Comme on le sait lorsque l’on lit ici mes billets, je ne me prive pas de critiquer la finance quand cela me semble justifié. Cela ne signifie pas pour autant que je souscrive à toute critique exprimée vis–à–vis du système financier. Je lis de plus en plus souvent par exemple, que « les banques commerciales créent de l’argent », et qu’il y aurait là un scandale à dénoncer. Or, cette proposition est fausse : les banques commerciales ne créent pas d’argent. J’explique pourquoi.
Quand elle vous prête de l’argent, la banque n’en crée pas : si elle peut vous prêter, c’est soit qu’elle utilise l’argent de quelqu’un d’autre, disponible sur son compte–chèque ou sur son livret–épargne (moins les « réserves obligatoires » qu’elle doit conserver comme provisions), soit qu’elle emprunte elle–même cet argent – par exemple en émettant des certificats de dépôt – et vous le re–prête. Son profit résulte du fait qu’elle vous prête à un taux plus élevé que celui qu’elle consent sur un livret–épargne ou que celui auquel elle emprunte elle–même. Il n’y a (malheureusement !) pas de « miracle de création d’argent » : les banques commerciales ne créent pas d’argent ex nihilo ! Pour en prêter, il faut que comme vous et moi, elles le trouvent quelque part !
En regardant d’un peu plus près le raisonnement de ceux qui soutiennent cette « légende urbaine », je vois l’accent mis sur trois choses : que beaucoup d’argent circule aujourd’hui sous forme électronique, que l’argent circule très vite et que la banque vous fait payer des intérêts. Ils disent : « On ne voit pas les billets ! ». Réponse : Ça n’a aucune importance : que votre employeur vous règle en billets de banque à la fin du mois, billets que vous allez alors déposer sur votre compte–chèque, ou qu’il le verse directement – par un ordre électronique – sur votre compte, cela lui coûte strictement le même montant : il n’a pas « créé » d’argent dans le second cas. Ils disent aussi : « Si vous obtenez un prêt aujourd’hui et que vous allez payer votre garagiste et qu’il dépose l’argent sur son compte, la banque pourra le re–prêter ! ». Réponse : Bien entendu mais où de l’argent a–t–il été créé ? C’est le même ! Il peut éventuellement circuler très vite au lieu d’être caché sous un matelas : c’est sa disponibilité pour d’autres transactions qui est en question avec l’épargne. Le Lac Victoria contient la même quantité d’eau que la Seine. L’eau s’écoule plus vite dans une rivière que dans un lac, donc il y a davantage d’eau dans la Seine que dans le Lac Victoria ! Non, je viens de le dire : le volume est le même ! Ils disent enfin : « Oui, mais vous payez des intérêts sur votre prêt et la personne qui empruntera l’argent déposé par le garagiste sur son compte, en paiera aussi ! ». Ben oui, mais pour payer ces intérêts, il faudra bien que je trouve l’argent quelque part – et de même pour lui ou elle !
Dans un des articles qui dénoncent le « scandale », il est écrit : « Beaucoup d’employés de banque diront que les banques commerciales ne créent pas d’argent… ». Encore heureux apparemment qu’eux au moins le sachent ! C’est dans les banques où je travaille que j’ai dû subir le même lavage de cerveau !
33 réponses à “Le scandale des banques qui « créent » de l’argent”
J’avoue que j’ai du mal à vous suivre. J’ai l’impression que vous jouez sur les mots. C’est quand même bien le crédit qui crée la monnaie scripturale avec effet multiplicateur ?
Alors certes, les banques n’impriment pas de billets (et donc ne créent pas d’argent physique), mais il me semble trompeur de dire que les banques ne créent pas d’argent puisque elles le font bien (et en détruisent) par l’intermédiaire du crédit.
On peut imaginer des cas qui réfutent mon argumentation : par exemple, qu’un particulier emprunte de l’argent à sa banque et dépose cette somme sur son compte bancaire. Dans ce cas–là, la banque peut effectivement réutiliser ce dépôt pour le re–prêter (encore une fois, moins les réserves obligatoires). Il y a alors un effet multiplicateur, qui est en fait subsidié par ce particulier payant des intérêts sur une somme qu’il n’avait aucune raison d’emprunter – puisqu’il la dépose sur son compte. La situation est évidemment tout à fait improbable et de tels effets sont nécessairement minimes. Je note que si l’on remplace le prêt par une ligne de crédit dans l’exemple, il cesse de fonctionner : l’argent non utilisé sur une ligne de crédit ne circule pas et ne donne pas lieu à versement d’intérêts.
Je vois que Maurice Allais pense que cette création ex nihilo joue un rôle important et la dénonce. Je n’ose pas croire que le seul Prix Nobel Français d’économie puisse se tromper et je chercherai donc à m’informer davantage sur ce qu’il a voulu dire.
Beaucoup de la documentation de l’association canadienne « Vers Demain« , porte sur ce sujet. La fable illustrative qu’elle propose est très éclairante. Pouvez vous appuyer votre refutation de cette « légende urbaine » suite à cette lecture ?
Pour moi un des problèmes est le découplage total de la monnaie de toute contrepartie physique en dehors du marché : les choses ne valent que ce que l’on est prêt à payer ou prêt à accepter contre elles, suivant que l’on est soit acheteur ou vendeur. L’argent n’a donc aucune existence ni valeur sans échange. Et pourtant la richesse est mesurée par les chiffres dans les livres et non par la mesure de la satisfaction des besoins sur un référentiel qualitatif commun à tous.
M Mittal est riche de la propriété de ses parts dans ses entreprises, mais s’il cherchait à les vendre, il n’en tirerait peut être pas toute la somme qui lui est attribué aujourd’hui : la crise des subprime en est une bonne illustration : un bien qui ne trouve pas preneur, quelque soit sa valorisation, ne représente rien sinon sa valeur d’usage. Valeur qui est proche de zéro pour un financier, et pour le moins non comptée.
Merci pour vos éclairages.
Moi non plus je ne comprends pas. Sur la plupart des blogs d’économie j’entends dire que ce sont les banques centrales qui créent de l’argent, d’autres disent non ce ne sont pas les banques centrales (elles ne créent que l’argent physique billets + pièces) mais les banques commerciales qui en faisant crédit « créent » l’argent.
Par exemple, elles créent plus d’argent si les régles de crédit sont plus laxistes (comme c’est le cas aux Etats-Unis)
ou par exemple en utilisant un effet de levier plus important, par exemple pour 1 euro dans mes caisses je peux préter 10, si on change la régle de 1 pour 20, les banques commerciales peuvent créer plus d’argent. D’un autre côté, c’est souvent l’état qui fixe ces régles, donc on pourrait aussi dire que c’est l’état qui permet aux banques comemrciales de créer de l’argent en assouplissant les régles prudentielles.
