Ce texte est un « article presslib’ » (*)
A la Noël 1990, je me trouvais pour la première fois en Californie, à l’invitation d’un professeur américain qui avait demandé à me rencontrer alors qu’il séjournait à Paris. Nous avions fraternisé et nous nous sommes mis à écrire ensemble des articles d’algèbre de la parenté. Le premier soir, nous dînerions avec l’un de leurs amis, un critique d’art. Alors que nous l’attendions, mon hôte me fit lire son article le plus récent. Il écrivait dans un style très sobre, et son enthousiasme pour une peintre qui exposait à cette époque à La Jolla en ressortait davantage.
Mes amis connaissaient également la peintre et me demandèrent un jour si je souhaitais la rencontrer. Je leur dis que oui, bien entendu. Nous nous marièrent quelques années plus tard et de notre union naquit une petite fille.
Alors que ma femme était enceinte, elle exposa dans une galerie de la rue Jacob. Nous discutions les termes et lorsque le marché fut conclu, le propriétaire de la galerie nous invita à déjeuner en nous annonçant une surprise. Arrivé au restaurant, il échangea quelques propos complices avec le maître d’hôtel. Une fois assis, il nous annonça, très satisfait : « La table de Serge et de Jane ! ».
Lorsque notre petite fille avait deux ans, l’appartement au-dessus de celui qui servait d’atelier à ma femme était à vendre. Nous apercevions de temps à autre dans le jardin des étrangers accompagnés de la concierge, allant visiter l’appartement. Un jour nous avons croisé une dame qui, posant un instant la main sur sa tête, dit : « Oh, la jolie petite fille ! ». Serge était mort depuis cinq ans, la dame, c’était Jane.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
Une réponse à “Serge Gainsbourg (1928 – 1991)”
Eh oui , la rencontre avec Serge sera toujours un souvenir à faire partager, ne serait ce que pour le faire revivre.
Mon petit témoignage , sur mon blog , pour avoir travaillé à plusieurs reprises avec lui, a lire sur http://www.ampaprod.fr