Les mânes de Tartuffe

JLS me demande

J’aimerais savoir quel est le dilemme entre le fait de ne pas aider le marché monétaire et ainsi aider le secteur immobilier et donc éviter la faillite personnelle de nombreux emprunteurs et d’autre part ne rien faire.
Si on ne fait rien quel est l’avantage pour les milieux financiers ? Qui aide t-on en ne faisant rien ?

Le problème réside uniquement dans le fait qu’en venant au secours des gentils – les gentils étant ceux qui ont voulu rêver et ont acheté une maison à crédit alors qu’ils n’en avaient strictement pas les moyens – on empêche que les méchants ne soient punis et prennent la raclée qu’ils méritent, les méchants étant, d’une part, ceux qui ont acheté une maison sans avoir eu d’autre intention que de la revendre aussitôt tout en faisant une bonne affaire et, d’autre part, les différentes variétés de parasites qui font semblant d’aider les pauvres à acheter une maison et les délestent au passage de leurs économies.

C’est là, selon le gens bien informés, le dilemme auquel la Fed serait confrontée quand il lui faudra décider le 18 septembre de baisser ou non son taux directeur : venir en aide aux gentils mais en récompensant également les méchants. Cela dit, il y a quelque chose dans la logique de la Fed qui me chiffonne : je n’ai aucun mal à comprendre pourquoi ce serait une bonne idée de punir ceux qui soutirent leurs économies aux pauvres, et j’irais même jusqu’à demander pourquoi la Fed s’est tellement fait tirer l’oreille jusqu’ici quand on lui demandait de pénaliser les « prêteurs–rapaces » (predatory lenders) et de faire de cette question un problème relevant purement et simplement de la justice (Edward Gramlich, ancien gouverneur de la Fed, mort il y a quelques jours, l’avait – selon lui – proposé à Alan Greenspan qui avait – toujours selon lui – fait la sourde oreille ; Greenspan, affirme lui ne pas avoir souvenir de la conversation), mais j’ai du mal à comprendre pourquoi on se soucie soudain de punir ceux qui ont voulu toucher le jackpot en achetant une maison pour la revendre plus cher : je n’ai aucune sympathie personnelle pour les spéculateurs mais, entre nous, la population des États–Unis dans son ensemble n’a–t–elle pas joué à ce petit jeu pendant un bon demi–siècle sans que quiconque trouve à y redire ? N’y voyait–on pas au contraire la manifestation d’un sympathique « esprit d’entreprise ». Ô mânes de Tartuffe !

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Une réponse à “Les mânes de Tartuffe”

  1. Avatar de JLS
    JLS

    Merci de votre réponse mais en fait je pense qu’il y a quelque chose de fondamental qui fait qu’il est difficile de ne pas faire de plan Marshall.
    La raison n’est pas spécialement d’aider les gentils, les méchants.
    Voici ma théorie mais je ne suis pas économiste.

    D’après ce que j’ai compris la baisse des taux c’est un soutien à l’immobilier.
    Par contre la hausse des taux est bonne pour attier les capitaux.

    Je constate que certains pays ont des taux de croissance plus élevés que d’autres
    USA, Espagne , GB.

    Or en gros les pays qui ont des taux de croissance élevés sont ceux ou curieusement les prix de l’immobilier ont le plus augmenté (Espagne, USA).
    Par contre seulement 3 pays occidentaux (vu sur une étude du Financial Times) ont moins d’inflation immobilière (Japon, Italie, Allemagne), peut-être les pays avec une moins bonne démographie.

    Donc la bulle immobilière , ou on l’a vu précédemment, la bulle Internet ou plus généralement l’inflation des actifs permet de gonfler les chiffres de la croissance et aussi d’accroitre les emplois dans l’immobilier : par exemple en Espagne le poids de la construction est le plus élève de l’OCDE.

    Or les Etats-Unis ont vraiment besoin d’avoir une croissance assez elevée : pourquoi ? Pour attirer des capitaux, ils ont besoin d’appraître dynamiques. En effet, les USA pompent 80 % des capitaux (j’ai lu ceci un peu partout, cela me semble énorme) pour produire 20/25% de la richesse mondiale. Ils ont besoin d’attirer des capitaux du fait de leur taux d’épargne faible, voire négatif depuis peu.
    D’après un certain Kurt Richebacher (Ancien économiste en Chef à la Dresdner Bank, Récemment décédé à 88 ans) les USA détruirairnt énormément de capital, d’ou leur déficit commerciale gigantesque.
    Qu’en pensez-vous ?

    http://www.gold-eagle.com/editorials_03/willie091503.html

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