Bonjour,
Je vais peut être passer pour un pinailleur mais :
1) les banques francaises ne peuvent pas émettre des billets de trésorerie (qui sont réservés aux entreprises) pour se refinancer dans les marchés.
Par contre, elles peuvents émettre des certificats de dépôts à cet effet.
Je vous accorde que c’est 2 produits sont « quasiment » identiques mais la sémantique a son importance.
2) Si je me souviens bien de mes cours sur la Monnaie à l’Université, les banques sont bien des créatrices de monnaie
lorsqu’elles accordent un credit à leurs clients.
C’est d’ailleurs pour ca que cette création de monnaie « banque commerciale » est encadrée par des règles de contingentement de la part de la Banque Centrale.
D’ailleurs, les banques généralement accordent plus de crédit à leurs clients qu’elles n’ont de dépôts dans leur bilan, gap de trésorerie qu’elles comblent par des emprunts ou des émissions de titres dans les marchés financiers.
Et c’est bien cette fonction de création de monnaie qui font que les banques ne sont pas des entreprises comme les autres, dont le métier ne serait qu’un « commerce » d’argent et de pourvoyeur de services financiers.
Eric CUZZUCOLI
Trésorier CMCIC
Bonjour,
Je ne suis pas économiste, mais je cherche à comprendre ce qui se passe actuellement au niveau financier en consultant différents sites internet, (américains en général, les sites financiers français me semblant désespérément nuls).
Il me semble (si j’ai bien compris), qu’avec un mélange de titrisation de dettes et de « leviérisation » (c), par l’intermédiaire de création de produits dérivés (CDO, CDx, ABx…) les banques peuvent créer autant de monnaie qu’elles veulent (sans contrepartie de réserves obligatoire vu que les SIV (dettes titrisées ) sont sorties du bilan de la banque.
Par exemple:
1) Une banque Z prête une somme X à Mr Y pour l’achat d’une maison.
2) Elle crée une SIV dont les revenus sont basés sur les remboursements des emprunts immobiliers.
3) Mr Y sollicite un prêt auprès de la banque Z pour ses besoins personnels, en gageant ce prêt sur la valeur de sa maison dont le prix est (était) supposé monter indéfiniment. ==> on a ainsi une première multiplication des petits pains…
4) répétons cette opération (avec effet de levier 2, 3, …x fois ; CDO, CDO de CDO, CDO de CDO de CDO …., ajoutons y à chaque fois un effet de levier de 3 (par exemple) et on arrive à la merveille des merveilles qui est le système actuel de crédit où on se retrouve avec de l’ordre de 500 000 milliards de produits dérivés devenus non négociables, car reposant sur la base étriquée de la dette des pauvres qui ne peuvent plus payer.
Merci de me corriger si je n’ai rien compris.
Tout de suite une correction en réponse à Cuzzucoli Eric. Oui, les banques émettent des « certificats de dépôt », plutôt que des « Billets de Trésorerie » : une pure distraction de ma part et je corrige dans le texte.
Pour le reste, il semble que j’aie levé un lièvre avec cette question de l’« effet multiplicateur de la monnaie scripturale ». Comme vous le savez, je suis anthropologue et sociologue de formation et je n’ai pas appris la finance dans les livres mais sur le tas. Bien sûr durant ces dix–huit années, j’ai lu un nombre considérable de livres de finance mais je ne les ai jamais lus pour évaluer ma pratique : c’est au contraire à partir de celle–ci que j’ai pu juger les livres (j’avais procédé de la même manière auparavant en Intelligence Artificielle).
C’est ce qui s’est passé pour l’« effet multiplicateur de la monnaie scripturale » : j’ai travaillé dans des établissements bancaires où l’on se donnait beaucoup de peine pour trouver l’argent à prêter aux consommateurs. Vu la culture de ces entreprises, orientée vers la rentabilité, si l’on avait pu « créer » de l’argent par des opérations comptables, croyez–moi, on n’aurait guère hésité ! J’ai ensuite examiné les exemples que l’on vous propose pour « prouver » l’« effet multiplicateur de la monnaie scripturale » et la plupart contiennent des erreurs de logique élémentaire ou généralisent abusivement des cas particuliers. Ainsi dans l’exemple que j’ai offert en commentaire : il faut que le déposant mette l’argent qu’il a emprunté sur son propre compte pour que de l’argent soit « créé », etc.
Ceci dit, beaucoup de bonnes questions et d’excellents commentaires sur lesquels j’aurai à revenir.
Les banques créent bien de l’argent par des opérations comptables, avec comme seule limite les réserves obligatoires. Une banque où j’ai travaillé avait quelques milliards de fonds propres et des encours de crédits au-delà de 100 milliards. La création monétaire est une réalité. Ce n’est pas un mal pour autant. Quand le crédit est remboursé, la monnaie créée est détruite. Je vous invite à lire ceci.
Si, Mr Jorion, les banques créent de la monnaie. C’est la monnaie scripturale (« ce qui est écrit ») qui n’existe que sous forme électronique, celle qui figure sur les relevés de compte de ses clients.
Les banques centrales (BC), premier étage de cette escroquerie pyramidale, créent de la monnaie centrale qui existe sous deux formes :
– la monnaie fiduciaire, seule à avoir cours légal, représentée par les billets et pièces que nous avons en poche ou que nous déposons « à la banque » et que cette dernière garde très précieusement.
– la monnaie centrale électronique qui n’existe que dans la mémoire de l’ordinateur de la BC et est affectée à ses banques de premier niveau (les « primary dealers » de la FED). Cette forme électronique présente l’avantage de pouvoir être créée et détruite instantanément et à peu de frais. Cette création (destruction) de monnaie centrale électronique est essentiellement réalisée en contrepartie des TOMO, que le grand public connait désormais par les expressions urbaines « d’injecter (éponger) des liquidités » ; en gros la banque dépose en garantie un avoir de grande qualité (p.ex. des bons du trésor notés triple-A), qu’elle s’engage à reprendre à l’issue du prêt (de 1 à 14 jours en général, mais parfois jusqu’à 3 mois, comme en cette période troublée) et la BC crédite le compte de cette banque en monnaie centrale ainsi créée ex-nihilo. Le prêt porte sur pourcentage de la garantie offerte, selon sa qualité. A l’issue, la banque rembourse la BC, avec l’intérêt convenu (le fameux taux d’escompte que fixe la BC ou un taux négocié lors « d’appels d’offres »), et la BC lui restitue sa garantie. C’est une classique opération d’escompte.
