Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je suis arrivé aux Etats-Unis, le 26 mars 1997, ayant brûlé mes vaisseaux. J’étais fauché. J’avais stocké tout ce que je savais, toutes mes notes accumulées au fil des années, mes manuscrits, les logiciels que j’avais écrits, sur des disquettes mais je n’avais pas d’ordinateur. J’ai placé l’argent qui me restait dans un Toshiba Satellite. On m’offrait un séjour de trois mois à l’Université de Californie à Irvine comme « Regents’ Lecturer » : j’en profiterais pour écrire.
Je me suis rendu à la libraire, qui vendait aussi des ordinateurs et où j’avais droit à une ristourne grâce à mon statut de professeur invité. Je suis retourné à mon petit appartement de fonction sur le campus et j’ai ouvert le portable où l’entièreté de ma fortune avait été investie.
Il y avait un gimmick : quand Windows démarrait, une vidéo s’affichait et Jimmy Cliff se mettait à chanter « Bright, Sunshiny Day ».
Dans les jours qui suivirent, je me réveillais le matin et l’inquiétude ne tardait pas à m’envahir. Je me mettais aussitôt à l’écriture. Je m’asseyais à la table, j’ouvrais mon portable et la chanson de Jimmy Cliff inondait la pièce de sa lumière, porteuse de sa promesse de lendemains qui chantent : ce serait une belle journée, éclatante de soleil !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
4 réponses à “Une journée éclatante de soleil !”
Merci Paul. La Jamaïque, patrie de Jimmy Cliff, est un endroit extraordinaire et magnifique. J’ai eu la chance d’y passer une année, il y a plus de vingt ans, alors que j’étais tout jeune étudiant. Bien que ce soit un pays où l’histoire et les difficultés sociales font qu’il y est assez inconfortable d’être blanc, le fait d’être très jeune et sans argent m’avait permis de suivre mon petit chemin sans difficultés et de découvrir un peuple intense, d’une richesse culturelle et d’une vitalité incroyables. J’en garde des souvenirs magiques. A tout ceux que ce pays intéresse, je recommande le très bon livre de Russel Banks, « le livre de la Jamaïque ».
Bonjour,
merci pour votre blog, par vos articles et les commentaires qu’ils suscitent il permet vraiment une approche des problèmes que l’on ne trouve pas dans la presse traditionnelle.
Merci d’avance, bravo pour le blog.
L’intérêt de la société actuelle est qu’il est possible de ne plus avoir à couper les ponts. Le nomadisme est vraiment à la portée de qui désire s’en emparer. Alors bien entendu on peut regretter le bon vieux temps où l’on pouvait se vanter de profiter d’exclusités locales. La vie au grand air californienne ou la vie new yorkaise, moins de soleil et plus enfermée…
Mais qu’est-ce qu’ils branlent vos éditeurs : ils attendent quoi pour éditer (aussi) vos romans du soleil et de la nostalgie ?!