Vous trouverez dans la colonne de droite un nouveau lien intitulé Tout notre débat sur la monnaie.
Etienne Chouard – qui n’a pas besoin d’être présenté – a créé sur son site Internet un texte « pdf », contenant – sur plus de trois cents pages ! – notre débat sur la monnaie.
Il écrit en introduction :
Avec l’accord de Paul, je publie cette sélection sur la monnaie que j’ai composée pour permettre une impression facile et soignée d’un travail collectif de longue haleine que je trouve d’une rare intelligence et d’un formidable intérêt pédagogique : chaque citoyen devrait prendre conscience des enjeux et mécanismes de la monnaie : à mon sens, la liberté ou la servitude dépend de cette prise de conscience.
J’ai donc ici copié bout à bout tous les articles de Paul Jorion relatifs à la monnaie, suivis des échanges qui sont souvent d’une qualité exceptionnelle.
Je remercie ici Etienne publiquement (mes remerciements privés ont eu lieu hier, quand il m’annonça son intention). Mieux, il tiendra ce texte à jour et nous encourage à lui signaler les passages que nous considérons particulièrement importants afin qu’il les surligne.
134 réponses à “Tout notre débat sur la monnaie”
@ Jean Jégu, A-J Holbecq
Jean, tu écris :
J’ai beaucoup écrit sur la valeur, j’ai écrit, par exemple, dans Le rapport entre la valeur et le prix que la valeur n’existe pas, qu’il s’agit d’une idée, comme les idées platoniciennes, c’est–à–dire avec elle d’un mythe : la supposition qu’il doit y avoir « derrière » le prix (un montant exprimé dans une devise, soit une somme de monnaie), une réalité plus solide, plus « dure » que celle qu’offre le prix. C’est de la même manière, que Platon a supposé une Réalité-Objective « derrière » le Réel (j’ai parlé longuement de cela dans L’invention de la Réalité-Objective).
Dans un autre texte, Le prix et la « valeur » d’une action boursière, je crois avoir mis en évidence que ce que l’on appelle « valeur » d’un produit financier est un second prix, non pas constaté par le « cours », la « cotation », mais reconstitué de manière « additive » en additionnant le prix des diverses composantes de ce produit. La raison pour laquelle le prix et la « valeur » ou prix additif divergent est qu’il est souvent impossible d’ »éclater » effectivement le produit en ses composantes.
Je conçois que mes analyses en profondeur de cette notion de valeur puissent m’avoir éloigné de l’usage habituel du terme. Ceci dit, je ne pense pas que ce soit là que nos « deux langues » divergent : c’est sur la question beaucoup plus fondamentale à mon sens, si la monnaie constitue – comme on dit en thermodynamique – un système « ouvert » ou un système « fermé ». Pour moi, c’est un système ouvert ; pour la plupart des intervenants sur mon site, dont vous, c’est un système – de fait – fermé : il n’y a pas d’échanges d’énergie entre lui et le monde extérieur et toute addition – qui ne soit pas une simple démultiplication par le double emploi (« réserves fractionnaires ») – est nécessairement « ex nihilo ».
A-J dit :
C’est pour cela que j’avais réclamé à A-J un exemple : pour confirmer ce que je percevais comme notre divergence fondamentale, parce que pour moi il y a précisément deux types de création de monnaie : la création par le prêt « productif » (celui qui débouche sur une « moisson ») où une richesse créée de toutes pièces trouvera sa « traduction » en monnaie, en choses à qui un prix est attribué, et la création à proprement parler « ex nihilo ».
En disant cela, j’anticipe bien entendu sur un prochain billet.
@ Rumbo
Toute monnaie, même bonne, matérialise nécessairement une dette, au sens où elle est un moyen d’échange de richesses réelles, donc une promesse faite au porteur d’être payé par des richesses réelles.
Le problème n’est donc pas cette fonction de dette en elle-même, mais la question de savoir si elle suppose des intérêts et, le cas échéant, s’ils sont versés à ceux qui créent la richesse réelle, non pas la monnaie.
Peut-on employer le mot « dette » pour désigner quelque chose qui appelle forcément le paiement d’intérêts ? Au demeurant, je me dis qu’il s’agit simplement de devoir rembourser le capital. Les justifications des intérêts tiennent à d’autres facteurs que l’acte de prêter. Sauf à admettre que la monnaie doit servir de moyen d’enrichissement, mais je ne crois pas que cela fasse débat ici.
De même pour le mot « crédit ». L’origine de ce mot a, je crois, une source religieuse. Il renvoie à la croyance, et sans doute aux sacrifices, paiements aux dieux. Mais là encore, d’où sort l’idée des intérêts ?
Les intérêts ne s’expliquent que par un risque pris par le prêteur. Peut-être peut-on même ajouter : que ce qu’il prête lui appartienne ou non, puisque dans le second cas il est endetté envers un autre. Mais payer des intérêts à la communauté ne se justifie pas si on considère qu’elle permet précisément de porter ensemble les risques, qu’elle est une communauté de destins.
« À la question : N’y a-t-il pas danger que le gouvernement abuse du pouvoir de la création monétaire et émette trop d’argent, et que ça fasse de l’inflation ? N’est-il pas préférable de laisser ce pouvoir aux banquiers afin de laisser ce pouvoir à l’abri des caprices des politiciens ? »
J’ai déjà répondu : pour cela, on a inventé la constitution. Qui consiste à séparer les pouvoirs, ce qui veut dire les faire s’arrêter les uns les autres et leur faire limiter les pouvoirs privés et la tendance naturelle de tout pouvoir à s’étendre et à s’émanciper des contrôles.
Il va de soi qu’il s’agit de donner le contrôle du régime monétaire, comme de tout ce dont dépend la confiance du peuple, au souverain légitime. En démocratie même approximative, il est celui des pouvoirs publics qui est le plus dépendant du peuple. En première approximation, le parlement élu au suffrage universel direct. C’est ce que firent les États-uniens, par exemple (art. I sect. 8 de la constitution des USA) avant qu’un coup d’État subtil détourne la constitution.
@ Paul,
Merci pour cette réponse.
Je retiens (voir les deux premiers paragraphes) que la valeur n’existe pas en-dehors ou sous-jacente au prix qui l’exprime. La valeur n’est que le résultat d’une analyse financière faite de fractionnement en composantes additives d’une réalité qui de facto n’est pas décomposable : un prix théorique en quelque sorte. Ceci me convient parfaitement. Je modifie donc mon propos : “ Ne confondons pas les prix et la monnaie “. Les prix fluctuent ; la monnaie est la référence, le prix unité en quelque sorte.
Mais la monnaie n’est pas que mesure ; elle est aussi une des deux réalités échangées dans tout échange monétaire. Cette voiture contre 20 000 €… Cette réalité monétaire existe bel et bien, même si ce n’est aujourd’hui que symboliquement, c’est-à-dire un chiffre dans un registre, ou des billets (jetons) de papier. D’où vient-elle ? C’est toujours la même question ; nous répondons : de rien de réel (ex nihilo) si ce n’est de la conjonction des volontés du prêteur et de l’emprunteur, au bénéfice du premier et aux dépens du second. J’insiste à nouveau pour dire que ceci ne s’applique qu’au prêt bancaire créateur de monnaie et non pas au prêt de monnaie préexistante épargnée (qui existe aussi dans les banques, quoique de manière non séparée et donc non-identifiée). Mais nous affirmons que rien de matériel ne nous interdit de créer davantage ou moins de monnaie et, surtout, de l’injecter ici plutôt que là, pour ceci plutôt que pour cela. C’est une question de prise en main de la société par elle-même, c’est-à-dire de démocratie.
La question de savoir si nous sommes en système “ouvert” ou “fermé” est intéressante. Les spécialistes discutent de savoir si la monnaie est “endogène” ou “exogène”. Est-ce bien la même question ? Je ne sais. Il me semble (à vérifier) que les théoriciens s’accordent plutôt pour dire que la monnaie est endogène, c’est-à-dire générée par le système. Ceci me parait une évidence quand on regarde la progression de M1. Mais les banques font partie du système. La puissance publique aussi d’ailleurs et notre revendication ne changerait rien de ce point de vue. Je ne comprend pas en quoi cette perspective est qualifiable de “fermée”. Si, quand vous dites que la vôtre est “ouverte”, cela veut dire que les deux sphères, la financière et celle de l’économie réelle ne sont pas totalement dissociées, je ne peux qu’être d’accord. La preuve : quand la financière ignore trop la réelle, on aboutit aux subprimes ! Notre proposition de donner à la société elle-même la maîtrise de sa monnaie irait dans le sens d’un ancrage de la monnaie dans le concret socio-économique. Dit autrement, une “ouverture” totale de la monnaie sur la sphère réelle.
La notion de prêt “productif” me semble plutôt évoquer la question de l’intérêt associé au prêt et non pas celle du capital prêté. Cette question de l’intérêt est elle même vaste – et millénaire – mais les intérêts ne sont pas créés par le prêt qui ne crée que le capital précisément. Le prochain billet auquel vous faites allusion éclairera probablement tout cela, du moins je l’espère.
Et bravo pour votre patience avec les obstinés que nous sommes. Sortez-nous de l’erreur si vous pensez que nous y sommes !
Bonjour à tous,
Juste un mot pour signaler que j’ai mis à jour le document compilateur sur la monnaie, en y incluant les échanges du présent billet (passionnants).
Je n’ai pas encore surligné comme je l’avais promis, mais ça viendra 🙂
J’ai aussi publié le fichier .doc (au format Word) pour que certains d’entre vous puissent prendre en charge un billet de leur choix pour y surligner la crème de la crème – à ne surtout pas rater– et me l’envoyer (etienne.chouard at free.fr) : cela m’aiderait car la tâche est assez considérable…
Je crois que le jeu en vaut la chandelle car ces 400 pages sont un trop gros livre pour de nombreux lecteurs, mais en leur donnant le moyen visuel de zapper rapidement de perle en perle, on ajoute sans doute une bonne accroche pour finalement tout lire.
Amicalement.
Étienne.
PS : que pensez-vous de l’aspect monétaire de notre exemple de Constitution d’origine Citoyenne ? Je pense notamment aux articles I-0 et II-0.
J’en remets un coup. Louis Even toujours en référence.
« Le droit de seigneuriage est à la base même de notre débat » rappela A.J. Holbecq le 8 août.
La production monétaire est permise par une production déjà existante, ni plus, ni moins.
Je vends des carottes que j’ai fait pousser dans mon champ AVANT d’avoir un centime de cette vente future. C’est très archaïque, mais c’est comme ça que ça a commencé, de même dans l’industrie, tous les secteurs, etc. On ne pouvait pas commencer et on ne peut toujours pas commencer, dans le réel, avec l’argent (à négocier avec un « tiers » le banquier) pour produire quelque chose. Durant quelques siècles on me payait par des petits morceaux de métal précieux (pièces d’or et d’argent), c’était alors un échange de marchansises à solde = 0. Plus tard arriva l’argent de chiffres en usage de nos jours, beaucoup plus pratique, mais alors pourquoi y a-t-il cet embargo de ceux qui n’ont jamais fait poussé un épi de blé, ni fabriqué aucun objet, ou autre qui s’interpose dans mes échanges, qui contrôle ma respiration en sorte que j’étouffe toujours, mais que je dois payer sous de multiples formes comme autant de guets-apens financiers élaborés par des « hommes de lois » en dehors de tout débat ?
L’émission d’argent doit intégrer plusieurs dimensions historiques hélas jamais prises en compte, tel que le fait que dans la vie, nous ne sommes pas partis de zéro, mais de l’état des connaissances, des expériences acquises et des savoir-faire que nous avons trouvé en naissant et que nous augmentons durant toute notre activité productrice.
Aristote, puis plus tard Saint Thomas d’Aquin, ont écrit en substance: « L’argent ne fait pas de petits ». La stature de ces deux grands penseurs fait que leurs assertions en la matière gardent tout leur poids de Justice à travers les âges. D’autant plus que l’expérience économique, financière et sociale ne fait que confirmer la justesse et la Justice de leurs propos par le fait même que cette expérience économique, financière et sociale ne fait que transgresser cette sagesse. Sagesse naturelle faut-il le préciser ?
Car l’argent ne fait que des petits ! C’est même devenu un « élevage », sur le mode industriel, de « petits ». Mais, si les petits humains d’origine disons adultérine sont tout aussi respectables que les petits humains d’origine non adultérine, il n’en va pas de même pour les « petits de l’argent ». Ceux-ci, frelatés au départ, car conçus dans la fraude et la fausseté sur des méthodes d’enrichissement qui empoisennent quasi toute la société civile productrice en arrivent à banaliser ce qui est faux. Ce faux qui passe progressivement dans l’inconscient et efface ainsi le signal même de l’erreur et du trompe-l’œil, puis, nous envoyer dans le mur…(on pourrait s’amuser à pousser l’exemple des « petits » en notant au passage que la reproduction sexuée, comme celle des mamifères, n’est pas compatible avec la reproduction par parthénogénèse d’autres espèces, que certains voudraient, de façon contre nature, étendre à d’autres espèces…).
Lire Paul Jorion confine au privilège, car il connaît le – comment -, le ‘comment’ intime du fonctionnement financier et bancaire, et nous donne des indications et des témoignages qui « collent » au cours des événements de l’époque et leurs effets. Événements vus, pratiqués et vécus à partir du centre (ou pas loin du centre) du monde financier. Authenticité d’une rare qualité, admirablement écrite, beaucoup plus directe de clarté que le « maquis explicatifs » de nombre de « spécialistes » confinés dans leurs langues de bois et étant corsetés par les intérêts économiques, voire politiques, qui les paient.
Ces constats, sans vraiment de bavures, ne peuvent que nous amener à la question du – pourquoi – de la monnaie. Ainsi, il existe un urgent besoin que plus de gens examinent de plus près le fonctionnement du système monétaire actuel, cela urge et la « crise financière » devrait au moins servir de tremplin à tous. Car les conséquences du système monétaire actuel sont si abominables, qu’il serait bien que beaucoup saisissent au moins les grande lignes de ce qui ne fonctionne pas et doit être corrigé afin de permettre d’agir en conséquence.
Ce qui manque, ce ne sont pas les produits, c’est la monnaie. La monnaie qui, en soi n’est pas la richesse. La richesse ce sont les choses qui correspondent à des besoins humains. La richesse est la chose, la monnaie est le signe de la chose (la chose, les choses, ce sont les biens et les services est-il besoin de le préciser).
LA MONNAIE DOIT ALLER D’APRÈS LA CHOSE. Qui fabrique les choses ? C’est nous tous. Nous sommes les producteurs des choses. Si nous sommes les producteurs des choses, ce serait un comble que les signes relatifs aux choses (donc la monnaie) nous échappent, ce qui veut dire que les choses nous échappent aussi. TELLE EST L’EXACTE RÉALITÉ. Les banques (grâce aux lois arrangées) sont et restent propriétaires de l’argent, propriétaires de la monnaie qui est la « substance » matérielle ou immatérielle de l’argent peu importe. Elles sont, dans le fond, propriétaires des choses aussi. Nous ne sommes que les locataires de l’argent, cet argent qui, pourtant, dans les faits concrets reflète NOTRE propre production des choses. Cette production des choses est la notre et pas celle du banquier. Par contre, le banquier qui gère l’argent épargné est parfaitement dans son rôle, un rôle d’expert, qui gagne parfaitement bien sa vie ainsi, mais il n’est pas dans son rôle quand il se fait « confier » le monopole de l’émission monétaire…
Ce « loyer » de l’argent, hors de prix, est un abus et un détournement, une fraude généralisée rendue banale. Si on vous a fait marcher d’autorité avec une canne (canne compliquée louée très chère) depuis que vous êtes en âge de marcher, il est bien possible que vous ne sachiez pas marcher sans canne, alors que vous n’avez pas la moindre infirmité et vous n’avez même pas 40 ans ! L’argent, tel qu’il est pratiqué actuellement, est une prothèse sur un organe sain et qui le rend malsain.
L’intérêt sur l’argent est un vice profond, technique d’abord, puis social dans ses effets. La banque qui met l’argent au monde doit cesser d’imposer que cet argent qu’elle met au monde lui donne des « petits ». Ce mode d’émission monétaire est vicieux et dégradant. C’est de la violence en col blanc. C’est pour ça que nous restons polis….
Puisque cet argent est basé sur la capacité de production de la société, cet argent appartient donc à la société. Alors pourquoi la société devrait-elle payer les banquiers pour l’usage de son propre argent à elle ? Pourquoi payer pour l’usage d’un bien qui nous appartient ? Pourquoi donc le gouvernement ne pourrait-t-il pas émettre (sous compétences bancaires et financières est-il besoin de le préciser ?) le propre argent de la société à l’image du boulanger qui mange quotidiennement du pain qu’il fabrique lui-même au lieu de l’acheter très cher ailleurs.
L’exemple des obligations est élucidant. Voici, en résumé et actualisé ce que disait en substance l’inventeur américain Thomas Edison. Si un pays peut émettre, par exemple, une obligation d’une valeur de 50 euros, le même pays peut très bien émettre un billet de 50 euros. Si l’obligation est bonne, pourquoi le billet (ou les chiffres comptables) de 20 euros ne le serait pas ?
La différence est criante, mais dissimulée sous toute une série d’ « écrans et de rideaux de fumée ».
La différence entre l’obligation et la monnaie (ici l’euro) est donc que l’obligation permet aux prêteurs d’argent de ramasser au bilan 2 fois le montant de l’obligation, plus quelques 20% additionnels, alors que l’argent mis en circulation ne paye que ceux qui contribuent à la production et à tout ce qui est utile à la vie ici-bas. Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 500 millions en obligations, et pas 500 millions en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l’un engraisse les usuriers, et l’autre aiderait le peuple. Si l’argent émis par le gouvernement n’était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C’est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s’endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux à des groupes d’intérêts qui s’introduisent, indirectement mais ABSOLUMENT, dans les gouvernements eux-mêmes et font élaborer des « lois » pour assurer leurs seuls intérêts contre ceux de la société, laquelle qui n’y voit goutte et soupire d’impuissance.
Toute cette situation absurde peut se résumer sous forme d’histoire, mais qui porte une conclusion très sérieuse : Un groupe de singes dans la jungle discutaient entre eux pour savoir si les hommes étaient plus intelligents que les singes. Certains disaient que oui, d’autres non. L’un des singes s’écria; « Pour en avoir le cœur net, je vais aller faire un tour en ville chez les humains, et voir s’ils sont vraiment plus intelligents que nous. » Tous les singes acceptèrent sa proposition. Alors le singe se rendit en ville, et vit un homme sans le sou crever de faim devant un magasin rempli de bananes. Le singe retourna dans la jungle, et dit aux autres singes; « Ne vous inquiétez pas, les hommes ne sont pas plus intelligents que nous; ils crèvent de faim, par manque d’argent, devant des bananes qui pourrissent sur des tablettes. »
De grâce, arrêtons d’insulter la providence, nous avons tous les moyen de concevoir un système d’argent dont l’étalon est la production.
@ Rumbo
Ben… on ne reçoit pas des compliments comme ceux-là tous les jours… Merci !
