Je suppose que ce type de profil vous est maintenant familier. Seule l’étiquette change de blog en blog. Ici, c’est le prix de l’action de Freddie Mac à la clôture d’hier. Aujourd’hui, l’action est tombée encore un peu plus bas, à 26 dollars. Le profil pour Fannie Mae est identique. Hier le titre de Freddie Mac a perdu 29 % de sa valeur, celui de Fannie Mae, 25 %.
Je vous rappelle que Fannie Mae et Freddie Mac, les GSE (Government–Sponsored Entities) étaient les chevaliers blancs sur lesquels Countrywide comptait pour éviter une faillite dont la rumeur hier à Wall Street était qu’elle était imminente. On reparlait de Fannie et Freddie parce que dans un paysage du crédit immobilier en voie de désertification rapide, elles reprenaient du poil de la bête : leur part de marché qui était tombée de 78 % en 2003 à 45 % en 2006, est revenue aujourd’hui à 72 % (voir Où l’on reparle de Fannie Mae et Freddie Mac). Mais le miracle n’aura pas lieu parce que la seule richesse dont elles disposent, ce sont précisément ces RMBS (Residential Mortgage–Backed Securities), ces obligations que l’on crée en reconditionnant plusieurs milliers de prêts au logement individuels et qui sont au centre de la tourmente actuelle.
Le portefeuille de Freddie Mac, toute prestigieuse qu’elle soit, compte pourtant 105 milliards de dollars en prêts subprimes sur un total de 713,1 milliards, soit 14,7 %. Les emprunteurs qui constatent que leur maison vaut désormais moins que le montant du prêt encore dû, s’évaporent dans la nature. Obligée de comptabiliser les pertes qu’elle subit pour cette raison, Freddie Mac constate que ses réserves statutaires ont fondu de 1,2 milliards de dollars et qu’il ne reste que 600 millions en caisse : il lui faudra reconstituer d’urgence ce coussin et cela ne pourra se faire qu’en vendant une partie de son portefeuille de RMBS. Or, tant de ces titres à la valeur déjà compromise soudain mis sur le marché ne vont pas arranger les choses !
Quand les GSE que sont Fannie Mae et Freddie Mac furent partiellement privatisées par Lyndon Johnson pour qu’elles cessent d’apparaître dans le budget de l’état américain alors grevé par la guerre du Viet–Nam, leur privatisation fut bâclée. Il n’existe ainsi pas dans leurs statuts de procédure de redressement judiciaire. Le fait que le cas n’ait pas été prévu convainquit tout un chacun qu’il s’agissait bien toujours de l’Oncle Sam sous un autre nom et qu’en cas de pépin il serait bien obligé de venir à la rescousse. Or ce moment lointain a désormais cessé d’apparaître mythique. La somme des titres que Fannie et Freddie combinés possèdent ou bien garantissent s’élève à 4.800 milliards de dollars. C’est beaucoup d’argent, même pour Oncle Sam dont la note de crédit est, je dirais « par principe », « AAA ». Les agences de notation qui se sont fait taper sur les doigts à de nombreuses reprises récemment pour avoir vu les nuages s’amonceler et pourtant se tenir coites, seront sans doute plus promptes à revoir leur notation cette fois–ci, Oncle Sam ou pas : leur réputation, c’est–à–dire leur survie, est en jeu !
3 réponses à “La métastase VII – Fannie Mae et Freddie Mac”
Est-il possible que ces sociétés (Fanny Mae et Freddie Mac) fassent faillite ?
Ne pensez-vous pas que l’Etat Américain viendrait à leur secours.
C’est ce que la plupart imaginent. Mais les sommes mentionnées pour un
« dépannage » éventuel augmentent de jour en jour !
[…] dire que Fannie Mae est l’organisme qui a eu le premier rôle dans la crise des subprimes. Sans eux, rien n’aurait été possible […]