Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Allez, je me lance. J’ai beaucoup lu ces jours derniers et je n’ai pas fini de tout lire mais la formation des prix, c’est après tout mon fonds de commerce. Ce qui m’a déterminé à prendre le taureau par les cornes, c’est que les arguments avancés par ceux qui nient que les prix actuels des matières premières sont essentiellement spéculatifs, sont identiques à ceux qu’utilisèrent ceux qui niaient la bulle de l’immobilier résidentiel américain.
Alors allons-y ! J’ai intitulé ce billet Le prix des matières premières (I) parce qu’on est parti, comme avec notre débat sur la monnaie (qui ne connaît qu’une pause !), pour une longue série.
Quelques remarques pour commencer, et en vrac :
1. Le prix des matières premières non-renouvelables (pétrole) et le prix des matières premières renouvelables (céréales) sont deux affaires distinctes.
2. De multiples facteurs jouent dans la détermination du prix d’une matière première. Mettre en évidence des facteurs qui influent sur l’offre et la demande, n’exclut pas qu’un prix puisse être essentiellement spéculatif.
NB : Je dis qu’une matière première a un prix « spéculatif », si celui-ci est significativement supérieur à celui calculé de manière « additive », en faisant la somme du prix des composants (« fondamentaux »).
3. Le prix d’une matière première révèle – comme tout prix – le rapport de forces entre acheteurs et vendeurs. Y a-t-il dans ce rapport de forces une « bonne » composante, qui refléterait l’offre et la demande, et une « mauvaise » composante que l’on pourrait éliminer ? C’est la question que pose indirectement le projet de loi Stop Excessive Energy Speculation Act of 2008 déposé le 15 juillet devant le Sénat américain, qui introduit la notion de « spéculation excessive ».
4. Y a-t-il une raison quelconque qui justifie la présence sur le marché à terme d’une matière première d’intervenants qui n’ont aucune capacité effective à livrer la marchandise ou à en prendre livraison à maturité ? L’argument de « liquidité » ne tient à mon sens que s’il y a capacité effective à livrer ou à prendre livraison.
Bon, ce n’est – comme je l’ai dit -, qu’un début. Il va falloir examiner tout cela systématiquement mais le débat ouvert par « USA Hebdo » sur BMF, le 19 juillet est officiellement lancé !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
33 réponses à “Le prix des matières premières (I)”
Je me permettrai d’ajouter la question que je juge primaire et fondamentale: est-il honnête (ou simplement réaliste) de considérer qu’il n’existe qu’UN prix (mondial) pour une matière première ?
Bonjour M. Jorion,
Je lis régulièrement et j’apprécie vos chroniques qui sont bien souvent reprises sur ContreInfo.info.
Bravo également pour « l’implosion » que j’ai pris plaisir à lire malgré la somme assez importante de
chiffres …
Sur le sujet des matières premières agricoles, avant d’affirmer un peu rapidement que « Le prix des matières premières non-renouvelables (pétrole) et le prix des matières premières renouvelables (céréales) sont deux affaires distinctes. » je vous invite à lire « Nous mangeons du pétrole » (disponible par exemple ici : http://dlarchey.free.fr/eatingoil.pdf).
La révolution verte a consisté essentiellement à transformer l’agriculture en une gigantesque machine à transformer le pétrole et le gaz naturel en nourriture … alors la différence entre ces matières premières n’est peut-être pas si évidente que ça …
Ce n’est parce qu’il y a des liens industriels entre deux commodités que le prix de l’une dépend directement de l’autre.
+1 avec Paul Jorion sur “Le prix des matières premières non-renouvelables (pétrole) et le prix des matières premières renouvelables (céréales) sont deux affaires distinctes.” Les médias grand public ont trop tendance à se laisser intoxiquer par ceux qui leur proposent l’équation simpliste « céréales = bioéthanol = pétrole ».
Si le fonctionnement des marchés à terme étaient aussi simple, cela se saurait !
@ Dominique Larchey-Wendling
Excellente remarque : c’est le risque que l’on prend en prenant des raccourcis… pour lancer la discussion ! C’est pourquoi, j’ai immédiatement dressé un parallèle avec notre débat sur la monnaie. Dans ce cas-ci aussi, je ne suis pas là pour rapporter les conclusions auxquelles je suis parvenu sur un sujet que j’ai longuement étudié. Pour ce qui touche au prix des matières premières, je suis là pour apprendre !
