Ce texte est un « article presslib’ » (*)
J’évoquais hier la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) qui garantit les dépôts dans les banques américaines à concurrence de 100 000 $, à propos des pertes encaissées à la bourse de New York par les actions de Lehman Brothers, de Wachovia ou de Washington Mutual (qui ont encore perdu aujourd’hui respectivement 6,93 %, 7,14 % et 29,70 % de leur valeur). J’ajouterai que la somme peut s’élever à 250 000 $, s’il s’agit d’un compte-retraite.
Que se passe-t-il, si votre banque (américaine) fait faillite et que le montant de vos dépôts dépasse ces chiffres ? Si la banque est rachetée par une autre, l’acheteur est libre de prendre le tout ou d’ignorer ce qui dépasse. Si la banque fait tout simplement faillite, l’argent qui dépasse est en principe perdu par les déposants. En principe, parce que dans la pratique, les banques – et tout particulièrement bien entendu celles qui s’adressent à une clientèle très fortunée – s’assurent à hauteur des montants dépassant les limites garanties par la FDIC.
Or on apprend aujourd’hui que l’une des compagnies qui assurent ainsi les banques se retire du business, manifestement parce que le risque lui paraît désormais trop élevé. Quinze cents banques clientes ont été contactées, quinze cents banques qui devront trouver un autre moyen de rassurer leurs déposants fortunés que leur argent est en sécurité dans leurs coffres-forts.
La personne qui aurait donné l’ordre à cette compagnie d’agir ainsi est son propriétaire, qui n’est autre que l’investisseur vedette, Warren Buffett.
Warren Buffett est un homme avisé qui perd rarement de l’argent. S’il a perdu confiance dans quinze cents banques commerciales américaines, ce n’est pas bon signe. Pas bon signe du tout !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
23 réponses à “Ça craque de partout !”
Loic Abadie ecrit, je cite :
» LES BANQUES FRANCAISES : QUELS RISQUES ? »
» Avertissement légal : tout ce qui suit ne reflète que le point de vue d’un investisseur individuel, qui n’est pas un professionnel du secteur bancaire. Les analyses ci-dessous ne constituent en aucune façon une incitation à retirer ou à placer des actifs dans une banque particulière. Il appartient à chacun de faire ses choix en fonction de sa situation personnelle et de ses objectifs.
A) Le niveau de risque
On peut distinguer en France trois types de banques :
1) Les grosses banques nationales ayant des activités importantes à l’international : Crédit Agricole, Société Générale, BNP.
2) Les banques basées sur un réseau régional, à fonctionnement mutualiste/coopératif : Caisses d’épargne, Crédit Mutuel, banques populaires.
3) Les…ou plutôt la grande banque possédée par l’état : la Banque Postale.
A chaque type correspond un profil de risque.
1) Les grandes banques nationales :
Elles ne sont évidemment pas en situation de faillite aujourd’hui, ni même en situation précaire, en tout cas au moment ou cet article a été rédigé (le 16 juillet 2008). Elles ont subi des pertes importantes liées à la crise financière, mais ont jusqu’ici pu trouver sans difficulté les capitaux nécessaires pour reconstituer un niveau de réserves suffisant par appel au marché.
Malgré tout, je pense qu’un risque ne peut pas être écarté si les conditions économiques devaient se dégrader fortement, pour plusieurs raisons :
– La chute du cours de bourse, si elle se poursuit rendra les augmentations de capital éventuellement nécessaires et les appels au marché de plus en plus difficiles.
Au 16/07/08, nous avons déjà observé les baisses suivantes qui sont déjà assez exceptionnelles : -76% en un an pour Natixis, -68% en un peu plus d’un an pour la société générale, -68% également pour le Crédit Agricole sur la même période.
La BNP qui a jusqu’ici moins subi les conséquences de la crise a nettement mieux résisté (-44% sur les plus hauts « seulement »).
