Tout notre débat sur la monnaie

Vous trouverez dans la colonne de droite un nouveau lien intitulé Tout notre débat sur la monnaie.

Etienne Chouard – qui n’a pas besoin d’être présenté – a créé sur son site Internet un texte « pdf », contenant – sur plus de trois cents pages ! – notre débat sur la monnaie.

Il écrit en introduction :

Avec l’accord de Paul, je publie cette sélection sur la monnaie que j’ai composée pour permettre une impression facile et soignée d’un travail collectif de longue haleine que je trouve d’une rare intelligence et d’un formidable intérêt pédagogique : chaque citoyen devrait prendre conscience des enjeux et mécanismes de la monnaie : à mon sens, la liberté ou la servitude dépend de cette prise de conscience.

J’ai donc ici copié bout à bout tous les articles de Paul Jorion relatifs à la monnaie, suivis des échanges qui sont souvent d’une qualité exceptionnelle.

Je remercie ici Etienne publiquement (mes remerciements privés ont eu lieu hier, quand il m’annonça son intention). Mieux, il tiendra ce texte à jour et nous encourage à lui signaler les passages que nous considérons particulièrement importants afin qu’il les surligne.

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134 réponses à “Tout notre débat sur la monnaie”

  1. Avatar de Bankster
    Bankster

    @AJH

    Vous pouvez me contacter pour installer la pétition.

    Quelqu’un a effacé mon précédent message, peut on savoir pourquoi ?
    J’annoncais simplement que nous avions acquis les droits de l’Argent Dette pour la premiere fois en francais intégral et de Bankster, un livre qui met en évidence les répercussions spirituelles et économiques de l’utilisation de l’argent dette.
    Nous allons les distribuer gratuitement pour informer un maximum de gens, merci de prendre cette information pour ce qu’elle vaut, c.a.d. une partie de la solution, et non pas une partie du probleme. Par conséquent merci de ne pas éffacer ce message.

  2. Avatar de Nicolas Bernabeu
    Nicolas Bernabeu

    Toujours dans l’optique d’informer de toutes les façons possibles les gens sur le système bancaire, la dette, etc…

    Il serait très efficace de créer une vidéo explicative qu’on diffuserai sur « youtube »…

    En effet il existe des dizaines de sites qui parlent de ces sujets mais pour avoir accès à ces informations il faut rechercher une information sur un sujet proche, et rare sont les gens qui cherchent des informations sur ce type de sujet…

    Par contre il existe des sites où tout le monde va et où les vidéos et donc les informations circulent très vite…

    Une explication de cette forme-là peut être intéressante :

    http://fr.youtube.com/watch?v=5HI8ASWGFmw (sans faire de la pub mais en expliquant tout !)
    ou http://fr.youtube.com/watch?v=T5oLYgZm51w&feature=related (en plus moderne, ne faire attention qu’à la forme)

    Enfin le plus important c’est qu’on voit un ou plusieurs êtres-humains qui se présentent et s’adressent clairement en expliquant les causes et les conséquences de tout cela, sans science-fiction ou trucages mais avec l’aide de schémas, de statistiques, de rapports…
    Afin d’établir un rapport plus étroit entre la vidéo et les gens, et non jouer sur l’émotionnel comme dans les différentes vidéos conspirationnistes qu’on trouve sur ce site…

    C’est un peu de travail, sans nécessité d’argent (un appareil photo qui fait vidéo peut suffire), ne pas être timide et normalement ce peut être d’une grande efficacité… Si certains s’en sentent les capacités…

  3. Avatar de Bankster

    @ TOUS

    Notre contribution: http://www.bankster.tv

    – Le site est encore en travaux pour le moment (la charte graphique va changer, elle vient d’une tierce partie), mais au moins vous pouvez consulter et faire circuler, si le coeur vous en dis, la version Low-Fi de l’Argent Dette en français intégrale, bande son et visuels et cela GRATUITEMENT ou en version DVD à prix coutants

    [Merci a paul pour ses explications]

  4. Avatar de Bankster

    @ TOUS

    1. Certaines rumeurs font état d’un espagnol à Barcelone, qui aurait souscrit plusieurs emprunts auprès d’une dizaine de banques pour financer la publication a plusieurs centaines de milliers d’exemplaires d’une circulaire mettant en cause les banquiers et appelant au non paiement des échéances… quelqu’un a t il plus d’infos ?

    2. Nous avons ajouté la video « le choix de la défaite », sur notre page video: http://www.bankster.tv

  5. Avatar de bankster

    @ TOUS

    Voila le site de l’espagnol que je mentionnais : http://polaris.moviments.net:8000/crisi

    😉

  6. Avatar de Etienne
    Etienne

    J’ai lu la plupart des articles de ce blog, et j’y vois surtout comment une montagne peut accoucher d’une souris : l’essentiel y réside dans l’obstination de M. Jorion à refuser l’idée d’une création « ex nihilo » de monnaie par les banques commerciales, ce qui donne lieu à de multiples considérations hasardeuses sur la nature de la monnaie noyées au sein d’une multitude d’aspects techniques à propos de la « vitesse de circulation » de la monnaie, qui se couvrent étrangement chez certains blogueurs d’habits épistémologiques… Or le mécanisme de la création monétaire n’est pas un secret, il est enseigné dans tous les lycées, et quelques lectures ou quelques heures de cours d’économie de second degré auraient évité à M. Jorion de s’aventurer dans des raisonnements bien hasardeux… qui frisent parfois le pathétique.

    Cette obstination ainsi que de nombreux raisonnements confus se fondent sur plusieurs contresens et idées fausses pourtant faciles à démonter. En voici les principaux :

    -l’idée selon laquelle la monnaie représente une quantité de richesses :
    C’est faux, la monnaie, scripturale ou fiduciaire, est un signe purement conventionnel qui permet à un instant t d’acquérir un certain nombre de biens ou de services, c’est tout. Tant que les transactions ne sont pas réalisées, la monnaie n’est qu’un potentiel d’acquisition : l’inflation, est le phénomène qui traduit concrètement cette dichotomie fondamentale entre monnaie et richesse.