A mon sens le prix est toujours spéculatif ! Dans la système de l’offre et de la demande l’offre est faite par une minorité et la demande par tout le monde. La minorité peut toujours s’entendre même implicitement. Il n’y a pas de groupe de consommateurs qui aujourd’hui serait capable d’acheter du pétrole par exemple. La finance est toujours spéculative : on n’évalue jamais un prix sur un état réel mais bien sur une valeur supposée dans un futur plus ou moins proche. Apparemment la crise du pétrole met en évidence cette spéculation où en effet l’addition des coûts ne représente pas le prix mais ce n’est plus vrai nulle part. Le prix est juste évaluer en terme d’offre et de demande et en effet la minorité d’offrant peut toujours simuler un manque pour valoriser son offre. Imaginons que l’on ait 100 tonnes de blé et que la demande soit de 100 tonnes, il vaut mieux ne vendre que 90 tonnes à 1,30 (total 117) que 100 à 1,00 (total 100) et c’est bien le principe de la finance qui joue sur un sentiment humain qui est la peur de manquer lui même intrinsèque puisqu’en effet on sait tous ce que pourrait être la famine pas en l’ayant vécu forcément mais notre corps en a la souvenir animal. Ce système peut aussi fonctionner à l’inverse en cas de surproduction mais là il suffit de l’exagérer. Croire que l’équilibre intervient quand il y a mise en relation de l’offre et de la demande est une erreur et la finance maintient un déséquilibre pour valoriser au mieux son offre qui donc reste toujours inaccessible à une minorité. La finance n’est pas une « entreprise » philanthropique très loin de là !
Quand j’étais à Paris j’étais surpris qu’il y ait des clochards et en fait « on » m’expliqua que leur rôle social était de montrer leur indigence le matin pour bien faire comprendre ce qui pouvait vous arriver si vous ne travailliez pas. C’est évidemment stupide, mais cela procède de la même méthode qui est de toujours exclure une partie des personnes pour valoriser quelque chose.
Plusieurs points sur lesquels il faudra des déterminations précises pour les rapports entre prix des hydrocarbures et certains produits agricoles :
_ influence des carburants dans les coûts des transports (camions, bateaux), dans les moyens mécanisés de production (tracteurs, moissonneuses, etc). Sachant qu’entre production, transport, il peut y avoir plusieurs phases de traitement et de transport de produits bruts agricoles avant d’arriver à des produits finis conditionnés et consommables achetable en magasin.
_ influence du pétrole et gaz dans l’utilisation d’engrais, pesticides.
Selon l’importance, la part de ces facteurs dans la production de certains produits agricoles, aliments, il doit y avoir un lien certain, un rapport liant l’augmentation des hydrocarbures et celle des produits agricoles. Reste à savoir si ces coûts sont oui ou non marginaux et si une forte augmentation de ces coûts entrainerait parallèlement une forte augmentation aussi du produit fini.
J’ignore qui a raison en ce qui concerne l’effet spéculatif sur le prix du pétrole. Mais entre la production et la livraison, si les spéculateurs jouent entre eux (certains gagnent ce que d’autres perdent), ils jouent sur le prix que l’acheteur final sera disposé à payer pour le pétrole physique qui n’a pas été acheté directement au producteur lors de contrats à terme. C’est donc bien, AMHA, la quantité disponible sur le marché open en rapport de la demande (les besoins du marché et son équilibre) qui détermine le prix final de ce marché.
Mais j’avoue que cet avis est uniquement une réflexion intellectuelle : je n’ai aucune expérience en la matière…
Il serait intéressant de connaitre le prix des contrats directs + transports des raffineurs aux producteurs de brut…
Stilgar dit : (certains gagnent ce que d’autres perdent), je dirai plutôt certains gagnent et d’autres gagnent ! En effet dans une tendance haussière, les échangent entre spéculateurs peuvent être gagnants à chaque coup ; ils prennent leur gain tour à tour, et la bulle gonfle !
Je ne sais plus qui disait que la spéculation n’affectait et ne représentait que 10% du prix de l’or noir, c’est beaucoup plus, des masses de capitaux se réfugient sur des valeurs plus sécurisantes que les actions ou l’immobilier en crise. Il faudrait jeter un coup d’oeil du côté des fameux hedge funds…
@ Karluss
Non.
