La monnaie : projet de réforme

Bon, les gars, je crois qu’on est prêt. Allez, j’avoue, je me suis un peu fait l’avocat du diable… mais la fin veut les moyens (les Américains ajouteraient « Don’t quote me on this ! »).

Alors voilà ce qu’il faut : un paragraphe sur une réforme nécessaire de la manière dont la monnaie est créée. Ce paragraphe fera partie d’un article publié dans la presse écrite. Une seule contrainte : il faut que cela puisse être lu par un gouverneur de banque centrale sans qu’il hausse les épaules en se disant « Encore un zozo ! ». Non, il faut qu’un directeur de banque centrale puisse lire cela et dire « Mérite examen ! ». Il faut que les mesures proposées soient pratiques et puissent être appliquées aussitôt leur promulgation.

Voilà : je serai modérateur. Envoyez-moi les contributions comme commentaires à ce billet. Je communiquerai avec vous de la même manière. Je mettrai à jour le paragraphe suivant.

Dernière mouture :

Une réforme de la manière dont la monnaie est créée est indispensable. Cette réforme devrait prendre la forme suivante.

Toute création de monnaie doit relever de l’État et de l’État seul par l’intermédiaire de la Banque Centrale indépendante du pouvoir politique mais oeuvrant dans le cadre de la démocratie.

La monnaie créée et prêtée par la Banque Centrale à l’Etat ou aux collectivités publiques ne peut financer que des dépenses d’investissement, d’aide à des secteurs à vocation d’intérêt collectif tels que l’éducation, la santé et la protection de l’environnement, et en cas de crise ou de catastrophe naturelle. A l’exception de cela, les dépenses de fonctionnement et d’amortissement doivent être financées par les recettes fiscales.

La Banque Centrale détermine, afin de contenir l’inflation dans des limites raisonnables, de viser un objectif de plein emploi et de faciliter le développement durable de l’économie, la quantité de monnaie proposée et les taux d’intérêt auxquels les banques commerciales peuvent emprunter entre elles et auprès d’elle-même.

Le réseau des banques privées comporte 3 types de banques :
1. – Banques de dépôts : encaissements, paiements, garde de dépôts de leurs clients.
2. – Banques de prêts : le montant global des prêts ne peut excéder le montant global des fonds empruntés (épargne préalable ou émission monétaire de la Banque Centrale). Les financements proposés par les banques de prêts doivent être assurés par des emprunts dont le terme est au minimum de même durée.
3. – Banques d’affaires : investissent dans les entreprises les fonds empruntés au public ou aux banques de prêts.

Dans une perspective assurantielle, les banques ont le droit de couvrir leurs positions mais les positions nues, équivalentes à des paris directionnels sur l’évolution des marchés, leur sont interdites.

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60 réponses à “La monnaie : projet de réforme”

  1. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Allez, je me lance… :

    +++++
    Toute création de monnaie doit relever de l’État et de l’État seul par l’intermédiaire de la Banque Centrale indépendante du pouvoir politique.

    La monnaie créée et prêtée par la Banque Centrale à l’Etat ou aux collectivités publiques ne peut financer que des dépenses d’investissement, à l’exclusion des dépenses de fonctionnement et d’amortissement, lesquelles doivent être financées par les recettes fiscales.

    La Banque Centrale détermine, afin de contenir l’inflation dans des limites raisonnables et de faciliter le développement de l’économie, la quantité de monnaie proposée et les taux d’intérêt de refinancement des banques commerciales.

    Le réseau des banques privées comporte 3 types de banques:
    1. – Banques de dépôts : encaissements, paiements, garde de dépôts de leurs clients.
    2. – Banques de prêts : le montant global des prêts ne peut excéder le montant global des fonds empruntés (épargne préalable ou émission monétaire de la Banque Centrale). Les financements proposés par les banques de prêts doivent être assurés par des emprunts dont le terme est au minimum de même durée.
    3. – Banques d’affaires : investissent dans les entreprises les fonds empruntés au public ou aux banques de prêts.

    ++++

    Tous les intérêts reviendraient ainsi à la banque Centrale. Comme celle ci est soit « la propriété » de la Nation (dans le cas d’un Etat, exemple, la Banque de France), soit la propriété des Etats formant l’U.E. dans le cas de l’euro (exemple la BCE), les dividendes de toute la création monétaire (le « seigneuriage ») reviendrait ainsi à la population.
    Les banques joueraient ainsi leur rôle d’intermédiaires entre les détenteurs d’épargnes et les demandeurs de crédits, qu’elles soient rémunérés par un supplément d’intérêt ou des honoraires.

  2. Avatar de Paul Jorion

    Mise à jour No 1
    Texte proposé par Stilgar 8 avril 2008 à 17:34 (reproduit tel quel).

  3. Avatar de Jean Jégu

    N’est-ce pas là, pour le coup, que dans l’improvisation nous – enfin ceux qui oseront – risquons de donner quelques arguments aux gouverneurs de Banque Centrale pour être traités de zozos ! Pour ma part, je réclame avant tout un débat démocratique entre toutes les forces sociales et les expertises en présence. Mais peut-être, Paul, voulez-vous nous pousser dans nos retranchements ? Après tout l’exercice – car ce n’est qu’un exercice – peut avoir quelques vertus pédagogiques. De plus un Nobel d’économie semble être déjà passé par là ! Allais… Allez, on y va !

