Tournez manège !

Examinée dans une perspective historique, la finance présente une alternance de périodes d’une dizaine d’années au moins durant lesquelles elle fonctionne de manière relativement harmonieuse, suivie de périodes de cinq ans au plus au cours desquelles elle est en crise.

Cette observation a conduit à formuler une hypothèse, que j’appellerai « optimiste », selon laquelle le comportement de la finance est de nature cyclique, présentant une alternance « naturelle » de périodes favorables et de périodes défavorables, et qu’il n’y a du coup aucune raison de s’inquiéter outre mesure durant les périodes de crise – telle celle que nous traversons aujourd’hui – sachant qu’elles seront nécessairement suivies de périodes qui seront, elles, à nouveau fastes.

Une interprétation diamétralement opposée, ce que j’appellerai l’« hypothèse pessimiste », tient au contraire que les crises contiennent en germe la destruction ultime du système qui préside à la finance : le système « capitaliste », et chaque crise force alors à s’interroger sur sa gravité spécifique et à se poser en particulier la question de savoir si elle constitue ce qui sera sa dernière manifestation : celle qui verra le système capitaliste s’écrouler une fois pour toutes.

Une question annexe, dans le cadre de l’hypothèse « optimiste », porte sur l’alternance « naturelle » de périodes favorables et de périodes défavorables et sur le mécanisme dit « auto-régulateur » qui présiderait à cette alternance. La fin des crises financières est en général caractérisée par des interventions musclées de l’état dans le fonctionnement de la finance, sous la double forme de réglementations dirigistes infléchissant son comportement spontané, et d’injections massives de capitaux ponctionnés sur les fonds publics collectés par l’impôt.

Ces apports de fonds accompagnant les sauvetages du système financier orchestrés par l’état et destinés à tirer d’affaire des investisseurs privés, ont conduit à qualifier ces opérations de « privatisation des profits ; socialisation des pertes » et la question qui se pose alors est celle de comprendre si ces interventions étatiques en situation de crise apportent ou non un démenti au caractère « auto-régulateur » de l’alternance de périodes favorables et de périodes défavorables constatées dans l’histoire de la finance.

Si les interventions de l’état font en effet partie de l’auto-régulation attendue, il faut pourvoir justifier la « privatisation des profits ; socialisation des pertes » observée. S’il est dit de celle–ci qu’elle est au contraire étrangère au mécanisme d’auto-régulation, il faut envisager que l’« hypothèse pessimiste » aurait été confirmée si l’état s’était abstenu. Or celui-ci – à l’instar de la cavalerie – intervient toujours in extremis, conduisant à un match nul entre les deux hypothèses et faisant en sorte qu’il sera apparemment à jamais impossible de les départager.

Les partisans de l’hypothèse optimiste auront toujours beau jeu de dire que l’intervention massive de l’état n’était en réalité nullement indispensable : que le rééquilibrage « naturel » était en bonne voie et que la « privatisation des profits ; socialisation des pertes » relève de sa seule responsabilité, n’ayant jamais été réellement justifiée. Les partisans de l’hypothèse pessimiste maintiendront mordicus qu’en l’absence de l’intervention de l’état et de la « privatisation des profits ; socialisation des pertes », le système se serait tout bonnement effondré – sans pouvoir bien entendu apporter la moindre preuve de leur allégation – ce qui permettra que l’on reparte pour un tour…

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20 réponses à “Tournez manège !”

  1. Avatar de TL
    TL

    (En passant : l’argent public ne vient pas que de l’impôt, il y a aussi la dette. Et qui dit dette, dit fonte réelle possible par l’inflation (hausse des prix) ou rachat par la banque centrale.)