A partir de la monnaie centrale qu’elles contrôlent (sous forme électronique à son compte à la BC, ou en stock via les dépôts de ses clients) ces banques de premier niveau peuvent créer autant de monnaie bancaire que leur permet le « coefficient de réserves obligatoires » fixé par la BC. Ce coefficient dont « on » (= les médias) ne parle jamais est pourtant bien plus important que le taux d’escompte ou que ce fameux « taux monétaire » dont les mêmes « on » nous rebattent les oreilles (sans même préciser qu’il ne s’agit que d’un objectif que la BC va essayer d’imposer sur le marché monétaire de par ses interventions, mais qu’elle ne peut pas fixer !)
En accordant un prêt, la banque crée à son tour, ex-nihilo, de la monnaie bancaire électronique qui s’appelle euro, dollar ou pesos mais qui n’existe pas. Ou plutôt, elle n’en possède sous forme matérielle (billets) que ce pourcentage.
Prenons un exemple. Mr M vend, pour 100 kE, une maison à Melle Z et tous deux ont un compte à la banque Q. Q accorde 100 kE de prêt à Z. Pour cela il suffit que Q ait encore 8 kE de réserves en monnaie centrale non utilisée … ou qu’elle les emprunte chez ses consoeurs sur le marché monétaire ou, plus cher, à la BC au guichet d’escompte. Alors, toutes choses égales par ailleurs, Z à une maison nantie par Q et un compte à -100 chez Q ; M à un compte à +100 chez Q ; Q est en équilibre *comptable* avec un compte à +100 et un autre à -100. Financièrement et bancairement la situation de Q est fort différente : M peut à tout instant retirer ses 100 tandis que Q ne peut pas les exiger de Z (qui se contentera de rembourser selon l’échéancier prévu). Q a pour seule obligation d’avoir, mettons, 8 en petites coupures usagées ; pas 100 !
C’est le deuxième étage de l’escroquerie pyramidale. Avec un coefficient de 8% (pour reprendre celui de Bâle II qui concerne les fonds propres minimaux qu’une banque doit avoir par rapport à tous ses engagements) une banque peut donc créer 12 fois plus de monnaie bancaire qu’elle n’a de monnaie centrale !
Ca semble fou ? en réalité c’est pire, bien pire ; aux USA que vous semblez bien connaître, on trouve du 2% ! un effet de levier de 50 ; enfoncés les hedge funds avec leur misérable fois-15. Comment est-ce possible ? et bien ce taux de réserve dépend de la nature du dépôt. Il est très important sur les comptes à vue (puisque, par définition, le client peut en demander tout le solde à tout moment). Les banques US ont trouvé la parade : le « sweep ». Elles proposent au client de rémunérer son compte, ce qu’il accepte évidemment. Mais il ne comprend pas que deux choses se passent alors : (1) la banque met cet argent sur un compte miroir et peut alors utiliser presque toute cette monnaie avec un beaucoup plus gros effet de levier et (2) c’est le client qui assume le risque du placement monétaire (et on a vu cet été ce qu’il en était de la sécurité associée). Merci Greenspan, JPM et Clinton, circa 1999 (abolition du « Glass-Steagall Act »)
Conclusion intermédiaire : dans un système bancaire à réserves fractionnaires toute banque est en permanence en faillite potentielle !!!
Il suffit qu’une partie seulement des M décident de retirer leurs avoirs (en espèces donc, c’est-à-dire en monnaie fiduciaire). Si les M de la LCR ou de la CGT comprenaient, ils pourraient détruire le système, et ce, de façon légale ! C’est ce qui s’appelle un « bank run ». On l’a vu avec Nothern Rock. Les banques comptent sur les statistiques, la loi des grands nombres. Or en cas de crise ces modèles sont inopérants. On se retrouve hors de « l’enveloppe de vol ». C’est ce qui menace aujourd’hui.
La quantité de monnaie bancaire est estimée par l’agrégat M3, à comparer avec M1 qui contient la monnaie fiduciaire …
Le troisième étage de cette escroquerie pyramidale est constitué des autres banques non clientes de la BC et des autres organismes financiers (crédit à la consommation p.ex.).
Question : quelle différence réelle entre un « taux monétaire » inchangé à 4% ou en hausse à 4.25%. Que se passerait-il si, à la place -ou en complément- de cette hausse, la BC remontait le coefficient des réserves obligatoires ? Indice : regarder ce qui se passe en Chine depuis un an. La banque nationale (pas centrale) chinoise augmente ce coefficient qui est à 15.5% maintenant (en fait elle s’en sert pour stériliser les USpesos sur-numéraires de ses importeurs).
Question : Si les CDO et autres ABS triple-A que la FED accepte sont dégradés par les agences de notation, comment les banques US pourront-elles se refinancer ? on comprend l’enjeu vital de sauver les monolines.
Quizz : (pour voir si le lecteur a bien compris) quelle différence entre un billet de 100 €, un relevé de compte avec solde de 100 €, un chéquier, une carte bancaire ?
– le billet a cours légal. De part la loi, nul ne peut le refuser, c’est ce qui lui donne sa force. C’est un contrat juridique « au porteur » et qu’on peut donc transmettre librement. C’est une promesse qu’on reçoit en échange d’un bien ou d’un service (son salaire p.ex.) et qu’on pourra plus tard utiliser pour consommer un bien ou un service. Sauf que cette promesse se dévalue du fait de l’inflation. C’est une promesse mensongère.
– le relevé est une promesse bancaire de remettre « à vue » la promesse mensongère précédente. Du fait du coefficent de réserve factionnaire, on peut dire que cette promesse bancaire est elle aussi mensongère et, en plus, intenable.
– le chèque, qui n’a pas cours légal et que chacun peut refuser (sauf exceptions prévues par la loi, seuil des 3 000 €, salaire) est un moyen de transmettre la promesse bancaire mensongère et intenable à autrui. Mais c’est gratuit.
– la carte bancaire est aussi un moyen de refiler la patate chaude à un tiers. Mais c’est payant annuellement, ça trace où et quand a eu lieu la transaction et même en quoi elle consistait.
Pour conclure ce mot de Henry Ford, au début du 20ème siècle, alors que la FED venait d’être créée (1913) : « si le peuple comprennait comment fonctionne la monnaie fiduciaire et le système bancaire à réserves fractionnaires, il y aurait une révolution avant demain matin ».
Votez Ron PAUL.
