Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Certains d’entre vous ont entrepris une discussion sur les parallèles et divergences existant entre mon blog et celui de Loïc Abadie : TropicalBear.
J’entends d’une part ceux qui disent : Abadie et Jorion se trouvent tous deux dans le camp de ceux qui voient juste et prévoient correctement, et dans ce camp ils sont très peu nombreux, cultivons-les !
Et j’entends ceux qui disent d’autre part : ils ne peuvent être dans le même camp puisqu’Abadie prône la spéculation que Jorion dénonce comme l’une des sources, sinon la source unique, de la crise actuelle.
Les premiers se placent sur le plan de l’épistémologie, les seconds sur celui de l’éthique.
D’autres que moi font de bonnes analyses et si elles sont bonnes, réjouissons-nous : achetez le nouveau livre de Frédéric Lordon !
La spéculation ne disparaîtra pas par le renoncement individuel des spéculateurs, de la même manière que la crise écologique ne sera pas résolue par la conversion personnelle à la simplicité volontaire. Il n’en reste pas moins vrai que prôner la spéculation ou l’encourager par ses conseils, c’est faire la preuve que l’on n’a pas saisi quelque chose d’essentiel sur la crise actuelle. Je rappellerai cette remarque de Lacan que j’ai déjà citée dans l’un de mes billets : « C’est vrai que je dis là la même chose que X mais vous comprenez bien que si X et moi nous disons la même chose, ça ne peut pas avoir la même signification ! »
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
117 réponses à “Comprendre la crise, et comprendre la crise”
@ A-J Holbecq
Mais alors dans ce cas, à quoi peuvent bien leur servir leurs réserves de change ?
« Mais alors dans ce cas, à quoi peuvent bien leur servir leurs réserves de change ? »
A ne pas se faire baiser par les Américains comme précédemment les pays d’Amérique du Sud et ceux d’Asie.
Quand on s’endette dans une monnaie qui n’est pas la sienne on n’est plus maître de son destin. On devient vite esclave au seul choix de celui qui manipule cette monnaie.
Quand vous détenez un crédit sur un pays dans sa monnaie c’est vous qui commandez, il est votre métayer à défaut d’être votre esclave.
Quand ce dont vous avez besoin (gaz, pétrole, minerai, …) est libellé dans une monnaie autre que la votre, vous avez intérêt à en avoir d’avance.
@ Armand
J’entends bien, mais avec 1.906 milliards de réserve en dollars, soit près de huit fois plus que les ressources actuelles du Fonds monétaire international (250 milliards), que fait-on ?
G20: La Chine ne veut pas être le sauveur de la planète
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/484767/2008/11/12/G20-La-Chine-ne-veut-pas-etre-le-sauveur-de-la-planete.dhtml
Bonjour à tous
La crise immobilière aux Etats-Unis était largement prévisible. Voici pourquoi, de mon point de vue.
Pour relancer la croissance économique en 2001, la Fed a abaissé son taux directeur dans des proportions considérables : de 6% à 1,75% sur l’année.
On sait depuis longtemps qu’au-dessous d’un certain seuil, la baisse des taux directeurs a pour première conséquence de relancer le secteur de l’immobilier. Le résultat ne s’est pas fait attendre, et c’est ainsi que la construction a servi de locomotive à la croissance économique américaine qui est aussitôt reparti à la hausse.
Pendant deux ans et demi (de début 2002 à juin 2004), le taux directeur de la Fed s’est stabilisé, s’abaissant même à 1% de juin 2003 à juin 2004.
C’est alors que des établissements de crédit, dépourvus de scrupules et assoiffés de gains faciles, se sont abattus sur les ménages les plus modestes en leur faisant signer des contrats de prêt hypothécaire à taux variable, bas au début mais pouvant atteindre 18% sur 3 ans (EuroNews – 17 août 2007) ; contrats dits « subprime » (à primes sous-jacentes ! en français) souscrits à des conditions plus qu’abusives sinon délictueuses.
Les ménages n’auraient évidemment pas dû signer ces contrats auxquels ils ne comprenaient rien. Ils ne voyaient que la concrétisation de leurs rêves de logement. En revanche, ceux qui les faisaient signer savaient très bien à quel danger ils exposaient leurs clients, en raison de la hausse prévisible des taux d’intérêt, source de hauts profits futurs. Le qualificatif de « subprime » attribué à ces contrats est la preuve irréfutable de leur cynisme, comptant bien faire jouer la garantie hypothécaire le moment venu.
Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est l’ampleur et la rapidité du désastre. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est qu’ils seraient à l’origine de l’éclatement de la bulle immobilière par les ventes massives de biens, ventes destinées à rentrer dans leurs fonds.
Cependant, ces établissements de crédit ne sont pas les vrais responsables du mal qu’ils ont causé.
En remontant la filière, on trouve les fonds de placement plus ou moins spéculatifs, les filiales de grandes banques (non seulement américaines mais aussi européennes et autres, mondialisation oblige). Ce sont donc les banques qui ont alimenté en monnaie toute la chaîne du crédit et leur responsabilité dans cette affaire est écrasante. D’autant plus quelles ont procédé à des opérations financières de titrisation des créances hypothécaires qu’elles détenaient directement ou indirectement sur les emprunteurs ; opérations destinées à percevoir des commissions supplémentaires très juteuses.
Elles devaient s’attendre, à terme plus ou moins proche, à une remontée des taux directeurs de la Fed et elles ne pouvaient pas ignorer les conséquences des conditions draconiennes imposées aux emprunteurs. Poussées par une sorte de cupidité aveugle, elles ont sous-estimé les risques encourus et n’ont en définitive que ce qu’elles méritent.
Mais, il semble bien que la plus lourde des responsabilités incombe à l’autorité suprême : la Fed, responsable de la politique et de la réglementation du crédit dans le pays. C’est bien sa politique qui a favorisé l’essor du crédit à la propriété. Et, c’est bien elle qui a failli à son devoir de réglementation dans la répression des abus, car il s’agit bien d’abus caractérisés en l’espèce (emprunts à taux variables sans limitation d’aucune sorte).
Craignant peut-être d’avoir créé une bulle immobilière spéculative prête à éclater, à moins qu’il ne s’agisse d’une vaine reprise de la lutte contre l’inflation, elle a procédé à la remontée spectaculaire de ses taux directeurs en 17 étapes successives de 25 points de base (0,25%) chacune sur deux ans, pour atteindre 5,25% en juin 2006 (sans changement jusqu’à aujourd’hui : août 2007). Ce qui correspond à une hausse considérable de 425%. Il n’en fallait même pas autant pour ruiner les emprunteurs.
Elle est donc à l’origine du désastre humain et financier par sa politique des taux directeurs et par sa passivité devant des conditions d’octroi de crédits à la limite de l’escroquerie, qu’elle aurait dû interdire. Le changement de gouverneur n’est sans doute pas étranger à la nouvelle politique monétaire.
12 et 13 03 2008
Le feuilleton se poursuit et fort heureusement les vraies informations commencent à filtrer au grand jour, même si c’est au compte-gouttes.
Ainsi, peut-on lire dans la presse que la Banque centrale américaine tente par tous les moyens d’inciter les banques à se prêter entre elles. Le moyen annoncé serait d’apporter jusqu’à 200 milliards de dollars de titres du Trésor américain (de la bonne monnaie) à un nombre limité de banques, en contrepartie de titres totalement illiquides aujourd’hui (la mauvaise monnaie).
On comprend mieux à présent ce qui s’est passé.
D’abord, la Fed n’a jamais apporté les liquidités supplémentaires annoncées à grands renforts de trompe par les médias. Elle n’a fait que procéder à un simple échange de titres du Trésor contre des titres « pourris », dont personne ne veut plus (par personne, il faut entendre les banques excédentaires à la compensation).
La banque centrale a donc dû intervenir très rapidement pour soutenir les banques en difficulté puisque leurs concurrentes ne voulaient plus leur prêter. On aurait pu alors penser que l’Institut d’émission avait fourni, comme les médias l’ont claironné, des liquidités ou de l’argent frais contre des titres pourris, ce qui est déjà très difficile à admettre. On sait maintenant qu’il n’en a rien été.
Pour que l’Institut d’émission américain ait pris le risque d’entacher son bilan et son image de la sorte, il faut que la situation soit particulièrement grave. Comment peut-il encore se porter garant de la monnaie américaine, après cette sinistre affaire ? A moins que cela aussi n’ait plus aucune signification !
23 10 2008
Au bilan de la Fed de ce jour, le poste « Term Auction Credit » (qui représente vraisemblablement les créances pourris) s’élève à 263 mds $, et les prêts consentis aux banques de dépôts atteignent 408 mds $ contre 48.6 mds $ au 31 12 2007.