    Il y a un côté pierre-ciseau-papier dans le tryptique Libéralisme-Marxisme-Keynésianisme. Les libéraux orthodoxes veulent laisser faire le marché. Ils pensent que c’est bon. Mais les marxistes sont sûrs de la nocivité potentielle du système, et leurs prédictions se réalisent… si l’état n’intervient pas, ce qui découle (pour faire simple) du corpus keynésien. Marx bat les libéraux sur leur propre terrain (l’autorégulation « pure » du marché), mais Keynes contrecarre Marx en sauvant le système. Furieux de l’intervention, les libéraux orthodoxes s’évertuent à discréditer Keynes en permanence, sans se soucier de savoir s’il n’a pas sauvé leur terrain de jeu de son auto-destruction. Et parallèlement, les marxistes en veulent à Keynes d’avoir sauvé le système. C’est réducteur, mais mnémotechnique.

    Si les interventions de l’état font en effet partie de l’auto-régulation attendue, il faut pourvoir justifier la « privatisation des profits ; socialisation des pertes » observée.

    Tout est dit. Dommage que Polanyi ne puisse pas lire ça.

  2. Avatar de Bernard
    Bernard

    Examinée dans une perspective historique, la finance présente une alternance de périodes d’une dizaine d’années au moins durant lesquelles elle fonctionne de manière relativement harmonieuse, suivie de périodes de cinq ans au plus au cours desquelles elle est en crise.

    Cette projection historique de l’actualité récente me semble relever de la technique de l’interprétation des taches d’encre !

    Et trouver de l’harmonie là dedans !

    Par ailleurs, plus loin dans le texte, je conteste le terme d’ »investisseurs » dont s’affublent les financiers actuels.

    La vision historique, c’est la logique interne du capitalisme, qui a été donnée depuis longtemps déjà par de grands penseurs, j’ai toujours une préférence pour H. Arendt sur ce point.

    Elle s’est toujours vérifiée jusqu’à présent.

    Mais il est bien certain qu’elle ne peut aller jusqu’à son terme, puisqu’elle est au fond une logique de prédation dans un contexte de stabilité politique.

    Or on voit bien que ce contexte est à ses limites.

    Son élément majeur, la croissance de l’économie réelle portée quasi uniquement par le pétrole, est maintenant un processus en train de s’inverser. Et c’est toute la différence avec les crises antérieurs !!!

    Les déséquilibres que cette croissance a induit les populations :

    – à croître dans un contexte où le pétrole et l’exploitation irréversible de la terre cultivable permettait de nourrir tout le monde

    – celles des pays développés (que Howard Kunstler appelle justement les « cornucopians ») à un doux irréalisme, orchestré par les agences de notation et des experts, qui les conduit encore à penser que leur mode de vie sera préservé.

    – celles de tous les pays mais en particulier des pays pauvres à avoir abandonné la majorité de leur savoir agricole et par là leur capacité de subsistance.

    Le servo-mécanisme terrien lui même est lancé dans une évolution rapide dont on sait seulement que ça va chauffer, et que si on passe au charbon, ce qui est la logique naturelle des financiers aux commandes, ça va brûler !

    Alors, la vision historique de la finance, franchement on s’en tape un peu !

  3. Avatar de guillaume
    guillaume

    A TL:

    L’argent de l’État ne vient pas QUE des impôts (cotisations sociales, imposition sur les revenus…), il peut aussi dégager des revenus par des privatisations ou de cessions d’actifs, enfin il peut comme toute entreprise se faire faire un petit crédit par les marchés financiers mais sur 20 ans ça lui coutera le double du capital emprunté…

    « qui dit dette, dit fonte réelle possible par l’inflation (hausse des prix) ou rachat par la banque centrale »

    La banque centrale ne rachète rien, ne prête rien à l’État… donc en réalité qui dit dette de l’État, dit… réduction de l’action de l’État.

    De même si l’on comprend l’inflation comme la conséquence de l’accroissement de la masse monétaire (qui peut se traduire effectivement par une hausse des prix si les salaires n’augmentent pas en proportion), l’Etat peut comme tout les emprunteurs profiter de l’inflation qui amoindrit le poids des remboursements. Cela dit cela ne se fait pas sans problèmes en contrepartie… les US peuvent nous en parler, c’est le moment de leur poser la question…

    Quoi qui l’en soit, dans le système actuel l’Etat est relativement impuissant vis-à-vis de l’inflation, dans les lois et dans la pratique.

