J’ai vécu en Angleterre durant les années très noires : les années Thatcher. Je me souviens de la guerre totale contre l’IRA en Irlande du Nord, dont la mort de Bobby Sands, à la suite d’une grève de la faim interminable, devint le symbole. Je me souviens aussi de la répression impitoyable de la grève des mineurs et durant la guerre des Malouines, du torpillage inutile du Belgrano. On parle parfois de « guerre des classes » pour évoquer la résistance passive des défavorisés vis-à-vis de leurs maîtres mais la « guerre des classes » cela peut être aussi la guerre des nantis contre les dépossédés, avec les moyens disproportionnés dont ils disposent alors, et c’est une guerre de ce type, « versaillaise », que Margaret Thatcher menait.
Yosser Hughes, comme Tijl Uilenspiegel ou Gavroche autrefois, devint le symbole de la résistance au Thatchérisme. Yosser était un personnage dans la série « Boys from the Blackstuff » (1982) d’Alan Bleasdale, joué par Bernard Hill dont il assura la gloire. Le « black stuff », c’est l’asphalte et les « boys » étaient une bande de chômeurs, réunis autour de leurs vieille asphalteuse et bataillant pour assurer la survie de leurs familles. Yosser avait lui perdu la bataille et plus ou moins perdu la raison : de manière imprévisible et souvent hors de propos, il disait soudain d’un ton désespéré « Give us a job », « Donnez–moi du boulot ». La presse d’opposition titrait bientôt : « Combien de Yosser dans nos rues ? »
À la fin de ma première année aux États–Unis, je n’avais pas d’emploi, pas de permis de travail, et quatre enfants à charge. Jeannie Graves m’a employé au noir : l’Auvergnat de Brassens. Je n’ai rien à ajouter.
Mais auparavant, un petit coup de Crime et Châtiment pour changer d’air, et replonger ensuite dans le sujet avec un…