Un vent de panique soufflait sur Wall Street aujourd’hui. L’indice Dow Jones perdait 361 points, soit 2,6 % de sa valeur alors que les actions des organismes financiers subissaient des décotes encore plus considérables, le plus souvent de l’ordre de 5 %. La décote du titre de Countrywide, le numéro 1 du prêt hypothécaire américain, était de 9,25 %, moins cependant que celle de sa rivale Washington Mutual, la principale caisse d’épargne américaine et, elle aussi, un des tout grands du prêt au logement. Washington Mutual perdait 17,2 % de sa valeur et entraînait dans sa chute les deux Government–Sponsored Entities : Fannie Mae et Freddie Mac, dont je parlais longuement dans mon blog d’hier (Où l’on reparle de Fannie Mae et Freddie Mac; voir aussi Esprit du New Deal, es–tu là ?) et dont les titres baissaient respectivement de 10 % et 8,6 %.
La raison de la chute de Washington Mutual et des deux GSE est une assignation des trois firmes par le Procureur Général de l’État de New York qui soupçonne la caisse d’épargne d’avoir encouragé des experts immobiliers à surévaluer la valeur de certains logements pour lesquels elle consentait des prêts hypothécaires. Un prix artificiellement gonflé, en réduisant le rapport entre le montant du prêt et la valeur de l’habitation, permet à certains consommateurs d’obtenir un prêt pour lequel ils ne seraient normalement pas qualifiés ; il augmente évidemment également le montant des commissions qui reviennent à l’organisme prêteur.
L’enquête dont Washington Mutual et ses contreparties Fannie Mae et Freddie Mac sont l’objet n’était cependant pas la seule mauvaise nouvelle qui déprimait Wall Street : depuis plusieurs jours la presse s’amuse à comparer la capitalisation des compagnies d’assurance qui couvrent le risque de défaut de diverses obligations – capitalisation parfois très faible, comme dans le cas d’ACA : 95 millions de dollars – avec la somme de 2,5 mille milliards de dollars que représente ce marché aujourd’hui fragilisé. C’est à la lumière de tels chiffres qu’il faut interpréter par exemple les propos d’Angelo Mozilo, le patron de Countrywide, lors de son exposé aux actionnaires il y a quinze jours, que le portefeuille de la firme en prêts hypothécaires à taux flottant (autorisant des versements mensuels d’un niveau inférieur même aux intérêts dus : Pay Option ARM), ne craint rien parce qu’il est entièrement couvert par une assurance.
Autre mauvaise nouvelle, l’analyse publiée par la Royal Bank of Scotland qui chiffre à 250 à 500 milliards de dollars les pertes qui seront enregistrées à la suite de l’assèchement du crédit de l’été dernier. À titre de comparaison, 500 milliards de dollars, c’est le coût jusqu’ici de l’occupation de l’Irak, ou encore l’équivalent de la valeur additionnée des trois premières banques américaines : Citigroup, J. P. Morgan Chase et Bank of America. Alors que ces pertes pouvaient plus ou moins bien être masquées jusqu’ici par ceux qui les subissent, l’application de la norme comptable 157 (Financial Accounting Standards Board 157) à partir du 15 novembre forcera les organismes financiers à estimer leurs produits au prix du marché – quel que soit celui-ci – plutôt qu’au prix que suggèrent leurs modèles (j’ai expliqué cette question de manière détaillée dans « Juste prix » et « juste valeur »).
À quoi il faut encore ajouter la dépréciation qui va en s’accélérant du dollar par rapport aux autres devises. La nouvelle de la journée qui fit tomber le cours du dollar à 1,4679 euros – du jamais vu – c’est la déclaration de Xu Jian, le directeur adjoint de la banque centrale chinoise que le dollar « est en train de perdre son statut de devise mondiale ». Il faut savoir que le montant actuel de la devise américaine en réserve dans son institution est de 1,43 mille milliards de dollars. Même si une faible fraction seulement de cette somme devait être échangée pour de l’euro, la dépréciation du dollar n’en serait pas moins dramatique (voir mon « Vers la crise du capitalisme américain ? » (2007) où j’envisageais ce scénario : pages 236-238).