  4. Avatar de TL
    TL

    @ guillaume,

    Autant pour moi, l’Etat peut aussi revendre des actifs. Mais cela ne constitue guère une source pérenne de financement, à moins que la valeur de ses actifs n’augmente exponentiellement et qu’il ne s’en dessaisisse que progressivement.

    « mais sur 20 ans ça lui coutera le double du capital emprunté… » : en nominal oui, en réel beaucoup moins.

    « La banque centrale ne rachète rien, ne prête rien à l’État… donc en réalité qui dit dette de l’État, dit… réduction de l’action de l’État. » : je suis à la fois d’accord et en désaccord.

    D’accord, car conformément à l’article 104 de Maastricht, les banques centrales nationales européennes et la BCE n’ont pas le droit de refinancer le Trésor.

    Mais elles prêtent aux banques commerciales, qui elles ont le droit de prêter aux Etats… c’est de l’intermédiation inutile, et un parasitisme institutionnalisé.

    Depuis 1973 (dernier refinancement en date du Trésor par la Banque de France), on s’est lié les mains, mais j’ose espérer que nous sortirons un jour de cet aveuglement.

    « De même si l’on comprend l’inflation comme la conséquence de l’accroissement de la masse monétaire » : alors là, vous me permettrez de vivement objecter. Je ne crois pas du tout en l’origine monétaire de l’inflation, n’en déplaise à Milton Friedman et aux économistes rompus au consensus mou de la théorie quantitative de la monnaie (TQM). A l’instar d’Albert Aftalion, je pense que ce sont les prix qui influent sur la quantité de monnaie, d’où la corrélation entre les séries statistiques des agrégats monétaires et des indices de prix.

    Ce sont les entreprises qui fixent, avec plus ou moins de contraintes (coûts, concurrence, lois parfois…) les prix, et pas les employés de la banque centrale. C’est un fait. Après, quand quelque chose coûte plus cher, il faut venir avec plus d’argent, c’est aussi simple que ça.

    Cette croyance funeste en la TQM est à l’origine de l’immobilisme auto-infligé des gouvernements en matière de politique économique, qui n’a rien produit d’extraordinaire, car au lieu d’inciter les gens à se remettre en question pour réduire les coûts, il les transforme en martyrs.

  5. Avatar de guillaume
    guillaume

    @ TL

    conformément à l’article 104 de Maastricht, les banques centrales nationales européennes et la BCE n’ont pas le droit de refinancer le Trésor. (…) Depuis 1973 (dernier refinancement en date du Trésor par la Banque de France), on s’est lié les mains, mais j’ose espérer que nous sortirons un jour de cet aveuglement.

    D’accord.

    Mais elles prêtent aux banques commerciales, qui elles ont le droit de prêter aux Etats

    Pas d’accord :

    – La BCE ne « prête » pas aux banques commerciales (elle financent en monnaie centrale contre des actifs gagés)

    – Les banques commerciales peuvent effectivement prêter aux Etats mais SANS conditions préférentielles (taux d’intérêts), depuis l’article 104.x également.

    Cette différence (l’intérêt demandé sur le crédit de l’Etat) est récente (loi 3/01/73 effectivement) mais entraine comme corrélation l’endettement de l’Etat. D’autant plus que cet intérêt est perçu par des acteurs privés, la titrisation (émission d’obligations par exemple) du crédit les Etats est la première source du développement des marchés financiers…

    l’Etat peut aussi revendre des actifs. Mais cela ne constitue guère une source pérenne de financement

    D’accord, mais pas pour les mêmes raisons : il vend ses actifs car pour respecter le pacte de stabilité européen il n’a pas d’autres choix (privatisation, ventes d’actifs…) car ses recettes sont insuffisantes… d’où mon: « réduction de l’action de l’État » (qui sous-entend de manière indirecte un affaiblissement progressif des organes représentatifs de la démocratie).