    Nous voulons quoi ? Ce qui serait acceptable par les Banquiers Centraux ? Ce qui le serait par les Parlements ? Ou bien ce que nous trouverions idéal ?

    Si j’étais certain qu’il soit adopté demain, je signerais des deux mains le texte proposé par Stilgar. Si on m’autorise des nuances auxquelles je tiendrais personnellement, je ferais volontiers quelques petits amendements, étant entendu que non seulement je réclame le droit à l’erreur, mais même de changer d’avis si des arguments convaincants m’y invitent.

    Voici donc mes motivations et propositions :

    1. L’indépendance de la Banque Centrale vis-à-vis du gouvernement en place, oui ! L’indépendance du pouvoir ultime de la démocratie, non ! Complétons donc le premier alinéa par …. « … indépendante du pouvoir politique et œuvrant dans le cadre de la démocratie ».

    2. Un nouveau professeur ayant une utilité sociale difficilement comparable à celui d’un nouveau pont, limiter l’usage aux investissements (matériels) mérite discussion. Dans le but de ne pas bloquer les choses, je propose donc ce qui suit … « …aux collectivités publiques ne peut normalement, sauf exceptions démocratiquement validées, financer que des dépenses d’investissement… »

    3. La Banque Centrale doit avoir des objectifs et exercer des responsabilités. Je réécrirais le troisième alinéa de la manière suivante :

    “La Banque Centrale a la responsabilité de :
    a. Contenir l’inflation dans des limites raisonnables.
    b. Assurer un taux d’emploi socialement satisfaisant.
    c. Faciliter un développement durable de l’économie.

    Pour cela, elle régule la quantité de monnaie en circulation, notamment par le biais des taux d’intérêt de refinancement des banques commerciales. »

    Je n’ai aucune objection, au contraire, sur la séparation du réseau bancaire en trois types de banques.

  4. Avatar de guillaume
    guillaume

    Bonjour,
    Je suis enchanté de la tournure que prend le débat…

    Pour revenir sommairement sur quelques points :
    – l’indépendance de la Banque Centrale vis-à-vis du gouvernement en place, oui ! L’indépendance du pouvoir ultime de la démocratie, non ! Complétons donc le premier alinéa par « … indépendante du pouvoir politique et oeuvrant dans le cadre de la démocratie ». Un quatrième pouvoir public en somme (exécutif, législatif, judiciaire et monétaire)

    – la séparation du réseau bancaire en trois types de banques. Un retour au Glass Steagall Act ? cela me semble une évidence, un préalable nécessaire qui a été mis à mort par Clinton en 99 pour permettre (entre autre) la fusion de Citigroup (sauf erreur de ma part). Or je note: « L’ancien PDG de Citi Corp, l’un des deux groupes financiers américains dont la fusion en 1998 a donné naissance à Citigroup, estime que ce rapprochement était une « erreur », selon les propos rapportés par le Financial Times. »

    – La monnaie créée est prêtée par la Banque Centrale à l’Etat ou aux collectivités publiques, oui mais à quel coût ? taux zéro ? Il le faudrait d’autant plus que l’Etat se servirait de cet argent « facile » pour des commandes qui feraient tourner l’économie.

  5. Avatar de Paul Jorion

    Mise à jour No 2
    Trois modifications proposées par Jean Jégu 8 avril 2008 à 20:29
    A la fin du premier alinéa « … indépendante du pouvoir politique et œuvrant dans le cadre de la démocratie ».
    Ajouter « d’assurer un taux d’emploi socialement satisfaisant » dans les responsabilités de la Banque Centrale et aouter « durable »: « faciliter un développement durable de l’économie ».

  6. Avatar de Paul Jorion

    Mise à jour No 3
    Une modification proposée par Guillaume 8 avril 2008 à 21:01
    Ajouter « à taux zéro » : « La monnaie créée et prêtée à taux zéro par la Banque Centrale à l’Etat ou aux collectivités publiques… »

  7. Avatar de Jean Jégu

    De l’argent pour l’Etat et les organismes publics à taux zéro ?
    Est-ce bien nécessaire ? Il me semble que les revenus de la Banque Centrale devrait revenir à l’Etat , non ? Donc pas d’inconvenient à ce que l’Etat se paie des intérêts à lui-même ! C’est équivalent me semble-t-il. Faisons simple en tout cas.

  8. Avatar de Paul Jorion

    Mise à jour No 4
    Retire provisoirement (?) la modification proposée par Guillaume 8 avril 2008 à 21:01
    Ajouter « à taux zéro » : « La monnaie créée et prêtée à taux zéro par la Banque Centrale à l’Etat ou aux collectivités publiques… »
    suite à la remarque faite par Jean Jégu 8 avril 2008 à 22:04

  9. Avatar de Dani
    Dani

    A mon tour…

    J’aurais, au fond, 3 remarques plutôt politiques qu’économiques :

    1) Il est question dans la proposition de « L’Etat ». De quel Etat parle-t-on s’il est question par exemple de l’Union européenne ? Je pense qu’il faudrait un peu préciser les choses, selon que ce type de proposition est adressé aux Etats-Unis ou à un pays membre de l’UE. Dans cette dernière, c’est une structure super-étatique qui détient le droit de frapper monnaie… Il serait donc souhaitable d’en tenir compte.

