Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On a la gentillesse de me dire ces jours-ci que j’ai été un « visionnaire », que mes prévisions « se vérifient à cent pour cent », etc. et cela me fait énormément plaisir. Le fait est que j’ai pris énormément de risque. Pas sur le plan économique et financier sans doute, où je me sentais – et me sens toujours – très assuré quand je tire mes plans sur la comète, parce qu’ils sont l’aboutissement d’un raisonnement qu’il m’est toujours possible de réexaminer. Sur le plan politique, c’est une autre affaire : j’ai travaillé davantage à l’intuitif, et comme je ne sais pas comment travaille mon intuitif – ni celui de personne d’autre – je lui fais beaucoup moins confiance.
Je pense en particulier à un passage de Vers la crise du capitalisme américain ? (2007 : 252-253) où j’avance que quand les États–Unis auront atteint dans la crise le degré de catastrophe que je prévoyais, ils ne seront pas tentés par la voie totalitaire mais adopteront la social-démocratie. Je n’étais, honnêtement, pas très sûr de mon fait. Je cite ce passage :
Ce qui émerge de ce portrait bigarré, c’est le visage extrêmement dur que l’on voit aujourd’hui à la société américaine, « colonisatrice » au sens où on utilise le mot pour désigner une espèce d’insectes envahissants, mais c’est aussi l’hypothèse de l’existence d’un mécanisme rassurant à l’œuvre en arrière-plan, l’inverse du fascisme qui trouve lui un terrain fertile à son émergence aux époques de tumultes. Jusqu’ici, les événements historiques de l’histoire américaine sont compatibles avec mon analyse. Les agents de ces réajustements qui produisent la diversité des formes, ce sont ces étonnants électeurs « indécis » qui aux jours sombres de 1932 créent le raz-de-marée démocrate qui porte Roosevelt au pouvoir, et qui vingt ans plus tard, en 1952, sont la cause cette fois du raz-de-marée républicain qui rend possible le McCarthysme. Infirmerait au contraire mon analyse, une fascisation de l’opinion publique américaine dans les périodes troublées : le « malheur aux vaincus » florissant cette fois dans les temps de pénurie.
Ce qui me fait penser à cela, ce sont les signes apparus dans la journée, qu’après des interventions que l’on pouvait qualifier si l’on était optimiste de « pragmatiques » et si l’on était pessimiste, de « navigation à vue », les autorités américaines – gouvernement et Federal Reserve – sont en train de mettre au point un plan aussi ambitieux que le New Deal rooseveltien de 1933. Je pourrais ironiser – comme je l’ai déjà fait – sur le fait que la bourse de New York s’enthousiasme à chaque fois que les États–Unis font un pas de plus dans la voie de la social-démocratie mais je m’abstiendrai ce soir parce que la déliquescence du système financier a déjà dépassé de beaucoup le stade de la « bonne leçon » pour tourner au cauchemar, un cauchemar dont les conséquences se font sentir à l’échelle de la planète et dont les premières victimes – « surprise ! surprise ! », dit-on en américain – en sont comme d’habitude le sel de la terre qu’un système injuste génère comme ses scories et dans sa totale indifférence.
Ne nous faisons pas trop d’illusions : il s’agit peut-être toujours de demi-mesures. Si c’est le cas, elles échoueront et il faudra une fois de plus rectifier le tir dans la bonne direction. Et même si elles réussissent, il se trouvera bien sûr, dès que les choses iront un tout petit mieux, de faux optimistes – mais de vrais filous – pour dire que toutes ces mesures ne sont désormais plus nécessaires du fait que « le système a radicalement changé dans la voie de la stabilité » et c’est ce qui nous oblige à exiger aujourd’hui des solutions véritables : qui éliminent une fois pour toutes le retour des crises tout en offrant à chacun une vie à l’abri du besoin.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
62 réponses à “Lueur d’espoir ?”
Quand j’ai commencé a lire votre votre blog, puis votre premier livre, je vous trouvais evidemmet visionnaire, mais aussi quelque peu excessif. Je pensais, et je vous en avais fait part, qu’il s’agirait d’une crise parmi tant d’autres que connaissent les marchés.
Les récents évènements vous donne 1000% raison.