    Sur le sujet de l’inflation je suis d’accord que tout est discutable. Votre point de vue me semble toutefois plus vrai dans un système économique qui était celui du début du siècle que dans l’actuel.

    Cordialement

  6. Avatar de Bizz
    Bizz

    L’argent public ne vient pas que de l’impôt mais aussi de la revente d’actifs que l’Etat a constitués grâce aux impôts…

  7. Avatar de leduc
    leduc

    L’état est le dernier garde-fou lorsque les marchés perdent la raison. Si on laissait le marché faire ce qu’il lui plait on courrait droit à notre perte c’est évident. L’état a quand même un rôle intermédiaire, un devoir de régulation sur les différents acteurs économiques lorsque ceux ci mettent tout le système en péril par leurs intérêts individuels. Un rôle peu flatteur certes que de régler les excès du marché avec cette pratique de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes.

    Malheureusement j’ai l’impression qu’à la fin ce sont toujours les mêmes qui en profitent. Le pouvoir politique a trop de collusion avec le pouvoir économique et sert trop leurs intérêts, en fait ils ont besoin l’un de l’autre, c’est pour cela que le capitalisme triomphe partout que ce soit dans des pays démocratiques ou non ; le pouvoir en place ne peut se maintenir que s’il a les faveurs des acteurs économiques. L’état fait dans le socio-économique, mais il perd de plus en plus son rôle d’acteur social. Mais il en a toujours été ainsi, les riches sont faits pour être plus riches, et les pauvres pour être plus pauvres. Les profits des capitalistes, actionnaires, augmentent, tandis que le pouvoir d’achat des classes pauvres stagne ou diminue : constitution de gigantesques réservoirs de richesses comme des barrages qui retiennent tout en amont, de l’eau stagnante. En aval il y a des terres dévastées et arides qui manquent cruellement de liquidités, rien ne circule ou presque et sur le peu qui circule il y a évaporation, condensation, pluie et rétention dans les barrages des riches. Si on écoutait le marché, il n’y aurait plus que quelques oasis de richesses éparpillés dans un désert aride et sec de pauvreté.

  8. Avatar de TL
    TL

    @ guillaume

    Merci de la précision. Je pensais naïvement que certaines procédures n’avaient pas besoin d’être « collatéralisées ».

    La BCE n’est donc qu’un gros prêteur sur gage financier. Dans ce cas, OK, la BCE ne prête pas au sens simple du terme.

    Le pacte de stabilité et de croissance est une honte. Un véritable scandale. L’indépendance de la Banque Centrale ne pose aucun problème à côté de cet odieux dispositif.

    Au niveau de l’inflation, il y a déjà une ambigüité qui vient du fait que ce terme désignait (au début du XX°) à la fois augmentation de la masse monétaire, et hausse des prix, les deux étant implicitement assimilées. Tout ce que je veux dire, c’est que l’équation PT = MV devrait plutôt être lue M = PT/V, la monnaie étant PASSIVEMENT DETERMINEE par le volume des échanges et le niveau des prix (actifs financiers inclus). Je pense que c’était le cas, que c’est le cas, que ce sera toujours le cas.

    Maintenant, lorsque comme en 1929 des dispositifs type étalon-or empêchent la masse monétaire de suivre les besoins de l’économie, il y a un problème artificiellement créé par la bêtise humaine, qui aboutit à casser les prix pour vendre, puisque les faillites bancaires ont ruiné les épargnants et considérablement érôdé la richesse nationale. Dans ce genre de cas exceptionnel, c’est la monnaie qui agit sur les prix, par un canal peu souhaitable.

    Par contre, je ne comprends pas une phrase de votre précédente intervention sur l’accroissement de la masse monétaire « qui peut se traduire effectivement par une hausse des prix si les salaires n’augmentent pas en proportion ».