Enseignements
Le verrou le plus important, celui qui devait corriger tout débordement de la part des banques, c’est-à-dire le ratio de solvabilité, a sauté à la figure du pouvoir monétaire qui l’a édicté. En voici les termes pour la France :
Les établissements de crédit sont tenus de respecter en permanence un ratio de solvabilité, rapport entre le montant de leurs fonds propres et celui de l’ensemble des risques qu’ils encourent du fait de leurs opérations, au moins égal à 8%.
Le terme de « en permanence » utilisé pour l’application de ce ratio montre à quel point les autorités monétaires s’inquiétaient déjà de la portée de la réglementation bancaire au moment de l’instaurer.
Si l’on ne veut pas que pareille aventure se renouvelle, il faut revoir en profondeur les paramètres de ce ratio, et notamment veiller à ce que les risques pris par les banques, et plus particulièrement les banques d’affaires, pour leurs activités propres ne puissent excéder 2 à 3 fois leurs fonds propres contre 12,5 fois, aujourd’hui toutes activités confondues. Il n’existe aucune entreprise industrielle ou commerciale qui peut prendre des engagements aussi importants que déraisonnables. Cela implique une stricte séparation au bilan des banques, des comptes relatifs aux concours à l’économie de ceux relatifs à leur activité propre.
Enfin, comme je le préconise depuis une bonne dizaine d’années, les concours à l’économie pourraient faire l’objet d’une couverture du risque d’insolvabilité, partagé entre la Banque Centrale et les banques dans un rapport de 90/10, par exemple. Je crois savoir que la BC a les moyens d’exercer son contrôle sur l’octroi des crédits. Le système serait alors complètement verrouillé.
J’espère n’avoir pas été trop long.
jean
Et qui est l’architecte des mécanismes dysfonctionnels du système actuel ?
http://www.pauljorion.com/blog/?p=966#comment-9993
La Fed !!!
Mouarf !
ultra clair.
Paul sort de ce corps !
Les 1.9 T$, qui seraient désormais plus de 2T$, sont des équivalents en USpesos ; la Chine n’a pas que des bonds du Trésor US.
Et puis ça ne fait que l’ordre de 1 500 USpesos par Chinois, femme, enfant, vieillard caduc ; 4 500 par ménage de trois. En litres d’essence, sacs de charbon et nourriture ce n’est pas énorme.
@Jean : heureux de te relire, ta convalescence semble bien se passer.
Les banque d’affairistes on disparu en laissant un trou, sauf la mafia GS — évidemment — et Merril qui se sont transformés en banques « normales » pour accèder aux bontés de la FED. Même AmEx s’y met. Il faut dire que l’accident industriel sur les cartes de crédit ne devraient pas tarder à se produire. Heureusement les banques qui en étaient co-propriétaires ont introduit V (Visa) sur le marché en réalisant une belle plus-value.
Je rejouterais en complément à ce qu’explique bien jean Bayard @ 13 novembre à 15h07, ci-dessus, que les banques américaines ont fait en sorte de s’adresser même aux couches sociales les plus exposées économiquement, car les autres couches étaient déjà saturées de crédits à rembourser (surtout crédits immobiliers aussi). Les banques, obsédées par les hauts rendements, ont pour objectifs de « gonfler » leurs bilans par n’importe quels moyens (le pas vers la fraude, ou à peu près, a été vite franchi, Jean Bayard l’explique ci-dessus), purent ainsi s’adresser aux couches les moins solvables étant donné que la direction d’alors de la FED (Alan Greenspan) fit baisser ses taux à presque rien. Ceci confirme la « ruée » des offres de « crédits » vers les couches peu solvables, le piège dans lequel elles sont tombées, et la suite… qui tient en haleine le monde entier… Exemple affligeant de globalisation à laquelle il faudrait se soustraire dans toute la mesure du possible en écoutant, par exemple, Maurice Allais, au lieu d’être aspiré par elle comme un vortex…
Scaringela @ du 10 novembre à 22h49 et Archimondain @ du 11 novembre à 01h10
Je crois que pierre Yves D. ( @ 11 novembre à 00h30) de son côté a bien répondu à Scaringela.