– L’exposition réelle associée aux crédits à risque et aux dérivés de crédit dans lesquels ces banques ont investi est totalement inconnue (l’étude des bilans comptables publiés ne permet pas vraiment d’estimer ce risque). Dans ce contexte « opaque », en cas de difficulté, les dirigeants ne laisseront rien filtrer et répèteront invariablement que tout va bien jusqu’au dernier moment . Quelques exemples :
En août 2007, le directeur du crédit Agricole affirmait n’être que très peu exposé aux crédits à risque (100 millions sur les subprimes, 91 millions « net » sur les créances hypothécaires titrisées.
Moins d’un an après ces belles déclarations, nous apprenons via l’AFP que le crédit agricole a du passer 5 milliards d’euros de dépréciations à cause des crédits hypothécaires à risque.
Comment une exposition au risque inférieure à 200 millions a-t-elle pu générer 5 milliards de pertes ?…il y a là un mystère difficile à comprendre pour le particulier que je suis et logiquement deux possibilités :
– Soit les dirigeants du C.A sont totalement incapables d’évaluer le risque associé à leurs investissements.
– Soit ils ont menti au public en août 2007.
Dans un cas comme dans l’autre, cela ne contribuera pas à améliorer la confiance des clients et actionnaires de cette banque !
Pour ma part, à partir de données de l’institut credit flux, j’avais signalé dans un article précédent la forte exposition du Crédit Agricole aux dérivés de crédit, qui occupait même le rang de N°1 mondial au T3 2007 en volume en terme de volumes notionnels, pour des montants de plusieurs dizaines de milliards de $.
Dans le même style, Natixis affirmait en août 2007 avoir liquidé tous ses engagements dans les crédits à risque (article de la Tribune)…moins d’un an plus tard et après une division par 4 de son cours de bourse, la réalité apparaît bien différente, et Natixis multiplie les demandes de capitaux frais à ses actionnaires.
2) Les banques régionales :
Contrairement aux précédentes, l’activité de ces banques repose surtout sur la banque de détail en France, leur exposition aux marchés internationaux y est donc bien inférieure, et les risques associés aussi.
On y trouve en particulier :
– Le groupe Crédit Mutuel / CIC (4ème groupe bancaire en France).
– Le groupe Banques Populaires.
– Les Caisses d’épargne.
Quelques précisions à avoir en tête :
– Le Crédit Mutuel semble être un « bon élève », qui n’a montré jusqu’ici aucune exposition ou perte significative associée aux crédits à risque et dérivés, et s’est même offert le luxe de racheter cash la filiale allemande de Citigroup.
– Les Caisses d’épargne et les banques populaires ne sont en théories que très peu exposées aux crédits à risques…malgré tout leur filiale commune Natixis, elle, l’est fortement.
– Les Caisses d’épargne constituent une banque coopérative qui ne bénéfice pas directement de la garantie d’état. Par contre, leur « produit phare », le livret A bénéficie de celle-ci. Ce produit sera commercialisé par toutes les banques à partir du 1/1/2009.
Quelques précisions sur le Crédit Agricole, à la suite d’une remarque utile d’un lecteur du blog : Cette banque est à la fois
– Un réseau de banques régionales (caisses régionales du crédit Agricole) peu exposées aux marchés internationaux, qui peut être assimilé aux autres banques régionales.
– Une banque nationale exposée aux marchés internationaux, surtout par l’intermédiaire de sa filiale Calyon, très active dans le secteur des dérivés de crédit.
Le réseau régional du C.A est actionnaire majoritaire de la banque « nationale » via la S.A.S « Rue de la Boétie ».
3) La Banque Postale
Cette banque constitue une sorte d’ « OVNI » dans le paysage bancaire français pour deux raisons :
– Elle bénéficie (pour le moment) de la garantie de l’état, qui est son actionnaire.
– Son bilan a une structure très particulière : La banque postale débute à peine son activité dans le secteur du crédit, et reste massivement une banque d’épargne : 250 milliards d’épargne gérée pour un encours crédit de seulement 23 milliards d’encours de crédit (page 15 du rapport financier 2007). Cela constitue un cas de figure quasiment unique pour une banque, et évidemment un atout considérable sur le plan de la sécurité.
