Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Tous les yeux sont braqués sur le Congrès américain où se déroule le débat du siècle : sauver par priorité les banquiers dans les derniers dessous ou bien les ménages pliant sous le fardeau d’un prêt hypothécaire ? Mrs. Paulson, le ministre des finances, et Mr. Bernanke, le président de la Federal Reserve, qui tentent de faire voter leur plan à 700 milliards de dollars, rament – il faut bien le dire – lamentablement. J’en profite, comme vous avez pu le constater, pour m’intéresser aux candidats aux présidentielles auxquels j’ai très peu prêté attention jusqu’ici. C’est que les effets en profondeur me semblent toujours plus instructifs que ceux en surface.
Ce matin, Obama a proposé à McCain qu’ils rédigent une déclaration commune. Ce que le candidat républicain a accepté plus tard dans la journée, mais qu’il a assorti d’une autre proposition : arrêtons provisoirement nos campagnes pour nous rendre ensemble à Washington – sous-entendu pour y ramener l’ordre.
Ce branle-bas de combat assez théâtral n’a pas été du goût de Mr. Harry Reid, le porte-parole de la majorité démocrate au Sénat, qui a répondu assez sèchement à Mr. McCain que « Bien que je sois reconnaissant aux deux candidats d’avoir signalé leur intention de se montrer utiles, le Congrès et le gouvernement ont un processus en place en vue de résoudre cette crise financière sans précédent ». Autrement dit : occupez-vous de vos campagnes électorales et laissez-nous travailler !
Le retour précipité du candidat républicain à Washington aurait pour conséquence son absence du premier débat présidentiel prévu pour vendredi soir dans le Mississipi. Les organisateurs n’en continuent pas moins imperturbablement à monter leurs estrades. Mr. Obama déclare lui qu’il ne voit pas de raison de ne pas être présent : « Un fois président, on doit pouvoir s’occuper de plusieurs choses à la fois », commentait-il.
Ne sont peut–être pas étrangers au désir pour Mr. McCain de se présenter en Cincinnatus que le tour tragique qu’ont pris les événements oblige de se rendre à Rome, les chiffres d’un sondage Bloomberg/Los Angeles Times publié ce matin, révélant que 45 % des électeurs potentiels considèrent que son concurrent démocrate est mieux à même de sortir les États–Unis de la crise que lui, contre 33 % qui pensent au contraire qu’il s’en tirerait mieux. Ces mêmes électeurs ne sont pas tendres pour Mrs. Paulson et Bernanke : 55 % d’entre eux contre 31 % considèrent que le gouvernement se fourvoie dans sa tentative actuelle de tirer d’affaire les établissements financiers. Ceci n’empêche pas que – comme je le faisais remarquer hier dans Constance ou changement dans les présidentielles américaines – le fait que le candidat à qui les électeurs américains font davantage confiance pour les sortir de la crise soit également celui qui a les préférences de la banque, est hautement significatif en soi : entre constance et changement, c’est dans la première voie que la nation semble s’engager.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
4 réponses à “Profondeur et surface”
PROFONDEUR ET SURFACE… MAIS OU EST LA VIOLENCE ?
Fondamentalement, le fait de désigner quelques responsables/coupables à la vindicte populaire, revient à « externaliser » la faute.
Cette désignation dédouane la société du travail qu’elle aurait à faire sur elle-meme si elle voulait que les drames qu’elle condamne ne se reproduisent pas (qu’elle condamne, « apres »). En général, la société, culturellement liée aux drames dont elle fait mine de s’offusquer, choisit de NE PAS CHANGER les choses.
Désigner des « monstres », des « méchants » ou des « rapaces » la purifie, la blanchit de toute implication – elle ne peut quand même pas être soupconnée d’être aussi monstrueuse que ces membres « HORS-normes ». Et ainsi, et c’est bien là le plus décisif, cette désignation lui permet d’éviter toute remise en question de son mode d’être, de penser, de commercer, d’aimer.
Au final, cela permet au « même » de revenir apres l’episode de lynchage de quelques-uns qui aura prouver la virginité de tous, ouf…, c’est un grand soulagement collectif, une épuration de nos (éventuelles) mauvaises consciences. Les plus conscients d’entre nous seront alors priés de se taire jusqu’a la prochaine crise, et la prochaine mise a mort qui s’en suivra. Ils ne sont utiles qu’à ce moment-là de l’Histoire, servant à justifier la violence collective rédemptrice auto-déculpabilisante. D’ici-là, ils nous rasent, qu’ils se tiennent tranquilles ! On les a en magasin, c’est bien l’essentiel.
…Corrida.
En effet, que ce soit face aux « délinquants financiers » ou que ce soit face aux « délinquants sexuels », la société, à bien des égards, a une facon identique de réagir : elle sait à merveille faire l’autruche et s’offrir a point nommé le plaisir sans honte d’une violence légitimée.
La société ? C’est nous tous. C’est la redoutable addition collective de notre manque de courage à nous interroger nous-même, en notre âme et conscience. C’est l’effayant cumul de nos lachetés banales. C’est le refus obstiné de questionner en nous-même notre mode d’être, de penser, de commercer, d’aimer autrui.
L’indignation vertueuse qui nous enflamme n’est qu’un pretexte à évacuer la question HORS de nous-même. Que de belles paroles, de cris magnifiques, pour finalement justifier les postulats de départ, ceux que personne, jamais, mais jamais, n’ose énoncer :
« Le méchant, c’est l’autre. »
« Le mal, c’est chez autrui, ce n’est pas chez moi. »
» Dans cette affaire, je ferai l’économie d’interroger ma propre souffrance. »
Benoit.