    Cordialement

  9. Avatar de guillaume
    guillaume

    @ TL

    Par contre, je ne comprends une phrase de votre précédente intervention sur l’accroissement de la masse monétaire “qui peut se traduire effectivement par une hausse des prix si les salaires n’augmentent pas en proportion”.

    Ce que je veux dire c’est que lorsque la masse monétaire augmente de manière disproportionnée par rapport à la création de richesses réelles, les prix de l’offre augmentent forcément, on peut se trouver alors dans deux cas de figures :

    – les salaires augmentent en proportion des prix, le pouvoir d’achat est conservé mais la monnaie perd de la valeur d’où un risque de tendance au renforcement de perte de la valeur intrinsèque de la devise

    – les salaires n’augmentent pas donc la devise perd moins de valeur mais le pouvoir d’achat baisse.

    Ce n’est que mon avis…

    Cordialement

  10. Avatar de A-J Holbecq (Stilgar)

    @TL

    Oui, c’est bien dit, la BCE et les banques commerciale sont chacune des « prêteurs sur gage », mais juste une précision pour les lecteurs de ce blog : la BCE ne prête pas aux banques commerciales la monnaie que celles-ci iraient ensuite prêter aux ménages, aux entreprises et aux Etats : ce n’est pas la même monnaie. Cette monnaie que prêtent les banques commerciales aux différents acteurs de l’économie provient toujours « à l’origine » (y compris lorsqu’elles prêtent une épargne préalable de déposants) de crédits qu’elles ont fournis, en créant cette monnaie, sur garantie d’un gage (hypothèque, reconnaissance de dette, assurance, nantissement, caution, etc).

    Sommes-nous d’accord ?

  11. Avatar de Jean Jégu

    @ A-J Holbecq ( Stilgar )

    Sommes-nous d’accord ?

    Pour ce qui me concerne : OUI.

    J.J.

  12. Avatar de guillaume
    guillaume

    @ Paul, Jean Jégu et AJH entre autres,

    Dites-moi si je dis des bétises…
    merci par avance

    PS : je suis d’accord avec la précision importante apporté par AJH

    Bien à vous tous

  13. Avatar de JA
    JA

    @ Guillaume

    Un regard, même furtif, sur les agrégats monétaires de la BCE, la progression des prix, la stagnation des salaires et le niveau de l’Euro par rapport au dollar suffit pour confirmer vos propos.

    Ajoutez à cela l’explosion historique de l’Euribor le 6 juin, au lendemain de l’annonce par la BCE de la remontée des taux « probable » (et donc certaine, puisque Trichet ne s’aventure jamais verbalement sur ce terrain, d’habitude on a droit au couplet sur « les risques d’inflation de la zone euro »), et nous avons un tableau assez complet de ce qui nous attend dans les mois qui viennent.

    Quelqu’un a-t-il vu la dérouilleée de Fortis hier : -18,89 % en une journée ??? 5,3 milliards d’€ de capitalisation aux oubliettes…

  14. Avatar de guillaume
    guillaume

    Il est vrai que ces temps-ci les économistes, analystes -très présents dans les médias- qui il y a peu parlaient d’un risque de crise économique potentiellement important, sont aujourd’hui moins optimistes…

    Certains commencent à évoquer une « conjoncture » un peu dangereuse …

    C’est sur que l’actuelle crise bancaire, financière, monétaire, bientôt économique, crise alimentaire, crise énérgétique, à rajouter aux instabilités politiques grandissantes dans de nombreux pays (Afrique, Asie, Amérique latine) c’est pas garant de lendemains qui chantent… si on rajoute à cela les craintes liés à l’Iran (ouverture pour la 3eme guerre mondiale si ça dérape) et les « dérèglements climatiques », ben c’est carrément la déprime.