Les seuls qui gagnent à tout coup sont ceux qui ne jouent pas, mais prennent des frais sur les opérations. Que le marché monte ou baisse, peu importe, ils font du chiffre, du chiffre, du chiffre. Voir les profits colossaux des banques pendant la montée de la bulle immobilière.
En réalité, spéculer est très difficile : Si beaucoup achètent, en effet le marché monte. Mais pour réaliser sa plus-value, et ben… il faut vendre, et oui ! Et… si beaucoup de ceux qui ont fait la hausse vendent, et ben ça baisse ! Vite ! Fort !
On peut donc vendre en-dessous de son prix d’achat. La majorité est perdante. Les fonds de pension, etc. Ceux qui vendent les premiers, avant la baisse, gagnent. Ils sont peu nombreux, logiquement, en pure arithmétique.
Spéculateur, quel rude métier ! Bref, ils foutent le bordel sur la planète, et en plus ils perdent. Il serait temps que les marchés à terme soient interdits a ceux qui n’ont rien à y faire. Point.
Bonjour,
Merci dans votre débat, d’inclure les publications et analyses de l’OPEP, signalant la spéculation sur le pétrole à cause du monopole de la distribution par les grandes compagnies en Occident avec le soutien des Etats.
La seule parade concrète est peut être :
Chavez plus que jamais à l’aide du “Tiers-Monde” US
A la fin 2005, le président du Venezuela Hugo Chavez avait entrepris, dans un geste à la fois habile et provocateur, et compatissant après tout, d’offrir du carburant, essentiellement du pétrole de chauffage, aux Américains pauvres qui le souhaiteraient. Certains Etats avaient accepté, d’autres avaient refusé ; l’Etat du New Hampshire, notamment, avait repoussé l’offre… On nomme le New Hampshire parce que cet Etat vient de changer d’avis et annonce, le 18 juillet, qu’il acceptera le pétrole de Chavez.
…………
Mis en ligne le 21 juillet 2008 à 12H06
http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=5288
Pardonnez cette question un peu naîve, mais comment peut-il y avoir spéculation sur un produit si :
– on ne peut pas le stocker indéfiniment
– il doit y avoit une livraison physique
Le principe pour faire monter les prix est de provoquer soit une rareté, soit une demande excédant l’offre. Si la production de pétrole est suffisante pour la consommation mondiale, et comme, même si j’achète des contrat futures il y aura une livraison à terme, le seul moyen de faire monter les prix serait de stocker du pétrol (e.g. le sortir du circuit) pour créer de la rareté. Vu les volumes en jeu, je ne vois pas comment c’est possible.
Donc, je vois bien la spéculation créer de la volatilité à court terme sur le pétrole et le blé, mais pas au delà de cycles de 4-6 mois.
+1 pour Alexander, le pétrole suit une courbe assez régulière depuis 2002, peu compatible avec l’idée que je me fais de la spéculation sur un produit consommé après avoir été extrait.
L’impact du prix du pétrole sur l’ensemble de l’économie engendre actuellement un ralentissement, et donc une baisse de la conso puis des cours pétroliers.
Un nouveau cycle de croissance économique démarre ensuite dans deux ans environ qui va générer à nouveau une hausse des prix pétroliers puis un nouveau ralentissement.
Ces mouvements cycliques, aparament économiques cachent en fait la réalité des fondamentaux, une hausse de la consommation mondiale et un plateau de production pétrolière qui plafonnent l’économie.
La demande par tête et la disponibilité énergétique font que ce phénomène n’est pas prêt de s’arreter…
PS A la re-lecture, mon commentaire parait très « j’ai tout compris, j’ai le modèle qui explique tout ». Bien entendu, il n’en est rien, et merci beaucoup à Paul Jorion, dont le regard d’anthropologue donne à tous ces phénomènes techniques la part humaine qui leur revient….
@ Karluss
Excusez-moi pour le ton un peu vif.
Quand je me relis, parfois je me dis : « Ouh la la, du calme ! Aah… mais que je suis maladroit ! »
…Et flute, c’est trop tard, c’est déjà envoyé !
J’en profite pour dire a quel point je trouve agréable le ton modéré, amical, chaleureux des échanges du Blog de Paul. Sur internet, c’est rare n’est-ce pas ? Et pour vous en remercier tous.
