Il est légitime de chanter la Marseillaise quand les circonstances l’exigent et qu’on est seul à pouvoir le faire.
Démonstration.
Au bout de ma première année aux États–Unis, je n’avais plus un rond, aucune perspective d’emploi et quatre enfants à charge. Je m’étais mis à fréquenter les Quakers et l’un d’entre eux m’avait un jour dit : « Il y a une vieille dame qui vient de perdre son mari et son frère. Ce serait bien si quelqu’un pouvait vivre avec elle dans sa maison. Il y aurait un loyer modeste à payer… ».
Evelyn Smith Munro est morte en février dernier à l’âge de 92 ans. « Je suis dans l’Encyclopédie de la gauche américaine », m’avait–elle un jour dit avec fausse modestie. Sa chronique nécrologique dans le Los Angeles Times rappelle qu’elle « accompagnait H. L. Mitchell (un militant socialiste, fondateur du syndicat des métayers des états du Sud) le jour où ils recherchaient le corps d’un syndicaliste apparemment assassiné par les patrons des plantations. Elle participait aux assemblées de métayers, souvent interrompues par les assistants des shérifs accompagnant les « patrons motorisés » – des hommes armés dont le rôle était d’intimider les syndicalistes – elle fut un jour pourchassée par une voiture remplie d’hommes brandissant des fusils et des haches ».
Evelyn était native de la Nouvelle–Orléans où l’on aime la France par principe et sans grand discernement. Le chien qui partageait la maison où je logeais à Laguna Beach (Californie méridionale) de 1997 à 1999, s’appelait « Mardi–Gras ». Evelyne aimait la France mais surtout l’image de la Révolution Française, c’est ce qui la motivait quand elle avait les nervi racistes à ses trousses et c’est pour cette raison que ses filles avaient choisi le 14 juillet pour une commémoration.
Nous sommes arrivés très tard (Adriana travaillait ce jour–là). Il y avait un petit orchestre. Quelqu’un avait–il chanté la Marseillaise ? Ils auraient bien voulu mais personne n’aurait su comment. Alors, samedi dernier, à la mémoire de quelqu’un qui aimait la Révolution Française, et devant un public d’Américains ravis et reconnaissants, d’une voix vibrante, pareil aux héros de Casablanca, j’ai chanté la Marseillaise.
Une réponse à “Quand il est légitime de chanter la Marseillaise”
BRUXELLES (Reuters) – Le futur Premier ministre belge, le Flamand Yves Leterme, a provoqué l’émoi dans le pays en entonnant la Marseillaise lorsqu’on lui a demandé de chanter les premières mesures de l’hymne national, la Brabançonne.
Nommé formateur du gouvernement par le roi Albert II après les élections du 10 juin, ce démocrate-chrétien a assisté samedi au Te Deum donné à la cathédrale de Bruxelles à l’occasion de la fête nationale du 21 juillet.
Alors qu’il en escaladait les marches de la cathédrale, un journaliste de la télévision francophone RTBF lui a demandé s’il connaissait les paroles de la Brabançonne, chose rare en Belgique où la fibre nationale est quasiment inexistante.
« Un peu », a répondu Yves Leterme, qui a joint la chanson à la parole pour appuyer sa démonstration: « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé », a-t-il lancé.
« C’est vraiment la Brabançonne, ça? », lui a alors demandé le journaliste. « Oh, je ne sais pas », a répondu Leterme.
C’est un peu comme si Nicolas Sarkozy entonnait le « God save the Queen » lorsqu’on lui demande de chanter la Marseillaise.