Rappels très rapides (car j’en ai parlé déjà plusieurs fois sur ce blog) il y eut plusieurs exemples:
– C’est l’Ile de Guernesey au XIXème siècle qui créa et émit sa propre monnaie, jamais l’expansion et la prospérité non hypothèquée par des dettes ne fut si grande avec cette monnaie insulaire avant que les banques anglaises ne s’installassent dans l’Ile de Guernesey et dominèrent alors l’économie dont l’expansion fut arrêtée.
– Il y eut l’exemple des Greensbacks, les dollars émis sous l’autorité de l’État étatsunien (et non pas des banques privées et leurs offres fantoches de prêts aux taux prohibitifs sinon suicidaires) sous la direction du président Lincoln, grâce à cet argent émis par le seul État américain il put gagner et terminer la guerre de secession et l’économie redémarra avec de très bons résultats.
– Il y eut l’exemple de l’Alberta (État canadien de l’Ouest du Canada) durant les années 1930 où le parlement était majoritairement (écrasante majorité!) en faveur du Crédit Social, les difficultés répétées vinrent cette fois du côté de l’État fédéral canadien arguant du vide juridique qu’un État fédéré put créer et émettre sa propre monnaie et les pourparlers « traînèrent » en longueur, le Crédit Social ne fut donc pas appliqué à 100%, d’ailleurs, ces pourparlers furent interrompus par la déclaration de la guerre en 1939 et jamais repris par la suite.
– De son vivant le major Douglas constata (il devait être bien renseigné vu qu’il faisait partie des instances gouvernementales britanniques) que la presse alla jusqu’à se taire délibérément au sujet du Crédit Social après en avoir notablement parlé. Ainsi, 5 millions de livres sterling auraient ainsi été déboursées par les diverses associations bancaires britanniques pour que la presse d’alors ne traitât plus ce sujet. Pourquoi tant d’efforts pour quelque chose qui aurait été faux et pas sérieux??
-Il y eut aussi les exemples excellents des miracles monétaires de Schwanenkirchen (Allamagne, Forêt Noire) et de Wôrgl (Autriche), voir:
http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=ChangerDeParadigme
(descendre à: miracle monétaire de Schwanenkirchen, puis: miracle monétaire de Wôrgl)
Voir aussi, sur le même site, les expériences mexicaines ici rapportées par un ami, autant de « germination » du Crédit Social, voir:
http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=FONAES
Je ne cesse de le prescrire, les exemples locaux sont, dans l’état actuel des problèmes, la tentative la plus efficace pour se soustraire dans toute la mesure du possible, et toutes les proportions possibles, même contre les options de nos ditigeants, à cette « structure »: banques-État, ou État-banques, qui sape littéralement les sociétés et qui nous mine et nous ruine. Il vient d’être lancée en Suisse ce système monétaire local:
http://easyswap.org/view/index.php
Qu’est-ce qu’on attend pour en faire autant?
@ Jean Bayard
Les taux que la Fed peut manipuler sont les taux courts. Ceux qui ont eu un impact sur l’immobilier résidentiel américain sont les taux longs (le taux du « mortgage » est fixé sur le 10 ans) qui sont restés extrêmement bas en raison de l’achat massif de Treasuries et de Residential Mortgage–Backed Securities (RMBS) par la Chine essentiellement. La Fed n’y est pour rien. Ce qui a rendu ceci possible, c’est que j’appelle « le tango Chine/États–Unis ». J’explique ceci longuement dans « Vers la crise du capitalisme américain ? » (2007). Voyez aussi La faute à Greenspan ?.
Zut, j’aurais voulu être le N°100 sur ce débat que je considère comme un des meilleurs depuis longtemps. Armand est l’heureux gagnant et Paul fait le Dalmachien (101).
Je remercie vraiment sincèrement Benoit de s’être un peu découvert et de m’avoir permis de clarifier avec ses mots justes ce que je sentais depuis longtemps, confusément : la différence entre la colère fondamentale (« Rebel without a cause » dans certains cas) et la colère circonstanciée (et justifiée rationnellement)..
Je présente mes excuses à ceux que j’ai pu blesser dans mon décorticage colérique (mais circonstancié) du 1er message de Loïc. Décryptage assez inutile d’ailleurs puisque Loïc s’est totalement découvert par la suite et l’analyse par Jean-François du blog Abadie est éclairante.
