Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Ça y est, c’est fait : Fannie Mae et Freddie Mac, les Government–Sponsored Entities américaines, les deux piliers du crédit immobilier résidentiel aux Etats-Unis, sont l’objet d’une saisie conservatoire pour une durée indéterminée.
La nationalisation de facto prendra la forme prévue : émission de « preferred shares », de titres privilégiés, aux droits prioritaires, dans les mains du Trésor, équivalant à une participation de 79,9 % dans les firmes. Les actionnaires se retrouvent au dernier rang des priorités, avec élimination des dividendes, donc sur la touche. Les dettes, seront-elles toutes honorées.
Seule innovation par rapport aux bruits de couloir des semaines récentes : l’intention du Trésor américain d’intervenir sur les marchés pour y acheter des Mortgage–Backed Securities (MBS) émises par les deux géants – ces titres constitués par elles en reconditionnant sous forme d’une obligation unique des collections de plusieurs milliers de crédits immobiliers individuels. Ceci permettra de soutenir le cours de ces MBS sur les marchés et permettra d’obtenir en échange le bon-vouloir de ceux qui les détiennent dans leurs portefeuilles, en particulier les banques centrales étrangères qui possèdent environ 20 % des MBS émises par Fannie et Freddie, soit un montant équivalent à environ 1 000 milliards de dollars. La Chine détient ces titres émis par les GSE pour un montant de 422 milliards de dollars, soit l’équivalent de 10 % de son PIB. La Russie en détient pour 90 milliards de dollars, à quoi s’ajoute une participation à hauteur de 66 milliards dans des dettes à moyen terme de Fannie Mae et Freddie Mac, soit au total, ici aussi, environ 10 % du PIB de la Russie.
Le 27 août, le président russe Dmitri Medvedev avait déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision Al-Jazeera : « Nous sommes interdépendants, et c’est pourquoi nous souhaitons que nos partenaires américains s’occupent moins d’affaires internationales et plus du renforcement de leur économie, parce que l’économie américaine est au coeur de très nombreux problèmes économiques […] L’économie est mondiale : ce qui se passe à la Bourse de New York a des répercussions le lendemain à Tokyo, puis à Moscou ». A propos d’une éventuelle faillite des GSE, il avait ajouté : « Ce serait une situation fort désagréable pour les Etats-Unis et d’autres marchés. Ces choses-là, il faut s’en occuper, y compris par des efforts conjoints ».
Le message de Mr. Medvedev a donc été parfaitement entendu à Washington – Ossétie Méridionale ou pas.
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6 réponses à “Nationalisées… à 79,9 %”
Reds are back……. et ils taclent méchant, mais juste. On ne parle pas des Washington Redskins mais de Medvedev.
Et on espère que le gout du caviar Ossète ne lui a pas donné envie d’une coupe de champagne de Crimée.
dure journée pour les vendeurs à découvert !
Be afraid when karluss is brave. Profitez du rebond pour sortir du marché avant vendredi. Tituyo gratos.
La combinatoire États-Banques, ou Banques-États (C’est pareil) fonctionne ici à plein. L’État comme instrument (chasse d’eau?) du privé.
On ne pourra jamais faire du vrai avec du faux. C’est pourtant ce à quoi s’emploie le « génie » humain depuis l’ « ère » financière…
Pendant que j’y suis, voici un très interessant document pour ceux et celles qui ne le connaitraient pas.
–>Attention la video est en 3 parties (il vaut mieux commencer par la première).
@ Rumbo
Excellentissime cette vidéo, je fais circuler le lien dans mon entourage. Didactique, facilement accessible, dommage qu’elle n’existe pas en français « natif ».
Pourriez-vous avoir l’amabilité de préciser d’où vous tenez la structure des MBS de Fannie Mae et de Freddie Mac et la ventilation par pays des détenteurs des obligations émises. Je les cherche en effet moi même. Merci d’avance.