La moindre des choses aujourd’hui est d’une part de vous féliciter, et d’autre part de vous dire merci pour ce blog et vos deux livres qui apportent des éclaircissements et une vision, que personne d’autre que vous ne proposait jusqu’alors.
Laetitia
La crise financière s’éloigne un peu mais la crise économique arrive? Combien de temps les américains ( et nous avec …) vont-ils mettre pour absorber le coût monumental de cette crise, de cette gigantesque poubelle qu’il va falloir refinancer et porter pendant des années ? Hyper inflation ou déflation ou va-t-on ? Les marchés n’ont rien compris puisque ce matin la spéculation boursière reprend de plus belle ? Cela n’a rien de rassurant.
Paul, votre intuition pourrait peut-être continuer à nous éclairer ?
Espérons que les USA se bouge rapidement pour mettre en place un tel plan Rooseveltien car on voit bien que la crise n’a pour le moment affectée que la finance.
Si on découvre que les géant industriels comme General Electric ont également truqué les bilans, les risques et les investissements, ce qui ne fait guère de doute, alors là c’est le sauvetage devient autre que financier.
On n’achéte pas à coup de milliards de dollars les erreurs d’investissement industriel ou les impasses technologiques.
Je veut dire par là qu’un systéme dérégulé qui a pu commettre autant d’erreurs et de filouterie financiére a pu également le faire dans les domaines de l’industrie, de l’innovation et des ressources humaines (les bonnes personnes au bon endroit). Les milliards ne sont plus suffisants pour récupérer une telle situation, il faut un projet politique et social puissant et fédérateur pour créer une véritable inertie :
Un plan de sauvetage économique, sous le contrôle du GOUVERNEMENT Fédéral, qui ne concernerait pas que la finance.
Par exemple l’industrie automobile s’est complétement plantée dans le domaine de l’innovation et est actuellement en décrépitude.
L’industrie pharmaceutique a également de nombreux doutes quand à sa capacité d’innover.
L’industrie des services de la santé souffre également d’une bonne efficacité.
Le secteur de l’énergie et des transport doit manifestement se moderniser aussi.
Il est grand de réorienter les flux financiers sur les bons circuits économiques.
Les USA sont les seuls à pouvoir restaurer une déontologie économique mondiale. Et tous les gouvernements devraient prendre part à cette reconstruction.
Comme vous dites, Mr Jorion, le pragmatisme devrait inciter les Américains (et les autres) à mettre en place un New Deal rooseveltien.
Mon cher Paul (permettez que je vous appelle mon cher Paul),
Ce qui se passe en ce moment me fait penser à ce gros fumeur qui vient d’avoir un « incident cardiaque ».
Sur le moment, sermonné par les médecins et son entourage, il renonce à fumer.
Mais son état s’améliorant très vite, « juste une petite après le repas », sa consommation de tabac se retrouve au même niveau qu’avant, puis de nouveau son état de santé périclite, jusqu’au moment où ….
L’univers financier, intoxiqué aux « prêts rapaces », au jeu du mistigri des « obligations pourries », à la « comptabilité créative », etc.. tous générateurs de profits dodus ne tiendrons pas longtemps dans l’abstinence plus ou moins forcée. Dès que la vigilance des autorités (celles qui pourvoient en « argent frais » en ce moment) se relâchera un peu, la « créativité financière » trouvera bientôt un terrain d’action vierge….
Justement à propos « d’argent frais », si j’ai bien compris ce qui se passe en ce moment, la FED ouvre des lignes de crédits aux établissements en difficulté qui mettent en pension de garantie du papier qui n’est plus négociable (qui ne vaut donc plus rien).
La FED espère (confiance) donc que ces prêts seront remboursés au jour dit, à la condition expresse que les affaires reprennent rapidement. C’est bien une création de monnaie « ex-nihilo ». La FED, organisme privé, est donc bien dans son rôle de recherche du profit (si l’on excepte les taux consentis qui sont infinitésimaux), mais aussi de garant de la pérennité du système dans son ensemble.
Toute la question de l’aide aux uns et pas aux autres (Lehmann) semble tenir dans l’estimation qu’a posée la FED de la viabilité à terme des uns ou des autres.
Dites moi si je me trompe!
Je reprends le cours de mon billet précédent.
Tout cet « argent frais », n’est-il pas constitué en dernier ressort d’obligations de l’état américain, placées sur les « marchés » par les intermédiaires traditionnels (contre commission moelleuse), aux clients traditionnels de ce genre de papier (Russie, Chine, etc…) qui vont donc remettre au pot dans l’espoir d’être remboursés des précédentes obligations déjà en leur possession ?
Elle n’est pas belle la vie ?
Quant au soi disant modéle chinois communisto-libéral, on voit à quel carnage il aboutit ; dernier exemple les produits alimentaires à la mélamine de la plus grosse industrie agro-alimentaire de Chine qui appartient d’ailleurs à l’énorme multinationale FONTERRA qui est solidement implantée en Europe.
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http://en.wikipedia.org/wiki/Fonterra
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Il est grand temps de reinstaurer le contrôle des gouvernements fédéraux dans toutes ces affaires économiques.
Paulson et Bernanke ont finalement décidé de créer une structure de cantonnement pour tous les actifs à risques, qui seront sans doute vendus progressivement à l’encan. Question: le trésor américain est-il capable d’absorber cette charge gigantesque? Les bons du trésor vont-ils perdre leur notation triple A?
Comme dirait Patrick Viveret,
en ce qui concerne la crise financière… Mais que fait-on ? On panse ses plaies, on enterre ses morts et on traverse ce mur jusqu’au prochain ? Ou bien l’on recule (pas pour mieux sauter) et on prend un autre chemin qui ne nous mène plus dans des murs successifs ?
Sachant que si cette crise financière est dépassée, l’Humanité sera confrontée au mur prévisible des crises écologiques (énergétique, de l’eau – la plus grave à mon estime – et alimentaire)…, ne serait-il pas souhaitable de songer à s’organiser pour sortir de l’ère capitaliste ? Il me semble évident aussi que parier sur une
est illusoire car les victimes n’en seraient pas les responsables mais bien le grand nombre d’innocents qui, déjà aujourd’hui, se contentent d’essayer de survivre. Plus ça va, plus je me dit que ce bon vieux Thorsten Veblen avait raison et que la classe de loisir qui se bat pour ses consommations ostentatoires est de plus en plus nuisible au grand nombre.
Alors, que l’on soit radical maximaliste ou réformiste prudent, je pose la question :
Cher Paul Jorion
Je partage l’optimisme mesuré qui est le vôtre quant à l’orientation future de la politique américaine et par suite, mondiale. L’acte de décès du néo-libéralisme a été publié quotidiennement ces derniers jours, on n’y reviendra plus avant longtemps (et longtemps, ce n’est pas toujours je sais bien). Un New-deal à (enfin) l’échelle mondiale est aussi nécessaire que souhaitable, c’est ce dont la mondialisation était en attente et on peut souhaiter que vos propositions (traiter la monnaie comme un bien public mondial etc) y ait la première place. Mais pour le court terme, j’ai un souci : comment, même avec les meilleures intentions et décisions possibles, d’échapper à un crise économique profonde? Comment des économies dont la croissance est liée à la croissance de production de crédit et à ses instruments peuvent-elles continuer à tourner.
Cordialement.
@ Bob
Peut-on juger le modèle francais à l’aune du Rainbow Warrior, du sang contaminé, des essais nucléaires…..? L’appat du gain recrute dans tous les systèmes et tous les pays. Je me souviens qu’en France on avait trouvé 10 à 20% de matières grasses dans les boues des stations d’épuration et qu’un petit malin avait eu idée d’en faire une base pour nourriture animale. Heureusement la crise de la vache folle est passée avant. Une chose exaspère nos amis étrangers : les lecons que nous donnons aux autres.
J’ai vraiment très peur que vous soyez tous profondément déçus ! De très grands banquiers disaient en privé ces jours derniers tablant sur une solution de sauvetage de ce type, qu’on reverra bientôt (d’ici 3 ou 4 ans) les mêmes excès, que la peur de l’inflation va créer de nouveaux besoins (entre spéculation et couverture) et que de nouveaux produits tous aussi meurtiers que les précédents vont voir le jour, si on ne fait rien pour l’empêcher. Et l’empêcher, c’est ruiner les rentiers. Croyez vous vraiment que les politiques vont prendre ce risque ? Alors… on recule pour mieux sauter.
@Jacques: les mesures en Europe Occidentale maitrisent mieux les risques qu’en Chine bien qu’elles soient un peu désuétes face à la mondialisation des marchandises.
Il faut donc la aussi innover pour améliorer le systéme de contrôle et de régulation.
Un New Deal Rooseveltien mondial qui devrait concerner tous les aspects des échanges commerciaux: « de la régulation financiére jusqu’à la régulation sanitaire et social ».
@ Catherine:
Il y a un probléme de régulation et d’innovation dans tous les domaines actuellement, ça ne concerne pas que la finance et ça ne concerne pas que les USA.
Stiglitz disait avant hier dans The Guardian que les meilleurs cerveaux américains étaient utilisés non pas pour faire avancer les progrés de la société mais pour réaliser des « coups » financiers tordus.
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http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2008/sep/16/economics.wallstreet
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Stiglitz ne prend aucune pincette avec cette malhonnêteté et cette incompétence ubiquitaires. Il propose une intervention du gouvernement fédéral de grande ampleur pour corriger ces déviances.
C’est vrai j’oubliais que Stiglitz était un dangereux citoyen anticapitaliste.
Et non, c’est un bon américain prix Nobel, je me range clairement derriére lui et ces propos, désolé Catherine, je ne suis pas le seul à penser un peu différemment.
Cette question, ces questions je me les pose depuis des années.
Certainement depuis les 25 dernières années (où des miennes lettres furent publiées dans le Monde Diplo, La Croix, et d’autres). À plus forte raison, encore une fois, depuis hier où la sortie (!!??) de crise financière s’est faite avec « fracas » et « brio »… Donc en posant, de façon volontairement naïve, les questions suivantes: est-ce le – Public – (l’État) qui intervient enfin comme un genre de « père fouettard » pour appliquer la « loi politique », ici en finances, propre à la société qui devra s’y soumettre? Ou bien, comme j’ai tendance à le penser davantage: est-ce que c’est le – Privé – (les actionnaires) qui, en définitive, tire les ficelles en ayant tellement investi l’État (cas typique des États-Unis) que les actionnaires les plus gros et les plus déterminants utilisent l’État comme un outil à leur quasi seul service? En attribuant à l’État le service minimum pour éviter trop de problèmes sociaux?. Autrement dit, pour faire court, ce sont bien, en définitive, les faiseurs et les contrôleurs de la monnaie qui prennent les décisions « ultimes » y incluant le gestionnaire ou le « gardien d’immeuble » qu’est l’État? Je crois qu’on vient d’en avoir un cas d’école hier.
En attendant, et je m’adresse ici, en particulier à Paul, lorsqu’on dit que les banques centrales « injectent » N milliards de liquidités dans le circuit financier pour secourir les marchés, s’agit-t-il d’argent des contribuables? Ou bien, comme je le pense, de pure création monétaire, sans contrepartie, ou presque? Ou encore quelle seraient les proportions de monnaie d’origine fiscale et d’origine « ex-nihilo » soit à partir du néant?
Ce que je subodore, c’est quoiqu’il arrive, les banques commerciales dans toute la mesure du possible, et certainement les banques centrales, continueront, – quoiqu’il advienne -, à créer de la monnaie (peut-être à part quelques « chek-points » de plus) de façon à maintenir l’ « essence » de ce système et que personne d’autre ne s’en mêle… Électeurs, bon courages…. Le cas de la banque centrale américaine, la FED, est typique et révélateur. D’ailleurs ses principaux actionnaires, tous privés, sont basés pour l’essentiel à la City de Londres. La clé du système monétaire mondial serait là. Et pas ailleurs. Les gouvernements américains succéssifs seraient, in fine, leur serviteurs et rien d’autre.
@Bob: douteriez vous de la capacité d’innovation des sociétés américaines, j’avais pourtant l’impression qu’elles étaient leaders technologiques depuis un bon moment!
Non, je ne doute pas de leurs capacités d’innovation qui reste assez importantes pour le moment.