Vu ces particularités, mon opinion est donc que cette banque est aujourd’hui l’une des plus sûres au monde.
B) Les garanties des déposants en cas de faillite.
1) Le fonds de garantie des dépôts.
Ce « fonds de garantie des dépôts », le FGD est censé garantir les comptes bancaires de tous les français à hauteur de 70 000€ en cas de défaut d’une institution bancaire. Ce fonds étant doté de réserves insignifiantes (à peine plus de 2 milliards d’€, soit 35€ par français, voir ce document publié par le FGD), il est évident qu’il ne pourra couvrir une faillite bancaire importante, et encore moins plusieurs.
Dire que nos dépôts sont garantis à hauteur de 70 000 euros est donc à mon avis une pure illusion.
2) l’Etat.
En cas de faillite importante, l’état ne restera sans doute pas les bras croisés, et sera obligé d’intervenir pour éviter une panique générale. Il pourra donc au choix nationaliser les banques défaillantes en apportant sa garantie, ou bien créér un organisme de garantie à définir. Mais personne ne peut prévoir exactement quelles formes prendraient cette garantie : Elle peut être totale, comme cela a été le cas pour le crédit Lyonnais dans les années 90, mais si les montants en jeu sont trop grands, l’état pourra aussi décider de ne couvrir les comptes que jusqu’à un niveau donné (comme les clients d’Indymac aux USA qui ont vu leurs comptes garantis à concurrence de 100 000$).
-> Pour les petits épargnants, le risque associé à une faillite bancaire est sans doute faible… Par contre les gros épargnants devraient à mon avis se préoccuper de la solidité de leur banque, le principe du « too big to fail » étant sans doute vrai, mais jusqu’à un certain point ! »
Blog de Loic Abadie, 16 juillet 2008.
A Paul, pouvez vous citer les noms de l’organisme au ordres de buffet qui fuit le marché.
D’où sortent ces informations?
Depuis 25 ans, le Dow Jones et le Standard and Poor ont grimpé de 1500% (ce qui correspond à du 12% annuel).
Ceci est en dehors de toute réalité économique des entreprises qui se développent aux USA à 5% en moyenne; donc les 7% de surplus de croissance annuelle des actions de Wall Street est attribuable à un exces d’investissement financier par pénurie d’offre de placement des fonds de pension.
7% annuel sur 25 ans ça fait 600% de « purge » à corriger pour les placements en actions.
Les fonds de pension se sont positionnés par l’intermédiaire de Wall Street sur les placements financiers au détriment de l’investissement productif innovant.
L’exemple de l’industrie automobile (Ford, GMC…) est le plus flagrant.
L’exemple des banques appuie également cette idée : elles ont investi dans les produits financiers qui ne créent aucune valeur productive (ce qui n’était pas le cas avant où les banques investissaient dans l’outil de production industriel et technologique).
L’exemple d’Enron est également le prémice de cette crise d’investissement productif innovant.
Le New Deal qui commence aux USA avec la nationalisation de Mac et Mae devrait s’étendre au delà du secteur banquaire et au dela des frontiéres américaines. Le New Deal des USA ne sera pas suffisant pour réorienter massivement l’économie mondiale sur l’investissement productif innovant. Tous les pays devraient avoir l’intelligence de participer à cet effort colossal car la finance mondialisée est « protéiforme et fuyante ».
Alors Benoît fait la promo de la Poste, mais la plupart des caisses régionales du Crédit Agricole sont aussi exemptes de risques, si ce n’est le risque lié à leur activité. Leur potentiel de perte se limite à leur engagement dans le capital de CASA, donc le montant de leurs actions, et CASA n’est pas en faillite, plutôt en pleine restructuration. Aucune grande banque n’a réellement communiqué sur les pertes nommées hypocritement « dépréciations d’actifs ». Elles prônent l’attentisme, nous sommes entre les rênes de la contingence. On peut comprendre la nécessité d’éviter la panique et ses conséquences désastreuses.
