Il s’est passé tant de choses ici durant la semaine écoulée qu’on ne sait pas trop où donner de la tête. Personne n’a payé aucune attention par exemple aujourd’hui aux 3,4 % de progression du PNB au cours du deuxième trimestre. Il est vrai que du train où vont les choses, on n’est pas près d’égaler ce chiffre au troisième. Les marchés boursiers, tous indices confondus ont perdu plus de 4 %. Mais comme je l’ai dit, la bourse joue en ce moment au yo–yo. Non le plus important, ce sont les taux.
Le premier diagramme montre ce qui s’est passé entre mercredi (orange) et jeudi (vert).
Et le second, entre jeudi (orange) et vendredi (vert) : moins marqué, mais la même tendance.
Une courbe des taux, ça monte, non ? Plus je prête mon argent longtemps plus mon placement sera avantageusement rémunéré ! Oui, en principe mais ce n’est certainement plus ça que cela montre : ce qu’on voit, c’est que vous pouvez prêter pour six mois à 4,9 % et à 4,5 % pour deux ans. C’est ce qu’on appelle une « courbe des taux inversée ». Ce qui ne fait certainement pas l’affaire des banques qui empruntent souvent elles–mêmes au court terme et vous prêtent sur le moyen ou le long terme : si elles doivent emprunter à
4,9 % pour vous consentir un emprunt dont le taux d’intérêt sera lui de 4,5 %, elles peuvent mettre la clé sous la porte.
Comment en arrive–t–on là ? C’est bien simple, d’un côté on a l’économie qui décide des grands mouvements des taux d’intérêt, la vraie économie, pas la finance : quand les affaires marchent, les entreprises peuvent rémunérer davantage les capitaux qu’on leur avance ; au contraire, quand les affaires ne vont pas, les capitalistes doivent se contenter de ce que les entreprises peuvent leur payer. C’est un système de métayage : les capitalistes et les chefs d’entreprise se partagent la plus–value des capitaux placés, qui varie selon les circonstances, une fois déduits les salaires. De l’autre côté, on a la finance : les marchés de capitaux où, comme on l’a vu hier, dans les moments d’incertitude, ceux–ci se placent aujourd’hui en bourse et demain dans les obligations d’état, ou vice–versa.
Les taux courts – la partie gauche de la courbe – la Banque Centrale américaine, la Federal Reserve, peut les influencer : c’est elle qui fixe le plus court, le taux au jour le jour. Quand l’économie pense une chose et la Fed, une autre, on voit ce qu’on observe aujourd’hui : les taux longs reflètent ce que l’économie peut générer, et les taux courts, l’opinion de la Banque Centrale.
On entendait dire aujourd’hui : « Il faudra que la Fed baisse le taux au jour le jour ! » Oui, effectivement : à moins que ses gouverneurs ne souhaitent qu’on leur coupe la tête !
Bien vu…^!^… pour le meilleur (parfois) et pour le pire (… bien trop souvent ! )