Une entreprise comme General Electric a de formidables produits innovants dans le domaine de l’énergie du transport et de la santé. Mais de maniére générale, la balance entre investissements productifs innovants et investissements financiers risqués a tendance a basculer du mauvais coté actuellement ( et cela pour toutes les grosses sociétés industrielles actuellement).
La encore je rapporte les propos de Stiglitz dans « The Guardian » qui pense que les meilleurs cerveaux américains devraient faire autre chose que de créer des coups financiers improductifs.
Vous voulez savoir ce qui se passe et ce qui se dit actuellement -en réalité- dans les salles de marchés?
Il suffit de demander:
Une réponse à plusieurs questions que vous vous posez sur la source des fonds (planche à billets, etc.)
Wall Street Journal SEPTEMBER 19, 2008
Behind the Fed Moves, and What’s Next
By JON HILSENRATH
In normal times, the Federal Reserve relies almost exclusively on a single tool: It raises interest rates to slow the economy and thwart inflation or lowers them to speed the economy. These aren’t normal times. The Fed this week didn’t cut the rates it controls, but instead tried other means to unfreeze credit markets. Here is a rundown of what happened, what it means, and what could come next:
What has the Fed done?
Sunday, it expanded lending programs, created during the Bear Stearns collapse in March, aimed at ensuring that investment banks can fund themselves. It said it would accept more risky assets — even equities — as collateral for loans.
Wednesday, the Treasury said it would help the Fed expand its $900 billion balance sheet by $200 billion dollars over a week’s time. Like Citigroup, the central bank has assets and liabilities. The Fed’s assets (Treasury bonds, loans to banks) are financed by liabilities (currency, reserves that banks have on deposit at the Fed.)
To be sure the Fed can expand its lending, the Treasury is depositing fresh cash at the Fed. Like a depositor who walks into Citi with a big check to deposit, the Treasury is selling securities in the markets and leaving the proceeds at the Fed.
Thursday, the Fed moved to provide foreign central banks — which can print euros, yen or pounds, but not dollars — the U.S. dollars they need to meet demand from their commercial banks. The Fed now has agreed to provide up to $247 billion in dollars in exchange for currencies of the British, European and Japanese central banks.
Is the Fed just printing money?
It could, but it isn’t. That would increase the total supply of credit in the economy and lower the price of money, also known as the federal-funds interest rate that the Fed largely controls. The Treasury maneuver doesn’t create new credit. Rather the Treasury has sucked up cash in the economy and deposited it at the Fed to be redeployed elsewhere, namely struggling financial institutions.
Is the Fed running out of ammo?
It was. The Fed entered the crisis with nearly $800 billion of U.S Treasury securities, and more than half of that has been exchanged for riskier securities, lent to banks or investment houses or otherwise committed. The Treasury maneuver was crafted to give the Fed more resources to put to work in the market should the need arise.
What’s next?
Commercial banks currently get no interest on the reserves they are required to hold at the Fed. If the Fed paid interest on reserves, banks would be willing to store more money there, and that would give the Fed more maneuvering room to lubricate the financial system without lowering interest rates.
Congress, at the Fed’s request, has agreed to change that — but not until 2011. The Fed wants to do it sooner, and Congress is moving to change the law accordingly. There is a rub. The Fed turns its profits over to the U.S. Treasury. Paying interest on reserves would reduce those profits by about $1.4 billion over five years.
Why doesn’t the Fed just cut interest rates?
It may yet. With its key interest rate at 2%, the Fed has room to go lower. That would lower borrowing costs for businesses and consumers and offset the credit crunch.
The Fed has been reluctant in part because of worries that inflation might be worsening, and in part because it wasn’t certain the interest-rate medicine would treat the current disease. But if the credit crunch continues to intensify or the economy deteriorates, the Fed could move swiftly to cut rates.
Write to Jon Hilsenrath at jon.hilsenrath@wsj.com
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En tant que spectateur lambda, j’ai beaucoup de mal à comprendre la situation actuelle mais j’ai une seule impression sur le plan Paulson à 1000 milliards de dollars : Ce sont les tricheurs que l’on sauve ?
Suis-je un pro-américain naïf si c’est le cas ?