Donc, à Catherine, nos colères de mecs ne viennent pas seulement d’émotions mais de valeurs bien analysées et certes liées à des affects mais assez distancées pour être passées au crible du cerveau. Je crois que PYD est le meilleur dans la canalisation positive de la « sainte » colère mais Ghostdog, Jean-François et d’autres ici me font aussi sentir moins seul et m’apportent joie et espoir.
Grâce à ce blog, je comprend mieux pourquoi je suis en colère contre ceux qui, bien qu’à des niveaux de connaissance égaux ou supérieurs au mien, ne parviennent pas à se hisser au dessus de leur petit ego et dénient tout espoir de mieux collectif. PYD l’a dit lumineusement : seul l’Etat (le collectif) peut être celui qui se préoccupe de l’« intérêt général » et c’est tellement évident que le refus de l’accepter me paraît relever d’une inhibition (au sens psy). Pourquoi préférer la rapacité certaine d’individus à la rapacité éventuelle d’un Etat dévoyé ? Je cherche encore… Autojustification intellectuelle d’un égoïsme qui est pourtant très humainement acceptable ?
Ce que je voudrais dire à ceux qui confondent « intérêt collectif» et « bolchevisme primaire » est qu’en démocratie il n’y a pas d’intérêt général unanime et que différent groupes (je n’ose pas dire classes) sociaux luttent pour détenir le pouvoir et ainsi définir l’« intérêt collectif ». S’il se faisait que la majorité d’une population est composée de rentiers et que son intérêt est une dérégulation totale de la finance, la démocratie imposera durablement une telle pratique. Bien sur, c’est une vue de l’esprit puisque pour un rentier il faut 36 (nb indéfini) et que cela conduirait à une espèce de jungle primitive où le pouvoir de l’argent aurait remplacé celui des muscles, des crocs et des griffes. Beurk !
Faudra un jour que je vous parle de mon amour du conflit, de la polémique (version verbale utilisée sur un blog), de la provocation (pas trop méchante), et pourquoi je pense que cela fait avancer le schmilblick (version le génial enfoiré)… A condition bien sur que PYD ou Paul calment le jeu par après. Je vous embrasse électroniquement. Drrrzzzzzttttrtr. Le 102
Chère Catherine,
c’ est un plaisir de vous lire a nouveau.
Je sens bien votre déception et votre incompréhension concernant la réaction de défense, de type immunitaire, du cerveau collectif en ce qui concerne certaines theses (liens vers sites millénaristes, complotistes etc…), thèses dont vous auriez aimé partager la connaissance, sans pour autant y adhérer totalement.
Il ce trouve que ces liens ne sont pas seulement informatifs dans cet univers virtuel. Par leur simple existence dans un blog, ils apportent un flux nouveau de visiteurs dans la cible du lien et donc une audience nouvelle au site ciblé, et donc un meilleur référencement sur les moteurs de recherche entre autres.
Le fait de mettre un lien n’ est pas un acte neutre, il entraîne une responsabilité de celui qui le met et de celui qui l’ accepte dans son site.
Si Paul ne veut pas promouvoir ce genre de site , c’ est son droit.
Un moyen d’ éviter les problèmes est de ne pas mettre de lien litigieux et de taper les quelques mots clés nécessaires a une recherche dans google. Je pense que cela devrait au moins désactiver la responsabilité de Paul.
Enfin sur le problème général d’ une certaine censure, je crois que Paul fait tout ce qu ‘il peut pour atteindre un but noble, il faut lui faire confiance, et lui laisser du temps.
Amicalement
@ Catherine
Merci d’avoir cité Farenheit 451 (qui m’est très cher pour des raisons personnelles). Depuis le temps que l’on faisait référence à Orwell et Huxley, je m’étonnais de ne pas le voir mentionné, alors qu’il est tout aussi d’actualité que les deux autres.
Courage et espérance…
@ Paul
Merci de vos précisions. Je devrais être plus attentif à ce que vous écrivez à l’avenir.
jean
@ A-J Holbecq
Le Japon lui a trouvé un moyen judicieux de se débarrasser d’une partie de ces réserves de change en dollars tout en continuant de le soutenir !
Mais pour combien de temps encore ?
http://fr.biz.yahoo.com/14112008/202/le-japon-propose-de-preter-pres-de-100-milliards-de.html
Bonjour Paul,
Pardonnez-moi de revenir sur votre billet du 13. Mais, depuis 48 heures, je cherche à comprendre. Il y a un truc, que je ne saisis pas ! Peut-être pourriez-vous m’aider à découvrir mon erreur, si vous le voulez bien.