J’ai plus confiance dans les analyses de Paul, il est sur le front de la vie, sur la ligne du présent, dans le cœur de la tourmente, en observateur avisé, perspicace. Il nous commente ces évènements avec lucidité, et il n’a rien à vendre !
En tout cas merci Benoît de nous faire partager tes découvertes sur le web. Bon jour !
Juste pour répondre à l’interrogation de Bernard, il s’agît de l’organisme Kansas Bankers Surety Co., contrôlé par Berkshire Hathaway Inc, le groupe d’investissement de Warren Buffet.
L’information est parue hier dans le Wall-Street Journal, mais il n’a pas été confirmé que c’était Warren Buffet qui ait donné l’ordre, ce qui n’est évidemment qu’un détail.
En revanche, je penche plutôt du côté de la conclusion de Paul, qui diffère de celle du WSJ : selon ce dernier, de nombreuses autres compagnies concurrentes vont se positionner sur les 1500 banques qui ne sont plus couvertes par KBS… J’attends de voir!
Précisions pratiques avant avis de tempête…
Bonjour, en cas de faillite de sa banque quels types de dépôts sont affectés et peuvent être perdus ?
Les sommes sur compte courant, compte rémunéré à terme, bons de caisse, sicav en dépôt gérées par la même banque ou par d’autres, actions sur compte titres, obligations, livrets, PEL, assurances vie ? Qu’advient il d’un crédit hypothécaire souscrit auprès de ces établissements ?
qu’est ce qui échappe au coup de sécateur et qu’est ce qui n’en échappera pas ?
question bête : on a toujours accès à son coffre ?
Merci d’avance.
Remarque formelle : Seuls les commentaires sur fond blanc sont facilement lisibles sur mon ecran. Les commentaires sur fond gris sombre ne le sont que difficilement.
En tout cas, merci pour vos informations, commentaires et analyses.
@ Karluss
Aurais-je quelque chose a « vendre » ? Je suppose que tu me taquines…
Car effectivement, comme tu m’en remercies au final, je me contente de faire circuler une analyse ou une info disponible sur le web dont je cite clairement la source, ceci en complement du billet de Paul de ce jour, qui suscitera des craintes legitimes.
Tu dis que Paul est au coeur de la tourmente. Oui, la tourmente americaine : c’est son experience.
Si Paul a des informations aussi pointues sur la tourmente francaise, je serais heureux qu’il nous les fasse partager.
Tu plaides pour les Caisses regionales du Credit Agricole… et bien, il se trouve que j’en suis fort aise, etant moi-meme depuis 35 ans un fidele absolu de l’une de ses caisses regionales, …et n’ayant jamais ouvert de compte a la poste !
Amicalement.
@ Julien Alexandre, merci. J’ai crawlé le web pour voir les commentaires ……
Un désastre semble imminent sur les banques ‘régionales’ américaines.
B++
Cette compagnie assurait 1500 banques, reste à savoir combien de faillite elle était en mesure d’assumer ? ça donnerait une idée un peu plus précise sur les craintes de Warren Buffett ? Peut-être était-elle largement sous capitalisée ?
Et une remarque, à quoi sert une assurance qui se défile juste avant l’accident ? Je n’aimerais pas avoir la même sur ma voiture…
@ Bernard.
Warren Buffett est un homme d’affaires prudent. Sa stratégie d’investissement a toujours consisté à jouer le long terme, l’anticipation sur des groupes sous-évalués et le risque minimum. Rappelons ici qu’il avait déjà désengagé son groupe de ses participations dans Freddie Mac en 2001 :
Pouvait-il savoir 7 ans à l’avance que Freddie Mac perdrait 90% de sa valeur ? Probablement pas, mais il avait fait le constat que font beaucoup d’observateurs dont Paul : les principes de fonctionnement des GSE étaient viciés ! On ne gère pas un GSE en promettant à ses investisseurs privés une croissance annuelle à 2 chiffres, sauf à s’engager sur des voies des plus dangereuses…
Comme sa stratégie, les prévisions de Buffet seraient-elles à long terme ? Si c’est le cas, chapeau l’artiste 🙂 (ça ne l’est pas, le cas).