    La richesse, c’est-à-dire le patrimoine, est essentiellement matérialisée sous la forme d’actifs, mobiliers ou immobiliers, détenus par les agents, et qui ne sont pas liquides, c’est-à-dire qui n’ont pas de pouvoir d’achat immédiat, puisqu’il faut d’abord les vendre pour les transformer en monnaie. Le fait que ces actifs donnent lieu à une rémunération (intérêts, loyers ou dividendes) alors que la détention de monnaie subit l’inflation explique que seule une infime partie de la richesse est conservée sous forme monétaire. La seule exception à cela est la « préférence pour la liquidité », qui apparait lorsqu’une dépréciation massive des actifs illiquides intervient (crise boursière ou immobilière), où les agents se ruent alors sur la monnaie.

    -l’idée selon laquelle seules les banques centrales créent de la monnaie :

    M. Jorion écrit: « qu’une banque prête ses fonds propres ou les dépôts de ses clients est indifférent: il s’agit toujours d’argent qui existait préalablement ». Cette assertion est complètement erronée. M. Jorion n’a toujours pas compris le mécanisme du crédit, malgré les nombreuses interventions des blogueurs : les banques de second rang ne prêtent ni leurs fonds propres ni leur dépôts, mais ne font qu’écrire littéralement (monnaie « scripturale ») le montant du crédit alloué simultanément à leur actif et au passif de l’emprunteur, c’est tout. Il ne s’agit donc absolument pas « d’argent qui existait préalablement ». La seule limite à cette création « ex nihilo » de monnaie est l’obligation pour ces banques de détenir une réserve de monnaie centrale (fiduciaire), afin de faire face aux retraits des titulaires de comptes. Si je contracte un emprunt auprès de ma banque et que je me rue au gichet pour le transformer entièrement en cash, je prive mon banquier, toutes choses égales par ailleurs, de toute possibilité d’accorder un crédit d’un montant équivalent à un autre client. Mais comme l’essentiel de la monnaie ainsi créée reste sous sa forme scripturale initiale, les banques commerciales peuvent continuer à créer de la monnaie bien au delà de leurs réserve en monnaie centrale. C’est aussi simple que cela.

    La différence essentielle entre monnaie fiduciaire et scripturale est que la monnaie fiduciaire a cours légal (aucune transaction ne peut être légalement refusée), tandis que la monnaie scripturale ne jouit pas de ce privilège (les 1000 euros de mon compte bancaire sont en ce sens une promesse de me délivrer 1000 euros sonnants et trébuchants, et jusqu’à présent, cette promesse a été tenue par ma banque…rien ne me dit que ce sera le cas demain). Toutefois, en dehors des situations de panique bancaire, c’est-à-dire en situation normale, ces deux formes monétaires sont équivalentes, sachant que c’est par la seconde que s’effectuent l’essentiel des transactions en régime normal.

    En autorisant les banques de second rang à accorder des crédits bien au delà de leurs réserves, les banques centrales délèguent l’essentiel de la création monétaire à celles-ci : si l’on peut contester la légitimité d’un tel mécanisme, contester sa réalité relève d’un esprit borné. Les banques centrales ne font que contrôler indirectement cette émission par l’intermédiaire d’un dispositif qui a été maintes fois expliqué dans le blog, notamment par le biais de l’escompte (le refinancement des banques en monnaie banque centrale).

    -l’idée selon laquelle les crédits accordés sans contrepartie impliqueraient une croissance indéfinie de la masse monétaire :

    Ce que ne semble pas saisir M. Jorion, c’est que toute création monétaire « ex nihilo », c’est-à-dire sans contrepartie (c’est le cas de n’importe quel crédit de base) contient en elle-même sa propre destruction, à travers le remboursement de la dette. C’est donc non seulement un processus nécessaire au financement de l’économie, mais en outre relativement stable lorsqu’il est maitrisé.

    En dehors du risque de non remboursement, où l’intérêt est la façon, légitime ou non, de prendre en compte ce risque, la création monétaire est un flux net, renouvelé en permanence, dont le résultat est à somme nulle voire négative (compte tenu des intérêts) : c’est simplement la différence entre l’émission de nouvelles créances et l’extinction de celles-ci par les remboursements.

    En régime normal, ce processus est parfaitement maitrisé par les banques de second rang, qui s’assurent autant que possible de la solvabilité de leurs débiteurs, ainsi que par les banques centrales, qui déterminent le taux d’intérêt, c’est-à-dire indirectement la masse des crédits finalement accordées par les banques de second rang. La création nette de monnaie suit donc généralement le taux de croissance de l’économie, sauf lorsque les banques centrales maintiennent des taux artificiellement bas pour soutenir la croissance réelle de la production, et que celle-ci ne suit pas, pour des tas de raisons trop longues à décrire ici : le surplus de monnaie se traduit alors soit par l’inflation des biens et services (dans le cas où le systême productif ne parvient pas à répondre à la hausse de la demande), soit alimente l’inflation des actifs financiers ou immobiliers (bulle boursière ou immobilière). Dans tous les cas, l’équation monétariste de la théorie quantitative de la monnaie (Mv = pQ) est vérifiée ex post.

    La création de monnaie par les crédits bancaires est donc non seulement un fait qu’il est absurde de vouloir contester ; et un fait qui n’est pas en lui-même un scandale, bien au contraire. C’est un mécanisme absolument nécessaire au financement de l’économie, relativement stable et maitrisé lorsqu’il est soumis à des règles prudentielles : il n’y a donc pas de quoi en faire un plat… à condition de maintenir un encadrement strict du crédit.

    En effet, les problèmes n’arrivent que lorsque l’on désinteresse les banques de la solvabilité des débiteurs, en leur permettant de transformer leurs créances en titres qu’elles s’empressent de vendre : là, le robinet à crédit est grand ouvert, les créances douteuses se baladent un peu partout sous forme de titres et la création monétaire ne connaît plus de limites… c’est ce qui est à l’origine de la crise actuelle. Il aurait suffi d’interdire ces pratiques pour empêcher cela, sans pour autant interdire aux banques de créer de la monnaie.