    Par exemple Bernard Maris (que j’aime bien), il y a peu il disait que la situation devait finir par se stabiliser en attendant la grosse crise qui selon lui arriverait un jours ou l’autre; Faut croire qu’il pense qu’on y est… extrait de son blog :

    mon livre sur le « Capitalisme et la pulsion de mort » avance. Enfin… J’ai complètement changé le plan qui devient : ch 1 : Keynes et la pulsion de mort ; 2 Freud et la pulsion de mort ; 3 pourquoi nous allons vers la catastrophe (crise des subprimes, crise alimentaire, explosion des inégalités, crise climatique). Conclusion : le bateau coule et c’est une bonne nouvelle ! Vivement la disparition de l’espèce humaine !

    … sans commentaires…

  15. Avatar de guillaume
    guillaume

    LA CITATION DU MOIS
    Thomas Edison :

    Il est absurde de dire que notre pays peut émettre des millions en obligations, et pas des millions en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l’un engraisse les usuriers, et l’autre aiderait le peuple. Si l’argent émis par le gouvernement n’était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C’est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s’endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux.

    Je sais c’est hors sujet, mais j’ai pas tenu… 😉

  16. Avatar de TL
    TL

    @ guillaume

    « les prix de l’offre augmentent forcément » : si vous entendez par prix de l’offre la quantité de monnaie que les offreurs vont demander pour la cession d’un actif, nous sommes d’accord sur le concept. Mais

    1) je pense que ce sont au contraire les prix de la demande qui vont grimper (le fait de détenir de la monnaie supplémentaire pouvant permettre d’accepter un prix plus élevé, autrement dit la demande devient inélastique aux prix). Les prix de l’offre peuvent ne pas varier.

    2) et même cette hausse des prix de la demande n’a rien d’obligatoire, car l’augmentation de monnaie peut combler une envie d’épargne financière (plus ou moins monétaire), sous une forme (ex : thésaurisation) qui n’engendre aucune modification directe de la demande en biens et services.

    D’accord avec la suite, juste un détail, qui peut quand même avoir ses conséquences : dans le cas de hausse des prix avec indexation des salaires,et donc perte de la valeur de la monnaie, les prix des importations augmentent, ce qui grève de toute façon le pouvoir d’achat.

    Et excellente citation de Thomas Edison.

    @ A-J Holbecq (Stilgar)

    1) « ce n’est pas la même monnaie » : d’accord. On peut même aller plus loin : il y a une monnaie par banque.

    2) « Cette monnaie que prêtent les banques commerciales aux différents acteurs de l’économie provient toujours “à l’origine” de crédits qu’elles ont fournis » : l’oeuf ou la poule ? Si le crédit correspond à ce qu’elles prêtent, alors elles prêtent ce qu’elles ont déjà prêté. Je veux bien, mais comment le système commence t-il ?

    Pour tout le reste, y compris l’épargne préalable comme modalité de financement du crédit parmi d’autre, totalement d’accord.

    @ JA

    « Je n’ajouterai rien à ce que j’ai dit. À vous de trouver la bonne interprétation. » Jean-Claude Trichet

  17. Avatar de A-J Holbecq (Stilgar)

    @TL

    Les banques commerciales ne prêtent pas *seulement* une épargne préalable (ce qu’elles ont déjà prêté, et qui d’après Plihon représente moins de 50% de l’ensemble des prêts qu’elles accordent), mais elles prêtent également ce qu’elles créent en nouveaux crédits (donc plus de 50% sur l’ensemble des prêts), dont une partie se retrouvera sous forme d’épargne et qui pourra être prêté ensuite par leur intermédiaire.

    Le système commence (je ne sais si c’est l’oeuf ou la poule) par une demande de crédit, induisant la création monétaire correspondante…

  18. Avatar de A-J Holbecq (Stilgar)

    Je ne sais pas trop « où » poster cette intervention qui est très liée à la monnaie. Paul la déplacera s’il le souhaite.