    2) L’indépendance de la Banque centrale semble convaincre, pour autant qu’elle ne soit pas indépendante de la démocratie, mais de l’Etat. Joli défi !!!
    Je vais prendre ici l’exemple de la Suisse, car il me semble ouvrir une possibilité intéressante. En Suisse, la Banque centrale est une S.A. (d’ailleurs cotée en bourse…) dont les 2/3 des actions sont détenues par les cantons (donc par les collectivités publiques régionales, qui sont ici constitutives de l’Etat dès sa fondation, contrairement aux régions françaises qui sont découpées par l’Etat national). La banque centrale est donc totalement indépendante de l’Etat fédéral, mais elle est contrôlée par les propriétaires de son capital, qui sont les entités formant l’Etat fédéral (dont l’autonomie est garantie par le fait que l’Etat fédéral ne peut légiférer que sur une base constitutionnelle adoptée par référendum obligatoire – l’Etat a donc peu de moyens de contraindre les cantons).

    Retour à l’Union européenne : qu’est-ce qui empêcherait que la Banque centrale européenne soit indépendante du pouvoir politique européen, tout en appartenant aux Etats européens (il faudrait déterminer la répartition des actions – chaud débat…) ?

    3) Je suis un peu chiffonné par la possibilité évoquée dans la proposition que la Banque centrale puisse prêter à l’Etat, mais peut-être que je sous-estime les possibilités de contrôle évoquées et la différenciation entre dépenses d’investissements et de fonctionnement.
    Le bilan de la Réserve fédérale américaine est lourdement chargé d’obligations de l’Etat fédéral. Est-ce bien souhaitable ? Je me demande dans quelle mesure il ne faudrait pas réserver le prêt à l’Etat aux autres acteurs économiques….

  10. Avatar de guillaume
    guillaume

    Quelques explications sur ma proposition de taux zéro :

    Quelle est la situation actuelle ?
    La gestion de la BCE est indépendante des pouvoirs politiques nationaux (en fait de tous pouvoirs « démocratiques » dans la pratique).
    La BCE est financée par les Etats membres de la zone monétaire qui jouent donc le rôle d’actionnaires.
    Les banques centrales des pays participant à la zone euro reçoivent des dividendes au titre des profits distribuables de la BCE ; en sens inverse, elles sont tenues au financement des pertes de cette dernière. (art. 28 des statuts du SEBC)
    De plus, l’article 104.1 du traité de Maastricht stipule : « Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des Etats membres (…) d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des Etats membres »

    Deux points me semblent ici regrettables :
    – Les Etats (l’argent des contribuables) se portent concrètement cautions de la BCE alors que son pouvoir décisionnel est indépendant des pouvoirs politiques (représentants les contribuables)
    – Les Etats n’ont pas d’autres solutions que de se financer auprès d’un système bancaire qui lui impose des intérêts, dont le règlement est lourd de conséquences.

    Il faut donc dans l’ordre :
    – annuler les dettes passées des Etats qui sont liés à l’obligation qui leur est faite de se financer au moyen de prêts lourds d’intérêts.
    – Permettre aux Etats membres des prêts de la BCE à taux zéro dans un cadre défini au préalable. (entre autre suppression de l’art 104)
    – Définir la BCE comme un nouveau pouvoir politique européen, indépendant des pouvoirs exécutifs, à la manière d’une cour de justice européenne ; composée d’un conseil de représentants des divers Etats membres.
    Cela serait de mon point de vue le départ minimum pour un système qui commencerait à être au service des citoyens…

    La BCE aurait donc comme taches :
    – gestion de la masse monétaire fiduciaire (c’est le cas aujourd’hui, avec les opérations de refinancement qui rapportent de l’argent à la BCE)
    – contrôle de la quantité de crédit qu’offrent les banques commerciales (réserves fractionnaires (c’est le cas aussi) et abandon (ce n’est pas le cas) des systèmes de contournement comme la titrisation ou certains produits dérivés. En clair être sur des montants de crédits accordés par les banques commerciales)
    – prêts aux Etats à taux zéro (conditions prédéfinies)

    A vos critiques…

  11. Avatar de guillaume
    guillaume

    Une proposition un peu plus utopiste :

    Certaines compétences sont sujet au débat suivant : domaine publique ou privé ?
    Par exemple, l’énergie, l’eau, les autoroutes, le ferroviaire (…) les arguments récurrents pour qu’elles appartiennent à l’Etat sont le contrôle de la sécurité, des prix… Les arguments pour qu’elles appartiennent au secteur privé sont généralement le poids qu’elles entraînent dans la gestion de l’Etat.

    Ne serait il pas possible qu’elles fonctionnent suivant la procédure suivante :
    – 1) l’Etat décide par exemple d’une nouvelle autoroute, il s’agit d’un investissement pour la société. Les travaux sont donc financés par l’Etat au moyen d’un taux zéro.
    – 2) Une société prend en charge l’exploitation de cette autoroute, elle rembourse donc ce crédit d’investissement à taux zéro grâce à l’exploitation de l’infrastructure.
    – 3) il lui faut aussi pérenniser la viabilité de son exploitation (frais d’entretien…). Mais elle se doit de respecter une éthique de fonctionnement (prix du péage, sécurité…) qui peut être incompatible avec la gestion traditionnelle d’une entreprise (elle n’est pas forcément toujours bénéficiaire et ne peut sacrifier pour autant la qualité de sa prestation)

    Une telle entreprise pourrait avoir un traitement particulier :
    Sa gestion financière est sous sa responsabilité (privé), mais, elle pourrait avoir accès à des prêts particuliers (taux non nul mais particulièrement intéressant) auprès de la banque centrale nationale ; en échange elle s’engagerait à respecter une charte d’usage imposé par les pouvoirs publics.
    Dans ces conditions, le rôle de l’Etat serait moindre (choix de la nécessité de l’investissement, appel d’offre pour le choix d’un prestataire, mise en place d’une charte d’usage propre au domaine de compétence et contrôles indépendants de la sociétés de gestions, si possible issus de l’état [cf : norme sanitaires].)

