Jean-Daniel Magnin m’envoie une coupure de journal : c’est l’actrice Emma Thompson qui dit qu’elle ne paiera pas ses impôts – elle qui a l’habitude de le faire, tant que tous ceux qui ne les paient pas – et ont l’habitude de ne pas le faire, ne sont pas en prison. C’est de la désobéissance civique, c’est une façon de prendre les choses en main soi-même si le ou les gouvernement(s) ne le font pas. Ça fait réfléchir.
Zébu est en train d’écrire quelque chose sur le documentaire d’Arte sur la Troïka et c’est très bien qu’il le fasse. Nous verrons ça tout à l’heure. En attendant, moi je suis en train de regarder ce documentaire, et il y a beaucoup de choses là-dedans. Beaucoup de choses qui, si elles sont vraies, devraient conduire pas mal de ces gens de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) en prison.
Au lieu par exemple d’ennuyer M. Dominique Strauss-Kahn sur des gaudrioles, ce ne serait peut-être pas mal d’entendre ce qu’il a à dire de l’affirmation qui est faite là par « quelqu’un qui cause dans le poste » (Philippe Legrain, ancien conseiller de Manuel Barroso à la Commission européenne) qu’il a délibérément enfoncé la tête du peuple grec sous l’eau pour dégager 20 milliards d’euros pour les banques françaises, pour en faire sa dot de futur candidat à la présidence de l’État français.
C’est vrai ou ce n’est pas vrai, et si ça se trouve, ce n’est même pas vrai ! Qui sait ? Mais enfin, on aimerait bien savoir ce qu’en pense M. Strauss-Kahn de ce qu’affirme quelqu’un du sérail. C’est pourquoi, l’idée d’un tribunal d’opinion pour juger les dirigeants de la Troïka ne serait peut-être pas une mauvaise idée, comme le tribunal Russell-Sartre sur les crimes de guerre au Vietnam.
Bon, les morts sont moins visibles avec la Troïka mais avec des millions de gens qui comme en Grèce ont perdu toute couverture sociale, ils doivent crever dans l’ombre.
Comme dit Emma Thompson : exigeons qu’on arrête les bandits. Le fait qu’ils sont nos dirigeants ne doit pas servir de prétexte à ne pas le faire.
Qu’en pensez-vous, vous lecteurs du Blog de PJ, d’une telle idée d’un tribunal pour juger les gens de la Troïka, ceux que j’appelle « les prêtres d’une religion féroce » ?
252 réponses à “Troïka : Il va peut-être falloir s’en occuper nous-mêmes !”
Un crime économique dans une économie globalisée est de facto un crime contre l’humanité. Faudrait en tenir compte dans un éventuel procès.
@ zebu.
L’emploi du mot de « poujadisme » de ma part est à entendre dans le sens ou on examine le résultat au final d’une action. Soit on parle de la solidarité des dépenses sociales à répartir devant sortir hors de l’eau la tête de plus en plus de familles modestes, etc.
Quelle différence y a t-il en terme de résultat de solidarité non apporté aux plus démunis-es, soit avec des caisses vides… rien ne peut les protéger… entre un fraudeur fiscal anonyme voulant rester caché pour rien payer, et un autre fraudeur le faisant en annonçant avec grande ambiguïté – aucune déclarations de l’acteur concernant le fait d’accepter de payer plus tard, quand, avec amendes, etc – la couleur d’une certaine « cause »…? N’est-ce pas prendre le risque de paraître prendre fait et causes des fraudeurs mafieux et néolibéraux que de se comporter comme eux…?
Suffit-il de se draper seulement des mots de solidarité, de « socialiste » et de « désobéissance civile » pour habiller la « cause » et masquer et le fait qu’il n’y a pas de différence fondamentale en terme de résultat, de solidarité manquante, et le fait qu’au final ce seront les démunis-es qui seront encore sacrifiés-es, les souffres douleurs…? Sans parler de la défiance politique et institutionnelle qui risque de se généraliser encore plus, quand des points de blocages s’encreront possiblement plus durablement.
A moins qu’en parallèle cet argent de l’impôt non payé à l’État, aux États, non payé afin de les inciter à sanctionner leur non action, leur non condamnation des fraudeurs-euses fiscaux, soit dirigé vers un fond commun (pas d’investissement ou autre trust bien sur), géré par, pour et avec des citoyens-nes intègres, etc, afin de redistribuer cette solidarité aux plus démunis-es, dans tant d’urgences et de difficultés, c’est dans ce concept non dit, cette idée que le billet et l’acteur n’aborde pas du tout par ailleurs, qu’il me semble exister une forme de similarité dans la démagogie du fhaine défendant le « poujadisme » (voir aussi le « ras le bol fiscal » dans une certaine mesure) et soit disant les pauvres en même temps. Défendant le social, le « social-nationalisme » plutôt, l’un, premier sujet fiscal, cherchant à se justifier sur la cause de l’impôt prétendument trop élevé, est contraire à la défense de l’autre sujet cherchant en bouc-émissaire la cause des « Etrangers-ères » volant… et le fait que les pauvres ne paient pas d’impôt et pourraient faire donc un effort en en payant un minimum.
