Toute une époque !

La scène se passe sur la plage de Santa Monica au coucher du soleil. De Santa Monica, la plage et la digue de mer se prolongent vers le Sud sur une dizaine de kilomètres, jusqu’au port plaisancier de Marina del Rey. C’est une belle promenade qui traverse Venice Beach, une des dernières enclaves de la culture psychédélique en Californie, avec Telegraph Avenue à Berkeley et Haight–Ashbury à San Francisco.

Je suis en train de me changer dans un de ces édicules qui ponctuent la promenade et qui servent à la fois de vestiaire et de toilettes. Et, j’entends venant de l’extérieur une voix profonde d’homme qui entonne une chanson des Drifters datant de 1964 : « Under the boardwalk ». Vous la connaissez :

Oh when the sun beats down and burns the tar up on the roof.
And your shoes get so hot you wish your tired feet were fire-proof.
Under the Boardwalk, down by the sea
On a blanket with my baby, is where I’ll be.

C’est un air du bord de mer qui parle de se bécotter sous les planches de la promenade, de manger des hot–dog avec des frites et qui sent bon l’Ambre solaire et retentit du cri des mouettes en bande sonore. Comme les Platters avant eux, les Drifters (*) constituaient un de ces choeurs harmonieux qui semblent en permanence réclamer du renfort. Et au moment où mon chanteur caché entonne « Under the boardwalk, Man, we’ll be having some fun ! », je reprends avec lui à l’unisson et nous terminons ensemble la chanson.

Au moment où je sors, j’aperçois mon chanteur guettant avec curiosité l’arrivée de son acolyte inconnu, un sourire fendant son visage d’une oreille à l’autre. Il est noir et je reconnais l’un des clochards qui dort la nuit sur la plage de Santa Monica. Il me lance « Hey, man ! Cool, man ! ». Et je réponds avec nostalgie : « Hey, man ! Those were the days ! Those were the days ! » Oui, toute une époque !

(*) Deux d’entre eux firent des carrières solos prestigieuses : Ben E. King
(« Stand by Me ») et Clyde Mc Phatter (« Ta, Ta »)

Partager :

4 réponses à “Toute une époque !

  1. […] Post Scriptum : je redécouvre petit à petit mes références à des chansons et je complète. Dernière en date : Under the Boardwalk des Drifters dans Toute une epoque ! […]

  2. […] Drifters, Under the Boardwalk […]

  3. Avatar de karluss
    karluss

    lorsque j’étais enfant, j’adorais la version des Rolling Stones, reprise qui doit dater de 1964, sur le second Lp des Stones. A l’époque ils reprenaient beaucoup de titres emblématiques, notamment de Chuck, et signaient leurs compos avec le pseudo Nanker-Phelge. Je connaissais pas la version originale, super chouette !

  4. Avatar de Karluss

    ils doivent être à présent encore plus nombreux à chanter à l’unisson au bord de mer et sur tous les bords. La plage des miracles…

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. @Paul Jorion je faisais défiler le fil des commentaires sans les lire et voilà t’y pas que je vois apparaître…

  2. Hilarant et tragique. Bref un excellent drame. Et Claude dit Pour accélérer la préparation aux changements liés à l’IA :…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta