Lorsqu’eut lieu en 2011 la conversation entre Régis Meyran et moi qui déboucha sur mon livre La guerre civile numérique, un différend éclata entre Textuel, l’éditeur, et moi. Dans l’esprit de l’éditeur, le titre de l’ouvrage devait être « L’insurrection numérique », comme en témoigne la première couverture diffusée, que vous trouverez toujours sur Amazon.fr si vous avez l’intention de commander là l’ouvrage. J’avais le sentiment moi que nous nous étions mis d’accord sur « La guerre civile numérique ».
Le titre que j’avais initialement proposé était celui de mon premier billet à ce sujet sur le blog : « La guerre civile techno », consacré au refus par PayPal et Mastercard, le 8 décembre 2010, d’enregistrer désormais les dons faits à Wikileaks. « Techno », m’avait-on objecté, cela fait « musique », et j’avais dit « bon ! ».
Pourquoi ce différend ? Parce que Textuel interprétait les événements en termes d’une insurrection montant de la base, alors que je lisais en eux ceux d’une guerre civile ou s’affrontent deux camps au sein d’une même population et, si l’on suivait mon explication, il était clair que l’initiative de cette guerre civile venait d’en haut, la preuve en étant l’offensive menée contre Glenn Greenwald par une coalition constituée de la Chambre de Commerce des États-Unis et le gouvernement américain. Quand je dis « Chambre de Commerce des Etats-Unis », il ne s’agit pas pour moi d’employer l’expression comme une métaphore pour le big business, non, il s’agit de l’association de ce nom en tant que telle.
À l’époque, fin 2010, le nom de Greenwald, devenu depuis porte-parole d’Edward Snowden, n’était connu que d’une poignée d’initiés. Mais qu’il est bien question d’une guerre civile et non d’une insurrection est devenu clair depuis, et que l’initiative en a été prise par les gouvernements associés au milieu des affaires, contre les citoyens ordinaires, est devenu évident depuis à la lumière des informations diffusées par Snowden à propos de l’hyper-surveillance exercée par la NSA (National Security Agency).
Les informations relatives à l’implication du Pentagone, le ministère de la Défense américain, rapportées par Nafeez Ahmed dans son article du 12 juin dans le Guardian, traduit ici en français, confirme des choses déjà connues, mais ce qui est neuf dans « Le Pentagone se préparer à contrer les mouvements de rupture de la société civile », c’est que sont d’ores et déjà fichés comme « extrémistes » tous ceux qui ne partagent pas les opinions du petit groupe de personnes pour lesquelles travaillent et auxquelles s’identifient la NSA et le Pentagone, petit groupe appelé « le 1% » aux États-Unis, et les « Zélites » en Europe.
On apprend ainsi dans cet article que les climato-sceptiques sont rangés dans la catégorie des bons citoyens, et les personnes qui croient au réchauffement climatique dans celle des « extrémistes » (sic). Que les climato-sceptiques soient une bande de zozos n’est pas gênant : leurs vues coïncident avec celles de la US Chamber of Commerce, et c’est tout ce qui compte.
Un petit test avant de nous quitter. Je vais vous présenter un diagramme, regardez le soigneusement : il représente le degré de dégradation de notre environnement sous différents aspects.
Si vous pensez que ce diagramme représente de manière valide l’état de notre planète, vous êtes d’ores et déjà classé comme « extrémiste » par le Pentagone – oui : VOUS. Et en réalité, le fait que vous lisiez ce billet suffit déjà : la NSA en informe le Pentagone en ce moment même. Soyez prévenu : le jour où cette dégradation de l’environnement fera descendre des gens dans la rue, et que vous soyez ce jour là vous même avec eux ou en train de lire un livre à la maison n’aura aucune importance, *=>>* on viendra vous chercher *<<=*.
Si l’idée vous chipote, faites le savoir dès aujourd’hui autour de vous. Il n’est pas trop tard mais il est (grand) temps !
@Khanard Ce qui m’intéresse actuellement, dans mon auto-psychanalyse, c’est de séparer mon « moi » causal, périphérique, de mon « moi » raisonnable, central…