Dans cette affaire des subprimes, je pense que l’on peut avancer sans erreur possible que :
1) les prêts ont été accordés à taux variable,
2) les variations de taux ont été assez fortes pour mettre les emprunteurs en défaut de paiement.
Si je me reporte au graphique auquel vous m’avez renvoyé, je note que les taux à 10 ans ont évolué entre 2004 et 2008, dans une fourchette comprise grosso modo, entre 4 à 5%, ce qui me semble insuffisant pour expliquer les variations de taux ayant mis les emprunteurs en difficulté. Mais, je puis me tromper.
Auriez-vous la possibilité de vous procurer la photocopie d’un contrat du type de celui qu’ont signé ces malheureux propriétaires ? Rien de tel qu’un document probant. J’aimerais connaître les véritables conditions de ces prêts, et notamment le taux contractuel, variable d’ajustement des échéances des prêts. Il me semble, pour l’avoir déjà vérifié par le passé que les conditions du marché sont une chose, et les conditions des contrats individuels, autre chose.
Pardonnez-moi une fois encore de vous importuner avec ce problème, mais je suis comme Saint-Thomas et ne crois que ce que je vois ou peux vérifier. Sans doute une déformation professionnelle que j’ai acquise lorsque j’étais audit interne au cours de mes nombreuses activités.
Ne s’agirait-il pas d’une monumentale escroquerie, montée de toutes pièces par les banques américaines, pour placer à bon compte les disponibilités de leurs clients, les fonds souverains asiatiques et moyens-orientaux, principalement ? N’y a-t-il pas là matière à procès super-retentissant comme les aiment les Américains ? 1.500.000 ménages qui auraient été spoliés, c’est pas rien !
jean
@ Jean Bayard
L’implosion. La finance contre l’économie : ce que révèle et annonce la « crise des subprimes » (Fayard 2008) : pp. 35-38
Merci Paul de vos commentaires. Il s’agit de pratiques totalement étrangères à notre pays, ce qui les rend difficiles à comprendre.
Merci encore une fois.
jean
Bonjour à tous,
j’aimerai apporter une petite conclusion à ce débat qui nous a bien occupé, le nombre de commentaire en témoigne…Je partagerai donc avec vous ma dernière analyse du désormais célèbre : Paul Jorion versus Loic Abadie.
ma conclusion est la suivante :
Loïc Abadie est un excellent « décortiqueur des mécanismes techniques », mais est-il honnête intellectuellement, lorsqu’il s’agit d’aborder la dimension politique, d’écrire ce qu’il écrit à propos d’un commentaire très récent posté sur son blog ?
Lorsqu’on en arrive à affirmer que M. Bush est un étatiste-keynésien ( de droite !!! mouarf, mouarf, ouarf, ouarf), je crois que c’est parce que l’on refuse de constater que l’idéologie en laquelle on croit (ici le néo-libéralisme appelé aussi ultra-libéralisme) a échoué dans les faits !
Je trouve cela très inquiétant au sens où je ne peux m’empêcher de mettre en parallèle ce genre de « travestissement de la vérité » avec une forme de totalitarisme réécrivant l’histoire…(cf : 1984)
Franchement je ne vois pas quelle crédibilité on peut donner au propos d’une personne qui affirme que la crise actuelle est due à l’interventionnisme étatique et à la politique keynésienne…
Paul écrivait :
» Il n’en reste pas moins vrai que prôner la spéculation ou l’encourager par ses conseils, c’est faire la preuve que l’on n’a pas saisi quelque chose d’essentiel sur la crise actuelle. »
Par ces propres affirmations, M.Abadie ne fait que confirmer ce que Paul ne faisait que suggérer…
La boucle est bouclée !
Excellent w.e à tous !
PS: à Catherine, ce commentaire est aussi un petit hommage à votre référence à Fahrenheit 451…j’en profite pour vous remercier pour vos posts…
@ Alain A
Merci Alain.
Les excuses, dans l’ego-monde des Francais, sont trop rares, pour ne pas etre appreciees.
Et puis merci pour le compliment personnel.
Pour ce qui est de ton amour pour le conflit et la polemique, ce serait interessant de t’entendre.
