Billet invité.
Le nouveau tournant de la crise se précise. Pourra-t-il être évité ?
Après l’ouverture des vannes provoquant, avec la bénédiction du FMI, l’inondation de liquidités pour débloquer le système financier mondial menacé de faillite et enrayer la récession, c’est, avec la prise de conscience de la nécessité de lutter contre la montée de l’endettement public, le risque d’un retour à un processus de contraction de l’activité économique qui nous menace maintenant. Cela mérite que l’on s’y attarde.
En premier lieu, on a tendance à oublier que, sous l’effet mécanique de la récession qui a touché tous les pays de l’Europe (à l’exception de la Pologne), ainsi que les Etats-Unis, les recettes fiscales de ces pays se sont considérablement réduites. A ceci s’est ajoutée la contribution des Etats pour soutenir l’activité économique défaillante et sauver le secteur bancaire. En conséquence, comme c’était prévisible, leur endettement a explosé un peu partout et il est malvenu d’imputer principalement ce phénomène à leur gestion antérieure, comme on l’entend souvent dire malheureusement. Qui plus est, ce sont, bien entendu, les pays les plus vulnérables – pas forcément les plus « tricheurs » – qui sont pointés du doigt par les agences de notation et offerts en proie aux spéculateurs des marchés, alors même que les Etats Unis dont l’endettement croit pourtant de façon pharamineuse restent (provisoirement) à l’écart de la tourmente.
Dans ces conditions, le danger est que tous les pays concernés d’Europe, utilisant les vieilles recettes classiques du FMI, se livrent à une surenchère dans l’application des « politiques de rigueur » destinées à ramener les déficits publics dans les limites fixées par le Pacte de Stabilité, l’Allemagne, du haut de sa réussite économique et de ses excédents commerciaux, prêchant le bon exemple.
Ce serait pourtant accumuler toutes les probabilités de déclencher un processus de récession de grande ampleur.
On sait que le premier effet d’une politique standard de rigueur, en raison de ses conséquences sur les dépenses, publiques mais aussi privées, est de réduire la croissance (quand il y en a), ou de plonger le pays qui l’utilise dans la récession. Les Hongrois sont bien placés pour le savoir. Et, second effet préoccupant, ce ralentissement de l’activité économique commence toujours par peser sur l’équilibre des finances publiques du pays considéré en raison de son impact négatif sur les recettes publiques. Des politiques de rigueur ne peuvent être salvatrices pour les pays qui les appliquent que s’ils bénéficient d’un environnement porteur leur permettant de tirer parti des gains de productivité qui peuvent en résulter et donc de retrouver une croissance accrue génératrice de recettes fiscales.
C’est ainsi que les pays en transition de l’Europe de l’Est n’ont pu mener à bien la politique « vertueuse » fondée sur la compétitivité et l’exportation qui leur était recommandée que parce qu’ils se situaient dans le contexte d’une croissance mondiale soutenue leur permettant d’écouler leurs produits. Mais il faut souligner que, dans le cas qui nous intéresse ici, la situation présente une différence marquée. Les politiques de rigueur, telles que les conçoit le FMI, impliquent en général une dévaluation des monnaies des pays considérés en vue de dégager les marges de compétitivité nécessaires pour réorienter la demande intérieure vers les productions nationales et développer l’exportation. Or il n’est évidemment pas question de dévaluations compétitives à l’intérieur de la zone euro.
Dans un environnement dégradé ou simplement médiocre, ces politiques de rigueur, par leurs effets pro-cycliques, surtout si elles sont menées de façon concomitante par de nombreux pays (ce qui risque d’être le cas), peuvent être dévastatrices et conduire à l’appauvrissement général. Si tous les pays d’une même zone cherchent à devenir exportateurs nets, et s’il n’y a pas en contrepartie d’importations équivalentes, le jeu ne peut-être qu’à somme négative. Ces politiques ne doivent pas être invoquées comme des règles absolues et valables en toutes circonstances, comme on semble tenté de le faire aujourd’hui.
En outre, comme on l’a vu dans le cas de la Russie au cours des années 90, une politique de rigueur poussée trop loin et trop longtemps, en asséchant les recettes publiques (déjà affectées, dans le cas de la Russie, par le passage mal négocié du socialisme au capitalisme, en l’occurrence mafieux), peut déboucher sur la mise en faillite d’un l’Etat. A fortiori, si plusieurs pays pratiquent en même temps la même politique de rigueur, ils peuvent mettre en place une redoutable spirale susceptible de mettre à genoux nos économies.