    Au sujet de la création monétaire et de ses effets, voir l’excellent article d’Etienne Chouard ( http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php ) sur Marianne2, qui compare les subventions de l’U.E. à l’Irlande et à l’Espagne (on peut rajouter d’autres pays) à de l’injection de monnaie sans intérêts et sans dette … je n’y avais pas pensé (c’aurait été un argument fort à ajouter dans notre dernier livre ), mais il a évidemment raison…
    http://www.marianne2.fr/Etienne-Chouard-s-exprime-de-nouveau-apres-le-non-irlandais_a88467.html

    extrait:

    « Les médias présentent souvent les progrès fulgurants de l’Espagne et de l’Irlande comme à mettre au crédit des institutions européennes, comme si des progrès économiques justifiaient une régression démocratique et en oubliant que l’Espagne et l’Irlande ont bénéficié depuis des années de dizaines de milliards d’euros gratuits – sans obligation de remboursement, sans dette ! -, au titre des subventions européennes.

    Ces subventions doivent être vues, pour ces pays, comme une création monétaire (prêtez attention) libre d’endettement : une monnaie sans charge d’intérêt, donc, et qui n’aura même jamais à être remboursée ; cela change tout par rapport au carcan monétaire actuel.

    La prospérité «miraculeuse», forte et rapide, de ces pays financièrement assistés prouve aux peuples d’Europe qu’«il y a des alternatives» et notamment que la revendication nouvelle – celle qui monte parmi les citoyens en 2008 – est la bonne : ce n’est pas aux banques privées de créer la monnaie et d’en percevoir l’intérêt.

    Nous manquons de monnaie libre (libre d’endettement) et les pays qui s’en procurent – les peuples qui se réapproprient d’une façon ou d’une autre la possibilité de créer la monnaie en suffisance (sans excès) – viennent à bout du chômage et de la pauvreté, et très rapidement !

    Cette idée cardinale que les peuples doivent conquérir leur souveraineté monétaire – à travers la création exclusivement publique de la monnaie – est à la fois complémentaire et indissociable de la mienne : les peuples doivent conquérir leur souveraineté politique – à travers l’honnêteté du processus constituant : on n’aura pas l’une sans l’autre ; ces deux combats – pour la Monnaie et pour la Constitution – sont interdépendants et se renforcent mutuellement.
    … »

  19. Avatar de Paul Jorion

    NORIKO HAMA

    Bientôt la fin du capitalisme mondial
    [ 25/06/08 ] –

    Le sommet du G8 se tiendra au Japon, cette année, sur les rives du lac Toyako, à Hokkaido, l’île la plus au nord de l’Archipel. C’est le lieu idéal pour s’entretenir de l’avenir de la planète, apparemment le sujet de prédilection des participants au sommet cette année.

    Tout cela est fort beau. A l’évidence, il faut parler de l’environnement. Mais d’autres activités ont, elles aussi, besoin d’être assainies. Le G8 aurait donc besoin d’identifier un sujet d’économie précis, comme de savoir comment sauver le capitalisme mondial de lui-même. Car la jungle mondiale dans laquelle nous vivons est en train de se transformer en désert mondial. Il suffit d’observer les faux raisonnements actuels. La titrisation des prêts immobiliers à risques (« subprime ») était peut-être une bonne idée pour les institutions de prêts aux particuliers. Mais, une fois que tout le monde a été impliqué dans l’achat et la vente de ces produits financiers, le monde entier a été touché par ce qui ressemble davantage à une multiplication des risques qu’à une diversification de ces derniers, objectif pourtant de ces titrisations.

    De même, toutes sortes de bonnes idées recèlent un poison mortel pour la survie de cette jungle mondiale, qui abrite l’humanité. Le Japon, par exemple, pourrait vouloir augmenter son autosuffisance alimentaire alors que les céréaliers et autres producteurs agricoles contrôlent leurs exportations. Or, dès que chacun voudra se débrouiller tout seul pour se nourrir, la jungle deviendra fatalement un lieu d’exploitation, d’isolement et de divisions. La mondialisation a tellement à offrir. Et, pourtant, trop de bienfaits nuisent, parfois. Nous avons tous profité des progrès économiques apportés par la mondialisation. En revanche, s’il se laisse trop emporter par son apparente splendeur, le capitalisme mondial risque de faire naître parmi ses propres citoyens le désir d’un socialisme mondial. Cela pourrait arriver lorsqu’un irrépressible sentiment d’injustice s’exprimera face aux conséquences, au quotidien, des mécanismes mis en place pour la survie des moins scrupuleux.