    -l’idée selon laquelle la monnaie a forcément une contrepartie réelle :

    M. Jorion est obsédé par le principe de « conservation des quantités », selon lequel toute création monétaire serait fondée sur un surplus de richesse réelle, c’est-à-dire une création de biens ou de services. Je cite: « la création de monnaie est une illusion d’optique due au fait qu’il y a création de richesse par la combinaison du capital avancé par la banque, le travail fourni par l’emprunteur et […] l’action du soleil ».

    Ce principe est un contresens total : M. Jorion confond l’émission d’une créance avec son extinction, c’est-à-dire le remboursement de la dette. La création monétaire par le crédit est un pari sur l’avenir, c’est-à-dire l’espoir que cette dette sera remboursée à échéance : en fin de compte, si l’on met de côté les emprunts utilisés à des fins purement spéculatives, c’est effectivement l’activité économique des agents emprunteurs, qui, en générant des revenus, leur permettra de rembourser la dette initiale, et donc d’éteindre la créance, ce qui revient à une destruction de monnaie ex post. C’est donc bien la croissance de la production qui à terme permet l’extinction du surplus monétaire généré par le crédit.

    Mais ce mécanisme n’est pas automatique puisqu’il repose sur l’incertitude fondamentale qui touche les remboursements futurs : ainsi, sur le plan macro-économique, si une partie de la monnaie mise en circulation est affectée à la spéculation (opération d’achat et de ventes de titres ou de biens), il y a formation de bulles, c’est-à-dire inflation du prix des actifs (bulle immobilière ou financière) ou de celui de certains biens (matières premières). Dans ce cas, et dans ce cas seulement, la monnaie ne trouve pas sa contrepartie réelle dans l’acccroissement de la production, qui reste la seule façon d’éteindre la dette sur le plan macro-économique. Une partie des agents se trouve alors en défaut de paiement, et, ne disposant pas de revenus réels suffisant pour faire face à leurs échéances, se trouve contrainte de revendre ses actifs, entrainant une dépréciation générale de ceux-ci, et un dégonflement brutal des bulles spéculatives, provoquant un risque d’effondrement d’un systême fondé sur la confiance (la promesse que les euros crédités sur mon compte courant ne le sont pas en monnaie de singe).

    Le problème central vient donc du fait que toutes les dettes n’étant pas remboursées, la monnaie créée ex ante ne trouve pas systématiquement sa contrepartie réelle ex post : c’est exactement ce qui s’est produit avec la crise des subprimes. S’il peut être limité par des règles prudentielles strictes, ce phénomène est inévitable, il n’a rien à voir avec l’existence ou non d’un intérêt, et provient de l’incertitude fondamentale concernant le futur. La seule façon de le limiter est de contrôler sévèrement l’attribution des crédits, et de rendre très coûteuse l’émission de monnaie à des fins spéculatives (Lordon propose le découplage du taux d’intérêt selon l’usage des crédits).

    Là où le contresens initial s’exprime dans toute son aberration logique, c’est lorsque M. Jorion écrit plus loin que « celui qui emprunte à la banque en crée [de la monnaie], puisqu’il lui reste au bout du compte la richesse qu’il a créé grâce au capital emprunté » : il faudrait que M. Jorion explique quelle richesse il crée lorsqu’il contracte un emprunt pour financer l’acquisition d’une automobile….

    C’est évidemment la banque qui crée ex ante un « effet de richesse » virtuel (c’est la définition même de la monnaie), car la création de richesse relève de la sphère de la production, et non pas de la sphère monétaire : c’est par exemple l’activité économique de l’emprunteur qui lui fournira les revenus lui permettant de rembourser son emprunt -à condition qu’il le rembourse. Il y a donc eu forcément création de richesse ailleurs que dans la sphère financière au moment ou la dette est remboursée – et destruction équivalente de monnaie -, mais certainement pas au moment où l’emprunt est contracté. La plupart des contresens concernant la monnaie viennent de la non prise en compte de ce décalage entre présent et futur : la monnaie n’est pas seulement un intermédiaire des échanges présents, c’est aussi le substrat des revenus anticipés. En d’autres termes, la création monétaire n’est pas une création de richesse, elle ne fait qu’anticiper celle-ci.

    -l’idée selon laquelle la critique générale de l’intérêt (au sens d’usure) ait un rapport quelconque avec les crises financières récurrentes :

    M. Jorion semble condamner l’existence de l’intérêt dans le mode de production capitaliste : c’est une position politique qui n’a rien à voir avec le fait que les banques commerciales créent de la monnaie sous forme de crédits, sous le contrôle indirect des banques centrales, puisque ces dernières imposent aussi aux premières un taux d’intérêt lors des opérations de refinancement. Si M. Jorion veut s’atteler à la critique générale du capitalisme, qu’il s’attaque directement à la question de la propriété privée des moyens de production, comme l’avait fait Marx, mais la question de la création monétaire n’est certainement pas la bonne entrée. L’intérêt est une pratique généralisée fondée sur la légitimation de la rémunération de l’avance de fonds privés, et dépasse largement la question de la création monétaire.

    La question de l’intérêt relève essentiellement de celle du partage de la valeur ajoutée entre détenteurs d’actifs et travailleurs, ainsi que de celle du consensus social et politique autour du « prix » à accorder aux revenus futurs en situation d’incertitude; mais elle ne peut à elle seule résumer les contradictions du capitalisme. La suppression de l’intérêt implique par elle-même la disparition de la propriété privée : ce débat dépasse donc largement celui des crises financière récurrentes de ce mode de production.

