L’inquiétante invraisemblance du vrai

Gallimard, Le Seuil, Robert Laffont, Fayard, Flammarion, Albin Michel, Odile Jacob, Presses Universitaires de France, La Découverte. Est–ce la liste complète des éditeurs français ? Non, ce sont seulement ceux à qui j’avais adressé un exemplaire du manuscrit de « Vers la crise du capitalisme américain ? » (qui s’appelait à l’époque « La crise du capitalisme américain »). La Découverte fait partie de la liste bien que ce soient eux qui l’ont publié, parce qu’eux aussi n’en avaient pas voulu : c’est Alain Caillé qui a compris de quoi il s’agissait et a généreusement accueilli le livre dans sa Collection du MAUSS.

Est–ce que je leur en veux ? Pas le moins du monde ! Pourquoi ? Parce que ma thèse selon laquelle le prêt immobilier résidentiel aux États–Unis allait provoquer une crise de fond du capitalisme américain (et on le sait maintenant, du capitalisme mondial) était intrinsèquement invraisemblable pour quiconque n’était pas familier de ce secteur ésotérique.

Donc, sans rancune ! Ceci dit, j’entends offrir à ces éditeurs une occasion de se racheter. Voici : je dispose d’un manuscrit intitulé « Comment la vérité et la réalité furent inventées ». Le cas est très comparable : le livre n’est nullement révolutionnaire puisque je me fonde ici aussi sur les faits et que je renvoie également aux meilleurs auteurs (en l’occurrence, Aristote, Hegel, Poincaré, Meyerson, Wittgenstein, Kojève) mais sa thèse est tout aussi invraisemblable. Comment ! la vérité et la réalité auraient été inventées ? Ben oui : la première au IVème siècle avant Jésus–Christ, par Platon et Aristote, et la seconde au XVIIème siècle, par Copernic et Kepler.

Voilà : avis aux amateurs !

La nouvelle du jour : la Banque Centrale américaine, la Fed, a abaissé d’un demi–point le taux d’escompte s’appliquant aux prêts qu’elle accorde aux établissements financiers en panne de liquidité. En sus, le prêt sera renouvelable pour une durée maximum de trente jours. Les milieux financiers ont aimé : ils ont réagi à la nouvelle comme si les cieux s’étaient entrouverts ! C’est dire où l’on en est ! Est–ce que cela va représenter une bouffée d’air frais pour certains établissements financiers en difficulté ? Certainement ! Est–ce que cela aura un effet à long terme ? J’en doute : cela facilite l’accès aux capitaux à court terme pour les entreprises américaines qui fonctionnent à ce rythme–là mais il ne s’agit là que d’un aspect tout à fait partiel de la question.

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