Amicalement.
Oui, la passion nous emporte 😉 , mais rien de grave, nous ne sommes pas au café du Commerce, quoique parfois, l’ambiance y soit aussi fort sympathique. Je prends le temps de revenir sur notre échange, et j’estime malgré tout, lors d’une phase haussière de longue durée, il est possible de revendre en réalisant une belle plus-value, et l’acheteur peut lui aussi réaliser une belle affaire et empocher à son tour un gain, il suffit de savoir prendre son bénéfice sans attendre un hypothétique plus haut ou risquer un retournement de tendance. Idem pour les ventes à découvert qui restent néanmoins plus dangereuses.
« le prix que l’acheteur final sera disposé à payer pour le pétrole physique »
@ A-J Holbecq
Ici à Dakar, le carburant augmente sans arrêt, l’acheteur final pauvre – et largement majoritaire – est tout à fait « indisposé » à payer mais paye quand même un montant à peu près constant de ses maigres ressources pour se déplacer.
Il diminue donc sa consommation physique et pour compenser ses besoins constants il marche une partie du trajet (j’en connais même un qui court 10 km par jour pour économiser) ou il saute des repas (qui contiennent aussi du pétrole semble-t-il…)
Donc dans le vocabulaire économique, la « demande » diminue, l’offre est constante et les prix augmentent
Difficile à expliquer aux pauvres…
@ Benoit et Karluss
Un extrait de mon Vers la crise du capitalisme américain ? (2007 : 215-216) :
@emmanuel
Je suis tout à fait d’accord avec vous.
Contrairement à d’autres intervenants, pas tous, je pense néanmoins que c’est la rareté physique (ou le coût d’extraction/raffinage, c’est pareil) qui continuera de pousser le pétrole à la hausse, et tout ce qui pourra être extrait sera vendu à un prix d’équilibre. Le problème est qu’à prix d’extraction constant, le pompage semble « au taquet »…
J’explique souvent à mes amis le point suivant (je me trompe peut être) : si vous diminuez votre consommation de pétrole (transport ou chauffage, par exemple), parce que vous êtes un « gentil », vous participerez avec des millions d’autres gentils à une détente entre l’offre (physiquement limitée) et la demande (qui sera globalement toujours insatisfaite)… ceci aura pour effet de faire baisser un peu le prix, et ceci permettra à un humain qui jusque là n’avait pas (plus) accès à cette énergie, d’en acheter un tant soit peu … faisant illico remonter les cours.
Pour ma part, je suis aussi d’accord avec Alexander et Thomas… un méchant spéculateur peut faire monter artificiellement les cours du spot, en « piègant » un autre spéculateur : mais à la sortie, quand tous les pétroliers sont pleins, il faut bien les vider… et il me semble que c’est le client (en passant par les divers intermédiaires) qui déterminera le prix maximum auquel il est prêt à payer, quitte, comme le raconte Emmanuel, à se priver sur d’autres besoins.
Il me semble, mais je puis évidemment me tromper, que le prix du baril (et de l’essence) sera toujours celui – maximum – que les consommateurs sont prêt à payer… « l’élasticité » qui fait onduler le prix me semble un élément important ( « les prix en hausse des 6 dernières années ont réduit la demande de plus de 5 millions de barils. » )
A propos des matières première « en général » … (d’après Science et Vie hors série N° 243 de Juin 2008. http://www.mondedurable.science-et-vie.com) sans que je puisse vérifier ces chiffres, évidemment !
Dates d’épuisement des richesses exploitables de notre planète au rythme actuel de consommation :
2021 : fin de l’argent
2025 : fin de l’or et du zinc
2028 : fin de l’étain
2030 : fin du plomb
2039 : fin du cuivre
2040 : fin de l’uranium
2048 : fin du nickel
2050 : fin du pétrole
2064 : fin du platine
2072 : fin du gaz naturel
2087 : fin du fer
2120 : fin du cobalt
2139 : fin de l’aluminium
2158 : fin du charbon
@ A-J Holbecq,
« 2021 : fin de l’argent
2025 : fin de l’or et du zinc
2028 : fin de l’étain
2030 : fin du plomb … »
Vous êtes économiste non ? Ou en tout cas, vous raisonnez comme tel. Pour le pétrole en particulier mais pour bien d’autres ressources (GN, uranium charbon …), ce ne sont pas les réserves qui déterminent les prix mais les capacités de production. Et c’est mieux ainsi … imaginez ce qui se passerait si du jour au lendemain, la production de pétrole cessait brutalement « en 2050 » … en un an vous auriez 4-5 milliards de morts de faim.
Or estimer les capacités de production en divisant naïvement les réserves par la consommation à venir (déterminée elle même par un taux de croissance pex) est absurde. Les ressources naturelles ne sont pas stockées comme l’essence l’est dans un réservoir de voiture. Elles ne sont pas toutes accessibles de la même manière, aux mêmes couts financier ou énergétique. Total envisage même de construire des centrales nucléaires pour exploiter les sables bitumineux canadiens ….
Ainsi, l’homme a tendance à exploiter d’abord les réserves les plus faciles d’accès (les pommes que l’on peut récolter au pied de l’arbre sans grimper sur une échelle) puis se tourne vers des réserves moins accessibles etc … avec un cout qui croit à chaque fois …
Lorsque nous cesserons d’exploiter le pétrole, il en restera encore énormément mais sous des formes tellement difficiles à exploiter (pas rentable énergétiquement, pollution massive, etc) que nous les laisserons où elles sont … Y. Cochet donne par exemple l’image de l’uranium ou de l’or … la plus grande mine du Monde se trouve dans les océans mais personne n’ira jamais chercher l’or ou l’uranium là car la densité y est si faible que le cout est prohibitif.
Ce qui détermine l’évolution de l’offre, c’est l’évolution des capacités de production, qui passent presque toujours par un maximum (Peak), maximum qui arrive bien avant la fin de l’exploitation de la ressource et qui est largement indifférent aux « évolutions technologiques ». Or c’est quand l’offre commence à stagner qu’une économie fondée sur l’INTERET s’écroule … En ce qui concerne le Peak Oil, c’est pour entre maintenant et 2015 selon un consensus assez large aujourd’hui.
J’aimerais rebondir sur l’extrait de M. Jorion.
Il me semble ici qu’on est dans une situation différente.
En effet, le cas d’un diamant (ou d’un bulbe de tulipe à la Renaissance) est clairement dans le registre de l’irrationnel. Si c’est justement CE diamant que je veux, même s’il y en a 10 autres similaires, l’établissement du prix se fera de gré à gré et la psychologie aura un grand rôle. Par contre, si ce que je veux est X barils de pétrole d’une certaine qualité, je me fiche totalement de quel super tanker cela me sera livré. Je suis dans le cas d’un produit non différencié. Le prix peut donc être établi par l’offre et la demande (avec variations dépendants des stocks, des contrats en cours, etc…).
Donc si on veut parler de l’établissement des prix des matières premières je pense que les paramètres à retenir sont :
Bon, je ne suis pas économiste, mais à nouveau, je pense que la spéculation peut augmenter la volatilité d’une matière première, mais pas le prix moyen.
Maintenant, sur quelle période doit-on calculer le prix moyen ?
Cela dépend du produit. Les éléments à prendre en compte sont :
Totalement intuitivement, il me semble que pour des produits miniers ou pétroliers, on peut faire des moyennes mobiles sur 2 ans. Pour les produits de l’agriculture, vu les périodes de stockage, plutôt une année.
@Dominique Larchey-Wendling
Je suis bien sur totalement d’accord avec vous… je me contentais de transmettre ici le résumé de « science et vie » : ils auraient sans doute du indiquer « à prix raisonnable », mais quel est-il ?
Dans d’autres interventions, j’ai bien signalé que le « peak oil » (ou autres pics) étient des pics de production.
Il restera toujours du pétrole ou n’importe quelle matière première. Néanmoins, il faut tenir compte de l’ EROEI (Energetic Return On Energetic Investment)
PS: je pense personnellement que nous avons passé dans l’absolu le peak oil l’an dernier, mais que nous nous trouvons plutôt sur un « plateau ondulé » qui peut durer plusieurs années : il n’y a pas de pic à proprement parler…
Infos en vrac :
Le courtier SemGroup en faillite, pertes massives sur le marché du pétrole
NEW YORK – Le courtier en énergie américain SemGroup s’est placé sous le régime de la loi sur les faillites, après avoir enregistré des pertes massives en spéculant sur le marché du pétrole, dont 2,4 milliards de dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
La société, basée à Tulsa, dans l’Oklahoma (centre des Etats-Unis), et qui emploie environ 2.000 personnes, s’est mise mardi sous la protection du « chapitre 11 », ce qui lui permet de présenter un plan de restructuration.