Pour revenir sur le texte trés fourni de Paul Jorion: j’estime qu’il a raison de souligner que les USA ont 2 chemins possibles, la voie de la dictature et celle de la social-démocratie.
Les tensions économiques actuelles peuvent renforcer un coté ou l’autre. C’est pour cette raison que je choisis naturellement le camp de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie humaniste et réaliste. Mais j’avoue que vu ce qui se passe actuellement de part le monde et depuis une quinzaine d’années, c’est pas joué d’avance.
Le déterminisme de certaines positions belliqueuses m’apparaissent assez dangereuses.
Je ne rappellerai pas les douloureuses conséquences de la crise de 1930 qui se solda par un conflit mondial surréaliste et trés délétére pour l’Europe.
Pour citer John Ford, réalisateur de Western dans les années 50: « c’est l’homme qui fait les petites histoires, et les petites histoires font la grande Histoire ».
John Ford fut le metteur en scène de « They Were Expendable », littéralement : « Ils étaient remplaçables », consacré aux troupes américaines « pas vraiment indispensables » aux Philippines en 1941. Quelques messages bien sentis sur la chair-à-canon. Pas mal pour un film sorti en 1945 !
@olivier
On sauve tout le monde dont des tricheurs. Certains ont payé (un peu) et la plupart des autres non…
Va t-on les faire payer ensuite, ca semble douteux dans l’attitude qui vient d’etre prise.
M. Jorion,
La situation eonomique n’est pas pour autant changée pour les entreprises et la population mais avec une dette par-dessus la tete et d’eventuelles consequences selon ce que dit M. Bush à savoir que l’intiative comprend des risques pour le contribuable. En plus de payer, de laisser impunis les tricheurs et de ne pas indiquer avoir compris les fondements de cette crise, y aurait il des risques pour les contribuables ? je m’etrangle de ne pas avoir entendu dire que le risque etait partagé avec les entreprises et que celles-ci devraient y contribuer !
comment considérez vous le metier de trader, ses objectifs, ses moyens, ses reponsabilités ?
PJ : voir ce que je dis sur la spéculation
La finance mondiale durement touchée par la crise actuelle va t-elle se reconstituer petit à petit de manière plus encadrée sans qu’aucune reelle sanction financière et penale ne soit prise ?
PJ : c’est à craindre, mais ça dépend aussi de nous.
L’augmentation brutale de la bourse symbolisant qu’une grande partie de la crise n’a pas existé est il compatible avec la prise de conscience necessaire que le jeu ne peut pas reprendre comme avant ? qui plus est en faisant payer au contribuable les frais des excès passés …
PJ : Non !
Dans ce sens, comment l’exil fiscal des grandes fortunes ou les conditions favorables doivent-ils etre considerés moralement ?
PJ : très négativement. Mais il faut aller aux sources : faire apparaître pourquoi il est toléré.
Concernant l’exil fiscal, on peut écouter les deux dernières émissions de là-bas si j’y suis :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/labassijysuis/
un spécial Bruxelles paradis des SDF français (sans difficulté financière). Un reportage édifiant ! la Belgique y est décrite comme un » paradis pour les rentiers et un enfer pour les travailleurs »…Je confirme !
Ce qui m’amène à cette question :
Pourquoi les belges sont-ils si progressistes en matière de moeurs et si conservateurs sur le plan social ?
Un belge pour m’éclairer ?
Olivier, je vous conseille de lire les commentaires des lecteurs du New York Times. C’est édifiant. En gros, pour rester poli: « pourquoi nous les petits, devons-nous encore payer de notre poche pour renflouer les requins de la finance? » Il est vrai que la pilule est dure à avaler. Mais y avait-il d’autres alternatives que le recours à la puissance publique et au contribuable?
Seriez-vous d’accord de préciser votre point de vue ?