Il y a beaucoup de confusion dans ces debats :
Je souligne l’importance de la courtoisie dans nos debats, on me renvoit a « Choisis ton camp, camarade ! »
Je souligne l’importance de la qualite des relations humaines PRESENTES, on me renvoit a « l’emotionnel », comme s’il fallait discrediter la question que je souleve en la reduisant 1) a ma personne, 2) a « mon manque de maturite » suppose 😉 , plutot que d’y repondre sur le fond.
Et meme avant d’y repondre, de s’interroger… Quand meme, il a y de quoi.
Non ?
je suis un fidele lecteur de loic abadie. j’apprecie la qualite de ses analyses
et partage bon nombre de ses positions. je trouve regrettable qu’on puisse
en avoir la vision simpliste et manicheene du vilain speculateur egoiste.
la masse des particuliers qui se sont jetes a corps perdu dans la bulle
immobiliere ont eux aussi joue au grand jeu de la speculation. sans doute est ce de la bonne
speculation, et ces particuliers etait assurement denués de toute cupidite.
que dire alors de tous ces vendeurs qui s’accrochent aujourd’hui pathetiquement
a leurs reves de plus values faciles.
je ne partage pas non plus les valeurs associees a cette societe de la vie a credit.
je suis certainement un mauvais citoyen puisque j’economise une bonne part des fruits
de mon travail et que je ne participe pas a la grande fete de la consommation et de
la destruction des ressources de cette planete.
je ne partage pas la folie collective ambiante depuis plusieurs annees et je n’entends pas
etre solidaire de la perte de cette societe.
a defaut de pouvoir etre represente par des politiques plus soucieux de leur prochain mandat
que de l’interet general a long terme, je tente donc de me proteger individuellement.
ce en quoi le blog de loic m’a aide et je l’en remercie vivement.
Le risque à terme avec cette crise est le repli identitaire qui est un danger réel. La sortie de la crise de 1929 s’est faite par la guerre due à un repli qu’on fait certaines nations à la fin des années 30. On parle de New Deal mais c’est bien la guerre qui a fini par sortir les Etats-Unis de cette crise (il restait apparemment 18% de chomeur en 1938 aux Etats Unis). Donc malgré les apparences on a peu de solutions connues à appliquer à la crise actuelle pour relancer l’économie et quelle économie si celle ci n’est basée que sur le profit et non pas sur le mieux vivre global ne dépendant pas souvent de la consommation de biens jetables et polluants pour finalement ne défendre qu’un statut social qui reste aujourd’hui basé sur ce que l’on consomme.
@ stoplabulle
euh… une question : si ce n’est par cupidité, pourquoi donc se jeter « à corps perdu » dans la spéculation ? Et puis pendant qu’on y est, pouvez-vous développer votre notion de « bonne spéculation » ?
vous êtes donc soucieux de votre intérêt particulier, ce qui est compréhensible. Mais pourquoi alors le reprocher aux politiques ? On peut le tourner dans l’autre sens : si vous regrettez que les politiques se soucient de leur intérêt propre au lieu de l’intérêt général, pourquoi défendez-vous quelqu’un qui ne se soucie que de l’intérêt particulier ?
Sophisme.
@stoplabulle
Vous écrivez : « je trouve regrettable qu’on puisse
en avoir la vision simpliste et manicheene du vilain speculateur egoiste ».
Je ne vois pas sur quel propos vous basez votre affirmation, en effet l’objet de ce débat resposait avant tout sur une distinction que Paul Jorion opère entre deux façons d’analyser l’économie (économie politique versus économie « scientifique »). Cette distinction n’est absolumment pas simpliste ou manichéenne.
Par ailleurs, dans mon dernier post, en m’appuyant sur les propos de M. Abadie lui-même, je crois avoir prouvé la légèreté de son analyse politique. Je sais qu’il est un Bear, mais de là présenter la politique de M.Bush comme keynèsienne, on frise le ridicule…
Pour ma part, je constate encore une fois, que la question de fond de ce débat (qui ne porte absolument pas sur la personnalité des deux bloggeurs mais sur la dimension politique des différentes analyses) n’a absolument pas été abordée par les disciples de M. Abadie et encore moins contredite.
quelle explication trouver à cette lacune ? Le mystère reste entier…
Bonne journée à tous !