    Autre bizarrerie de ce blog, une thèse à la mode qui consiste à faire dépendre la course à la croissance réelle du produit de la seule pression du taux d’intérêt, selon l’idée séduisante que la masse des fonds remboursés serait structurellement supérieure à celle des fonds avancés, la « pompe à finances » forcant ainsi sans arrêt l’économie à générer toujours plus de surplus. Selon cette thèse seule la suppression de l’intérêt permettrait de stopper la course folle à la croissance : malheureusement cette thèse anthropo-écologico-financière est simpliste voire fantaisiste.

    D’une part c’est accorder bien trop d’importance au rôle de la monnaie comme moteur de croissance : la croissance économique, qu’on y soit favoroable ou non, puise ses forces dans un jeu complexe de déterminations économiques, politiques, mais aussi sociales et culturelles qui pousse pour le dire trivialement les ménages à « travailler plus pour gagner plus » et ainsi consommer plus, et les entreprises à mettre tout en oeuvre pour que les ménages agissent ainsi, à grand renfort de marketing, de publicité et d’innovations, afin de trouver des débouchés à leurs produits. En ce sens, l’arme absolue de la « décroissance » réside bien plus dans le refus de participer aux activités économiques de production et de consommation, que dans la prohibition de l’usure.

    D’autre part, c’est encore « réifier » la monnaie, qui reste avant tout un signe conventionnel, que de penser qu’il y aurait une causalité univoque entre croissance de la masse monétaire et croissance du produit réel: on ne désire pas la monnaie pour elle-même mais pour les biens et services qu’elle permet d’acquérir. C’est oublier enfin le rôle de l’inflation qui peut rendre les taux d’intérêts nuls voire négatifs, ainsi qu’ignorer qu’une masse importante de crédits ne sont jamais remboursés. Sur le plan macro-économique, faire dépendre la croissance économique réelle de la seule croissance indéfinie de la masse monétaire relève d’une réification de la monnaie, c’est-à-dire d’une forme de fétichisme théorisé.

    Synthèse: grandeur et misère du savoir « collectif » sur internet:

    Plus de trois cent pages, c’est-à-dire des centaines d’heures d’énergie intellectuelle dépensée collectivement en pure perte: peut-on en attribuer la seule responsabilité à l’autisme intellectuel du fondateur de ce blog? Non, bien ententendu, et c’est ce qui fait la grandeur et la misère de l’idéologie du « savoir collectif », soi-disant démocratique (le « wiki-savoir »): les ambitions les plus louables produisent de bien piètres résultats. L’apparente démocratie d’un savoir engendré par tous conforte la mystification qui consiste à croire que la connaissance est une somme d’opinions individuelles: en ce sens, les innombrables interventions des blogueurs sont toutes présentées sur un pied d’égalité, alors que leur degré de pertinence et de rigueur est extrêmement variable. La pensée « scientifique », en tout cas rigoureuse, ne peut se développer dans le chaos des opinions, en l’absence de toute référence à l’histoire scientifique, en l’occurence celle des sciences économiques.

    Le résultat de cette mystification est d’autant plus triste qu’il est en grande partie justifié: ce blog est une réponse légitime à l’indécente mainmise idéologique dont souffre les sciences économiques aujourd’hui, jusque dans les universités. Mais ce n’est pas une raison pour tomber dans l’excès inverse qui consiste à bricoler un attirail conceptuel avec des éléments épars de culture économique et prétendre rivaliser avec la science dominante, et ceci pour deux raisons. D’une part, la chance d’être lu ou entendu reste faible au milieu d’un tel fouillis où le pire côtoie le meilleur du point de vue de la rigueur et de la pertinence des concepts; d’autre part, il n’existe aucune instance, aucun jury compétent susceptible de juger de la pertinence des thèses accumulées sur un blog : compte tenu de l’hétérogénéité de la culture scientifique des amateurs éclairés, la probabilité pour que ceux-ci parlent le même langage est proche de zéro.

    D’où l’extraordinaire stérilité de cette masse d’échanges électroniques : chacun développe sa thèse sur la monnaie, mais en réalité, personne ne parle de la même chose. Malgré les dénégations de M. Jorion (« on avance »! se réjouit-il, alors que n’importe quel lecteur se rend compte que de la première à la dernière page, on fait du surplace : à chaque intervention, on repart de zéro!). La preuve en est que M. Jorion semble reconnaître un moment son erreur, pour réécrire trois pages plus tard qu’en fait il avait raison, et que ses contradicteurs lui donnent raison à propos de la création monétaire : l’un d’entre eux lui fait remarquer que pas du tout, il ne s’est pas fait comprendre, et cela fait autant d’effet qu’un pet de mouche… La contradiction du savoir amateur collectif arrive à son apogée lorsqu’on en vient à s’en référer aux écrits de spécialistes reconnus, comme Maurice Allais : on voit bien que les blogueurs ne peuvent s’empêcher de s’en référer à un savoir qu’ils prétendent concurrencer. On aboutit à des raisonnement parfaitement surréalistes, qui s’apparentent plus à l’herméneutique (l’interprétation des textes sacrés) qu’à la science : à un moment M. Jorion, au détour d’une argumentation parfaitement absconse, prétend avoir démontré la fausseté de la thèse de M. Allais, et il en déduit que ce que à quoi s’accordent la totalité des spécialistes, à savoir que les banques commerciales créent de la monnaie, est faux…. outre la stupéfiante vanité d’une telle démarche, malgré l’expérience dont se targue M. Jorion en matière d’anthropologie et de conseil financier, on reste sans voix devant une telle méthode. A ce titre, j’attends avec impatience de lire le blog d’un technicien d’EDF qui viendrait contester la théorie de la relativité générale…

    Plus sérieusement, on perçoit bien la tentative de M. Jorion de « réinventer » la critique du capitalisme afin de mettre en évidence ses contradictions internes, et montrer que la crise actuelle est cosubstantielle à ce mode de production, et n’est pas un simple accident de l’histoire. Mais on ne construit pas un cadre théorique en bricolant des notions floues sur un blog : Karl Marx s’était avalé toute l’Economie Politique, d’Aristote à Ricardo, avant de rédiger sa « Critique »… L’erreur stratégique de M. Jorion réside dans le fait qu’il n’y a pas un seul capitalisme, mais des formes plus ou moins dérèglementées et plus ou moins financiarisées de ce mode de production. Plutôt que de reconstruire le Tableau Economique de Quesnay, illustrées par les vielles notions de « terre » et de « soleil », pour dénoncer le systême contemporain, peut-être aurait-il été mieux inspiré d’en rabattre un peu sur le plan de l’ambition théorique, en se recentrant sur une critique concrète des mécanismes d’émission des crédits dans l’économie contemporaine. Cela passait avant tout par une compréhension adéquate du mécanisme de création monétaire.