    Une évolution encore plus grave pourrait être l’avènement d’un totalitarisme mondial, au prétexte que le capitalisme doit être encadré de façon universelle et uniforme. Ce serait alors bien entendu une évolution intolérable. Chacun pour soi et le gagnant rafle toute la mise, tout cela est très bien. Mais, à partir du moment où, justement, chacun se comporte sans tenir compte le moins du monde de la souffrance et de l’appauvrissement de l’autre, nous sommes tous en difficulté. Le sommet du G8 nous rendra un service s’il arrive à mettre en place un débat de qualité sur la situation de la jungle économique mondiale. Après tout, cela fait un certain temps que nous y vivons. Avant le sommet proprement dit, les ministres des Finances se sont réunis la semaine dernière et ceux des Affaires étrangères se retrouvent cette semaine. La première rencontre a eu lieu à Osaka, une ville où les gens disent ce qu’ils pensent et pensent ce qu’ils disent. Cette ville de marchands n’a pas le temps d’être politiquement correcte. C’est le lieu idéal pour encourager les argentiers à se dire leurs quatre vérités.

    En revanche, la réunion des ministres des Affaires étrangères se tiendra à Kyoto, jeudi et vendredi. A Kyoto, il ne faut pas prendre ce que l’on entend pour argent comptant. Dans cette ville ancienne, les mots ont parfois un sens caché et les complots sont à double fond. Personne ne dit vraiment ce qu’il pense, ni pense vraiment ce qu’il dit. Les chefs de la diplomatie devraient s’y sentir à l’aise. On peut féliciter les organisateurs pour leur intelligence, si intelligence il y a eu, dans le choix de ces deux villes. Si la même intelligence et la même perspicacité avaient présidé au choix de la ville qui accueillera du 7 au 9 juillet le sommet, nul doute que Toyako (Nord) n’aurait pas été sélectionnée. Il se serait agi d’une petite ville sinistrée, où les excès du capitalisme mondial se verraient distinctement dans les rideaux de fer baissés des magasins et les panneaux d’espaces à louer.

    Norika Hama est professeur à la « business school » de l’université Doshisha.

  20. Avatar de guillaume
    guillaume

    Bonjour,

    Il me semble important de préciser un point au sujet de l’inflation :

    Durant une période inflationniste la masse monétaire augmente, mais pas de manière uniforme, c’est-à-dire que se pose la question de la répartition de cette augmentation et du type de monnaie en augmentation (nous avons déjà abordé la question des « types » de monaies).

    Dans les années 30 en Allemagne on connaît les images des brouettes de billets, il s’agissait d’une crise inflationniste (puis hyper-inflationniste) de la monnaie fiduciaire (abus de la planche à billets pour les réparations de la WW1).

    Or aujourd’hui ce n’est pas cette masse monétaire qui augmente! ni aux US ni en Europe !

    La masse monétaire en augmentation est celle du CREDIT. Ce qui dans les conséquences peut être très important : si le phénomène s’accentue à outrance se dirigera-t-il vers de l’hyper inflation ?
    Cette masse monétaire étant en réalité inexistante est basée sur la confiance elle risque de… s’évaporer -super liquidité 🙂 – et de nous progeter dans une vague déflationiste…

    Le point de rupture potentiel inflation/ déflation soulèverait la question de la répartition des valeurs « stables » dans les sociétés en cet instant critique.

    Une dernière remarque:

    « 5% de la population se partagent 85% des richesses de la planète » j’en arrive à me demander si on n’est pas sur le point de voir les limites « mécaniques » (au delà de l’aspect moral) d’une telle répartition…

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

  2. @Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…

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