Dans un billet intitulé « Jérôme Kerviel ou la main de Dieu ? » (*) à paraître sur Causeur, le site d’Elisabeth Lévy, je reprends comme explication de la baisse de 0,75 % de son taux directeur par la Fed mardi, celle qu’à peu près tout le monde – y compris moi – avait proposée, à savoir, qu’il s’agissait d’une intervention destinée à prévenir le krach qui se dessinait le lundi 21 janvier (voir Le krach pour demain ?). Depuis, le Financial Times a suggéré que l’apparence de krach résultait des opérations entreprises lundi par la Société Générale pour défaire les positions prises par Kerviel et représentant près de 10 % du montant des marchés boursiers.
Sur Causeur, il convient d’être incisif et de ne pas y aller par quatre chemins, c’est la loi du genre pratiqué là et je m’y plie. Il existe cependant une autre interprétation du geste de la Fed mardi. Je l’ai trouvée sous la plume de John Mauldin, un gourou des milieux financiers, explication qui me paraît très plausible. Voici. La Fed est essentiellement préoccupée par la faillite possible des principaux assureurs d’obligations, les « monolines » ou « réhausseurs de crédit » et, avant qu’on n’en arrive là, par les pertes qui seront enregistrées par les banques si la notation de ces assureurs devait être révisée à la baisse par les notateurs (Fitch a déjà rétrogradé MBIA, le 18 janvier, de « AAA » à « AA » – d’autres révisions de notation sont imminentes), du fait de la dégradation automatique alors de la note de crédit d’un grand nombre d’obligations qu’ils couvrent (voir Les assureurs d’obligations (II. Le contexte)). La seule manière de venir en aide aux banques, avance Mauldin, c’est de les aider dans leur financement. Sachant qu’elles prêtent sur le long terme et empruntent à court terme, des taux courts beaucoup plus faibles que les taux longs leur permettraient de se refaire une santé. Pour cela, il faudrait baisser le taux directeur de 1,25 %, soit beaucoup plus que ce que le dollar est à même de digérer d’un seul coup. C’est pourquoi, dit Mauldin, la baisse a été décomposée en deux phases : 0,75 % à chaud, mardi dernier, 22 janvier, et 0,5 % mercredi prochain, le 30 janvier, quand la Fed se réunira pour son rendez–vous mensuel. Cette interprétation est élégante et bien pensée. Si en plus elle est juste, ça, on ne le saura que mercredi prochain.
(*) Le texte en est disponible en avant-première dans les commentaires au présent billet.
2 réponses à “La vieille dame et la courbe des taux”
Voici le texte pour Causeur en avant–première ici.
Jérôme Kerviel ou la main de Dieu ?
« Cette interprétation est élégante et bien pensée. Si en plus elle est juste, ça, on ne le saura que mercredi prochain. »
Ca y est, on le sait : elle est juste 😉