    Ce fonctionnement sous-entend un nouveau rôle pour les supports nationaux de la BCE, à savoir des crédits scripturaux à des sociétés privées d’utilité publique, il garantit une politique de grands ensembles spécifique aux différents Etats.
    Ce type de fonctionnement pourrait être utile dans des domaines aussi variés que les transports, l’énergie, la recherche (…) domaines dans lesquels l’Etat n’aurait donc pas de position monopolistique mais dans lesquels la loi du marché et de la rentabilité ne serait pas non plus la seule règle. Les crédits nécessaires à la gestion de ces entreprises étant effectués par les banques centrales nationales, les taux sont bas. Ce qui permet une plus grande aisance de gestion financière au gestionnaire et de nouvelles entrées d’argent aux pouvoirs publics des Etats…

  12. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Bonjour

    Débat tout à fait intéressant.

    J’approuve tout à fait les propositions de Jean Jégu, incluses dans la « proposition générale ».

    Je voudrais apporter deux informations « techniques » ( réponse à Dani par la même occasion):
    – La Banque de France est une institution dont le capital appartient à l’État (ce qui rends d’autant plus drôle le fait que l’Etat, bien que propriétaire de la Banque de France, est obligé de se financer sur le marché financier, auprès des rentiers et des épargnants)
    – Au 1er janvier 2007, les répartitions en pourcentage des parts des Banques Nationales dans la structure du SEBC sont les suivantes:
    1 – sous-total pour les BCN de la zone euro: 69,5092%
    Allemagne: 20,5211 – France: 14,3875 – Italie: 12,5297 – Espagne: 7,5498 – Hollande: 3,8937 – Belgique: 2,4708 – Autriche: 2,0159 – Grèce: 1,8168 – Portugal: 1,7137 – Finlande: 1,2448 – Irlande: 0,8885 – Slovénie: 0,3194 – Luxembourg: 0,1575
    2 – sous-total pour les BCN hors zone euro: 30,4908
    La banque d’Angleterre y détient la plus grosse part avec 14,3822%
    Le capital souscrit de la BCE s’élève à 5,565 milliards d’euros et le montant libéré à 4,089 milliards. Les BCN de la zone euro ont entièrement libéré leur part dans le capital, qui s’élève à 3,978 milliards d’euros.

    @Dani: l’idée du modèle helvétique est intéressante concernant la répartition du capital de la Banque de France

    @Guillaume: les revenus de la BCE correspondent (en grande partie) aux intérêts de la monnaie centrale prêtée aux banques commerciales (attention, ce n’est pas cette monnaie centrale que les banques commerciales re-prêtent aux différents emprunteurs, comme on pourrait le penser…)
    Si toute la monnaie devient centrale (comme notre proposition) la BCE (ou une BC nationale) ne risque pas de faire faillite , ou bien ce serait la faillite même d’un Etat ou groupe d’Etat.

    L’avantage de l’idée que l’Etat ou les collectivité locales ne soient pas financées à taux zéro peut s’expliquer de la manière suivante. Si, par exemple, la France qui est à 14%+ (de 69,5) dans le capital de la BCE empruntait plus que ces 14% sur l’ensemble de la monnaie émise et prétée par la BCE, la différence des intérêts ne lui reviendrait pas mais irait (au prorata) à ses partenaires… ce serait donc une auto régulation.

    Maintenant, le pouvoir politique européen, comme il le fait pour les fonds structuraux, devrait pouvoir décider (et imposer à la BCE) une émission monétaire servant exclusivement à un investissement de rattrapage ou de « nécessité européenne ». Mais ne rentrons sur ce blog pas trop dans les détails, le souhait de Paul Jorion (et le notre) étant que les mesures proposées puissent être mises en examen et portées sur la place publique: il faut qu’elles soient donc compréhensibles par le public…

  13. Avatar de Jean Jégu

    @ Paul
    Bravo, Paul, pour cet astucieux « training Jorion-Go » ! Sera-t-il aussi fructueux que le « trailing loss-stop » ? Je le souhaite vivement. Pour l’instant, je laisse « trailer » … J.J.

  14. Avatar de Emir Abel
    Emir Abel

    Deux réflexions en passant :
    1) Ce projet de réforme de la monnaie ne devrait-il pas plus globalement s’inscrire dans le projet de « constitution économique  » déjà proposé par le maitre de ces lieux ?
    Si comme indiqué plus haut, cet article doit paraitre dans la presse, il me semblerait intéressant de faire un petit préambule indiquant la nécessité d’une constitution économique dont le présent projet spécifique à la monnaie ne serait qu’une partie parmi d’autres.
    2) Le texte proposé donne comme objectif à la Banque Centrale de « contenir l’inflation dans des limites raisonnables ». De quelle inflation parlons-nous ici ? Je suppose que l’on fait référence à l’inflation des prix des biens et services. Dans ce cas, quid de l’inflation des actifs financiers ? Comment contrôle-t-on ce phénomène qui est à l’origine des bulles boursières et immobilières que nous avons connu dans des temps pas très éloignés ?
    Je n’ai pas la solution mais il me semble que le sujet mérite réflexion.

  15. Avatar de Emir Abel
    Emir Abel

    @Stilgar
    Vous dites : « attention, ce n’est pas cette monnaie centrale que les banques commerciales re-prêtent aux différents emprunteurs, comme on pourrait le penser… »
    … et comme je le pensais !
    Pourriez-vous clarifier et éclairer ma lanterne
    Merci d’avance

  16. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Emir Abel
    L’explication n’est pas facile, mais prenons un exemple…
    Une banque crée, par exemple, de la monnaie scripturale à hauteur de 1 000 € à la suite d’un crédit accordé à un particulier et crédite donc le compte de celui-ci. Ce dernier décide ensuite de convertir ce nouvel avoir sur son compte, en billets pour un montant de 200 €. La banque subit une « fuite » de 200 € correspondant aux billets qu’elle doit se procurer, soit auprès de ses collègues banquiers, soit auprès de la Banque centrale. Dans les deux cas, c’est son compte à la Banque centrale qui est débité d’autant. Attention au terme de « refinancement » dont on entend régulièrement parler… Il laisse croire que les banques empruntent à la banque centrale les sommes qu’elles mêmes prêtent à leur clientèle. Tel n’est pas le cas. Une banque a recours au « refinancement », chaque fois qu’elle manque de monnaie centrale sur son compte pour faire face à ses engagement envers ses collègues ou envers la Banque centrale (par exemple si ses « réserves obligatoires » viennent à chuter sous les taux minimaux, elle va devoir « mettre en pension » auprès de la BC des effets en garantie du crédit sur son compte BC… et payera évidemment des intérêts à la BC pour ce « service »).
    Parenthèse : les « refinancements » dont la presse a tellement parlé dans le dernier semestre 2007, concernent simplement des prêts (en général à court terme) que la Banque centrale a consentis aux banquiers commerciaux qui éprouvaient alors quelques difficultés à trouver cette monnaie centrale sur le marché monétaire, pour la raison qu’ils ne se faisaient plus confiance entre eux (« Ce cher ami n’aurait-il pas proposé trop de crédits à des sociétés devenant insolvables ? »). Bien évidemment la Banque centrale fait payer pour ce genre d’opération un intérêt aux banques commerciales et prend en plus des escomptes en garanties… tant que la banque commerciale peut offrir ces garanties, tout va bien !

    Il y a donc une relation entre monnaie centrale et monnaie de crédit, mais pas de transfert si ce n’est l’offre au public de la monnaie centrale qu’est la monnaie fiduciaire (billets), laquelle ne représente d’ailleurs que moins de 7% de la masse monétaire totale.

    Pour les deux réflexions du message de 8 h 21: Je suis tout à fait d’accord avec « 1 », mais écrire une « Constitution économique » représente un risque de débat sans fin (dans quel cadre : Etat, fédération, système euro , etc …?)

    Pour l’inflation : le calcul actuel de l’inflation qui ne tient pas compte des actifs (financiers, mais aussi immobilier et foncier, et même parfois pas compte de l’énergie), me semble tout à fait à revoir. Admettons que ce problème soit résolu (que les indices incluent l’inflation par les actifs), le risque de mettre un chiffre à un mandat d’une BC concernant ce sujet leur ligote les mains (on voit bien actuellement que la FED a les mains beaucoup plus libres que la BCE, bloquée dans sa pensée « ordolibérale »).

    L’inflation est une conséquence de multiples facteurs, pas seulement ceux des taux d’intérêts (je pense même que c’est l’inverse… ; quand les taux aumentent, l’inflation augmente) et de la masse monétaire…. et sur certains de ces facteurs, personne n’a de prise (la quantité de pétrole disponible, par exemple).

  17. Avatar de egdltp
    egdltp

    Ce n’est pas dans la droite ligne de la demande, mais peut aider en exposant la vision de ce qu’est la monnaie. Ceci est de la part de personnes qui pensent que « les banques créent de la monnaie ». Il est vrai que au vu des livres comptables, cet aphorisme semble vrai mais que l’analyse est beaucoup plus difficile.
    Bonne lecture, en espérant que vous y trouverez matière à raffermir l’article.
    http://c.lab.over-blog.com/article-7375831.html

  18. Avatar de Laurent S
    Laurent S

    Un autre point à ajouter.
    Tout monnaie étant une dette de celui qui l’a émise envers celui qui la détient, le contrôle des changes et de tout mouvement de capitaux international me paraît nécessaire et légitime. Un Américain qui détient des euros est en droit d’exiger de tout européen qu’il lui donne contre ses pièces et ses billets un bien ou un service. Si le montant de cette transaction internationale est dérisoire par rapport au montant total de la monnaie en circulation cela n’a aucune influence propre sur l’économie et la communauté débitrice. Mais s’il s’agit de montants colossaux, comme ceux des fonds souverains, de la fortune de Bill Gates… qui subitement changent de support monétaire alors la prospérité d’un pays est en jeu comme ce fut le cas lors de la crise asiatique en 1998. De plus si Bill Gates s’est formidablement enrichi, ce n’est pas seulement grâce à son « talent » mais aussi et surtout grâce à l’Etat américain qui a payé l’éducation de ses employés, garantit l’accès à tous à l’électricité et à Internet… Toutes les fortunes privées et les profits des firmes internationales aussi légitimes puissent-ils être (ou pas) doivent être contrôlés par une institution démocratique, parce que ce sont des dettes dont la société toute entière est débitrice et car ils n’auraient pu se constituer sans elle. D’ailleurs une société vraiment démocratique ne devrait pas autoriser la formation de telles fortunes privées car celles-ci, inévitablement, serviront à biaiser tout débat démocratique, que ce soit lors d’élections ou du vote des lois.