Le mécanisme de multiplication décrit dans le lien Europe2020 n’est pas valable. En effet la monnaie bancaire (électronique et virtuelle) de 9 000 créée par One par multiplication de sa monnaie centrale 1 000, ne peut pas être multipliée à son tour. Le coefficient de réserves fractionnaires ne s’applique qu’aux avoirs en monnaie centrale.
Lorsque tout ou partie de ces 9 000 en monnaie bancaire sont transmis (en paiement) à la banque Two, alors le mécanisme de compensation interbancaire (chaque soir) fait que One doit remettre 9 000 en monnaie CENTRALE (et non pas bancaire) à Two. Ce qu’elle ne peut évidemment pas faire : elle est en faillite ; En pratique, vu les réserves en monnaie centrale de ces banques et la masse de toutes les opérations, il y aura aussi des paiements de Two à One ; seuls les soldes sont à compenser.
Les banques en déficit de monnaie centrale devront s’en procurer pour conserver ce coefficient de 9 tandis que d’autres seront à l’aise et pourront prêter aux banques « en manque », moyennant garantie via le marché interbancaire (sauf si les garanties étant supposées douteuses, ce marché ne fonctionne plus). C’est pourquoi votre banquier essaie de vous domicilier lorsqu’il vous prête : il a intérêt à conserver le maximum de votre monnaie centrale pour continuer son business, plutôt que de devoir la refiler à ses concurrents.
Dit d’une autre manière : ce coefficient s’applique à l’ensemble de la monnaie centrale par rapport à l’ensemble de la monnaie bancaire. Et compte tenu de ce que ce coefficient dépend également du type de compte (courant, livret, épargne, placement, …)
Toute l’astuce diabolique, au sens premier, des banques US a été de transférer cette monnaie centrale là où elle n’était soumise qu’à un faible coefficient, voire à aucune limite ! D’ailleurs, leurs fonds propres n’ont cessé de diminuer tandis qu’augmentait leurs encours !
Le véritable hedge fund à fort levier en déconfiture est le système bancaire US. C’est pourquoi je pense que la FED est en mode panique.
Un peu de lecture :
http://www.hussmanfunds.com/wmc/wmc071204.htm (et ses archives)
Cet auteur, gestionaire de fonds, démonte ces mécanismes (avec des liens vers la FED), notamment le « buzz » lamentable des médias grand-public sur « l’injection record » de « liquidités » de la BCE cet été : un pet habituel, juste 2% ou 3% de plus qu’en 2006 … car s’était bien du vent, ses « liquidités » ayant été « épongées » dans la foulée.
Pour les miracles (mirages !) de la BCE, voir ici :
http://www.pro-at.com/analyse-bourse/technique-Desperate-Central-Banks-3-7807.html (et les archives de cet auteur)
Sur M3 reconstitué (après que la FED en eût suspendu la publication car « trop coûteux » et / ou « inutile ») comme proxy de l’effet de levier de la finance US (et de la catastrophe qui risque de se produire) :
http://www.nowandfutures.com/key_stats.html
http://www.shadowstats.com/alternate_data
Dans l’Euroland on en est à 12% pour M3 (contre un objectif de 4.5% que c’était « auto »-assigné la BCE et dont elle ne parle curieusement plus).
« On » convient que l’inflation peut-être estimée par M3 – PIB_non_déflaté, c’est-à-dire quantité de monnaie disponible (essentiellement bancaire sous forme virtuelle donc) moins quantité de richesses produites. En effet, cette monnaie peut être, et est, utilisée pour acheter des biens ou services. S’il y a 12% de monnaie en plus pour seulement 3% de richesse en plus alors les prix augmentent d’environ 9%. L’inflation est un phénomène essentiellement monétaire.
Evidemment les prix n’augmentent pas de façon homogène ; ceux qui sont à la source de cette monnaie virtuelle la dirigent en prenant leur commission. D’où les bulles successives dans les différentes classes « d’actifs » ; mais les BC n’utilisent pas ces prix-là pour leur objectif d’inflation … seul compte pour elles le sous-ensemble des prix à la consommation qui est sous contrôle disent-elles. Mais quand les prix à la consommation dérapent à leur tour (ils sont en avant-dernière position dans la chaîne de propagation), c’est trop tard. La BC entonne alors son air célèbre de « on va lutter contre l’inflation de deuxième tour » c’est-à-dire contre l’augmentation des salaires, le prix du travail, le dernier maillon de la chaîne inflationiste.
Je pense que l’auteur du blog devrait faire remonter en première ligne les commentaires d’Armand et se mettre à jour.
La seule remarque que l’on pourrait faire à Armand est relative à la nature juridique de la monnaie qui à mon sens n’est plus un contrat (depuis la perte de tout étalon) et dont la valeur outre le paramètre inflation est fluctuante en fonction des systèmes monétaires et des marchés.
Je confirme en tant qu’avocat, que les encours ne sont couverts que par des réserves ridicules, et que ce principe est mis en échec pour ce qui concerne les engagements hors bilan, notamment les produits dérivés, lorsque (officiellement), ils servent de couverture….
Une grosse partie des négociations lors des accords de Bâle était de savoir justement ce qui était mis dans les engagements hors bilan.
En outre, au-delà de la création de monnaie scripturale dans le cadre de prêts, il existe également beaucoup d’engagements bancaires imposés par la loi et qui à mon avis se retrouvent le plus souvent hors bilan….
Je pense à toutes ces cautions obligatoires imposées à des professionnels auprès d’établissements financiers : cautions de sous-traitants et garantie d’achèvement dans le secteur immobilier…., caution d’activités réglementées tel le placement de salariés…..
Je note un très fort lobbying bancaire :
– tant au niveau des lois, je pense essentiellement à un article venu dans la loi de sauvegarde des entreprises, nous expliquer que le banquier n’est plus responsable du crédit qu’il octroie……
– qu’au niveau des juridictions (ne pas oublier que dans chaque tribunal de commerce siègent des salariés de banques….)
Le système du crédit tel que conçu ne peut prospérer qu’avec une forte croissance réelle, et non pas sur des bulles successives….. entretenues à dessein….
Rikki34
A E. de Moustier
A propos de « Je pense que l’auteur du blog devrait faire remonter en première ligne les commentaires d’Armand et se mettre à jour ». Vous avez dû voir que ce fut fait dès le lendemain.
D’autre correspondants – eux aussi bien informés – se demandent si je n’ai pas fait trop rapidement machine–arrière. Ainsi un message ce matin : « … l’évolution de le crise renforce en fait ce que tu me disais l’été dernier –– que les banques sont en gros soumises aux même contraintes que les autres types d’entreprises. Si elles ne l’étaient pas, lorsqu’elles subissent des pertes comme CityGroup ou la Société Générale, il leur suffirait de créer davantage d’argent pour combler le trou. La « création d’argent » a donc manifestement des limites ».
Je me permets une réponse rapide, étant occupé ces jours-ci….
En réalité, la création monétaire est un sujet très intéressant qui varie selon la permissivité des législations, je vais essayer de vous trouver de la documentation juridique, normes comptables, et extraits des traités de Bâle, étudiés il y a plus de 10 ans à la fac….
Je vous conseille en attendant sur le sujet, les excellentes notes et posts de DENISSTO sur boursorama.
Les deux affirmations :
– création de masse monétaire dans le cadre des prêts
– et normes comptables strictes pour les banques
ne sont pas incompatibles et se complètent au contraire.
Ainsi il n’existe pas un ratio, mais des dizaines qui imposent aux banques que leurs encours soient garantis :
– ratio par rapport aux fonds propres
– ratio par rapport aux liquidités (notamment les dépôts)
– ratio par rapport à certains actifs en fonction de leur notation,
– la durée des encours est également prise en considération…..
Il existe donc un coefficient multiplicateur permettant aux banques de prêter plus que ce qu’elles ont effectivement en Trésorerie.
Il en découle corrélativement une comptabilité très spécifique et particulièrement exigeante.
Ainsi pour prêter et pour garantir les encours, la banque doit justifier, d’un certain niveau de :
– fonds propres,
– liquidités,
– et d’actifs….
Si du fait de pertes les fonds propres diminuent ou que des actifs se déprécient, la banque doit recapitaliser car non seulement elle ne peut plus offrir les garanties légales pour les prêts anciens, mais elle n’a plus le droit de prêter même à des gens solvables….
D’où les besoins actuels de SG et des autres banques exposées (City Group, Morgan….)
La création monétaire est limitée à la simple offre de crédits (ce qui est déjà pas mal) et a des corollaires très exigeants, la banque ne peut pas créer de la monnaie, pour saupoudrer ses bilans (en ce sens vous avez raison), en revanche légalement elle peut prêter plus qu’elle n’a.
Historiquement cette permissivité au niveau des crédits remonte effectivement à Guillaume d’Orange et à la création de la Banque d’Angleterre.
Sur le plan de la stricte monnaie scripturale, les effets de commerce qui remontent en occident au moyen age, avaient déjà comme effet de permettre une mobilisation de monnaie (légèrement) supérieure aux réserves or….
Courtoises salutations,
Et merci pour votre blog qui donne l’occasion d’échanger (sans censure)…..
Si… les banques créent bien de la monnaie, ou tout au moins son équivalent, avec les crédits de toute sorte à commencer par votre carte bleue à débit différé.
Et certaines banques centrales comme par exemple la FED en ont tellement conscience qu’elles ne publient plus le M3. voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_mon%C3%A9taire
Significatif, non ?
Et si rien de très fort n’est fait d’ici peu je crains que nous ne soyons obligés de revenir à une sorte de convertibilité physique.
On a vraiment été trop loin dans la folie monétaire pour s’en sortir indemne avec juste une petite perte de 30 ou 40 %
Réfléchissez déjà aux valorisations boursières, croyez-vous que le système actuel, qui chiffre la valeur d’un titre sur la base des échanges d’une journée, souvent moins de 0,0 quelquechose %, soit raisonnable ? Rajoutez là dessus les dérivés, et vous aurez peut-être froid dans le dos comme moi lorsque je consulte la valorisation de mon compte.
à Paul Jorion :
A propos de :
« D’autre correspondants – eux aussi bien informés – se demandent si je n’ai pas fait trop rapidement machine–arrière. Ainsi un message ce matin : « … l’évolution de le crise renforce en fait ce que tu me disais l’été dernier –– que les banques sont en gros soumises aux même contraintes que les autres types d’entreprises. Si elles ne l’étaient pas, lorsqu’elles subissent des pertes comme CityGroup ou la Société Générale, il leur suffirait de créer davantage d’argent pour combler le trou. La “création d’argent” a donc manifestement des limites ».
Les banques peuvent bien sûr créer de la monnaie, mais dans certaines limites, comme l’explique notamment Rikki34. or, quand elles font de grosses pertes, elles ont de la peine à tenir les ratios auxquelles elles sont censées se soumettre. C’est à ce moment-là que la liquidité devient terriblement précieuse et que les banques la gardent jalousement, tout en limitant très strictement les crédits. C’est aussi à ce moment-là que la banque centrale est tentée d’intervenir pour redonner de la liquidité.
D’une certaine manière, indirectement, on peut dire que la banque centrale maîtrise grosso modo la quantité totale de monnaie en circulation (fiduciaire + scripturale), mais que ce sont les banques commerciales qui vont pouvoir décider à qui va bénéficier l’émission monétaire, qui pourra utiliser de la monnaie.
Ce système de monnaie à deux étages est suffisamment étrange pour devenir difficile à concevoir. Les banques peuvent multiplier d’un certain facteur la masse monétaire initialement émise par la banque centrale, mais pas plus. Et il faut ajouter que les banques ont notamment pour tâche de transformer du crédit à court terme en crédit à long terme. Cela me semble un des éléments importants.
Peut-être ne faudrait-il pas dire que les banques commerciales « créent » de la monnaie, mais qu’elles « multiplient » de la monnaie déjà existante…un peu comme Jésus…. 😉
1) le système monétaire actuel, une arnaque institutionnalisée ou une théorie « conspirationiste » ?
En clair, est-il possible que des phénomènes conjoncturels et systémiques comme l’inflation ou les dettes nationales ne soient pas inévitables. L’argent dirige le monde qui dirige l’argent et comment ?
Si il est vrai que le système actuel est d’une complexité inouïe, il est possible – et je vous conseille d’y consacrer le temps – d’étudier sa construction ; particulièrement celle du système monétaire US, car le débat relatif au fonctionnement de la monnaie y est plus présent dans l’histoire connu du public que sur l’ancien continent.
Dans un premier temps je propose à chacun de visualiser une vidéo disponible sur alterinfo :
Je m’excuse par avance du ton et du montage (bien à l’Américaine) mais je n’ai pas encore réussi à réfuter un seul des arguments présentés (et serais heureux de connaître vos critiques).
Pour ceux que le débat intrigue, je vous propose trois sites qui se sont penchés sur la question, si le point de vue est explicite, la valeur de l’argumentation et les questions soulevées me semblent pertinentes et méritent une analyse et une mise à l’épreuve sérieuse, l’enjeu étant de taille.
A- Le site des faux monnayeurs, particulièrement accessible à des non-spécialistes, possède de mon point de vue quelques approximations simplificatrices mais le raisonnement est intéressant particulièrement en ce qui concerne le sujet –polémique- de la dette nationale (Cf PS2 en bas du post). A préciser : la mise en perspective historique me parait plus légère que celle des sites suivant…
« La crise mondiale aujourd’hui« , Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences Économiques 1988. Ed. Clément Juglar 1999.
Je précise au passage l’intérêt de savoir comprendre l’article 104 du traité de Maastricht, qui à mon sens rend institutionnel le monopôle des banques sur l’émission monétaire, dés lors les états ne peuvent plus créer de monnaie, ils peuvent tout au plus émettre des reconnaissances de dettes sur de l’argent déjà en circulation
B- le site du journal « Vers demain »
D’origine catholique, aucun prosélytisme de ma part mais comme les Textes interdisent l’usure, les catholiques ainsi que le tiers ordre dénoncent depuis longtemps ce qui au 18 et 19e était une pratique qui s’est institutionnalisée durant le 20e siècle.
Particulièrement intéressant : Chapitre 49 – L’histoire du contrôle bancaire aux Etats-Unis (Article d’Alain Pilote, paru dans Vers Demain de juillet-août 1985.)
C- Le blog de « Dicarno »
Un blog d’économie, à voir, en particulier pour l’histoire de la création de la réserve fédérale (page 3 partie 1 en dessous de la partie 2) beaucoup de matière, une bibliographie assez complète…
2) En quoi ces points de débats sont d’actualité à mon sens :
Cette perception de l’histoire monétaire et financière laisse envisager une réalité alarmante, la possibilité que des acteurs au sommet de l’oligarchie financière organisent volontairement des crises économiques pour imposer de nouvelles règles, toujours plus en leur faveur. Des crises qui bien souvent se traduisent par un appauvrissement massif des citoyens, les grands initiés s’étant retirés à temps de la partie.
Aujourd’hui l’économie traverse des turbulences pour le moins inquiétantes et l’on assiste à un débat public basé sur un paradoxe :
– les fondamentaux sont sains, les marchés doivent s’auto-corriger, les acteurs sont prudents mais optimistes …
– en même temps, il est évoqué la possible nécessité d’une refonte globale du système international
Comme j’ai mauvais esprit, je me dis que pour des raisons qui leurs sont propres les patrons du système souhaitent laisser s’effondrer le système, en causant les désordres que l’on imagine (économique et géopolitique) afin de proposer un nouveau système globalisé qui consacrera leur pouvoir…
Par exemple, une monnaie unique, pourquoi pas électronique, au fonctionnement centralisé et « indépendant » dont chaque citoyen serait dépendant…
J’entends déjà les louanges :
Je ne serais pas étonné que cette idée soit portée autant par des « alter mondialistes » que par l’exécutif sarkozyste. Non, excusez moi, je dois être victime de la désinformation conspirationniste…. Mais s’il vous plait, ne réfutez pas ces raisonnements par un « si c’était vrai, ça se saurait »….
Amicalement guillaume
Cherchez les liens entre le Congrès et la reserve féderale…On sait que en 1942, la Federal Reserve Bank de New York fut le lieu des réunions secrètes entre les états-majors britannique, soviétique et américain, afin de mener la guerre contre l’Allemagne nazie et l’Italie. En mai 1943, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le Président américain Roosevelt s’y sont retrouvés. (Même wikipedia le dit… )
POURQUOI SE SONT ILS RETROUVE DANS CE LIEU, QUI EST UN ORGANISME FINANCIER PRIVE, pour décider du sort du monde et pas dans un lieu public (du gouvernement j’attends). Quand on sait que suite aux accords de Bretton Wood signé en 1944 le dollar est devenue la monnaie internationale de référence, on est en droit de se poser des questions…
PS2, à mettre en lien avec « l’arnaque de la dette nationale », saviez vous que :
Le rôle du Comité stratégique est en particulier de donner sa lecture propre des principes qui gouvernent la politique d’émission de l’État et la gestion de sa trésorerie, qui en sont les membres ? Réponse : ici.
PS3 Pour corroborer ce que Armand a dit (Armand dit :9 février 2008 à 09:06 am) sur la position de Ron Paul en ce qui concerne la reserve féderale :
En 2002 Mr Paul candidat aux élections de 2008 a proposé l’abolition de la Fed :
(texte source)
PS4 Un livre à lire pour faire le lien avec la « réalité » :
« Le grand bond en arrière » de Serge Halimi (monde diplomatique) qui montre comment l’ordre libéral s’est imposé au monde.
@dani : le système tient effectivement du miracle biblique de la multiplication des petits pains. Tant que les fidèles ne se posent pas trop de questions, c’est-à-dire croient plutôt que pensent … ça passe, modulo quelque crises qui peuvent toujours être mises au compte du hasard, à pas de chance, à quelques traders fous, à des boîtes noires mal programmées, etc…
On peut tout aussi bien efectivement considérer que le système bancaire ne crée pas d’argent — P. Jorion va ainsi pouvoir ouvrir une nouvelle file 🙂 : il promet seulement de le faire via les relevés bancaires portant « monnaie scripturale », c’est-à-dire en s’engageant à remettre, à vue, cette quantité de monnaie fiduciaire centrale « ayant cours légal ». Et il s’agit d’une promesse mensongère et intenable du fait du système des réserves fractionnaires, comme expliqué plus haut.
On remarquera que même avec un ratio de réserves à 100% les banques seraient toujours en état permanent de faillite potentielle. En effet, « empruntant court pour prêter long », elles se trouveraient toujours en risque de devoir faire face à court terme à des obligations qu’elles ne peuvent assurer qu’à plus long terme.
Je vous rappelle que le soi-disant prix Nobel d’économie n’existe que par un abus dommageable de langage. En effet c’est la Banque de Suède qui a créé ce prix et, en l’appelant prix d’économie en l’honneur d’Alfred Nobel, a initié volontairement cette confusion entre les véritables prix Nobel (Paix, Littérature, Chimie, Médecine) et son prix d’économie. Le fait que ce soit une institution bancaire à l’origine du prix laisse suspecter un aspect subjectif dans l’attribution du prix qu’on voit difficilement attribué à un économiste au discours en opposition avec celui du monde de la finance.
Continuer à soutenir cette confusion me paraît pour le moins malhonnête.
A Gilbert,
Dans le cas de M. Allais il y a quand même une « petite » divergence d’analyse au sujet de la création monétaire bancaire.