Pour ceux qui ne seraient pas familiers de la théorie du prix chez Aristote, j’y ai consacré deux textes, l’un en français, en 1992, Le prix comme proportion chez Aristote, La Revue du MAUSS, n.s., 15-16 : 100-110 et l’autre en anglais, en 1998, Aristotle’s theory of price revisited , Dialectical Anthropology, Vol. 23, N°3 : 247-280.
Extraits du projet évoqué par Étienne :
Extraits d’un projet de constitution européenne auquel j’ai pris part – vous ne manquerez pas de constater des aspects similaires au projet précédent (on n’y menace plus les félons de leur couper les roubignoles sur une planche à billets ; ça perd un peu en intensité, certes…) :
@ Rumbo :
Une fois de plus, j’approuve. Mais une fois qu’on a dit « la création monétaire à l’État ! » on arrive sur le plus gros morceau : « l’État, c’est qui, quoi, comment ? »
Remplacez « l’État » par « nous qu’on produit la richesse, qui croyions avoir aboli les privilèges et qui ne sommes pas vilains », ça revient au même, bien sûr.
Si vous avez des idées pour la mise en pratique, n’hésitez pas. Cela doit se jouer dans la constitution avant tout (pas la réussite du projet, mais son maintien). C’est un peu rébarbatif, mais faut s’lancer.
A l »‘État » qui jouit hélas d’une mauvaise réputation (la majorité de nos concitoyens le considèrent comme une structure faite pour e……..der les citoyens), je prèfère la notion de collectivité ; l’État ne devrait être que notre représentant…
Nous avons beaucoup parlé d’un 4° pouvoir indépendant. L’idée de la BCE n’est pas idiote, mais son mandat est mal fait, elle devrait quand même pouvoir être soumise aux critiques et aux directives du parlement, et évidemment pouvoir financer directement les besoins collectifs, à défaut de pouvoir émettre toute la monnaie ce qui ne pourra être qu’une seconde étape du « combat » pour que les citoyens reprennent le contrôle de l’émission monétaire comme il se devrait…
Bonjour à toutes et tous,
Je fais une petite apparition après une longue absence. Je viens de prendre connaissance (rapidement) de vos derniers échanges sur la monnaie, tout à fait passionnants, et je me permets de revenir sur un point apporté par Paul, je crois, qui résume bien la controverse sur le sujet :
je cite :
___________
Ce texte joue sur l’ambiguïté des mots d’une façon extraordinaire et en particulier sur celui de la valeur. Paul, vous nous dites avoir bcp écrit sur le sujet, je m’étonne donc que ce texte, que vous citez, ne vous choque pas.
1 – Valeur réelle – Valeur symbolique
Le pain est une nourriture. La valeur réelle puisque sans nourriture, je ne peux vivre. Ce pain a d’autant plus de « valeur » à mes yeux que j’ai faim et il est juste de dire que c’est le demandeur (moi) qui suis à l’origine de la valeur. Si le pain n’avait aucun intérêt pour les êtres humains, le boulanger n’existerait pas et la « valeur pain » non plus.
Dans la mesure ou ce pain a une valeur pour moi, il va s’instaurer une relation entre moi et le boulanger qui utilise cette valeur réelle pour acquérir de son côté d’autres richesses réelles nécessaires à sa vie.
Pour faciliter les échanges et sortir des contraintes du troc, les êtres humains ont inventé la « monnaie » qui est une représentation SYMBOLIQUE de la valeur RÉELLE dont l’une des fonctions est d’être une échelle de valeur.
Il y a donc la chose : valeur réelle
et le prix de la chose : valeur symbolique.
Le prix fixe sur cette échelle le niveau où l’échange va pouvoir se faire.
Il est donc encore exact de dire que de tout cela, le banquier n’est que spectateur. Il constate. Mais peut-on dire pour autant qu’il ne crée pas la monnaie ?
2 – Création monétaire
Si je suis d’accord pour payer ce pain un euro, cela ne me donne pas pour autant cet euro, qu’il soit sous forme de pièce dans ma poche ou d’écriture sur mon compte. L’unité monétaire qui incarne cette valeur symbolique relève du privilège abandonné au banquier.
Les gens créent la valeur réelle par leur activité,
la banque crée le signe de la valeur symbolique, avec la particularité que sans ce signe, la monnaie, je ne peux avoir accès à la richesse réelle, même si elle existe.
Quand le texte affirme d’entrée « les banques ne créent pas la monnaie » et conclut « elles ne sont que dépositaires de la confiance » cela sous-entend que le banquier ne serait qu’un « entrepôt comptable » ou les gens déposent une monnaie pré-existante, qu’il aurait mission de gérer au mieux des intérêts des déposants. On en revient à la vielle croyance que les banques ne font que prêter l’argent épargné. Je ne vais pas me relancer dans une démonstration qui, de toute façon sera refusée par ceux qui ne veulent/peuvent pas admettre que l’argent aujourd’hui ne pré-existe pas.
Oui les banques prêtent bien l’argent des épargnants, mais d’où vient l’argent épargné ? D’une mosaïque de crédits en amont. Ce qui est trompeur, bien sûr, c’est que l’épargnant n’est pas en règle général celui qui a emprunté. Il faut considérer les choses globalement.
Pour donner une image il faut se représenter le système comme un bassin (la masse monétaire « existante » dans la société) alimenté d’un côté par un robinet d’eau (le crédit consenti à la société), et une évacuation au fond (le remboursement des crédits). Le niveau de l’eau dans le bassin dépend du rapport qui existe entre le débit d’alimentation et celui de l’évacuation. Quand je regarde les choses du pas de ma porte, j’ai l’impression que l’argent existe, car manifestement il y a « de l’eau dans le bassin » ; mais je ne perçois pas qu’il s’agit d’un flux en perpétuel mouvement. S’il n’y avait pas de nouvelles demandes de crédits, le niveau de la masse monétaire baisserait au fil des remboursements effectués. Alors oui, ce sont bien les gens qui sont à l’origine du processus de création monétaire par la demande de crédit, mais ce sont bien les banquiers qui, ayant seul le pouvoir de créer le signe monétaire sous forme d’écriture comptable, consentent les crédits et ont la main mise sur l’alimentation et l’évacuation.
3) Légitimité du pouvoir de création monétaire
Autrement dit, c’est comme si l’humanité devait demander l’autorisation de produire et consommer, comme un enfant demande à ses parents l’autorisation de sortir. Car c’est la banque qui, selon qu’elle va accorder le crédit ou pas, décide en dernier recours de ce qui a le droit de se faire ou non dans le monde.
Oublions un instant l’histoire de création « ex nihilo » et, attachons nous juste à l’aspect de la légitimité de l’autorité qui détient de privilège de l’émission de la monnaie.
Ce sont les peuples qui créent la « valeur réelle » par leur activité. Il semble que sur ce point il n’y ait pas d’avis contraire. De quel droit une des « cellules » de ce « corps », la banque, s’arroge-t-elle le droit de créer les signes qui représentent symboliquement cette valeur ? Car nous ne parlons pas là de haricots verts, de voitures ou de parapluies, nous parlons d’une valeur universelle qui donne accès au haricot, à la voiture ou au pépin….
Puisque le peuple est créateur de la vraie valeur, il est légitimement en droit de gouverner les signes qui la représentent. C’est donc un organisme public représentant les intérêts de la communauté entière qui devrait détenir ce privilège
La différence ?
Si c’est le privé : l’argent est créé de manière sélective, sur des critères de rentabilité et de solvabilité au service prioritaire des actionnaires du système.
Si c’est le public : Il peut être émis sur des critères d’intérêt commun sans nécessité absolue d’être remboursé, et sans nécessité non plus d’être assorti d’un intérêt.
4) L’intérêt
Le texte se termine sur ce morceau de bravoure en affirmant que les banques « facturent leurs services autour de cette confiance. Qu’elles fassent des profits sur ces services est tout à fait normal. Il est donc faux de dire qu’elles font des profits sur quelque chose qui n’existe pas. »
Que les banques, comme tout autre commerçant, recherchent le profit est normal, mais laisser entendre que l’intérêt ne fait que couvrir le risque du prêteur !!!
Si la banque n’est qu’un comptable de la société, comme le laisse entendre ce texte, alors elle devrait être payée par honoraires pour un service justifiable. Tous ceux qui ont acheté une maison on peut-être trouvé un peu exagéré le fait d’avoir à payer plus en intérêts qu’en capital !
Mais de toute façon, et pour tout ce qui a été dit ici et dans bon nombre d’autres articles sur ce blog,
l’intérêt bancaire est :
Oui la banque a une utilité sociale, mais ce texte cherche à masquer, volontairement ou non, l’indécence et l’illégitimité des privilèges qu’elle a su arracher malheureusement à ceux qui étaient en devoir de protéger les intérêts de la communauté. Le problème est moins du côté de la banque qui, en bon commerçant voit midi à sa porte, qu’au niveau du politique qui au fil du temps s’est mis lui même en situation de marionnette avec pour conséquence que le peuple qui l’a élu devient lui même suspendu aux mêmes fils.
Il est essentiel que les peuples reprennent le pouvoir de création monétaire, mais il est tout aussi essentiel que le politique reprenne une position dominante sur l’économique et le financier.
@ P.Derudder
L’image du bassin est excellente.
Je m’en resservirai 😉
Bonjour, j’ai créé un groupe sur Facebook « la vérité sur la dette » avec une partie de l’argumentaire du site de Mr Holbecq.
Le groupe compte 181 membres à ce jour, je fais le maximum pour éclairer le maximum de personnes mais ça progresse doucement (+ 2 à 3 membres par jour)…
On peut y publier articles, photos, vidéos…
N’hésitez donc pas à m’envoyer un exemplaire de tout document que vous aimeriez propager !