  19. Avatar de Emir Abel
    Emir Abel

    @Stilgar
    Merci pour ces explications. Je suis tout à fait d’accord avec la conclusion : « Il y a donc une relation entre monnaie centrale et monnaie de crédit, mais pas de transfert si ce n’est l’offre au public de la monnaie centrale qu’est la monnaie fiduciaire (billets), laquelle ne représente d’ailleurs que moins de 7% de la masse monétaire totale. »
    Il me semblait cependant que la monnaie fiduciaire (billets + pièces) représentait plutôt de l’ordre de 15 % de la masse monétaire totale ?

    Sinon, je suis d’accord avec vous qu’établir une « constitution économique » ce n’est pas gagné, notamment à cause de son caractère nécessairement international.

    @Laurent S
    D’accord dans l’ensemble avec votre propos.
    Dans le même ordre d’idée, la « constitution économique » devra prévoir un article spécifiant que personne ne pourra gagner plus de, par exemple, 10 fois (?) ce que gagne la personne la moins rémunérée.

  20. Avatar de Jean Jégu

    @ Stilgar

    30,5 % du capital de la BCE sont détenus par des BCN hors de la zone euro. Au niveau du principe, n’est-ce pas un peu curieux ? Que fait-on si cette proportion passe de 30,5 à 55 % par exemple ?

    @ à tous

    Quelqu’un peut-il nous informer sur l’actionnariat de la FED ? ( Si du moins ma question a un sens; sinon expliquer pourquoi elle n’en a pas )

    Merci.

  21. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @ Jean Jégu
    Un sous-ensemble du SEBC (Système Européen des Banques Centrales) est l’EuroSystème; il regroupe les banques centrales de la zone euro. Il a été créé parce que tous les pays de l’Union européenne, qui avaient vocation à adopter l’euro comme monnaie, ne l’ont pas encore fait.
    Il est donc peu probable que les pourcentages s’inversent… mais ceci pose effectivement la question de l’intégration d’une monnaie commune dans un groupe de pays dont les régles fiscales et sociales (ainsi que les niveaux de vie) sont si disparates.

    Pour la FED, désolé, je n’ai pas cette information avec toute la fiabilité nécessaire. Néanmoins il y a un article sur wikipedia auquel on peut sans doute faire confiance http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serve_f%C3%A9d%C3%A9rale_des_%C3%89tats-Unis . (ou chercher « FED »)

  22. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @ Emir Abel
    Je n’ai sous la main que les chiffres au 1 er janvier 2007
    La monnaie fiduciaire ( 582 milliards d’euros ) représente environ 15,5% de l’agrégat M1 ( 3755 milliards d’euros ), et 7,5% de l’agrégat M3 ( 7782 milliards d’euros)
    Je préfère me baser sur M3 qui est plus représentatif de toute la monnaie circulante.

  23. Avatar de Armand

    Quelques remarques.

    1. La Suisse, comme la Chine, possède une Banque Nationale ; ce qui indique la dépendance à l’Etat (et son gouvernement) ou plutôt à la Nation (le peuple), par contraste avec une Banque Centrale, plus autonome, voire privée comme la FED : une forme de concession du service public de battre la monnaie confiée au privé.

    2. Si vous mélangez la monnaie avec autre chose, comme l’emploi, vous courrez à la catastrophe. Il faudra parler NAIRU et autre courbe de Philips. Et ceux qui auront cela en charge en useront et même en abuseront.

    3. J’ai déjà cru lire quelques oxymores. Ca me rappelle notre fantastique traité de Maastricht : « stabilité des prix » qui jouxte « inflation limitée à 2% » : il me semble que stabilité signifie avec zéro. Ensuite puisqu’un objectif chiffré apparait : comment le mesurer ? avec des statistiques à la « je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même bricolées » de W. Churchill ? Quid si l’objectif n’est pas respecté ? Bref, comment garantir les « Nous le Peuple » contre les abus ?

    ——

    Le problème posé est donc celui de la représentation du peuple souverain, comment choisir et destituer, le cas échéant, les banquiers centraux ? suffrage direct, indirect ? référendum révocatoire ? quels critères ?

    Les deux aspects de ce problème :

    (i) on peut orienter les « Nous le Peuple », surtout en période difficile. Le peuple peut être assez facilement convaincu par des slogans lessiviers style « imprimer plus pour prêter plus », surtout lorsqu’il ne comprend pas ni n’a envie de comprendre.

    (ii) le banquier central est influençable d’une manière ou … d’une autre. Il peut se tromper, ou être trompé sciemment ou non, notamment s’il s’appuie sur des statistiques (il aura, a minima, toujours du retard).

    Bref on ne peut pas faire confiance aux hommes.