    En définitive, une fois acquis définitivement le rôle fondamental de création monétaire aujourd’hui délégué aux banques commerciales, je propose à M. Jorion de recentrer les questions qui font réellement débat autour des propositions suivantes :

    -à court terme, la nécessité d’obliger les banques commerciales à faire leur métier, et à ne faire que cela, c’est-à-dire accorder des crédits en s’assurant de la solvabilité de leurs débiteurs, sous le contrôle des banques centrales, en leur interdisant de passer leurs créances hors de leur bilan (le scandale de la titrisation), qui conduit à la formation puis à l’explosion des bulles immobilières et financières.

    -à long terme, la remise en cause de ce monopole au profit d’une reprise en main par les peuples, à travers les Etats, de la création monétaire, puisqu’elle détermine indirectement les choix de consommation et de production dans l’économie réelle. Au delà de la quantité de monnaie en circulation, c’est l’allocation de celle-ci aux agents en besoin de financement qui devrait faire débat.

    Il semble en effet légitime que ces choix doivent relever de la souveraineté populaire dans une démocratie, et non des seules considérations de rentabilité d’institutions privées. Ceci reviendrait à proposer par exemple la nationalisation massive des établissements de crédit mais aussi la possibilité de monétiser à nouveau une partie de la dette publique, ce qui impliquerait la fin de l’indépendance des banques centrales ainsi que de l’obligation pour les Etats de financer leur déficit par l’emprunt, en vertu de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers.

  7. Avatar de TL
    TL

    @ Etienne

    Je n’ai lu qu’en diagonale votre post. J’y reviendrai plus en détail quand j’aurai le temps. Certaines de vos phrases sont tout simplement gratuites, notamment à l’endroit du savoir « amateur ». Tout savoir est au départ amateur, et pardonnez-moi mais j’ai fait de l’économie à l’université (5 ans), et rencontré des économistes « professionnels », au final je considère que de nombreux avis exprimés sur ce blog au sujet de la monnaie sont mieux argumentés que ce que j’ai pu entendre de prétendus experts, dont la conception des choses avait été stérilisée par toutes les théories économiques fumeuses qui sont encore admises en la matière.

    Votre intervention est trop longue. C’est contre-productif et dommage, car vous soulignez des points intéressants, et je suis d’accord avec vous sur le fait que Paul se raccroche à une vision de la monnaie basée sur une approche en terme de valeur fondamentale de la production, alors que justement une caractéristique de la dynamique monétaire est de s’écarter (et de façon très complexe, par la dérivation de la monnaie vers les marchés financiers) de la dynamique de la production.

    Une dernière chose : si « toute création monétaire contient en elle-même sa propre destruction », comment expliquez-vous le non-remboursement des dettes ?

    P.S. : en ce moment, je pense que les banques prêtent leurs dépôts ET l’argent du refinancement de la Banque Centrale, MOINS ce que la même BC lui demande de garder sous forme de réserves. Leur seigneuriage est d’autant plus important que les gens préfèrent mettre de l’argent en banque plutôt que de le détenir en monnaie physique.
    Sans dépôts bancaires, ou avec la couverture de 100% préconisée par Fisher/Allais, pas de seigneuriage des banques commerciales.

  8. Avatar de RST
    RST

    Je ne sais pas qui est Etienne du « 18 octobre 2008 à 18:04 » (mais j’aimerais bien savoir 🙂 ).
    Ce que je sais c’est que j’ai trouvé son texte brillant. Ceci est un jugement de valeur qui n’engage que moi qui n’ait aucune compétence spéciale dans ces domaines. Je cherche simplement à comprendre.
    On pourrait surement lui reprocher de ne pas faire dans la diplomatie quand il s’adresse à P.Jorion mais cela me parait secondaire compte tenu de l’analyse sans concession et tellement pertinente qu’il a faite tant du débat sur ce blog que des principes de la création monétaire qu’il a exposés de façon tout à fait pédagogique .
    Son jugement sur le « savoir collectif » est certainement très difficile à entendre mais me parait tellement juste.

    Enfin, je partage sans réserves ses propositions qui devraient être au centre du programme de ceux qui veulent réellement changer le monde dans lequel nous vivons.

  9. Avatar de Étienne Chouard

    Étienne Chouard à Étienne X

    Si je devais aller vite, je dirais qu’un grand mérite de ce blog est de vous avoir attiré ici 😉

    Car c’est bien l’initiative et le travail de Paul, son tropisme, qui nous ont permis de lire attentivement aujourd’hui votre pensée rigoureuse (et sévère), et – notez-le – sans (avoir besoin de) connaître un mot de vos titres et diplômes, justement parce que nous sommes ici a priori sur un pied d’égalité et que c’est la force vérifiable des notre pensée actuelle (plus que les insignes discutables de nos exploits passés) qui donne des preuves d’utilité (ou pas), ne serait-ce que comme un petit élément d’un tout complexe, une courte étape vers une meilleure compréhension globale.

    Je ne sais pas qui vous êtes, je ne sais pas du haut de quelle expertise vous pourriez parlez, je pourrais, comme vous m’y invitez, me méfier a priori du risque de « misère du savoir collectif sur internet », et pourtant, à vous lire les yeux ouverts, je vous trouve crédible, cohérent, rigoureux, synthétique… Ce que vous avez écrit va me servir à mieux articuler ma propre pensée. Votre intervention suggère donc plutôt pour moi la « grandeur du savoir collectif sur internet » (à ceci près que votre ton à rebrousse-poil est une véritable invitation à ne pas vous lire jusqu’au bout, ce qui est objectivement contre-productif, je crois).

