L’explication du prix par le rapport de force
(I) Quand plusieurs mécanismes se greffent les uns sur les autres
(II) Keynes et le double mécanisme de détermination du prix
Le risque pour l’acheteur dans la vente est que le produit ne corresponde pas à la description qu’en avait faite le vendeur, laquelle avait déterminé le prix auquel l’acheteur était prêt à acheter. S‘il y a eu tromperie, le cadre légal défini par le code civil permet un recours. Le risque dans une vente est un risque quant à la qualité du bien ou du service.
La vente est une opération au comptant, ce qui signifie que la transaction qu’opère la vente est instantanée. Un prêt ou un emprunt, qui est un prêt du point de vue de l’emprunteur et un emprunt du point de vue du prêteur, est une opération dite à terme parce qu’elle s’étale sur une certaine durée, avec au minimum deux temps : celui où elle débute et celui où elle s’achève. Dans un premier temps, quelqu’un emprunte à quelqu’un qui prête et dans un second temps, la personne qui a emprunté, rembourse celle qui a prêté. De ce premier temps, on dit que c’est le moment où le prêt est consenti ou que l’emprunt est émis. Ce second temps, celui du remboursement du prêt, on l’appelle aussi son échéance, on dit aussi que c’est le moment où l’emprunt, qu’on appelle aussi « obligation », arrive à maturité, j’utiliserai ces différents termes indifféremment par la suite. Si j’ai spécifié « au minimum deux temps », c’est parce qu’est généralement spécifié, comme faisant partie du contrat, que des versements d’intérêts auront lieu à des moments prédéterminés entre l’initiation du prêt et son débouclage.
L’apparition du facteur temps dans le prêt / emprunt par rapport au processus instantané de la vente, sous la forme du temps qui s’écoule entre l’initiation de l’opération et son débouclage, introduit un nouveau type de risque : qu’intervienne un ou plusieurs événements qui empêcheront celui qui a promis de rembourser la somme empruntée et d’effectuer les versements d’intérêts auxquels il s’est engagé, de s’acquitter, partiellement ou pleinement, de sa promesse telle qu’elle a été spécifiée dans le contrat.
C’est ce risque là qui justifie qu’une prime de crédit soit incluse dans le taux d’intérêt réclamé. L’autre composante du taux d’intérêt, c’est le rendement marginal du capital : la rente exigée par les détenteurs de capital, la part de la nouvelle richesse créée grâce à ce capital qu’ils obtiennent pour eux et dont le montant est déterminé par le rapport de force global, à l’échelle d’une nation ou d’un marché globalisé au niveau mondial, entre les détenteurs du capital et ceux qui l’emprunteront.
Si le temps intervient dans la détermination du rendement marginal du capital et de la prime de crédit d’un emprunt, ce n’est pas en tant que tel, ni non plus au même titre, mais en raison des événements qui ont lieu dans le monde durant le laps de temps qui s’écoule entre le moment de son émission et celui où il arrive à maturité. Le temps intervient dans le rendement marginal du capital en tant que le capital pourra être utilisé comme « avance » dans un processus productif qui débouchera sur la création d’une nouvelle richesse dont une part reviendra au prêteur sous la forme d’intérêts ou de dividendes. Dans la prime de crédit, le temps intervient en tant que durant ce processus productif des accidents peuvent se produire, qui pourraient empêcher que la somme prêtée ne soit remboursée ou que les intérêts soient versés.
@Pascal (suite) Mon intérêt pour la renormalisation est venu de la lecture d’un début d’article d’Alain Connes*, où le « moi »…