@ Hydrom. Il est évident qu’aucune compagnie d’assurance n’a les ressources nécessaires pour indemniser ses clients dans l’hypothèse où l’ensemble de ceux-ci faillent à leurs obligations simultanément. C’est l’effet domino. Encore faudrait-il postuler la faillite simultanée de ces 1500 banques…
@ tous
1) Est il vrai que la dette américaine via la nationalisation des Freddies passe de 10000 milliards à 15000 milliards comme le suggère Larouche Ou bien est ce une partie qui est prise seulement en charge par l’Etat ?ou bien est ce seulement un potentiel de dette qui serait pris en charge en attendant « l’effet » de confiance ?
2) Est il vrai que la loi de nationalisation prévoit la couverture pour des MBS A VENIR Autrement dit les subprimes vont elles continuer à être nouvellement émises?????
3) Comment est il possible que le dollar se renforce actuellement et fasse chuter le prix du pétrole Quel est le mécanisme qui permet ce renforcement du dollar ( le trésor américain se défait il de son or en masse ou y a t il d’autres mécanismes en cours?)
4) La dette extérieure américaine pourrait elle se voir perdre sa notation AAA ce qui aux yeux de Larouche précipiterait la Chine et le monde entier?
Il est des télescopages de l’histoire qui prêtent à sourire. Au XIXe siècle, Lehman Brothers a été crée à Montgomery, Alabama. Dans cette ville en 1955, une jeune femme noire a refusé de céder son siège d’autobus à un homme blanc. De là est parti le mouvement des droits civiques avec Martin Luther King. J’ai eu un rêvé la nuit dernière: à la suite du dépôt de bilan de Lehman Bros naissait le mouvement civique des droits financiers. Mais je me suis réveillé en entendant la voix de Warren Buffett : »Si jamais vous vous trouvez dans un bateau qui coule, l’énergie pour changer de bateau est plus productive que l’énergie pour colmater les trous ».
@ Paul Jorion, hommage
Chez Paul Jorion, les faits sont exacts et le raisonnement est juste. C’est pourquoi il a raison quand d’autres ne sont pas d’accord. Ses billets dont nous apprécions l’esprit analytique, les accents d’enthousiasme ou d’indignation, me font penser aux essais et articles d’un illustre militant californien, Jack London.
« Yours for the revolution ».
@whynot
Comme dirait un dirigeant russe : combien de divisions ? ou sont les dollars ?
fannie mae et freddie mac (1000 milliards de dollars)/fonds souverains (2500 milliards en 2006 = PIB de la France/no1 Abu dhabi 630 milliards de dollars)/10ers hedge funds : carlyle, kkr, goldman sachs, blackstone, tpg, permira, apax, bain, cvc (240 milliards de dollars)/réserves chinoises (1400 milliards de dollars).
La seule chose que je puisse affirmer pour t’aider, c’est que les Chinois (future première économie mondiale) oeuvrent pour un dollar fort et du pétrole pas cher mais pas dans la transparence.
Bonjour,
@Whynot
3/
« We’ve got this dollar strength for several weeks now that is driving currency markets and the fundamental picture is underpinning this, » said Lutz Karpowitz, a currency strategist in Frankfurt at Commerzbank AG, Germany’s second-biggest lender. « The euro-zone economy is going into recession. This is a growth-differential story. »
Source: Bloomberg, cité par Mike Shedlock dans http://globaleconomicanalysis.blogspot.com/
En d’autres termes, pas besoin de chercher très loin. Les Etats-Unis sont très mal en point, tout le monde le sait. Mais on pensait que l’Europe s’en sortirait beaucoup mieux, et c’est au final elle qui a les chiffres les moins bons sur l’ indicateur leader, la croissance du PIB. Ainsi, le fait que le dollar se rétablisse paraît tout à fait normal.