@Ghostdog
Comme vous je reste sans explication face à des discours peu rationnels d’individus se réclamant pourtant de la raison. Des explications psy me déragent toujours un peu mais le déni de sentiments que l’on ne veut pas accepter en soi me semble une hypothèse. Comme je le disais plus haut: « Pourquoi préférer la rapacité certaine d’individus à la rapacité éventuelle d’un Etat dévoyé ? Je cherche encore… Autojustification intellectuelle d’un égoïsme qui est pourtant très humainement acceptable? ».
Alors, il faut peut-être nous montrer diplomates et faire comprendre à nos contradicteurs que leur égoïsme individuel dans un monde concurrentiel est acceptable mais qu’il ne justifie pas une adhésion intellectuelle à ce très dur réel. Pouvons-nous les amener à penser qu’ils peuvent en même temps défendre leur peau (ou plutôt leurs biens) et collaborer avec ceux qui veulent construire des sociétés plus douces aux faibles.
@ Paul
J’ai retrouvé le texte d’un article de presse du 17 août 2007 ayant servi de base à mon billet du 13 novembre 2008 ci-dessus, article que je reproduis ci-après pour votre information.
EuroNews – Vendredi 17 août, 18h55
Depuis 2002 le crédit facile, encouragé par la Réserve fédérale pour relancer l’économie, a permis à des millions de foyers modestes de devenir propriétaire moyennant des prêts à surprime dits subprimes : bas au début, leur taux variable peut atteindre 18% au bout de 3 ans. Mais la plupart du temps, les acheteurs ne le savent pas. « Il y a encore quelques temps, il vous suffisait de savoir respirer pour obtenir un crédit immobilier « se souvient cette conseillère financière… Aujourd’hui un million de foyers ont perdu leur maison, faute de pouvoir rembourser leur emprunt, en raison de la remontée des taux ou de la perte de leur emploi. Mais comment une crise immobilière aux Etats-Unis peut-elle se transformer en une crise boursière mondiale? Voici le mécanisme : Les particuliers sont insolvables. Leur défaillance provoque la faillite des établissements prêteurs, qui ne peuvent plus se rembourser. Les banques sont à leur tour contaminées via leurs fonds d’investissements qui détiennent des créances d’établissements prêteurs. Leurs pertes sur le marché immobilier les incitent à vendre leurs actions.
Un mouvement qui provoque la chute des bourses : le recul entraîne de nouvelles baisses, c’est l’effet boule de neige. Peut-on parler de krach? A priori non : au sens strict, un krach correspond à une chute brutale de 10% de la bourse en une séance. Il faut plutôt parler de « correction brutale ». Une correction toutefois amplifiée par l’internationalisation des marchés et par le manque de contrôle sur les fonds spéculatifs, les célèbres « hedge funds ». La Commission européenne a décidé d’ouvrir une enquête sur le rôle des agences de notation financière, accusées d’avoir décerné de trop bonnes notes aux titres à surprimes. Le problème, c’est que tous les acteurs de la finance, les banques, les fonds spéculatifs et les agences de notation s’accusent mutuellement d’être responsable de la crise. Plus transparence et une moralisation des marchés semblent dès lors nécessaires.
Cet article qui date maintenant de 15 mois, diffusait-il à l’époque des informations erronées ?
Merci de votre attention.
jean
@ Jean Bayard
Oui, la partie fausse, c’est celle-ci :
Les taux bas de le Fed n’ont pas eu d’impact réel sur la crise. La plupart des prêts immobiliers demeuraient à taux fixe (aligné sur le taux dix ans), ceux dont le taux était flottant bénéficiaient d’un taux fixe promotionnel pendant deux, trois, voire cinq ans. On atteint seulement maintenant, et le pic sera l’année prochaine, le moment où l’impact du basculement vers le taux flottant est significatif. Or la crise a débuté il y a vingt-et-un mois. L’erreur réside dans le fait de dire « les taux » : les taux courts et longs sont décorrélés du fait que les banques centrales peuvent manipuler les taux courts.
« La plupart du temps, les acheteurs ne le savaient pas ». C’est faux : ils le savaient mais tout le monde répétait autour d’eux que quand il leur faudrait payer le taux plein, le prix de leur logement aurait pratiquement doublé, ce qui aurait été vrai si la tendance s’était poursuivie. Alors…
Tout ceci est très bien expliqué dans trois ouvrages intitulés « Vers la crise du capitalisme américain ? » (2007), « L’implosion. La finance contre l’économie : ce que révèle et annonce la « crise des subprimes » » (2008), « La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire » (2008). 😉