Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je vais vous parler de AIG (American International Group) mais je ne vais pas me fatiguer : je vais simplement recopier la première partie d’un billet posté le 22 décembre de l’année dernière, intitulé Mon pronostic pour 2008 : « Falaises de notation » et « falaises de crédit », cela me laissera un peu de temps pour m’occuper du reste de la journée qui s’annonce, comment dire, fertile en événements. Voici, en réédition :
Mon pronostic pour 2008 : « Falaises de notation » et « falaises de crédit »
Comme tout le monde sans doute, je pense déjà à l’année prochaine et je me posais la question : « Quelles seront les prochaines manifestations de la crise des subprime ? » et j’ai pensé tout de suite : « falaises de notation » et « falaises de crédit ». J’avais consacré un chapitre entier à la question dans mon « Investing in a Post–Enron World » (McGraw–Hill, 2003) et je viens d’aller afficher ce chapitre sur mon blog en anglais où vous pourrez le trouver : 2008’s new fad: “rating cliffs” and “credit cliffs”.
En voici le passage le plus important :
« La présence d’une falaise de crédit signifie que le risque de crédit qu’une compagnie représente pour ses contreparties est non–linéaire. Une chiquenaude et ce risque pourrait s’amplifier considérablement, les agences de notation traduiront alors cette chute brutale en rétrogradant cette compagnie de plus d’un cran, selon le barème qu’elles établissent entre risque de crédit et notation. La compagnie sera encore exposée davantage si elle a eu la folie de lier sa bonne santé financière au maintien d’une notation particulière ».
Enron était une compagnie de ce type, qui avait mis en place un effet de levier reposant sur le prix de ses actions et sur sa notation. La tactique créait une courte–échelle permanente qui fonctionnait admirablement tant que la dynamique était positive. Jeffrey Skilling, le PDG d’Enron, à l’époque de la chute de la compagnie, attirait l’attention sur le mécanisme empoisonné qui conduisait inexorablement une entreprise à sa perte une fois que la dynamique faiblissait : la clause de « material adverse change », clause « d’évolution significativement négative », qui autorise l’organisme prêteur à réclamer immédiatement le remboursement des sommes empruntées.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
6 réponses à “AIG et la falaise”
En Europe francophone, il est aujourd’hui aisé de reconnaître les médias qui ont pour but de rétablir la confiance dans le système: la mise sous protection du chapitre 11 de Lehman Brothers est appelée « quasi-faillite ». Je suppose que les médiologues au service du pouvoir ont pensé que pour le bon peuple, « quasi-faillite » signifierait que l’on est pas passé loin de la faillite…
Ils sont forts…
AIG est le joueur central dans le marché des CDS. AIG travaille avec toutes les institutions financières de la planète. AIG a le rôle majeur dans les marchés clefs (emprunt logement, prêts aux entreprises, hedge funds). La contagion va être exponentielle. « C’est-pas possible, bande de cons ! » comme dirait l’abbé Pierre.
Pas de baisse des taux. Est-ce la chiquenaude dans la falaise ?
AIG va être nationalisé (Conservatorship), ouf! c’était juste… euh, selon vous ils peuvent en nationaliser combien des gouffres financiers?
Allez pour fêter ça je vous propose un petit extrait d’un film d’anthologie : Les tontons flingueurs !
– ben nous v’la sauvé…
– sauvé ?! faut voir
😉
« Bernard Connolly, analyste stratégique chez AIG, estime que la Fed et le Trésor ont agi insuffisamment et trop tard pour mettre un terme au désastre. » (ContreInfo)
Il est sacrement bien placé pour critiquer le gouvernement au lieu de se critiquer lui meme non ?! L’adjectif strategique m’echappe un peu au vu de la fabuleuse strategie qui a amené l’entreprise la ou elle se trouve…
Ceci dit sa remarque est pleine de bon sens mais les acteurs ont ils tout dit pour que le gouvernement agisse ainsi…
Et il est certainement vrai que la FED et le Trésor ont minimisé la crise qui n’a fait qu’empirer. A refuser d’affronter la realité de la très grande crise à venir, elle est arrivée quand meme et la competence et l’honneur des dirigeants de ce pays sont sans doute gravement ternis. Que n’aurait on pas dit d’une telle situation dans un pays emergent (Bresil, Inde,…), voire meme des pays de taille plus petite (comme la France)… corruption, incompetence, mensonge, … Surtout, laisser faire le FMI, il va vous aider si vous acceptez les reformes que celui-ci vous propose…