Cela a aussi comme avantage de pouvoir envoyer à tous les membres des messages de manière instantanée afin de pouvoir coordonner de futures actions…
Par ailleurs, j’essaie toujours de motiver Jean-Marc Governatori de La France en Action qui m’avait semblé ouvert au sujet quand je lui en avais parlé à une réunion à Toulouse, le problème selon lui était « pourquoi confier le pouvoir de création monétaire aux hommes politiques alors qu’il prouvent tous les jours qu’ils ne sont pas capables de gérer des choses plus simples ? »… Je n’ai pas eu le temps de lui expliquer que là n’était pas le problème… Depuis il semble s’être détourné à nouveau du sujet…
Bonne continuation !
Bonjour à tous, bonjour Nicolas,
Merci pour l’info, nous ferons probablement appel à vous pour faire connaitre une action que nous sommes en train de préparer. C’est hors sujet pour le moment, je tenais simplement à souligner l’intérêt que représentent les petits courants que chacun peut générer, puisque dit-on ce sont les ruisseaux qui font les grandes rivières.
Par ailleurs si vous parvenez à convaincre Jean-Marc, je vous tire mon chapeau, car André-Jacques Holbecq et moi y avons mis toute notre ardeur pour rien. Nous avons abandonné… Mais qui ne change pas d’avis ? Je ne comprends pas qu’un personnage comme Jean Marc résiste tant à cette idée qui est fondamentale :
1) sur le seul plan de la légitimité comme je le rappelais dans mon précédent article. Que les gens de pouvoir abusent de ceux qui leur sont conférés, c’est une chose, que la légitimité du pouvoir dans son essence soit remis en cause pour cela n’est pas acceptable. De plus peut-on se féliciter des conséquences qu’ont pour la planète et l’humanité l’exercice de ce même pouvoir par le privé ? Entre deux maux où risque-t-on le moindre ?
2) Peut-on défendre et promouvoir des valeurs de la démocratie dans un espace qui est en premier inféodé au profit financier ? Un système qui dans sa dynamique, par le jeu de l’intérêt, implique « mécaniquement » un transfert de l’argent des plus démunis vers les plus riches peut-il encore se prétendre démocratique ? Cette évidence pour moi, semble manifestement échapper à d’autres…
Bonne journée
Concernant Jean-Marc il semble persuadé que les économies engendrées par la politique qu’il voudrait mettre en place (nouvelle gestion des fonds publics, santé basée sur la prévention etc…) lui permettront de venir à bout de la dette…
J’ai relevé sur un site :
Le 16 février 2007 à 11 heures, au cours d’une Conférence de presse publique Jean Marc GOVERNATORI Président de la France en Action et candidat à l’élection présidentielle, présentera un chèque géant de 70 milliards d’euros qui représente les économies annuelles possibles à réaliser en appliquant une nouvelle politique économique.
Il serait très simple de lui montrer l’infaisabilité de ceci en mettant côte à côte ces 70 milliards d’euros d’économies annuelles espérées et l’augmentation de la dette nationale chaque année…
Etant donné que nous remboursons chaque année plus de 40 milliards d’euros et que la dette continue sa progression de manière vertigineuse, il semble facile de deviner qu’elle progresse chaque année de plus de 70 milliards…
Quelqu’un aurait-il les chiffres de progression de la dette annuellement (avant le remboursement annuel des intérêts par l’Etat) ?
Mis l’un à côté de l’autre, cet argument des économies ne pourrait plus tenir et il serait obligé d’accepter que c’est le système qu’il faut changer…
@nicolas B.
Vous avez ces chiffres dans notre livre » la dette publique, une affaire rentable » mais j’ai mis le tableau en téléchargement sur http://www.societal.org/docs/EvolutionDette.doc
pour pouvoir rembourser progressivement la dette, compte tenu des intérêts qui effectivement dépassent les 40 milliards d’euros par an, il faudrait ajouter aux intérêts annuels une quôte part supplémentaire des recettes fiscales pour rembourser le capital (dans cette hypothèse, évidemment, les intérêts annuels diminueraient progressivement, à si le taux des OAT – très lié au taux de base – reste constant).
A raison de 30 milliards d’euros par an, pour un capital du de 1200 milliards, il faut évidemment 40 ans
@A-J Holbecq
Un texte du Monde Diplomatique qui devrait vous plaire, au sujet de la dette publique.
Par contre l’auteur n’a apparemment pas utilisé votre livre car il n’aborde pas le problème de la création monétaire, il se contente juste de parler du déclin de l’impôt progressif comme cause de l’endettement. Rien sur la privatisation de la production monétaire, comme quoi même dans des journaux aussi indépendants le sujet n’est pas encore dans toute les têtes.
La fin du « nouveau consensus monétaire »
La crise financière et l’héritage de Milton Friedman
Un très bon texte de James K. Galbraith (18 août 2008)
(http://www.laviedesidees.fr/La-fin-du-nouveau-consensus.html)
Quelles sont les implications théoriques de la crise financière éclatée en 2007 ? Sous son impact, l’héritage de Milton Friedman tombe en ruines, et les avatars du monétarisme tombent dans le ridicule. C’est le cas notamment du « nouveau consensus monétaire », érigé jusqu’à récemment au rang de fondement intellectuel des banques centrales modernes.
Ce texte s’inspire d’une allocution prononcée le 24 juin 2008 au Parlement européen.
Le 8 novembre 2002, à Chicago, Ben Bernanke, alors gouverneur de la Banque centrale américaine, aujourd’hui son président, prononçait un discours en hommage à Milton Friedman, à l’occasion du 90e anniversaire du fondateur de la théorie monétariste. « Comme tout le monde ici présent le sait, Friedman et Anna Jacobson Schwartz affirment dans leur Histoire monétaire que l’effondrement économique de 1929-1933 avait été le résultat du dérèglement du mécanisme monétaire du pays. Contredisant la vision acceptée par leurs contemporains, (…) Friedman et Schwartz pensaient que ‘la contraction est en réalité une preuve tragique de l’importance des forces monétaires’. (…) J’aimerais dire à Milton et à Anna : au sujet de la Grande Dépression, vous avez raison, c’est notre faute. Nous sommes désolés. Mais grâce à vous, nous ne recommencerons pas ».
Moins de six ans après, face à la crise financière éclatée en 2007, le président Bernanke et ses collègues de toutes les grandes banques centrales sont confrontés au dilemme suivant. Ils peuvent s’en tenir aux idées de Friedman, mais alors ils doivent reconnaître que la seule cause possible de la crise en cours a été leur propre politique, à savoir le resserrement monétaire entrepris dans les années 2005-2007. Ils ne peuvent, en bonne logique, se réclamer de Friedman sans reconnaître dans la situation actuelle – ou ils se trouvent obligés de poursuivre l’expansionnisme monétaire – à outrance, l’erreur de leur politique antérieure. Ou bien ils peuvent faire comme si la crise actuelle n’existait pas et espérer qu’elle passe, en suivant les consignes ce que d’aucuns appellent aujourd’hui « le nouveau consensus monétaire » – qui se réclame, lui aussi, de l’héritage intellectuel du monétarisme ! Ces deux choix révèlent, entre eux, la contradiction intellectuelle dans laquelle s’est retrouvée la doctrine de Friedman, qui reste aux fondements de toutes les idéologies des banques centrales. Car ni le monétarisme dans sa version classique, ni le « nouveau consensus monétaire », n’offrent les éléments pour comprendre la crise financière éclatée aux États-Unis en 2007.
Autrement dit, la crise financière actuelle incite à revenir sur l’héritage de Friedman et son impact intellectuel sur les décideurs économiques actuels. Elle incite à le faire sur le terrain propre de Friedman, là où il se sentait « chez lui » et où il a régné pendant plusieurs décennies : la politique monétaire, le « taux naturel de chômage » et l’idée que la lutte contre l’inflation passe avant la lutte contre le chômage. C’est dans ce domaine qu’il a connu son plus fort impact et aussi sa plus grande réussite intellectuelle. C’est sur ce champ de bataille qu’il a vaincu l’establishment keynésien des années 1960, prisonnier de l’idée d’une courbe de Phillips stable (1). C’est là qu’il a planté le décor de la « contre-révolution » qui domine la microéconomique universitaire depuis une génération et qui continue à influencer la manière dont la plupart des gens conçoivent la politique monétaire et la lutte contre l’inflation. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
L’essor et le déclin du monétarisme
D’abord, que fut le monétarisme ? On le sait, Friedman y voyait l’idée que « l’inflation est partout et toujours un phénomène monétaire », ce qui signifie que la monnaie et les prix sont liés. Friedman croyait surtout que la monnaie était une variable politique, une quantité que la banque centrale pouvait créer ou détruire à volonté. Créez-en trop, et vous relancez l’inflation ; créez-en trop peu, et l’économie risque de s’effondrer. Il s’ensuit que le bon dosage entraîne le bon résultat : des prix stables, avec pour corollaire ce que Friedman appelait le taux naturel de chômage. Ce raisonnement avait pour but de soutenir sa proposition clef : un marché libéré de toute entrave est intrinsèquement stable. Dans l’évangile selon Friedman, le gouvernement est le serpent, l’intrus dans le jardin d’Eden, et la politique doit avant tout laisser l’économie suivre son cours. C’était la leçon de son fameux programme télévisé de 1980, Free to Choose, mais c’est aussi le sens profond de sa pensée. Malgré toutes les données statistiques présentées dans Une Histoire monétaire des États-Unis 1867-1960, publié en 1963 par Milton Friedman et Anna Schwartz, ce livre avait un message simple : le marché est infaillible, seul le gouvernement se trompe.