Les politiques de rigueur du FMI ne sont donc pas des panacées qui peuvent être appliquées n’importe comment. Quant à la politique de stabilisation des finances publiques formalisée en Europe dans le « Pacte de Stabilité », elle ne doit pas être conçue comme un dogme, mais comme un outil utilisé avec subtilité. Elle doit être adaptée au contexte où elle se situe. Au plus fort de la crise, en 2008-2009, il est apparu normal – et même recommandé – de prendre des libertés avec les normes qu’elle fixe pour sauver le système économique et financier de la planète. Ceci ne doit pas être oublié. Or, nous ne sommes pas sortis de la crise. Les mécanismes qui en sont à l’origine sont toujours largement à l’œuvre. L’activité économique dans nos pays est loin d’avoir franchement repris. Il faut éviter de l’asphyxier en tolérant momentanément, même en ce qui concerne la Grèce, des déficits des finances publiques au-delà de ce qui est considéré comme « normal » (comme aux Etats-Unis). L’idée même d’une recommandation à tous les pays de la zone euro d’opérer en même temps le retour dans les plus brefs délais aux normes du Pacte de Stabilité apparaît, à cet égard, absurde et suicidaire.
Mais cela suppose aussi de juguler les effets pernicieux des comportements spéculateurs des marchés et les effets pyromanes des agences de notation. Ceci est une autre affaire qui tend à prendre un caractère lancinant. Si l’on voulait bien prendre le temps et avoir le courage de s’y attaquer, cela éviterait d’avoir à évoquer de mauvaises solutions !
97 réponses à “Vers un retour à la récession ?, par Jean-Pierre Pagé”
La crise finale est encore à venir: Die finale Krise steht erst noch bevor“
La crise finale est encore à venir
Johannes,
pouvez-vous traduire ?
en gros les allemands disent c’est foutu ,on va dans le mur ,
,
soros : la crise pour l’eurozone est passée sauf pour la grece l’euro zone est trop grosse
el rian; les grecs n’ont pas compris qu’ils doivent se serrrer la ceinture
merkel; l’euro surmonte sa plus grosse crise ,on ne peut compter que sur nous
toggof :le probleme politique est politique et nom economique surtout pour les pays comme
irland,latvia ,ukraine europe de l’est ,leur endettement public et privé est trop important
roubini la crise de l’endettement risque un double dip pour l’europe (?)
rogers les usa continuent de se financer à credit ,et tout les pays preteurs sont asiatiques -chine,korea,taiwan,singapour – cea finira par un desastre !
schauble l’economie mondiale est dans un etat critique ,la speculation triomphe des etats !
faber la krise est passée ,nons enfants auront un niveau de vie moindre !
papandreou la speculation sur les assurance est un fouet pour l’economie mondiale
grosss les emprunts anglais sont de la nitro
franz je ne peux que prevenir les etats europeens qu’une discussion sur la répartition des recette serat un desastre
casey : la pluspart des etats sont en banqueroute,ledeficit deviendra toujours plus grand à mesure que les banques centrales monetiseront ,j’attend une une inflation mondiale .
juncker :je ne crois pas que les diffferences de competitivité dans la zone euro soient génantes ,il y en a bien en zone dollars et cela fonctionne
fisher la dette des usa ne signifient pas forcement ruine de l’economie de marché !les allemands devraient s’endetter un peut plus
uterman la dette implique hausse des impots .. la relance sera dure si les menages se serrent la ceintures .les marchés d’actions ne seront plus aussi rentable
erhardt : même pendant des periodes de guerre les usa et le uk ont eu de la croissance sur 200ans mais tout de même ils devraient pas prendre cette crise à la legere les avantages d’une relance à court terme bloque le long terme (haut interet) nsi les pliqiues ne prennent pas des mesures de retorsion pluus rapide en temps de paix les marchés obligatires ne pourraient plus etre soutenu
dsl prefere une maison iondée qu’une maison qui brule
le prix nobel dit : c’est pas l’eefondrement de la grec qui faut craindre mais celuie de l’espagne,
kaldemorgen :
usqu’à maintenant, toutes les catastrophes étaient guéries avec la politique monétaire expansive, mais c’est une drogue. Privation non possible. Le secteur réel de l’économie est affaibli efficacement. L’endettement me fait les plus grands soucis.
,bernanke veut pas d’inflation
walter e prix nobel dit : de toute façon faudra payer , c’est artifciel : la reprise modéré que nous voyons actuellement, est emprunté seulement par les banques d’émission et les gouvernements.
Comment mesure-t-on une récession? De quelle récession parle-t-on? S’il s’agit de se fier aux statistiques de l’INSEE, on obtiendra un résultat tendanciel plus ou moins proche du taux global « réel ». Mais comme le dit PJ dans un billet distinct, la « science économique », c’est l’art d’exclure l’humain de cette approche globale. Dans les faits, la récession affecte nos concitoyens depuis la substitution du crédit aux salaires afin de maintenir un taux de consommation factice: il suffit d’un incident de parcours — comme un accident de la vie tel qu’une longue maladie, un accident de la route, un décès, voire… un licenciement — pour que la récession s’affiche en termes concrets. La bulle du crédit individuel ou familial se contracte pour retomber au niveau du/des salaire(s) réel(s), et c’est là que le citoyen découvre, s’il ne le savait déjà, qu’il vit EFFECTIVEMENT en récession depuis des années, car son salaire ne suffit plus à répondre à ses besoins.
