L’actualité de demain : LE CHOEUR DES VIERGES EFFAROUCHÉES, par François Leclerc

Billet invité.

Prises la main dans le pot à confiture, les grandes banques affichent leur désinvolture en annonçant que leurs provisions absorberont les amendes infligées par la Commission européenne et que leurs résultats à venir ne seront pas affectés. Fidèle à sa doctrine et commentant sa condamnation à une amende de 446 millions d’euros, la Société Générale affirme que les faits répréhensibles, qui remontent à la période 2006-2008, étaient le fait d’un salarié, qui « a agi à l’insu de sa hiérarchie et du management de la banque ».

Deutsche Bank devra de son côté régler 725 millions d’euros d’amende et RBS 391 millions. Huit établissements financiers ont été reconnus coupables de manipulations, certains de l’Euribor, d’autres du Tibor (le Libor en yen), d’autres encore des deux. Le montant total des amendes est de 1,7 milliard d’euros, mais l’affaire n’est pas finie. Une deuxième enquête est en cours à l’encontre du Crédit Agricole, de HSBC et de JP Morgan. D’autres investigations concernant des manipulations sur le marché des changes pourraient également intervenir.

D’autres informations en provenance d’Allemagne font état d’enquêtes à l’encontre de la Deutsche Bank et d’autres banques du pays, suspectées de manipulations sur le marché des changes (Forex), selon d’énormes volumes rapporte le Süddeutsche Zeitung. La part de marché en volume des transactions sur ce marché mondial est estimée à 15 % pour la Deutsche. Commerzbank, la seconde banque commerciale allemande – ainsi que sa filiale italienne Generali et la filiale irlandaise de cette dernière – est suspectée de déclarations fiscales frauduleuses afin d’échapper à l’impôt. Des centaines de millions d’euros seraient en jeu.

Joaqun Almunia, le commissaire chargé de la concurrence, a affirmé lors d’une conférence de presse convoquée ce matin à Bruxelles : « notre décision a une double ambition : punir et dissuader ». Mais va-t-il être longtemps possible, à ce rythme de révélations et en raison de leur ampleur comme de leur caractère systématique, de laisser les banques condamnées se défausser sur des lampistes et jouer les vierges effarouchées ? Allons, un peu de courage !

Aux États-Unis, le procureur général Eric Holder annonce que le ministère de la justice va poursuivre au début de l’année prochaine de nouvelles banques dans le cadre d’enquêtes menées à propos de la vente de produits financiers (les MBS), suivant le mode qui a abouti à l’accord intervenu avec JP Morgan Chase, qui a coûté 13 milliards de dollars à cette dernière.

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