Au cours des deux dernières semaines, les optimistes déclaraient « La crise est contenue : elle n’a pas débordé du domaine immobilier. L’économie se porte comme un charme : on n’a jamais vu de crise véritable éclater quand le marché de l’emploi est en aussi bonne santé ! ». Ce matin, les optimistes déchantent : les économistes avaient prévu pour août la création de 110.000 emplois sur le marché américain, ils découvrent à la place, la perte de 4.000 ; les chiffres qui avaient été proposés pour juin et juillet sont eux revus drastiquement à la baisse : 69.000 pour juin au lieu des 126.000 originellement annoncés, 68.000 pour juillet au lieu de 92.000.
Les pessimistes eux se sont complu dans les comparaisons avec les crises de 1987, le lundi noir à la bourse de New York, et de 1998, quand la déconfiture du « hedge fund » Long Term Capital – dirigé par deux Prix Nobel d’économie – conduisit la finance sur le fil du rasoir. Alan Greenspan, l’ancien président de la Fed, déclarait hier que les sept dernières semaines sont
« identiques » à celles qui ont précédé les crises de 1987 et de 1998. Ceci dit, à part le fait d’être toutes deux des crises, elles ne se ressemblaient guère : leur seul point commun, c’est que le facteur qui détermina leur gravité fut la croyance partagée par ceux qui avaient conçu les systèmes automatisés d’achat et de vente, que l’on peut faire confiance aux corrélations observées entre instruments financiers, autrement dit, que le présent est condamné à reproduire le passé. Penser que l’avenir reproduira ce que l’on connaît déjà, c’est très mal connaître la finance qui au cours des vingt dernières années s’est complexifiée de minute en minute.
Une collègue m’envoyait un courriel hier soir : « Peux tu m’expliquer ce qu’est un CDO « au carré » ? » Un CDO « au carré », c’est une Collateral Debt Obligation composée d’autres CDO, chacun d’entre eux étant composé d’un large nombre de « tranches » d’Asset–Backed Securities, de titres adossés à des actifs – souvent des subprime mortgages, c’est–à–dire des prêts hypothécaires à risques. Je lisais hier dans une publication spécialisée de l’Union de Banques Suisses, datée du 4 septembre : « Les CDO « au carré » sont virtuellement impossibles à analyser (…) Pour analyser un simple CDO « au carré » constitué de 125 titres différents (…) il nous faudrait connaître l’information relative à 9.375 titres ». Non, la crise de 2007 ne ressemblera ni à celle de 1987, ni à celle de 1998 !
5 réponses à “Là où les optimistes et les pessimistes se trompent également”
Paul,
Je vous vois de plus en plus en sage au bord du Gange!
C’est tjs un rafraichissement de vous lire.
Passez vous à Paris?
Amicalement
JFC
Un CDO² est en effet impossible a analyser, mais si seulement les personnes qui les gèrent pouvaient en prendre conscience ……
Je souhaite poser ici quelques questions qui peuvent paraître débiles :
Pourquoi la FED ne fait pas un plan Marshall pour aider les emprunteurs en difficultés avec l’argent injecté dans le marché monétaire?
Pourquoi les analystes financiers dont le travail consiste à noter et à quantifier les risques sur les titrisations ne sont pas mis en avant pour expliquer exactement ce qu’il y a dans ces produits de titrisations et quel est le risque ultime de perte anticipé?
Qui valide les modèles mathématiques mis en place pour la valorisation des produits de titrisations et pourquoi en existe-t-il plusieurs?
Que propose l’autorité des marchés financiers en terme d’informations données par les sociétés de gestion aux clients détenteurs de parts de fonds de gestions alternatives pour une meilleur transparence sur les investissements financiers en produits dérivés?
[…] billet de vendredi, Là où les optimistes et les pessimistes se trompent également , a encouragé ikbal12 à me poser plusieurs questions. Elles sont toutes intéressantes et […]
[…] assuré quantités de « CDO square », les CDO « au carré » à propos desquelles je citais dans Là où les optimistes et les pessimistes se trompent également une publication spécialisée de l’Union de Banques Suisses datée du 4 septembre qui expliquait […]