Ce qui ne veut pas dire que la remarque n’est pas pertinente pour autant.
“La crise mondiale aujourd’hui“, Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences Économiques 1988. Ed. Clément Juglar 1999.
[…] Dans un premier temps, j’écris dans Le scandale des banques qui « créent » de l’argent : « … cette proposition est fausse : les banques commerciales ne créent pas d’argent ». De nombreuses réactions. Je suis désarçonné, par l’argumentation d’Armand en particulier : « Si, Mr Jorion, les banques créent de la monnaie. C’est la monnaie scripturale (”ce qui est écrit”) qui n’existe que sous forme électronique, celle qui figure sur les relevés de compte de ses clients ». […]
[…] pas où je mettais les pieds quand, le 7 février, dans mon premier billet consacré à la monnaie Le scandale des banques qui « créent » de l’argent je remettais en question la notion de « création ex nihilo » de monnaie par les banques […]
Une chose est sûre, l’argent doit bien naître quelque part.
Le fait de monayer un actif immobilier ou d’émettre un crédit en échange d’obligation du G, même si temporaire, reste de la création d’argent.
L’intérêt demandé dépasse alors du 100%, sans oublier le pouvoir de décision sur la production.
Une page intéressante (de moi) menant vers d’autres liens, comme le reflux bancaire.
Si Monsieur Jorion. Comme le dit justement Armand, les banques sont autorisées à créer de l’argent par des prêts aux particuliers (mais pas question pour le banquier de se prêter à lui-même).
Mécanisme : si la banque a 10 euros en compte de dépôt, dès lors elle est autorisée par la BCE a inscrire 100 euros dans un compte de crédit accordé à un particulier ou à une entreprise. Création monétaire : 90 euros !!!
Tout ça est bien sûr très règlementé. D’ailleurs, la réglementation du crédit hypothécaire est en pleine revision. L’auriez-vous cru ?
Pour info, chaque fois que vous tirez sur votre carte de crédit, vous créez de la monnaie par le même mécanisme.
Évidemment, ce mécanisme est le résultat quasi involontaire de 5000 d’Histoire de monnaie et de banque.
Salutations,
Vincent.
C’est donc bien vous et moi qui créons de la monnaie par l’intermédiaire des banques.
La création monétaire a été transférée de l’État vers les particuliers et les entreprises.
Vincent.
This…
Have you been blogging long? HRP 2: le robot ouvrier de demain? at Geek Mag is a great blog, you have a great writing style too. Found this post last Thursday and i’ve been reading your blog since. I’ve subscribed to your RSS feed and I am excited …
Paul Jorion dit:
« Quand elle vous prête de l’argent, la banque n’en crée pas : si elle peut vous prêter, c’est soit qu’elle utilise l’argent de quelqu’un d’autre, disponible sur son compte–chèque ou sur son livret–épargne (moins les « réserves obligatoires » qu’elle doit conserver comme provisions), soit qu’elle emprunte elle–même cet argent – par exemple en émettant des certificats de dépôt – et vous le re–prête. »
Faux, faux et refaux!
Il convient de considérer uniquement l’ensemble du système bancaire, toutes banques confondues, y compris les banques centrales. C’est à dire le bilan consolidé de toutes les banques de la zone monétaire considérée. Imaginer qu’il n’y a qu’une seule banque en tout et pour tout.
NB Ne font pas partie du système bancaire les fonds de placement, d’investissement, de pension ou toute autre institution financière qui n’a pas de status bancaire, qui n’a pas accès à la banque centrale.
Cela balaye toutes les objections relatives aux liquidités (trouver l’argent), prêts interbancaires, réserves, ratios de fonds propres… Questions qui ne regardent que le fonctionnement interne au système bancaire (et les actionnaires et déposants en ces temps troubles).
PJ: « Il n’y a (malheureusement !) pas de « miracle de création d’argent » : les banques commerciales ne créent pas d’argent ex nihilo ! Pour en prêter, il faut que comme vous et moi, elles le trouvent quelque part ! »
L’argent vient du système bancaire dans son ensemble. Si on considère une seule banque en tout et pour tout, le crédit fait bel et bien le dépôt. C’est indiscutable! Le fait que l’argent se retrouve dans la même banque ou non, n’a aucune importance ici.
L’argent peut se retrouver dans des fonds hors du système bancaire. Mais il est placé, c’est à dire qu’il se retrouve toujours sur un compte bancaire d’une manière ou d’une autre.
Quand Paul Jorion parle de « trouver l’argent », il s’agit en fait d’assurer les liquidités. A la différence des autres acteurs économiques, les banques ne sont pas obligées de garder tous leurs dépôts liquides, mais seulement une toute petite partie de ceux-ci, à savoir les réserves qu’elles déposent à la Banque Centrale. En zone euro, pour les dépôts à vue ou à terme inférieur à 2 ans, elles ne sont tenues de mettre en reserve (garder l’argent) qu’un ridicule 2% du total déposé (Cfr BCE). Ceux qui nient la création monétaire doivent alors admettre que dès qu’ils déposent 100 euros sur leur compte, 98 euros disparaissent à l’instant même. Ils perdent 98% de leur argent dès qu’ils le déposent à la banque! Il n’en est évidemment rien, la banque vous doit toujours « votre argent », mais elle n’est tenue de « re-trouver l’argent » qu’à la demande, d’assurer les liquidités au besoin.
L’erreur de Paul Jorion vient sans doute du fait qu’il n’a travaillé que dans des banques spécialisées dans les prêts immobiliers. Mais si la banque avait aussi une part de marché importante pour les dépôts à vue ou d’épargne, comme CityGroup ou BofA, elle n’aurait pas eu à emprunter puisqu’elle aurait une base de dépôts suffisante pour assumer ses propres liquidités. Elle aurait ainsi une certaine autonomie de création monétaire. Vu les réserves obligatoires ridicules (2% en zone euro), la banque aurait une quasi-indépendance vis-à-vis de la banque centrale.
PJ: « Ils disent : « On ne voit pas les billets ! ». Réponse : Ça n’a aucune importance : que votre employeur vous règle en billets de banque à la fin du mois, billets que vous allez alors déposer sur votre compte–chèque, ou qu’il le verse directement – par un ordre électronique – sur votre compte, cela lui coûte strictement le même montant : il n’a pas « créé » d’argent dans le second cas. »
En effet, l’employeur ne peut créer l’argent. Seule une banque peut le faire quand elle accorde un prêt, selon la charte bancaire et la loi. Je répète: les crédit fait le dépôt.
