Un an de blog, et plus de 300 billets : 262 en français et 42 en anglais. Sur ce blog-ci, 410 commentaires, chacun faisant souvent plusieurs pages. J’ai donné le meilleur de moi-même et vous aussi. Entre janvier et février, le nombre d’accès a plus que doublé : passant de 5.586 à 11.506. Plusieurs raisons à cela : notre discussion sur la création (ou non) de monnaie par les banques, le débat sur une constitution pour l’économie ainsi que l’affaire Kerviel.
La raison de ce blog au départ, ce fut mon désir de pouvoir ajouter des codicilles à « Vers la crise du capitalisme américain ? ». Le livre avait paru fin janvier 2007 et les membres du MAUSS (Mouvement Anti–Utilitariste dans les Sciences Sociales) qui l’avaient publié dans leur collection à La Découverte, s’intéressaient à la suite. Jacques Attali me posait aussi régulièrement des questions sur ce qui se passait aux États–Unis ; au bout de quelques semaines, la formule du blog qu’il avait lui–même adoptée s’imposa à moi de la même manière.
Après, j’ai découvert la liberté de l’Internet : la sérénité d’écrire et de publier sans être obligé de lire ce qu’un lecteur unique et le plus souvent incompétent invente – plusieurs mois plus tard – pour vous expliquer pourquoi il ne publiera pas votre texte dans sa revue confidentielle. D’accord, je charge un peu : il vient heureusement dans une carrière de chercheur / penseur, un moment où la plupart des textes que vous écrivez vous ont en réalité été commandités, ce qui signifie aussi la garantie qu’ils seront publiés. La deuxième vertu de l’Internet, c’est bien sûr l’instantanéité : j’écris quelque chose et dans la minute qui suit, c’est posté et visible par vous. La troisième, c’est le nombre de personnes qui vous lisent. A l’époque des revues imprimées, le texte était publié – dans le meilleur des cas – un an plus tard, et devait être consulté en bibliothèque. Combien de gens avaient alors l’occasion de vous lire ? Le chiffre était inconnaissable mais devait être, vu l’inaccessibilité, en général très faible. Quand j’affiche un billet sur mon blog, de 200 à 700 personnes le lisent dans la journée et quand Philippe Barbrel le reprend aussitôt – comme il a la gentillesse de le faire souvent ces jours–ci – sur Contre Info, ce sont 5.000 lecteurs garantis.
Sur le blog en anglais, j’ai un objectif précis : je m’efforce de définir un nouveau paradigme pour l’explication des phénomènes humains, le cadre m’en est offert par la discipline dite « human complex systems », du nom du centre auquel je suis affilié en tant que chercheur indépendant à UCLA. Sur le blog en français je continuerai d’écrire tout ce qui me passe par la tête et je m’efforcerai de rester disponible pour réagir à l’actualité financière qui a la mauvaise habitude d’être parfois très complexe et où ma « valeur ajoutée » est – je l’espère – de pouvoir l’expliquer en termes relativement simples. C’est ce que j’ai tenté de faire dans « Vers la crise du capitalisme américain ? » ainsi que dans le manuscrit de « La crise des subprimes en 2007 » sur lequel les éditeurs sont aujourd’hui penchés et dont les billets que j’ai écrits en 2007 ont constitué le matériau de base. De la manière dont les choses se présentent en 2008, il y aura sans doute un troisième volume et les chapitres vous en seront présentés ici en avant–première.
J’ai enseigné pendant sept ans : de 1977 à 1984. Depuis, et à part quelques brèves invitations en 1986 et 1997, l’enseignement n’a pas voulu de moi. Le fait que mes idées aient été privées de l’épreuve du débat qu’offre le contact avec un auditoire, m’a beaucoup manqué durant cette période. Le blog m’a rendu un espace où elles doivent se défendre et survivre à leur confrontation avec des opinions adverses. Ceci leur permet de se bâtir sur une base plus sûre et plus durable. Comme quelqu’un l’avait dit avant moi : « vous m’obligez à rester intelligent ». De ceci, je vous suis redevable : merci pour une année entière où j’ai bénéficié de vos leçons.
3 réponses à “Un an déjà”
Bonjour Mr Jorion, j’ai le plaisir de vous lire et d’apprendre beaucoup par vos écrits, je me permets de reprendre de temps en temps des passages en vous citant (sur le forum daily-bourse) et en n’oubliant pas de vous remercier.
J’ai eu le plaisir de vous écouter sur France Culture.
Je me demandais si la chute préméditée du Dollar n’avait que pour ultime objectif la création d’une monnaie unique l’AMERO, vers 2010 entre le Canada, le Mexique et les USA bien que cela entrainerait une ouverture de frontières entre ces 3 pays et forcément à une baisse des salaires, est-ce réellement possible ?
Intuit
c’est nous qui vous remercions pour l’exceptionnelle qualité de vos interventions, ce commentaire ne sera qu’un encouragement à vous inciter à poursuivre votre oeuvre dans ce sens ; je ne suis qu’un modeste employé, et j’apprends beaucoup grâce à vos papiers. Merci et encore bravo !
Si, une petite question, au sujet du philosophe H, ne craignez-vous pas que son aura sombre ternisse votre activité ?
Je vous lis avec beaucoup d’admiration et de plaisir sur « Contre-info » ; et vos analyses – limpides et sans fioritures – ont redonné le goût pour la chose économique et financière, au statisticien de formation que je suis entre autres. Auriez-vous le temps de traîter un jour du cas de figure qui résulterait de l’usage d’un panier « Dollars-Euros » pour le réglement des factures pétrolières ? Merci et bon courage.