Il semble qu’à trop se focaliser sur le désastre américain, on en ait oublié que le modèle américain inspire les européens, avec certes du retard. L’évolution des prix de l’immobilier ces dernières années en Europe montrent des tendances très similaires aux Etats-Unis, avec la nuance d’un l’endettement moindre. La désindustrialisation et la transformation vers une société duale avec beaucoup de petits boulots peu productifs et donc la baisse de la demande globale est une tendance lourde, forte, quoiqu’à un stade moins avancé.
Si l’Europe est en bien meilleur état que les Etats-Unis, elle ne l’est pas autant que ce que l’on pensait.
Note: L’indicateur leader, la croissance du PIB, a une grande part dans ce mouvement. Mais il me semble qu’il faut préciser que ce sont les chiffres de fin de trimestre qui ont été publiés. Ceux-ci sont ensuite révisés et on a les chiffres définitifs au moins un an après. Or, dans un article de The Economist de 2006, des chercheurs avaient étudié la différence entre les chiffres publiés « à chaud » et les chiffres dits définitifs. Les conclusions, de mémoire, étaient que les chiffres américains étaient en moyenne surévalués d’environ 1%, ceux du Royaume-Uni 0,5%, et ceux de la zone Euro sous-évalués d’environ 0,5 à 1%. Je n’ai pas le numéro exact du magazine, désolé.
Bonjour Monsieur Paul Jorion
et grand merci pour les éclairages de votre blog et articles de contreinfo.info.
Références trop rares, avec celles du Pr Rubini et des prospectivistes du labo européen LEAP.
J’ai aussi lu vos 2 derniers ouvrages.
Sociologue de formation un peu économiste, je ne saisis pas toutes les arcanes du système financier en folie.
Une interrogation me reste après avoir lu et relu vos écrits, et quelques autres :
la bulle américaine (immobilière + énormes déficits publics) représente un niveau de danger jamais atteint par sa connexion aux immenses liquidités en circulation dans la planète finance mondiale.
Quels liens entre « argent réel » des fonctionnements « ordinaires » et les liquidités plus ou moins virtuelles en circulation dans la sphère financière mondiale ?
Où l’argent issu de l’économie fusionne avec celui des grands trafics.
En 1991 déjà Maurice Allais soulignait la fragilité du système :
Qu’en est il aujourdhui avec l’addition de nouveaux acteurs ?
Des fonds souverains aux oligarques russes …
… les professionnels de la finance les voient en action.
Et que pensez vous de la « pyamide inversée » des liquidités globales évaluée par la BRI ?
75% de liquidités totalement incontrôlées… !
Salutations bretonnes
Xavier
sociologue bigouden
@Benoit
Le texte de Loïc Abadie n’est pas ce que j’appelle une analyse, mais passe…
Une remarque : s’interroger aujourd’hui sur la faillite d’une banque en particulier, supputer sur la résistance d’une autre, n’a pas de sens. Tout est imbriqué et tout peut par conséquent se casser la figure en même temps.