PJ: « Ils disent aussi : « Si vous obtenez un prêt aujourd’hui et que vous allez payer votre garagiste et qu’il dépose l’argent sur son compte, la banque pourra le re–prêter ! ». Réponse : Bien entendu mais où de l’argent a–t–il été créé ? C’est le même ! Il peut éventuellement circuler très vite au lieu d’être caché sous un matelas : c’est sa disponibilité pour d’autres transactions qui est en question avec l’épargne. »
Non ce n’est pas le « même argent », cela n’a d’ailleurs aucun sens puisqu’il s’agit d’une inscription comptable. Quand A dépose X à la banque et que celle-ci reprête « son argent », le compte de A n’est pas débité, la banque lui doit toujours « son argent », charge à elle d’assurer les liquidités (trouver l’argent) si besoin s’en fait sentir. C’est la manière classique et compliquée d’expliquer la création monétaire: la « multiplication » monétaire par prêts successifs (substraction faite des réserves obligatoires). En considérant le système bancaire dans son ensemble, à chaque opération, celui-ci doit de plus en plus d’argent aux déposants.
PJ: « Le Lac Victoria contient la même quantité d’eau que la Seine. L’eau s’écoule plus vite dans une rivière que dans un lac, donc il y a davantage d’eau dans la Seine que dans le Lac Victoria ! Non, je viens de le dire : le volume est le même ! »
Il me semble que Paul Jorion et d’autres confondent activité économique (PIB) et masse monétaire. Ce sont des notions différentes.
La masse monétaire sont les dettes de l’ensemble du système bancaire envers les déposants-prêteurs-forcés. Je dis bien prêteurs-forcés car on a pas le choix à moins de sortir « son argent » en coupures, le thésauriser (le cauchemard de JF) et le voir ainsi fondre comme neige au soleil par l’inflation qui n’est qu’une dévaluation délibérée des autorités (le rêve de JF).
PJ: « Ils disent enfin : « Oui, mais vous payez des intérêts sur votre prêt et la personne qui empruntera l’argent déposé par le garagiste sur son compte, en paiera aussi ! ». Ben oui, mais pour payer ces intérêts, il faudra bien que je trouve l’argent quelque part – et de même pour lui ou elle ! »
En effet, au moment où le prêt est accordé, seul le principal est créé, pas les intérêts qu’il faudra trouver ailleurs.
Oui, Fujisan,
Vous n’avez pas tort ! Mais le problème avec le terme ex-nihilo et les explications qui en sont données est qu’on le présente et qu’on se l’imagine comme une sorte de miracle facile, uniquement borné par les réserves fractionnaires de façon mécanique.
Or on observe en fait que l’ensemble des ‘crédits’ assis sur du ex-nihilo (donc hors le crédit-financement assis sur de l’épargne volontaire et consciente) couvre celui de la partie des dépôts qui ne fait l’objet ni d’un retrait, ni d’une conversion en monnaie fiduciaire.
Bref ce que l’on observe c’est qu’il y a une certaine équivelence entre un certain encours stable de la masse monétaire ET l’ensemble des crédits-prêts.
On peut donc en conclure que dans une certaine réalité , le ex-nihilo n’existe pas.
Sauf que cette équivalence (qui au fond coule de source : le système se fabrique par un moyen ou un autre, inconsciemment , la quantité de monnaie dont il a besoin pour l’ensemble des transactions) fonctionne par du ex-nihilo … qu’on pourrait alors baptiser « Faux ex-nihilo » puisqu’il ne s’agit que d’opérer une substitution , une duplication.
Reste que ce procédé génère de l’instabilité puisqu’il peut générer une utilisation conjointe de 2 monnaies dont l’une n’est que la duplication de l’autre, ou bien qu’il accentue le risque une crise d’illiquidité si tous les récipiendaires de cet argent dupliqué avait la malencontreuse idée de demander une transformation en monnaie centrale (Sachant que même dans la meilleure situation financière qui soit, ce ‘risque’ existe toujours)
Autre défaut ENORME de ce système : il permet les dépassements , c’est a dire une augmentation réelle de la masse monétaire : le crédit ‘faux-ex-nihilo’ va dépasser sa propre base de duplication de départ.
–> ET LA, nous avons avons affaire à du … « vrai-ex-nihilo » !!!!
… qui bien sûr va se noyer discrètement dans la masse des dépôts des banques , devenant ainsi sa propre fausse justification !!!
Que ces dépassements créent à petites doses des excitations keynesiennes du tissu économique , dans la mesure ou des rigidités sociales ou de l’appareil de production , les rendent possible , je peux me l’imaginer.
Mais très rapidement ce surplus de monnaie (par rapport à sa fonction de transaction) , entraîne d’abord des investissements dans des secteurs relativement inutiles (même s’il en faut … de l’inutile !) , mais ensuite dans des activités complètement superfétatoires, puis du style ‘ateliers nationaux’ …
Bon , on peut admettre que c’est une façon de partager les choses et de faire vivre les gens …
Mais ensuite cette monnaie supplémentaire va aller alimenter des bulles , c’est à dire chercher à dégager de la valeur par des allers-retours sur des actifs en voie de raréfaction, ou bien objet de demande croissante, ou bien porteur de profits futurs. Là aussi je veux bien admettre que certains speculateurs ‘alertent’ ainsi le système des prochaines pénuries possibles , mais ils se comportent également aggravateur de cette alerte, et se retirent ensuite de ces secteurs après les avoir complètement désorganisés , en plumant les derniers rentrés et en laissant des dettes qui paralysent ces zones de ongues années.
Enfin, ce système juridico-financier du « faux-puis-vrai-ex-nihilo » , dans un environnement globalisé et dérégulé, se déploit à une vitesse extrême et avec des masses financières probablement purement virtuelles dans le sens où elle s’évanouissent après avoir dégagé de la valeur, par des aller-retours sur des actifs de bulles , qu’elle est capable de provoquer par la seule force de sa masse !!!
Et je rajouterai que ces rendements démentiels du secteur financier , comme la spéculation pépère, laisse des champs de ruines : la valeur ainsi volée doit bien être ‘débitee’ quelque part
Voilà pourquoi penser le ex-nihilo mais dépouillé de sa magie, permet -me semble-t-il- , lorsqu’on ne dérive pas trop vers le mirage étatique ou la caricature du banquier, de mieux voir un des endroits essentiels d’où la crise est venue.
Non ?
@ Fujisan
Avant de décréter que nous ne sommes pas d’accord, consacrez un tout petit peu de temps à la série de billets que j’ai rédigés à ce sujet.