    Pour ma part, je préfère cette approche totalement ouverte des blogs, souvent accueillante, bienveillante, toujours incitatrice à l’effort intellectuel et au progrès, progressivement et ensemble, – certes avec des dérives possibles, de fréquentes pertes de temps (qui n’en sont pas toujours car le détour d’une erreur corrigée permet parfois de comprendre durablement ce qu’un chemin direct peut faire manquer ou oublier) et des risques d’erreurs – je préfère cette méthode d’apprentissage-là au carcan souvent stérilisant des académies diplômantes qui protègent toujours quelque orthodoxie contestable et quelque mandarin usurpateur et qui n’ont, finalement, jamais protégé les hommes contre les erreurs (ce n’est pas un détail).

    Je tiens à l’iségoria, aux libres débats. C’est la libre contradiction des orthodoxies, c’est la garantie de publicité accordée aux opinions dissidentes (même évidemment farfelues ou nuisibles) qui donne les meilleures chances de ne pas (trop) se tromper. Je reconnais que c’est une thèse et que je peux me tromper moi-même, bien sûr, mais je crois fort à cette idée. C’est de la discussion que jaillit la lumière.

    Si on vous laissait faire, apparemment, seuls les experts patentés, étiquetés, labellisés, garantis, certifiés, auraient droit à la parole et à l’échange, et nous, les assoiffés du sens à donner au monde et des moyens de le rendre plus agréable pour tous, nous devrions nous contenter d’écouter la messe d’un cours magistral et à sens unique ? (Je caricature sans doute, pardonnez-moi, et j’espère que vous n’avez pas imaginé ce supplice.)

    La formule du blog, qui permet à quelqu’un de confronter publiquement – et respectueusement – ses certitudes avec des certitudes radicalement contraires et qui l’amène sur certains points (inattendus pour lui) à changer d’avis, – progressivement, il ne se laisse pas faire le gaillard, il a raison, et il argumente jusqu’à être sûr de s’être trompé et de devoir changer d’avis) –, cette formule est très séduisante sur le plan pédagogique, je trouve.

    Bref, sur le fond, je vous suis reconnaissant d’exprimer clairement, rigoureusement, précisément ce que je pense aujourd’hui sur la création monétaire (à part quelques petits détails sur lesquels nous reviendrons peut-être) ; et à la fois, sur la forme, je vous en veux de votre brutalité contre Paul (parler d’autisme à son égard n’est pas brillant, sans compter qu’il est regrettable d’utiliser cette maladie comme cela), brutalité qui n’est pas nécessaire et qui est même contre-productive : j’ai failli rater l’essentiel de votre argument tant sa forme hostile et agressive était repoussante, au premier abord.

    Mais j’espère que ce n’est qu’un de vos propos qui était brutal, et pas vous. J’espère que ce « coup de gueule » ne vous ressemble pas, d’une certaine façon.

    Au plaisir de vous lire à nouveau, cher Étienne (ce n’est pas souvent que je peux dire cher Étienne, laissez-moi faire, s’il vous plaît 🙂

    Amicalement.

    Étienne.

  10. Avatar de Paul Jorion

    @ Etienne

    Il faut d’abord que vous retourniez à ce débat sur la monnaie, que vous n’avez manifestement lu qu’en diagonale. Je dis cela à partir du fait que la plupart des opinions que vous m’attribuez sont en fait celles défendues par les commentateurs dont je conteste la position. Lorsque vous aurez relu le texte, vous vous apercevrez aussi que vous et moi sommes d’accord à 95 %.

    Ceci dit, les 5 % où nous différons sont essentiels : vous avez intégré votre interprétation correcte des mécanismes à l’intérieur du schéma d’interprétation monétariste dont la faillite sur le plan conceptuel est aujourd’hui retentissante. Si vous aviez lu ce que j’ai écrit de manière un peu plus attentive, vous auriez remarqué que c’est le monétarisme que je remets en question de manière systématique. Vous auriez noté aussi que j’ai insisté à de nombreuses reprises sur le fait que mon opinion n’est pas encore faite sur ce par quoi exactement il convient de le remplacer. Mes questions à mes interlocuteurs ont toujours ce but heuristique, « maïeutique » de dépasser le fond et la forme des exposés que l’on trouve dans les « manuels à l’intention des enfants des écoles », travers auquel vous semblez au contraire succomber aisément.

    Mais là où nous différons entièrement, c’est là où vous présentez le système actuel comme excellent, victime seulement de regrettables « abus » : une petite correction ici, un peu plus de réglementation là et rien n’aurait mal tourné. Mieux, de tels ajustements minimes permettront de faire repartir la machine sans accroc. Nos positions sur ce point-là, sont diamétralement opposées. Pour moi, le système actuel de la création monétaire doit être rebâti à partir de ses fondations-mêmes : il ne souffre pas, comme vous le suggérez, d’un simple rhume de cerveau, il est à l’agonie.

  11. Avatar de Étienne Chouard

    Étienne ou Étienne ?

    😉

  12. Avatar de A-J Holbecq

    Globalement je suis d’accord avec le résumé d’Etienne X, même si je trouve la forme un peu « agressive ».
    Je suis également particulièrement d’accord avec sa proposition très « allaisienne »:

    En définitive, une fois acquis définitivement le rôle fondamental de création monétaire aujourd’hui délégué aux banques commerciales, je propose à M. Jorion de recentrer les questions qui font réellement débat autour des propositions suivantes :

    -à court terme, la nécessité d’obliger les banques commerciales à faire leur métier, et à ne faire que cela, c’est-à-dire accorder des crédits en s’assurant de la solvabilité de leurs débiteurs, sous le contrôle des banques centrales, en leur interdisant de passer leurs créances hors de leur bilan (le scandale de la titrisation), qui conduit à la formation puis à l’explosion des bulles immobilières et financières.