Or, que se passe-t-il ? Les épargnants ont commencé à prendre peur (et ils ont raison), ils ont retiré cet été une bonne partie de leurs fonds des Money Market Funds (US) ou encore des Sicav monétaires (France). Résultat, ces OPCVM qui finançaient les banques en souscrivant des CDN demandent le remboursement pour trouver de la liquidité et les banques voient une source de refinancement se tarir. D’accord, elles récupèrent l’épargne par un autre biais (des CDN en direct par exemple) mais sûrement pas tout. Enfin, il faudrait voir…
La décollecte des OPCVM (la grande vague de liquidités qui se retire) était déjà perceptible au deuxième trimestre, on assistait en Europe à une forte décollecte : « la période d’avril à juin a été marquée par un retournement sur les fonds monétaires, avec 18 milliards d’euros de retrait, contre une collecte nette de 82 milliards entre janvier et mars » a indiqué l’EFAMA ces jours-ci. D’après la fébrilité que je ressens chez les banques et les avis tout frais des gérants, la décollecte de l’été a été encore bien pire et les chiffres du troisième trimestre devraient être mauvais pour le secteur. Un banquier me faisait remarquer que la montée de l’Eonia qui reflète le prix de l’argent au jour le jour sur le marché interbancaire reflètait bien la montée de la crise de liquidité (voir ci-dessous) qu’il voyait s’accentuer d’ici la fin de l’année. Bon, ceci dit, je ne comprends pas tout. Mais je fais confiance à Warren Buffett qui s’est rarement trompé.
Pour mémoire, la garantie des dépôts est de 70 000 € pour les banques françaises et seulement 38 000 pour les banques néerlandaises type ING Direct. Pour les épargnants comme moi, ça peut toujours être utile.
Pour mémoire
EONIA Moyenne mensuelle du marché monétaire)
Der 10/9/08 4,306 %
Août 2008 4,2996 %
Juillet 2008 4,1924 %
Juin 2008 3,9871 %
Mai 2008 4,0104 %
Avril 2008 3,9831 %
Mars 2008 4,0845 %
Février 2008 4,0291 %
Janvier 2008 4,0097 %
Décembre 2007 3,8632 %
Novembre 2007 4,0275 %
Octobre 2007 3,9285 %
Septembre 2007 4,0171 %
Août 2007 4,0429 %
Juillet 2007 4,0661 %
Juin 2007 3,9570 %
Mai 2007 3,7935 %
Avril 2007 3,8230 %
Mars 2007 3,6948 %
Février 2007 3,5668 %
Janvier 2007 3,5658 %
Décembre 2006 3,5155 %
Novembre 2006 3,3283 %
Octobre 2006 3,2806 %
Septembre 2006 3,0407 %
Août 2006 2,9668 %
Juillet 2006 2,8165 %
Juin 2006 2,6943 %
Mai 2006 2,5723 %
Avril 2006 2,6303 %
Mars 2006 2,5206 %
Février 2006 2,3518 %
Janvier 2006 2,3232%
Décembre 2005 2,2632 %
Novembre 2005 2,0870 %
Octobre 2005 2,0713 %
Septembre 2005 2,0910 %
Août 2005 2,0665 %
Juillet 2005 2,0732 %
Juin 2005 2,0637 %
Mai 2005 2,0706 %
Avril 2005 2,0733 %
Mars 2005 2,0565 %
Février 2005 2,0582 %
Janvier 2005 2,0794 %
Ce qui se passe en cette fin de semaine avec la question que résume ainsi l’éditorialiste des Echos Faut-il sauver le soldat Lehman ? me fait penser à ce qui se passe en mer ou en montagne. Face à l’augmentation du nombre de naufrages ou d’accidents survenant à des plaisanciers, randonneurs, alpinistes ou skieurs imprudents,la question s’est posée d’une sorte de « moral hazard ». Les moyens de l’Etat (avion, hélicoptère, etc.) étant mis en oeuvre gratuitement, n’y avait-il pas là une incitation à l’imprudence (« de toutes façons, on viendra nous chercher ») ? Le résultat est que les secours sont, en France, de moins en moins gratuits, non d’ailleurs sans effets dénoncés par certains comme « pervers » (les secours payants font l’affaire des assureurs). Bien sûr, la comparaison, comme toute comparaison a ses limites, mais une fois passée l’urgence (le sauvetage d’établissements financiers) la réflexion portera sans doute sur les moyens de régulation permettant de limiter le « moral hazard ». Qu’en pensez-vous ?
La question qui vient après les problèmes des 2 grandes banques d’affaire Lehman Brothers et Bear Stern est Y a t-il une place pour les banques d’affaires ? Les banques de détail et d’affaires ont elles réussi à s’en sortir grâce à la partie banque de détail ?