    Il faut donc réfléchir à la notion de monnaie, à sa forme ; je rejoins Jean : la monnaie est la chose la plus importante, et, selon moi, elle ne doit dépendre des hommes qu’au minimum.

    Donc exit la monnaie fiduciaire, ce bout de papier qui ne vaut que par ce qui est écrit dessus, une simple reconnaissance de dette et retour à l’or ou un étalon or qui n’est la dette ou la promesse de personne. Les monétaristes au chômages. Quantité quasi fixe de monnaie à l’échelle de la planète. Ainsi nul besoin de banque centrale ou nationnale, juste de banques pour ceux qui souhaitent déposer leur or ou l’investir.

    Je développe si vous voulez …

  24. Avatar de egdltp
    egdltp

    @Armand : le problème de la convertibilité physique est qu’elle ouvre la porte à une crise de confiance. La monnaie est un symbole de confiance pour ceux qui se l’échangent, voir la première histoire pointée dans mon intervention précédente.
    La faire reposer sur un bien physique fait qu’il faut se munir d’un outil adéquat pour vérifier la véracité de la contre-partie. L’histoire abonde des problèmes de convertibilité, depuis Philippe le Bel appelé aussi faux monnayeur à Charles de Gaulle qui vidait petit à petit le stock de Fort Knox pour alimenter, avec raison et droit, celui de la Banque de France. La contre-partie physique rend aussi la « richesse » plus fragile face à la violence. On peut vous piquer votre tas de billet sous le matelas, plus rarement le contenu de votre compte en banque, sauf le banquier il est vrai… Cf crise Argentine. Et une carte bleue pour payer une voiture c’est plus pratique qu’un ou deux lingots d’or…

  25. Avatar de guillaume
    guillaume

    La Fed
    Selon le « leap2020 » (http://www.leap2020.eu/ ):
    « La structure de la Reserve fédérale des Etats-Unis est en effet assez archaïque. Elle ressemble à celle des banques centrales européennes d’avant les années 30. Elle a été créé en 1913 et est de facto une banque dont les actionnaires sont des banques privées. Ainsi, le futur Ministre des Finances américain, Henry Paulson, est l’ancien président de la banque Goldman Sachs qui est elle-même un actionnaire important de la Reserve fédérale des Etats-Unis »

  26. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Armand

    La quantité d’or physique est insuffisante pour permettre à l’économie mondiale de fonctionner, et il donne un énorme « avantage comparatif » à ceux qui en ont déjà ou peuvent extraire l’or physique de leur sol ou rivières. Ce ne serait concevable que d’avoir un or physique « nationalisé » (je veux dire « mondialisé ») et une monnaie basée sur un certain poids d’or. A mon avis, exit l’or.
    Mais on pourrait trouver autre chose, la calorie ou le kw, par exemple… 😉

    Vous écrivez  » (ii) le banquier central est influençable d’une manière ou … d’une autre. Il peut se tromper, ou être trompé sciemment ou non, notamment s’il s’appuie sur des statistiques (il aura, a minima, toujours du retard).
    Bref on ne peut pas faire confiance aux hommes. »

    Sans doute est ce vrai, mais on ne peut voir un système monétaire fonctionner « automatiquement » : il faut de l’intelligence collective derrière tout cela. Donc encadrer le fonctionnement de la Banque Centrale mais laisser l’homme décider de son destin…

    Quelques idées:

    – un mandat constitutionnel limitant les pouvoirs des gouverneurs qui devraient de toute façon obtenir une majorité d’un staff élu ou tiré au sort
    – la constitution qui interdirait le prêt aux collectivités publiques hormis pour les investissements collectifs (faut-il considérer la recherche et l’éducation comme des investissements ?)
    – les Etats pourraient déroger à cette régle en imposant leur volonté à la Banque Centrale en cas de crise grave (relance keynésienne, conflit , etc)… mais il faudrait « border » cette autorisation afin que l’émission de la monnaie ne soit jamais un instrument électoral sous forme de distribution de « monnaie non compensée »

  27. Avatar de Paul Jorion

    Mise à jour No 5
    Suite à l’intervention d’Armand 9 avril 2008 à 11:36
    J’enlève « d’assurer un taux d’emploi socialement satisfaisant »

  28. Avatar de Laurent S
    Laurent S

    Je ne vois pas en quoi distinguer 3 types de banques empêchera la formation de bulles spéculatives. Si les banques d’affaires « flairent le bon filon » et décident d’emprunter des milles et des cents auprès des banques de prêts pour investir dans les technologies internet ou l’immobilier, on aura une bulle qui va exploser, ruinant les banques d’affaires et pas ricochet toutes les autres banques. Admettons que la banque centrale soit omnisciente et essaie de prévenir très en amont cette crise en limitant les possibilités de crédit. Nul doute qu’elle sera injuriée par tous les hommes d’affaires au nom de la liberté d’entreprise et parce que sa politique nuit à la croissance et donc à la richesse de tous, on l’accusera de ne pas vouloir que même les plus pauvres aient un toit. Donc politiquement sa position sera intenable et elle cèdera.