L’expression à la mode ces jours-ci est « partie émergée de l’iceberg » : la crise des subprimes en février n’était que la partie émergée de l’iceberg de l’assèchement du crédit qui eut lieu en août… qui n’était elle-même que la partie émergée de l’iceberg de la crise qui se dessine aujourd’hui. Le vent de panique des marchés boursiers découle du fait que l’on commence à deviner la taille de la partie de l’iceberg qui reste invisible sous l’eau !
Ah ! J’oubliais, et pour terminer sur une note optimiste : Monsieur Ben Bernanke, Président de la Fed, a l’intention de mentionner dans le discours qu’il prononcera demain devant le Congrès quelques « aspects souriants de l’économie » (bright spots).
4 réponses à “Où l’on devine la partie immergée de l’iceberg”
Bonjour,
existe t-il, de votre point de vue une relation entre la crise du subprime et la forte augmentation du prix de l’or ? Est ce la conséquence de la perte de valeur du dollar due à la baisse des taux de la Fed essayant d’ apporter des liquidités ?
N’est ce pas les prémisses d’une crise monétaire ?
Merci de votre attention.
PS : des nouvelles des extra terrestres d’ ummo ?
A priori, je préfère dire que je ne sais pas plutôt que de dire une bêtise. Si j’étais économiste de formation j’aurais sans doute une explication toute prête mais comme je ne le suis pas, il faudrait que je regarde.
Sur les extra-terrestres : sans me prononcer sur leur existence ou non, je m’étais un jour amusé – il faudra que j’y revienne – à renvoyer l’ascenseur en soulignant les erreurs grossières de raisonnement qui émaillaient un rapport expliquant que la fameuse « observation » d’un OVNI à Roswell était en réalité la découverte des débris d’un ballon–sonde » (« La vérité (anthropologique) sur les extra-terrestres » in L’Homme 157, 2001 : 197-216).
Former pilots and officials call for new U.S. UFO probe
Mon Nov 12, 2007 5:01pm EST
WASHINGTON (Reuters) – Democratic U.S. presidential hopeful Dennis Kucinich may have been ridiculed for saying he had seen a UFO, but for some former military pilots and other observers, unidentified flying objects are no laughing matter.
An international panel of two dozen former pilots and government officials called on the U.S. government on Monday to reopen its generation-old UFO investigation as a matter of safety and security given continuing reports about flying discs, glowing spheres and other strange sightings.
« Especially after the attacks of 9/11, it is no longer satisfactory to ignore radar returns … which cannot be associated with performances of existing aircraft and helicopters, » they said in a statement released at a news conference.
The panelists from seven countries, including former senior military officers, said they had each seen a UFO or conducted an official investigation into UFO phenomena.
The subject of UFOs grabbed the spotlight in the U.S. presidential race last month when Kucinich, a member of Congress from Ohio, said during a televised debate with other Democratic candidates that he had seen one.
Former presidents Ronald Reagan and Jimmy Carter are both reported to have claimed UFO sightings.
Most turn out to be misidentified aircraft, satellites or meteors. A panelist who once worked for Britain’s Ministry of Defense said 5 percent of incidents cannot be explained.
But the sightings are often dismissed by authorities without proper investigations, UFO activists say.
« It’s a question of who you going to believe: your lying eyes or the government? » remarked John Callahan, a former Federal Aviation Administration investigator, who said the CIA in 1987 tried to hush up the sighting of a huge lighted ball four times the size of a jumbo jet in Alaska.
The panel, organized by a group dedicated to winning credibility for the study of UFOs, urged Washington to resume UFO investigations through the U.S. Air Force or NASA.
« It would certainly, I think, take a lot of angst out of this issue, » said former Arizona Gov. Fife Symington, who said he was among hundreds who saw a delta-shaped craft with enormous lights silently traverse the sky near Phoenix in 1997.
The Air Force investigated 12,618 UFO reports from 1947 to 1969 in what was known as Project Blue Book. Investigators concluded that the incidents posed no threat and there was no evidence of space aliens or a super technology in operation.
« Since the termination of Project Blue Book, nothing has occurred that would support a resumption of UFO investigations, » the Air Force said on its Web site.
(Reporting by David Morgan; Editing by Joanne Kenen, David Alexander, Stuart Grudgings)
[…] le 8 novembre dans Où l’on devine la partie immergée de l’iceberg : « Depuis plusieurs jours la presse s’amuse à comparer la capitalisation des compagnies […]