La journée du 5 février, qui touche à sa fin, fut schizophrénique pour les États–Unis, écartelés entre deux histoires n’ayant pas grand rapport tout en en ayant un cependant : le destin du pays. D’une part, le déroulement, prévu de longue date, des primaires présidentielles dans vingt–quatre des états, dont certains parmi les plus importants comme la Californie et New York, d’autre part, la déroute, imprévue celle–là, de la bourse de New York, désespérée par la publication du chiffre pour janvier de l’indice ISM.
L’indice ISM est publié par l’Institute for Supply Management et sert de baromètre à l’activité dans le secteur des services, représentant aujourd’hui 90 % des emplois aux États–Unis. L’indice varie autour du seuil des 50 indiquant une activité stable, sans expansion ni contraction ; une valeur supérieure à 50 signale que le secteur est en expansion, une valeur inférieure à ce chiffre, un secteur qui au contraire se contracte. En décembre, l’indice valait 54,4 et le chiffre prévu par les analystes pour janvier était de 52,5. Le chiffre réel – communiqué ce matin une heure plus tôt que prévu pour éviter les fuites – s’avérait n’être que de 41,9 suggérant que l’activité du secteur, représentant, comme je l’ai dit, 90 % des emplois, est en chute libre. La bourse entamait une baisse qui se poursuivrait inexorablement durant toute la séance pour atteindre 3 % en clôture. Quand la bourse de Tokyo prit le relais, l’indice Nikkei perdit en deux heures 4,3 % de sa valeur.
Sur le front des primaires, la journée n’avait pas la même signification pour les camps républicain et démocrate, et ceci en raison des règles différentes qui président au système électoral au sein de chacun des partis. Pour les premiers, dans de nombreux états le vainqueur récolte l’ensemble des électeurs qui le représenteront à la convention républicaine début septembre. La conséquence pratique en est que le candidat officiel pourrait émerger à la suite du vote d’aujourd’hui. Pour les démocrates, la représentation est proportionnelle et à moins d’un raz de marée pour l’un des deux candidats – que les résultats connus jusqu’ici n’indiquent pas – leur affrontement se poursuivra jusqu’en mars ou avril, voire jusqu’à la Convention démocrate à la fin du mois d’août.
La situation qui pourrait exister dès demain, serait donc celle – très déséquilibrée, d’un candidat officiel du côté républicain, tandis que les deux candidats potentiels démocrates continueraient de se chamailler durant de longs mois. Les démocrates le savent, et c’est ce qui explique sans doute pourquoi lors du débat Clinton – Obama en Californie vendredi dernier, les deux candidats étaient tout sourire l’un vis–à–vis de l’autre, s’étant sans doute résignés à l’idée d’un « ticket » qui les réunirait, le seul problème restant à régler étant de savoir qui des deux se présenterait en pole position. La question ayant été explicitement posée par le modérateur, Obama avait répondu par une boutade : « Quel candidat ne se réjouirait de se présenter avec Hillary candidate à la Vice–Présidence ! ». Le casse–tête des démocrates est qu’en cas de duel avec McCain, et au vu des chiffres actuels d’intentions de vote, aucun des deux, Obama ou Clinton, ne l’emporte de manière décisive contre le républicain. Tout se complique encore davantage en raison du profil très particulier de ces trois candidats : de nombreux électeurs républicains s’abstiendront de voter pour McCain, jugé trop à gauche, tandis que certains électeurs démocrates préféreront sans doute voter pour un homme blanc plutôt que pour une candidate ou pour un Américain noir. Telle que la situation se présente au soir d’une journée pourtant qualifiée de « décisive » au cours des dernières semaines, rien ne sera véritablement joué avant le jour de l’élection présidentielle, le 4 novembre prochain. Entre–temps, les événements qui se déroulaient en parallèle au cours de la journée auront contribué à pousser toujours davantage le budget des ménages au centre des futurs débats.
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