Mais selon l’agence de notation financière Fitch, qui a arrêté de noter le groupe et ses filiales, SemGroup « cherche des repreneurs pour ses actifs et ne devrait probablement pas échapper à la liquidation ».
……..
Référence
Chute de la consommation de carburants en France
Le mois dernier, la consommation d’essence et de gazole a reculé de 10%. La baisse ressort à 1,48% sur six mois.
En juin, la consommation de carburants s’est effondrée de 10% en France. Le recul est aussi « significatif » sur les six derniers mois, selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip) qui publie ces chiffres jeudi 24 juillet. Elle a reculé de 1,48% sur la période. « Ca fait très longtemps qu’on n’a pas eu une baisse de cet ordre », a précisé le président de l’Ufip, Jean-Louis Schilansky.
« Un effet prix »
……..
Référence
Le brut va-t-il enfin lâcher prise ?
Par Isabelle Mouilleseaux
Cela ne vous aura pas échappé, l’invincible pétrole a perdu un peu le pied. Va-t-on enfin pouvoir souffler ? Est-ce la fin de la hausse ? Doit-on se positionner à la baisse sur le brut ?
La demande d’essence recule aux Etats-Unis
Premier point important : le ministre de l’Energie américain a annoncé un repli de la demande d’essence aux Etats-Unis en juin. Pas étonnant, me répondrez-vous, vu le prix du baril et sachant que le consommateur américain est pris à la gorge…
Et comme si cela ne suffisait pas, MasterCard en rajoute une couche. Selon cette entreprise, la demande américaine d’essence aurait reculé de 5,5% en fin mai !
Alors certes, on peut argumenter… tous les Américains n’achètent pas leur essence avec une carte de crédit. Mais une chose est certaine : la demande est en train de baisser.
Pas grave, nous disent les haussiers
Jusqu’ici, les bulls avaient un argument choc : même si la demande américaine devait diminuer, la demande mondiale s’inscrit à la hausse car la demande asiatique est explosive et fait bien plus que compenser la baisse américaine.
Justement ! Parlons-en de la demande asiatique. Se pourrait-il qu’elle se mette à vaciller ?
L’Asie réduit ses subventions au carburant
Un véritable pavé dans la mare ! Les gouvernements indonésien, taïwanais et sri-lankais ont décidé de réduire les subventions sur l’essence. En clair, cela veut dire que le consommateur payera son carburant plus cher qu’avant, l’Etat réduisant sa prise en charge. L’Inde et la Malaisie pourraient à leur tour envisager de telles mesures.
Se pourrait-il que la demande des pays asiatiques recule au fur et à mesure que le prix du baril grimpe ? Jusqu’à maintenant, le marché était persuadé du contraire…
Référence
EU-OPEC ENERGY DIALOGUE :
Référence
La taxe russe sur les exportations de pétrole 25% plus chère
La Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole, va augmenter d’environ 25% sa taxe sur les exportations d’ »or noir » à compter du 1er août, ont annoncé mardi les autorités russes.
Cette taxe, actuellement de 398,1 dollars par tonne, passera ainsi à 495,9 dollars, selon un responsable du ministère des Finances, Alexandre Sakovitch.
Parallèlement, la Russie a réduit de 5,3%, à 103,3 millions de tonnes, ses exportations de pétrole sur la période janvier-mai 2008 par rapport aux cinq premiers mois de 2007.
Un phénomène qui s’explique par la baisse des quantités d’ »or noir » extraites dans le pays et par l’augmentation du volume de pétrole destiné à être raffiné en Russie-même.
01/07/08 11h36
Référence
http://www.usinenouvelle.com/article/energie-prix-du-petrole-les-speculateurs-sont-innocents.143687
» Prix du pétrole : les spéculateurs sont innocents
24/07/2008
Alors que le Senat américain votait à l’unanimité (94 contre 0) l’ouverture d’un débat sur une loi destinée à limiter l’influence de la spéculation sur le marché pétrolier, La Task-force mise en place par le gouvernement rendait des conclusions innocentant les spéculateurs.
