Le prix des matières premières (I)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Allez, je me lance. J’ai beaucoup lu ces jours derniers et je n’ai pas fini de tout lire mais la formation des prix, c’est après tout mon fonds de commerce. Ce qui m’a déterminé à prendre le taureau par les cornes, c’est que les arguments avancés par ceux qui nient que les prix actuels des matières premières sont essentiellement spéculatifs, sont identiques à ceux qu’utilisèrent ceux qui niaient la bulle de l’immobilier résidentiel américain.

Alors allons-y ! J’ai intitulé ce billet Le prix des matières premières (I) parce qu’on est parti, comme avec notre débat sur la monnaie (qui ne connaît qu’une pause !), pour une longue série.

Quelques remarques pour commencer, et en vrac :

1. Le prix des matières premières non-renouvelables (pétrole) et le prix des matières premières renouvelables (céréales) sont deux affaires distinctes.

2. De multiples facteurs jouent dans la détermination du prix d’une matière première. Mettre en évidence des facteurs qui influent sur l’offre et la demande, n’exclut pas qu’un prix puisse être essentiellement spéculatif.

NB : Je dis qu’une matière première a un prix « spéculatif », si celui-ci est significativement supérieur à celui calculé de manière « additive », en faisant la somme du prix des composants (« fondamentaux »).

3. Le prix d’une matière première révèle – comme tout prix – le rapport de forces entre acheteurs et vendeurs. Y a-t-il dans ce rapport de forces une « bonne » composante, qui refléterait l’offre et la demande, et une « mauvaise » composante que l’on pourrait éliminer ? C’est la question que pose indirectement le projet de loi Stop Excessive Energy Speculation Act of 2008 déposé le 15 juillet devant le Sénat américain, qui introduit la notion de « spéculation excessive ».

4. Y a-t-il une raison quelconque qui justifie la présence sur le marché à terme d’une matière première d’intervenants qui n’ont aucune capacité effective à livrer la marchandise ou à en prendre livraison à maturité ? L’argument de « liquidité » ne tient à mon sens que s’il y a capacité effective à livrer ou à prendre livraison.

Bon, ce n’est – comme je l’ai dit -, qu’un début. Il va falloir examiner tout cela systématiquement mais le débat ouvert par « USA Hebdo » sur BMF, le 19 juillet est officiellement lancé !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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33 réponses à “Le prix des matières premières (I)”

  1. Avatar de Boutteçon Mathieu
    Boutteçon Mathieu

    Je tenais à préciser une chose et merci de la qualité des intervenants.

    Quand on spécule sur du pétrole, de l’or, de l’argent, du blé, de la viande, du café on achète sur une plateforme électronique un contrat future (ou ou plusieurs) à échéance 3/6/9 mois…

    Si on prend possession d’un contrat fut gold de 100 OZ (820 $ * 100 oz prix de l’or * quantité d’once achetée) on débourse 82000 $ mais votre courtier n’envoie jamais un recommandé chez vous avec les 100 OZ ds une enveloppe…On achète 100 OZ mais on a aucune envie de les recevoir on veut juste les revendre plus cheres que lors de l’achat…
    Sur les marchés à terme quasiment personne ne demande la livraison sauf exception CAD celui qui en a besoin pour son travail, le reste du temps ça reste du papier electronique tout simplement…

    Il me semble que pour 1 baril réel on a 100 baril virtuel…

    Cordialement.

    Personne ne me demandra de livrer mes 100 Oz puisque je vais les revendre à quelqu’un avant l’échéance…

  2. […] une semaine à dénouer la question épineuse de la spéculation sur les matières premières : Le prix des matières premières, Le prix du pétrole. Le prix des matières premières (II), L’entourloupe. Le prix des matières […]

  3. Avatar de Antoine
    Antoine

    J’ai lu avec interet vos commentaires a la lumiere de la crise financiere.

    La conclusion evidente lorsque l’on observe le cours du petrole, du cuivre… C’est que la part speculative discutee precedemment est indiscutable.
    Meme si certaines valeurs tel l’or profite de la recherche de placement sur.

    Un esprit contradictoire arguerait que cette baisse des matieres premieres est la resultante d’une baisse de la production mondiale, et donc de la demande. Toutefois, la baisse constatee precede clairement toute baisse de production. Et c’est bien sur des perspectives economiques plutot que sur une demande reel que reposait cette periode speculative.

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