Il seront soumis au même problème : qu’est-ce que le juste prix. Les deux meilleus experts sont le vendeur et l’acheteur.
Un petit article de Frédéric Lordon sur les Echo aujourd’hui » Sauver d’abord les emprunteurs pour sauver vraiment les banques »
@TL
On ne peut certainement pas régler le problème de la spéculation par la réglementation, au même titre que les policiers les juges et les prisons n’empêchent pas la criminalité, c’est « humain ». Mais on peut au moins essayer de trouver des mécanismes de fixation des prix qui ne soient pas par nature incitatifs à la spéculation, comme c’est le cas actuellement. Il faut être une sorte de saint laïque pour ne pas spéculer aujourd’hui quand on dispose d’un peu de capital et d’un bon crédit rating.
Je ne connais bien évidemment pas Mr. Bernanke, et je lui ferais donc un très mauvais procès d’intention si je l’accusais personnellement de faire « partie des gens à l’origine de la crise ». Je souhaitais simplement dire que les Financiers en general ont abusé des privilèges que leur confère leur statut pour extraire un maximum de valeur de l’économie réelle, et que c’est cela le cœur du problème. Quant une banque ou un financier « crée » de la valeur, ils la prélèvent par définition sur l’économie réelle, car ils ne créent rien, à l’inverse de l’économie réelle, qui elle crée. Peut-on compter sur les banquiers pour trouver une solution équitable ? J’en doute. Il est intéressant par ailleurs d’utiliser la même analogie pour l’économie réelle : quand elle crée en prélevant sur la biosphère, elle ne crée pas ; elle pille et elle pollue. Quand la biosphère ne peut plus supporter les prélèvements et les pollutions, c’est la crise. Il n’est pas illogique que ces deux crises interviennent en même temps: la Finance a étrillé sa poule aux œufs d’or en appauvrissant trop l’économie réelle, et l’économie réelle de son coté ne peut plus guère espérer se refaire une santé en pillant et en polluant un peu plus la biosphère. Il me semble que les solutions de sortie de crise sont plus simples à esquisser dans cette perspective : il faut essayer de concevoir des modèles économiques plus respectueux de la biosphère, le premier et indispensable maillon de la chaine, et trouver des modèles de répartition de l’excédent de richesse crée qui permettent à toutes les parties prenantes de survivre décemment. Un pacte environnemental et un nouveau contrat social dont la Constitution pour l’Economie que Paul appelle de ses vœux sera un élément majeur.
Jean-Paul
Bonjour,
N’ayant au départ aucune connaissance de l’économie, c’est avec le plus grand intérêt que j’ai parcouru le site de Jean Bayard. Malheureusement ses propos ne sont pas assez basiques…pour moi ! J’ai ensuite trouvé ce blog, tout aussi technique, et le sentiment que j’ai eu après la lecture de ce sujet est que nombre d’entre vous ont pour but d’améliorer ou de changer le système.
Ma question est toute simple :
N’avez-vous pas dans votre réflexion un perpétuel coup de retard ?
« Je considère que les institutions bancaires sont plus dangereuses qu’une armée…
Si jamais le peuple américain autorise les institutions financières à contrôler leur masse monétaire…
Les banques et les corporations qui se développeront autour d’elles vont dépouiller les gens de leurs possessions jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront sans domicile sur le continent que leurs pères avaient conquis. »
Thomas Jefferson, 1743-1826.
« Si vous voulez rester esclaves des banquiers et payer le coût de votre propre esclavage laissez-les continuer à créer de l’argent et contrôler le crédit de la nation. »
Sir Josiah Stamp, 1880-1941.
Avec l’expérience qu’ils ont acquise depuis plus d’un siècle, êtes-vous sûrs que chacun de vos « coups » n’a pas déjà été imaginé, analysé et digéré par ces « maîtres du monde » ?
Merci