    Quant à la lutte contre l’inflation, aussi séduisante puisse-t-elle être en théorie, comment empêcher que le prix du pétrole ne flambe quand celui-ci se raréfie ? Or cela se répercute nécessairement sur tous les produits dont il entre dans la fabrication et rarissimes sont ceux qui s’en passent ! Pour moi toutes les luttes contre l’inflation via des instruments monétaires ne peuvent aboutir qu’à plus de chômage, au blocage des salaires, et à la bonne fortune des rentiers, bref une totale injustice. Si une inflation trop forte est certes nuisible à l’économie, dans le cas du pétrole par exemple elle doit être jugulée par le rationnement, un contrôle des prix et une incitation aux technologies alternatives.
    Contrairement à l’enrichissement par la production de biens et de services, s’enrichir grâce à l’argent ne demande aucun labeur, il suffit d’aligner des zéros dans des cases et quand on réussit on a encore plus de zéros dans une case qui nous est chère, mais notre pays se porte-t-il mieux pour autant, les gens sont-ils mieux éduqués, soignés,… D’autre part, quand on échoue, et cela arrive systématiquement, c’est le pays tout entier qui est ruiné. Sans aucun effort, les risques de gains sont donc potentiellement infinis mais les risques de pertes aussi. Sans forcément aller jusqu’à la position radicale du Moyen Age où il était interdit de prêter avec intérêt, ni même à l’idée d’un salaire maximal admissible (de décroissance), peut-être serait-il intéressant de réfléchir à un mécanisme de plafonnement des profits d’une banque. Par exemple son profit ne pourrait être supérieur à x% de ses réserves obligatoires, tout le reste lui serait confisqué et ce x% serait de l’ordre de grandeur de la croissance du PIB. Joseph Stiglitz voit l’origine de l’actuelle crise financière dans le système « déraisonnable » des primes aux banquiers.

  29. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Le mandat de la Fed comprend un objectif de stabilité des prix, un objectif de plein emploi et l’obligation de faciliter la croissance économique. Je ne suis donc pas partisan d’enlever cette référence à l’emploi, mais je propose  » viser un objectif de plein emploi » (ou « rechercher »)

  30. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Je vous copie un résumé de l’argumentaire d’Allais dans  » La Crise mondiale d’aujourd’hui » (je rajoute que la loi doit « parallèlement » punir les excès ou les utilisations frauduleuses d’une loi « dévoyée »)

    « =Le système du crédit=

    En fait, le système actuel du crédit, dont l’origine historique a été tout à fait contingente [accidentelle, non nécessaire], apparaît comme tout à fait irrationnel, et cela pour huit raisons au moins :

    – la création (ou la destruction) irresponsable de monnaie et de pouvoir d’achat par les décisions des banques et des particuliers ;

    – le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;

    – la confusion de l’épargne et de la monnaie ;

    – la très grande sensibilité du mécanisme du crédit à la situation conjoncturelle ;

    – l’instabilité foncière qu’il engendre ;

    – l’altération des conditions d’une efficacité maximale de l’économie ;

    – l’altération de la distribution des revenus ;

    – et enfin l’impossibilité de tout contrôle efficace du système du crédit par l’opinion publique et le Parlement, en raison de son extraordinaire complexité.

    Au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée de périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérablement amplifiées, sinon suscitées, sont la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit et le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme.

    Il pourrait cependant être facilement pallié à ces deux facteurs par une réforme d’ensemble qui permettrait, sinon de mettre fin aux fluctuations conjoncturelles, tout au moins d’en diminuer considérablement l’ampleur.

    Cette réforme doit s’appuyer sur deux principes tout à fait fondamentaux :

    1 – La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire.

    2 – Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme.

    La réforme du mécanisme de crédit doit ainsi rendre impossibles à la fois la création de monnaie ex nihilo et l’emprunt à court terme pour financer des prêts à plus long terme, en ne permettant que des prêts à des échéances plus rapprochées que celle correspondant aux fonds empruntés.

    Cette double condition implique une modification profonde des structures bancaires et financières reposant sur la dissociation totale des activités bancaires telles qu’elles se constatent aujourd’hui et leur attribution à trois catégories d’établissements distincts et indépendants :

    1. des banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;

    2. des banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés ;

    3. des banques d’affaires empruntant directement au public ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises

    • Dans son principe, une telle réforme rendrait impossibles la création monétaire et de pouvoir d’achat ex nihilo par le système bancaire et l’emprunt à court terme pour financer des prêts de terme plus long. Elle ne permettrait que des prêts de maturité plus courts que ceux correspondant aux fonds empruntés.

    Les banques de prêt et les banques d’affaires serviraient d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs. Elles seraient soumises à une obligation impérative : emprunter à long terme pour prêter à plus court terme, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui

    Une telle organisation du système bancaire et financier permettrait la réalisation simultanée de conditions tout à fait fondamentales :

    1 – l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ;

    2 – la suppression de tout déséquilibre potentiel résultant du financement d’investissements à long terme à partir d’emprunts à court ou à moyen terme ;

    3 – l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires ;

    4 – une réduction majeure, sinon totale, de l’amplitude des fluctuations conjoncturelles [22] ;

    5 – l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allègement en conséquence des impôts actuels ;

    6 – un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire de la création monétaire et de ses implications.

    Tous ces avantages seraient essentiels. Les profonds changements que leur obtention implique se heurteraient naturellement à de puissants intérêts et à des préjugés fortement enracinés.
    Mais, au regard des crises majeures que le système actuel du crédit n’a cessé de susciter depuis au moins deux siècles, et continue à susciter aujourd’hui, et que les autorités monétaires se révèlent toujours incapables de maîtriser, cette réforme apparaît comme une condition nécessaire de survie d’une économie décentralisée et de son efficacité.

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