Friedman s’est imposé parce que son travail était suffisamment complexe pour revêtir l’aspect de vérité scientifique, et parce qu’il confirmait les idées reçues d’un certain milieu. On peut comparer avec ce que disait John Maynard Keynes dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), à propos du succès qu’avait connu David Ricardo :
Une victoire aussi décisive (…) a quelque chose de singulier et de mystérieux. Elle ne peut s’expliquer que par un ensemble d’affinités entre sa doctrine et le milieu où elle a été lancée. Le fait qu’elle aboutisse à des conclusions tout à fait différentes de celles qu’attendait le public profane ajoutait, semble-t-il, à son prestige intellectuel. Que son enseignement, appliqué aux faits, fût austère et désagréable lui conférait se grandeur morale. Qu’elle fût apte à supporter une superstructure logique, vaste et cohérente, lui donnait de l’éclat. Qu’elle présentât beaucoup d’injustices sociales et de cruautés apparentes comme des incidents inévitables dans la marche du progrès, et les efforts destinés à modifier cet état de choses comme de nature à faire en définitive plus de mal que de bien, la recommandait à l’autorité. Qu’elle fournît certaines justifications aux libres activités du capitaliste individuel, lui valait l’appui des forces sociales dominantes groupées derrière l’autorité. (Traduit de l’anglais par Laurent Bury. )
Le succès de Friedman est comparable à celui de Ricardo, mais pas jusqu’au bout. Certes, Friedman justifie lui aussi l’injustice et soutient l’autorité. Mais son armature intellectuelle n’est ni vaste ni cohérente. Son raisonnement est d’une simplicité désarmante, et pourtant il peut être assez sibyllin. Il misait sur le court terme pour certains effets, sur le long terme pour d’autres, passant de l’un à l’autre à son gré. Ricardo, c’était Harpagon de Molière ; Friedman ressemblait plutôt au Joueur de flûte de Hamelin. (2)
À la fin des années 1970, la victoire de Friedman fut consolidée par la force explicative des modèles de régression monétaristes et l’échec de la courbe de Phillips. Robert Lucas voyait dans le phénomène de stagflation, qui est apparu à cette époque, « la preuve expérimentale la plus nette que puisse connaître la macroéconomie ». À la même époque, j’ai joué un rôle mineur dans l’irruption des idées monétaristes sur le terrain politique américain. Ma mission consista à préparer, entre 1975 et 1978, la Humphrey-Hawkins Full Employment Act (3) sur la politique monétaire. Dans une alliance pragmatique avec les économistes monétaristes au sein de la commission chargée de préparée le texte de loi, nous insistions pour ce que la Banque centrale fixe et évalue chaque année son objectif de croissance monétaire. Même si notre objectif n’était pas tant de stabiliser la croissance mais d’obliger la Fed à faire preuve de plus de transparence, cet accord donna sans doute du poids politique au monétarisme.
Peu après, c’est sur ce même terrain politique que le monétarisme s’effondra. À partir de 1979, la Fed adopta officiellement des objectifs monétaires à court terme. Le résultat fut une cascade de désastres : taux d’intérêt à 20%, dollar réévalué à 60%, chômage à 11%, récession, désindustrialisation de la région du Middle-West et, en dernière instance, crise de la dette du tiers monde. En août 1982, face à la faillite de l’État mexicain et à une révolte au Congrès – je m’y suis mêlé encore une fois – la Fed abandonna les objectifs monétaires pour ne plus jamais y revenir.
Au milieu des années 1980, le monétarisme rigoureux dont Friedman s’était fait le champion disparut également du monde universitaire. La croissance monétaire devint forte et fluctuante, sans que l’inflation reparaisse. Peut-être l’inflation était-elle « partout et toujours un phénomène monétaire », comme Friedman l’avait affirmé en 1963, mais certains phénomènes monétaires pouvaient se produire sans relancer l’inflation, ce qui rendait profondément problématique l’usage des agrégats monétaires comme instrument de contrôle. À la Banque d’Angleterre, Charles Goodhart en a tiré les conclusion en énonçant sa fameuse loi : Lorsqu’on tente d’utiliser une relation économétrique à des fins de contrôle politique, elle se transforme. En 2003, Friedman lui-même concédait à Simon London, du Financial Times : « Le recours à la quantité de monnaie comme objectif n’a pas été une réussite. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr que je le recommanderais aussi vigoureusement que par le passé ».
Les successeurs
Il en est resté une série de doctrines, toutes plus vagues que le monétarisme classique, mais porteuses du même message : la banque centrale devait placer le contrôle de l’inflation au cœur de ses préoccupations, sans se soucier du chômage – sauf dans le cas où celui-ci ne tomberait trop bas. On pensait par ailleurs que l’instabilité dans le secteur financier devait être ignorée par les décideurs macroéconomiques – sauf lorsqu’elle devenait impossible à ignorer. La première de ces doctrines, le « taux naturel de chômage » ou « taux de chômage qui n’accélère pas l’inflation » (NAIRU), fut élaborée en 1968 par Friedman lui-même et par Edmund Phelps ; son grand attrait tenait à ce que, pour la première fois, on incorporait la prospective à un modèle macroéconomique. Les macroéconomistes l’adoptèrent en masse. Mais à la fin des années 1990, elle se révéla parfaitement inadéquate lorsque Alan Greenspan permit au chômage de tomber en dessous de plusieurs barrières NAIRU successives : 6%, 5,5%, 5%, 4,5% et finalement même 4%. Ce fut une bonne nouvelle pour tout le monde sauf pour les économistes associés au NAIRU – ceux-là furent bien embarrassés, ou du moins auraient dû l’être. Certains renièrent Friedman pour retrouver les théories de l’économiste suédois Knut Wicksell : c’est ainsi que le « taux naturel d’intérêt » connut une vogue éphémère aux États-Unis. Mais cette idée n’était soutenue ni par la recherche empirique, ni par les théories qui ont vu le jour depuis l’abandon de l’étalon-or (4).
Puis vint Ben Bernanke et la doctrine du « ciblage d’inflation ». Cette idée repose sur ce que Marvin Goodfriend, de la Carnegie-Mellon University, appelle « le nouveau consensus en politique monétaire » : un ensemble d’idées conçues au début des années 1980 mais adaptées (en surface, du moins) aux évolutions qui ont eu lieu depuis. Premièrement, « le principal message monétariste était confirmé : seule une politique monétaire (…) pouvait réduire durablement l’inflation avec, pour la production et l’emploi, des conséquences substantielles mais bien moins graves que selon les scénarios keynésiens ordinaires ». Deuxièmement : « une banque centrale indépendante peut acquérir une certaine crédibilité pour sa politique d’inflation basse sans mandat institutionnel du gouvernement ». Troisièmement : « s’il intervient au moment opportun, un resserrement agressif des taux d’intérêt peut réduire les attentes d’inflation et éviter une résurgence de l’inflation sans provoquer une récession ». Examinons un par un ces principes.
D’abord, l’idée que la politique monétaire peut réduire durablement l’inflation pour un prix raisonnable est-elle « le principal message monétariste » ? Pas du tout. Le principal message monétariste était que le contrôle de l’inflation passe par le contrôle de la croissance monétaire. Mais cela fait plusieurs décennies que nous n’essayons même plus de contrôler la croissance monétaire ; elle fait ce qu’elle veut. La Fed américaine ne s’y intéresse plus et a même cessé de publier certaines statistiques en la matière. Pourtant, l’inflation n’est pas revenue. Le principal message monétariste est donc évidemment faux. Quant à la question du coût, personne n’a jamais douté qu’une récession sévère pouvait enrayer l’inflation. Mais Goodfriend oublie de dire que la récession des années 1981-82, lorsque les monétaristes étaient aux commandes, fut de loin la pire de l’après-guerre. Elle fut plus grave que toutes celles qu’avaient subies les régimes keynésiens. En déformant l’histoire, Goodfriend laisse aussi entièrement de côté la catastrophe infligée aux pays en voie de développement par la crise de la dette mondiale.
Ensuite, que vaut au juste la « crédibilité » de la lutte contre l’inflation menée par une banque centrale « déterminée » ? On prétend souvent que cette idée va de soi : en matière de revendication salariale, les travailleurs reverront leurs exigences à la baisse parce qu’ils savent que des demandes excessives seraient sanctionnées par des taux d’intérêt élevés. Ce mécanisme a fait ses preuves dans le cas très spécifique de l’Allemagne d’après-guerre où, pendant plusieurs années, le syndicat de la sidérurgie menait des négociations implicites avec la Bundesbank. Mais la Bundesbank disposait d’une arme puissante : une hausse des taux d’intérêt signifierait un deutsche mark fort, et donc la baisse des exportations allemandes de machines et de produits technologiques. En l’occurrence, la menace était crédible. Aux États-Unis, la situation n’a rien de comparable, et rien n’indique que les syndicats américains prennent en compte la politique monétaire dans leurs stratégies syndicales. Il ne serait pas rationnel pour eux de le faire : dans un système de négociation salariale décentralisé, l’auto-limitation salariale dans un secteur donné créerait simplement des marges de manœuvre dans d’autres. En outre, et de façon plus éloquente encore, les compagnies pétrolières américaines ne se sont jamais privées d’augmenter le prix de l’essence dès que cela était possible, sans craindre les effets ultérieurs d’une hausse des taux d’intérêt.