Pour apaiser les remous créés par l’envol des cours du baril et des autres produits énergétiques, le gouvernement américain avait eu recours à la classique création d’une commission ad hoc, en l’occurrence un organisme inter-agences sur les marchés de commodités, l’US Interagency Task Force (ITF) on Commodity Markets. Personne ne semble avoir été oublié puisque l’ITF, présidé par le régulateur des bourses de commerce la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), comprend également des représentants des ministères – Agriculture, Energie et Trésor -, de la Fed (la banque centrale), de l’agence en charge de la protection des consommateurs (la Federal Trade Commission,FTC) et du gendarme des bourses d’action (Securities and Exchange Commission, SEC).
La Chine et l’Inde
Rendu public mardi soir, le rapport préliminaire de la Task-force reprend sans surprise les thèses défendues par la CFTC en affirmant qu’elle « ne reprend pas à son compte l’hypothèse selon laquelle l’activité spéculatrice ait été systématiquement à l’origine des hausses de prix ». Ce sont les fondamentaux, c’est-à-dire le développement accéléré de l’économie mondiale et en particulier de la Chine et de l’Inde, qui ont provoqué l’augmentation substantielle de la demande de pétrole. Du côté de l’offre, « la réponse a été lente, aggravée par des déficits de la production associés aux troubles géopolitiques dans les pays aux réserves les plus riches ». « Compte tenu également de l’extrême difficulté de remplacer le pétrole par des produits de substitution, des augmentations très importantes des prix sont intervenues pour rééquilibrer l’offre et la demande », explique le rapport.
Oil prices have risen despite net flows of
money out of commodity indices since early 2007
Dans son rapport l’ITF constate l’arrivée massive des investisseurs sur les marchés à terme de l’énergie en raison des profits substantiels dont ils pouvaient bénéficier sur ces marchés. Toutefois, les swaps dealers, les intermédiaires qui offrent aux investisseurs un retour lié aux marchés de commodités, ont été au cours des 12 derniers mois, autant à l’achat qu’à la vente sur les futures liés au pétrole brut. Ils étaient même à la baisse lors des 5 premiers mois de l’année. « La plupart des courtiers spéculateurs ont classiquement modifié leurs positions suite à des changements des cours » ce qui doit plutôt être interprété comme une marque d’efficience du marché.
Pas de manipulation des cours
Ces conclusions ne surprennent guère Kevin Norrish de Barclays Research qui a calculé que depuis le début de 2007 pas moins de 6 milliards de dollars sont sortis des fonds indiciels de commodités et qu’au cours du 2e trimestre 2008 les sommes investies sur ces fonds sont restées étales. Le rapport reprend les conclusions de précédentes études de la CFTC selon lesquelles les spéculateurs se comportent en suivistes par rapport à l’évolution des cours : ils achètent lorsque les prix montent et vendent lorsque les prix baissent. Difficile dans ces conditions de les accuser de manipuler les cours !
Contrairement à ce qu’affirment les politiques ou les médias l’activité spéculatrice des fonds indiciels ou des hedge funds a été utile pour limiter la volatilité des cours provoquée par les chocs successifs qui frappent l’industrie pétrolière, estime la Task-force. Sans cette activité spéculative les cours du pétrole ne seraient pas plus bas et pourraient être encore plus volatils, conclut le rapport.
Daniel Krajka «
Il serait en plus absolument nécessaire de connaitre la part du pétrole brut vendu sur les marchés spots… la plupart des contrats ne sont-ils pas passés directement entre les raffineurs et les producteurs ???
Vous me coupez l’herbe sous le pied, je comptais justement utiliser l’exemple de l’histoire des deux bijoutiers… pour arriver à d’autres conclusions.
En effet, dans l’histoire, il y a un acheteur Samuel, qui accepte de payer 32.000. C’est donc que les deux bijoutiers sous-estimaient la valeur de cette pierre. Même si cette valeur est subjective, c’est-à-dire le prix que Samuel accepte de payer. Les deux bijoutiers n’ont fait qu’anticiper le prix de la pierre.
Dans le cas du pétrole si la spéculation monte à 150 USD, cela veut dire qu’à ce prix là, il y aura des acheteurs.
Alors, deux possibilités, soit les spéculateurs stockent d’immenses quantités de pétrole pour diminuer l’offre, et alors ils manipulent vraiment le marché, soit ils anticipent avec raison le prix futur (ce qui est l’art de la spéculation).