Cela pose le problème du sens du métier de la banque d’affaire, le virtuel des sommes manipulées et les conséquences réelles de leurs actes au delà de leur propre compte.
Les milieux de cette finance sont ils responsables de votes d’une législation trop souple (surtout aux USA mais ailleurs aussi) ayant incité des gens insolvables à emprunter puis à se faire saisir leur maison ? Les gens ont ils payés dans un premier temps le train de vie de la finance mondiale ? et dans un second temps, ne sont ils pas en train de payer pour que ce système ne s’effondre pas ?
Le pragmatisme défendu par les libéraux pour expliquer ces sauvetages n’est il pas scandaleux si on considère qu’il s’agit d’un véritable impôt pour sauver ces intérêts privés alors qu’ils condamneraient la même chose pour des intérêts publics ? Cela d’autant plus que les ultra libéraux ou libéraux en tout genre sont des matraqueurs contre les impôts ?
Y a t il un sens à avoir des banques aussi puissantes qui peuvent décider de ne pas partager les profits quand elles en font (avec leurs clients, avec leurs salariés, avec l’Etat) et qui sont assurées d’être sauvées en cas de défaillance ?
Allais propose:
… à médiiter….
.
Ce que vous appelez banques d’affaires, c’est l’industrie des fonds aujourd’hui, qui est déjà bien distincte de l’ensemble des autres métiers des banques.
Mais vous oubliez surtout la banque d’investissement qui vit de commissions, l’intermédiaire qui vit sur le business de la couverture (le bien) et son pendant la spéculation (le mal).
C’est sur ce business là qu’il faut s’interroger en allant au fonds des choses…
Plus nous aurons d’aversion au risque et donc de besoins de couverture et plus nous aurons besoin d’investisseurs qui prennent le risque donc de spéculateurs pour se mettre en face.
Je pense que la réflexion à mener est celle sur le risque.
On ne doit plus accepter de protéger tout le monde de tout et n’importe quoi. Ce que nous payons c’est peut-être aujourd’hui ce refus du risque. Et celui-là n’est sans doute pas près de disparaïtre.
@ sounion
Il me semble que vous confondez deux notions : « spéculateur » et « assureur ». Quand vous dites « …plus nous aurons besoin d’investisseurs qui prennent le risque donc de spéculateurs », vous voulez dire en réalité d’ »assureurs ».
Un « spéculateur », spécule (intellectuellement) sur l’évolution d’un prix, il fait des paris. L’assureur joue un jeu à somme nulle (+ son profit) : il s’efforce par un calcul actuariel statistique d’équilibrer les sinistres qu’il devra couvrir et la prime qu’il exige, il minimise le risque pour lui-même, il ne le prend pas à sa charge mais fait payer à l’assuré le minimum possible – déterminé statistiquement.
La plupart des « monolines » se sont révélées récemment comme ayant été en fait des spéculateurs (ayant fait un pari directionnel) plutôt que les assureurs qu’ils prétendaient être. Mais cela confirme simplement ce que je dis : c’est d’assureurs que l’on a besoin pas de spéculateurs.
@ Paul
Oui sans doute,
Mais je parlais bien aussi de spéculateurs. Mon idée était la suivante.
Les banques françaises sont devenues des cadors des dérivés parce qu’il y a d’immenses besoins de couverture de la part des fonds (produits structurés avec couvertures sur les indices), de la part des entreprises (couvertures sur l’évolution du dollar, du pétrole, des matières premières, etc…). C’est devenu un énorme business pour ces banques qui ont besoin de hedge funds (pas d’assureurs) à qui elles prêtent pour prendre les positions opposées… spéculatives et parfois elles aussi couvertes par d’autres mécanismes. Je parlais de ce business bancaire qui consiste à être l’intermédiaire, vendre de la couverture et trouver la contrepartie et finalement « toucher » des deux côtés.