Cher Paul,
Il me semble que M. Obama ne peut pas se permettre d’ etre révolutionnaire dans ses propos.
Il a déjà un handicap : celui d’ appartenir a une minorité (afro américaine), son élection serait en soi une révolution de taille.
Si en plus, il revendique de ratiboiser le système établi de façon séculaire par les cols blancs, cela ferait trop de changements d’ un coup, et ne serait pas accepté par la caste dominante …
A l’ inverse, M. mac Cain, peut se permettre un discours « révolutionnaire » qui n’effraiera pas la caste dominante des cols blancs, car il appartient à cette caste.
Nous revenons aux fondamentaux. Comment changer la société ?
Par petits pas, c’est mieux.
N’ en demandez pas trop à Obama, et ne vous faites pas avoir par Mac Cain…
Obama représente l’ensemble des minorités, Mac Cain est l’étalon majoritaire. Comme les minorités enflent et augmentent en nombre, la démocratie va peut-être permettre cette « révolution de taille » dont parle Tigue.
Pour commenter Benoit, je dirai que l’indignation, sous son apparence vertueuse, masque notre médiocrité. Sommes-nous capables de nous perfectionner, il faut l’esperer, sinon les sombres prédilections d’AJH Stilgar finiront par se réaliser.
Dans l’éternel retour du même, il faut trier et garder le bon grain (encore le blé)…
C’est MacCAIN et les Republicains ultra conservateurs qui ont fait capoter le plan,sachant qu’il ne resout rien,l’option de la guerre preventive perpetuelle est leur choix strategique :
Le dollar en baisse, faute d’accord sur le plan de sauvetage US
Tokyo – Le dollar était en légère baisse vendredi matin sur les marchés asiatiques, le plan de sauvetage du système bancaire américain n’ayant toujours pas fait l’objet d’un accord au Congrès.
Vers 06H00 GMT (08H00 HEC), l’euro valait 1,4632 dollar contre 1,4608 jeudi vers 21H00 GMT.
Le dollar perdait aussi du terrain face au yen à 105,66 yens contre 106,53 yens jeudi soir.
L’euro reculait également face au yen, à 154,61 yens, contre 155,65 la veille.
Le sauvetage du système bancaire américain restait à l’état de plan, malgré une réunion exceptionnelle jeudi soir des responsables du Congrès autour du président George W. Bush et des deux prétendants à sa succession, John McCain et Barack Obama.
« Je pense que nous finirons par avoir un accord mais il reste du travail à faire », a déclaré Barack Obama, à l’issue de la réunion à la Maison Blanche consacrée aux 700 milliards de dollars que l’administration Bush souhaite injecter dans le système bancaire.
Son adversaire républicain a assuré qu’il n’y avait « jamais eu d’accord ». « Mais je pense que la rencontre était importante pour faire avancer le processus », a déclaré M. McCain à la chaîne de télévision ABC.
Le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, a accusé ce dernier de n’avoir « fait que perturber le processus ».
Selon Kenichi Yumoto, vice-président du département changes de la Société Générale, « le contenu du plan reste encore flou et les marchés ne savent pas encore comment cela va se résoudre ».
Si le dollar pourrait se reprendre en cas d’accord au Congrès, cette hausse ne serait vraisemblablement que de court terme étant donné les inquiétudes grandissantes sur l’état de l’économie américaine, selon M. Yutomo.
Les dernières statistiques américaines jeudi ont fait état d’une chute des ventes de logements neufs en août leur plus bas niveau depuis plus de 17 ans, d’une contraction des commandes de biens durables en août et d’une hausse des demandes hebdomadaires d’allocations chômage.
« Dans ces conditions, il sera très difficile d’être optimiste pour le dollar », explique le cambiste japonais….
http://www.romandie.com/infos/news/200809260828030AWP.asp
Etat d’urgence aux USA?
Il y a un an et même quelques mois encore, on me regardait avec des yeux ronds, quand je parlais de la crise à venir. Tout allait tellement bien …. en apparence.
En fait, cette crise a été mise sur les rails en 2001 déjà.
Enfin bon, plus besoin de prévenir, maintenant que les journaux en sont pleins. Pas besoin non plus de répeter les mesures à prendre. Je dis seulement: la vérité est bien pire encore.
Que va t il se passer dans l’immédiat?
Mc Cain a suspendu aujourd’hui sa campagne electorale. Est ce une simple tactique electorale? La crise profite à Obama de la même façon que les attentas profitent à McCain.
On apprend en outre sur prisonplanet que l’armée américaine va patrouiller dans le pays à partir du 1. octobre pour prévenir d’eventuelles émeutes.
Voilà qui ajoute du poids aux spéculations de Sorcha Faal, qui prétend que Bush va déclarer l’état d’urgence le 5 octobre, se donner les pleins pouvoirs et annuler les elections.
La loi qui ouvre la voie pour la dictature – car c’en est une – est ancrée dans le Patriot Act, que Bush himself a modifié en 2001, profitant du fait que tous étaient sous le choc.
Le 5 octobre, ce n’est pas le 7, mais on ne va pas chipoter à cause de 2 jours 😉 Ah pardon c’est « dans la semaine du 5 octobre ». Ptet le 7 alors.
Le mois prochain promet d’être très intéressant.
Voila une video de mauvaise qualité qui montre les km de queue devant les banques à Hongkong. Là bas le run sur les banques a commencé. Plusieurs videos ont déjà été interdites et censurées.
Publié par Mahamudra à l’adresse 02:34
http://mahamudras.blogspot.com/