Je doute que l’on puisse stocker des centaines de millions de baril de pétrole sans que cela se sache.
De mémoire la seule spéculation qui a vraiment influencé les prix à long terme, c’est l’aventure des frères Hunt. Ils possédaient près de la moitié des stocks d’argent et donc pouvaient manipuler les prix comme ils le voulaient.
Je crois simplement que la situation est très différente et que le prix du pétrole est maniplulé de quelques pourcents, même si « quelques » peuvent signifier 20 ou 25 %.
Un autre cas qui me revient et que je trouvais (assez) didactique
Le fil « Le sucre »
Le film commence dans une usine ou les directeur se lamentent car la production du sucre est supérieure aux attentes. Comme il y aura trop de sucre, il faudra le brader et comme l’explique Jean Baptiste Auxietre un peu plus haut, ils risquent de perdre de l’argent.
Un des directeurs, déclare alors « Messieurs, il n’y a plus de sucre ».
Et ils vont manipuler le marché, faisant croire qu’il manquera de sucre.
Mais là aussi, à un moment, la bulle éclate.
Car n’est-ce pas le propre de toute spéculation, autre qu’une prévision juste des prix futurs, de former une bulle qui éclate tôt ou tard ?
Militant (et parfois mandataire) écologiste depuis 30 ans, je ne m’intéresse à la finance et à ses spéculations que depuis que j’ai réalisé qu’elle freinait parfois et accélérait parfois des évolutions de prix prévues par les données accumulées par les écologues et avait donc un grand impact sur le combat écologiste. J’ai parcouru beaucoup de sites (dont deux référencés par Vladimir) mais celui-ci est celui que je préfère (normal peut-être : Paul J. est sorti de la même université du Libre-examen que moi… 😉 .
Je suis donc de ceux qui pensent que la finance mondialisée est un parasite qui amplifie les évolutions mais ne les crée pas. Pas de grand complot mais du suivisme moutonnier qui s’accroche à quelques leaders plus malins que les autres.
Pour ce qui est du pétrole, les études détaillée de l’ASPO (Association for Study of Peak Oil) m’ont convaincu depuis longtemps et les faits leur donnent apparement raison. Le « plateau ondulant » de la consommation prévu par leurs chercheurs semble bien atteint depuis un an ou deux mais la valse des prix accentuée par les phénomènes spéculatifs rend la période particulièrement cahotique.
Je me délecte des échanges généralement très courtois et particulièrement informés et argumentés de ce blog et pense que les experts en finance qui dialoguent ici auraient tout intérêt à créer des liens avec les écologistes politiques, du moins si leur motivation est également de changer le cours débile d’un monde qui pourrait être bien meilleur avec moins d’égoïsme mercantile. C’est fort heureusment ce que je lis à travers la plupart des propos). Encore merci pour vos lumières croisées.
Mon professeur de finances internationales pour répondre à ce qu’est la crise du subprime nous répondait à peu près la même histoire que les diamants. C’est une caisse de sardine récupérée. Elle vaut 100, mais est introduite à 50, et passe d’acheteurs en acheterus prenant chacun une marge de 10 jusqu’au consommateur final qui l’achète à 98
Les sardines sont pourries.
J’ai utilisé une comparaison moderne avec un camarde il y a peu, c’est comme un tournoi de poker ou l’on se rendrait compte sur la table final que la somme d’argent cumulé par tous les participants contient des faux billets.
Le poker et les sardines concerne un environnement réduit et consentant.
La finance internationale a atteint des niveaux incroyables et influe sur beaucoup trop de variables sur la vie des autres humains à qui on n’a jamais demandé l’avis.
l’ivresse des chiffres par l’alcool
Bioéthanol – ce qu’il coûte et ce qu’il donne
Il faut un peu plus d’un litre d’équivalent pétrole pour produire un litre de bioéthanol.
Ces chiffres s’entendent depuis les labours jusqu’à la dernière distillation.
Il faut un 1,600 litre d’éthanol pour fournir la même quantité d’énergie qu’un litre d’équivalent pétrole.
Où est la bonne affaire ?
Ce n’est pas parce que le monde entier déraisonne qu’on doit refuser tout effort de réflexion, quelle que soit la position sociale ou politique.