    -à long terme, la remise en cause de ce monopole au profit d’une reprise en main par les peuples, à travers les Etats, de la création monétaire, puisqu’elle détermine indirectement les choix de consommation et de production dans l’économie réelle. Au delà de la quantité de monnaie en circulation, c’est l’allocation de celle-ci aux agents en besoin de financement qui devrait faire débat.

    Il semble en effet légitime que ces choix doivent relever de la souveraineté populaire dans une démocratie, et non des seules considérations de rentabilité d’institutions privées. Ceci reviendrait à proposer par exemple la nationalisation massive des établissements de crédit mais aussi la possibilité de monétiser à nouveau une partie de la dette publique, ce qui impliquerait la fin de l’indépendance des banques centrales ainsi que de l’obligation pour les Etats de financer leur déficit par l’emprunt, en vertu de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers.

    … mais Paul a t-il « acquis définitivement le rôle fondamental de création monétaire aujourd’hui délégué aux banques commerciales » ?
    Bref, il serait intéressant que Paul nous précise, une fois pour toute, sa compréhension actuelle de la « technique  » de la création monétaire et des effets de l’intérêt (sans nécessairement faire intervenir le soleil 😉 ), car j’ai eu l’impression, sur un autre commentaire concernant le film de Paul Grignon, qu’il considérait que ce film n’était pas représentatif de la « réalité pratique » de l’émission monétaie.
    Restera le débat entre les partisants de la théorie du « multiplicateur monétaire » et de la théorie du « diviseur monétaire »

    Pour info à ceux qui n’auraient pas suivi tout le débat:

    Le multiplicateur monétaire repose sur l’hypothèse que la masse monétaire est exogène car elle est déterminée par la monnaie centrale, contrôlée par la banque centrale. L’approche dite du « diviseur » considère au contraire que la monnaie est endogène, c’est-à-dire que son évolution est déterminée par les besoins de financement des agents non bancaires ; la causalité est alors inverse dans le sens M => MC. La banque centrale intervient in fine pour satisfaire les besoins de financement du système bancaire.

  13. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Etienne X @

    Je n’avais pas encore lu votre intervention ci-dessus. Sans doute un trait de caractère, plus des idées claires sur le sujet (peut-être à défaut d’être complètes?) vous donne ce ton rude? Mais je reprendrais les propos de Etienne Chouard que le mérite de ce blog est de vous y avoir fait venir. J’y vois un grand et large « territoir commun » avec le mien, comme nombre de ceux qui interviennent ici. J’ai l’impression (il faudrait que je reprenne phrase par phrase votre intervention) que vous ne faites pas beaucoup de cas des intérêts bancaires.

    S’agissant du traitement monétaire, la création monétaire est le point le plus important et déterminant. Il réside dans le fait (on peut tourner la question et le problème dans tous les sens qu’on veut!) qu’il faut ramener à la banque davantage d’argent qu’on y a emprunté. Collectivement, c’est impossible, les preuves surabondent, y compris arithmétiquement, avec les dégats trop connus qu’on sait.. Avec la question des intérêts à payer lancinante, il y a de façon sous jacente la question de l’usure. Cette question dit rarement son nom. On tourne tout le temps autour du pot…

    Louis EVEN insiste sur la BONNE question qu’il faut poser: « Peut-on physiquement produire ceci ou cela? » Si oui, c’est encore plus facile de financer le projet, et la question des intérêts s’évapore comme neige au soleil, car c’est la possibilité de produire physiquement qui l’emporte sur tout le reste. Si c’est non, et bien on remet le projet dans les cartons et on verra plus tard selon les circonstances. La mauvaise question est celle de toujours: « Peut-on payer? » (sous entendu, va-t-on obtenir les crédits nécéssaires?), si c’est oui, c’est la longue marche pleine d’incertitudes, voire le parcours du combattant qui commence, et le projet sera presque toujours « flétri » et dégradé d’une façon ou d’une autre, si ce n’est hipothéqué ou remis en cause, ou encore arrêté en pleine course comme si souvent, par manque de crédit… comme si on manquait de pluie ou de chaleur. Tels sont les caprices du « crédit »- Moloch-dieu-tout-puissant qui règne sur le monde et dont nous devons trembler devant les sacrifices qu’il exige pour le rassasier. Le rassasier un temps seulement…

    Je vous apprendrais sans doute rien sinon peu de chose sur le sytème financier et les mécanismes bancaires si ce n’est, peut-être l’avez-vous déjà constaté, qu’il est IN-DÉ-FEN-DABLE.

    Je regrette seulement que ceux qui ont des propositions en mains, propositions concrètes et opérationnelles, j’en suis, n’ont, ici, pas assez d’audience à mon humble avis. Je précise tout de suite qu’il est vrai que, pour des raisons d’organisation et d’agenda, je ne peux pas lire, posément, tous les messages qui arrivent sur cet excellent blog. Il m’arrive souvent de regretter de ne pas pouvoir dialoguer davantage avec ceux qui prennent la peine de s’exprimer un peu plus à fond. Il se peut, hélas, que je « passe à côté » de certains commentaires et non des moindre. Mais il est évidemment préférable de pouvoir s’exprimer que rien du tout.

    En attendant voici un extrait d’un entretien avec l’économiste et professeur bien connu Daniel COHEN (France culture 22 janvier 2008), c’est un passage où il s’agit des « régulations » face aux marchés.