[…] http://www.pauljorion.com/blog/?p=9431 Partager ! […]
J’ai manifesté hier, on etait bien 600000 dans toute la France. 3 lignes dans les journaux démocratiques. Je ne sais pas quelle valeur ont les discours dans notre beau pays. Autant ceux que nous tenons ici, que ceux du président ou ceux des manifestants. Du changement il y en aura quand cela empirera sérieusement. Pour l’instant tout le monde s’amuse.
La suite… (j’ai envoyé le message précédent un peu vite)
Tout était prévisible à l’avance. Cela ne pouvait pas durer éternellement. Toutes les règles de régulation ont été détournées les unes après les autres.
L’un des mérites de Paul Jorion aura été de prédire où (les US comme point de départ), quand (2007) et pourquoi (forte insolvabilité sur les crédits immobiliers aux particuliers comme étincelle allumant le feu). Puis le feu est devenu incendie. Et l’incendie est loin, très loin d’être éteint puisque les mêmes charlatans avec les mêmes règles sont toujours aux gouvernes…
Rectification, plus de 800000 manifestants.
Un off de jean francois dehecq, ex pdg de sanofi aventis (apres avoir commence son parcours pro comme tourneur), qu’il a cree de toute piece, qui vois le systeme s’effondrer sous le poid de la colere sociale….
Un flash éco publié par Natixis : « Qui détient les dettes publiques européennes ? »
Toujours intéressant à lire…
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=52306
Bonne soirée
Bonsoir,
je n’oserais en rajouter sur toutes ces brillantes explications, mais aimerais obtenir une meilleure utilisation de la sémantique : la rigueur qu’on évoque ici signifie AUSTERITE, ce qui n’a rien à voir avec la vertu attendue du budget d’un état, qui est d’être géré avec rigueur.
Ce terme est apparu dans les années 80 après les premières gabegies budgétaires des gouvernements Mitterand, quand il a fallu redresser la situation et qu’au lieu de parler d’austérité, terme politiquement suicidaire, on a utilisé celui de rigueur qui passait mieux…
Grèce : la France accepte l’intervention du FMI.
C’est une concession majeure de Paris à Berlin pour arracher le feu vert d’Angela Merkel à un plan de soutien européen à Athènes demain jeudi, à Bruxelles. Jamais depuis la naissance de la monnaie unique, le Fonds monétaire international, dont le siège est à Washington, n’était intervenu comme prêteur en dernier ressort dans un pays de la zone euro.
«Ce n’est pas souhaitable» a récemment déclaré Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE). «Recourir au FMI pour aider la Grèce serait un signe de faiblesse» pour a déclaré Patrick Devedjian, ministre de la relance.
La France qui considère traditionnellement le FMI comme une «antenne du Trésor américain» aurait préféré une solution «100 % européenne» à la crise grecque. Le plan validé par l’Eurogroupe le 15 mars dernier ne faisait d’ailleurs pas appel au FMI. Mais l’instransigeance de Berlin, dont la position s’est durcie ces derniers jours, oblige Paris à composer.
Outre le FMI, la France serait prête à accepter que l’on renforce la discipline budgétaire européenne, en actionnant les articles du traité de Lisbonne prévoyant la suppression des droits de vote pour les pays n’obéissant pas aux règles budgétaires communes, voire l’expulsion d’un Etat membre. Autant de concessions ont fait dire à la presse allemande hier qu’Angela Merkel avait réussi à imposer ses vues aux dirigeants de la zone euro.
Le Figaro
Les agences de notation ne sont pas, employees par la fed, pour attaquer l’europe et sauver le dollar ? Le systeme financier ne repose pas sur la fraude generalisee ? Ne trouvez vous pas drole qu’on ai attaqué la vie privee de sarkosy et quelques jours apres envisager de baisser notre note alors que les anglais devraient etre deja a www. Je vous trouve bien terne. Je me demande bien ce qu’est le moi ideal d’un psychanalyste, probablement un » homme sans gravité « .
Je me demande si Newton aurait pu transformer du tungstene en or. Votre site est bien sympa mais quelle alternative vous proposer, la charte de Cuba ? Bon, je plaisante. Je suis un passant passé.
Excusez moi, dans mon ignorance crasse, j’ai confondu la havane et Cuba. Il s’agissait bien sur de la charte de la havane qui repose sur la cooperation, notion bien plus elevee moralement que la notion de concurrence.
Nous sommes en recession. Les petites et moyennes entreprises mettent la cle sous la porte, le chomage est a 10, sans doute plus mais la mode est de truquer les chiffres, la consommation est en berne et les experts financiers prevoient un krach. pas de creation d’emploi, c’est pas la recession ?
il n’ya que par une revolution que nous sortirons de ce systeme corrompu, ou une femme Blythe Masters, a le pouvoir de ruiner le monde. Ce sont bien les notions de concurrence, de performance, etre le meilleur , de cupidité, qui sont à l’origine de cette faillite. Quand un systeme est corrompu, on change de systeme qui tient sur des valeurs, non en tungstene, mais en beton.