Pour l’acteur, M. Jorion, vous même etc, qui et/ou quoi est au juste à sanctionner en coupant les vivres aux moyens dEtat mais aussi à la solidarités si nécessaire en ce moment…? Est-ce les Hommes politiques, institutions, et hauts fonctionnaires, corruptions conflits d’intérêts, pantouflages, le clientélisme, carriérisme, etc…? Ou est-ce les politiques néolibérales, libérales, voulant moins d’État providence et de dépenses sociales, etc…?
Voilà ce qu’on peut trouver sur le thème de La Grande Peur de 1789 avec Wikipédia:
« Georges Lefebvre est loin de réduire le phénomène de la Grande peur à un complot « aristocratique », voire à une émotion collective de « peur des brigands ». Il titre un de ses développements : La révolte paysanne1. Il relie les troubles de l’été 1789 aux révoltes antérieures, comme en Franche-Comté (1788). Il note aussi la présence parmi les insurgés du Mâconnais, de nombreux paysans, mais encore de nombreux artisans locaux qui donnent à la révolte une connotation sociale qui dépasse les troubles frumentaires, anti seigneuriaux, voire les troubles hallucinatoires de la farine française. Pour le seul exemple Mâconnais on arrêta :
Des domestiques, des vignerons à gages, des grangers ou métayers, des artisans et des boutiquiers; les laboureurs, fermiers, meuniers, brandeviniers. Plusieurs sont propriétaires. Parmi les gens compromis on trouve un maître d’école, des huissiers, des gardes seigneuriaux, etc…). »
Ce me paraît d’actualité, et dans la mouvance du billet de Paul Jorion.
Comme notre monde moderne est entré dans un processus d’effondrement, je dirais que tous les problèmes vont se régler d’eux-mêmes. Je viens de lire à ce sujet le livre « The Five Stages of Collapse » de Dmitry Orlov. Selon lui, l’effondrement est, dans l’ordre: financier, commercial, politique, social et culturel.
Un court extrait, à propos de l’effondrement financier:
Finance is not a physical system but a mental construct, one resembling a house of cards that, to stretch this metaphor just a little, can remain stable only while continuously adding more cards, in the sense of continuous credit expansion supported by economic growth.
But we are entering a time when a wide variety of physical constraints are making themselves felt around the world, from the depletion of fossil fuel resources, metal ores, phosphate, fresh water and arable land, to massive disruptions because of droughts, floods and heat waves brought by accelerating climate change, to the political instability and upheaval which sweep the world in the wake of each food price spike.
All of these elements combine to make a rosy projection for global economic growth untenable. In turn, an extended period of economic stagnation followed by a sustained, perhaps terminal contraction is fatal to a financial system that constantly requires more debt, and more growth.
Il est clair que c’est bien la finitude des ressources naturelles qui conduit à l’arrêt de la croissance économique, qui elle-même conduit à l’effondrement financier.
Conclusion, la troika disparaîtra lors de l’effondrement n°3 😉
« les problèmes vont se régler d’eux-mêmes. »
C’est sûr, mais vous le savez, les problèmes ont une fâcheuse tendance à pouvoir se régler de différentes façons.
A l’aide de leurs algorithmes sans aucun lien avec la réalité, les grands prêtres de la « religion féroce » suivent une logique jusqu’au-boutiste. La révélation de leur comportement mafieux doit donner une impulsion supplémentaire à l’action citoyenne.
Dès lors, la proposition de Paul Jorion de constituer un tribunal d’opinion est à soutenir absolument. Car s’il y a bien un but que l’on doit poursuivre et qui doit déborder le cadre de ce blog, aussi suivi soit-il, c’est de développer une information qui manque cruellement au plus grand nombre. Un tribunal d’opinion, c’est fait pour cela, mais il faudra lui donner du grain à moudre, lui fournir des faits avérés en appui. Les agissements discrets, surtout quand ils sont délictueux, détestent la lumière comme le prince Dracula. Là, les lanceurs d’alertes et tous ceux qui auront besoin de libérer leur conscience auront un rôle à jouer, même s’ils risquent d’entraîner quelques corbeaux dans leur sillage.
Le travail en profondeur, c’est le gouvernement d’Alexis Tsipras qui peut le faire, à la fois pour libérer le peuple grec sans l’obliger à aller trop loin dans les accusations, car la voie est étroite, mais aussi pour initier une réforme en profondeur de l’Europe. Les constats d’un tribunal d’opinion qui connaîtrait une certaine audience pourraient les y aider, n’étant pas bridé par les mêmes contingences politiques.
Un tribunal, oui, mais un tribunal rapide. La Troika pousse à prendre des décisions très rapides. Parfois 24 heures. La Troika est un mot, il faut trouver la chaine d’individu qui a participé aux décisions . Un traçabilité des décisions et un gradation des responsabilités.
Il faut être cohérent sinon ce sera la guerre juridique qui prendra des lustres et fera perdre un temps précieux pour que les choses changent, arrivent ou n’arrivent pas.
Encore une fois, je continue de croire qu’un comité des « sages » apporterait plus que toute autre nouvelle création de tribunal. Il est nécessaire d’avoir une longueur d’avance par rapport à la Troika et pas l’inverse.
Une phrase parmi d’autres m’a interpellé dans le reportage. Juncker disant « nous savons ce qu’il faut faire mais pas comment rester au pouvoir après l’avoir fait. »
Je vous invite à relire la définition d’un tribunal d’opinion :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tribunal_d%27opinion
C’est ce que disait un graffiti sur un mur de béton me rappelant (tendrement) mon noctambulisme créatif d’adolescent . Autant dire que ce :
n’est pas pour moi une idée insaisissable.
Sur les moyens pour y parvenir, là, ça coince. L’effervescence du blog en est l’illustration. Ce n’est pas le maniement d’une seule pique qui fera l’affaire.
Inutile de se faire dépasser par ses égos pour trouver l’arme fatale. C’est comme vouloir se donner pour date le 25 décembre comme journée décisive.
Il n’y a pas de hasard …. Dans Rebelle-Santé magazine découvert depuis 2 jours, j’ai lu un article sur VANDANA SHIVA, indienne, physicienne et docteur en philosophie qui en 2013 a appelé à la désobéissance civile pour lutter contre les multinationales de l’agro-alimentaire qui veulent faire payer ce que la nature offre gratuitement (semences) en sacrifiant la sécurité biologique et les droits des paysans. Elle a contribué à mobiliser 2 millions de manifestants dans 52 pays. Elle s’attaque à Monsanto affirmant que » les multinationales n’ont qu’un objectif, leur pouvoir et ne tiennent aucun compte des droits démocratiques des citoyens ». Elle est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine en 2009. La désobéissance civile : « quand les lois de la Terre et les lois des droits des humains sont violés, nous avons un devoir de ne pas coopérer. »
Les Faucheurs Volontaires d’OGM mènent depuis longtemps des actions musclées …. Nous aussi
YES WE CAN
La nature offre gratuitement : semences, pétrole, cuivre, eau, nourriture , paysages, lumière, énergie, réconfort, inspiration, la liste infinie.
Le rationalisme a cette faculté d’ériger la mort en tabou. Car le néant est une chose qui ne se conçoit pas. Du coup, toute société policée par un athéisme de bon aloi se retrouve à l’occulter le plus profondément en soi.
Mais, la mort est toujours là.
A priori, lorsqu’il y a effondrement de ce type société, tout ce qui a pu être refoulé revient en surface: l’inconscient collectif s’exprime. On commence à le pressentir: les mœurs sont de plus en plus débridées (l’accès au porno, les sites de rencontres sexuelles qui ont pignon sur rue…On a même un présidentiable qui s’est retrouvé à un procès de proxénétisme…). Le respect de l’autorité est toujours remis en question (plus d’éthique pour gouverner la morale de chacun, ni par les juges qui ont un mur des cons, ni par les médecins qui font des parties fines entre deux consultations, ni les professeurs qui n’ont que droits acquis dans leur cerveau, ni les politiques qui sont là juste pour se dorer le blason…).
Reste la mort à venir. Socrate lui même disait qu’un philospohe ne doit penser qu’à sa mort.Les religions monothéistes ont cette faculté d’atténuer la peur de la grande fin.
Ces vecteurs d’apaisement ne sont donc plus en occident. Par conséquent, ce qui a été violent à une autre époque (les têtes au bout des piques) pourrait être sans précédent aujourd’hui.
Et demander au Peuple de régler les comptes à la Finance et aux politiques qui la soutiennent, ce me paraît implicitement, leur demander d’aiguiser leur fourche. Car il n’y a plus de cadre légal possible: plus de légitimité nulle part. Ce serait juste ouvrir la soupape de la cocotte qui renferme le monde du refoulé, celui de la domination frustrée.
« Surhumain », Paul Jorion, le dernier mot qui vous est venu pour un espoir de solution.
Ce n’est pas moi qui le dit.
Et que le dernier qui quitte le blog n’oublie pas d’éteindre la lumière !
Tout compte fait, non : il n’y aura quand même plus personne pour acquitter la facture d’électricité.
Vous semblez confondre « rationalisme » et « athéisme de bon aloi » avec la décomposition actuelle.
Non, je ne confonds rien: l’athéisme est conforme à la pensée rationnelle, la croyance en l’idée divine se plaçant dans l’irrationnel.
Et j’oppose (maladroitement certainement en ce qui concerne Socrate) ces deux croyances: l’une ne permet pas d’appréhender la mort sereinement, l’autre (par Socrate qui affirme que la pensée principale du philosophe est de chercher à mourir en paix, pour ensuite revendiquer sa pratique religieuse en vouant ses dernières pensées à Asclépios, et les religions monothéistes) étant un vecteur d’apaisement.
Socrate est déjà mort. Fin
Non, ça ne meurt pas ces trucs là.