Bernanke n’a rien vu venir
Enfin, peut-on vraiment affirmer que « s’il intervient au moment opportun, un resserrement agressif des taux d’intérêt » permet d’éviter l’inflation « sans provoquer une récession » ? Cette idée est sans doute le fondement du nouveau consensus monétaire. Elle a été affirmée dans le numéro d’automne 2007 du Journal of Economic Perspectives, voix officielle de l’American Economic Association, dans un article de Goodfriend intitulé « How the World Achieved Consensus on Monetary Policy » (Comment le monde est parvenu à un consensus en matière de politique monétaire). Goodfriend y écrit : « Selon ce ‘principe de ciblage d’inflation’, une politique monétaire qui vise l’inflation apporte la meilleure contribution à la stabilisation de la production (…) Cibler l’inflation rend la production réelle conforme à la production potentielle ». Plus loin : « Ce type d’argumentation implique que le ciblage d’inflation entraîne la meilleure adaptation de l’emploi et de la production au cycle économique, que seule la politique monétaire permet d’atteindre. Ainsi, et c’est l’aspect révolutionnaire du consensus théorique moderne, même ceux qui se soucient avant tout de stabiliser l’économie réelle peuvent soutenir un objectif de faible inflation pour la politique monétaire (…) La politique monétaire ne devrait donc pas essayer de contrer les fluctuations en matière d’emploi et de production dues aux cycles économiques réels ».
Détail significatif, c’est vers le mois d’août 2007, au moment même où éclate la crise, que ces affirmations ont été publiées. On peut les comparer avec les promesses que la route de Bagdad serait jonchée de fleurs. Puisque à ce moment précis, la Réserve fédérale était au plus fort d’un « resserrement agressif des taux d’intérêt », en cours depuis fin 2004, visant justement à « réduire l’inflation prévue » tout en « évitant la récession ». En juillet 2006, le président Bernanke affirma au Sénat américain : « La récente hausse de l’inflation préoccupe le FOMC (…) La Réserve fédérale doit œuvrer contre toute psychologie inflationniste qui conférerait une persistance plus grande à ce qui ne serait autrement qu’un accroissement transitoire de l’inflation ». En février 2007, il répéta ce message en le renforçant : « Le FOMC a de nouveau indiqué que son principal souci est le risque que l’inflation ne baisse pas comme prévu » (c’est moi qui souligne). En juillet de la même année, Bernanke réitère : « Le niveau d’utilisation des ressources étant relativement élevé, tant qu’il n’a pas été prouvé que les pressions inflationnistes restent modérées, le FOMC reste fidèle à l’idée que les risques élevés d’inflation sont son principal souci ».
Avant l’automne dernier, le président Bernanke avait fait quelques allusions à l’évolution du secteur financier. En mai 2006, il se montrait enthousiaste : « Les avancées technologiques ont radicalement transformé l’offre de services financiers dans notre économie. Notamment, la sophistication croissante de l’informatique permet aux prêteurs de collecter et de traiter les données nécessaires pour évaluer et chiffrer le risque de façon bien plus efficace que par le passé ». Dans le même style : « La concurrence entre prestataires financiers et des consommateurs informés ; voilà à mes yeux le meilleur mécanisme pour assurer l’offre de produits financiers meilleurs et à moindre coût ». Quant aux consommateurs, Bernanke prônait la formation et la prudence : « Une étude portant sur près de 40 000 prêts hypothécaires abordables, ciblant les emprunteurs à faibles revenus, a montré que le conseil avant l’achat d’une maison réduisait de 19% en moyenne le taux de retard de paiement ».
En février 2007, Bernanke était encore confiant : « Malgré les ajustements en cours dans le secteur du bâtiment, les perspectives économiques d’ensemble restent bonnes. (…) Somme toute, l’économie américaine paraît susceptible de se développer à un rythme modéré cette année et l’année suivante ; la croissance devrait se consolider à mesure que le retard du bâtiment se comble » (c’est moi qui souligne). Un mois plus tard, il se montrait moins joyeux devant la Joint Economic Committee (5) : « Ces derniers mois, nous avons constaté une forte augmentation du taux de retard de paiement sur les prêts à taux variable accordés à des emprunteurs à risque (subprimes), qui représentent un peu moins de 10% de tous les prêts en cours ». Et pourtant : « Il paraît néanmoins possible de maîtriser l’impact de ces problèmes sur l’ensemble de l’économie et sur les marchés financiers ». C’est seulement le 19 juillet 2007, dans son discours au Sénat, qu’il avoue le caractère un peu trop optimiste de ses propos antérieurs : « depuis quelques semaines, les investisseurs s’inquiètent de plus en plus du risque de crédit pour certains types d’instruments financiers ». C’était trois semaines avant que le marché des prêts interbancaires s’écroule, le 11 août 2007.
Retour à Keynes, Galbraith et Minsky
Quels éléments le « nouveau consensus monétaire » offrait-il pour présager l’extraordinaire crise financière qui s’est abattue, à partir du mois d’août 2007, sur le logement et le secteur bancaire américains et qui continue à préoccuper les banques centrales du monde entier ? Aucun. Dans les articles consacrés à la politique monétaire et le « nouveau consensus », il n’est jamais question de crises financières, de prêteur de dernier ressort ou de nationalisation des banques (comme pour la Northern Rock en Grande Bretagne). On y trouve plutôt une profession de foi aveugle et dogmatique qui affirme que la politique monétaire ne doit en aucun cas se soucier de pareils problèmes. C’est en partie pourquoi je considère le prétendu « nouveau consensus monétaire » comme une idée dénuée de toute pertinence. Faisant face à la réalité d’un système financier qui s’effondre, les banques centrales n’y ont trouvé aucun appui ; elles ont dû chercher ailleurs pour repenser leur politique. Elles y sont plus ou moins parvenues, et c’est tout à leur honneur. Mais elles ne l’ont pas avoué.
Qu’est-ce qui est pertinent, alors ? Comme beaucoup de commentateurs l’ont vite redécouvert, ce sont les théories de John Maynard Keynes, de John Kenneth Galbraith et de Hyman P. Minsky qui sont pertinentes pour comprendre la crise économique actuelle. Voici ce qu’écrivait Keynes en 1931, dans « Les conséquences pour les banques de la chute des valeurs monétaires ». Selon, lui nous vivons
dans une collectivité qui, je le rappelle, est organisée de telle sorte qu’un voile d’argent recouvre un large espace entre les biens eux-mêmes et le propriétaire des richesses. Le propriétaire apparent des biens eux-mêmes s’en est assuré la propriété en empruntant de l’argent au véritable possesseur de la richesse. De plus, c’est surtout par l’intermédiaire des banques que tout cela s’est fait. C’est-à-dire que les banques ont en échange d’un dédommagement fait intervenir leur garantie. Elles tiennent la place entre le véritable emprunteur et le véritable prêteur. (…)
C’est pourquoi une diminution des valeurs monétaires aussi sérieuse que celle qui se produit actuellement, menace de faire s’écrouler toute notre structure financière. Les banques et les banquiers sont aveugles de nature. Ils n’ont pas vu ce qui allait arriver. Certains ont même accueilli avec faveur la chute des prix vers ce qu’ils ont appelé un juste niveau, le niveau « naturel » et souhaitable d’avant-guerre. C’est-à-dire le niveau des prix auquel fut habitué leur esprit dans la période de leur formation. Aux États-Unis, certains d’entre eux emploient de soi-disant « Économistes » qui nous répètent encore aujourd’hui que nos maux proviennent du fait que les prix de certaines marchandises et de certains services n’ont pas encore assez baissé (…). Un banquier sensé n’est hélas point un banquier qui voit venir le danger et l’écarte, mais un banquier qui, lorsqu’il se ruine, le fait d’une manière orthodoxe et conventionnelle, en même temps que ses collègues, de façon à ce qu’on ne puisse rien lui reprocher. (6)
De même, en 1955, dans son livre La Crise économique de 1929, John Kenneth Galbraith rejetait l’idée – adoptée plus tard par Friedman – selon laquelle banquiers et spéculateurs reflétaient simplement le cours antérieur de la politique monétaire. Au cours de l’été 1929, disait-il, « il n’y avait pas de raisons de craindre un désastre. Personne ne pouvait prévoir que la production, les prix, les revenus et tous les autres indicateurs continueraient de se contracter durant trois longues et sombres années. Ce n’est qu’après la catastrophe que l’on vit des raisons plausibles pour supposer que les choses pourraient bien s’aggraver pendant longtemps encore ». (…) « Il semble y avoir peu de doute qu’en 1929, l’économie était fondamentalement malsaine (…) Beaucoup de choses allaient de travers : (…) La mauvaise répartition des revenus (…) La structure déficiente des sociétés. (…) Un mauvais système bancaire (…) L’état incertain de la balance commerciale (…) L’insuffisance des connaissances économiques ». À ce dernier sujet, il ajoutait : « Considérer les gens de n’importe quelle époque comme particulièrement obtus ne semble guère valable et cela créerait un précédent que les membres de notre génération pourraient regretter. Toutefois, il semble certain que les économistes et ceux qui donnaient des avis en matière économique vers la fin des années vingt et au début des années trente, se révélèrent presque toujours lamentables ». Sur ce dernier point, on considère aujourd’hui que John Kenneth Galbraith s’est trompé. Je vous renvoie au « nouveau consensus monétaire ».
Enfin, Hyman Minsky professait que la stabilité économique était elle-même créatrice d’instabilité. La logique est simple : en période apparemment stable, les banques, entre autres, prennent des risques exceptionnels. Bientôt, l’instabilité interne qu’elles engendrent menace tout le système. La finance devient spéculative et l’on arrive au schéma de Ponzi (7). Le système s’écroule et doit être reconstruit. Les gouvernements ne sont pas les seules sources d’instabilité. Les marchés sont beaucoup plus instables, beaucoup plus déstabilisants. Historiquement, ce fait est avéré : l’instabilité du marché précède de beaucoup la croissance du gouvernement lors du New Deal et après, ou même l’existence des banques centrales.