Pour ma part, voici la seule explication qui m’ait convaincue . Bien humaine !
chers fidèles du Blog, je voudrais faire remarquer que la prise de conscience de la dérive accélérée du capitalisme ne date pas d’hier, pour s’en tenir aux quinze dernières années, elle a été largement faite dans des lieux comme l’Association des AMis du Monde Diplomatique, puis à ATTAC fondé par la première qui a réuni à un certain moment une expertise économique qui n’avait pas d’équivalent à la commission des finances de l’assemblée nationale. A l’Université d’été de 2004 de Arles je peux vous assurer que j’ai gratté des notes ! et que on y a parlé de tout ce dont on parle dans ce blog. Paul Jorion renouvelle largement le débat dans des termes actuels et également avec une approche théorique nouvelle mais (et c’est heureux) on retrouve ici les fondamentaux de la crise qui avaient déjà été identifiés ; crise, j’ajouterai dont l’origine est bien politique et historique (Reagan Thatcher + néocons + Blair) et non pas « systémique » ou autres errements du grain de sable et de l’effet papillon. N’ayons pas peur des mots une « révolution » politique résolue, qui renverserait la vapeur pour anihiler cette révolution libérale commencée en 1980 (une vraie révolution celle là) ne me facherait pas vraiment, car elle a été la cause des grands crimes destructeurs qui ont nom « dérégulation » de l’économie, « brevetabilité du vivant » etc. etc. C’est vrai que si les fondamentaux de notre système politique sont réellement atteints avec cette crise comme on peut le penser alors on se situe davantage aujourd’hui dans le registre du basculement, révolution +/- pacifique, conflits etc. que de la « réforme » sans vision politique qui suffit à nos chers partis.
@ emmanuel
si la prise de conscience ne date pas d’hier, les événements récents sont à mon avis une occasion unique (une crise comme ca n’arrive à priori pas tous les 4 matins) de convaincre beaucoup de gens. Les gens vont ils s’intéresser à ce qui se passe comme un feuilleton économique ou comprendre les enjeux politiques et sociaux ? Si la couleuvre passe aujourd’hui sans aucune modification des lois et des conscience des gens (sur les dégâts d’une politique qu’ils ont soutenu comme des agneaux) alors je pense que nous n’avons pas fini d’en avaler.
Ce ne sont pas seulement les fondamentaux de notre politique qui sont atteints mais l’intérêt des gens pour la politique. Beaucoup sont prêts à s’intéresser à la politique au moment des présidentielles mais cela ne va pas plus loin et cela sans vraiment d’esprit critique, de mémoire, d’analyse des événements politiques, économiques, sociaux… sans une prise de conscience individuelle, nos gouvernants pourront continuer à nous dire que tout va bien, que la situation est rétablie, que nous pouvons nous rendormir. Surtout comme a dit E. Balladur, il ne faut pas éveiller un rejet du libéralisme (de mémoire car je ne retrouve plus la source), tout un symbole. Passer cette crise sans aucun éveil aux dégâts provoqués par les solutions les plus libérales.
Il faut aussi continuer à dire que le politique ne peut pas agir face à une mondialisation qui est inéluctable. C’est bien sur faux et la preuve vient en partie d’en être donnée avec les actions communes (ne pas me faire croire que les décisions des banques centrales ne sont pas des actions politiques) visant à rétablir le bon fonctionnement du système.
En continuant de dire que le politique ne peut rien faire, nous justifions le fait que le politique n’intervienne pas tout simplement… et laisse le marché « construire » le monde.
Le moment est unique notamment pour les hommes politiques américains. Obama a dénoncé les lobbys de Washington qui ont influencé les lois à leur unique profit mais accorde son soutien apparemment sans concession au plan de relance. Le problème est la, le « sans concession » (s’il se confirme) et ce d’autant plus après avoir analysé un des rouages du problème. Si, même les gens qui analysent les problèmes ne prennent pas de décision qui suivent leur analyse l’avenir est sombre pour ceux qui veulent un changement !
Ces questions d’ordre politique sont sérieuses, les traiter en termes de priorité et de propriété intellectuelle me paraît tout à fait inadéquat : c’est le meilleur moyen de les faire dégénérer en querelles de chapelles et d’aboutir à la paralysie générale des réformes nécessaires.
Paul, certes, il vaut peut-être mieux ne pas citer ouvertement un mouvement ou un autre vu le climat de pudibonderie politique ardente qui règne en notre époque : cela pourrait être inutilement amplifié, je respecterai votre souhait ! Nous verrons sans doute plus tard, en temps utiles, comment ces réformes pourront être faites et avec qui.