    « (….) Lorsqu’il y a des biens, c’est pour les opérateurs qui les ont « générés », lorsqu’il y a des pertes, elles sont toujours mutualisées, soit sur le dos du déposant, c’était le cas jusqu’en 1929, soit parce que ce sont les États qui viennent au secours des « pertes ». Donc, à partir du moment où on a un jeu assymétrique, et c’est toujours le jeu des marchés financiers, il est sûr que les marchés financiers vont toujours à la limite du risque. Raisonnons en termes de « stock-options », c’est un très bon exemple: je gagne, donc c’est un bon « deal », formidable bonnus! Mais si ça baisse, je perds et je fais perdre des milliards (je ne perds pas moi parce que ma rémunération est indexée à la hausse), le sytème financier fonctionne selon ce privilège, bien sûr si je perds, alors je perds mon job et j’en retrouverai un autre (?). Mais mes pertes ne sont pas proportionnées aux pertes que je fais subir à la société (….) L’idée que les marchés financiers pourraient trouver eux-mêmes la voie de la raison est une méconnaissance complète des mécanismes. Alors, sur ce point, parce que c’est important dans la régulation de Bâle, c’est à dire dans la régulation que les banques s’imposent à elles-mêmes, on en est arrivé, en effet, et c’est sans doute par l’idéologie, au point où on a demandé aux banques d’évaluer – elles-mêmes – leur coefficient de risque pour fixer les niveaux de réserves prudentielles. Alors ça! Cest le comble de la dérèglementation!! Quand voit aujourd’hui que les banques sont totalement incapables d’évaluer les risques qu’elles ont pris et qu’elles ont fait prendre à leurs actionnaires avec des produits « mathématiques » que personne ne comprend, et sans doute, pas même ceux qui les ont « inventés », c’est extravagant de se dire qu’au cœur du « logiciel bancaire », il y a une auto-évaluation des risques que les banques prennent! Là, il y a certainement un immense retour de bâton qui va se produire avec la crise des subprimes! Il faut évidemment revenir sur ces dispositions qu’on appele Bâle II, et il faut être capable de dire: « si moi, régulateur (?), je ne comprends pas cette fomule, c’est à dire, je supose que c’est le plus risqué possible, ne venez pas me dire, comme ça a été le cas à propos des « subprimes », qu’en fabriquant des coktails de crédits à des ménages insolvables, on arrive à fabriquer des crédits de la plus haute qualité… »

    Je résume les conclusions de daniel Cohen: « À présent, de deux choses: ou on laisse venir la récession, ou on aide les gangsters… »

    C’était en janvier de cette année, que de chemin parcouru! Les preuves surabondent. Et je crains très fort que le MÊME personnel: Bush, Obama (?), McCain (?), Bernanke, Trichet, Paulson, Brown, Sarkozy, Barroso, Madame Lagarde et consorts, etc, s’activent et s’agitent pour remettre sur pied le si bon sytème qui les a si bien porté, quitte a lui changer de nom…

  14. Avatar de JFK
    JFK

    Les voleurs qui obligent notre gouvernement Canadien à leur verser un intérêt sur l’utilisation de notre argent veut encore pomper plus!

    En effet plus on pompe et moins on remet en circulation cet argent et, plus il y a ralentissement de l’économie, moins de travail, moins de développement.

    Québec lancera lundi un projet pilote pour contrer l’évasion fiscale dans le secteur de la restauration – Afin de récupérer les 425 millions de dollars .. Parlons en de cette fichue récupération de l’argent liquide (fiduciaire) argent de papier de métal est un mode de paiement légal au Canada. Et de vouloir pousser les gens à la carte de débit qui n’est pas réellement légal, mais plutôt toléré. Par contre l’argent Liquide est constitutionnel et légal. Aussi cette position de force poussera les gens à utiliser les cartes de crédit et ainsi de surcroît endetter la population et encore engraisser les banques!

    Il serait temps de stopper ces agents du gouvernement qui travail contre les citoyens canadien pour remplir les poches des banquiers internationaux. La constitution donne aux gouvernements le droit de générer des capitaux pour des besoins réels; nous ne sommes apparemment pas immunisés contre l’avarice sans fin des institutions financières. Qui contrôlent la banque du Canada et vous pouvez être certain que même David Rockefeller en profitera! La sensibilisation du public et l’éducation populaire contribueront à mieux outiller les citoyens pour reconnaître les abus des institutions financières et des banques centrales, contre les individus. Et cette campagne du ministère des finances publiques est un très bon indicateur de leurs voracités
    Maintenant regardons le pouvoir de notre gouvernement Canadien ce pouvoir ce retrouve dans les pouvoirs législatifs ;
    DISTRIBUTION DES POUVOIRS LÉGISLATIFS

    POUVOIRS DU PARLEMENT
    Autorité législative du parlement du Canada 91. Il sera loisible à la Reine, de l’avis et du consentement du Sénat et de la Chambre des Communes, de faire des lois pour la paix, l’ordre et le bon gouvernement du Canada, relativement à toutes les matières ne tombant pas dans les catégories de sujets par la présente loi exclusivement assignés aux législatures des provinces; mais, pour plus de garantie, sans toutefois restreindre la généralité des termes ci-haut employés dans le présent article, il est par la présente déclaré que (nonobstant toute disposition contraire énoncée dans la présente loi) l’autorité législative exclusive du parlement du Canada s’étend à toutes les matières tombant dans les catégories de sujets ci-dessous énumérés, savoir: les paragraphes 14 à 20 sont des pouvoirs immense qui peuvent donner à un gouvernement le pouvoir d’abolir la dette du aux banquiers et instaurer un autre service que le service de la dette qui est littéralement manque foi, le gouvernement ne se fait pas confiance pour les paragraphe 14 à 20 et s’en remet à d’obscurs banquiers inconnus du contribuable de tout poil. Transformons le service de la dette en service de l’actif du Canada, arrachant aux banquiers voleurs ce droit à la planche à billet volé par une loi voté en 1913, par des parlementaires achetés! Et que les nouveaux emprunts et nouveaux dépôts du Canada soit la propriété des canadiens et canadiennes à taux fixe et faible qui assure enfin un actif pour le développement du Canada. Ainsi, le banquier reçoit un rien sur 50 ans pour acte criminel et devient un salarié du gouvernement au même titre que les autres fonctionnaires, et voila une question réglée.

    14. Le cours monétaire et le monnayage.
    15. Les banques, l’incorporation des banques et l’émission du papier-monnaie.
    16. Les caisses d’épargne.
    17. Les poids et mesures.
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