Le comportement de la banque centrale n’était évidemment pas la seule cause de la Grande Dépression. Les défauts intrinsèques de la structure sociale, financière et industrielle, combinés avec une mauvaise politique avant et après le crash, étaient tout aussi responsables du désastre, et la crise elle-même a eu un effet accélérateur. La situation actuelle est bien sûr très semblable. Je ne pense donc pas que la hausse des taux d’intérêt ait à elle seule provoqué l’effondrement actuel, et je ne pense pas qu’il suffise de réduire les taux pour remédier à nos difficultés. D’autres causes doivent être prises en compte : l’incapacité à réguler le marché du subprime, l’attitude permissive face à la titrisation, l’abrogation de la loi Glass-Steagall de 1933 , la dérégulation discrète du marché des avenirs énergétiques (energy futures trading) et des autres marchés de marchandises, et la calamité générale qui consiste à confier aux banques le travail du gouvernement.
Il n’empêche : si Friedman s’est trompé, le « nouveau consensus monétaire » se trompe encore plus. Ce consensus, qui adopte l’attitude de l’autruche face à la spéculation sur les marchandises, et qui n’a rien à dire sur les prêts abusifs, la titrisation spéculative et la fraude d’entreprise, n’a rien à dire des problèmes qu’affronte aujourd’hui la politique monétaire. Respectées à la lettre, ses instructions mèneraient au désastre. Il n’y a par bonheur aucun risque que les banques centrales choisissent de suivre cette voie, quelles que soient les convictions qu’elles affichent en public. Et si aussi bien Friedman que le « nouveau consensus » se trompent, que peuvent faire les banques centrales aux abois ? Il faut qu’elles se rendent à l’évidence : l’instabilité du capitalisme, l’irresponsabilité des spéculateurs rendent la régulation et l’intervention nécessaire plus nécessaire que jamais.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurent Bury.
par James K. Galbraith
Source : La vie des idées, http://www.laviedesidees.fr/La-fin-du-nouveau-consensus.html
Notes
(1) Ndrl : Dérivée des travaux de l’économiste A. W. Philips, contestée par Friedman et l’école monétariste, cette courbe pose l’existence d’une relation inversée entre le taux de chômage et l’inflation, laissant entendre que la politique publique pouvait baisser le chômage au prix d’un taux d’inflation plus élevé.
(2) Lors d’une réunion de l’American Economic Association à San Francisco, j’ai ainsi assisté à une interview qu’il accordait à une chaîne de télévision :
-Professeur Friedman, demanda le reporter, comment se portera l’économie l’année prochaine ?
-Eh bien, puisque la monnaie a connu l’an dernier une croissance ralentie, la récession sera terrible.
-Et à quoi faut-il s’attendre pour les prix ?
-Puisque la monnaie connaît une croissance rapide depuis plusieurs années, l’inflation sera terrible.
-Professeur Friedman, poursuivit le reporter, la famille américaine moyenne sera-t-elle mieux lotie l’an prochain, ou moins bien qu’à présent ?
-La famille américaine moyenne n’existe pas. Certaines familles américaines seront mieux loties, d’autres moins bien.
(3) Ndtr : signé par Jimmy Carter en 1978, cette loi assigne explicitement quatre objectifs nationaux à la politique économique du gouvernement : le plein-emploi, la croissance, la stabilité des prix et équilibre budgétaire et de balance de paiement.
(4) Ndtr : L’étalon-or est un système monétaire dans lequel l’unité de compte correspond à un poids fixe d’or, comme dans le cas du système de Bretton Woods (1946–1971).
(5) Ndtr : réunissant des membres du Congrès et du Sénat américains.
(6) John Maynard Keynes, Essais de persuasion (1931), traduction de l’anglais par Herbert Jacoby, 1933.
(7) Ndtr : Nommé ainsi après Charles Ponzi, l’inventeur d’un système de boule de neige où les promesses de profits inédits entraînant un afflux de capitaux, créant un effet qui n’est pas viable sur le long terme.
Le texte de Galbraith Jr. dresse une longue liste de choses qui n’ont pas marché dans les politiques inspirées du « monétarisme » de Friedman. Mais en offre-t-il une bonne analyse ? Non : pas d’analyse. Qu’offre-t-il à la place ? L’invocation rituelle de Keynes, à quoi s’ajoute, depuis quelques années, celle de Minsky.
Avez-vous remarqué à quel point ces invocations rituelles sont sans rapport avec ce qu’il essaie de prouver ? C’est parce que la réponse à Friedman ne se trouve ni dans Keynes ni dans Minsky.
L’alternative à Friedman dont Galbraith Jr. aurait besoin, je tente de la bâtir dans mes livres et ici, en reprenant les problèmes « à la bifurcation » (j’ai retenu quelque chose de ma lecture assidue de Feyerabend) : là où ça a mal tourné, dans le dérapage « objectiviste » où la « science économique » a bifurqué de l’ »économie politique ».
L’inflation comme résultante du rapport de forces entre patrons et salariés a été traitée ici et reprise dans L’implosion (2008), pages 223 à 231 ; les taux comme résultantes du rapport de forces entre investisseurs et patrons ont été traités ici et également repris dans L’implosion aux pages 231 à 242 et la question sera développée dans l’ouvrage que je termine en ce moment. Quant au rôle de la spéculation dans la formation du prix, je viens d’y consacrer plusieurs billets.
Un gouvernement/état en faillite ne peut emprunter, et c’est le cas de tous avec l’argent dette alors comment font-ils ? chaque pays du monde possédant une banque centrale, des numéros de sécurité sociale est dirigé par le FMI, si c’est votre cas, vous devriez alors jeter un oeil sur votre ACTE DE NAISSANCE !
Il ne vous appartient plus, vous servez de caution vous, vos biens et votre corps aux prêts que le gouvernement contracte avec les banksters. Le plus incroyable APRES la prise de conscience sur la création monétaire qui a circulé largement des 2001 et publiquement mis a jour il y a des décennies et malgré ça appliqué en France (73) et en Europe (92) a travers l’article 1 c’est de comprendre que le NOM qu’on nous a attribué ne nous représente pas ! Nous ne sommes pas le NOM qu’ils facturent !
La vraie liberté est là !
Il y a un livre sur les bankster qui circule dans la rue, essayez de vous le procurer ! Il explique tout cela parfaitement !
Le fait d’être endetté ne signifie pas pour autant qu’on soit en faillite. Le volume de la dette doit être comparé avec le revenu de l’emprunteur et son « patrimoine ». Les E.U cumulent une dette globale de 36.000 milliards de dollars, cela n’empêche pas les investisseurs de continuer à « acheter » de la dette américaine. C’est une simple et unique affaire de confiance. Je peux avoir une dette de 500.000 euros, si mes revenus le permettent et si les garanties offertes sont suffisantes, je peux continuer à emprunter. En revanche si je suis RMISTE sans biens, je n’aurai même pas droit à un petit découvert.
De plus, pour un Etat qui lui est éternel (contrairement aux entreprises et aux personnes individuelles), on se préoccupe peu du remboursement du capital emprunté, l’essentiel est qu’il ait la capacité de payer les intérêts de la dette. Encore faut-il bien sûr que le service de la dette ne ponctionne pas trop lourdement la richesse nationale. C’est là qu’aujourd’hui nous parvenons à des limites dangereuses, car l’impôt, au lieu de servir au bien commun, sert à payer les interêts des plus privilégiés.
La seule vraie question derrière tout cela est : est-il légitime qu’une Nation doive emprunter au privé, au prix de l’intérêt, sa propre monnaie qu’elle pourrait émettre elle-même ? Car :
1) La monnaie n’est qu’une représentation symbolique de la vraie richesse, celle créée par la collectivité toute entière. Elle est donc d’essence collective et non privée. Sa gouvernance revient donc de droit à la collectivité et non à l’un de ses sujets.
2) La monnaie, si elle était émise par le public, comme ce devrait être, pourrait l’être sur la base de critères de bien commun quand le privé ne peut émettre cette monnaie que sur des critères de rentabilité et de solvabilité au service prioritaire des actionnaires du système, sans souci du bien commun.
La clé est là : tant que dans notre esprit public et privé continueront à s’opposer et que le public sera considéré comme un frein au développement individuel, on restera dans un climat de « guerre » avec ses conséquences dévastatrices. Le collectivisme a écrasé l’individu au nom de l’intérêt collectif, le capitalisme détruit la planète et les liens sociaux au nom de l’intérêt particulier. Il est temps aujourd’hui de comprendre que l’une et l’autre expériences sont aussi nuisibles à l’homme et son environnement. La clé réside dans une prise en compte équilibrée des deux « intérêts » et dans la compréhension qu’ils ne sont pas contradictoires. Je ne peux m’épanouir personnellement au milieu d’un océan d’injustice sociale sur fond de planète pillée et polluée ; je ne peux non plus m’épanouir dans un système qui nie mon existence et mes droits fondamentaux au nom de l’intérêt collectif. Il n’en reste pas moins que la première richesse, la planète terre avec tout ce qu’elle nous offre est notre vaisseau spatial COLLECTIF et que ce n’est pas l’intérêt particulier qui peut en prendre soin.
C’est pourquoi un monde gouverné par une finalité financière privée ne peut qu’aller au désastre, et c’est ce que nous constatons. l’argent doit être remis à sa seule vraie place, celle d’outil d’échange au service de la Vraie richesse : la vie, la terre, ce qu’elle contient et ceux qui l’habitent. Le défi n’est pas économique, ni financier, ni écologique ou que sais-je encore, il est dans notre capacité à changer de paradigme en réconciliant dans notre esprit et nos sociétés le public et le privé. Cette réconciliation se traduit nécessairement par l’acceptation de rendre la gouvernance monétaire (pour ne par dire création) au public ; elle s’accompagne aussi nécessairement d’un débat public sur ce qui relève de l’intérêt particulier et de l’intérêt collectif ? La terre, l’eau, l’énergie, la communication, la santé, l’éducation, etc… ce qui n’interdit pas, loin s’en faut, une heureuse coopération entre les deux. Au public d’édicter des règles du jeu précises protégeant l’intérêt collectif, au privé de jouer dans le strict respect de ces règles définies et comprises démocratiquement.
On veut que la nation puisse emprunter sans intérêts à sa banque centrale…
Quelles sont les diverses possibilités ?
1) Convaincre les partis politiques actuels de la nécessité de cette réforme pour qu’ils se l’approprient.
Si échec :
2) Créer son propre parti politique avec tous les citoyens qui veulent défendre cette réforme.
ou 2′) Agir sans passer par les élections mais en tant que citoyens qui veulent imposer la réforme à la nation :
– Mettre en place sa monnaie parallèle ? (l’Etat risque de l’interdire)
– Menacer de provoquer la faillite bancaire privée en retirant en même temps son argent ?
Bref pour le moment nous persistons dans la phase 1 d’essayer de convaincre les partis en place…
Si J-M Governatori ne répond pas favorablement à la dernière demande, je crains de chercher à développer une phase 2 où on agit par nous même : quels sont les diverses possibilités ?
Nicolas Barnabeu écrit:
« »2) Créer son propre parti politique avec tous les citoyens qui veulent défendre cette réforme.. » »
ATTENTION ! Ça peut être la pire des solutions! Les partis politiques représentent une division artificiellement entretenue, et ce, depuis le début de la « démocratie » dite « moderne », après l’Angleterre, Thermidor en France, etc. Les milieux bancaires financent « traditionnellement » les partis politiques.
Les politiciens, les ministres, bleus, rouges, roses, verts, et à présent jaunes (parce qu’ils sourient jaune…) se succèdent tous chez les banquiers sans couleur pour nous aplatir chaque fois un peu plus avec les dettes tueuses. La réforme financière à entreprendre est de nature exclusivement ORGANIQUE et la politique, le politique se doit d’agir seulement en aval.
––> Il ne faut JAMAIS que le projet de réforme financière devienne un « projet politique », ce serait sa perte assurée – ce que veulent exactement les milieux financiers –. C’est aussi ce qu’affirmait le major Clifford Hugh DOUGLAS découvreur, expérimentateur et inventeur du Crédit-Social (ou Argent-Social).
C’est plutôt 2′ qu’il faut retenir :
« »2′) Agir sans passer par les élections mais en temps que citoyens qui veulent imposer la réforme à la nation :
– Mettre en place sa monnaie parallèle ? (l’Etat risque de l’interdire) –>(ndlr, mais il faudrait qu’il ait la plus grande peur…)
– Menacer de provoquer la faillite bancaire privée en retirant en même temps son argent ?
@ Rumbo
Je ne comprend pas bien… Pour quelles raisons un parti politique qui défendrait ce projet porterait tort à ce projet ?
Bien sûr il y aurait d’énormes difficultés à surmonter, ils se défendraient pour défendre leurs privilèges…
Mais au final ce sont les citoyens qui votent et une fois au pouvoir ce sont les politiciens qui décident ce qu’on autorise et ce qu’on interdit…
Dans ce cas-là, la proposition 1 serait néfaste aussi…
Pouvez-vous m’expliquer ?
Bonjour
Avec Philippe Derudder, Etienne Chouard, Jean Jégu et les membres de notre « groupe » (le GRESSO) nous sommes en train d’imaginer la mise en place d’un site internet demandant aux citoyens d’agir auprès de leurs élus.
Pour information, nous avons procédé à un complément de calcul… qui nous montre que les intérêts payés depuis 1973 sont sensiblement de 1306 milliards d’euros à ce jour. Un compteur le rappellera en première page.
Voici la proposition
Voici l’appel:
Enfin, la lettre proprement dite (elle tient en recto-verso)
PS: nous sommes encore dans la recherche du nom de domaine le plus pertinent mais surtout nous aurions besoins d’un « technicien » qui nous installe le système de pétition on line (avec confirmation par mail).
Nicolas Barnabeu a écrit:
« »Je ne comprends pas bien… Pour quelles raisons un parti politique qui défendrait ce projet porterait tort à ce proje t? » »
Voyons ! Descendre dans l’arène électorale est l’acte le plus aléatoire ! Il suffit que ce « parti » perde les élections pour monter dans un train qui l’emmènera bien loin de là où il voulait aller. Où encore soit marginalisé jusqu’à la tombe comme tant d’autres avant lui. Le présent sytème électoral est à bout de souffle, il vaudrait mieux un tirage au sort. Et très certainement les – financements – feront leurs ravages pour dénaturer la réforme en noyant le poisson et que surtout rien ne change…
Au Canada, il existe un cas historique typique, une véritable leçon, où le parti politique (ici le parti libéral du Québec) qui, sans rien leur demander ni leur dire, « piqua » le projet de ceux qui, déjà, se défonçaient depuis vingt ans auparavant pour amorcer une réforme financière en travaillant au quotidien auprès du public, perdit une élection politique. Cet échec électoral retomba donc sur ceux qui travaillaient d’arrache-pied pour une réforme financière (1) et qui n’avaient surtout pas demandé de devenir un parti et encore moins de participer à des élections. Les groupements bancaires avaient « gagnés »…
(1) à l’époque, ceux-là au Canada étaient les seuls au monde à travailler comme des fourmis pour faire germer cette réforme financière par le public, ils appliquaient déjà le cas 2′, et c’était il y a cinquante ans, mais cela confirme que descendre dans l’arène électorale comporte un risque mortel pour ce type de projet. Bien sûr je ne préjuge pas de circonstances à venir encore inconnues à ce jour qui dicteraient de l’attitude à prendre alors.
Michel Rocard : nous n’aurions jamais dû céder sur la Banque de France
Extraits:
La France a abandonné sa monnaie « publique » en 1973/74. Y a-t’il aujourdhui des pays dans le monde qui ont gardé le contrôle sur leur monnaie et qui pratiquent le taux zéro sur les prêts de leur banque centrale en matière d’investissement ?
La collection « café république » de Bruno Leprince se montre interressé par la sortie d’un exemplaire traitant de la création monétaire, la dette, etc…
Voici la description de sa maison d’édition :
« La collection café république a pour but de publier des petits ouvrages très courts en réaction à des événements portant atteinte à notre République et à ses citoyens, mais aussi des ouvrages « coup de gueule » abordant des problèmes concrets et précis de la vie quotidienne ou portant sur des sujets sur lesquels les citoyens ou leurs représentants ne sont même pas consultés.
http://www.cafe-republique.fr
La collection café république est à la recherche de textes sur les sujets évoqués dans son intitulé.
Par exemple : sur la culture, l’école, les banques, la grande distribution, l’environnement, la gestion de l’eau, etc.
Les textes doivent être courts (entre 40 et 50 000 signes) et être très incisifs. »
Bruno Leprince m’a affirmé que même s’il est personnellement socialiste et que sa maison d’édition publie beaucoup de livres écrits par de socialistes, sa maison d’édition est apolitique et tout le monde peut donc écrire pour eux…
Si ça en interresse certains…
@Salva
Que la Banque Centrale prête à « son Etat » à taux zéro ou à taux X n’a fondamentalement que peu d’importance dans la mesure où la banque centrale appartient à la collectivité (comme c’est le cas pour la Banque de France) puisque dans ce cas les intérêts reviendront à la collectivité, ce qui équivaut à prêter sans intérêt (je ne sais pas si je suis très clair dans cette explication ?)
Dans le cas de la BdF, celle ci paye des impôts sur ses bénéfices et redistribue ses bénéfices nets à ses actionnaires (en fait, son actionnaire : l’Etat)… c’est donc une opération blanche pour la collectivité.
J’ai bien compris que cela revenait au même. Si le taux d’intérêt est par exemple de 50% ce n’est pas grave si cela revient au final à l’Etat , si l’institution d’émission appartient bien sûr à ce même Etat.
Existe-t’il un pays dont la banque centrale fonctionne de cette façon ? La Chine? Le Vénézuela ?
Cela serait intéressant de savoir comment ils font et reprendre leur façon de faire si ça marche.
@Salva
Jusqu’en 1973, ce fut le cas en France et sans doute un des éléments ayant permis « les 30 glorieuses »
Pour les autres pays , je ne saurais répondre avec certitude à cette question. Néanmoins, je pense que les dirigeants chinois, lorsqu’ils ont besoin d’investissements publics, ne se posent pas la question de savoir à qui ils vont emprunter sur les marchés financiers et payer des intérêts, et il me semble quasi certain qu’ils font appel à leur banque centrale si leurs recettes fiscales sont insuffisantes.
Je défends depuis longtemps l’idée que les banques centrales doivent pouvoir financer directement les besoins financiers nécessaires aux investissements (la richesse collective du pays), mais que les besoins concernant le fonctionnement (salaires de l’administration, solidarité) et les amortissements (l’usure des choses) doivent être couverts par les recettes fiscales, pour un bon équilibre budgétaire.
Il peut évidement y avoir des coup de canifs à cette positions lorsque nécessaire (période de récession par exemple), mais qu’il faut néanmoins éviter que la création monétaire centrale à destination des collectivités publiques soit utilisée à des fins électoralistes.
Nous allons d’ailleurs bientôt lancer un nouveau site internet et un appel à soutien à la proposition suivante