Le second tour

L’expression « l’aventure » possède deux sens selon qu’on l’entend dans la bouche d’un candidat du passé ou dans celle d’un candidat ou une candidate de l’avenir : « l’anarchie » pour le premier, « la prochaine étape » pour le second ou la seconde. Pourquoi cette peur devant l’inconnu alors que le passé est lui connu pour ce qu’il a été, jusque dans le présent : rien d’autre qu’une liste interminable d’abominations ?
Le drame de 2002 avait été dans le choix obligé entre deux candidats ayant pour modèle de l’avenir, deux versions du passé : l’une simplement exécrable, l’autre visant à ressusciter délibérément l’abomination sous sa forme la plus achevée.
Il faut aimer le candidat qui va « à l’aventure », qui fait des « propositions irréalistes », c’est–à–dire qui ne renvoient pas à ce qui a déjà été réalisé, alors que les insuffisances du réalisé sont patentes, qui a des vues
« idéalistes » : qui n’existent encore que comme idées, ce qui veut dire qu’elles sont neuves et donc porteuses d’espoir.
La générosité fut proposée comme la voie qui permettrait d’émerger des ténèbres, d’abord par le Bouddha, puis par Socrate, enfin par Jésus-Christ. On les a fait taire – c’est le moins qu’on puisse dire – mais les faits leur ont donné raison : malgré la caractère cahoteux du parcours, l’histoire s’assimile bien à une marche en avant de la générosité. Hegel dit lui « marche de la raison », c’est vrai car l’une ne va pas en effet sans l’autre.
Les idées généreuses sont toujours nées à gauche. C’est de là que viennent aussi toutes les valeurs du centre : nées à gauche, vingt ans, cinquante ans ou cent ans plus tôt. S’il existe un raccourci connu pour les mettre en application, pourquoi attendre ?

PS : Certains « jeunes philosophes » aiment certaines idées neuves quand ils les découvrent, Mais ils n’aiment pas les idées neuves en général, comme ils le devraient s’ils étaient vraiment philosophes. Il faut écouter ces
« philosophes » tant qu’ils sont effectivement jeunes. Ensuite, il faut les ignorer : ce sont les laissés–pour–compte de l’histoire comme de la philosophie.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. ah la la……..si seulement nos sociétés pouvaient avoir la même organisation . je crois que c’est Lévi-Strauss qui disait que…

  2. Ne perdons pas notre capacité d’émerveillement envers les joyaux de cette planète. Capacité sans doute ancienne si on considère que…

  3. Pourquoi Paul Jorion, psychanalyste et anthropologue, se tourne-t-il de plus en plus vers l’intelligence artificielle ? En quel sens cette…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta